http://ecx.images-amazon.com/images/I/51OOY%2BwB0KL._SL500_AA300_.jpg

1Le style de cette auteure est bien connu, il fait tout le charme pour moi, pour d’autres l’intérêt, et parfois le rejet, de ses livres. À travers un langage cru qui cerne parfaitement la violence de son propos, elle décrit sans aucune compassion tous les côtés noirs de notre société. Soit, elle rend compte du langage de notre époque « on zone sur internet », soit elle invente des images qui font mouche, en parlant des femmes voilées, elle dit : « la bande à Dark Vador » , et parlant de très vieilles femmes qui continuent à lutter pour la beauté : « à ce stade de décomposition, le seul remède serait la burqa ».

Elle ne croit à aucun aspect gentil ou agréable de la vie, derrière toutes nos actions ne se cachent que turpitudes sexuelles et intérêts financiers. Je ne sais pas si c’est une forme de vérité, mais, en tout cas, c’est très efficace en littérature. Dans « Apocalypse Bébé », l’auteure a construit une enquête policière que les amateurs du genre apprécieront mieux que moi, mais j’ai trouvé que ça se tenait. Je me suis demandé comment elle finirait le roman, on a failli avoir une fin plausible mais affadie. Que les amateurs de Virginie Despentes se rassurent, elle finira en une superbe apothéose explosive ! !

Son regard critique impitoyable balaie bien l’ensemble de notre société, elle ne s’épargne pas elle-même, le petit monde des écrivains est pitoyable et je suis bien contente que la cérémonie de la remise de la légion d’honneur termine comme cela ! Quel curieux monde que le nôtre, où l’on voit ce genre de cérémonies continuer et se multiplier !

Moi, je remettrais bien une médaille à tous ceux qui la refusent… Allez ! Un petit coquillage parce que vous n’avez pas voulu être décoré pour avoir écrit des romans, mis des buts avec « les bleus », chanté dans le stade de France…

Citations

Quoi qu’on puisse dire contre la pornographie, elle avait eu le mérite d’apprendre aux hommes de son âge qu’on ne fait pas l’amour affalé sur sa partenaire, sans même se soulever de temps à autre pour regarder la tête qu’elle fait.

 

Elle se souvenait très bien des femmes de son père à elle, les femmes dont l’âge ne variait pas au fur et à mesure que son père devenait un vieil homme…

 

On voyait qu’elle était heureuse d’être là, qu’elle se sentait meilleure qu’une autre parce qu’elle sacrifiait deux mois de vacances à regarder les autres mourir.

 

Les enfants sont les vecteurs autorisés de la sociopathie des parents… Quelle haine du monde a bien pu les pousser à se dupliquer autant ?

 

On en parle

En bien : les pages de lecture de Sandrine, en plus critique : moi Clara et les mots, très critique et intéressant un site que je lis régulièrement : la lettrine.

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Traduit de l’anglais américain par Pierre GIRARD.

4
Encore un livre desservi par son titre français : du sobre « The Help », on arrive à « la couleur des sentiments » titre cucul au possible et en plus très ambiguë. C’est d’autant plus dommage que l’auteure essaie de ne pas sombrer dans un travers sentimental. Or, comment ne pas faire dans l’émotion quand on a été soi-même élevée par une bonne noire qu’on a aimée plus que sa propre mère ?

L’Héroïne du roman vit à Jackson dans le Mississipi et les lois ségrégationnistes sont encore en vigueur, la domesticité noire n’a pas le droit d’utiliser les mêmes toilettes que la famille blanche. Pour expliquer les raisons d’une telle mesure, on fait appel aux règles d’hygiènes et de transmission des maladies, les noires étant évidemment porteurs de maladies graves et dangereuses pour les blancs !

C’est un roman a plusieurs voix : l’héroïne blanche qui veut écrire un livre sur les bonnes, différentes bonnes et certaine patronnes blanches. Cela permet de faire le tour de la vie à Jackson dans les années 60. Le côté rétrograde et étroit de la petite ville de province qui s’arcboute sur des modes de vie complètement dépassés est très bien rendu. L’idéal de la femme américaine qui sait ou qui ne sait pas tenir une maison, la mode des blondes platines aux cheveux laqués, le fond teint et le maquillage et surtout le terrible ennuie de ces femmes qui ont pour distraction les commérages et le bridge, tout cela m’a fait penser à « Mad-Men », ma série préférée du moment.

