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Traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin participation de Philippe Noble

3
Je suis toujours sensible aux avis personnels des libraires, souvent rédigés à la main, dépassant de la couverture du livre, je les lis toujours et j’achète souvent l’ouvrage recommandé par eux. Sortant de la cité des sciences, pour faire plaisir à mon petit fils de 4 ans nous sommes allés choisir des livres à « la librairie du Parc ». Bon choix de livres d’enfants et bon moment avec Victor qui, hélas, ne voulait que des livres avec les Simpson …

Ce roman était chaudement recommandé et les deux libraires étaient très enthousiastes. C’est un gros livre de plus de 1000 pages, mais qui se lisent très bien. Les personnages sont pétris d’érudition religieuse, et nous entraîne dans les méandres des secrets des textes anciens. Pour tenir le lecteur en haleine, les personnages sont mêlés à la vie du 20e siècle et on suit sans déplaisir les tourments des aventures amoureuses et politiques de Max Délius dont l’origine Juive et Nazie ressemble à celle de l’auteur et d’Onno Quist érudit et fils d’une grande famille calviniste. J’ai essayé de dire d’abord tout ce qui m’a plu, mais le principal compliment c’est que je n’ai pas abandonné la lecture et que je n’ai pas trouvé ce roman trop long.

Mais, (parce qu’il y a un Mais) certaines choses m’ont carrément horripilée. D’abord aucun personnage n’est vraiment crédible, ils sont comme des caricatures de personnalités, mais petit à petit je suis rentrée dans le style de cet auteur. J’ai franchement été déçue par le dénouement, pour arriver à tenir tous les fils de l’histoire quelque peu mouvementée, le personnage principal découvre que son fils n’est peut-être pas de lui, en remarquant les yeux d’une inconnue croisée à Jérusalem qui pourrait être la mère de Max son seul ami !

Je ne dévoile pas grand-chose en vous disant cela car il y a bien d’autres invraisemblances mais le pire, à mon avis, c’est l’intervention divine en direct, et oui Dieu nous parle et Harry Muslich n’est que son interprète. Sans donner du poids au côté mystique du roman, cela lui enlève de l’intérêt car si Dieu s’en mêle alors tout est possible et l’écrivain n’a plus besoin de soigner la vraisemblance.

Je crains en disant tout cela de vous donner peu envie de lire les 1139 pages de « la découverte du ciel » ce serait dommage, car je vous le redis je ne me suis pas ennuyée et j’ai découvert beaucoup, beaucoup d’aspects que je ne connaissais pas à propos des religions.

Citations

Il ne faut jamais rien dire a une femme, elle en fera toujours mauvais usage pour mieux te comprendre.

 Toi, en tout cas, tu es totalement inapte a la politique, parce qu’il faut être né dans une famille nombreuse. Le métier s’apprend dans cette lutte sans merci entre frères et sœurs. Si l’on n’a pas fait cet apprentissage de l’intrigue, du mensonge et de l’intimidation, on n’arrivera jamais à rien.

 En prenant la virginité d’une femme, on occupait dans sa voie une place comparable seulement à celle du médecin qui l’avait mise au monde, ou de qui l’assisterait sur son lit de mort

 Je ne sais pas comment le monde est fait, mais peut-être est-ce la ma force. D’après moi le monde – du moins sur terre- est une gigantesque pagaille improvisée, qui pour des raisons inexplicables continue plus ou moins de fonctionner.

Mais il savait aussi qu’on oubliait facilement un simple secrétaire d’état, ou même ministre, on continuait a en tirer gloire, soi et sa famille, pour l’éternité. Mais a part cela, d’ordinaire, plus personne dans le public n’en savait rien. Et peut-être etait-ce bien ainsi, comme tout se répétait toujours, la politique serait absolument impossible sans la mauvaise mémoire de l’humanité.

On en parle

Moustafette

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3
Si jamais l’envie vous prend d’acheter une maison bien tranquille, au fond des bois, dans la campagne profonde, lisez auparavant ce très court roman et vous serez à tout jamais dégoûté de la tranquillité, et des réveils au chant du coq ! !

Dans ce texte de 100 pages, le lecteur se perdra dans une forêt en Malaisie, évitera de peu un accident en téléphérique, mais surtout sera pris à la gorge par l’ennui hostile qui se dégage de la maison d’enfance en peine campagne, où aucun des 6 enfants n’a été heureux. Quel soulagement à la dernière ligne quand le personnage y mettra finalement le feu.

