20150705_215034Traduit du slovène par Andrée Lück Gaye.

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Voilà un an, je recevais ce roman en cadeau, j’ai donc mis beaucoup de temps à le lire. Je ne connaissais pas ce livre pourtant très célèbre, je dois avouer que je ne suis pas attirée par les romans historiques, et puis, à chaque fois que je le commençais, j’étais rebutée par les noms étrangers et pour suivre cette histoire, il faut retenir et se familiariser avec « Hassan Ibn Sabbâh, Abd al Malik, Abdu Saroka , Ibn Tahir… ». Et puis, lors d’une navigation très calme où le soleil brillait plus que le vent ne soufflait, j’ai enfin lu d’une traite ce roman. Je me suis plongée dans le monde musulman du XIe siècle, dans ce château d’Alamut en Iran, et comme tous les les amateurs de romans historiques, j’ai été fascinée par cette histoire très bien racontée.

Un homme : Hassan Ibn Sabbâh, se prétend prophète et lié directement à Dieu, il forme des fedayins prêts à tout pour leur chef au nom de la foi Ismaélienne (variante du chiisme). Il prétend avoir les clés du paradis où il peut envoyer les plus valeureux de ses fidèles. Cette secte connue aussi sous le nom « secte des assassins » a été évoquée par Marco Polo, mais la vérité et le mythe sont très difficiles à démêler, on ne sait donc que peu de choses historiques sur ce personnage et sa secte, en revanche, son histoire a envahi bien des imaginaires toujours liés à la violence de ceux qui prône le fanatisme. Le roman est le récit d’une manipulation d’un leader pour obtenir un pouvoir absolu grâce à des hommes qui lui sont entièrement dévoués.

Mais si Vladimir Bartol s’est emparé de cette histoire, pour en faire ce roman publié en 1938, c’est pour mettre en scène le fanatisme et ses terribles conséquences. Il s’agit donc d’une réflexion très pointue et encore très pertinente sur ce qui permet de fanatiser des personnes jeunes et idéalistes. Pour tous les commentateurs, Valdimir Bartol s’empare de cette histoire de l’Islam du XIe siècle, pour aider ses contemporains à ouvrir les yeux sur l’engagement communiste ou nazi. Il est vrai que l’on retrouve dans les deux cas, un embrigadement de la jeunesse au nom d’un idéal et la demande du chef d’une fidélité jusqu’au sacrifice suprême, mais il y a dans « Alamut » une histoire bien particulière de création d’un « faux » paradis et je ne vois pas très bien à quoi ça correspond dans l’Allemagne nazie, pour le communisme on peut penser aux  » lendemains qui chantent », mais dans les deux cas la jeunesse s’enflamme pour un chef pour qui ils sont prêts à donner leur vie.

Et hélas ! Ce roman permet de très bien comprendre le fanatisme islamique d’aujourd’hui. Le principe du leader manipulateur est très simple, après avoir constaté que les peuples en règle général ne veulent pas du savoir mais adorent croire aux histoires merveilleuses, il comprend que pour les manipuler, il suffit d’attiser leurs croyances, celui qui sera leur maître doit simplement avoir une avance sur eux et ne croire en rien de ce qu’il fait croire aux autres. Ce roman m’a fait beaucoup réfléchir et je comprends son succès mondial, je crois qu’aujourd’hui , où des fous tuent au nom d’une religion, il a sa place dans nos bibliothèques. Je viens, en effet, de lire une citation tirée du journal Dar AL-Islam appelant à la guerre sainte contre la France qui aurait pu être prononcée par Hassan Ibn Salâa dans le roman de Vladimir Bartol :

« Nous n’avons pas d’avions pour vous bombarder comme vous nous bombardez. nous avons des hommes qui aiment la mort comme vous aimez la vie ».

Citations

Mise en condition

Notre corps enclin à la paresse et au confort facile, redoute les difficultés que la réussite de grands projets attend de lui. Ses viles passions paralysent notre volonté et nos nobles résolutions. Vaincre ces passions et libérer l’esprit de leurs entraves, voilà le but de nos exercices. Conforter la volonté et l’orienter de façon appropriée vers un but donné, c’est notre seule obligation pour que nous soyons capables de grands exploits et d’actions sacrificielles. Donc ne pas rester comme ces milliers d’hommes, esclaves de leur corps et de leur faiblesse mais au contraire nous approcher du niveau de l’élite qui est maîtresse de son corps et de ses faiblesses, voilà notre ambition. Ainsi seront – nous capables de servir Notre Seigneur et d exécuter ses ordres.

Prosélytisme

Allez d’homme en homme et essayer de convaincre chacun. Ne soyez pas doctrinaires, adaptez votre façon d’agir à chaque cas.

La force du fanatisme

La force de cette organisation se construira sur des gens d’un genre tout à fait nouveau. Leur particularité sera un désir fou de mourir et un dévouement aveugle au chef suprême. Nous atteindrons les deux quand ils croiront, que dis-je, quand ils sauront que la jouissance éternelle les attend au paradis après leur mort.

