4Un livre très intéressant sur un sujet contemporain : La douleur d’une famille estonienne. L’Estonie a été traversée par l’occupation soviétique, nazie puis à nouveau soviétique. On peut facilement imaginer les différentes strates de souffrances que de telles tragédies peuvent laisser dans une famille.

Le roman nous permet de comprendre le drame de ce pays tout en suivant le destin d’une jeune femme qui cherche à se libérer du poids du passé familial. Ce roman est à deux voix , celle de la jeune femme vivant en France confrontée à la mort d’une grand mère toute puissante et détentrice de la cohésion familiale. Et celle d’une femme du goulag condamnée à 20 ans dans un camps de Sibérie qui demande sans cesse des nouvelles de son petit garçon laissée à la garde de cette grand-mère.

Tout de suite on soupçonne , cet enfant d’être le père de la jeune fille , mais est ce la vérité ? Où est-elle d’ailleurs la vérité et à qui fait-elle du bien ? Le roman ne donne pas la clé , on aimerait que cette jeune femme se lance dans la vie, mais le passé estonien lui colle à la peau et envahit ses rêves en les transformant en cauchemars. C’est un beau et triste roman, écrit d’un façon très lyrique , j ai beaucoup aimé la langue de cette jeune écrivaine . Je lui trouve une forme d’exotisme très agréable à lire.

 Citations

J’ai aimé, pour des raisons toutes personnelles, ce passage

Une maison en désordre est une maison qui vit. Peu après avoir signé le registre des mariages, Kersti découvrit que prendre un époux équivalait à s’enterrer vivante. L’ordre de papa la rendait folle. Elle ouvrait le placard, jetait les gilets et les robes au sol en faisant cliqueter l’aluminium des cintres ; saisissait à pleine main des tas de partitions qu’elle laissait tomber en pluie et mélangeait ensuite du pied pour qu’elles soient de nouveau dans un désordre parfait.

Et ce passage me fait penser à quelqu’un

En rentrant de l’école, je déplaçais toutes nos affaires, dépliais et repliais les vêtements en commençant par ceux de maman que j étalais d’abord soigneusement sur le lit, avant de les redisposer en une pile dont l’ordre variait selon les jours , le lundi le rouge en bas, le noir en haut, le jeudi le noir en bas, le bleu en haut. …. Je découvris que le rangement n’a pas pour but d’organiser l’espace, ni de lutter contre le trop-plein d’objets, mais de mettre de l’ordre dans le vide, de tendre des filets au dessus du précipice abyssal de la vie.

Explication du titre

Comme si, dans les comptes du Tout-Puissant , dans l’arithmétique des Dieux, le nombre des morts et des vivants avait été fixé d’avance et que la sauvegarde d’un être humain y avait pour corollaire le sacrifice d’un autre.

Les souffrances des hommes face aux régimes politiques

Après la guerre, en URSS, on nous a appris que le passé n’avait pas existé, que le présent non plus n’existait pas, du moins pas comme nous le croyions, et que nous mêmes n’avions pas le droit d’exister. Certains ont bien retenu la leçon, d’autres ont fait semblant, et quelques uns s’en fichaient éperdument. Je crois qu’Ilmar a si bien retenu la leçon qu’il n’osait plus savoir ce qu’il ressentait, ce qu’il était, ni ce qu’il avait fait, il savait seulement ce qu’il devait ressentir, c’est-a-dire, la culpabilité. C’était le propre de l’époque : ceux qui avaient souffert avaient honte d’être des victimes, et ceux qui n’avaient pas souffert avaient honte , par ce fait même, d’appartenir au clan des bourreaux. Seuls ceux qui commettaient les véritables crimes n’éprouvaient pas de culpabilité car, à la place de la conscience, ils avaient le pouvoir et ils dictaient ce qu’on devait penser. Notre époque elle-même était coupable, mais c’étaient les hommes qui vivaient dedans qui portaient le poids de la culpabilité.

On en parle

Lolalit

 Traduit de l’italien par Danièle Valin

4
Est-ce-que tout a été écrit sur l’extermination des juifs par les nazis ? Non évidemment et ne le sera sans doute jamais. Je remarque qu’annoncer qu’un roman traite de ce sujet attire souvent la remarque : « encore ! ». Oui, encore et encore une fois, j’ai été émue et touchée. Pas seulement parce que l’écrivain a trouvé un angle original pour nous transmettre ces horreurs du passé, mais parce qu’il m’a bouleversée à l évocation d’Auschwitz et de la liquidation du ghetto de Varsovie. C’est important qu’un écrivain trouve, aujourd’hui encore, les mots et les phrases pour réveiller ma conscience qui préfère s’endormir. D’autres violences humaines sont venues après la Shoah, mais celle là fut si terrible qu’elle a une place à part dans ma mémoire.

L’originalité du roman ? C’est de se mettre dans la conscience d’une fille de criminel de guerre qui, tout le reste de sa vie, a fuit la justice.

Le seul tort que cet homme se reconnaisse c’est d’avoir perdu la guerre (d’où le titre du livre). Le point de vue de cette jeune femme est très intéressant et je comprends très bien ce qu’elle veut dire en parlant de trace de « rouille » dans son sang. Sa réaction a été de plus jamais transmettre la vie pour que cette lignée de criminels s’arrête avec elle : dur mais compréhensible ?

