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J’étais à la recherche d’un roman qui emporte dans un autre univers que le mien , c’est réussi. 
Je me sens comme après avoir vu un excellent film d’action à la Clint Eastwood. On repense aux moments les plus forts , on refuse de voir les invraisemblances car le récit était trop bien mené et nous a permis de traverser des lieux et des époques que l’on connaît plus ou moins. J’avais entendu parler de cette république juive créer par Staline, aux confins de la Sibérie, mais je n’en savais guère plus.

Ce roman est l’occasion de connaître un peu mieux la République Juive de Birobidjan. Le personnage principal, une actrice russe Marine Andreïeva Gousseïev, permet à l’auteur d’analyser la terreur soviétique et la lutte contre le communisme dans les États-Unis des années 50. Rien de nouveau pour la terreur stalinienne si ce n’est que cette fois ce sont surtout les juifs qui sont visés , avec ce choix horrible : la mort violente chez les Nazis et la mort plus lente chez les communistes.

Le roman met en lumière également la commission McCarthy qui fonctionne de façon terrible pour les accusés, c’est vraiment une période qui ne grandit pas l’Amérique. On ne saura donc qu’en 2026 jusqu’à quel point les preuves ont été, en grande partie, fabriquées par la FBI et même si des gens n’ont pas été tués pour cela, beaucoup ont souffert et se sont vu rejetés dans leur travail et par leurs amis pour des faits qu’ils n’avaient pas commis.

Il faut lire les annexes de ce roman car parfois de terribles petites phrases décrivant la réalité font littéralement froid dans le dos !

Du côté russe

Kalinine Mikhaël Président du soviet suprême, sa femme fut déportée pour avoir critiqué Staline

Du côté US

Hiss Alger rayé du barreau, il fut réintégré en 1975, mais la cour suprême refusa(1976, confirmation en 1982) de le blanchir. Les « preuves » relatives au cas Hiss sont inaccessibles jusqu’en 2026, ce qui empêche aujourd’hui encore de connaître l’exacte ampleur des manipulations dans cette affaire.

Évidemment dans un cas, on mourrait au Goulag ; dans l’autre on était déshonoré mais la démocratie devrait être exempte de manœuvres aussi malhonnêtes. Je ne dis pas que ce roman est bien écrit, mais il emporte dans un autre monde et remet bien en mémoire des événements qu’il ne faudrait jamais oublier.

Citation

Passage où la femme de Staline s’oppose à son mari

– C’est ça : buvez et empiffrez-vous pendant que la Russie crève de faim pour vous plaire !

Marina fixait son assiette devant elle . Elle devinait les regards qui l’observaient. Ils pénétraient ses joues, son front, sa nuque. Des pointes de fer rouge. Son cœur battait à tout rompre. Des ondes de terreur lui tailladaient les reins. Mon Dieu ! N’avoir plus d’yeux ni d’oreilles ! Ne rien entendre de cette dispute. L’épouse de Staline insultant le Premier Secrétaire. Impossible !

On en parle

Babelio et mille et une page.

 Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Adélaïde Pralon.

4
Il est des livres qui touchent profondément alors qu’ils se veulent légers. Ce sont sans aucun doute mes livres préférés. « Les fiancé d’Odessa » raconte les difficultés d’une femme belle et intelligente qui veut sortir à tout prix de son pays où la vie est trop difficile. Du côté anecdotique, il y a une histoire d’amour très compliquée : son cœur et son corps palpitent pour le chef de la mafia locale, son patron David est loin de la laisser indifférente, et elle épousera Tristan, l’Américain homme d’entretien dans une école, qui lui a permis de fuir Odessa.

La situation décrite à Odessa date des années 90, c’est la misère et la corruption généralisée. Mais pour autant, l’Ukraine est un pays de culture et ne ressemble pas à l’idée que s’en font les Américains de base représentés par Tristan et ses amis. L’écrivaine décrit avec une grande finesse la contradiction entre l’attachement à Odessa et l’aspiration à un ailleurs : « le fameux rêve américain ». Autant si ce rêve est fondé sur une volonté d’entreprendre, il peut, sans doute devenir réalité, mais s’il est fondé sur un mariage, les dés sont immédiatement pipés. On pense au film « je vous trouve très beau » d’Isabelle Mergault avec Michel Blanc, moins le Happy end.

Janet Skeslien Charles, a vécu à Odessa et elle parle le russe. Elle a connu le travail à plein temps pour 25 dollars par mois, et elle a côtoyé, ces belles jeunes femmes ukrainiennes prêtes à tout pour vivre autre chose qu’un quotidien sans futur possible. Pour une fois, quelqu’un se donne la peine de mettre en scène ce désir de partir tout en maniant l’humour , car je le redis c’est un roman drôle plein de scènes qui font sourire. C’était encore plus simple pour cette écrivaine de décrire la déception de ces femmes une fois arrivées aux USA , évidemment le rêve américain ne correspond pas à celui d’une femme cultivée qui rêve d’épanouissement personnel et culturel. L homme qui est venu les chercher de si loin, et qui a dépensé tant d’argent pour cela, est d’abord venu chercher une femme soumise qui sera reconnaissante de la bonne action qu’il a faite pour elle.