Un des intérêts du roman, c’est le récit de l’écriture du livre par les bonnes elles-mêmes, c’est passionnant et cela soutient l’effet de suspens jusqu’à la fin : les bonnes noires arriveront-elles à faire comprendre ce qu’elles vivent sans avoir d’ennuis trop graves ? L’une d’entre elles, celle qui ne peut jamais se taire, a imaginé une solution que je ne peux pas vous dévoiler mais qui est franchement bien vue. L’écriture d’un livre dans un livre , c’est toujours quelque chose qui m’intéresse. Dans ce cas on sent que cette auteure est passée par les ateliers d’écriture, cela lui a été reproché, j’ai trouvé que c’était intéressant (mais je fréquente également ce genre d’endroit). L’analyse des rapports entre les domestiques et les patrons est très fine et si ici, elle est particulière à cause du racisme ambiant, elle permet de réfléchir sur la nature des liens entre employeur et employé dans une même maison.

Dans la foule des détails sur la vie de province, j’ai bien aimé les ventes de charité organisées par les dames patronnesses de Jackson, pour récolter de l’argent pour les pauvres petits… Africains ! J’ai lu une critique qui parlait de « bons sentiments » à propos de ce livre, je ne suis pas d’accord, la violence est là, le plus souvent comme une menace qui fait peur à tout le monde, elle rôde dans le quartier noir. Ce livre permet de comprendre les émeutes violentes qui sont venues dix ans après. Un seul conseil : lisez le vite et ne vous arrêtez pas au titre français.

Citations

C’est un projet qui vise à rendre obligatoire la présence de toilettes séparées à l’usage des domestiques de couleur dans toutes les maisons occupées par des blancs.
Règle numéro un pour travailler chez une blanche, Minny : ce n’est pas ton affaire. Rappelle toi une chose : ces blancs sont pas tes amis.
Règle numéro 6 : tu frappes pas ses enfants. Les Blancs aiment faire ça eux-mêmes.

C’est depuis la nuit des temps que les Blancs empêchent les Noirs de dire ce qu’ils pensent..

 

Je n’ai encore rien avalé de la journée hormis la tisane de maman contre les sexualités déviantes.

 

Mais c’est la dichotomie affection-mépris qui m’étonne toujours. La plupart de ces femmes sont invitées au mariage des enfants, mais seulement dans leur uniforme blanc. Je savais déjà tout cela mais l’entendre de la bouche de ces Noires est comme l’entendre pour la première fois .

– Donc tu dis qu’il y a pas de limites, non plus entre une bonne et sa patronne ?
– C’est des positions, rien de plus comme sur un échiquier. Qui travaille pour qui, c’est sans importance.

– Les seins sont faits pour la chambre et pour l’allaitement. Et la dignité ça existe aussi.
-mais enfin, Eleanor, que veux-tu qu’elle fasse ? Qu’elle les laisse à la maison ?
– Je-veux-qu’elle-les-couvre.

On en parle

Les lecture d’Anna. Une lectrice qui a eu la chance de le lire en anglais : Nymphette.

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Traduit de l’anglais par Michèle VALENCIA

4
J’ai été passionnée par ce roman, je l’ai lu deux fois, la première fois pour fixer l’intrigue et la deuxième pour en savourer les moments clés. (Il faut dire que j’étais beaucoup dans les transports parisiens ces derniers temps et Marie O’Farrel sait embarquer son lecteur dans son univers romanesque). Le récit est très bien construit, avec sans doute quelques invraisemblances, du moins je l’espère (pouvait-on garder 60 ans dans un asile quelqu’un qui avait bien énervé ses parents ?).

Iris, une jeune femme d’aujourd’hui, a de grandes difficultés à construire sa vie amoureuse, elle est entourée par deux voix de femmes très âgées, qui reconstruisent leur passé, l’une a la maladie d’Alzheimer, l’autre a été internée pendant plus de soixante ans. Ces trois destins sont liés et jusqu’à la dernière ligne, le lecteur est tenu en haleine par une intrigue très bien menée. On est plongé dans la haute société Ecossaise du milieu du siècle dernier. Une jeune fille, un peu originale, qui aurait préféré faire des études plutôt que de se marier va être victime de sa propre famille.

