SONY DSCTraduit de l’anglais par Johan-Frédérik HEL GUEDJ.

2
C’est particulièrement difficile de critiquer un cadeau, et en plus c’est une amie de la blogosphère qui me l’a offert. Merci Keisha et désolée de n’avoir pas apprécié cette lecture. Pourtant cette auteure bénéficie d’une presse élogieuse et semble très bien vendre ses romans. Joanna Trollope s’intéresse aux rapports humains dans les famille. Celle de Suzie Moran est liée par une entreprise de porcelaine que cette femme courageuse et déterminée a su faire prospérer. Elle y emploie ses trois filles et un gendre. Elle a été élevée par ses grands parents et voilà que son père de âge de 80 ans refait surface. Nous allons donc assister à une analyse détaillée des rapports dans les couples et dans la famille au sens large. La quatrième de couverture promet une fin surprenante (comme si on avait peur que le lecteur se lasse avant la fin !) mais l’intérêt n’est pas dans le suspens mais dans la gestion du quotidien. Dans cette famille les hommes assurent le quotidien auprès d’enfants insupportables et les femmes travaillent à l’extérieur. À part un bellâtre collant, stupide et qui sera vite mis sur la touche, les autres personnages sont relativement complexes.

Pourquoi suis-je si critique ? Ce roman tout en dialogues d’une platitudes fatigantes m’a semblé totalement creux.

Il est parti
– J’ai appris ça
– Il est chez Jeff
– oui
– Où est maman

Des pages entières comme ça, c’est plus que je ne peux en supporter. Et même si les caractères des personnages ne sont pas d’une pièce, ils sont trop prévisibles et rien ne m’a vraiment accrochée.

Citation

Un caractère bien simple

Pour Suzie, il n’y avait alors aucune décision à prendre. Elle avait un pied dans la trentaine, une famille en pleine croissance, et une flopée de puissantes impulsions qui la poussaient en avant, la principale étant sa détermination à commémorer le nom de son grand père dans le lieu et de la manière les plus appropriées qui puissent se concevoir. 

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Un grand plaisir de lecture avec ce livre reçu grâce à Masse critique de Babelio , j’avais pourtant dit que je n’y participerai plus ! Mais j’ai une grande tendresse pour nos voisins québécois, leur langue et la dureté de leur vie. alors voilà j’ai dit oui, et hélas ce livre est arrivé au milieu de mes trajets de l’été et c’est évidemment beaucoup plus compliqué pour publier dans les délais exigés.

3La couverture fait immédiatement penser à la BD de Loisel et Tripp « Magasin Général » et c’est bien le même monde qui est ici décrit, à tel point que je pense que la BD est une adaptation de ce roman. On retrouve les mêmes personnages si je me souviens bien de la BD que j’ai parcourue avec plaisir dans le cadre de mon club de lecture .
Nous voici donc, en 1901, dans le Québec rural, bien parti pour une saga en quatre tomes avec les familles Joyal et Boisvert dans le village de Saint-Paul-des-Près. La jeune Corinne, cadette de la famille Joyal, est amoureuse de Laurent le plus jeune fils de Gonzague Boisvert, un vieux grigou au cœur sec et nous assistons à la préparation de son mariage et au début de sa vie conjugale.

Le lecteur est embarqué une vie de village où chacun doit tenir sa part de travail pour que la communauté puisse faire face au climat rigoureux du Québec. Tout cela béni par une religion catholique bigote , chacun s’exprimant dans une langue qui me fait toujours sourire. Michel David possède un talent de conteur indéniable, et même si ce n’est pas de la grande littérature, j’ai beaucoup apprécié cette lecture. L’intrigue tourne autour d’une sombre histoire de terrain sur lequel on doit reconstruire une église, les rivalités des clans politiques opposent « les Bleus » aux « Rouges » , mais le plus important ce sont les manigances du vieux Gonzague Boisvert qui aimerait être le maitre incontesté de son village. Surtout n’ayez pas peur des 500 pages, il ne m’a fallu que deux jours pour en venir à bout. Je ne sais pas si je lirai la fin de la Saga , mais à l’occasion pourquoi pas. Les personnages sont vivants et bien croqués, mais il y a un côté gentillet qui risque de m’ennuyer quelque peu.

