Lu grâce au club de lecture de la média­thèque de Dinard.

Une lecture fluide et rapide (142 pages), ce n’est pas un roman désagréable loin de là. L’histoire suit le trajet d’ne jeune femme brillante qui photographie des enfants pour les mettre sur des catalogues. Elle rejoint sa sœur qui est enceinte. Ces deux jeunes femmes ont été réunies à travers l’amour d’une femme Irène, mère biologique pour Eva, adoptive pour Liv. Malheureusement, Irène vieillit dans une maison médicale car elle a la maladie d’Alzheimer. Pendant le trajet entre Paris et la frontière est de la France, l’auteure reconstitue la vie des ces trois personnes.

La réflexion sur les enfants top-modèles est intéressante mais pas très originales, détruire l’enfance parce que l’objectif d’un appareil va en faire des jouets pour le regard des adultes, c’est tellement évident ! la vie de Liv, son enfance et son adaptation dans la vie sociale après son adoption m’a intéressée, mais la description de sa façon de « guérir » le mal-être des gens est très peu crédible, en une phrase elle fait mieux qu’une thérapeute en plusieurs années. Irène, leur mère, attend la fin de sa vie dans la « Maison Sérénité » ; Pour ce thème, on retrouve bien ce que l’on connaît de ces malades et de ces maisons. Je sais que j’oublierai très vite ce roman, sa longueur n’est pas le seul critère qui fait que je le classe sans trop le vouloir, dans les lectures légères et qui ne me marquent pas.

Citations

Les pensées en voiture

Elle voudrait chasser les souvenirs de cette séance photo de l’intérieur de la voiture, mais les pensées font ce qu’elles veulent de nous. Si elles veulent entrer dans les voitures, elles entrent, elles n’attendent pas qu’on les prie.

Le travail d’Éva

le numéro Adorable boudeuse, l’un des thèmes qui avaient le mieux marché, à croire que les gens n’aimaient rien tant que les emmerdeuses, après tout rien de nouveau sous le soleil, ça faisait belle lurette que les emmerdeuses étaient considérées comme les êtres les plus attractifs de la Création, qui aurait envie de faire la cour à une béni-oui-oui ?

Les enfants top-modèles

L’histoire des enfants qui posent pour Lamb est déjà contenue dans leurs prénom. Leurs parents leur donnent à la naissance des noms de femmes vénales.
Une autre question qu’elle se pose aussi à propos des modèles est celle de leur motivation. Pourquoi acceptent-ils de poser ainsi ? Sa conclusion ne varie pas : les enfants font ça pour être aimé de leurs parents. Pour l’être ils sont prêt à tout.

20161115_181631Traduit de l’anglais par Olivier DEPARIS.

3Roman très « British » prêté par ma voisine qui adore nos « grands voisins », en me le laissant elle m’a dit : « Il faut lire ce roman pour comprendre le Brexit ». Pendant toute la lecture je me suis demandé pourquoi elle m’avait dit cela, en vérité je ne le sais toujours pas, mais je peux assurer que c’est une plongée au cœur de la société britannique et le moins qu’on puisse dire, c’est que malgré l’aspect satyrique et l’humour de l’auteur ce n’est guère réjouissant. La trame narrative suit de destin d’un certain Brian Marley, professeur d’anglais langue étrangère dans une école pour étrangers comme il y en a tant à Londres.

Divorcé et père d’un jeune enfant, sa vie est morose malgré sa rencontre avec la jeune étudiante Consuela dont il est amoureux, alors pour s’enrichir de 2 millions de livres, il accepte de partir en Papouasie, Nouvelle Guinée au milieu de la jungle et être le survivant d’une aventure filmée par une équipe de la BBC animant une émission dite de  » télé-réalité » . Alors que l’avant dernier candidat, au bord de la folie, doit être évacué et que Brian est donc en passe de devenir millionnaire, un accident d’hélicoptère le laisse seul dans une île déserte couverte d’une jungle très hostile à la présence humaine. La description de l’équipe des jeux télévisés est hélas trop proche de la réalité, leur envie de faire de l’audience n’est freinée par aucune considération humaine. Sommes-nous loin de la réalité ? même la mort d’un candidat n’a pas empêché un jeu télévisé de reprendre, et des hélicoptères qui s’écrasent lors d’une émission de télé-réalité cela me rappelle quelque chose…. Mais contre toute attente Brian va survivre, parce que cette île n’est pas vierge , il doit sa survie à un groupe d’Anglais victime d’un accident d’avion dans les années 50.