J’avais tellement aimé « Mon couronnement  » que j’ai choisi sans l’ombre d’une hésitation celui-ci dans la liste du club de lecture. Je dois avouer ma déception. Je ne vois pas trop l’intérêt de ce livre à part la difficulté de vivre à la campagne, mais bon, ça ne fait pas un roman même si je suis bien d’accord, rappelez vous la citation de Céline :

Moi d’abord la campagne, faut que je le dise tout de suite, j’ai jamais pu la sentir, je l’ai toujours trouvée triste, avec ses bourbiers qui n’en finissent pas, ses maisons où les gens n’y sont jamais et ses chemins qui mènent nulle part..

La famille à la destinée tragique ne m’a guère passionnée. Bref c’est un livre sur l’ennui, avec un personnage central peu accroché à la vie. Du coup je n’y suis ennuyée et je n’ai pas accroché !

Citations

Quoiqu’il présentât outre ses costumes bien coupés, certaines des caractéristiques qu’on se figure représentatives du diplomate, mains fines, impeccable chevelure argentée et pondération courtoise pouvant, ou non, dissimuler quelque vive intelligence.

 

André Girard semblait penser que les jeunes médecins d’un seul regard, menaient votre vieille carcasse droit à la tombe de la même façon que les jeunes garagistes, d’un seul regard, expédiaient votre vieille guimbarde à la casse.

 

Neuf mois de gestation, rendez-vous compte. Après quoi l’enfant tue l’actrice, ou bien c’est l’actrice qui tue l’enfant. Rien ne pousse à l’ombre des acteurs.

On en parle

Les chroniques d’histoires d’en lire

 

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4
Quand un journaliste peut écrire un roman de cette qualité, on se dit qu’il a emmagasiné une somme d’informations colossale sur le sujet. Ces articles sur l’Irlande, à l’époque où il couvrait l’actualité, devaient être riches et passionnants.

Ce roman se lit d’une traite et j’ai été sidérée à quel point j’ai déjà oublié ce qui faisait, à une certaine époque partie, de mon quotidien : la violence en Irlande du Nord. Je me souviens de Bobby Sand mais je ne savais plus qu’il y avait eu autant de jeunes hommes à mourir de la grève de la faim dans les geôles anglaises. Le roman est construit autour d’un homme qui a été obligé de trahir l’IRA et qui, revenu de tout, se réfugie à Killybegs , petit village de son enfance . C’était là qu’un père alcoolique et violent lui avait inculqué la haine des Anglais.

J’ai été très intéressée par la description de la violence haineuse qui a séparé les « papistes » et les « protestants » et puis, finalement le côté vain de cette lutte puisqu’aujourd’hui, ces deux communautés vivent ensemble. Je crois que tous les gens de ma génération liront ce roman avec un grand intérêt , car si la cause des Irlandais était juste, elle n’a pas pour autant triomphé et comme le personnage principal , ils se demanderont : finalement, tous ces morts ont servi à quoi ?

Le côté implacable de la répression anglaise est difficilement supportable, je ne sais pas si, seule Madame Thatcher est responsable ou si le mépris des Anglais pour les Irlandais vient de plus loin. Le seul pays a à avoir défendu la réunification de l’Irlande c’est l’Allemagne Nazie, ce n’est pas une très bonne carte de visite. Les autonomistes bretons en savent quelque chose.

Je n’ai pas encore parlé du poids de la traitrise, qui pourtant fait une grande partie de l’intérêt du livre, le personnage principal ne pourra pas y survivre et pourtant il n’avait pas eu le choix. Personne ne sort grandit de cette tragique Histoire ni les individus, ni les nations.

 

Citations

Quand mon père me battait il criait en anglais, comme s’il ne voulait pas mêler notre langue à ça.

 

Pourtant la tristesse, en Irlande, c’est ce qui meurt en dernier.

 

Quand la campagne de l’IRA a officiellement cessé, en février 1962, huit des nôtres avaient été tués, six policiers avaient trouvé la mort et seules nos rivières couraient libres.