Citations

Les jurons québécois

Ah ben, ma saudite air bête ! 
Maudit torrieu ! hurla-t-il . Même pas capable de traire une vache comme du monde !
Maudit calvinus de calvinus !

Croyance et religion

J’espère qu’il va faire beau demain, ajouta la jeune fille , l’air inquiet. 
-T’as juste à aller installer ton chapelet sur la corde à linge, lui conseilla Lucienne.
-Voyons donc, m’man, protesta Germaine. Vous allez pas nous dire que vous croyez à ça. ..
– Tout ce que je sais , c’est que je l’ai fait pour mes noces et Blanche a fait la même chose pour les siennes et ça a marché, déclara tout net la mère de famille.

Éducation sexuelle

Elle se dépêcha d’endosser sa robe de nuit en évitant de se regarder nue dans le miroir. Elle se rappelait très bien encore les mises en garde du vieux curé Duhaime qui prédisait la damnation éternelle dans les flammes de l’enfer à tous ceux qui succombaient au péché d’impureté. On devait éviter de regarder et surtout de toucher les « parties sales » du corps.

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Traduit de l’anglais par Dominique Letellier.

3
Un roman vraiment passionnant que j’ai repéré chez Dominique. Le prétexte choisi par Jessie Burton pour nous raconter la richesse des Pays-Bas, en particulier d’Amsterdam au 17e siècle, c’est une fabuleuse maison de poupée, que l’on peut voir au Rijksmuseum le musée national. Cette Miniature appartenait à une certaine Petronella Oortman. L’auteure a été fascinée par la minutie avec laquelle cette jeune femme a reproduit à l’identique sa propre demeure , dépensant autant d’argent pour la réplique que pour sa maison principale. Son roman se situe en 1686, le personnage principal à travers les yeux duquel nous découvrirons la riche ville d’Amsterdam et la VOC (la compagnie des Indes Orientales) est une toute jeune provinciale, Petronella dite Nella. La fraîcheur de son regard, l’envie qu’elle a de vivre et de mieux connaître son richissime mari si éloigné d’elle, donne beaucoup de charme à ce récit. L’auteure se plaît à nous décrire avec force détails, les décors, les menus, les tableaux la vie d’une riche demeure d’un « seigneur » de la compagnie.

Pour rendre ce roman palpitant, et il est même très angoissant, des mystères se mêlent à ce qui devrait être une vie paradisiaque. Pourquoi son mari tient sa jeune femme éloignée de lui ? Pourquoi un ou une « miniaturiste » lui envoie-t-elle des objets si proches de son quotidien ? A-t-il (ou a-t-elle ) un espion dans la place ? Ces objets prédisent-ils l’avenir ? Sont-ils une aide ou porteurs de maléfices ? Que cache l’hostilité de sa belle-soeur Marin ? Comment un jeune Africain, sauvé de l’esclavage par le maître de la maison, peut-il survivre dans une ville aussi peu ouverte aux autres ?

Car là est le paradoxe de ces richissimes néerlandais : ils font du commerce avec le monde entier, mais ils sont gouvernés par des forces obscures et rétrogrades de tendances calvinistes et aucune déviance n’est autorisée. On sent la présence de ces « ayatollahs  » de la religion dans tous les moments de la vie des habitants. Un peu comme des habitants d’une maison de poupée regardés par des géants inquisiteurs, bref un peu comme le regard de l’auteure elle-même visitant le musée où se trouve cette maison miniature. L’angoisse monte peu à peu, jusqu’à la fin où les catastrophes s’enchaînent.

On ne peut raconter les détails de la montée vers l’angoisse finale sans déflorer le roman (les Québéquois diraient « divulgacher » j’ai appris ce mot chez Keisha) . Jessie Burton fait découvrir peu à peu la personnalité de Johannes Brandt le mari de Petronella et c’est un beau personnage même si on n’y croit pas trop. C’est pour moi le point faible du roman, la période est parfaitement bien rendue, l’énigme bien imaginée mais j’ai eu du mal à croire aux personnages.

Citations

Une idée qui m’a étonnée

La pitié,contrairement à la haine, peut-être enfermée et mise de côté.

Une idée de la mer

La mer est tout ce que la terre ne sera jamais, déclare Otto. Aucune surface, même minuscule, ne reste la même.

