Traduit du hongrois par Marcelle Régnier et Georges Régnier.

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Les Braises est considéré comme un chef-d’œuvre par de nombreux lecteurs et critiques. J’avais déjà lu Métamorphose d’un mariage du même auteur sans beaucoup apprécier, tout le monde m’a dit qu’il fallait lire les Braises. C’est fait, je sais de façon définitive que cet auteur n’est pas pour moi. J’ai retrouvé la même lourdeur et lenteur. Il s’agit d’un long monologue puis dialogue autour d’une trahison et du désir de vengeance. Tout y est très finement analysé.

On a l’impression d’un arrêt sur image de 200 pages. Les films d’Ingmar Bergman à côté c’est Speedy Gonzales !

Citations

 « Je veux être poète ! » dit il un jour en contemplant la mer, le regard rêveur sous les paupières mi-closes, tandis que ses boucles blondes ondoyaient dans le vent chaud. La nourrice l’entoura de ses bras et pressa sa tête contre son sein.

 » Non, tu seras soldat.  » dit-elle.

« Comme mon père ? » questionna-t-il et, déçu, il secoua la tête.

Il doit être atroce le moment où la tentation subjugue un cœur humain et où un homme lève son arme pour tuer son ami.

On en parle

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J’avais lu ce roman, il y a deux ans je crois. Et je l’avais apprécié. Je l’ai relu en ayant en tête toutes les critiques, plutôt négatives, que j’ai entendues depuis. Je suis toujours sensible à la rencontre de Renée la concierge et de Paloma la jeune fille de 13 ans suicidaire. Et le romanesque l’emporte sur les défauts. Il est vrai que les personnages sont caricaturaux, il est vrai qu’on y trouve tous les clichés sur les « bobos », il est vrai que les qualités n’existent que chez les pauvres et un richissime japonais et que le tout est parsemé de concepts philosophiques qui ne rajoutent pas grand chose au roman.

Malgré tout cela, j’ai passé un bon moment de lecture. Le seul grief, pour moi, c’est d’avoir cédé à la mode actuel du héros surdoué. C’est très agaçant comme s’il ne suffisait pas d’avoir une intelligence normale pour être sensible à l’amour, à l’art et comprendre ses semblables.

Citations

Madame Michel, elle a l’élégance du hérisson : à l’extérieur, elle est bardée de piquants, une vraie forteresse, mais j’ai l’impression qu’à l’intérieur, elle est aussi simplement raffinée que les hérissons, qui sont des petites bêtes faussement indolentes, farouchement solitaires et terriblement élégantes.

 

Les enfants aident à différer la douloureuse tâche de se faire face à soi même et les petits-enfants y pourvoient ensuite.

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Roman très court, un peu plus long qu’une nouvelle. Très facile à lire, on survole la vie de l’auteur petite fille d’une famille juive touchée par la Shoa. Le livre reste superficiel, même si un certain nombre des remarques me semble très juste.

Les quelques pages sur Korczak, éducateur juif polonais qui est mort avec les orphelins dont il avait la charge sont bouversantes .

Citations

J’ai inventé un adage selon lequel des amoureux se quittent, la plupart du temps, pour les mêmes motifs que ceux qui avaient présidé à leur union… Le poison est dans l’élixir.

 Les nazis nous traitent de cancrelats, ils nous voient comme des montres infestés de vermine, des sous-hommes, nous comparent aux fruits gâtés qu’il convient de détruire afin qu’ils ne contaminent pas les récoltes saines, et nous chantons, et nous disons des vers, nous récitons la Divine Comédie , des fables et des comptines. Cela ne sert à rien, on meurt quand même. L’art ne sert à rien, car on meurt toujours. Mais l’image reste. L’image d’un convoi d’enfants qui chantent en allant vers la mort et disent « en nous exterminant, c’est vous-mêmes que vous tuez »

Site où on en parle

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Livre intéressant : un Sénégalais, Omar Ba, essaie de convaincre ses compatriotes qu’ils ont plus d’avenir au Sénégal qu’en France. Il étudie de façon objective , tous les drames de l’exil. C’est un point de vue rare et précieux et on sent qu’il n’hésite pas à aller à contre-courant des pensées consensuelles dictées par la bonne, ou mauvaise, conscience. Malheureusement son point de vue est affaibli parce qu’il vit en France ; il annonce qu’il retournera vivre au Sénégal. Je l’espère sinon son livre perdra beaucoup de force.