 Un récit poignant qui me trotte, depuis, dans la tête

Citation

Propos sur l’histoire

 L’histoire m’ennuie. Ce qui s’est passé avant ma naissance ne me concerne pas et ne m’intéresse nullement. L’histoire a été un casier judiciaire, une suite de crimes. Je l’ai étudiée à contre-cœur à l’école. Qu’y avait -il à apprendre de ce fatras de choses arrivées au hasard et qui, lorsqu’elles se produisaient, montraient bien qu’elles étaient stupides et violentes ? L’histoire est un cadastre d’échecs. Chacun en retire sa propre version inutilisable.

On en parle

Chez « enlivrez-vous » : Céline et Jérôme et Babelio

Traduit de l’anglais (Canada)par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso

PS. : Je suis un peu étonnée par certaines formulations un peu relâchées, sont elles voulues par l’auteur ou un effet de traduction ?

4Je ne suis visiblement pas la seule à n’avoir pas entendu parler d’Alice Munro avant l’attribution de son prix Nobel. Mais quelle écrivaine, comment puis-je lire très régulièrement et passer à côté d’une telle auteure. Je ne suis pas une adepte des nouvelles mais je ne peux que vous recommander : « Fugitives » , ces huit femmes ne sont pas prêtes de vous quitter. Je suis mal à l’aise avec les nouvelles car je n’aime pas passer de l’une à l’autre. Je reste imprégnée par l’atmosphère de la précédente quand je lis la suivante et dans ce recueil ,il ne le faut pas. Chaque destin est différent, ils n’ont en commun que d’être celui de femmes qui fuient, ou, parfois, n’ont qu’envie de fuir un destin qui n’est pas tout à fait le leur.

Tout est dit avec beaucoup de pudeur, sans drames inutiles, à la manière de la vie ordinaire. Ça fait mal, parfois, mais ça passe , tout passe n’est ce pas ? Même la séparation brutale avec un enfant adulte ; comme cette Pénélope qui a rompu complètement avec une mère folle de douleur et d’incompréhension et qui en vieillissant « continue à espérer un mot de Pénélope, mais sans aucun acharnement. Elle espère comme les gens espèrent sans se faire d’illusion des aubaines imméritées, des rémissions spontanées , des choses comme ça. ».

J’ai lu et relu « Passion » le personnage de Grace m’a complètement bouleversée. Cette jeune femme aurait pu devenir une réplique de la jeune américaine classique , un homme passe, dangereux et alcoolique , mais elle franchit grâce à lui le pas nécessaire pour sortir de la voie toute tracée du destin , on peut penser qu’ensuite elle vivra pour elle et non pas pour l’image qu’elle veut donner d’elle.

J’ai évidemment été très émue par le destin de Robin qui a raté de si peu sa véritable histoire d’amour.
Tout cela est important mais dit si peu du talent de cette auteure qui sait mettre en scène des ambiances, des personnalités , aucun personnage n’est bâclé, tous retiennent notre attention et nous rappellent des gens que nous rencontrons dans la vie.

La dernière nouvelle « Pouvoir » m’a légèrement déçue. Mais justement ,c’est cela qui m’agace si fort dans les nouvelles : on a du mal à ne pas les comparer les unes aux autres .

 Citations

Vision de la femme, vision de l’homme :

Mme Travers avait fait un premier mariage avec un homme qui était mort. Elle avait gagné sa vie et entretenu son enfant , en enseignant l’anglais commercial dans une école de secrétariat . M Travers quand il évoquait cette période de la vie de sa femme avant leur rencontre en parlait comme d’une épreuve presque comparable au bagne, que pourrait à peine compenser une vie entière d’un confort qu’il était heureux de procurer. Mme Travers elle-même n’en parlait pas du tout de cette façon.

Réaction de Grace après avoir vu Elizabeth Taylor dans « Le père de la mariée » :

Grace ne pouvait expliquer ni tout à fait comprendre que ce n’était pas de la jalousie qu’elle éprouvait , en définitive, c’était de la rage. Et pas parce qu’il lui était impossible de courir les magasins ou de s’habiller comme ça. C’était parce que les filles étaient censées ressembler à ça. C’était ainsi que les hommes -les gens , tout le monde- pensaient qu’elles devaient être. Belles, adorables, gâtées, égoïstes , avec un pois chiche à la place du cerveau. C’était ainsi qu’une fille devait être pour qu’on en tombe amoureux . Ensuite elle deviendrait une mère et se consacrerait tout entière à ses enfants avec une affection baveuse. Elle cesserait d’être égoïste mais garderait son pois chiche à la place du cerveau. À tout jamais.

Fragilité masculine :

Les femmes ont toujours quelque chose à quoi se raccrocher pour continuer. Quelque chose que les hommes n’ont pas.

Toujours vrai :

« Petite » Ginny est au moins aussi grande que lui et l’envie m’a démangée de le lui dire. Mais c’est extrêmement rosse de parler de taille avec un homme tant soit peu déficient dans ce domaine et je suis donc restée coite.

 On en parle

« Les fanas de livres  » blog que je lis régulièrement.