Les femmes à bord

Les femmes portent malchance à bord

– Elles portent la chance que les hommes leur accordent

Description de la nourriture

Cinq minutes et cette tourte sera prête J’y ai ajouté des asperges .

Une bouffée brûlante qui sort du four emplit la pièce. la servante dépose la tourte sur un plat, l’arrose de verjus, de fonds de mouton et de beurre, avant de la passer à Nella.

Les grands mariages

La fête a duré trois jours. mais vous savez ce qu’on dit, à propos des grands mariages ? Qu’ils cachent un manque de désir.

SONY DSCTraduit de l’allemand (Autriche) par Élisabeth Landed.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

4
Beaucoup de charme à ce roman, et surtout une écriture originale. Déjà repéré chez Dasola. Comment avec une certaine légèreté traiter de la période la plus horrible de l’Autriche : 1938 ? C’est étonnant, mais Robert Seethaller y parvient, on y retrouve l’ambiance des valses de Vienne et des pâtisseries crémeuses. Dans ce pays de cartes postales (qui jouent leur rôle dans ce récit) rien de grave ne devait arriver. Oui mais voilà, les Autrichiens sont aussi des antisémites virulents et lorsqu’il règneront en maître sur Vienne, ils n’auront pas besoin de leur cher Führer pour faire laver les trottoirs à de vieux juifs terrorisés sous l’air goguenard de jeunes en uniforme nazi.

Et pendant ce temps, le jeune Frantz Huchel poursuit son initiation à la vie d’homme, en ne comprenant pas grand chose à l’amour. Mais en apprenant beaucoup sur la façon de fabriquer les cigares, et d’écrire dans la presse des articles qu’il faut savoir décoder. Heureusement pour lui, il rencontre le « Docteur des Fous » et le dialogue qu’il noue avec un véritable « Herr Professor Freud » lui permet de comprendre bien des choses même si l’âme d’Anezca est bien difficile à saisir. Ce roman sans concession pour les Autrichiens de l’époque nous balade dans tous les quartiers d’une ville qui a toujours cultivé un certain art de vivre. Du buraliste qui a perdu sa jambe à la guerre 14 en but à la malveillance de son voisin boucher- sans doute parce qu’il sert du tabac tous les clients juifs ou pas- à l’humoriste qui tourne en dérision Adolf Hitler, à la famille Freud qui se terre dans son appartement, au facteur qui voit la police secrète ouvrir le courrier, tout ce monde se met en mouvement devant les yeux de Frantz et nous montre mieux qu’un reportage l’ambiance de Vienne en 1938.

J’ai beaucoup aimé ce retour vers le passé car, autant l’Allemagne cherche à faire un travail très honnête sur son passé, autant d’autres pays (France y compris), comme l’Autriche cherchent à rendre les nazis allemands responsables de toutes les horreurs qui ont été commises sur leur sol. Dans ce bureau de tabac cent pour cent autrichien, avec un auteur à la plume légère nous voyons bien que le grand frère n’a pas eu à faire grand chose pour pousser cette population à exterminer ou chasser tous les juifs et tous ceux qui n’étaient pas d’accord pour voir la croix gammée flotter au dessus des monuments de leur capitale.

Citations

L’arrivée à Vienne en 1937

Le goût des autrichiens pour les titres

 Dialogue avec un Freud désabusé

Dialogue sur les cigares

– Un cigare de cette qualité n’est pas particulièrement donné.
– C’est parce qu’il est récolté par des hommes courageux sur les rives fertiles du fleuve Juan y Martinez et délicatement roulé à la main par de belles femmes, dit Franz en hochant la tête avec sérieux.
– Encore que, en l’occurrence, je ne me m’explique pas vraiment pourquoi le courage est censé constituer la qualité la plus éminente des cultivateurs cubains, lui opposa Freud.

Initiation du jeune homme naïf

Résultat de son initiation

SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
Traduit de l’anglais par Bernard TURLE.

2
La quatrième de couverture dit que Londres est le personnage principal de ce roman. Effectivement au gré de l’ascension vers la bourgeoisie ou de la déchéance, on se promène de quartier en quartier, à travers le Londres huppé aux zones nettement plus populaires. Ces trois frères, nés à un an d’intervalle, jour pour jour,sont abandonnés par leur mère et connaissent trois destins complètement différents, ils vont tous se retrouver à travers une sordide histoire immobilière.