Je sais que le ton sérieux de mon billet ne correspond pas à l’ambiance du livre, alors comme Keisha, Aifelle, et bien d’autres.. lisez le car en plus vous amuserez.

Citations

Humour

Les hommes ukrainiens sont souvent paresseux, alcooliques et violents…

– Pourquoi refuser de sortir avec un beau jeune homme ?

– Tu veux dire le roi de l’escroquerie, un chef de la mafia et sûrement aussi un assassin ?

– Personne n’est parfait. Au moins, il ne fume pas. »

L’embauche en Ukraine d’une secrétaire par un patron étranger

Insinuait-il que j’étais embauchée ? Il m avait fait alors un clin d’œil avant d’ajouter :

– Bien sûr, coucher avec moi reste l’aspect le plus agréable du travail !

La vie sous le régime soviétique

En théorie, le régime dispensait des soins médicaux gratuits. En réalité, les choses étaient légèrement différentes. Pas de cadeau, pas de traitement. Pas de présent, pas d’avenir.

 Scène qui en dit long sur la pauvreté dans les années 90

Quatre soldats décharnés, qui ne devaient pas avoir plus de dix neuf ans, vêtus d’uniformes gris trois fois trop grands, s’approchèrent de nous.

– S’il vous plaît, rien qu’un morceau de pain.

Je vidai mon stock de bonbons et de pommes. J’en avais toujours sur moi parce qu’à Odessa, il fallait toujours avoir de quoi surmonter les barrières. J’appelais ça la redevance, Jane la corruption. Mais elle apprit bien vite qu’une boîte de chocolat ouvrait les portes plus facilement qu un long débat.

– Merci, Mademoiselle !

Les Israéliens étaient choqués. Je leur expliquai que tous les jeunes hommes, sauf ceux qui payaient très cher pour être déclarés « médicalement inaptes », étaient appelés sous les drapeaux. Malheureusement, l’armée n’arrivait pas à nourrir ses recrues. La pauvreté était un vrai problème.

 Les motivations des femmes dans les agences en Ukraine

Elles étaient convaincues que les Américains étaient plus riches, plus gentils que les hommes d’ici et supérieurs dans tous les domaines. Il fallait le reconnaître, nos machos infidèles, fainéants et alcooliques ne soutenaient pas la comparaison.

 Premières impressions à propos de l’Amérique

J’aimais l’Amérique. Ses rues larges et propres. Ses grandes maisons en bois érigées au milieu d’irréprochables pelouses vertes. Les variétés des produits d’entretien. J’aimais vivre dans un pays où personne ne volait les ampoules électriques des couloirs, où les ascenseurs ne sentaient pas l’urine, où la poussière ne couvrait ni mes chaussures, ni les rues, ni les trottoirs, ni les immeubles.

 

En Amérique, les habitations étaient individuelles. Les habitants aussi. Tout était personnalisé. Même les plaques d’immatriculation portaient des messages allant de Vive Les Pakers sur une jeep, à Merci Papa sur un cabriolet rouge. Les Américains n’avaient pas tous les cœur sur la main, mais ils portaient tous leur logos sur le cœur. Nike.Coke.Pepsi . Le drapeau flottait partout, sur les pulls, sur les voitures, devant les maisons et dans les lieux publics. A Odessa, personne n’aurait jamais porté le drapeau ukrainien. Jamais de la vie.

Propos d’accueil de la famille de son mari

 Tu as de la chance de passer si facilement de la misère à la richesse, dit-elle. Toutes les femmes de ton pays rêvent de vivre aux Etats-Unis. J’espère que tu n’oublieras pas ce que cette famille a fait pour toi.

 

 Traduit de l’espagnol par Myriam CHIROUSSE.
Merci à Keisha et à Athalie (qui n’a pas encore fait de billet sur ce livre me semble-t-il ?) leurs conseils étaient bons « le roi transparent » valait que je persévère dans la lecture de Rosa Montero.

4
Cette historienne adore le Haut Moyen-Age , la période où les sociétés humaines ont failli faire un peu plus de place aux femmes, et où la religion aurait pu devenir moins fanatique. Hélas ! On connaît la suite… 
le roman se termine avec l’anéantissement des Cathares et la fin d’une utopie religieuse qui aurait fait une place aux femmes et à la réflexion . L’auteur nous prévient dans sa volonté de nous présenter un roman d’aventure passionnant, elle se permet quelques distorsions avec les dates … Les puristes jugeront !

Quant à moi, j’ai senti son plaisir de nous faire découvrir la vie de cette époque à travers l’histoire improbable d’une jeune paysanne serve qui devient libre et cultivée. La jeune Léola amoureuse de son Jacques devra se cacher sous l’armure d’un chevalier pour avoir la vie sauve. À travers sa fuite à la recherche de son amoureux , puis simplement pour survivre, nous comprenons peu à peu ce qu’a été cette époque ; aussi bien dans les détails vestimentaires que dans les idées et les conflits armés qui ont bouleversé la vie des habitants si souvent victimes de la fureur des plus puissants qu’eux.