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Je dois le dire tout de suite je ne suis pas très adepte des romans historiques et pourtant celui-là m’a vraiment passionnée. En réalité, pour que je me sente bien dans la lecture, le genre littéraire a tellement moins d’importance que le style de l’auteur et Bruno d’Halluin n’en manque pas. Pour vous en convaincre, j’aurais pu recopier les premières pages de son roman, il y décrit une tempête terrible au large de l’Afrique qui décimera l’armada des 11 caravelles envoyées par le roi du Portugal en 1500, pour confirmer la route des épices vers les Indes.

Cette tempête, à vous rendre malade, est décrite avec un tel réalisme que l’on ne doute pas un instant que Bruno d’Halluin sait de quoi il parle. En effet, il est lui même navigateur et il a dû essuyer quelques coups de tabac, sans doute s’est-il alors demandé comment faisaient les marins du XIVe et XVe Siècle sans carte ni moyen très efficace pour se positionner sur l’immensité des flots. C’est grâce à leur courage, à leur volonté de dominer le monde, et surtout à leur insatiable envie de s’enrichir que les Portugais ont donné au monde occidental des cartes fiables et des possibilités de commerce vers des contrées lointaines.

Bien sûr, le chapitre des grandes découvertes a fait partie de nos programmes scolaires, mais pouvions-nous nous rendre compte de ce que cela voulait dire de partir ainsi vers les Indes sans savoir comment y arriver ? L’horreur du voyage est telle que le personnage principal en restera marqué toute sa vie. Les tempêtes, la vague scélérate qui a failli les engloutir, l’absence de vent et le risque de mourir de faim et de soif, le mal de mer dans des bateaux qui roulent et tanguent sans cesse, les accostages dans des pays hostiles où la population locale peut vous assassiner pour vous dévorer, les maladies dont le terrible scorbut qui attaquent tous les survivants. Il reviendra pourtant mais pour retrouver Lisbonne en proie aux pogromes contre les juifs même ceux qui comme notre héros s’étaient convertis au catholicisme, et en plus des misères humaines un tremblement de terre et évidemment la peste !

Alors, les grandes découvertes un moment de gloire pour le Portugal ? Oui assurément, mais que la vie était rude pour ceux qui ont fabriqué cette gloire au prix de leur souffrance et de leur vie.Le roman raconte également l’histoire de cette planisphère qui a été dessinée au Portugal mais qui est conservée en Italie, Bruno d’Halluin résout cette énigme et là encore il nous permet de mieux comprendre la valeur des cartes maritimes.

1280px-CantinoPlanisphereUn grand roman que j ai découvert grâce à Electra’s amazing, blog que je connais depuis peu, et depuis, j’ai vu que Yspadden  l’avait également repéré.

 Citations

Des phrases fortes pour des émotions qui le sont tout autant

« Si tu veux apprendre à prier, prends la mer » dit le proverbe.
 
Les vagues étaient si hautes que nous avions l’impression d’être envoyés vers les cieux, puis sitôt après d’être précipités dans l’abîme. Comme si l’humain n’avait pas sa place entre les deux.

Expression de marin

Les mâts et vergues nus, seulement parés de cordages sifflants, suffisaient d’ailleurs au vent d’ouest pour nous faire avancer.Nous allions ainsi, « l’arbre sec » comme disent les gens de mer, qui pour une fois utilisaient un vocabulaire facile à comprendre.

 Sentiments pendant la tempête

Les vagues s’élevaient si haut que c’était merveille. Je doutais que la mer pût obéir au Seigneur. Elle semblait vivre sa propre vie , sauvage , indifférente aux hommes et aux dieux. Les gens de la mer disait qu’il fallait la respecter, mais elle ne nous respectait pas . Pour elle , nous n’étions rien. Peu lui importait qu’on vécût ou mourût . Je me remémorais les mots du philosophe athénien Anacharsis , à qui l’on demandait si les vivants étaient plus nombreux que les mors.  » Dans quelle catégorie, répondait-il , placez vous ceux qui vont en mer ? « 

Lisbonne

Quelle ville que Lisbonne ! À la fois capitale du royaume et grand port maritime, elle n’avait pas d’équivalent. On pouvait y admirer de prestigieux monuments , et l’instant d’après, en tournant simplement le regard , observer des caravelles en partance pour l’Afrique…. On pouvait facilement se procurer du drap de Flandres que des masques d’Éthiopie, et maintenant du poivre ou de la cannelle des Indes

Le traité de Tordesillas

Le pape avait d’abord donné à l’Espagne les îles et terres fermes nouvellement découvertes, ou à découvrir, à l’ouest d’un méridien fixé à cent lieues à l’ouest des Acores et des îles du Cap vert. Puis le fameux traité avait déplacé cette limite à trous cent soixante dix lieues à l’ouest des îles du Cap-vert. À l’est de ce méridien, les terres revenaient au Portugal. Je trouvais ahurissant qu’un homme, fût-il souverain pontife, pût couper la terre en deux pour la partager entre deux nations.

