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Je dois la lecture de ce livre à Aifelle, qui en parle comme d’une « pépite ». J’ai été touchée, moi aussi, par la sensibilité de ce « Fifi », petit dernier d’une tribu de paysans chez qui le cœur à l’ouvrage remplace toutes les vertus dont celle du cœur. Fifi se console avec ses cochons, seuls êtres vivants qui lui donnent un peu de douceur depuis le départ de sa sœur Maryse, celle qui a donc finalement « passer la rivière ».

Pourquoi suis-je moins enthousiaste qu’Aifelle, je n’aime pas trop les invraisemblances, dans ce récit totalement intemporel, il est vrai, un jeune adulte est élevé sans aucun lien avec le monde extérieur, comment a-t-il échappé à l’école ? Comment ne sachant pas lire, arrive-t-il à apprendre uniquement en apprenant une lettre après l’autre, au bout de 24 séances, il sait donc lire ! ? (Tous les gens qui ont dû faire face à illettrisme savent que c’est totalement impossible) Comment l’enquête sur un incendie alors que celui-ci a trois départs, et cause la mort de trois personnes, ne provoque pas une enquête approfondie ? Une autre invraisemblance est encore plus criante, , mais la dévoiler reviendrait à raconter la longue et difficile enquête de François (Fifi) vers ses origines.

Si on passe au-delà de tout cela, ce court roman est poignant, ce jeune homme sensible est élevé dans un monde de dureté absolu, il veut comprendre qui il est, pourquoi sa famille se comporte de cette façon, et comment faire pour que ce soit différent. Il finira bien sûr par passer la rivière lui aussi, comme sa sœur Maryse seule personne à avoir donner un peu d’affection au petit gardien des cochons.

Citations

Jolie phrase triste

Je prenais mon balai et mon torchon pour effacer le temps qui passe et la poussière comme la neige tombée sur tout ce qu’avait connu Maryse.

Dureté

Chez nous, on ne pleure pas, ça mouille à l’intérieur, mais au dehors c’est sec.

L’absente

De notre mère pas de photo, juste la taloche quand je posais des questions au père et ses yeux qui regardaient vers nulle part, le grand silence qui se faisait alors.

La réalité et les livres

Peut-être que les livres ça ment, ça ne cesse de mentir, alors à quoi ça sert de lire pour espérer des choses qui n’arriveront jamais.

Désespoir et lueur d’espoir

S’il y avait une chose impossible, c’était bien celle-là. ça je le savais que tu ne sauves personne rapport à Oscar et à Jean-Paul et à tous les autres qu’on aime, qu’on ne peut pas empêcher de crever comme des mouches qu’on aplatit avec la main. Je ne savais même pas si on peut se sauver soi-même, mais j’étais prêt à parier que oui.

8 Thoughts on “Si tu passes la rivière – Geneviève DAMAS

  1. Il y a de bien belles phrases dis donc !!! Quant aux invraisemblances, je peux comprendre que tu les déplores mais dans un roman qui ne s’inscrit pas dans une réalité historique, ne peut-on pas les accepter ? Prendre le roman comme un conte ? Je le note en tout cas.

  2. je n’ai sans doute pas assez souligné la beauté du style . Je suis cartésienne et j’aime que l’auteur fasse attention à la vraisemblance , mais ce petit livre décrit bien la misère morale d’un enfant pas aimé.

  3. Je suis de l’avis de Krol, c’est à lire comme un conte, il ne faut pas en attendre de réalisme, le propos est ailleurs. Et quel style !

  4. Oui, mais même un conte peut garder la vraisemblance, cela rajoute au poids de la tragédie. Le style est très beau et le drame de cet enfant touchant.

  5. a priori, il a tout pour me plaire malgré tes réticences.

    • oui, mes réticences ne concernent que ma façon de trouver mon bonheur dans un roman. Si l’auteure avait eu les mêmes exigences pour la réalité des faits et le charme indéniable de son écriture, j’aurais moi aussi parler de « pépite » comme Aifelle.

  6. je l’ai vu un peu partout ce livre mais je n’étais pas vraiment tentée, je suis un peu réfractaire à ce type de littérature

  7. tiens tiens!, j’aimerais si tu as le temps et si tu passes par là que tu me dises ce que tu entends par « ce type de littérature », moi je commence à me méfier de certains mots : « pépite » « lu en apnée » … je crois que ces mots là en disent plus sur la lectrice ou le lecteur que sur le roman lui-même.

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