Les chevaliers ne ressortent pas grandi la seule chose qu’ils sachent faire c’est se battre, tuer et encore tuer. Cela se termine auprès des Cathares qui semblent être bien seuls dans leur envie de vivre en paix , ils ne pourront guère résister à la folie guerrière des soi-disant chevaliers armés par une idéologie chrétienne qui permettait de brûler tout ce qui pouvait de près ou de loin ressembler à une hérésie.

Le livre se lit très facilement , les personnages sont sympathiques ou odieux et on n’est jamais très loin du merveilleux. Il y a une sorte de facilité dans ce roman qui me gène un peu mais aussi une jubilation qui emporte mon adhésion.

 Citations

Le début des villes

Les bourgs affranchis travaillent mieux, paient des bénéfices, créent moins de problèmes, participent en hommes et en argent aux conflits armés

Les reliques

Les fameuses reliques… Vous reconnaîtrez que quelques-unes sont franchement curieuses… Une fiole du lait de la Vierge, un fragment des langes de Jésus… Je suis presque tentée de donner raison aux cathares lorsqu’ils disent que tout cela n’est que supercherie païenne.

Le poids des mots

Les paroles émues sortent trop vite de la bouche et on finit par dire des choses qui ne sont pas tout à fait vraies . Et nous devons respecter les mots, parce qu’ils sont le vase qui nous donne notre forme.

 Le Christ comme tout enfant juif était circoncis, et c’est ce qu’on célèbre le 1er janvier !

Quel mal y aurait-il à toujours à commencer l’année le même jour ! Il y en a qui disent que ce serait bien mieux de la faire commencer au 1 janvier ! Au jour glorieux de la circoncision du Sauveur !

 Les dangers de l’écriture au moment d’un débat sur l’écriture à la main ou au clavier

Non seulement c’est une façon d’écrire grossière et appauvrissante qui ne peut soutenir aucune comparaison avec la beauté de la calligraphie carolingienne, mais qui plus est, la divulgation de cette écriture maligne parmi la plèbe et autres gens sans éducation ne fait que paver la route du démon. Ne voyez-vous pas la gravité et le danger qu’il peut y avoir à mettre certaines connaissances, même fausses et médiocres à la portée de la plèbe inculte ?

La théorie des Cathares

Notre coeur est la seule église de Dieu , et c’est la plus belle. Nous n’avons pas besoin de construire des édifices coûteux , qui ne servent à rien sauf à y enterrer des sommes considérables d’argent qui pourraient être utilisées pour pallier les besoins pressants des fidèles.

On en parle

Chez Keisha et Yspadden et Zazie qui s’est ennuyée ce que je peux comprendre aussi.

4
Je ne sais plus sur quel Blog, j’ai trouvé cette référence. Le sujet m’intéressait et j’ai donc lu le récit de Joseph Fadelle, parce qu’aujourd’hui, les attentats dont sont victimes les chrétiens dans les pays à forte majorité musulmane, nous obligent à nous intéresser à leur sort. « le prix à payer » fait partie des livres qu’il faut lire pour se rendre compte à quel point l’Islam laisse peu de place à la contestation. Quant à la conversion à une autre religion, alors là ! L’individu concerné se met en danger de mort. Et encore, Joseph (ex Mohammed) a voulu devenir chrétien.. Que se serait-il passé s’il avait voulu devenir juif !

Comme tous les livres de témoignage où un homme raconte comment il a risqué sa vie pour obtenir sa liberté, l’émotion est intense. Malgré la force de ce témoignage , j’ai été déçue par ce livre. Je m’attendais à une explication plus profonde de l’Islam. Cela semble étrange que tant de gens soient attachés à cette religion alors qu’une simple lecture attentive du Coran suffise à en démontrer sa cruauté et son peu de respect de la personne humaine (surtout si cette personne est du sexe féminin !).

Sa conversion au christianisme est un peu mystérieuse, car la lecture de la Bible n’est pas non plus un recueil d’une grande douceur ! On le sent très attaché à la foi chrétienne mais sans que je comprenne bien pourquoi. La seule chose dont je sois certaine , c’est que nous avons une chance incroyable de vivre dans un pays de laïcité et qu’il faut tout faire pour que les principes qui permettent à chacun de respecter la liberté de conscience de l’autre soient en tout lieu respectés.

Et pour cela, laisser la religion dans la sphère du privé.

On en parle

La publivore.

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Dominique Defert et Carole Delporte

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Voilà j’ai terminé, c’était long, dense et passionnant. 
La biographie de Steve Jobs m’a permis de revivre des moments importants de ma vie et j’ai été totalement captivée par cette biographie ; j’ai eu l’impression de comprendre tout ce que notre époque laissera de plus intéressant aux générations futures. J ai connu dans ma jeunesse ces jeunes américains qui refusaient leur société et se sont retrouvés dans l’engagement politique, la musique, la drogue, et les différents gourous indiens.

C’est de là que vient Steve Jobs, de là, et du fait qu’il est un enfant adopté dont des parents , en particulier son père, l’ont beaucoup aimé et ont compris très tôt que leur enfant était génial. Génial il l’est, mais aussi complètement caractériel. On l’accuse souvent de n’avoir rien inventé ,je ne suis pas assez scientifique pour en juger , ce qui est certain, c’est qu’il a su trouver partout où il le pouvait les bonnes idées pour les mettre au service d’Apple :

  • simplicité d’utilisation : monsieur et madame tout le monde doivent comprendre intuitivement le fonctionnement des appareils Apple,

  • l’esthétique : on doit reconnaître à la beauté que c’est un Apple,
  • création d’un objet conçu entièrement par Apple et n’acceptant que des produits fabriqués de A à Z par les scientifiques travaillant pour lui(les meilleurs du moment).