 

 

On en parle

Clara et les mots

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5
C’est un livre sur l’amitié et ce sont mes amis qui m’ont prêté ce roman. La meilleure façon de les remercier serait que je vous donne envie, à mon tour, de lire ce livre qui m’a fait rire et qui m’ a émue. Ce livre est paru en 1989 , je n’en connaissais pas l’existence. Pourtant, l’auteur ne m’est pas inconnu, j’avais bien aimé à l’époque « La puce à l’oreille » et « Je suis comme une truie qui doute ». Mais c’est un peu pour ça que je n’avais pas fait attention à sa production romanesque, j’avais catalogué Claude Duneton « spécialiste des faits de langue », en particulier des expressions, et je ne connaissais pas son talent de romancier.

« Rires d’homme entre deux pluies » raconte avec un talent humoristique certain, l’errance de paumés dans les années 70 . Ils vivent au cœur de Paris, à côté de Notre dame de Lorette, dans un logement vétuste sous les combles d’un immeuble, gardé par une concierge qui perd quelque peu la tête. Tous les personnages sont importants et Alphonsine, la concierge jouera son rôle dans l’intrigue.

Le charme du roman vient essentiellement du côté déjanté mais plein d’humanité de tous les personnages et également du style de Duneton. Comme la relecture la plus importante que j’ai faite cette année, c’est « le voyage au bout de la nuit » j’ai souvent pensé à Céline, mais un Céline heureux qui aurait confiance dans l’humanité.

Alors que reste-t-il de Céline ? Ce goût pour les gens de tous les jours, pour les antis héros, les situations banales, la maladie, la mort et l’évolution lente d’un personnage vers son accomplissement. Et puis, une certaine jouissance à écrire avec la langue de tous les jours truffée de toutes les expressions et citations que nous avons tous plus ou moins dans la tête. Ferdinand (comme par hasard) qui finira par s’appeler Jean est traducteur, nous suivrons toutes ses difficultés de traduction comment par exemple traduire correctement une expression d’une langue à l’autre. Faut-il traduire « Piss-weak » par « pisse-froid » ou par « couille molle » ? Nous le verrons avec son ami Clément ruser pour se nourrir les mois où la dèche et la faim sont trop fortes. Nous suivrons son amour pour Carolina qui s’appelle en réalité Viviane.

Nous connaîtrons les milieux de l’édition, du cinéma avec tous leurs aspects négatifs mais aussi amusants et vivants. Cela pourrait parfois être une charge contre notre société mais ce n’est pas ça, l’auteur pose un regard lucide et amusé sur les comportements des gens dans les années 70, un peu à la Brassens à qui il m’a fait penser également. J’ai trouvé parfois que le roman s’égarait un peu, en particulier dans les brumes finlandaises et la fin me laisse dubitative.

Le titre le dit bien, si vous voulez rire et pleurer avec des êtres ô combien humain précipitez- vous sur ce livre (si vous le trouvez), vous passerez un très bon moment au milieu d’une foule de personnages aux destinées variées. Vous n’oublierez pas le Tiaf déguisé en femme , Alphonsine vociférant contre les juifs, Berbis qui se prend un râteau malgré son énorme érudition , Riton qui ne veut plus vivre accroché à son fauteuil roulant, et tant d’autres figures contemporaines croquées avec humour et sensibilité.

Citations 

(j’en ai mis beaucoup j’avais parfois envie de recopier des passages entiers)

 À Paris ce matin-là, l’air était gris, les chats dans les gorges.

 

Dans les amours les plus blafardes, les coups du cœur très mal branchés, il y a toujours un moment comme ça, un laps parfait où tout bascule, où la vie est belle à crier !

 

Devant le radiateur à gaz à l’entrée, il y avait des caleçons qui séchaient, des boîtes de conserve bâillaient sur ce qui aurait dû être ma table de travail. Et partout des chaussettes, des bouquins, des godasses, un manche de pioche – je ne sais pour quelle raison- et des journaux en pagaille !

 

La vie aussi était comme ça, provisoire, avec ses folies, ses hontes, ses orgueils. Ses regrets. Un enchaînement d’évidences qui se poussent.

 

Il avait les yeux très bleus. J’ai dit que tous les mythes avaient des yeux bleus – même Jésus Christ dans ses photos antérieures au XIXe siècle.

(Une phrase qui me fait penser à du Céline )

Le mois de janvier avait été pluvieux, pas très froid mais pourri. Nous regardions tomber la flotte, jour après jour, à la semaine, dégouliner les toits de paris. A se demander !… A chercher, dans le ciel mouillé, où est le trou d’où vient la pluie.

