Traduit de l’anglais(Irlande)par Cécile Arnaud

Lu grâce au club de lecture de la média­thèque de Dinard.

Encore un roman choral, croisant plusieurs destins qui commencent en 1958 par celui d’un Irlandais qui travaille comme un fou dans une mine pour s’acheter une petite ferme en Irlande, jusqu’en 2027 où sa petite fille Daisy veut visiter la mine dont son grand père lui a parlé. Entre ces deux dates, des êtres tous cabossés par la vie tournent autour d’une ferme écologiste tenue par un certain Joe qui cultive le cannabis pour pouvoir payer les dettes qu’il a contractées auprès de son père.

Aucune personnalité n’est très intéressante. Ce sont toutes des personnes souffrantes, comme Carlos l’ouvrier agricole mexicain qui a vu son neveu mourir lors d’une traversée clandestine de la frontière mexicaine vers les USA. Joe le dealer de haschisch et fermier est l’enfant d’un couple mal assorti, d’une mère juive professeur de piano et enfermée dans ses souvenirs de fuites du nazisme et d’un père italien qui aurait voulu que son fils soit un parfait petit américain champion de Baseball et de foot. Il va très mal et c’est devenu un être dangereux pour autrui.

J’ai eu beaucoup de mal à sentir les liens entre les personnages, ils sont parfois très tenus et cela donne un récit un peu vide. Le seul moment intense c’est quand la mère de Daisy prend conscience que sa petite fille est en danger dans la ferme de Joe et qu’elle comprend qu’elle doit s’enfuir au plus vite. Sinon ce sont les désillusions de différentes personnalités ratées et plus esquissée que vraiment approfondies. Deux personnages qui savaient exactement ce qu’ils pouvaient attendre d’un pays où on vient pour gagner de l’argent ont rempli leur contrat, le grand-père irlandais et Carlos l’ouvrier mexicain mais lui souffre de ne pas avoir vu grandir ses trois filles.

Dans un roman choral, ce qui est très agréable c’est le moment où les destins se rejoignent dans un élan vers une histoire commune. Rien de cela ici, j’ai eu l’impression d’être baladée de vie ratée en vie encore plus ratée, sauf au moment central mais qui se défait peu après. En plus choisir comme personnage central un personnage aussi peu sympathique que le fermier Joe rend ce roman très triste.

Citation

Cela m’a amusée de trouver dans ce roman le pluriel d’original après la lecture de « Au bonheur des fautes »

Tu te figes et tu écoutes. Tu penses à la vie sauvage qu’abrite la forêt. Les blaireaux, les lièvres et les lapins comme chez toi, mais tu sais qu’il y a aussi des orignaux, des cerfs et même des ours bruns et des chats sauvages. Tu écoutes . 

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Traduit de l’anglais (Irlande) par Jacqueline Odin.

5
Vive les blogs et les blogueuses ! ! Je leur dois cette belle émotion de l’été. C’est un petit livre qui n’a l’air de rien, à peine plus long qu’une nouvelle et qui dévoile peu à peu toutes ses richesses. Je l’ai dégusté relu (c’est l’avantage des livres très courts) et je l’offrirai en sachant que je peux faire plaisir à beaucoup de lectrices (et de lecteurs ?). Une petite fille de 7 ans membre d’une grande fratrie est gardée le temps de la naissance d’un énième bébé chez un couple sans enfant. Être ainsi, pour la première fois, à la fois séparée de sa famille et l’objet d’une attention bienveillante, la trouble, lui plaît et finalement lui permettra de grandir.

Son regard sur les adultes va changer, à l’avenir on peut espérer qu’elle se défendra d’eux, en particulier de son père. Tout le texte est écrit à travers la compréhension de l’enfant, tous les mots sonnent justes, c’est à la fois pudique et émouvant.

Je me joins au concert de louanges .Cela fait plaisir de se sentir ainsi en phase avec une belle sensibilité d’auteur ainsi que des lecteurs et lectrices que je ne connais qu’à travers le monde des blogs mais dont je me sens parfois si proche.

Citations

 Je me demande pourquoi mon père ment sur le foin. Il a tendance à mentir sur des choses qui seraient bien si elles étaient vraies.

 

– Ah, les femmes ont presque toujours raison quand même, dit-il. Sais-tu pour quoi les femmes ont un don ?
– Quoi ?
– Les éventualités. Une vraie femme regarde loin dans l’avenir et devine ce qui arrive avant qu’un homme flaire quoi que ce soit. 

On en parle

Je dois ce livre au blog de Krol que je lis toujours avec grand plaisir.

Traduit de l’anglais par Florence Levy-Paoloni.

4
Ni l’Irlande des années révolutionnaires, ni l’église catholique, ne sortent indemnes de cette œuvre ! Il s’agit d’un roman à deux voix : celle de Roseanne et de son psychiatre le docteur Grene. Cette femme de cent ans, ou presque, essaie, dans un cahier qu’elle rédige jour après jour, de retracer les drames de sa vie. Le docteur Grenen essaie, dans son journal personnel, de trouver les raisons de l’enfermement si long de cette femme.

Sur tout le roman plane l’ombre de la vengeance d’un prêtre, puis évêque, irlandais : le terrible Gaunt qui n’aimait pas les femmes ni les presbytériens. Elle était les deux, sa vengeance sera implacable. La recherche de la vérité est très intéressante, car Roseanne se trompe parfois en croyant avoir compris les faits, et puis, elle est si vieille ! Un peu à l’image de la vieillesse le roman est lent et confus, le personnage du docteur est beaucoup moins crédible que celui de Roseanne. La révélation finale ne rajoute vraiment rien au roman, bien au contraire.

 Citations

Ce lieu où je suis né était une ville froide. Même les collines se tenaient à distance. pas plus que moi, elles ne faisaient confiance à ce lieu sombre, ces collines.

La rivière charriait aussi les ordures vers la mer, ainsi que des fragments d’objets qui avaient appartenu à des gens et avaient été arrachés aux rives, des corps aussi, mais rarement, oh et de pauvres bébés qui étaient embarrassants. La vitesse et la profondeur de la rivière constituaient de grandes alliées du secret.