C’est passionnant de relire la genèse des créations d’objets qui font complètement partie de notre vie aujourd’hui et on comprend beaucoup mieux les raisons du succès des produits d’Apple. Ce qui m’a fascinée, c’est de retrouver, à travers les problèmes que se posait Steve Jobs, les discussions passionnées qui animaient parfois les dîners familiaux : si on lançait le débat « PC » , « Mac » on avait parfois l’impression de revivre l’affaire Dreyfus !

Et puis plus récemment, j’ai participé à des débats Android Iphone :Steve Jobs est il un inventeur ou un simple copieur ?

Grâce à ce livre j’ai beaucoup mieux compris le débat. Si Apple a conçu un appareil qui ne tourne qu’avec du Apple c’est pour éviter toutes les erreurs qui sont inhérentes à tout système qui permet l’ouverture à des logiciels piochés là où ils sont le moins chers. L autre possibilité, celles des PC : permettre à tous les apprentis bidouilleurs de se faire un ordinateur à leur image et beaucoup moins cher, encore faut-il en être capable !

Il reste le personnage, c’est un meneur d’hommes, très original et particulièrement imbuvable, complètement habité par son œuvre il n’a guère respecté ses amis ni ses concurrents. Pour mener son entreprise et sa vie personnelle , il a appliqué un précepte qui le caractérise :« la distorsion du réel » ce qui en gros veut dire que, lorsqu’il est persuadé du bien fondé de son point de vue, quelques soient les difficultés tout le monde – dont lui- doit réussir à le faire triompher , même si tout prouve que c’est impossible.

La guerre entre les entreprises m ‘a moins intéressée , mais c’est assez clairement expliquée. Et puis tout le monde le sait, Steve Jobs est un génie du marketing . Là tout le monde est d’accord en disant pour ceux qui n’apprécient pas Apple : « mais ce n’est que ça » , et pour ceux qui aiment ses produits :  » que cela s’appuie sur des produits hors normes ».

En conclusion, je reprends à mon compte, la remarque d’un de ses concurrents à propos de l’IPad :

Jobs a cette incroyable capacité à inventer des gadgets dont on n’a pas besoin et sans lesquels, brusquement on ne peut plus vivre.

 Citations

L’entreprise

Nous avions les mêmes valeurs. Il disait qu’il ne fallait jamais lancer une entreprise dans le but de devenir riche . Il fallait avant tout de la sincérité , croire en ce que l’on faisait . Et viser la pérennité de la société.

 Maxime attribuée à Léonard de Vinci

La simplicité est la sophistication suprême.

 les commerciaux dans l’entreprise

Entre Sculley(pepsi) et Hertzfeld (mac) le courant ne passa jamais. « Il (Sculley d’après Hertzfeld) était d’une prétention sans fond, un frimeur de première , me confiera-t-il. Il disait s’intéresser à la technologie , mais ce n’était pas vrai . C’était un commercial , et comme tous les commerciaux , ce n’était qu’un beau parleur . »

 Phrase pour débaucher Sculley

« Tu veux passer le reste de ta vie à vendre de l’eau sucrée ou tu veux changer le monde avec moi ? »

 Blague au début d’Apple

Quelle est la différence entre Apple et un camp scout ?
Réponse :les scouts sont dirigés par des adultes

Steve Jobs et l’argent

Mais Jobs se fichait de faire fortune, comme il le confia à John Markoff du New York Times :
« je ne compte pas acheter de yacht. Je n’ai jamais fait ça pour l’argent. »
Ce passage en Bourse glorieux permettait à Pixar de ne plus dépendre de Disney pour financer ses films. C’est exactement le moyen de pression que Jobs attendait.

Le culte du beau

L’appareil a de la noblesse ; il annonce sa valeur tout en dégageant une impression de sérénité , de retenue . Il n’agite pas sa queue sous votre nez. Mesuré, et fou en même temps , avec ses écouteurs qui flottent au vent. Voilà pourquoi le blanc ! Le blanc n’est pas une couleur neutre ! Il est pur et silencieux .Voyant et discret en même temps.

Le succès

Quand vous sortiez un iPod de sa boîte, il était si beau si brillant qu’on avait l’impression soudaine que les autres baladeurs MP3 avaient été fabriqués en Ouzbékistan.

 Steve Jobs et le piratage

À ce moment-là , Jobs aurait pu tout simplement se tourner vers le piratage. De la musique en accès libre aurait rendu l’IPod encore plus attractif. Mais parce qu’il aimait vraiment la musique – et les artistes -, il était contre ce qu’il considérait comme un pillage de la création.

 Les objets de notre quotidien

Jobs était contre les boutons on/off, jugés inélégants. La solution était de « balayer l’écran pour l’allumer », un geste simple et ludique qui sortirait l’appareil de son mode veille.