Un des intérêts du livre, c’est la réflexion sur la condition féminine et l’horreur de l’internement abusif. Jamais le roman ne tombe dans la démonstration car tout est raconté de façon parcellaire par deux vieilles femmes qui peuvent se tromper, s’il est certain qu’Esme n’aurait jamais dû être traitée de cette façon, on ne saura pas si elle n’était pas un peu déséquilibrée. J’aime bien que les choses ne soient pas présentées de façon simpliste, ce n’est pas un roman à thèse, cela reste avant tout un bon roman qui permet, aussi, de réfléchir sur les graves dysfonctionnement de l’internement en psychiatrie au siècle dernier.

Citations

Il suffisait à un homme d’avoir un papier signé par un généraliste pour faire interner sa femme ou sa fille dans un asile d’aliénés (…) Un bonhomme pouvait se débarrasser d’une fille indocile.

 

leur grand-mère les oblige à revêtir leurs plus beaux habits et à arpenter le front de mer en saluant les passants. Surtout les familles qui ont des fils.

 

Nous ne sommes que des vaisseaux par lesquels circulent des identités… Nous venons au monde en tant qu’anagrammes de nos ancêtres

 

Nous parlons d’une gamine de seize ans qu’on a enfermée pour avoir essayé des vêtements.

 

Vêtues de chemises pâles, elles se déplacent comme des nuages. Difficile de dire s’il s’agit d’hommes ou de femmes car leurs chemises sont lâches et leurs cheveux coupés si courts. Certaines regardent droit devant elles, sans bouger. L’une sanglote dans ses mains. Une autre pousse un cri rauque qui se termine en marmonnement.

 On en parle

Delphine’s Book, je partage son avis sur le personnage d’Iris. Le goût des livres et à sauts et à gambades, mon blog fétiche, avec une photo remarquablement choisie et qui m’a fait remonter bien des souvenirs.

2
Surtout ouvrez le lien à la fin de mon texte : quelqu’un a beaucoup aimé ce roman que je n’ai pas apprécié. Mes lectures sont guidées par le club de lecture de ma bibliothèque, en général, je vais de bonne surprise en bonnes surprise. Ce roman me tombe des mains, c’est pour cela que je trouve qu’il faut un autre avis que le mien. Je me suis accordé le droit que Daniel Pennac a donné à tous les lecteurs : ne pas finir un livre lorsqu’on s’ennuie.

Je l’ai survolé à partir de la page 100. Pourtant l’histoire promettait de m’intéresser. Trois jeunes sœurs orphelines résistent au conseil de famille et décident de se débrouiller pour gagner leur vie, plutôt que vivre avec la tante Rosie qui ne leur veut pas du bien.

Je n’arrive pas à m’intéresser aux personnages, ils apparaissent comme une caricature d’eux-mêmes. C’est visiblement le style de cet écrivain, il ne veut pas révéler la profondeur des personnages ni expliquer le pourquoi de ce qui leur arrive. À force de mettre de la distance par tout, je me suis sentie peu à peu étrangère, aux déboires et difficultés de ces trois jeunes femmes, et la fin, l’intérêt de la troisième pour un pervers assassin a fini de me décourager.

J’abandonne.

On en parle

Et en bien : sur la route de Jostein.

3
Un tout petit livre, pas plus long qu’une nouvelle, agréable à lire. Je ne partage pas l’enthousiasme de certains blogs sur le message contenu dans ce livre. Je ne crois pas qu’il fasse réfléchir sur la vieillesse, c’est une courte fable autour du bonheur de découvrir que, quelqu’un qui a dépassé l’âge de raisonner, peut encore nous apporter sa générosité et sa sensibilité. En le lisant, j’ai pensé à toutes mes amies et à tous mes amis qui le cœur serré , ont été obligés de laisser leur parents vieillissant dans des maisons adaptés pour eux. Je pense aussi à leur bonheur, quand ils se sont rendu compte qu’un personnel formé à la très grande vieillesse, permettait à leurs parents d’être de nouveau un peu présents au monde.

« Mon vieux et moi » ne prétend pas donner des leçons, je pense qu’il faut le lire comme un petit clin d’œil, drôle et tendre, vers le grand âge.