L’intrigue est bien menée et ce roman peut se lire comme une enquête policière. J’ai beaucoup de réserve à propos de ce roman, les trois frères n’ont aucune consistance , ils sont des caricatures de personnages, l’arriviste journaliste, l’homosexuel, professeur d’université et le doux rêveur. C’est une charge impitoyable de tous les milieux britanniques mais on y croit pas. La peinture de Cambridge est une horreur, je veux bien croire que les intellectuels britanniques soient pitoyables, mais à ce point là on s’interroge quand même sur le fait que la Grande Bretagne ne soit pas un pays complètement sous développé intellectuellement ; évidemment la presse est corrompue, et la classe politique idem. Les coïncidences sont le principal ressort de l’intrigue donc j’imagine que même les amateurs du genre policier vont être déçus.

Citations

L’automne à Londres

Lentement, elle se releva, enfila son manteau et ouvrit la porte d’entrée. Au moment de partir , elle entendit un enfant pleurer, et elle s’aperçut qu’elle pleurait encore. Comme il avait plu, la lumière des lampadaires se reflétait sur le trottoir luisant. L’automne était arrivé deux ou trois jours avant, et la température s’était brusquement rafraîchie. Les Américains, songea-t-elle à part soi, appellent l’automne fall : la chute. 

L’intellectuel professeur de Cambridge

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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

3
Finalement Keisha, le club de lecture a décidé que je lirai ce livre. Tu ne savais pas trop comment nous le recommander, comme toi, je l’ai lu en une nuit, enfin une partie de la nuit. Je pourrais recopier ton billet avec lequel je suis entièrement d’accord, mais ça ne se fait pas ! Je rajoute que, si je ne l’ai pas laissé tomber à la page 50, il y a deux raisons le club, bien sûr et le billet de Keisha. N’en concluez pas que vous pouvez économiser la lecture de ce roman, non, j’aimerais tellement avoir l’opinion de mes blogueuses préférées (excuse-moi Jérôme mais pour les blogs, le féminin l’emporte de façon trop nette sur le masculin quelles que soient les règles de grammaire !). J’ai trouvé une formule pour décrire ce livre : « du Gavalda avec un effort de concision extrême ». Et attention , je ne rejette pas du tout Anne Gavalda, je dois même avouer que, dans une période de déprime, elle m’a fait beaucoup de bien.

Arnaud Derek esquisse ses personnages et les anecdotes dans lesquelles il les met en scène, ça ressemble plus à un synopsis qu’à un roman véritable. Les rencontres sont improbables comme une plage au pôle Nord, mais ces gens un peu cassés et abimés par la vie vont se faire plus de bien que de mal. Si j’avais été tentée de l’abandonner , c’est que je déteste qu’on me prenne à partie dans un livre et que l’auteur m’annonce la suite .. mais là il s’agit du procédé de style sur lequel est construit tout le roman, j’ai donc fini par l’accepter.

Il y a un charme incontestable à ces esquisses de personnalités et d’histoires, on se surprend à remplir les vides que l’auteur n’a pas voulu écrire. Et on reconnaît de plus en plus notre société dans ce qu’elle a de plus acceptable. Oui, Keisha, ce court récit fait du bien et cet auteur a un style bien à lui qui me m’amènera, j’en suis sûre à lire ces autres romans.

Citations

Parce que je fais partie des amatrices de Rooboïs

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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

3
Walaande, c’est le jour où une des épouses d’un polygame prend en charge les tâches de la maison et la nuit avec son mari. Le polygame musulman a le droit à quatre femmes, s’il est riche et peut leur payer le même train de vie à elles quatre. Djaïli Amadou Amal, connaît bien cette région du Nord Cameron et elle est Peule comme ses quatre héroïnes. Elle rassemblé ses souvenirs pour écrire son roman, une interview donnée à « Africulture » éclaire bien son propos.