Ce qu’il a apporté

Jobs n’était pas un inventeur au sens strict, mais un maître pour mêler idées, art et technologie et ainsi « inventer » le futur. Il avait conçu le Mac parce qu’il avait compris le potentiel des interfaces graphiques -ce que Xerox avait été incapable de faire – et il avait créé l’IPod parce qu’il avait envie d’avoir mille chansons dans sa poche -ce que Sony , malgré tous ses atouts et son héritage , n’avait pu accomplir. Certains entrepreneurs innovent parce qu’ils ont une vision globale , d’autres parce qu’ils maîtrisent les détails. Jobs faisait les deux sans discontinuer . Résultat ‘il lança une série de produits durant ces trois dernières années qui ont révolutionné des industries entière.

On en parle

les lectures de Liyah

41wjfKX35fL._SX295_BO1,204,203,200_Traduit de l’anglais de l’Afrique du Sud par Bernard Turle.

4
Brink, André Brink ! 
Je dois à cet auteur la révélation de ce qu’a été l’Afrique du Sud : un pays tragique et superbe. Depuis Une saison Blanche et Sèche , j’ ai lu avec passion ses romans : Un turbulent silence, Au plus noir de la nuit… Il a su, avec un talent incomparable ,entraîner ses lecteurs dans les méandres des passions humaines. ET … Il vient à Saint-Malo , aux « étonnants voyageurs » , avec son autobiographie Mes bifurcations.

C’est un des meilleurs conteurs que je connaisse, et c’est, encore une fois, ce talent là qui m’a le plus intéressée dans ce très long récit. Il y fait le point sur tous ses parcours. Il a pris tous les chemins des révoltes et là où l’injustice essaie d’étouffer l’esprit de liberté ,André Brink met son talent et sa notoriété au service de ceux qui luttent. Bien avant d’être un écrivain célèbre dans le monde entier, il a été un petit Afrikaner élevé par des parents aimants mais tout naturellement racistes et cherchant à éviter tout contact avec la population noire qui les entourait.

Jeune étudiant, c’est en France, en côtoyant des étudiants noirs, qu’il prendra conscience de l’horreur de la situation dans son pays. De retour chez lui il ne cessera , alors, de participer très activement à la lutte contre l’Apartheid, prenant souvent de très grands risques. Il retourne en 1968 en France et cela m’a amusé de lire ce qu’il a pensé des événements de mai 68 en France.

Le livre mêle ses expériences et évolutions personnelles et les conflits du monde que ses positions courageuses l’ont conduit à connaître. Il le dit lui-même il est plus écrivain que politique. Il a été amené à s’appuyer sur des idées révolutionnaires qui ont provoqué bien des tragédies elles-aussi,la partie critique de ces idéologies me manque un peu. Il fait, également,la part belle aux femmes rencontrées et aimées pour certaines d’entre elles, à la passion.

Son livre se termine très tristement car l’Afrique du Sud est gouvernée par des incompétents et des corrompus. La violence y fait, encore, beaucoup de victimes , la seule différence , c’est qu’aujourd’hui elle est exercée par des noirs contre les blancs ou des noirs riches. Entre le chef d’une police dépassée ou totalement corrompue, une ministre de la santé qui veut lutter contre le Sida avec de l’ail et des décoctions de plantes, on se dit, hélas ! que ce pays est bien mal parti. Dans ce chapitre on peut lire ce qu’il avait déjà écrit dans un article du Monde paru en 2006.

Par soucis d’honnêteté, André Brink cite tous les noms des personnes qu’il apprécie où qu’il critique , on est parfois un peu submergé par tant de noms inconnus et de précisons sur les circonstances de ces rencontres . Cela alourdit son récit et je dois avouer que j’ai parfois sauter des pages. Ses mémoires fourmillent de moments très différents. Comme le dit le titre, André Brink a bifurqué souvent.. mais sa ligne de conduite a toujours été : un fil rouge tendu entre la liberté et le respect de l’être humain.

Citations

Pour consoler tous ceux et celles qui comme moi se désespèrent de ne pas savoir bricoler

Je ne sais vraiment rien faire de mes dix doigts . Et même avec quatre ou trois ou deux.
Cela dit, mon incompétence n’a jamais altéré ni mon enthousiasme ni ma détermination. Au contraire. Je raffole des outils de menuiserie. Plus ils sont chers et inutiles, plus ils me plaisent . Des plus sophistiqués, comme des meuleuses d’angle , perceuses, tournevis électriques ou scies à chantourner , aux plus simples comme les pinces , marteaux et burins de base. Je les respecte , je les révère , je les adore. Le seul problème, c’est que je ne sais pas m en servir . En théorie , oui. Mais en pratique. Qu’à cela ne tienne , je n’ai pas peur d’essayer.