Ensemble ils vont réussir à rejoindre leur chère Patrie : le Royaume Uni . James Hawes peut ainsi mener une charge au vitriol contre les animateurs de Télé-réalité , rien de bien neuf mais c’est bien raconté. Mais comme nous nous retrouvons avec des Anglais typiques nous avons aussi le droit à une charge, non moins sévère, contre la soi disant grandeur de l’empire britannique colonialiste. Entre la vulgarité de ceux qui gagnent de l’argent trop facilement et qui passent leur temps à mépriser la pauvreté et le retour aux valeurs traditionnelles de la grande Bretagne portées par un parti conservateur le pauvre Brian Marley a peu de chance de trouver un quelconque bonheur surtout qu’il n’arrive pas à choisir entre sa mère, Consuela et George la jeune femme qu’il a ramenée de son île.

Roman qui brasse donc des aspects fort désagréables de notre société mais qui est un peu touffu et je dois avouer que j’en ai accéléré la lecture quand ils sont revenus en Angleterre. Je savais qu’on ne pouvait pas s’attendre à ce que ce pauvre Bob Marley réussisse enfin à prendre sa vie en mains. Pour mener à bien sa satyre, l’auteur a besoin d’un personnage un peu creux que les événements vont ballotter à leur guise et qui a souvent le don de m’ennuyer.

Citations

La télé-réalité

Ils (les concurrents) avaient tous finis par être évacués dans un état d’effondrement mental et physique total (de grands moments de télévision !)

Vision de l’Europe vu de la Grande Bretagne

Les Allemands aiment les Irlandais parce que c’est le seul pays qui ne ressort pas les vieux dossiers qui fâchent à chaque fois que les Allemands en ont marre de tout payer ; quant aux Français, ils aiment les Irlandais parce qu’ils pensent qu’aimer les Irlandais nous dérange, nous.

Humour à propos de Noël vu du mois de janvier

Noël, à présent, n’est plus qu’une méchante ombre sur la balance de la salle de bains et sur l’encours de la carte de crédit.

Réaction émotive anglaise

– Ah !
– Ah ! comme tu dis. La seule vraie réaction anglaise face à n’importe quelle émotion.

Les Anglais vus par un général vénézuélien

Il savait que les Anglais se comportaient comme des Anglais parce qu’ils se l’imposaient et qu’au fond d’eux c’étaient des fous furieux qui n’aspiraient qu’à terroriser la planète. Avant de devenir des Anglais, ils avaient été des pirates et des barbares. A présent, c’étaient des pirates et des barbares bien élevés et en costume de laine.

La célébrité et la télévision

Tous les gens importants passent à la télé, et les gens finissent par croire que ça marche aussi dans l’autre sens, que si on passe à la télé, c’est qu’on est quelqu’un d’important.

20161127_093233Traduit de l’anglais (États-Unis) par Anouk NEUHOFF. Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thè­que de Dinard

3
Déception ! Que je veux aussi partager avec vous car j’avais noté ce roman dans un blog, mais lequel ? Le début m’a accrochée, car je ne peux imaginer cette conduite : une femme, de 70 ans environ, propose à un homme du même âge qu’elle connaît sans s’être jamais rapprochée de lui, de partager ses nuits. Je trouve que c’est d’une audace inimaginable, autant je peux croire qu’on invite une personne à partager des moments dans la journée mais les nuits ? Alors, sans aucune hésitation, je suis partie dans la vie de ces deux audacieux personnages. Et j’ai aimé que leurs deux existences n’aient rien d’audacieux, bien au contraire, cadres moyens d’une petite ville de province, ils se découvrent l’un l’autre dans une vie faite surtout de frustrations et de coups du destin. Et puis la fin gâche vraiment tout, cette femme qui s’en fiche du « quand dira-t-on » est incapable de résister à son taré de fils qui a déjà fait le malheur de sa femme et de son fils.