97079299Traduit du Suédois par Jeanne Gauffin 

4J’ai trouvé ce roman chez Hélène, et son enthousiasme m’a convaincue. Je sortais d’un roman très dense et j ai faili passer à côté du charme de ce tendre récit. Après une première page prometteuse, où la grand-mère et la petite fille recherchent un dentier dans un massif de pivoines , j’ai commencé à m’ennuyer. Dans ce cas là, je vous l’avoue, je peste après les blogueuses amies : « Mais qu’est ce qu’elle a bien pu lui trouver à ce bouquin ! » « Je ne suivrais plus jamais ses conseils ! ». Et puis , petit à petit le charme à commencer à opérer, j’ ai résisté …. et puis….j’ai succombé !
Avec une pudeur très suédoise, Tove Janson nous fait comprendre les joies et les peines d’une petite qui vient de perdre sa mère. L’affection de sa grand-mère se manifeste par des gestes et des actes plus que par les mots. (On est chez les gens du nord). Sophie a la chance d’avoir une grand-mère qui entre dans son imaginaire, ensemble, elles reconstruisent une île où le bonheur est possible. La construction romanesque est originale, car on passe du point de vue de l’enfant à celui de la grand-mère , il n y a pas un narrateur mais deux. Le père est là , très important pour l’enfant mais ne rentre pas dans la narration.
J’ai parfois du mal à comprendre la nature qui les entoure, car elle est vue à travers l’imaginaire de l’enfant. C’est peut être pour cela qu’une premiere lecture trop rapide m’a ennuyée. Et puis, vous n’avez jamais d’explications psychologiques , c’est à vous de les construire. Par exemple, quand elles reçoivent une petite Bérénice amie de Sophie, le récit permet de comprendre qu’elle en devient jalouse parce que cette dernière capte l’attention de sa grand-mère.
Les faits sont racontés mais aucune explication n’est donnée. J ai souri aux discussions théologiques et j’ai bien retrouvé les remarques de mes petits enfants. Un petit air de mer et d’été qui fait du bien. Un grand merci Hélène et pour ceux ou celles qui veulent se laisser tenter , sachez que la forme n est pas évidente et peut , comme moi, vous dérouter , mais que c’est un petit bijou de tendresse et de pudeur.

Citations

Le deuil d’une maman

– Regarde, maman , cria-t-elle, j’ai trouvé un nouveau palais !
– Ma chère enfant , dit la grand-mère, je suis la maman de ton papa seulement .
Elle était ennuyée.
– Vraiment , cria Sophie, Et pourquoi serait-il le seul à pouvoir dire maman ?
Elle jeta le palais dans le canal et s’éloigna.

Discussion théologique

Elle demanda comment Dieu pouvait faire attention à tous les gens qui le priaient en même temps.
– Il est très sage, murmura la grand-mère en somnolant sous son chapeau .
– Réponds correctement, dit Sophie . Comment a-t-il le temps ?
– Il a des secrétaires …
– Mais comment arrive -t-il à exaucer votre prière s’il n’a pas le temps de parler avec ses secrétaires avant que ça ne tourne mal ?
Grand-mère fit semblant de dormir, mais elle savait bien qu’elle ne trompait personne et, finalement elle déclara qu’il s’était arrangé pour que rien ne puisse arriver entre le moment où on priait et celui où il recevait votre prière. Mais sa petite fille demanda alors ce qui arrivait quand on tombait d’un sapin et qu’on priait pendant qu’on était en l’air.

Les odeurs

Les odeurs sont importantes, elles évoquent tout ce qu’on a vécu,elles sont comme une enveloppe de souvenirs et de sécurité.

On en parle

Chez Hélène, bien sûr et Babelio où vous lirez deux critiques négatives de lectrices qui sont passées à côté de ce roman comme j’ai failli le faire.

 Livre lu dans le cadre de mon club de lecture.

 4
Un titre plus précis serait : « les secrets et les peurs du coffre fort ».

 

  • Peurs que les Qatariens ont du monde qui les entoure, les grandes puissances régionales : l’Iran, l’Arabie Saoudite, Israël..
  • Peurs qu’un énorme bateau chargé de pétrole pollue leurs côtes et les prive d’eau potable , j’ai appris qu’ils n’ont que 48 heures de réserve d’eau potable déssalinisée qu’il gaspille sans aucune vergogne, piscine , jet d’eau..
  • Peur du terrorisme..
  • Peur que les étrangers beaucoup plus nombreux que les Qatariens prennent le pouvoir où se mettent à réclamer des droits décents pour travailler au Qatar.
  • Peurs que le monde éprouve vis à vis du Qatar et de ses dirigeants qui prouvent au monde que TOUT peut s’acheter.

Ce livre a eu un coup de cœur à mon club de lecture, parce ce que j’imagine qu’on est toujours un peu baba devant autant d’argent et que, comme moi, mes amies du club ignorait tout ou presque du Qatar. Je ne mets pas souvent de livres d’actualité sur mon blog, mais le Qatar aujourd’hui c’est un monde complètement original et ces deux journalistes ont bien fait leur travail , un an d’enquête pour nous informer.