Citations

Si vivre avec une personne âgée apporte de grands questionnements, je constate aujourd’hui que bien des réponses sont facultatives. Je côtoie l’incertitude et l’inexplicable au quotidien, et je m’en porte très bien.

 

Souvent, il m’aide à prendre des décisions. Par exemple, lorsque j’hésite entre une émission télévisée plutôt qu’une autre, je lui cède la télécommande et il éteint, tout simplement.

 

Les vieux (…) souhaitent mourir et n’y parviennent pas.

 

Je ne les comprenais pas d’aimer Jésus. Fixé à ses deux madriers, il semblait terne et misérable. Rien pour évoquer le bonheur. Il m’arrivait de l’observer et de glisser une main sous ma veste. Je me tâtais alors, inquiet à l’idée de posséder mois de côtes que lui.

 On en parle

À sauts et à gambades (Toujours mon blog fétiche). Carozine (Un nouveau blog à découvrir).

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Traduit de l’anglais américain par Éric Chédaille, cadeau des éditions Christian Bourgeois.

2
Tenir un blog, toutes celles qui le font savent à quel point c’est un plaisir. Essentiellement, celui de pouvoir dire pourquoi on apprécie tel ou tel livre. Comme le monde des blogs est très vaste, nos avis se croisent et nous permettent d’affiner nos impressions. Il est un autre plaisir, celui de recevoir en cadeau un livre pour en faire la chronique. Les choses alors se compliquent ; a-t-on le droit de critiquer un cadeau ? Je dois d’abord dire merci aux éditions « Christian Bourgeois » de m’avoir envoyé ce roman. Et je précise bien que je suis lectrice, non pas critique littéraire. Toutes ces précautions prises, je dois dire que je n’ai qu’à moitié apprécié ce roman.

Deux thèmes se croisent, un amour pour un trop beau pilote qui s’avère être un homme à femmes, et une épidémie mystérieuse qui coupe peu à peu l’Amérique des autres pays et des bases de sa propre civilisation.

Si vous voulez connaître toutes les peurs des Américains ce roman vous éclairera

  • Peur d’être rejeté par le reste du monde.
  • Peur de ne pas être aimé.
  • Peur de ne plus avoir le confort du monde moderne.
  • Peur de la maladie.
  • Peur de la pollution.
  • Peur d’autrui…

Le thème du retour au monde primitif a été maintes fois traité, il n’y a rien d’original dans ce roman. Par contre, la découverte de la vraie personnalité de son bel amour aurait pu être un bon ressort si, dès le début, on ne devinait pas que ce bellâtre n’allait pas tenir ses promesses. D’abord, dans un roman américain d’aujourd’hui, écrit par une femme les hommes ne peuvent pas avoir un beau rôle, ici c’est presqu’une caricature : ils meurent, ils disparaissent, ils fuient !

Ce qui m’a le plus intéressée, c’est la transformation de l’adolescente révoltée stupide en une vraie personnalité. Ce n’était peut-être pas la peine d’imaginer une épidémie de peste pour ce résultat. Je n’ai pas trouvé de blogs parlant de ce livre mais quelques sites, ils vantent l’écriture de cette écrivaine, comme je ne l’ai pas lu en anglais c’est difficile de juger. J’ai trouvé que ce roman était très lent, plat, sans montée réelle vers l’angoisse de la mort et que ce défaut n’était pas contrebalancé par la peinture, critique ou positive du quotidien d’une famille américaine.

C’est le principal reproche que je ferai : « En un monde parfait » décrit la vie de tous les jours à travers une passion puis d’une rupture amoureuse, autour de ces personnages rôde une terrible épidémie, mais on n’a jamais peur, tout finit par se solutionner. Il y a bien quelques morts, surtout des hommes, sans pour autant de montée dans l’angoisse. J’espère que d’autres lectrices vont me contredire. Bonne chance à ce roman !

Citations

D’une demoiselle d’honneur elle possédait les jambes galbées, la taille de guêpe, les cheveux blonds retombant sur les épaules… Elle avait porté du satin vert et de la mousseline jaune et quelque chose de rose et d’empesé…

 

Certains des cyclistes arboraient le désormais familier drapeau américain frappé d’un gros X noir.