Alors évidemment le roman m’a agacée, je ne cherchais pas un happy-end mais à ce que les personnalités se tiennent un peu plus que ça. J’ai revisité alors ma lecture et je me suis rendu compte que beaucoup de détails ne fonctionnaient pas pour moi. Pourquoi ne vient-elle jamais chez lui ? Pourquoi n’en parlent-ils pas à leurs enfants et qu’ils laissent la rumeur arriver jusqu’à eux ? Mais il faut sans doute passer au-dessus de tout cela, pour découvrir que l’Amérique sous des allures de pays de la liberté est, du côté des mœurs, un pays étroit et mesquin. Et je rajoute que j’ai été toute seule à avoir des réticences par rapport à cette histoire qui a beaucoup plu aux membres du club qui lui ont donné un coup de cœur à l’unanimité moins une voix : la mienne.

Citations

Lorsque j’ai cru beaucoup aimer ce roman

Ça fait trop longtemps que nous sommes sans personne. Des années. La compagnie me manque. À vous aussi, sans doute. Je me demandais si vous accepteriez de venir dormir avec moi certaines nuits. Non, il ne s’agit pas de sexe… Je parle de passer le cap des nuits. Et être allongés au chaud sous les draps de manière complice.

20161014_160713Lu grâce au club de lecture de la média­thèque de Dinard,

3
Avec cet humour que l’on dit « juif » Joann Sfar, l’auteur du « Chat du Rabbin » raconte sa tristesse à la mort de son père. Orphelin d’une mère « partie en voyage » alors qu’il avait quatre ans, ce père brillant, beau, dragueur, bagarreur a comblé la vie de ce dessinateur de Bandes Dessinées, cinéaste et romancier. Et le vide qu’il laisse après sa mort dans le cœur de son fils ne peut que difficilement se refermer. Alors, celui-ci écrit ce livre et dans un joyeux pèle-mêle raconte toutes ses joies et peines d’enfants qui viennent sous sa plume et vont lui servir exorcisme à sa douleur. Nous sommes dans la veine des dessinateurs de « Charlie Hebdo » plein d’irrespect mais aussi plein d’amour pour un père qui a su lui donner l’envie de vivre. Divisé en petit chapitre, ce texte m’a parfois ravie et souvent amusée mais pas tout le temps. C’est comme pour « Charlie Hebdo » parfois je me sens loin de cet humour, tout en reconnaissant le talent de ces humoristes.

Citations

La foi

Je ne contredis jamais mon cousin Paul. Parce que je l’aime. Parce que sa foi me rassure. Parce que j’aimais l’autorité qu’il avait sur moi quand j’étais enfant. Je ne sais pas au sujet de Dieu, mais pour mon cousin, j’ai toujours aimé le croire. Même si je n’y parviens pas.

Humour et style

Dans ma famille, on m’a dit qu’être avec une fille non juive, c’était aussi grave que d’être pédé (côté famille paternelle, car côté maman on a eu Hitler alors on n’a pas eu le temps pour embêter ses semblables).

Humour grinçant

Pour résumer, on peut l’appeler Yitzak Rabin ou Anouar el-Sadate : à chaque fois qu’un homme a sincèrement tenté de faire la paix dans cette région, il s’est pris une balle dans la tête.

20160716_131754Traduit de l’anglais par Hélène Hinfray

3
Je conseille la lecture de ce court témoignage à tous les fans de « Downton Abbey ». La quatrième de couverture dit que ce récit inspira plusieurs scénaristes dont Julian Fellowes (créateur de Downton Abbey). Mais ne vous attendez pas à retrouver la série, contrairement au personnage de Daisy, Margaret Powel est une jeune fille qui a tout de suite eu une conscience aiguë des limites de sa condition. Elle ne fait pas partie de ceux ou celles qui, à l’image de Carson ou de Mme Hughes, s’identifient complètement à la famille qu’ils servent. Elle cherche par tous les moyens à sortir de sa condition d’aide cuisinière et pour cela change le plus souvent possible d’employés. Cela nous vaut une série de portraits des riches familles anglaises hautes en couleurs ! Entre celle où on l’oblige à repasser les lacets des chaussures, celles où on ne les nourrit pas assez, celles où on les fait trimer comme des bêtes de somme, tout cela donne une vision bien éloignée de notre chère famille Crawley. Une seule famille semble un peu corresponde à cet idéal, mais Margaret n’y reste pas longtemps car elle veut surtout se marier et ne plus être au service de.. Ce qui donne autant d’énergie à cette toute jeune fille c’est une éducation rude mais très joyeuse au bord de la mer à Hove près de Brighton. Elle y a acquis une vision très juste de la société. Bien sûr le style est très plat mais on ne s’attend pas à plus pour ce témoignage très vivant.
Pour le plaisir d’entendre sa voix voici un petit film où elle recommande de manger du poulet anglais :