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J’ai lu chez Jérôme une critique d’un roman que j’ai eu très envie de lire « Concerto pour la main morte », ma médiathèque ne l’a pas encore reçu mais cela m’a permis de découvrir avec grand plaisir (surtout au début) celui-ci , dont le sujet est : Paris lors de la construction de la tour Eiffel. Cela me donne encore plus envie de lire les autres romans de cet auteur qui dégage une grande énergie positive. Si j’ai bien aimé ce roman, je ne sais pas si d’autres l’aimeront. Ce qui m’a plu c’est le talent avec lequel Olivier Bleys fait vivre Paris en 1889. Malheureusement, les différentes intrigues, sentimentales et policières sont moins intéressantes. Encore que…. si on accepte d’y voir un pastiche des romans d’aventure de la fin du XIXe et du début du XXsiècle, on prendra un certain plaisir. On retrouve, en effet, du Rouletabille et du Arsène Lupin dans les personnages d’Armand et de son ami Odilon.

La construction de cette tour, si symbolique de notre capitale et de la France, fut l’objet de bien des controverses et même de haine. Les artistes la trouvaient le comble du mauvais goût et signèrent moult pétitions pour qu’elle ne sorte pas de terre ou au moins qu’elle soit démolie après l’exposition universelle de 1900. Si Maupassant venait déjeuner au deuxième étage, ce n’était pas tant pour profiter de la vue, mais plutôt selon ses propres mots  « parce que c’est le seul endroit de Paris où la vue n’est pas gâchée par la Tour ».

La France se remet de la guerre de 70 et de la Commune, une partie de la population est dans une misère terrible. Ainsi de multiples petits métiers pour éviter de mourir de faim fleurissent dans la capitale, du vendeur d’asticots, à la trieuse de crotte de chien, au récolteur et vendeur de toiles d’araignées, tout ce monde regarde avec scepticisme cette tour de 300 mètres de haut s’élever au dessus de leur ville.

L’intrigue étant un peu faiblarde le roman semble parfois un prétexte pour nous apprendre des petits détails de la vie au début du siècle. C’est une reconstitution vivante et enlevée, bien dans un esprit français,. Je l’ai lu comme je regarde ma série culte : Mad-Men, non pour l’intrigue mais pour l’exactitude des détails. Saviez vous qu’à l’époque les Bretonnes vendaient leurs cheveux pour embellir « les cocottes » de la capitale. Aujourd’hui ce sont les Chinoises ou les Indiennes, la pauvreté a changé de continent !

Citations

Portrait d’un homme petit uniquement par la taille

Au premier coup d’œil on était frappé par sa petite taille , aggravée encore par la voussure des épaules : sans être un phénomène d’allongement, Armand le passait d’au moins une tête – ce qui laissait Eiffel, pourtant en chapeau, à la hauteur de son sternum. Par quel hasard un homme si court combinait-il des édifices si importants ? Le viaduc de Garabit, celui de Porto, à présent la tour de 300 mètres !  » Il compense … » , supposa le garçon. 

Les inventions

Alors c’est ça votre téléphone ? lançait Armand quand se manifestait l’étrange appareil. Il sonne et vous répondez ? Un valet fait de même ! « 

J’aime cette phrase, on dirait un sujet du bac

La science a besoin d’intuition, comme l’art a besoin de discipline.

Je me souviens d’une sortie analogue d’Umberto Ecco à propos du téléphone portable

Alors c’est ça votre téléphone ? lançait Armand quand se manifestait l’étrange appareil. Il sonne et vous répondez ? Un valet fait de même ! « 

Voir le sommet de la tour

La différence entre l’homme et l’animal n’est pas seulement que le premier va debout quand le seclnd va sur quatre pattes, elle est aussi que l’homme scrute le ciel quand la bête regarde la terre.

Méthode de construction

Suivant la méthode Eiffel, chaque pièce était présentée avec les trous déjà percés et deux tiers des rivets posés, tel un élément de Meccano qu’il suffisait de mettre en place et d ‘ assujettir, et qu’on pourrait pareillement démonter. Grâce à la relative légèreté des poutres – aucune ne dépassait trois tonnes-, quelques heures et quelques hommes suffisaient à l’opération. Ce chantier titanesque, rival pour les dimensions de celui des pyramides, ne devait jamais réunir plus de deux cent cinquante ouvriers.

Petits détails

Armand jouait avec les ustensiles posés sur la coiffeuse : les chignons postiches, les bandeaux, les rouleaux, les fausses nattes en vrais cheveux de Bretonne…
 Une superbe réalisation de Gustave Eiffel le pont de Garabit

 

SONY DSCTraduit de l’anglais par Johan-Frédérik HEL GUEDJ.

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C’est particulièrement difficile de critiquer un cadeau, et en plus c’est une amie de la blogosphère qui me l’a offert. Merci Keisha et désolée de n’avoir pas apprécié cette lecture. Pourtant cette auteure bénéficie d’une presse élogieuse et semble très bien vendre ses romans. Joanna Trollope s’intéresse aux rapports humains dans les famille. Celle de Suzie Moran est liée par une entreprise de porcelaine que cette femme courageuse et déterminée a su faire prospérer. Elle y emploie ses trois filles et un gendre. Elle a été élevée par ses grands parents et voilà que son père de âge de 80 ans refait surface. Nous allons donc assister à une analyse détaillée des rapports dans les couples et dans la famille au sens large. La quatrième de couverture promet une fin surprenante (comme si on avait peur que le lecteur se lasse avant la fin !) mais l’intérêt n’est pas dans le suspens mais dans la gestion du quotidien. Dans cette famille les hommes assurent le quotidien auprès d’enfants insupportables et les femmes travaillent à l’extérieur. À part un bellâtre collant, stupide et qui sera vite mis sur la touche, les autres personnages sont relativement complexes.

