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Traduit de l’arabe (Égypte) par Hussein Emara et Moïna Fauchier Delavigne.

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J’ai écouté Khaled Al Khamissi aux étonnants voyageurs à Saint Malo, j’ai été surprise et séduite par son intelligence et la clarté de ses propos. Je me suis précipitée sur son livre et je n’ai pas été déçue. Le procédé est sympathique, l’écrivain narrateur imagine 58 rencontres dans des taxis du Caire et à partir de leur propos nous fait revivre toutes les facettes de la vie des habitants de cette mégalopole.Comme il nous l’a raconté lors de son intervention à Saint-Malo, la vie des habitants pauvres du Caire est une course perdue d’avance pour vivre et parfois même survivre.

À chaque taxi, un nouvel aspect des difficultés égyptiennes apparaît : la corruption et l’aspect kafkaïen de l’administration, le prix des denrées et la difficulté de se nourrir, la course vaine aux cours particuliers pour que les enfants réussissent l’école, l’absence de confiance dans les hommes du gouvernement, la maladie, la fatigue, l’extrême fatigue ….( celle qui contraint un chauffeur à s’endormir tous les dix minutes , par exemple)…

Tout cela raconté de façon très drôle mais je suis persuadée que la traduction gomme les effets de style de l’égyptien de la rue. On retrouve bien la faconde des chauffeurs taxi et l’art qu’ils ont, parfois, à refaire le monde le temps d’une course. Je recommande à tous les Français qui râlent (à juste titre souvent) lorsqu’ils sont confrontés à l’administration de lire le récit du chauffeur 57 qui doit renouveler son permis tous les trois ans, c’est la règle. Je ne peux pas résumer trois jours de queue, de bakchichs, de demandes toutes plus invraisemblables les unes que les autres mais à la fin quand le chauffeur dit ;

« Vous avez une idée pourquoi ils nous font ça ? »

je trouve que c’est une des meilleures questions du livre, oui pourquoi ? Tant d’absurdité, on a l’impression que tout se ligue pour empêcher ce pays de vivre normalement. Khaled Al Khamissi avait senti que ce pays était au bord de l’implosion, après avoir lu Taxi on comprend encore mieux que le peuple ait mis Moubarak à la porte à la fin trop c’est trop. Mais le pays semble trop corrompu pour qu’il puisse facilement s’en sortir.

Citations

Mon Dieu ! Quel âge pouvait avoir ce chauffeur de taxi ? Et quel âge pouvait avoir sa voiture ? Je n’en croyais pas mes yeux quand je me suis assis à côté de lui. Il y avait autant de rides sur son visage que d’étoiles dans le ciel. Chacune poussait l’autre tendrement, créant un visage typiquement égyptien qui paraissait sculpté par Mahmoud Mokhtar. Quant à ses mains, qui tenaient le volant, elles s’étiraient et se rétractaient, irriguées par des artères saillantes comme le Nil allant abreuver la terre desséchée. Le léger tremblement de ses mains ne faisait basculer la voiture ni à gauche ni à droite. Elle marchait droit en avant, et les yeux du chauffeur, recouverts de deux énormes paupières, laissaient transparaître un état de paix intérieure qui suscitait en moi et dans le monde entier une profonde quiétude.

 

Qu’est ce qu’il se passerait si on disait aux Etats-Unis : « Vous avez des armes nucléaires, vous avez des armes de destruction massive, si vous ne vous débarrassez pas de toutes ces armes, nous allons rompre nos relations avec vous et vous déclarer la guerre.

 

– Tu connais la dernière ?
– Non
– Celui qui n’est pas allé en prison sous Nasser n’ira jamais en prison, celui qui ne s’est pas enrichi sous Sadate ne s’enrichira jamais, et celui qui n’a pas mendié sous le règne de Moubarak ne mendiera jamais.

 

Il m’arrive souvent de prendre des taxis qui ne connaissent pas bien les rues, ni leurs noms. Mais ce taxi avait l’insigne honneur de ne connaître aucune rue, sauf la sienne bien sûr.

 

Et bien, au final, on va larguer ce pays pourri comme tout le monde. C’est clair que c’est le véritable projet du gouvernement : nous obliger tous à partir. Mais je ne comprends pas, si on part tous, qui est ce que le gouvernement va pouvoir voler ?

 On en parle

Une critique plus négative Moi Clara et les mots.

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