Citations

L’importance du dimanche dans sa famille

Enfin, on ne peut pas dire non plus que l’église jouait un grand rôle dans la vie de mes parents. Je crois qu’ils n’avaient pas vraiment de temps à consacrer à ça ; ou plus exactement ils n’en avaient pas envie. D’ailleurs on était plusieurs dans la famille à ne pas être baptisés. N’empêche qu’on devait tous aller au catéchisme le dimanche. Pas parce que nos parents étaient croyants, mais parce que pendant ce temps-là on n’était pas dans leurs jambes. Le Dimanche après-midi, c’était le moment où il faisait l’amour.

L’école

Mais ce qui était formidable à l’école, c’est qu’on devait apprendre. À mon avis, il n’y a rien de plus important que de savoir lire et écrire et compter. C’est de ces trois choses-là qu’on a besoin si on veut travailler et gagner sa vie. Nous, on nous forçait à apprendre , et je pense que les enfants il faut les forcer. Je ne crois pas aux théories comme quoi « s’ils n’en ont pas envie ça ne leur apportera rien ». Bien sûr que ça leur apportera quelque chose . Nous, notre maîtresse venait nous donner une bonne gifle quand elle nous voyait bayer aux corneilles. Et croyez-moi, quand on sortait de l’école on sortait avec quelque chose.

L’intérêt des patrons pour leurs domestiques

En fait pendant toute ma vie en condition j’ai constaté que les patrons se souciaient toujours énormément de notre bien-être moral. Ils se fichaient pas mal de notre bien-être physique. Pourvu qu’on soit capable de bosser, ça leur était bien égal qu’on ait mal au dos, au ventre ou ailleurs ? Mais tout ce qui avait à voir avec notre moralité, ils trouvaient que ça les regardait. C’est ce qu’ils appelaient « prendre soin des domestiques » s’intéresser à ceux d’en bas. Ça ne les dérangeaient pas qu’on fasse de grosses journées, qu’on manque de liberté et qu’on soit mal payé ; du moment qu’on travaillait bien et qu’on savait que c’était le Bon Dieu qui avait tout organisé pour que nous on soit en bas à trimer et qu’eux ils vivent dans le confort et le luxe, ça leur convenait parfaitement.

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Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Isabelle Caron. Lu dans le cadre du meilleur des coups de coeur de l’année 2015/2016 au club de lecture de la médiathèque de Dinard

3
J’ai eu beaucoup de mal à lire ce livre qui utilise un procédé étonnant et, comme tous les procédés, très artificiels. Le personnage principal est souvent en grand danger de mort, en si grand danger que la mort l’emporte … le roman pourrait alors s’arrêter. Ce serait méconnaître le pouvoir de l’écrivain qui reprend là où l’histoire s’est mal engagée pour la survie d’Ursula . Ce bébé meurt au chapitre un, à la naissance car le médecin n’a pas pu arriver à temps, à cause de la neige. Kate Atkinson reprend : le médecin arrive et Ursula respire…. Puis, elle périra noyée mais en reprenant le récit là où le danger était si grand que la fin logique était la noyade, elle sera sauvée par un peintre qui peignait une marine de cette si belle côte avec deux enfants jouant sur le rivage.

Bref, de récit en récit, on arrive à connaître parfaitement la Grande Bretagne de 1910 à 1946. Ce roman ne donne pas toutes les clés ni des relations des personnages entre eux, ni du pourquoi de leur présence dans des lieux si chargés historiquement : le lecteur est promené du Blitz dans les caves de Londres, au nid d’aigle aux côtés d’Eva Braun et Hitler. Au début, je me perdais à cause de ce procédé qui crée de multiples retours en arrière et puis je m’y suis habituée. J’ai pensé que c’était comme si l’écrivain vous proposait de refaire votre vie autrement à chaque fois que la souffrance vous a totalement submergé. Ursula prend peu à peu conscience qu’elle possède un pouvoir à la fois de prémonition et aussi celui d’empêcher la catastrophe en déviant les forces du destin, il faut pour cela effectuer un retour en arrière. Comme je lisais simultanément « La Variante Chilienne » je trouve que cette citation convient parfaitement à « Une Vie Après l’Autre »

Les « si » sont des carrefours invisibles dont l’importance se manifeste trop tard.