 

Pour les soucis d’argent Clément était d’un réconfort médiocre. Ses discours sur la société capitaliste, intéressant en eux-mêmes, ne valaient pas le diable dans les moments de pénurie. Je trouvais que ce garçon populaire s’acheminait lentement, mais sans remède , vers le Secours du même nom.

 

Nous volions une boîte de thon au naturel, de maquereau au vin blanc – jamais d’alcool ! une bouteille d’huile un jour à cause des vinaigrettes… On ne craignait pas trop l’escalade, car, dans le quartier, je ne vois pas trop où nous aurions pu voler un bœuf !

 

Je me suis dit que les femmes, réellement, étaient les vraies merveilles du monde.

 

Je me disais que cet intérieur blanc des cuisses des femmes est sans doute le plus bel endroit du monde. Que lorsque je mourrais, si j’avais le sentiment des choses laissées, mon regret ce serait l’intérieur blanc des cuisses des femmes !

 

Sa tactique à lui consistait à jouer de la culture comme d’une arme secrète … Il m’avait confié qu’il lui arrivait d’établir des fiches, des catalogues de citations choisies, par matières pour les balancer dans une discussion au moment stratégique, de l’air de celui qui s’en fout totalement… Ah oui : très important ça ! Ne citer que par dessous la jambe, toujours ! Négligemment, faire croire que c’est tellement connu, ce qu’on dit là ! … Un rappel, tout au plus ! En s’excusant de la banalité…

 

 Carolina disait qu’il ne faut rien savoir des gens ; quand on sait tout, il ne reste plus rien. Ils sont mangés …. Souvent il n’y a palus qu’à les vomir ! Ce qui est une rude entreprise ? Parfois ça peut durer toute la vie.

 

Je me suis dit que c’était rigolo, mais les gens d’un certain standing, lorsqu’ils étaient absents de Paris, ils résidaient rarement dans le Nord.

 

J’ai dit qu’en effet, après avoir glandé tout l’été, je me sentais fort dépourvu. J’aimerais ça trouver de quoi subsister jusqu’à la saison prochaine !

 

Les rires commerçants en général, l’aspect « jovialo-servile » !

On en parle

Appel à la blogosphère qui a déjà écrit sur ce roman exceptionnel ?

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Traduit du suédois par Caroline Berg

4
Je le dis tout de suite à la petite Souris Jaune (voire le lien à la fin de l’article) dont j’apprécie beaucoup les critiques d’habitude, je suis comme Clara ( idem pour le lien) j’ai adoré. J’ai ri, et puis, ça m’a fait un bien fou de revisiter certains drames de notre histoire à travers les aventures si peu probables d’un génie suédois de l’explosif en tout genre (tiens tiens, Monsieur Nobel … serait-ce une tradition dans votre froid pays !).

On ne s’ennuie jamais dans cette aventure, on suit avec plaisir la fuite des bras « pas si cassés » que ça, de la bande du centenaire qui arriveront à se défaire et des malfrats et de la police, tout en conservant un énorme magot permettant à tout ce petit monde de finir leurs jours sous le chaud soleil de Bali. Auparavant, nous connaîtrons les cent ans d’une vie agitée, où toutes les crapules (Staline, Mao, Johnson, Kim Il-sun…) ayant bien contribués au malheur de l’humanité auront eu affaire à Allan Karlson qui veut bien discuter de tout sauf de politique car il n’y connaît rien.

Le moment où en Iran il se retrouve avec un pasteur britannique qui essaie de convertir les Iraniens à l’anglicanisme m’a fait mourir de rire. Je te l’accorde Petite Souris Jaune, ce n’est pas un humour très fin, et toi qui aimes les belles enquêtes policières tu as dû être déçu par le peu de perspicacité du policier suédois de base. Comme moi je m’ennuie à la lecture des polars , la caricature de la logique de l’enquête policière m’a bien fait rire.

Je devais être dans de bonnes dispositions, mais je persiste à recommander ce roman à tous ceux et toutes celles qui veulent s’amuser sans prétention et allez, je le reconnais à ceux et celles qui aiment le rire un peu gras, la bière et l’alcool fort !

Citations

Il fuyait sa propre fête d’anniversaire, et c’est aussi une chose qu’on fait rarement à cet âge-là, principalement parce qu’il n’est pas fréquent d’arriver jusque là.

 

Le centenaire se mit en route sur ses chausson-pisse (on les appelle comme ça parce que les hommes d’un certain âge ont du mal à faire pipi plus loin que les bouts de leurs chaussons).