 La bêtise

Je dois à Naas le plaisir douteux d’avoir rencontré une femme aussi stupide que charmante, épouse d’un troisième secrétaire à Berne, également aussi stupide que charmant . Un jour elle se lança à corps perdu dans une discussion très intense sur la résurgence de l’antisémitisme. Elle avança sa propre opinion très mûrie : « voyez-vous , j’ai beaucoup réfléchi à ce problème et je crois que l’antisémitisme tient beaucoup à la haine qu’ont les gens pour les juifs. »

 Une injure à laquelle je n’avais jamais pensé

Un jour, elle avait remis à sa place un opposant politique particulièrement vaniteux en disant que quelqu’un comme lui aurait dû s’abstenir de s’impliquer dans la vie publique.
« Que voulez vous dire ? » S’enquit-il avec une grimace méprisante.
« Il est évident, rétorqua-t-elle (entra autres, elle était sage-femme) qu’à votre naissance, ils ont enterré l’enfant et élevé le placenta. »

L’exil

Mazisi ne connaissait pas un traître mot de français mais crut reconnaître le mot zoulou « lapa », qui signifie aussi « là-bas ».
Plus tard , il expliqua qu’il n’avait pas été surpris que le gendarme lui parle en Zoulou : de son point de vue, c’était tout naturel. Ce qui l’avait surpris, et qui lui avait fait plaisir, c’est que le Français ait immédiatement reconnu dans son interlocuteur un Zoulou. À compter de ce jour, Mazisi aima les Français.

L’apartheid

Ce n’étaient pas les meurtres,les atrocités, les mutilations et les tortures que l’on considérait, en fin de compte comme le pire mal perpétré par l’apartheid, mais ceci : la violence faite aux esprits, les émotions mises à nu, la souffrance abrutissante infligée aux individus et aux générations.

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Traduit de l’Espagnol par André GABASTOU

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J’ai découvert Rosa Montero grâce aux blogs, à Keisha,en particulier, et j’ai en réserve « le roi transparent ». J ai lu avec plaisir ce roman, et je suis entièrement d’accord avec ce que plusieurs d’entre vous en disaient. Elle sait créer une atmosphère.

Les barbares dont il s’agit ici, ce sont les êtres si accrochés à la drogue, qu’aucune valeur humaine ne résiste à leur passion destructrice. Ce que le personnage principal a été capable de faire pour se payer sa dose du temps de son addiction est absolument révoltant. C’est le genre d’histoires que je déteste lire d’habitude. Je sais que l’horreur existe, il suffit que j’ouvre un journal, mais je n’aime pas le lire en roman.

Le talent de Rosa Montero c’est d’avoir situé son histoire au moment où Zarza , cette ancienne droguée est sortie de son addiction. Son frère , ange maudit qui l’a fait plonger dans la drogue la poursuit pour se venger ; l’ambiance de cette traque est bien rendue. Elle nous permet aussi de remonter à l’enfance et de comprendre bien des aspects de la souffrance de cette jeune femme. Ce qu’elle voulait se cacher à elle-même : les actions les plus sordides qu’elle avait été capable de commettre autrefois, lui reviennent comme des nausées qui l’étouffent.

Le monde de la drogue est bien raconté, et comme Zarza est une historienne du Moyen-âge son récit s’enrichit de romans de la chevalerie. J ai quand même quelques réserves , est ce que cela vient de la traduction ou pas, le style est très complaisant, et la construction du roman est –à mon avis- alourdie par les récits du « roman de Chrétien de Troyes ». Mais c’est avant tout un très bon livre sur un sujet tellement tragique.

Citations 

Le destin

L’enfance est l’endroit où tu passes le reste de ta vie, pensa Zarza ; les enfants battus battront leurs enfants, les fils d’ivrognes deviendront alcooliques, les descendants des suicidés se tueront , ceux qui ont des parents fous le seront à leur tour.

Vivre avec la drogue

La vie est une guerre. Non, la vie, c’est comme avancer dans un pays inconnu. Il faut que tu sois sans arrêt sur tes gardes à l’affût….Et chaque jour qui passe, les jours empirent, parce que tu pénètres de plus en plus dans le pays des méchants, de plus en plus seul, de plus en plus cerné.

Pourquoi je ne me ferai jamais tatouer

C’est con que les tatouages durent plus longtemps que les souvenirs.

L’addiction

Zarza cherchait la Reine, parce qu’en dehors de ses bras, le monde semble exsangue et asphyxiant, un univers insupportable en blanc et noir. La Reine tue, mais sans elle on n’a plus envie de vivre et souvent il ne reste plus qu’à courir , courir de plus en plus vite , galoper jusqu’à l’abîme et s’écraser .
Le chemin vers l’enfer est fait de petits faux pas.

 Philosophie de vie

Si tu n’es pas capable de voir les autres, tu ne peux pas non plus te voir toi-même. Parce que les autres, ceux qui t entourent, ta vie et les engagements qu’elle implique, ce sont les limites qui te font être ce que tu es.

On en parle

« Conduite en état livresque » (le nom du blog est assez bien trouvé non ?).

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4
Tenir un blog vous vaut parfois de merveilleux petits cadeaux. « Normandie terre des arts » s’est adressé à moi pour que je parle de ce livre, je me méfie beaucoup de ce genre de demande mais j’ai accepté, car j’avais trouve intéressant le travail du dessinateur Bernard Vernochet, enfin ce que j’avais pu en voir sur Internet. Ce petit livre est une merveille , Granville a bien de la chance d’être aimé par tous les gens qui se sont unis pour offrir à ses visiteurs un si beau souvenir. Car plusieurs amoureux de cette petite ville côtière ont écrit un petit texte qui accompagne très bien les dessins.