Pour être plus claire, je prends un exemple : Bridget la nourrice et aide cuisinière de la famille, toute heureuse de la fin de la guerre 14/18 veut aller avec son amoureux fêter le retour des soldats à la gare de Londres. Dans la première version du roman, elle y attrape le virus de la grippe espagnole, elle en mourra mais le transmettra au plus jeune frère d’Ursula. Celle-ci met toutes ses forces pour revenir au moment de la prise de décision d’aller à Londres pour empêcher ce projet dont elle seule connaît les funestes conséquences. Cela nous vaut trois récit différents car Bridget veut absolument mettre son projet à exécution, Ursula finira par la précipiter du haut de l’escalier de la maison. Les conséquences sont doubles, Bridget n’ira pas à Londres, personne dans la famille n’aura la grippe espagnole. Mais on ferra soigner la petite fille pour trouble mentaux, elle rencontrera un psychiatre qui sera bienveillant et qui l’accompagnera une grand partie de son enfance. Je crains qu’en disant cela, vous soyez comme moi dérouté par ce procédé, ce serait alors vous priver d’un roman qui décrit si bien l’Angleterre de cette époque. Je n’ai jamais rien lu d’aussi précis à propos de l’horreur des bombardements sur Londres pendant la guerre. Et puis, il y a cet humour si britannique qui fait tellement de bien.

Un livre surprenant donc mais qui plaira aux amoureux de notre chère Grande Bretagne qui vient de choisir de quitter l’Europe !

Citations

L’éducation sexuelle toute britannique

Sylvie n’avait pas la moindre idée d’où venaient les bébés, elle n’avait guère été plus avancée pendant sa nuit de noce. Sa mère, Lottie, avait fait des allusions, mais craint de donner des précisions anatomiques.Les relations conjugales entre Hommes et femmes semblaient mystérieusement impliquer des alouettes prenant leur essor au point du jour.

 

Des contacts physiques contraires à la bonne éducation britannique

Le bébé emmailloté comme une momie pharaonique fut enfin remis à Sylvie.Elle caressa doucement sa joue de pêche et dit « Bonjour, ma petite » et le Dr Fellowes se détourna afin de ne pas être témoin de démonstrations d’affection aussi sirupeuse.

Les sentiments pour une belle mère

Adelaïde menaçait de mourir depuis plusieurs années, mais « n’avait jamais tenu sa promesse » disait Sylvie.

Les bienfaits de l’Europe

Ursula était vierge en s’embarquant pour l’Europe, mais ne l’était plus à son retour. Elle pouvait en remercier l’Italie. (« Ma foi, si on ne peut pas prendre un amant en Italie, on se demande bien où s’est possible », disait Millie).

Le sens du roman

Et si nous avions la chance de recommencer encore et encore jusqu’à ce que nous finissions par ne plus nous tromper ? Ce ne serait pas merveilleux ?

20160512_101050Traduit de l’anglais par France Camus-Pichon.

3
Lecture que je dois à Krol, je me demande si comme moi elle a été gênée par le prénom de la cinquième femme de Michael Beard : « Patrice » est pour moi un prénom de garçon, à chaque fois je m’efforçais de penser « Patricia » sans quoi je n’arrivais pas à lui donner des traits féminins. Comme notre personnage est un scientifique tourné ver l’avenir de la planète, j’ai associé son roman à une revue qui explore le futur « Usbek et Rica« , dont je parlerai peut-être un jour. En attendant, voici donc le roman racontant la vie de Michael Beard physicien couronné par un prix Nobel que les mauvaises langues jugent très immérité . Peu importe, c’est un membre influent de la Royale Académie de sa Majesté Elizabeth d’Angleterre. Il ronronne un peu et passe son temps à répéter la même conférence dans des lieux divers et devant des publics variés. Il a une autre occupation lire les articles de physique pour voir à quel moment et en quels termes son nom sera cité. Bref sur le plan professionnel, ce n’est plus vraiment ça, il est de plus fortement agacé par la jeune génération à catogan qui ne respecte pas assez les glorieux aînés.