Ce roman se lit très rapidement. Il décrit de façon très précise la condition de ces femmes réunies pour satisfaire les désirs d’un seul homme. Elles sont différentes mais ont en commun d’être très malheureuses. Comme il s’agit d’un roman, il y a une histoire qui se finit bien, trois des enfants vont s’émanciper de la tutelle de leur tyran de père. On y croit pas beaucoup, je pense que dans la réalité même si la jeunesse grâce aux modes de communications actuels, prend conscience que le monde peut évoluer , le poids des traditions très bien décrites par cette auteure doit être plus fort que leurs désirs d’émancipation, surtout avec la radicalisation de l’islam.

Cette plongée dans le monde Peul ,et dans une maison où quatre femmes se partagent le même homme, n’a rien du tourisme exotique. C’est vraiment horrible et j’espère qu’ils arriveront à sortir de cette tradition qui de façon évidente les empêche tous, hommes et femmes d’être heureux.

Citations

Vie d’une femme de polygame

Attendre ! S’il y a un mot qui peut résumer à lui seul sa vie, c’est attendre. Elle a passé sa vie à attendre. Attendre de grandir, attendre de se marier, attendre son tour pour voir son mari, attendre pour rétorquer, attendre qu’il change, attendre d’atteindre ses limites, attendre que ses filles grandissent, attendre pour partir, attendre pour vivre, attendre de mourir.

La peur de la quatrième épouse de 19 ans face à un mari de 50

Elle a peur d’être maladroite et de casser quelque chose. elle a peur d’ouvrir la bouche et de le froisser par une phrase pourtant simple. Elle a peur de lui, de tout, elle ne sait plus de quoi elle a si peur, mais elle a peur quand même.

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3
Je dois la lecture de ce livre à Aifelle, qui en parle comme d’une « pépite ». J’ai été touchée, moi aussi, par la sensibilité de ce « Fifi », petit dernier d’une tribu de paysans chez qui le cœur à l’ouvrage remplace toutes les vertus dont celle du cœur. Fifi se console avec ses cochons, seuls êtres vivants qui lui donnent un peu de douceur depuis le départ de sa sœur Maryse, celle qui a donc finalement « passer la rivière ».

Pourquoi suis-je moins enthousiaste qu’Aifelle, je n’aime pas trop les invraisemblances, dans ce récit totalement intemporel, il est vrai, un jeune adulte est élevé sans aucun lien avec le monde extérieur, comment a-t-il échappé à l’école ? Comment ne sachant pas lire, arrive-t-il à apprendre uniquement en apprenant une lettre après l’autre, au bout de 24 séances, il sait donc lire ! ? (Tous les gens qui ont dû faire face à illettrisme savent que c’est totalement impossible) Comment l’enquête sur un incendie alors que celui-ci a trois départs, et cause la mort de trois personnes, ne provoque pas une enquête approfondie ? Une autre invraisemblance est encore plus criante, , mais la dévoiler reviendrait à raconter la longue et difficile enquête de François (Fifi) vers ses origines.

Si on passe au-delà de tout cela, ce court roman est poignant, ce jeune homme sensible est élevé dans un monde de dureté absolu, il veut comprendre qui il est, pourquoi sa famille se comporte de cette façon, et comment faire pour que ce soit différent. Il finira bien sûr par passer la rivière lui aussi, comme sa sœur Maryse seule personne à avoir donner un peu d’affection au petit gardien des cochons.

Citations

Jolie phrase triste

Je prenais mon balai et mon torchon pour effacer le temps qui passe et la poussière comme la neige tombée sur tout ce qu’avait connu Maryse.

Dureté

Chez nous, on ne pleure pas, ça mouille à l’intérieur, mais au dehors c’est sec.

L’absente

De notre mère pas de photo, juste la taloche quand je posais des questions au père et ses yeux qui regardaient vers nulle part, le grand silence qui se faisait alors.

La réalité et les livres

Peut-être que les livres ça ment, ça ne cesse de mentir, alors à quoi ça sert de lire pour espérer des choses qui n’arriveront jamais.

Désespoir et lueur d’espoir

S’il y avait une chose impossible, c’était bien celle-là. ça je le savais que tu ne sauves personne rapport à Oscar et à Jean-Paul et à tous les autres qu’on aime, qu’on ne peut pas empêcher de crever comme des mouches qu’on aplatit avec la main. Je ne savais même pas si on peut se sauver soi-même, mais j’étais prêt à parier que oui.

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Traduit de l’américain par Josée Kamoun.