 

Il avait travaillé comme commis dans une ferme battu quotidiennement par son père qui le considérait comme un bon à rien. L’année des ses vingt-cinq ans, un cancer emporta sa mère, ce qui lui fit de la peine. Peu après, son père se noya dans l’étang en essayant de sauver une génisse. L’événement affecta Julius car il aimait bien la génisse.

 

Alan trouvait incompréhensible que les gens aient eu envie de s’entretuer au XVIIe siècle. S’ils avaient patienté un peu, ils seraient morts de toute manière.

 

Trois heures plus tard, les deux hommes se donnaient du Harry et du Allan, ce qui en dit long sur ce que deux bouteilles d’alcool sont capables de faire pour le rapprochement entre les peuples.

 

On peut dire ce qu’on veut de la cuisine française, mais une chose est sûre : on a beau vider son assiette, on n’est pas rassasié.

 

La première décision prise par Gorbatchev, le petit jeune qui avait pris la barre, avait été de lancer une campagne contre la consommation excessive de vodka dans le pays. Ce n’était pas comme ça qu’on séduisait les masses, n’importe quel imbécile était capable de le comprendre.

 

Il fut accueilli par sœur Alice, qui avec un sourire aimable lui fit perdre toute sa joie de vivre en quelques minutes simplement en lui faisant part du règlement intérieur : interdiction de fumer, interdiction de boire de l’alcool et interdiction de regarder la télévision après 23 heures. Elle précisa que le petit déjeuner était servi à 6h45 en semaine et une heure plus tard les jours fériés. Le déjeuner à 11h15, le goûter à 15h15 et le dîner à 18h15. Tout pensionnaire arrivant après ces heures s’exposait à être privé de repas.

-Est- ce qu’on peut aller chier quand on veut ? demanda Allan

On en parle

négatif  : La souris jaune, positif  : Clara et les mots

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Traduit du norvégien par Hélène Hervieu et Eva Sauvegrain.

2
Si ce livre n’avait pas été au programme du club de lecture, donc choisi par ma bibliothécaire préférée, j’aurais abandonné à la page 50. Je n’en pouvais plus d’imaginer cette jeune femme boire des bières de plus en plus vite, en se dépêchant pour faire la place au gin, au cognac au whisky…

Tant d’alcool pour faire comprendre qu’elle va mal très mal … du coup je suis allée faire un petit tour sur Babélio et j’ai vu que d’autres lectrices avaient aimé cette histoire alors je me suis accrochée, bon c’est sûr c’est beaucoup, beaucoup trop long et trop alcoolisé. Mais il y a quelques bonnes remarques sur notre société des loisirs.

Les voyages, par exemple, et les touristes qui ne voient les paysages qu’ à travers leur appareil photo numérique sans oublier cette si noble cause : la défense des animaux sauvages. C’est un peu étrange de trouver des remarques judicieuses sur notre société dans un roman qui m’intéresse aussi peu.

La deuxième partie du livre, là où les explications sont données au mal être de Béa, va un peu plus vite. Pas de chance pour moi ! le roman prend alors l’allure d’un polar psychologique, et je n’aime pas trop les polars.

Citations

 Je me sens toujours mal à l’aise avec les Japonais et leurs sourires automatiques qui semblent venir de je ne sais où, sans raison apparente . Comment font-ils quand ils sont vraiment heureux ?

 

Des gens qui en avaient assez de monter à dos de chameau en Egypte, de se promener en gondole à Venise , ou d’écouter avec un mélange de peur et de jubilation , les sirènes de police devant Manhattan . Pour leurs amis un voyage comme ça devait être follement exotique et valoir largement son prix exorbitant

 

Tout penaud Frikk regardait le phoque sur la plaque de glace, incapable de profiter du spectacle dans la mesure où il ne pouvait pas le photographier

 

Tant d’hommes ont été estampillés courageux, uniquement parce que leur intelligence était rudimentaire.

 

 Elle avait envie de rencontrer un ours blanc, mais il fallait qu’il soit inoffensif. Rien ne devait être dangereux, seulement extraordinaire, exotique et surtout écologiquement correct….

On en parle

L’as tu lu 

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Traduit de l’américain par Christine Le Bœuf

3
J’aurais abandonné la lecture de ce roman s’il ne m’avait pas été prêté . Finalement on s’accroche à ces personnalités féminines, plus qu’à l’histoire de Mia, poétesse délaissée par un mari qui a voulu faire « une pause » c’est à dire vivre une aventure avec une jeune femme et qui, à la dernière page du livre, reviendra vers son épouse.