Mais le charme de petit livre tient dans le regard du dessinateur et aquarelliste, tout en nuances, et dans l’observation des petits détails qui font la vie. Si Granville n’est pas un site à couper le souffle, c’est un lieu où on se sent bien pour qui sait regarder.

Un petit regret , il me manque quelques images de la mer , pourtant la vie du port est partout. Et finalement, j’ai découvert un chanteur que je ne connaissais pas et qui va bien au livre et à cette région : Jean- Marie Vivier. écoutez-le ce n’est pas la chanson du livre car je ne l’ai pas trouvée sur youtube, j’ai trouvé celle-là, elle me plaît bien !

Couverture

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Nous avons été nombreux à adorer « Effroyables jardins » du même auteur. C’est le seul livre que j’ai lu de Michel Quint. Et comme beaucoup, j’avais été très touchée par ce récit. Ce roman choisi dans les nouveautés de ma bibliothèque m’a tentée. Je ne suis pas déçue par la lecture (à un détai près).

Il s’agit d’un enquête policière à Lille : il faut découvrir qui a tué un jeune espoir du LOSC (oui je sais maintenant que équipe de Lille s’appelle ainsi !), cela va nous entraîner dans les réseaux mafieux liés au foot. Et découvrir un personnage très atypique, marqué par une enfance sans père et un fort sentiment d’échec. Michel Quint a une langue bien à lui, il mêle dans un style particulier, les expressions du nord (les gens décarochent.. par exemple)au langage poétique. Il faut s’accrocher parfois, mais finalement, on est pris par sa façon de raconter.

Ce que j’ai vraiment apprécié , c’est la balade dans Lille je pense que tous les gens de cette région vont retrouver à la fois leurs racines et aussi les transformations d’une ville qui est passée de l’ère du labeur en usine à l’ère de la rénovation des friches industrielles en quartiers bobo centrés sur les loisirs.Pour les non-Lilloises comme moi, l’accumulation des noms de lieux est un peu lassante. La description de la corruption du milieu du foot et de tous ceux qui ont trop d’argent : soirées fines arrosées et des call-girls payées ou pas , rôle de la police… est très bien rendue.

Évidemment , avec les récentes affaires DSK et la police lilloise on commence à se faire une certaine idée des soirées dans le milieu politique. Mais là, pas touche ! Notre auteur ne veut surtout pas qu’on pense qu’il s’agit d’un livre qui dénonce des magouilles du PS ! AH ! L’intelligentsia ,elle ne peut être que de gauche n’est ce pas ? Alors au milieu de tout il invente un élu de la majorité présidentielle -son roman a dû être rédigé avant la victoire de Hollande- qui dans dans un café explique à des buveurs de bière (on boit beaucoup de bières, nord oblige !) que si les électeurs arrêtaient de voter socialiste , il y aurait moins de crimes !

C’est vraiment lourd , personne ne pensait que les socialistes étaient en cause et je trouve que ça gâche le roman. En plus je me demande d’où il sort un élu de droite à Lille ? Et surtout pourquoi ?

Cela n ’empêche que c’est un bon livre et que Michel Quint a bien du talent.

Citations

Portraits si vrais

J’entrais dans des boutiques bon genre , aux vendeuses fardées, inaccessibles sur leurs talons hauts,qui consentaient à travailler jusqu’à demain où elles épouseraient un milliardaire : leur destin imminent était écrit sur leurs lèvres boudeuse, dans leur regard dédaigneux , leur façon de fermer leur décolleté d’une main , que je n’accède pas au spectacle réservé de leurs foutus nichons à tomber sur le cul.

Balade dans Lille

Une fois franchies les quatre voies automobiles en prolongement du boulevard Vauban , on arrivait à l’Esplanade , les ponts sur la Deûle , l’écluse, cette belle promenade où les militaires de la citadelle proche, au-delà de la rivière canalisée , venaient croiser les demoiselles de famille aux siècles d’avant et bomber le torse pendant qu’elles baissaient les yeux , pauvres filles.

 Lille aujourd’hui

C’est curieux maintenant que le travail manque , les petits bourgeois , les nouveaux riches raffolent des lieux où. Le prolétariat urbain a usé sa vie. Comme s’ils avaient besoin d’un monument pour se souvenir aujourd’hui que le boulot est devenu souvent virtuel, rarement salissant que la classe ouvrière s’est éteinte. Les mains ne servent plus à rien , elles ne sont plus bonnes qu’au macramé, à l’art du bouquet, á cuisiner joli , singer les maîtres queux , et se fourrer les doigts dans le nez

On en parle

Liliba

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Je viens de refermer ce livre et je pense à toutes les vocations de navigateurs qu’il a dû faire naître. C’est un roman d’aventure écrit à la fin du XIX° siècle,dans la veine de Robinson Crusoé mais sur la mer. Je ne connaissais pas Joshua Slocum , ce récit était offert en supplément du magazine « Voiles et Voiliers ». La première partie est consacrée à la navigation de Joshua Slocum en tant qu’armateur sur un trois mats : l’Aquidneck.