La vie dans les familles juives

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3
Un livre que l’on m’a offert en pensant à mes exploits de navigatrice débutante. Roman passionnant, sur une navigation très particulière. Clara a beaucoup aimé, elle partage avec moi le goût des récits qui se passent en Bretagne sur l’eau ou sur terre. Le roman a commencé par m’agacer à cause du style de l’auteur, volontiers poétisant. Et puis, lorsque ces trois personnages prennent la mer pour fuir vers l’Angleterre en partant de Saint-Malo, mon attention a été immédiatement captée. En partie parce que, comme les trois personnages, j’ai débuté la voile, dans la baie de Saint-Malo et je connais toutes les difficultés dont parle Sylvain Coher, je voulais savoir comment trois néophytes pouvaient passer dans le chenal entre le grand Jardin et l’île Cézembre sans encombre.

Sylvain Coher a été lui-même moniteur de voile, il connaît bien la côte bretonne et ses multiples pièges, cela lui permet d’avoir à la fois le regard d’un expert et se souvenir de tous les étonnements des débutants. Il m’a beaucoup amusée lorsque l’un des fugitifs imagine que les bouées annonçant les dangers devaient être une façon d’amarrer un bateau qui voulait s’arrêter en pleine mer….

La tension monte dans ce roman, car évidemment la navigation est beaucoup moins simple qu’ils ne l’imaginaient, et même si les cours d’optimiste de l’ado malouine les aident bien au début, découvrir la voile au milieu du rail de la Manche entre les cargos et la houle qui s’est levée s’avère une périlleuse entreprise révélatrice des qualités et de la force de résistance de chacun. Le personnage principal, c’est la mer, celle qui attire et qui fait peur, qui rend malade certains et fascinent les autres. Avec un vocabulaire précis et des images que j’ai de plus en plus appréciées, l’auteur rend bien ce qui peut se passer sur un bateau au large mené par des débutants.

L’accostage auprès du phare des Scilly est un moment de tension extrême, le phare Bishop est aussi appelé ou phare des naufragés et ce n’est pas pour rien !

La tension vient aussi du passé que fuit les deux garçons. Il est peu à peu dévoilé et le lecteur comprend ce qui les unit. Cette histoire là, est moins bien rendue que la difficulté de la navigation avec toute sa palette de réactions : Lucky découvrira sa vocation, il ressentira l’appel de la mer et sera marin, le « petit » le plus jeune n’a, sur ce petit voilier, éprouvé que la peur et a été tout de suite victime d’un mal de mer qui ne lui a laissé aucun répit, il aurait préféré être dans les bras de la fille qui n’était pas la sienne. Un roman à lire pour la description de la navigation, il faut tenir bon, j’ai dû passer les cinquante premières pages pour être conquise . C’est aussi un livre à offrir à tous ceux et celles qui naviguent au large des côtes bretonnes.

Citations

Phrases poétiques qui m’ont agacée au début

Il s’étira et se laissa caresser une bonne heure par la main experte d’un soleil pourtant déjà rendu bas dans le ciel

 
La pluie l’appuyait au sol dans les longues flaques du parking désert

L’eldorado anglais

D’après Lucky, les Anglais allaient droit au but ; là-bas, l’école comptait bien moins que l’esprit d’entreprendre, les bénéfices nets et les costumes bien taillés. En Angleterre, les hommes se refaisaient à neuf en rien de temps. le monde s’ouvrait à eux, pour peu qu’ils aient des tripes.

Le personnage de la fille ado

La mer,c’est là où on s’emmerde le plus après le bahut, bien sûr

le quart de nuit

 Impression de débutant que j’ai eu !

Le retour sur terre

Le ponton flottant accompagnait encore un peu leur pas. Mais tout au bout, le bitume leur offrit une terrible sensation de pesanteur et d’immobilité .Chaque fois qu’ils posaient le talon sur le sol, c’était comme si on leur mettait le pied à l’étrier. La bourrade faisait fléchir les genoux et pesait lourdement sur les épaules. Ils étaient simultanément trop raides et trop mous, leurs premiers pas ressemblaient à ceux des poulains dans les prés

Quelques mots au hasard

le vit de mulet

Les moques 

Le vent les dépalait

Capeyer 

La boucaille 

Capeler

Les dalots du cockpit