 

À présent, tout le monde haïssait, semblait-il les Etats-Unis. Ce pays qui avait, durant des dizaines d’années, saccagé l’environnement avec ses grosses voitures et ses interventions armées, voulait maintenant étendre son épidémie au reste de la planète.

Traduit de l’anglais par Brice Matthieussent.

4
Jim Harrison a un véritable talent : celui de nous entraîner dans un ailleurs fait de grands espaces, d’une nature superbe, grandiose, majestueuse et parfois dangereuse. Je dois avouer que je n’ai lu que la première des trois nouvelles. Cela ne veut absolument rien dire pour la qualité des autres, simplement, j’ai du mal à lire des nouvelles du même auteur à la suite, ce sont trois univers différents qui demandent à chaque fois un effort pour entrer dans le monde mental des personnages. Elles sont liées par un cadre somptueux mais ça ne suffit pas. Ce livre étant au programme de lecture de notre club, je ne peux pas le garder trop longtemps, je reviendrai donc, vers ce recueil à un autre moment.

La première nouvelle « La fille du fermier » est très belle, toute l’Amérique est présente dans ce récit : le retour à la nature de parents qui ne pensent pas beaucoup au bien-être de leur enfant. La personnalité d’un vieil homme qui arrivera à capter l’affection de la petite fille, les adolescents qui s’ennuient dans cette « belle » nature, et la violence d’un sale pervers. Jai été captivée par le cheminement de Sarah qui passe du désir légitime de vengeance qui risque de la détruire encore plus, à une « re »construction plus riche de sa personnalité.

La fin est quand même très romanesque on a dû mal à croire à son amour… Mais, pourquoi pas ? Plus long qu’une nouvelle, c’est un petit roman qui se termine bien. (Trop bien ?)

Citations

 Son père parlait peu, et sa mère, tout occupée à trouver ce qu’elle allait répondre, n’écoutait pas.

 

N’ayant jamais appris à s’apitoyer sur les autres, elle n’éprouvait aucune pitié sur elle-même.

 

Elle sombra dans la dépression et Franck la conduisit chez un médecin d’Helena, à cent soixante kilomètres de chez eux, lequel lui prescrivit du Valium, très populaire chez les épouses de fermiers.

On en parle

Fata Morgana

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3
Il est des livres qui sont dans la veine de ceux d’Anne Gavalda, qui, sans être de grands livres, font du bien. Cette auteure fait partie de ce courant-là. Je n’avais pas trop aimé « la tête en friche » film tiré de son roman, mais j’imagine très bien maintenant le charme de son livre. Elle sait donner vie à des personnes que nous côtoyons sans les voir parce qu’ils n’ont pas la rage de vivre chevillée au corps. Elle sait décrire les ambiances de cafés dans les villes de province, où les mauvaises blagues, si possible au détriment des gens plus faibles, font office d’esprit.

Vivement L’Avenir cerne la personnalité de jeunes trentenaires qui n’arrivent pas à se trouver des projets de vie. La rencontre avec un handicapé qui lui, veut vivre de toutes ses forces, donnera du sens à leurs trop vagues projets. Le plaisir de lecture vient également du style de Marie-Sabine Roger, au plus près de la langue de tous les jours elle sait nous faire sourire et parfois trouver du charme à toutes ses expressions toutes faites. Les approximations de la langue de Marlène sentent le vécu.

Citations

Moi je peux plus le voir, il me pile l’humeur, j’en ai les nerfs qui sortent des gaines !

Marlène, elle a le vin récapitulatif.

Au bout d’un moment, sous la couche de fond de teint et les mèches blond platine aux racines châtain foncé, je ne vois plus qu’une vieille ado qui arrive un peu trop tard sur le quai de la gare, quand le train est parti. Elle est déjà rancie comme un vieux bout de lard. Elle a la quarantaine salement amochée. Elle est triste.

 

– Pourtant moi j’étais prête à tout, s’il fallait. Même l’incinération artificielle j’aurais pas été contre !
– L’insémination.
– J’étais pas contre non plus.

 

 

Lui, je l’aurais bien vu en homme politique : son obsession, c’est de laisser quelque chose après lui. Tant pis si c’est qu’un tas de merde.