Dans ce roman, l’auteur s’intéresse à tous les âges de la femme, les pestes bêtement cruelles de 16 ans, la jeune mère débordée par ses deux enfants, et les femmes très âgées en maison de retraite. Les hommes sont absents mais sont aussi le centre d’intérêt ou de destruction de tous les âges. (Un peu moins dans la maison de retraite).

J’ai bien aimé les relations entre les vieilles dames et la description de la cruauté des adolescentes, mais j’ai été un peu agacée par les lieux communs sur la condition féminine, et ça m’a semblé tellement américain ! Il n’y a pas une intrigue que l’on suivrait et qui donnerait de l’intérêt du roman mais en revanche une analyse assez fine des relations les fille et les femmes entre elles. Quelques pointes d’humour, beaucoup de références littéraires et un procédé qui m’agace toujours : une façon d’interpeller le lecteur en lui suggérant des réactions. (« Et je vais vous le dire en toute confidence, vieil ami, car voilà bien ce que vous êtes maintenant vaillante lectrice, vaillant lecteur, éprouvés et fidèles et si chers à mon cœur ».)

Je ne sais pas pourquoi mais chez moi ce genre de phrases me donne toujours envie de répondre à l’écrivain : « fais ton boulot mais laisse moi réagir à ma façon ! ! »

Citations

La pause était française, elle avait des cheveux châtains plats, mais brillants, des seins éloquents qui étaient authentiques, pas fabriqués, d’étroites lunettes rectangulaires, et une belle intelligence.

 

Les cinq vivaient dans un présent féroce car, à la différence des jeunes qui envisageaient leur fin avec distance et philosophie, ces femmes savaient que leur mort n’était pas une abstraction.

 

Seuls les gens âgés ont accès à la brièveté de la vie.

 

Mais les filles seront-elles toujours les filles ? Gentilles, maternelles, douces, passives, intrigantes, furtives, méchantes ?

 

Le club de lecture c’est très important. Il en pousse partout comme des champignons, et c’est une forme culturelle presque entièrement dominé par des femmes.

On en parle

Nathalie-lit

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 Traduit de l’anglais par Georges-Michel Sarotte d’après la traduction du Farsi par Sara KHALILI

3
Reportez-vous vite au lien que j’ai mis à la fin de mon texte. J’aurais adoré être d’accord avec Keisha. Comme elle, j’ai ri à certains passages et j’ai apprécié l’humour terrible de cet écrivain qui raconte les pires horreurs d’un ton détaché.

Mais je me suis complètement perdue dans son récit. Je voulais lire assez vite car ce livre est proposé au club et il faut essayer de ne pas garder les livres trop longtemps. Cela explique peut-être que je n’ai pas eu le temps de me familiariser avec les méandres du récit. À la fin je ne savais plus qui était réel et qui était imaginaire, en plus les procédés sont répétitifs et finissent par émousser le sens critique du lecteur.

Sans cesse, l’auteur s’adresse à nous en disant

« posez moi la question… Demandez-moi maintenant… »

Je voulais de toutes mes forces aimer ce roman qui dénonce la censure et la violence faite aux femmes et à tous ceux qui s’oppose à l’islam en Iran. Mais les différents récits qui se croisent m’ont perdu en route. Je l’ai fini en le lisant en diagonale et sans vraiment m’y intéresser.Je suis contente de voir que d’autres ont su apprécier ce roman. Je me demande si la traduction n’est pas pour beaucoup dans ma difficulté. Voilà un livre écrit en farsi traduit en anglais pour des lecteurs américains. Et cette version là qui est traduite en français.

Citations

Cette nouvelle constitution autorise l’impression et la publication de tout livre et journal et interdit formellement la censure et tout examen préalable. Malheureusement, cependant, notre constitution ne signale pas que ces livres et autres publications ont le droit de sortir librement de l’imprimerie.

 

Peut-être ne me croirez-vous pas, mais c’est un fait qu’un grand nombre des romans de Danielle Steel ont été traduits en farsi et, comme leurs imitations iraniennes, sont réimprimées des dizaines de fois et avec de forts tirages. J’adorerais rencontrer Danielle Steel un de ces jours et lui demander tout à trac : qu’avez-vous fait pour que M. Petrovitch accorde si généreusement la permission de quitter l’imprimerie, après avoir, il va s’en dire effacer les scènes des baisers ?