Pourquoi suis-je si critique ? Ce roman tout en dialogues d’une platitudes fatigantes m’a semblé totalement creux.

Il est parti
– J’ai appris ça
– Il est chez Jeff
– oui
– Où est maman

Des pages entières comme ça, c’est plus que je ne peux en supporter. Et même si les caractères des personnages ne sont pas d’une pièce, ils sont trop prévisibles et rien ne m’a vraiment accrochée.

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Un caractère bien simple

Pour Suzie, il n’y avait alors aucune décision à prendre. Elle avait un pied dans la trentaine, une famille en pleine croissance, et une flopée de puissantes impulsions qui la poussaient en avant, la principale étant sa détermination à commémorer le nom de son grand père dans le lieu et de la manière les plus appropriées qui puissent se concevoir. 

SONY DSCTraduit (de façon étrange parfois) de l’anglais par Béatrice Vierne.

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J’ai suivi les plaisirs de Dominique et j’ai mis mes pas dans ceux de Kathleen Jamie. Avec un peu d’appréhension car je me méfie des passionnées de nature. Mais je devais me rendre à la boutique Orange pour échanger ma « Live box » foudroyée par un orage du début de l’été. Allez chez Orange, c’est apprendre la patience, et pour ne pas être envahie par la laideur ordinaire du centre commercial, quoi de mieux qu’un livre qui vous entraîne dans les îles du nord de l ‘Écosse. Le livre comporte 11 ballades, 8 m’ont absolument ravie. Une m’a vraiment déçue, celle à travers les bocaux des pathologistes et anatomistes de l’hôpital de Surgeons’ Hall et je n’ai trouvé aucun intérêt à la description d’Edimbourg.

J’ai parfois été étonnée par la traduction, heureux ceux qui peuvent lire cette auteure en anglais ! Les cinq premières ballades sont absolument magiques, on peut les lire avec Internet pour savourer toutes les images que Kathleen Jamie nous évoque avec beaucoup de grâce, de précision et d’humour.

Elle se sert de ses talents d’écrivaine pour nous embarquer dans des lieux magiques et nous faire réfléchir sur la complexité de l’âme humaine. Pourquoi en effet les hommes d’aujourd’hui se précipitent-ils à Maes Howe sur l’île principale des Orcades, pour voir un simple rayon de soleil éclairer le fond du tombeau au solstice d’été, alors que notre monde met de la lumière partout et semble détester par dessus tout l’obscurité ? En revenant de cette visite, elle se demande et nous avec elle, quels vestiges de notre civilisation d’autres hommes dans 2000 ans visiteront avec autant d’émotion ? Un simple rayon de soleil capté par une construction de pierre a donc plus de chance de passer à la postérité que la fusée qui a conduit des hommes sur la lune ?

À la recherche des oiseaux , elle nous fait aimer le « crex-crex » ou « râle des genets » oiseau qui était commun et abondant et que la mécanisation de l’agriculture a fait disparaître. N’est-elle pas cette agriculture, responsable de la disparition d’une certaine poésie. Les horribles rollers de foin entourés de plastique vert ont définitivement chassé les « petits dieux des champs ». Si être passionné par les oiseaux, c’est avoir la chance d’assouvir son passe temps dans des endroits aussi beaux que les Orcades ou les iles Hébrides alors je crois bien que je ne vais pas tarder à faire partie de leur confrérie.

Citations

L’obscurité

Un peu de pitié pour l’obscurité ! Que nous sommes donc soucieux de la terrasser et de la bannir, qu’elle est donc pleine à éclater de tout ce qui est diabolique, tel un sinistre réduit sous l’escalier… Tenez , j’ai cherché le mot « obscurité » sur Internet – et aussitôt on m’a servi des ministères chrétiens se proposant de me guider vers le salut.

Météo que je connais (petit problème de traduction que vient faire le « cependant » ici ?)

Après la pluie, cependant, deux jours complets, nous avons vu poindre une journée éclatante et reluisante de propreté : tout avait été rincé à fond, le ciel et les arbres, les gouttières et les fenêtres, et même les éclaboussures de fiente, sous la corniche des deux faucons avaient disparu. 

Vrai problème de traduction que veut dire ici le mot « un cours » ?