Et sur le plan personnel ? Là c’est carrément la Bérézina ! Sa cinquième femme, la fameuse Patrice, le trompe avec un vulgaire maçon . Bien sûr, lui ne se prive jamais de conquêtes féminines. Mais avec cette histoire de maçon sa descente aux enfers commence. Il n’a plus que deux préoccupations dans la vie, oublier Patrice et essayer de décider de commencer un début d’un éventuel régime ! Évidemment, il rate les deux . Il partira pourtant au pôle nord puis dans le désert du Mexique. Mais continuera avec la même constance à rater sa vie. Quelque soit ses rencontres et ses différentes femmes, il les trompe toujours et il grossit toujours autant. Il ne fait pas que cela, il est d’une mauvaise foi incroyable et se donne bonne conscience quelques soient ses actions qui peuvent aller jusqu’à tuer quelqu’un, sans le vouloir certes , et ensuite faire endosser cette mort par un autre. Évidemment, il est également malhonnête dans sa recherche scientifique. Bref un sale bonhomme avec qui je suis restée trop longtemps.

J’ai peiné à la lecture de ce roman pourtant agrémenté de passages drôles pimentés par un humour très britannique. On y retrouve aussi beaucoup de problèmes qui agitent notre planète. Mais voilà le roman annonce assez vite qu’il est impossible que ce personnage s’en sorte bien, du coup on attend sa chute et on trouve qu’elle tarde à venir. Et comme son cerveau est embrumé par l’alcool ou l’importance de la nourriture , j’ai eu plus d’une fois la tentation de lire en diagonal pour aller plus vite que lui. D’avance je savais qu’il allait redemander un whisky, se resservir du plat principal, coucher avec la serveuse, pomper dans des recherches d’un autre savant et se les approprier et que tout cela allait très mal se finir. Bref, j’ai étouffé parce que je me suis sentie enfermé dans ce personnage qui a fini par m’énerver.

Citations

Mauvais goût pour un anglais et ce maçon est l’amant de sa femme…

le maçon, celui-là même qui avavit rejointoyé leurs murs, aménagé leur cuisine, refait le carrelage de leur salle de bain, ce type épais qui, un jour, devant une tasse de thé, avait montré à Michael une photo de sa maison simili-Tudor rénovée et tudorisée par ses soins, avec un bateau posé sur sa remorque sous un réverbère de style victorien au milieu de l’allée bétonnée, et un emplacement où ériger une cabine téléphonique rouge à usage décoratif.

Flegme et classe britannique

Vous pouvez me parler sans me regarder, avait-il envie de dire, surveillant le flot de véhicules devant eux pour tenter de prédire à quel moment il allait devoir attraper le volant. Pourtant, même Beard avait du mal à critiquer un homme qui le transportait gratuitement – son hôte, en fait. Plutôt mourir ou mener une morne vie de tétraplégique qu’être impoli.

L’obsession de la nourriture , par exemple : les chips

Sa technique était de poser la lamelle de pomme de terre au milieu de sa langue et, après avoir profité quelques secondes de la sensation, de l’écraser contre son palais. Selon lui, la surface irrégulière de la chips causait de minuscules ulcérations de la chair, dans lesquelles se déversaient le sel et les additifs, doux mélange de plaisir et de douleur à nul autre pareil.

20160421_164157Lu dans le cadre du club de lecture de la média­thèque de Dinard. Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Charles Recoursé

J’ai bien aimé la présentation de ce roman par la maison d’édition :

Une mère meurt. Elle laisse derrière elle deux petits garçons et leur père terrassés par le chagrin. Un soir, on frappe à la porte de leur appartement londonien. Surgit alors un étrange personnage : un corbeau, doué non seulement de parole mais d’une verve enfiévrée, d’un aplomb surprenant et d’un sens de l’humour ravageur. Qu’il soit chimère ou bien réel, cet oiseau de malheur s’est donné une mission auprès des trois âmes en péril. Il sera leur confident, baby-sitter, analyste, compagnon de jeu et d’écriture, l’ange gardien et le pitre de service — et il les accompagnera jusqu’à ce que la blessure de la perte, à défaut de se refermer, guérisse assez pour que la soif de vivre reprenne le dessus.

Bouleversante, hilarante, audacieuse et unique, cette fable moderne est un bijou littéraire qui nous rappelle ceci : ce sont les pouvoirs de l’imaginaire et la force des mots qui nous tiennent en vie.