Les deux passages que je cite montrent le paradoxe de ce pays , un enfer pour les travailleurs manuels étrangers , un purgatoire pour les expatriés aux portes du paradis peuplé uniquement de musulmans Qataris. Doha change toutes les règles du droit international, puisque tout, absolument tout, s’achète, à commencer par le sport et les sportifs. Le passage concernant Rachida Dati n’est pas agréable pour l’honneur de la France , trop de flots d’or troublent l’esprit de nos politiques. Tout Paris sait qu’elle s’est rendue de multiples fois, accompagnée des membres de sa famille , au Qatar aux frais de la république , pour y recevoir moult cadeaux et trouver un emploi pour sa sœur.

Certains aspects des avoirs des Qatariens, en France m’ont gênée, (le Qatar n’est pas le seul pays en cause), tous les dirigeants étrangers qui achètent en France, ne payent pas l’ISF sur leurs biens, et comme la famille royale du Qatar est par définition membre du gouvernement et qu’ils sont très nombreux , un des frères de l’Émir a 50 enfants, tous ces gens peuvent acheter des hôtels particuliers à Paris ou sur la côte d’Azur sans payer les taxes dont les Français devraient s’acquitter !

La dernière question du livre est de savoir s’il faut avoir peur du Qatar , non certainement non si on est musulman et non pour les autres , leur argent vaut bien celui d’autres puissances . Aux états de défendre leur propres valeurs.

Citations

les Qatariens

Au Qatar , il n’y a pas de pauvres, le chômage n’existe pas et l’emploi est garanti à vie pour les nationaux. Ici c’est le paradis pour les contribuables …puisque les impôts n’existent pas ! La fiscalité est réduite à sa plus simple expression . Au Qatar , il n’y a pas de TVA , de charges salariales et patronales sur les salaires, d’impôt sur le revenu et d’impôts fonciers. Les société doivent acquitter un impôt à taux fixe de 10 % .
Si un Qatarien ne souhaite pas travailler, il reçoit une allocation de 2000 euros par mois. Quand il travaille dans l’administration publique – 95 % des nationaux occupent des postes dans le secteur gouvernemental- ou dans de grands compagnies , on lui assure un salaire mensuel de plusieurs milliers d’euros. Un instituteur qatarien peut gagner entre 6000 et 8000 euros par mois. Quand une compagnie international prend un stagiaire qatarien pour quelques mois dans un service , il est payé 7000 euros par mois (35 000 rials)

Lorsqu’un stagiaire , militaire ou magistrat , est envoyé en formation en France, il perçoit l’équivalent de 1800 euros par jour . Ce qui lui permet de se loger dans un palace.

Quand un jeune couple se marie, il reçoit une parcelle de terre gratuite . Le standard , c’est 1200 mètres carrés. Pour bien démarrer dans la vie, on lui donne environ 40 000 euros ( 200 000 rials) pour construire uns maison. Le reliquat des travaux est assuré par un prêt sans intérêt. Et puis il faut équiper le logement . Pour acheter ses meubles , le couple reçoit une indemnité d’à peu près 10 000 euros ‘(50 000 rials) .
Si le couple donne naissance à un fils , il aura droit à une prime , un peu moins élevée si c’est une fille. On lui proposera un prêt avantageux pour acheter une voiture , de préférence une grosse cylindrée ou un 4×4. La consommation d’essence importe peu : ici le litre de super -20 centimes d’euro- est moins cher que le litre d’eau minérale ! Et qu’importe si ces bolides polluent à tout va …

 Les travailleurs manuels émigrés

Dans l’émirat ,la majorité des 40 000 femmes de ménage philippines reçoivent un salaire en moyenne un salaire de 250 dollars par mois . 5900 rials)

la plupart du temps , ces « fourmis » asiatiques du miracle qatarien vivent dans des conditions sordides. Ils sont parqués dans des blocs d’habitations (« labor camps ») , sortes de bidonvilles situé à la périphérie de Doha, quand d’autres logent sur leur lieu de travail dans des baraquements. Officiellement , la loi fixe le seuil maximum à quatre travailleurs par chambre, chaque résident devant disposer d’un espace de vie d’au moins quatre mètres carrés. Mais dans la réalité , les migrants s’entassent parfois jusqu’à dix huit dans une même pièce. Même le prix de leur pauvre matelas, souvent une mince paillasse de mousse, est prélevé sur leur salaire.

Appareils d’air conditionné défectueux , alimentation en eau potable aléatoire,salle de bains collective minuscule, cuisine à la saleté repoussante, c’est le résumé sinistre et insalubre du quotidien de ces migrants asiatiques.

 Lu dans le cadre du club de lecture de ma médiathèque.

4
Livre très sympathique qui remonte le moral. Cela n’empêche pas l’auteur de décrire notre société de façon assez triste. Il se sert pour cela de la personnalité d’un vieil homme de plus de soixante dix ans qui refuse l’ensemble du modernisme. Son intérêt pour la société dans laquelle il vit s’est arrêté aux années 60. Depuis plus rien ne trouve grâce à ses yeux, ni les noms des voitures qui, d’appellations qui font rêver comme Caravelle, Dauphine, Ariane, sont passée à des mots qui ne veulent rien dire comme Scénic, ni les beauté féminines, son idéal féminin restera à jamais Grace Kelly, ni bien sûr les façons modernes de communiquer.