Citations

 Je dédie ce livre à tous ceux qui ne pensent pas comme moi.

Le qu’en dira-t-on, dont on fait son pain quotidien en Afrique, crée un véritable handicap lorsqu’il s’agit de prendre des décisions personnelles.

Il est urgent d’attaquer le problème de l’immigration illégale sous l’angle du trafic d’êtres humains. Trop souvent on vacille entre l’extrémisme de la droite et l’angélisme de la gauche pendant que se poursuit la ruée macabre vers l’Europe.

L’ordre de prendre une pirogue ne vient d’aucun Etat du Nord, quand bien même ils sont en partie responsables.

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On se laisse prendre à ce roman historique,c’est un bon roman, sans plus. Je l’ai lu cependant jusqu’au bout, sans trop d’ennui. Cette période de l’inquisition en Espagne du 15e et 16e siècle est vraiment une horreur à vous dégoûter de la religion catholique.

Citation

Elle ferma les paupières, comme si elle voulait tendre un voile entre elle et l’horreur. quand elle rouvrit les yeux, deux condamnés étaient déjà la proie des flammes. Le premier agonisait sans un cri. Le second hurlait, suppliait et se débattait, tant et si bien que ses liens, déjà consumés, se détachèrent. Il jeta du haut du quemadero, torche vivante. Les bourreaux se précipitèrent sur lui. On réussit à lui entraver les pieds, on le replongea dans le feu. Il y demeura l’espace d’un credo et se précipita à nouveau hors du bûcher. Cette fois, un des soldats l’assomma du canon de son arme avant de le rejeter définitivement dans le brasier.
Une odeur âcre avait submergé l’air du couchant. Une odeur de suint, de sueur, fondue dans la pestilence des chairs brûlée.

Je suis assez d’accord avec cet avis trouvé sur le net

28 avril 1487 à Tolède. En pleine inquisition espagnole, la Dona Vivero assiste à un autodafé. Parmi les condamnés, le calme apparent d’un homme retient toute son attention. Cet homme, c’est Aben Baruel. Possesseur du Livre de Saphir, écrit de la main de Dieu, il l’a caché avant de mourir. Par l’intermédiaire de courriers post-mortem, il charge trois hommes de le retrouver : Samuel Ezra, le rabbin ; Cheikh Ibn Sarrag, le musulman et Raphaël Vargas, descendant des templiers et moine franciscain. Ces trois hommes, de confessions apparemment opposées, vont devoir taire leurs discordances pour résoudre les énigmes qui jalonnent leur chemin. Car Aben Baruel a distribué à chacun d’eux une partie des indices. Seule leur union leur permettra de venir à bout de cette quête. Au cours de leur investigation, il vont croiser le chemin de la Dona Vivero. Elle assure détenir la clé finale de leur parcours.

C’est un roman qui se lit très facilement. On se laisse rapidement entraîner par l’intrigue et les descriptions de l’Espagne du 15ème siècle sont saisissantes. Pourtant, je n’ai pas pu m’empêcher de noter quelques invraisemblances et anachronismes flagrants. Pour n’en citer qu’un parmi d’autres, Gilbert Sinoué écrit à la page 286 : « C’est tout de même meilleur que vos oeufs frits au lard, vos sempiternels duelos y quebrantos, vos sardines et vos pommes de terre ».
Sachant que nous sommes en 1487, que Christophe Colomb (qui intervient d’ailleurs dans ce récit) n’a pas encore découvert les Amériques, et que les pommes de terre ne seront introduites en Espagne qu’au 16ème siècle (1534 pour être précise), j’ai trouvé ce passage pour le moins risible… Et ce n’est pas la seule erreur indéniable de ce roman dit « historique ». Mettons donc de côté l’aspect « historique », pour conservé la part « mystique ».

J’avoue que j’ai trouvé la conclusion assez drôle. Moi, l’athée convaincue, j’ai toujours été persuadée que Dieu était une idée dangereuse. L’interprétation que j’ai faite de la fin de cette épopée n’a fait que me conforter dans ce sens. Mais je ne peux pas plus vous expliquer ici, au risque de déflorer le ressort de l’intrigue. Un bon roman pour l’été, si on n’est pas trop difficile sur l’exactitude historique.