 

 

Faites pas chier avec la bière ! C’est que de l’orge et du houblon, ça fait pas de mal, les céréales ! La vie est courte ? ! Je m’en branle ! Quand elle finira, on nous mettra où ça ? Hein ? En bière, justement ! Ben moi, au moins, je m’accoutume.

 

On en parle

Moi, Clara et les mots.

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Traduit par Cécile Arnaud.

3
L’intérêt de ce roman vient du style de cette auteure, et puisque je ne lis pas l’américain, du bon travail de la traductrice. L’histoire raconte, une fois encore, l’étroitesse d’esprit des petites villes de l’Amérique profonde, avant la deuxième guerre mondiale. Nous sommes dans les états du Sud donc confrontés au racisme ordinaire, insupportable aujourd’hui, mais tellement banal à l’époque dans ce pays là. On pense à Ne tirez pas sur l’oiseau Moqueur, car l’histoire nous est racontée à travers les regards d’enfants.

Une jeune femme, Vienna Daniels, belle et cultivée, élève seule deux enfants, son mari l’a abandonnée. Elle se fiche du conformisme social ambiant . Les petits notables « de province » lui feront payer cher son indépendance d’esprit. Tout le village ne fait pas bloc contre elle, la personnalité du médecin est très intéressante, aussi celle de son voisin amoureux transi qui protège au mieux sa trop belle voisine.

On rentre dans ce roman comme dans un film car les descriptions sont très précises, ne surchargent pas le roman bien au contraire, elles lui donnent une couleur particulière. Un vrai plaisir de lecture : dépaysement garanti.

Citations

Souviens-toi, être différent ne fait pas de vous quelqu’un de spécial, mais être spécial fait de vous quelqu’un de différent. J’espère que tu te joindras à mes prières pour que Vienna Daniels ne change jamais.

 

En plus, elle aimait les Nègres et elle fumait des cigarettes. Voilà ce qui arrive, disait-on, quand on lit trop de livres : Ca ramollit le cerveau, et Addison imaginait alors la texture spongieuse des champignons des bois ou des crackers détrempés. On racontait qu’elle possédait des milliers de livres.

 

Le fait d’être tous deux élevés dans le sud, d’avoir été élevés dans les souvenirs de la guerre de Sécession qui projetait son ombre noire sur deux générations pour imposer aux enfants de ses enfants le legs et la tradition de la perte

 

Elliot voulut savoir pourquoi les gens de couleurs ne projetaient pas d’ombres blanches puisque le sombres des blancs étaient noires

On en parle

Un de mes sites préférés : à sauts et à gambades et Le songe et les livres de Mélo.

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 Traduit de l’américain par Isabelle D. Philippe.

3
Avec quelle énergie j’ai demandé à lire ce livre, lors de notre première réunion du club de lecture. J’avais vraiment adoré le Livre d’Hanna. Quelle déception ! Il faut dire qu’il y a eu tellement de beaux et grands livres sur la guerre de Sécession. Un de plus, les pages sur l’esclavage sont insoutenables, mais trop convenues. Il reste que le sujet même du roman, comment un homme idéaliste et sincère réagit dans les tourmentes d’une guerre civile, est bien traité. Je suis toujours surprise de lire que la guerre de Sécession a fait plus de mort aux Etats-Unis que n’importe quel autre des guerres que les américains ont menées.Le docteur March aura bien du mal à garder son idéal et sa dignité dans un conflit où les coups les plus bas ont été permis. Cette lecture m’a donné également envie de relire le roman de Louisa May Alcott,les quatre filles du Docteur March qui reste un agréable souvenir de lecture de mon enfance.

Finalement je pense que c’est un livre très honnête, j’attendais beaucoup plus de cette auteure qui m’avait enchantée avec son précédent roman.

Citations

Le seul moyen de garder des esclaves honnêtes est de ne pas leur faire confiance

 

Guider le nègre sans excès de passion, tel est le défi chrétien. De cette manière, personne ne prend pour malice personnelle ce qui est simple exigence de gestion.

 

Qui peut-on qualifier de brave ? Celui qui ne connaît pas la peur ? S’il en est ainsi, la bravoure n’est que le terme poli pour désigner un esprit dénué de rationalité et d’imagination. Le brave, le vrai héros, tremble de peur, transpire, sent ses entrailles le trahir et, malgré cela, avance pour accomplir l’acte qu’il redoute.

On en parle

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