Je n’avais jamais encore mis les pieds sur un yacht, jamais navigué sur un bateau plus petit qu’un ferry de la compagnie CalMac, je n’étais jamais arrivée à terre ailleurs que dans un port, une ville, avec toute la panoplie des activités humaines – les casiers empilés, les émanations de diesel, une église en haut d’une butte avec une girouette en forme de poisson. Je n’avais jamais compris qu’on pouvait tracer une ligne droite à travers l’océan et appeler ça un cours

La poésie et les oiseaux

Me voyant émerveillée, il m’a assuré qu’identifier un oiseau était assez comparable au fait d’élaborer un poème ou tout autre écrit , à partir de notes comme celles que je m’arrêtais pour prendre dans mon cahier à l’abri du vent

C’est bien vrai

Jusque là, cependant, si l’ancre chassait ou si la chaîne se rompait, nous serions drossé à la côte. « Pour un marin, la terre n’est pas synonyme de sécurité. Ce qu’on veut, c’est être entraîné vers la haute mer. »

Le râle des genets ou crex crex

Le temps n’est pas idéal pour observer les râles des genets. Le ciel est très couvert , les coups de chien menaçant, la brise est très froide.Or, si le vent dépasse les trois nœuds , les râles n’ont pas envie de sortir. Ils n’aiment pas voler, le vent et la pluie leur déplaisent, et ils n’ont aucune envie de se donner en spectacle- c’est le genre d’oiseau qui demande à être dispensé d’activités sportives.
Sarah me parle d’une vieille dame qui est restée assise , tranquille et bien élevée, pendant une heure , deux heures…. et puis soudain, il y a eu des cris de sioux et Sarah s’est retournée pour voir la visiteuse bondir comme une folle, en donnant des coups de poing dans le vide, comme un footballeur, tout ça parce qu’elle avait entrevu un insaisissable oiseau brun.

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Un grand plaisir de lecture avec ce livre reçu grâce à Masse critique de Babelio , j’avais pourtant dit que je n’y participerai plus ! Mais j’ai une grande tendresse pour nos voisins québécois, leur langue et la dureté de leur vie. alors voilà j’ai dit oui, et hélas ce livre est arrivé au milieu de mes trajets de l’été et c’est évidemment beaucoup plus compliqué pour publier dans les délais exigés.

3La couverture fait immédiatement penser à la BD de Loisel et Tripp « Magasin Général » et c’est bien le même monde qui est ici décrit, à tel point que je pense que la BD est une adaptation de ce roman. On retrouve les mêmes personnages si je me souviens bien de la BD que j’ai parcourue avec plaisir dans le cadre de mon club de lecture .
Nous voici donc, en 1901, dans le Québec rural, bien parti pour une saga en quatre tomes avec les familles Joyal et Boisvert dans le village de Saint-Paul-des-Près. La jeune Corinne, cadette de la famille Joyal, est amoureuse de Laurent le plus jeune fils de Gonzague Boisvert, un vieux grigou au cœur sec et nous assistons à la préparation de son mariage et au début de sa vie conjugale.

Le lecteur est embarqué une vie de village où chacun doit tenir sa part de travail pour que la communauté puisse faire face au climat rigoureux du Québec. Tout cela béni par une religion catholique bigote , chacun s’exprimant dans une langue qui me fait toujours sourire. Michel David possède un talent de conteur indéniable, et même si ce n’est pas de la grande littérature, j’ai beaucoup apprécié cette lecture. L’intrigue tourne autour d’une sombre histoire de terrain sur lequel on doit reconstruire une église, les rivalités des clans politiques opposent « les Bleus » aux « Rouges » , mais le plus important ce sont les manigances du vieux Gonzague Boisvert qui aimerait être le maitre incontesté de son village. Surtout n’ayez pas peur des 500 pages, il ne m’a fallu que deux jours pour en venir à bout. Je ne sais pas si je lirai la fin de la Saga , mais à l’occasion pourquoi pas. Les personnages sont vivants et bien croqués, mais il y a un côté gentillet qui risque de m’ennuyer quelque peu.

Citations

Les jurons québécois

Ah ben, ma saudite air bête ! 
Maudit torrieu ! hurla-t-il . Même pas capable de traire une vache comme du monde !
Maudit calvinus de calvinus !

Croyance et religion

J’espère qu’il va faire beau demain, ajouta la jeune fille , l’air inquiet. 
-T’as juste à aller installer ton chapelet sur la corde à linge, lui conseilla Lucienne.
-Voyons donc, m’man, protesta Germaine. Vous allez pas nous dire que vous croyez à ça. ..
– Tout ce que je sais , c’est que je l’ai fait pour mes noces et Blanche a fait la même chose pour les siennes et ça a marché, déclara tout net la mère de famille.

Éducation sexuelle

Elle se dépêcha d’endosser sa robe de nuit en évitant de se regarder nue dans le miroir. Elle se rappelait très bien encore les mises en garde du vieux curé Duhaime qui prédisait la damnation éternelle dans les flammes de l’enfer à tous ceux qui succombaient au péché d’impureté. On devait éviter de regarder et surtout de toucher les « parties sales » du corps.
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 Traduit de l’anglais par Stéphane Roques.