C ‘est vraiment passionnant de découvrir à quel point le commerce maritime est compliqué , en plus du danger de la navigation, le capitaine est confronté à une série de difficultés et peut à tout moment être complètement ruiné, voire pire …(les meurtres sont visiblement très fréquents ).
Il y a d’abord la mer et les tempêtes . Ce que Slocum ne dit pas c’est qu’il est victime aussi de son entêtement à vouloir naviguer à la voile alors que déjà, en 1880, tous les navires de commerce, ou presque tous, étaient passés au moteur.

Ensuite, il y a les règlements, visiblement les autorités portuaires peuvent décider de garder des bateaux loin de leurs ports et faire pourrir des cargaisons de marchandises sans que les motivations soient très claires. Il y a ensuite les maladies : choléra, variole.. Et enfin les hommes, les marins sont souvent des crapules , voire des criminels et parfois des incompétents ou des voleurs. Parmi tous ces hommes ,il y a Slocum qui,il faut bien le dire, a une très haute idée de sa valeur, il se pense excellent marin , c’est sans doute vrai mais c’est un peu agaçant qu’il le répète à l’envie pendant tout son récit. La seconde partie « le voyage du Liberdade », commence par le récit de la construction d’un voilier rudimentaire après le naufrage de l »Aquidneck »

Il part du Brésil pour revenir jusqu’à Washington avec pour tout équipage son épouse et ses deux fils. C’est pendant ce voyage qu’on pense à Robinson : comment survivre avec un minimum d’équipement, dans une nature au combien hostile ? Au cours de ce voyage extraordinaire sur cette embarcation de fortune,un jour, il accoste pour chercher de l’eau auprès d’un phare perché sur un minuscule rocher et là l’attend un gardien de phare qui se dit « gouverneur » de l’île et qui se comporte en chef d’état , c’est assez drôle et tellement absurde !

C’est aussi l’intérêt du récit : les rencontres avec toutes sortes de gens. J’ai bien aimé sa discussion avec des paysans américains . Il leur explique que les Brésiliens ont libéré les esclaves sans pour autant se faire la guerre. Le paysan répond, « Les sudistes étaient fous, ils ont eu la guerre et ils ont dû affranchir les noirs quand même… ». Les notes qui accompagnent ce récit sont intéressantes, on y apprend que Slocum n’a jamais réussi à refaire sa fortune et qu’il était bien le marin extraordinaire qu’il dit être.

Citations

 Les gens de mer et le jugement sur les pilotes

On me raconta qu’ils juraient plus que coutume , ce qui en dit long , car tout le monde s’accorde à considérer que le pilote moyen est le personnage le plus mal embouché de la gent marine.

 Une grosse tempête

Nos hommes s’étaient amarrés chacun à son poste. Tous les espars de rechange dont on n’avait pas doublé les amarres furent balayés par-dessus bord ainsi, sur le pont , que d’autres accessoires qui furent brisés et dont la tempête arracha les saisines. La cambuse ne fut pas épargnée et le cuisinier échappa d’un cheveu à un grave accident lorsqu’une lame, balayant le pont, emporta portes , fenêtres , réchaud casserole , bouilloires…. et l’artiste culinaire lui-même , entraînant tout en vrac dans les dalots sous le vent , à travers lesquels l’homme de l’art ne passa heureusement pas grâce à l’accumulation de toutes ces épaves. Une avarie de ce genre est toujours vivement ressentie et vous fait l’effet d’une douche froide , si j’ose ainsi m exprimer. Cela signifie qu’il va falloir manger froid pendant quelque temps , si ce n’est pire.

 Description des vagues lors des tempêtes

Nous passions sur un banc et la mer brisait sur le haut fond ! Une seconde vague arrivait, énorme , et se dressait, haute, plus haute , toujours plus haute , jusqu’à ce que rien ne pût soutenir plus longtemps la montagne d’eau ! Elle parut alors marquer un temps d’arrêt, puis s’écroula comme pour mieux nous engloutir et nous emporter dans sa furie dévastatrice. Barre dessous , je ne pouvais rien faire de plus, sinon prier. La manœuvre fit brutalement virer le canot , étrave face au danger , tandis que, souffle coupé par l’anxiété , nous nous apprêtions à affronter la suite. Nous avions à peine eu le temps de murmurer « Sauvez-nous Seigneur ,ou nous allons périr… » que la vague brisait avec une violence terrifiante … et passait en nous laissant là , tremblants , dans la main de Dieu, réduits plus que jamais à l’impuissance.

 Construction du Liberdade

Il me faut en premier lieu dire un mot de l’outillage qui nous permit de le réaliser.
En premier lieu , nous disposons d’une hache , d’une herminette et de deux scies , d’une tarière de 12,5 millimètres , d’une autre de 15 millimètres et d’une troisième de 10 millimètres . Dans deux grandes aiguilles à voiles nous réalisâmes des vrilles , une aiguille à ralinguer servit de poinçon et, précieuse entre toutes, nous disposions d’une lime , découverte dans un vieux sac à voiles rejeté par la mer.

 Genre d’aventure qui fait froid dans le dos

On y jeta l’ancre et les voiles furent amenées, Nous sommes restés dans ce port enchanté jusqu’au lendemain matin, où la lumière du jour nous révéla que nous étions au beau milieu de récifs déchiquetés , d’énormes lames brisant de toutes parts. Seul était libre le petit chenal par lequel nous étions entrés à l’aveuglette .