 

 Au cours de notre histoire vieille de plusieurs millénaires, nous les Iraniens avons toujours cherché à rendre possible l’impossible. Pendant une certaine période où la censure imposée aux films et aux programmes de télévision était la plus sévère, le censeur chargé de visionner les programmes de la 3, chaîne gouvernemental était aveugle.

On en parle

En lisant en voyageant

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3
La quatrième de couverture vous le dit, le style de Saphia Azzedine « virevoltant est irrésistible ». C’est vrai, ce petit roman est un bon moment de drôlerie dans la droite file des « intouchables » il montre qu’une certaine forme d’énergie vient de la banlieue qui ne s’embarrasse pas des codes pour réussir. Dans le genre : « il n’y a que ton énergie pour te sortir de la médiocrité », les adolescents des banlieues n’ont pas beaucoup le choix : ils doivent tout donner pour s’en sortir.

Paul, finalement a cette chance d’avoir un père affectueux et présent, bien sûr il fait des ménages mais il aime son fils et c’est réciproque alors peu importe finalement que Polo n’arrive pas à l’admirer. Bien sûr ce n’est pas un « grand » roman mais en plein mois de novembre avec ces journées qui se terminent à 5 heures et les informations toujours aussi réjouissantes, rire ça fait du bien. Et Saphia Azzedine a ce talent faire rire de tout ou presque.

Citations

J’apprenais qu’un homme pouvait prendre quatre cents pages pour dire à une femme qu’il l’aime. Quatre cents pages avant le premier baiser, trois cents avant une caresse, deux cents pour oser la regarder, cent pour se l’avouer. À l’heure où on envoie des textos quand on a envie de baiser, je trouvais ça prodigieux, vertigineux, fou, démesuré, extravagant, insensé, grandiose…..

Je trimballe le chariot de produits jusque dans les toilettes hommes et il me vient une drôle de pensée en voyant ce qui m’attend. Je me dis qu’un homme a beau employer des mots dédaigneux, arrogants, supérieurs et transcendants, il ne sait toujours pas viser dans le trou.

Parfois on regarde les infos le soir sur la une et mon père commente chaque nouvelle. Comme tous les gens qui n’ont pas d’avis, il la ramène sans cesse sur des sujets trop grands pour lui.

Ma mère est une fan du fait divers sanglant. « un homme achève sa femme à la hache et dévore son foie avec des aromates. »

Elle n’est jamais rassasiée, toujours en manque d’émotion. Car un pédophile qui viole un enfant ça l’émeut aux larmes. Heureusement, il y a de nouveaux cas tous les jours. Il y a de quoi faire avec les pédophiles.

Elle ne méritait pas mieux, elle n’avait qu’à pas croire un homme marié. Ce sont les plus grands menteurs de la galaxie, tout le monde le sait. Ils n’ont pas le choix, ils sont mariés.

De toute façon, les gros bolides c’est bien connu c’est pour les cons. Le bruit du moteur sert souvent à camoufler le courant d’air qu’ils ont dans la tête

– Oui. Mais, j’veux dire, quand t’es blond tu veux être brun, et quand t’es brun, tu veux être blond.
– c’est vrai…
– Et c’est pareil pour un tas d’autre choses hein ! L’être humain, il sera jamais content. Il veut toujours le contraire de qu’est-ce qu’il a.
– Sauf quand on est riche et beau, on veut rarement devenir pauvre et moche.

C’est exactement ce que je déteste chez l’être humain en général et chez mon père en particulier. Cette obscène habitude de tout rapporter au cul, pour faire une blague quoi…. ça va graduellement : plus c’est graveleux, plus ça glousse vicieusement. C’est culturel, on parle de cul pour un oui ou pour un non, ça va de pair avec l’arriération de ma populace. Mon oncle, cousins et grand pères font la même chose le dimanche et moi ça me donne la nausée.

Fêter un mariage c’est aussi con que de fêter une entrée en guerre. Comme si on voulait faire passer la pilule avec de la crème chantilly histoire que l’enculade soit moins vive.

On en parle

Chez lo

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Cela devrait être facile d’écrire sur ce livre que j’ai adoré. Mais voilà, j’ai été si émue que j’ai peur de rater mon billet, d’être trop dans l’émotion et de ne pas savoir faire partager mon plaisir de lecture. C’est la première fois qu’un livre me fait pleurer ? Rire toute seule en lisant un livre, ça m’arrive souvent, pleurer jamais.