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Roman recommandé par Aifelle et que je conseillerais à tous les jeunes lecteurs (adolescents). Cette remarque montre ma réserve vis à vis de ce genre de roman science-fiction-post-catastrophe. J’ai évidemment pensé à « La Route » en le lisant. On sent dans ce roman toutes les peurs de notre époque. Il fut un temps ou la peur racontée par les romanciers, tel Aldous Huxley dans « Le meilleur des mondes », était que l’humanité se déshumanise au profit de la technique. Aujourd’hui, les hommes ont peur de faire mourir la planète par une guerre nucléaire ou des accidents dus aux progrès scientifiques. L’intérêt de ce roman, c’est de se pencher sur les conduites humaines lorsque toutes les ressources données par le confort ont disparu. La lutte pour la survie n’est pas belle à imaginer . Ce roman est davantage inspiré par les faits réels (l’accident de Tchernobyl, les guerres dans l’ex URSS) que « La Route », on retrouve toutes les horreurs dues aux multiples violences de notre siècle , goulag, guerres civiles, extrémismes religieux…

Marcel Theroux a situé son roman en Sibérie, région qui en a vu d’autres sur le plan de la violence, la simple vérité historique de ce qui s’est passé dans « l’île aux cannibales » est plus terrible que ce roman. L’auteur dit avoir été inspiré par Tchernobyl, lieu où il s’est rendu. Il y a rencontré une femme qui a décidé contre l’avis des autorités de vivre dans sa maison et de se nourrir de son potager. L’isolement de cette femme, sa volonté de rester là où sa vie a été heureuse, on le retrouve dans le caractère de Makepeace, héroïne au nom bizarre qui perdu toute sa famille et toute sa communauté. La terre n’est peuplée que de gens dangereux ou particulièrement adaptés à vivre dans des conditions extrêmes. On suit avec intérêt les aventures de cette jeune femme, déguisée en homme , et peu à peu son passé nous est dévoilé. Elle a, je trouve, trop de chance de se tirer de tous les mauvais pas dans lesquels elle se met. J’ai un peu de mal avec la fin : la vie semble reprendre ses droits, on se demande bien pourquoi.

Citations

Réflexion sur l’humanité

L’être humain est rusé comme une fouine et vous tuera allégrement plutôt deux fois qu’une pour un repas chaud. C’est ce qu’une longue observation des choses m’a appris. D’un autre côté le ventre plein, une bonne récolte dans la grange, et du feu dans l’âtre, il n’y a rien de plus gentil, de plus généreux, personne de plus honnête qu’un homme bien nourri.
Finalement la bonté n’existe que quand l’époque le permet
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Notre monde celui qu’a fui le père de Makepeace

Et pourtant mon père disait être né dans un monde d’abondance. C’était un monde sans dessus dessous, dans lequel le riche était maigre et les pauvres étaient gros.

Les scientifiques

Tous les jours ils avaient jonglé avec la naissance et la mort des étoiles et des civilisations. Avaient pensé Genèse et Apocalypse ? Comment éradiquer la vie de la planète, et comment la faire renaître dans la foulée.

L’éternel optimisme

Même si j’ai tendance à dire du mal des gens et à penser les pires choses sur leur compte, au fond, j’attends toujours qu’ils me surprennent. J’ai beau essayer, je n’arrive pas à désespérer du genre humain.

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Enfin un peu de légèreté dans mon blog, et en plus une BD que j’ai choisie toute seule sans mes amies et amis des blogs ni ma bibliothécaire préférée. J’ai bien connu le monde universitaire et j’ai côtoyé des thésards. Je retrouve dans cette BD bien des aspects de la vie universitaires française. Tout est frais et drôle dans cette BD et Tiphaine Rivière a du talent pour se moquer sans méchanceté d’elle même et des malheureuses et malheureux (nous sommes en lettres donc il y a moins d’hommes) embarqués dans la même galère qu’elle.

Comme l’auteure est honnête, on se sent quand même un peu triste de voir comment sont traités les doctorants dans les universités de lettres. Entre leur faire faire des cours les moins gratifiants et pas dans leur spécialité , très mal les payer et toujours à la fin du semestre, et les assommer de lectures plus ou moins en rapport avec leur sujet leur vie devient un enfer et ils perdent leurs amis, leur couple a bien du mal à résister et la famille pose toujours les mêmes questions. Tu en es où ? La thèse de lettre se mesure au nombre de livres que vous avez lus et que vous pouvez citer. Gare au candidat qui aura oublié de citer les œuvres d’un des membres du Jury…Et tout cela pourquoi ? En gros fuir l’enseignement en collège.

Ce ne serait pas rendre justice au talent de cette auteure que de parler d’un ton sérieux de ce qu’elle a su nous dire en nous amusant. BD à offrir à tous les thésards amis de thésard et mari ou femme de thésards.

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– ça va Augustin ?
– Ouais, je suis hyper content : j’ai une intervention qui a été acceptée à un colloque international à Poitiers. Je pense que je vais bien faire bouger le monde de la ponctuation à la Renaissance.

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Ces deux livres qui se suivent sur mon blog ont en commun plusieurs choses : Poutine veut revisiter l’époque stalinienne pour en retirer ce qui a été favorable à la Russie, Nicolas Werth accompli un remarquable travail d’historien pour mettre en lumière les horreurs de cette époque et montrer comment et pourquoi elles se sont produites. Poutine pense qu’il faut arrêter de penser au passé et oublier les crimes et les criminels de l’histoire de l’URSS, Nicolas Werth pense que la Russie irait mieux si elle se souvenait de ce qui a eu réellement lieu durant l’ère soviétique.