Lui restera pour toujours relié au monde avec un téléphone en bakélite noir avec un cadran que l’on tourne avec un doigt… Son fils va devenir père, et le roman raconte très bien les peurs du futur père et sa joie absolue devant le bébé fragile mais dont le regard est si présent. L’année des 6 ans du petit, le grand père le gardera un mois dans sa maison au coeur des landes. Le bonheur de ces deux être, aux deux bouts du temps de l’espace humain est touchant : ce petit fils saura séduire ce vieux grincheux , et le petit garçon aimera de toutes ses forces ce grand-père hors norme. Toutes les peurs dans lesquelles sont élevées les enfants d’aujourd’hui sont évoquées et si on comprend les parents, on est également du côté du « grand-paria » (nom qu’il s’est choisi et qui lui va bien), l’hyper protection dans laquelle sont élevées les enfants d’aujourd’hui, leur permettra-t-elle de grandir ?

Les personnages ne sont pas idéalisés, ils sont dans leur vérité. J’ai bien aimé que la maman de l’enfant, Leila, ne succombe pas au charme du grand-père : la conversation téléphonique où le grand-père explique que l’enfant a dormi dans le même lit que lui pour ne pas avoir de cauchemars est bouleversante. Elle a peur de l’inceste, et le grand-père est totalement choqué qu’elle ait pu penser à cela.

Le premier chapitre démarre par une scène dans le métro absolument inoubliable, elle fera sourire les parisiens et les provinciaux qui sont si heureux de ne jamais utiliser les transports en « commun » parce qu’ils sont communs justement ! (Ce n’est pas de moi, c’est une réflexion du grand père).

Citations

La télévision aujourd’hui

Encore ignore-t-il l’existence du rap et des émissions de téléréalité. Ne m’a-t-il pas déclaré tout récemment : « un jour, tu vas voir, ils vont foutre des caméras dans une maison et filmer des crétins à ne rien faire » ? S’il savait. Je n’ose rien dire. Je n’ai jamais osé.

La jeunesse d’aujourd’hui vue par le grincheux

– On montre son cul, on a des anneaux dans le nez, on mange avec les doigts, on s’exprime par borborygmes, on se tape dessus au moindre désaccord, on se trémousse sur des rythmes binaires…ça ne t’évoque rien ?

– Euh…

– Moi si : l’âge des cavernes. des siècles de civilisation pour en arriver là ! Ce n’est pas triste c’est effroyable.

 L’opinion du grincheux sur les médecins

– Tu as vu un ophtalmo ?

– Un type qui te regarde dans les yeux pour te prendre ton fric ? Même les femmes n’osent plus faire ça.

 Le masculin

Que tu dises non, non et non ! A force de ne plus être machos, vous êtes devenus manchots, ma parole, toi et les hommes de ta génération !

Petite leçon d’économie

Pourquoi acheter, toujours acheter, quand on peut faire durer les choses ? Pourquoi jeter, toujours jeter, grossir les décharges, quand on peut réparer ? Tu as remarqué que les verbes « jeter » et « acheter » étaient très proches ? Cette machine, je la jette, cette machine, je l’achète, ça sonne pareil … Et voilà comment la fuite en avant continue, et vas-y que j’achète , et vas-y que je jette , et tant pis pour la planète ! En plus ça rime ! Tu vois je suis un grand poète. Un grand poète paria.

On en parle

Livre-esse, Cathulu

4
J’avoue avoir lu ce roman un peu à reculons , malgré les louanges que j’avais lues à son propos. La première raison c’est que je n’avais pas été charmée par le précédent roman de Maylis de Kérangal « Naissance d’un pont ». La deuxième, c’est la nature même de son sujet, le don et la greffe d’organe.

Je suis le plus souvent choquée par les campagnes incitant les citoyens à manifester leur volonté de donner leurs organes s’ils se retrouvaient en état de mort cérébrale. On insiste toujours sur le fait qu’ainsi ils peuvent sauver des vies et il y a toujours un discours culpabilisant vis à vis de eux qui ne souhaitent pas donner leurs organes. Et bien ce roman prend la peine d’évoquer sans jamais juger ni donner la moindre leçon de morale , l’état de souffrance absolue des parents qui apprennent la mort cérébrale de leur fils et doivent en même temps accepter, ou non, de donner ses organes.

Toutes les questions sont bien posées et on vit au plus près l’état de sidération dans lequel sont plongés les parents de Simon. La façon dont leur cerveau se fige à l’annonce qu’ils ne peuvent imaginer et leur plongée dans le plus noir des cauchemars. Ce qui rend ce roman exceptionnel, c’est le talent de Maylis de Kérangal, qui à partir de là, décrit tous les acteurs qui vont se mettre en mouvement , jusqu’à la « ré » implantation du cœur de Simon dans le corps de Claire. Tout cela se passe en moins de vingt quatre heures. Mais qui dit urgence et rapidité, n’empêche pas de sentir l’intensité du déroulement des vies celle du donneur, de ses parents, du receveur…

Cela permet à l’auteur de nous décrire plusieurs « types » de notre société . Face à la mort de ce jeune surfeur de dix neuf ans, elle rassemble, les différentes personnalités du corps médical : du prestigieux chef de service , héritier d’une dynastie de médecins parisiens, à l’infirmière du Havre aux amours compliquées. Un petit exemple bien vu de notre époque, l’infirmière qui attend désespérément un appel d’un amoureux et qui répond au médecin chef de service en sentant les vibrations de son portable, complètement partagée entre l’envie de regarder qui l’appelle et se concentrer sur ce qu’on est en train de lui reprocher. Notre époque vous dis-je !