3
J’avais eu, aussi, envie de le lire en lisant les billets de Jérôme Noukette ... Mais, je dois avouer que ce très court roman n’a pas fonctionné pour moi. Sans remettre la traduction en cause, je pense quand même que c’est plus facile à savourer en anglais. L’humour du corbeau m’est complètement passé à côté. J’ai été très sensible au désespoir des enfants et du père, l’arrivée du corbeau qui cherche à sa façon à les ramener vers la vie ne m’a pas gênée au début. Et puis, les sons bizarres, les suites de mots sans aucun sens m’ont détachée de ses propos et du livre. Je ne sais pas comment on peut raconter le deuil, d’une femme aimée, mère de deux jeunes garçons, cet auteur a essayé sans me montrer une voie, je respecte cela mais je suis restée à côté, un peu comme lorsque des amis traversent des épreuves si lourdes que cela nous rend muets . Je garderai cependant cette phrase toute simple des enfants après la mort brutale de leur maman :

Les vacances et l’école c’est devenu pareil.

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Je ne parle pas souvent des maisons d’édition car je trouve, le plus souvent, qu’elles font seulement leur travail (ce qui n’est pas si mal, évidemment !). Or, grâce à ce roman, j’ai découvert la maison de Joëlle Losfeld et ses qualités méritent d’être soulignées. En plus du texte parfaitement présenté, et donc, agréable à lire, d’une couverture utilisant une photo de statut de l’antiquité égyptienne où l’on croit reconnaître le sourire énigmatique de Gohar (le personnage principal, ex-philosophe), l’éditeur a enrichi ce livre d’une série de documents nous permettant de mieux connaître Albert Cossery. Cet auteur célèbre dans les années 50 dans le petit monde de Saint Germain-des-Prés est quelque peu oublié aujourd’hui. Cette maison d’édition sait le faire revivre et j’aurais plaisir à garder ce bel objet-livre qui dans ma bibliothèque.

Je dois cette lecture à Goran un nouveau venu dans ma blogosphère, et je me suis rendu compte en allant chercher ce titre dans une bonne librairie parisienne, que cet auteur était pour de nombreux lecteurs une référence indispensable pour la littérature égyptienne. Égyptienne ? écrit par un homme ayant surtout vécu en France, il a d’ailleurs reçu le prix de la Francophonie en 1992, et visiblement très influencé par la littérature française. On pense tout de suite à un autre Albert, Camus celui-là. Le mendiant le plus intéressant, Gohar, est un super Meursault, il a encore moins que lui de raison de tuer et il est autrement plus puissant car il entraîne celui qui aurait dû le punir dans son sillage du monde de l’absurde ou la notion du bien et du mal disparaît. Un mendiant de plus, un ancien policier, hantera les rues du Caire dans des lieux consacrés uniquement à la survie, et où le plus important c’est de respecter un code de l’honneur fondé surtout sur l’esprit de dérision. Ce n’est ni cet aspect, ni l’enquête policière assez mal menée qui a fait pour moi l’intérêt de ce livre, c’est la découverte de ce monde et de toutes les petites ficelles pour survivre. Le crime gratuit me révulse, et le côté philosophique du dépassement du bien et du mal est tellement daté que cela ne m’intéresse plus. En revanche, la vie de ces êtres qui n’ont plus rien est très bien décrite.

Je doute totalement de la véracité des personnages car ils sont décrit par un intellectuel à l’abri du besoin et résidant en France. Je pense que c’est toujours plus facile d’imaginer les très pauvres dans une forme de bonheur et refusant les facilités de notre société que comme des exclus du système et qui aimerait bien en profiter un peu. Mais là n’est pas du tout le propos du roman et je rajoute que c’est un livre qui se lit facilement et agréablement, j’ai tort d’avoir un jugement moral sur son propos car c’est justement ce que dénonce Albert Cossery : cette morale occidentale qui fait fi de l’énorme misère des pauvres en Égypte, ce que nous dit cet auteur c’est que puisqu’on ne peut rien y changer le meilleur moyen c’est encore de vivre comme les mendiants du Caire. Une absence de volonté de posséder quoique ce soit est, pour lui, beaucoup plus dangereuse pour l’équilibre de la société qu’une quelconque révolte. On peut le penser comme une première pierre à l’édifice de la compréhension de ce pays, mais je pense que des roman comme « Taxi » de Kaled Khamissi ou « L’immeuble Yakoubian » de Alaa El Aswani mettent en scène une Égypte beaucoup plus contemporaine et les auteurs ne sont plus encombrés par le poids des idées des intellectuels français (marxisme, existentialisme et autres structuralisme).