J’ai essayé plusieurs fois de lire ce livre et plusieurs fois, j’ai renoncé, tant l’effroyable vérité qui s’imposait à moi grâce au travail de Nicolas Werth me rendait littéralement malade. Mais après avoir lu l’essai de Michel Eltchaninoff « Dans la tête de Poutine » , je voulais aller jusqu’au bout du récit de l’horreur. Poutine veut réhabiliter quelques aspects du Stalinisme, déclarant dans une formule célèbre « Celui qui ne regrette pas la destruction de l’Union soviétique n’a pas de cœur. Et celui qui veut sa reconstruction à l’identique n’a pas de tête ». Il nous reste, donc, à lire le travail des historiens pour savoir ce qu’a été exactement cette période de l’histoire de ce malheureux pays.

Nicolas Werth fait un travail très sérieux, il donne toutes ses sources et s’appuie uniquement sur les documents officiels soviétiques . L’île de Nazino ou « l’île aux cannibales » est un des rares événements bien connus des autorités de l’époque. (Mais ne représente que 1 % des disparus des colonies de peuplement) Une enquête a été diligentée sur cette effroyable déportation  : en 1933, on a envoyé des milliers de déportés dans une île entourée de marécages, ils étaient pour la plupart des citadins en tenu de ville et n’avaient aucun outil pour survivre dans un milieu hostiles. Les plus féroces d’entre eux ont tué les plus faibles pour les manger.

Cela n’est pas arrivé par hasard, Nicolas Werth démonte tous les rouages qui ont permis d’en arriver là. On aurait pu penser que l’échec des colonies de peuplement dont le point culminant est Nazino, allait permettre une prise de conscience des dirigeants communistes et effectivement cela a servi de leçon mais pas dans le sens que des êtres humains auraient pu l’imaginer. 1933 n’est que le début de l’élimination des « parasites » qui ne comprennent pas les bienfaits de la grande cause prolétarienne. … et en 1937 commencera « la grande terreur », Staline aura bien retenu la leçon de Nazino, plus de colonies de peuplement , il a mis en place des exécutions très rapides après des jugements expéditifs, Nicolas Werth avance un chiffre de 800 000 personnes fusillées et les autres finirent au goulag au travail forcé.

Si j’étais Russe je manquerai certainement de cœur MONSIEUR Poutine, mais je ne voudrais pas que l’on me force à regretter L’URSS.

Citations

La grande famine en Ukraine : Holodomor

L’horreur des chiffres

Depuis l’instauration des camps de travail et « des villages spéciaux » pour paysans déportés, les prisons, dont la capacité maximale était de l’ordre de 180 000 places accueillaient en règle générale les condamnés à de courtes peines (inférieures à trois ans) et les individus arrêtés en attente de jugement. A partir de l’été 1932, sous l’effet des arrestations massives liées à la campagne de collecte, particulièrement tendue, le nombre des détenus incarcérés en prison augmenta de manières exponentielle pour atteindre le chiffre énorme de 800 000 personnes au printemps 1933. 

Toujours l’horreur

En trois ans, le cheptel sibérien fondit, selon les données officielles, des deux tiers, tandis que les rendements céréaliers baissaient des 45 .Les plans de collecte, quant à eux, augmentèrent durant ces années de plus de 30 % . Dès le printemps 1931, les rapports secrets de l’OGPU envoyés à la Direction régionale du Parti reconnaissaient l’existence de « foyers isolés de difficultés alimentaires » . Le plan de collecte de 1931, très élevé- plus de 1400 000tonnes de céréales et 450 000 tonnes de viande- , fut réalisé avec plusieurs mois de retard et au prix d’un abattage massif du cheptel et d’une confiscation d’une partie des semences pour la récolte de l’année suivante. Dans une quarantaine de districts agricoles du sud de la Sibérie occidentale, les disettes de 1931 evoluerent localement vers de véritable famines durant le printemps 1932

L’île aux cannibales

A Nazino, à la suite d’un faisceau de circonstances aggravantes – un groupe d’individus exceptionnellement démunis et inadaptés, expédiés sans la moindre intendance et débarqués dans des lieux particulièrement inhospitaliers -, ce sont les deux tiers des déportés qui disparaissent en quelques semaines. Exemple extrême, cas limite, cet épisode meurtrier s’inscrit non seulement dans la mise en œuvre d’une utopie , dans le fonctionnement d’un système bureaucratique et répressif-celui des Peuplements spéciaux- mais aussi dans un espace saturé de violence.
 
Les gardes et les commandants n’avaient – dans les premiers jours du moins- guère réagi ni décidé de mesure d’isolement vis- à-vis des individus interpellés en possession de chair humaine ou pris sur le fait d’en consommer. La plupart d’entre eux furent relâchés, au motif qu' »il n’avait pas été établi qu’ils avaient tué la personne dont ils avaient consommé certaines parties du corps » (….) et que « le code pénal soviétique ne prévoyait pas de peine pour les cas de nécrophagie ».