Traduit du hongrois par Georges Kassai et Zeno Bianu.

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J’ai relu ce livre après avoir découvert une excellente critique sur un blog. Je m’y suis accrochée, cramponnée, pendant quinze jours de mes vacances d’été. J’ai réussi à le finir mais je me suis vraiment ennuyée. Justement, l’ennui ? : C’est un livre sur l’ennui de vivre ,donc réussi ?

Trois points de vue se croisent pour expliquer un échec amoureux et raconter la fin d’une société en Hongrie. Le premier celui de la première femme d’un grand notable hongrois, qui aime son mari, hélas, elle comprend qu’il en aime une autre. Comme elle appartient à une couche sociale un peu moins élevée que lui, elle n’est complètement à l’aise dans son monde. La deuxième voix : le mari qui s’ennuie désespérément et qui se sentira finalement trahi par la bonne qu’il a fini par épouser malgré l’énorme différence sociale. La bonne qui n’aime pas grand monde, mais qui est très belle son point de vue nous permet de comprendre vraiment le niveau social du personnage principal. En toile de fond la fin de la haute bourgeoisie et l’arrivée des Russes en Hongrie.

Tous ces personnages se racontent à un personnage qu’on ne connaît pas et cela donne une lourdeur au roman qui m’a rendu la lecture parfois insupportable.

Citations

 La mère du personnage principal

Voilà c’est comme ça…il y en a un qui aime plus que l’autre. Pourtant, c’est celui qui aime qui a la tâche la plus facile. Tu aimes ton mari, alors, même si tu souffres tu as la meilleure part. Moi, il m’a fallu supporter un amour que je ne partageais pas. Voilà qui est bien plus difficile.

Le grand bourgeois

Oui seul le petit-bourgeois est cérémonieux. Car il a besoin de l’être pour se prouver quelque chose jusqu’à la fin de sa vie.

En fait, la plupart des êtres humains sont incapables de donner et de recevoir, leur lâcheté et leur vanité s’y opposent, ils ont peur de l’échec, peur de se livrer à autrui, de révéler leur secret, leur triste faiblesse, leur besoin vital de tendresse.

La fin du roman

Nous sommes sortis ensemble comme de vrais amis, comme deux hommes qui avaient couché avec la même femme sous une même couverture. Vois-tu c’est ça, la vraie démocratie.

Traduit de L’anglais (États Unis) par François Hirsch.

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La question que je me pose : pourquoi un auteur a-t-il besoin d’imaginer une fin de vie sur terre aussi atroce ? Un père et un fils errent sur une terre désolée après une apocalypse. La nature est devenue hostile, les hommes sont pour la plupart des hordes de cannibales. Le dialogue du père et du fils est poignant. Quelques paragraphes sur la beauté de notre monde sonnent comme autant de mises en garde de ce que nous risquons de perdre si nous détruisons notre seul bien commun à tous : la planète terre.

Ce livre m’a rendue triste et m’a mise très mal à l’aise, je ne peux pas dire que je l’ai apprécié mais je n’ai pas pu le lâcher avant la fin.

Citations

Dilaogue père fils

– J’ai dit qu’on n’était pas en train de mourir. Je n’ai pas dit qu’on ne mourrait pas de faim.
– Mais on ne mangerait personne ?
– Non. Personne.
– Quoi qu’il arrive.
– Jamais. Quoi qu’il arrive.
– Parce qu’on est des gentils.
– Oui.
– Et qu’on porte le feu.
– Et qu’on porte le feu. Oui.
– D’accord

 Fin du livre

Autrefois il y avait des truites de torrent dans les montagnes. On pouvait les voir immobiles dressées dans le courant couleur d’ambre où les bordures blanches de leurs nageoires ondulaient doucement au fil de l’eau. Elles avaient un parfum de mousse quand on les prenait dans la main. Lisses et musclées et élastiques. Sur leur dos il y avait des dessins en pointillé qui étaient des cartes du monde en son devenir. Des cartes et des labyrinthes. D’une chose qu’on ne pourrait pas refaire. Ni réparer. Dans les vals profonds qu’elles habitaient toutes les choses étaient plus anciennes que l’homme et leur murmure était de mystère.