Je comprends les louanges à propos de « Réparer les vivants » et je trouve qu’au delà du sujet choc , c’est un grand roman que je conseille à chacun et chacune de lire si ce n’est déjà fait.

 Citation

Un passage où on voit son talent à décrire des personnages ancrés dans notre société, mais aussi un bon exemple de son style, je raccourcirais volontiers certaines de ses phrases (mais pas celle -là) :

La plupart comédiens sur le carreau, débutants pleins de promesses ou éternels seconds couteaux de productions télévisuelles, arpenteurs de spots publicitaires, doublures, figurants, silhouettes, courant les castings pour amasser des heures, gagner de quoi payer un loyer – le plus souvent une colocation dans un arrondissement du nord-est parisien ou de la proche banlieue-, ou reconvertis coach pour des journées de formation aux techniques de vente – à domicile ou autres-, et finissant parfois par intégrer des panels de cobayes où ils louaient leurs corps, goûteurs de yaourt, testeurs de crème hydratante ou de shampoing antipoux, expérimentateur de pilules diurétiques.

On en parle

Clara et Cathulu et Kroll et bien d’autres avis intéressants sur Babelio

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque, thème littérature canadienne française.

4
Quel livre ! J’ai toujours su que je le lirai. Toutes les personnes qui m’en avaient parlé m’en avaient donné envie. Et puis…. le temps passait. Si l’un ou l’une d’entre vous ne l’avez pas pas encore lu , précipitez vous. Ce livre est dans toutes le bibliothèques , j’en suis certaine.

C’est une oeuvre autobiographique, Denise Bombardier est née au Québec et est élevée dans une foi catholique qu’on peut qualifier de très intense qui frise parfois l’obscurantisme et la bêtise absolue. Pendant cette lecture, je me disais que tous les croyants devraient lire ce livre pour comprendre comment des conduites aussi absurdes qu’inquisitrices peuvent produire exactement le contraire de l’effet escompté. Et pourtant, cette petite fille a mis toute son énergie pour devenir la plus parfaite des petites catholiques. Seulement voilà, elle avait aussi une grande envie de vivre et de s’instruire.

Alors patatras, une injustice de plus, une remarque encore plus absurde que la précédente et d’un coup elle a tout rejeté. Ce qui fait la force de ce témoignage , c’est qu’elle se souvient bien à quel point elle a cru et participé de tout son coeur au bourrage de crâne des sœurs qui, en plus de lui inculquer la religion catholique, l’amenaient à mépriser celles qui étaient moins en réussite qu’elle.

Ce qui est amusant c’est que l’ensemble du Québec a rejeté ces formes de religiosité ,Denis Bombardier n’a été en somme qu’une précurseur(e) d’un mouvement beaucoup plus général d’émancipation.

Citations

Drôle de sentiments de charité chrétienne (« les queues » sont la mauvaises élèves)

Lorsque, en préparant nos âmes, avant la confession bimensuelle, Mlle Tremblay nous demande : « Avez-vous aimé votre prochain comme vous-même ? » il ne me viendrait jamais à l’esprit de me sentir coupable de mon attitude odieuse à l’endroit des pauvres « queues ». Le prochain, ce sont mes égaux, elles sont mes inférieures.

Les gens instruits

 On se méfiait des gens trop instruits.Ils faisaient peur. Seuls échappaient à cette règle les médecins, les avocats et et les prêtres, qui incarnaient les trois besoins fondamentaux du Québec d’alors : se faire soigner si l’on est vraiment malade, pouvoir se défendre si l’on est attaqué, et sauver son âme pour s’assurer une vie meilleure dans l’au-delà. C’est pourquoi Maurice Duplessis avait tant de succès auprès des foules lorsqu’il lançait sa petite phrase : « L’instruction, c’est comme la boisson forte, y en a qui ne supporte pas ça. ».

 La foi

Mgr Léger, archevêque de Montréal , réussit à « mettre le Québec à genoux » , selon sa propre expression . Il devint la vedette du Chapelet en famille diffusé chaque soir à la radio . La cote d’écoute de l’émission battit tous les records et, en survolant le Québec à cette heure , on pouvait entendre durant quinze minutes le murmure d’un peuple entraîné par son pasteur vers le refuge sacré du sein de la Mère des mères.

On en parle

J attends vos réactions pour mettre un lien votre blog car je n’ai rien trouvé sur Babelio.

 Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque , thème le voyage. 

4
Et … Quel voyage ! L’écrivain explique, dans l’avant dernier chapitre, la genèse de ce roman historique. Cette épopée incroyable a, pour déclencheur, des faits authentiques,Michel Gardère en avait trouvé témoignage dans un petit livre qu’il a malencontreusement perdu et , malgré ses efforts désespérés , il n’en a, hélas ! retrouvé aucune trace mais en revanche, il a lu tout ce qui se rapporte à cette histoires qui est donc, en grande partie, véridique.