Conclusion

La famine de 1933 , dans les  » peuplements spéciaux » et l' »affaire de Nazino » contribuèrent, de façon décisive, à déplacer le centre de gravité du système du Goulag des villages spéciaux vers les camps de travail.
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Un essai que j’avais noté lors d’une de mes émission préférée sur France culture : « L’Esprit Public » animée par Philippe Meyer. J’apprécie cette émission que j’écoute en podcast ( le dimanche à 11h du matin, j’ai souvent autre chose à faire !) car les intervenants savent s’écouter et n’ont pas pour but de démolir les arguments de l’autre. L’émission se termine sur un moment agréable : « la séquence des brèves » , chaque intervenant arrive avec une recommandation de lecture, d’exposition ou de spectacle, et je suis rarement déçue par leurs idées. Un dimanche matin, donc, plusieurs intervenants étaient arrivés avec cet essai de Michel Eltchaninoff et les autres approuvaient ce choix.

J’arrive un peu tard pour dire tout le bien que je pense de cet essai et vous en recommander chaudement la lecture. Un peu tard car toutes les idées que ce journaliste, professeur et philosophe avait si bien mises en lumière sont aujourd’hui reprises par toute la presse. Par exemple : ce qui constitue un tournant dans les positions de Poutine face à l’Europe occidentale, c’est l’ intervention contre la Serbie pour soutenir le Kosovo. Poutine a alors su rassembler le peuple russe en rallumant les vieilles peurs de l’encerclement par des forces ennemies du territoire russe.

Mais même si on sait beaucoup de choses sur la Russie de Poutine et que cet essai a perdu un peu de son actualité, on découvre avec grand intérêt ce qui anime cet homme d’état hors du commun. Et les raisons pour lesquelles il est suivi par une majorité de ses concitoyens. Ce n’est pas un livre difficile à lire, même s’il nous plonge dans les pensées de philosophes du XIXe et du début du XXe siècle que je ne connaissais pas. Comme Poutine est un incroyable opportuniste, il pioche dans tous les modes de pensée qu’il peut trouver pour redonner à son pays le courage de lutter pour retrouver son lustre d’antan. Ce n’est pas très réjouissant, en particulier pour l’ Ukraine, car il est prêt à utiliser tous les moyens pour faire revenir cette région dans le giron du grand frère russe. Et quand on voit comment il n’a pas hésité à déclencher la deuxième guerre de Tchétchénie, on peut se dire que rien ne l’arrêtera.

Une petite note d’espoir ? Poutine veut redonner sa force aux idées traditionalistes, il veut retrouver les valeurs de l’homme russe, et pour cela est un violent adversaire d’un ensemble d’idées sans liens apparents entres elles, sauf qu’elles sont des marqueurs de la liberté d’expression. Il est donc violemment homophobe, il veut contrôler les réseaux sociaux et déteste Internet. Je me dis alors, que si sa jeunesse ressemble à la notre, il va avoir bien du mal à la contrôler. À l’extérieur de son pays il mise sur les forces politiques qui sont encore minoritaires, le front national en France et tous les partis qui font du sursaut national leur cheval de bataille.

La tête de Poutine est donc remplie de théories plus ou moins fumeuses mais toutes mises au service du développement économique de la Russie, le plus triste mais est-ce si étonnant, c’est que Poutine en réalité loin des grandes idées ne lutte que pour la suprématie du rouble.

Citations

Résumé de la pensée de Poutine

Cette doctrine s’étage sur plusieurs plans : à partir d’un héritage soviétique assumé et d’un libéralisme feint, le premier plan est une vision conservatrice. Le deuxième, une théorie de la Voie russe. Le troisième, un rêve impérial inspiré des penseurs eurasistes. Le tout sous le signe d’une philosophie à prétention scientifique.

Formule de Poutine

Celui qui ne regrette pas la destruction de l’Union soviétique n’a pas de cœur. Et celui qui veut sa reconstruction à l’identique n’a pas de tête.

Discours du 25 avril 2005

Qu’est ce que la chute de l’Union soviétique ? Vingt-cinq millions de citoyens soviétiques hors des frontières de la nouvelle Russie. Et personne n’a pensé à eux…

La voie russe pour justifier l’annexion de la Crimée discours de Poutine 18 mars 2014

La politique d’endiguement de la Russie, qui a continué au XVIIe, au XIXe, au XXe siècle, se poursuit aujourd’hui. On essaie toujours de nous repousser dans un coin parce que nus avons une position indépendante, parce que nous la défendons, parce que nous appelons les choses par leur nom et ne jouons pas aux hypocrites. Mais il y a des limites. Et en ce qui concerne l’Ukraine nos partenaires occidentaux ont franchi la ligne jaune. Ils se comportés de manière grossière, irresponsable et non professionnelle.

Conclusion

Mais à la chute de l’Union soviétique, la Russie a dû se résigner à devenir un pays comme un autre, ni pire ni meilleur. Désormais, grâce au pan le plus nationaliste et pseudo scientifique de la philosophie russe, Poutine rend à la Russie sa vocation idéologique internationale… L’URSS n’était pas un pays mais un concept. Avec Poutine, la Russie est à nouveau le nom d’une idée.