Citations

L’ironie

Peut-être était-il atteint d’une maladie contagieuse.  » Les microbes ! » se dit-il avec angoisse. Mais presque aussitôt la peur des microbes lui parut risible. Si l’on devait mourir des microbes, pensa-t-il, il y a longtemps que nous serions tous morts. Dans un monde aussi dérisoire, même les microbes perdaient de leur virulence.

Le pays paradisiaque (ça a bien changé ! mais peut-être pas pour ce détail)

En Syrie, la drogue n’était l’objet d’aucune interdiction. Le haschisch y poussait librement dans les champs, comme du véritable trèfle ; on pouvait le cultiver soi-même.

Une putain heureuse de l’être

« Pourquoi irais-je à l’école, dit Arnaba d’un ton méprisant . Je suis une putain, moi. Quand on a un beau derrière, on n’a pas besoin de savoir écrire. »

La ville européenne

L’avenue Fouad s’ouvrit au centre de la ville européenne comme un fleuve de lumière. El Kordi remontait l’avenue, d’un pas de flâneur, avec le sentiment inquiétant d’être dans une ville étrange. Il avait beau se dire qu’il se trouvait dans son pays natal, il n’arrivait pas à y croire… Quelque chose manquait à cette cohue bruyante : le détail humoristique par quoi se reconnaît la nature de l’humain.

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Un trajet Saint-Malo – Paris en découvrant le pays Dogon. Merci pour ce conseil de lecture Maggie. Le roman a deux principaux intérêts une enquête policière, qui est sans mystère. On comprend très vite les enjeux du conflit qui opposent des jeunes pervertis par l’argent, aux anciens du village respectueux des traditions du pays des Dogons. L’autre intérêt ce sont justement ces traditions. Et aussi, celles de toutes les composantes du Mali. On se sent bien avec ce commissaire Habib et son assistant Sosso, on comprend leurs réactions très cartésiennes face ce qu’on voudrait leur faire prendre pour de la magie. Une question restera sans réponse : l’assassin est-il le pire personnage de cette sombre histoire ?

Si j’ai aimé la première partie de ce roman, et la plongée dans cette culture qui a fasciné tant d’ethnologues, la seconde moitié où l’enquête policière doit être résolue m’a beaucoup moins plu, et j’ai même alors trouvé que les réalités africaines étaient trop caricaturées. Je suis décidément extrêmement difficile pour la littérature policière et donc, je ne suis pas un très bon juge. Si ce roman vous tombe sous la main, mes réserves, ne doivent pas vous arrêter, Koussa Konake m’a quand même permis d’oublier complètement le train et les passagers entre Saint-Malo et Le Mans ( un peu trop court pour aller jusqu’à Paris) , j’étais sur les routes cabossées entre Mopti et le pays Dogon, malgré les nombreux rappels de la restauration me disant que la voiture Bar était dans la voiture 14 et que des plats de grande qualité m’y attendaient.

Citations

Vivre dans des milieux hostiles

Ces terres arides, rocailleuses, ravinées, où tout porte l’empreinte d’une érosion sans fin, sont à l’image de la vie rude de leurs habitants. Ici, il n’y a que la sueur de l’homme pour faire verdir les rochers. Si, quelque fois, un marigot offre son eau, c’est juste pour assurer la survie. La nature n’écrase pas l homme, elle le minimise.

La religion en pays Dogon

Il arrive qu’une mosquée ou une église de ciment détonne dans cet univers tellement uniforme, mais on sent qu’elles attendent un Dieu qui n’est pas d’ici. Car le Dieu des Dogons n’a besoin ni de mosquée ni d’église. C’est Amma et il vit en chaque chose, dans chaque objet sculpté, dans l’âme de chaque Dogon.

Humour, après une conversation avec le ministre de l’intérieur

– Il a toujours été comme ça, jovial, sympathique, dynamique. Un vrai séducteur. On ne peut pas dire le contraire. Il est éloquent aussi, c’est sûr.
– Mais paresseux.
– Ben oui, on ne peut pas tout avoir.