À l’évocation de la mort de sa grand-mère mes larmes sont sorties sans que je puisse les arrêter. Evidemment d’autres morts en sont la cause ! Assez parlé de moi, revenons donc à David Foenkinos, j’avais adoré La délicatesse, pour son humour et son style. On retrouve ces deux qualités dans les souvenirs.La scène où le narrateur se décide à présenter sa compagne pour annoncer le mariage à ses parents alors que ceux-ci sont persuadés qu’ils viennent parce que leur fils a enfin compris qu’ils allaient divorcer est d’un tragi comique irrésistible. Les petites remarques rapides comme par exemple, le nom donné aux cliniques où l’on soigne les dépressifs, Camille Claudel et Van Gogh qui ne sont quand même pas des modèles d’équilibre mental m’ont fait sourire. Les souvenirs qu’il invente aux personnages, célèbres ou non, qu’il fait vivre dans son roman, m’ont également beaucoup amusée.

Mais pour moi, l’essentiel du roman, c’est la réflexion sur le vieillissement, et l’amour du narrateur pour ses grand parents. Sa grand-mère ne se sent pas bien en maison de retraite, elle est très émouvante et on comprend sa fugue vers son enfance, vers cette petite fille qu’elle a été et qui à cause de la faillite financière de ses parents a quitté l’école en CE2. Elle m’a bouleversée et il faut un vrai talent d’écrivain pour faire partager la force de ses émotions. Ses relations avec ses parents évoluent au fil des pages, et gagne en profondeur par contre je n’ai pas bien compris pourquoi son couple ne résiste pas à l’usure du temps.

Un beau livre qui permet de réfléchir en souriant aux liens familiaux.

Citations

On cherche toujours des raisons à l’étroitesse affective de nos parents. On cherche toujours des raisons au manque d’amour qui nous ronge. Parfois il n’y a simplement rien dire.

Il y avait aussi un tableau avec une vache. Le tableau devait être un pensionnaire et on l’exposait pour lui faire plaisir. Après renseignement, non, personne ne savait qui avait peint cette horreur, ni pourquoi elle était pendue là. On ne souciait pas de l’esthétique. Mon dégoût pour ce tableau allait pourtant provoquer chez moi une étrange réaction : à chacune de mes visites, je ne pourrai faire autrement que de m’arrêter devant pour le contempler. Cette vache faisait maintenant partie de ma vie. Elle serait pour toujours le symbole de la laideur. Ce n’est pas rien d’avoir ainsi un accès à la laideur, comme point de mire à l’horizon vers lequel il ne faut surtout pas aller. Cette vache là je passerai ma vie à la fuir.

 

La vie avançait pour les autres, me laissant toujours sur le côté, et je demeurais bloqué dans l’âge des choses immobiles. Ma vie sexuelle ressemblait à un film suédois. Parfois même sans les sous-titres.

 

Que veulent les vieux ? Ils s’isolent lentement, sur ce chemin qui les conduit à la blancheur. Tout ce qui fait la matière des conversations disparaît. Et on est là, comme des veilleurs de chagrin.

 

J’ai souvent entendu dire qu’un véritable ami c’est quelqu’un qu’on peut appeler en pleine nuit quand on se retrouve avec un cadavre sur les bras. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours aimé cette idée. Il y a des gens qui passent leur temps à se demander ce qu’ils feraient s’ils gagnaient au Loto, moi je me demande qui j’appellerai le jour ou je devrai me débarrasser d’un corps (car il est très peu probable que je gagne un jour au Loto) je parcours la liste de mes amis, et j’hésite. Je pèse le pour et le contre d’une lâcheté éventuelle. Et puis, je me rends compte que le choix est plus complexe que prévu : aimer un ami. C’est aussi éviter de l’impliquer dans une histoire aussi sordide que risquée.

 

Mon père a trouvé une place de stationnement rapidement, et comme toujours cela le mit en joie. Je pense qu’on pourrait positionner le fait de se garer facilement dans le trio de son panthéon du bonheur. Quelque part, c’est si symbolique : mon père a toujours voulu avoir une vie rangée. Je critique cet enthousiasme de la place de parking, mais après tout chacun fait comme il peut pour se réjouir.

On en parle

 Minou a lu