Des Arméniens vivant en Perse , dans un petit village chrétien, Khosrew Abad , sont réduits à la misère car ils ne peuvent plus faire face aux impôts levés par le Shah. Ces impôts sont exigés pour payer les dettes de la guerre perdue contre la Russie en 1828. Les villageois sont au bord de la faillite et risquent de se voir chasser de leur village , leurs biens confisqués,leurs femmes envoyées dans des bordels et les hommes en esclavage. Trois hommes entreprennent un périple incroyable pour se rendre à Paris afin d’y retrouver un ami du vendeur de chevaux qui lui avait parlé de la patrie des droits de l’homme et auprès de qui il pense trouver de l’aide.

Chahèn, le vendeur de chevaux espère retrouver son ami en France et ainsi sauver son village. Plusieurs sources attestent de ce périple et aussi de l’élan de solidarité de la part des catholiques français pour sauver ce petit village. Hélas ! un travail d’historien , montre que, si l’argent a bien été récolté , il s’est perdu dans les différentes rouages des églises orientales. (Décidément ce n’est pas d’aujourd’hui que l’argent des causes humanitaires sert surtout à faire vivre les organisations plutôt que de soulager les gens victimes des catastrophes).

L’écrivain fait revivre dans ce roman trois personnages haut en couleur et retrace leur périple. On sent une jubilation dans l’écriture et on sent aussi le plaisir de Michel Gardère qui doit être un conteur plein de vie. L ‘écriture est fleurie et très moderne , on a parfois l’impression de lire des romans de cap et d’épée , ou encore du Rabelais à la sauce Zevaco. Cela pour dire que j’ai eu un peu de mal avec le style mais qu’il ne faut pas s’arrêter à des formules toute faites et quelque peu anachroniques du genre :

Plate comme le pays de Jacques Brel sans ses canaux, mais avec ses canards , la steppe offrait pour seul obstacle à la monotonies des petits monticules de terre qui surgissaient de proche en proche.

On est emporté par la verve du conteur et on est bien dans cette histoire qui nous permet de visiter des contrées lointaines dans l’espace et dans le temps. Ah oui, vous vous dites que de Perse à Paris surtout à pied ça prend du temps ! Mais vous êtes loin du compte , nos trois compères veulent absolument avoir la bénédiction de la plus haute autorité ecclésiastique de leur mouvance religieuse . Les Arméniens sont plus proches des orthodoxes que des catholiques, alors avant de rejoindre Paris il leur faudra passer par les principaux lieux de ferveur religieuses : Salmas, Erevan, Odessa, Kiev, Moscou, Saint Pétersbourg … Ce n’est pas le chemin le plus direct , mais c’est celui que leur foi les oblige à prendre. Enfin bénis et bien fatigués ils peuvent se rapprocher de Paris.

L’auteur a créé un trio , très sympathique , entre Chahèn, le sage septique qui perd peu à peu confiance dans les valeurs de la religion , le colosse Bartev qui impressionne tout le monde par sa force et son courage , et donne des complexes à ses deux compagnons parce que chez lui tout est plus grand que chez les autres (oui même les parties intimes de son anatomie !), Gaïdzag le jeune voleur avide de tout savoir .

La vie de tous les jours entre ses trois compères est faite d’amour et de fidélité et les aventures se succèdent à un bon rythme, on ne s’ennuie pas , on s’amuse très souvent.

 Citations

le féminisme religieux

Si la femme était bonne à quelque chose, Dieu en aurait une auprès de lui.

 Les comparaisons de zizis

Les deux autres pèlerins frileux découvrirent avec beaucoup de surprise -à dire vrai de stupéfaction- que le géant ne l’était pas que par la taille. Tout chez lui était démesuré. Tout. Même en sortant de l’eau glacée. Sans se concerter, ils décidèrent qu’ils ne se laveraient que le haut du corps, jusqu’à la taille. En trempant la main dans l’eau et en la frictionnant sous leur bras et sur leur ventre. Le reste -et singulièrement leur virilité- attendrait bien un jour ou deux.

 Réflexion pleine de sens

Quand les sens partent dans tous les sens , la vie prend du sens , mais on perd le sens de la vie.

 Les Kurdes et l’éternel humain

Des bandes de brigands kurdes menaçaient souvent les convois mais ne prenaient jamais de risque s’ils étaient escortés. Délicieux paradoxe : bien souvent la garde se composait exclusivement de Kurdes provisoirement rangés.

 Le pari pascalien

Si Dieu n’existe pas , je peux évidemment faire ce que je crois juste. Mais s’il existe et que les catholicos est vraiment son porte-parole, je cours un risque personnel , ce qui n’est pas bien grave, mais j’en fais courir un bien plus terrible à mes compagnons et à mon peuple. Et je n’en ai pas le droit . C’est sur cette terrible dualité du doute que l’Église- toute les Églises- a bâti son message et sa force. Je ne peux pas démontrer que Dieu est une invention de l’homme , mais je ne peux pas non plus prouver qu’il n’existe pas.

Une formule amusante

Fuir , c’est prendre son courage à deux pieds.

On en parle

un nouveau blog « une pause livre« 

 Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque

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Encore une fois, j’ai oublié sur quel blog j’avais acquis la certitude que je lirai ce livre. 
Mais lorsque la bibliothécaire, responsable de mon club de lecture (qui a enfin repris ses activités après un an d’absence),a proposé ce livre, je me suis précipitée. Pour moi, il s’agit plus d’un roman que d’une biographie du fils schizophrène d’Albert Einstein, Eduard.

Laurent Seksik a consulté toutes les sources disponibles pour essayer de cerner au plus près les relations dans la famille Einstein. Il est médecin et il a mis son savoir médical au service de la compréhension de la schizophrénie d’Eduard. Mais la relation entre le père et le fils demeure du domaine de l’intime , et aucun biographe ne pourra jamais la faire comprendre complètement. Je craignais avant la lecture que la phrase en quatrième de couverture : « Le fils d’Einstein finira ses jours parmi les fous, délaissés de tous, dans le plus total dénuement. » soit le fil conducteur du roman et qu’on assiste à un déboulonnage en règle de la célébrité d’Einstein.

Ce n’est absolument pas le cas. Eduard est le fils de la première femme d’Einstein, et l’éloignement de son père est, aussi, le résultat d’un divorce très douloureux et des violences de la guerre. Einstein a dû fuir l’Allemagne nazie en laissant tous ses biens derrière lui, il est arrivé en Amérique mais ses positions antiracistes lui ont valu la réprobation d’une grande partie des classes dirigeantes de ce pays.

L’auteur ne justifie rien, il expose des vies déchirées par l’horreur du temps et en particulier du nazisme, par le divorce et la maladie mentale. Bien avant d’être célèbre, le couple Einstein a connu l’horreur de perdre une petite fille qu’ils avaient mis en nourrice, évidemment son épouse s’en voudra beaucoup et lui, a caché et sans doute nié, ce fait toute sa vie. Liserl aurait-elle vécu si elle était restée près d’eux ? Comment soignait-on la scarlatine à cette époque ? J’avoue avoir été plus choquée par la mort du fils de leur fils aîné , Hans-Albert qui refusera au petit Klaus les soins pour une diphtérie au nom de sa foi dans l’église scientiste !

Ce livre pose cette question à tous ceux qui connaissent la maladie mentale : comment aider un schizophrène qui s’enferme dans un rejet violent de toute forme de compassion . La famille est souvent la plus mal placée pour aider le malade . Eduard semble haïr son père , alors que sans doute il aurait voulu que celui-ci s’occupe de lui. Je pense que seule une institution faisant preuve d’humanité peut réellement aider le malade qu’il soit fils d’Einstein ou du plus parfait inconnu.

Loin de tout voyeurisme ce livre m’a bouleversée , et je le trouve d’une honnêteté admirable !

Citations

Être le fils d’Einstein

 Peut-être que de nombreuses personnes se présentent en ce lieu en affirmant être le fils d’Einstein. Je ne leur jetterai pas la pierre. Porter un illustre patronyme peut être considéré comme une chance. On croit que la gloire rejaillira sur soi. On se trompe lourdement. Le nom d’Einstein est une charge pour le commun des mortels. Une seule personne possède les épaules assez solides pour supporter un tel fardeau : mon père. Ni mon frère ni moi n’avons la stature. Voilà la cause de mes tracas si c’est ce que vous cherchez.

 Le lourd secret

Liserl était le secret le mieux préservé de la légende Einstein, mieux gardé que celui des Templiers. Aucun registre n’attestera jamais de sa naissance. Nul ne se doute encore aujourd’hui, en 1930, trente ans après les faits qu’Albert et elle avaient eu et abandonné un enfant, que cette enfant était décédée. Liserl Einstein était effacée des mémoires.

Note d’humour (il y en a peu !)

La production a utilisé une doublure pour la fin. Finalement il n’y a pas que moi qui me dédouble. Mais moi, ce n’est jamais du cinéma.

 La neutralité Suisse

Nos coffres sont pleins et nous n’avons pas connu la guerre. Préférerais-tu l’inverse ? La Suisse n’a jamais été en guerre. Elle n’a souhaité la défaite de personne , la victoire de personne. Qui prétendra le contraire est un menteur. Soit il te ment maintenant à toi et à tes Alliers vainqueurs, soit il a menti aux Boches pendant six ans.

 Le courage d’Einstein et la faiblesse d’un père

Il a eu tous les courages. Braver la Gestapo,soutenir, un des premiers, la cause des Noirs, aider à la création d’un état juif , braver le FBI, ne pas baisser l’échine, ne jamais renoncer, écrire à Roosevelt pour construire la bombe contre l’Allemagne et écrire à Roosevelt pour arrêter la bombe destinée au Japon. Soutenir les juifs opprimés par le Reich. Pétitionner. Être en première ligne. Mais aller voir son fils est au-dessus de ses forces. Il a trouvé ses limites. Seul l’univers ne connaît pas de limites.

 Le rapport père fils

Il est le père d’Eduard. Qu’est ce que cela signifie ?

Les pères engendrent les fils. Mais ce sont les fils qui rendent père leur géniteur, qui font d’eux des hommes.

On en parle

Dans Babelio