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Je me rends compte que je n’ai pas fait d’article pour « Les Adieux à la Reine » alors que j’ai vraiment adorée de la même auteure « Le testament d’Olympe » est un roman en deux parties, ce qui permet à Chantal Thomas de balayer l’ensemble de la société sous Louis XV, l’enfance d’Olympe se passe à Bordeaux dans une famille bien née mais très pauvre, misérable même, car le père refuse de travailler pour d’obscures raisons religieuses. C’est Apolline qui raconte la vie d’Ursule sa sœur ainée qui deviendra Olympe. À la mort de cette dernière, elle retrouve son cahier. Olympe vient de mourir dans l’extrême misère après avoir été la maîtresse du roi grâce au duc de Richelieu, gouverneur d’Aquitaine.

La deuxième partie c’est, donc, la vie d’une favorite du roi Louis XV. J’ai beaucoup aimé la première partie moins la seconde, c’est tellement sordide de voir les hommes les plus puissants du royaume satisfaire tous leurs plaisirs alors que la majorité de la population ne connaît que la misère, la faim la maladie, la mort. Il faut reconnaître que la maladie touche aussi les riches, leur fin est moins sordide, mais ils meurent aussi beaucoup. J’ai pensé en lisant ce roman (les mêmes faits sont d’ailleurs évoqués : les enlèvements d’enfants pour assouvir les plaisirs sexuels des seigneurs libertins à « la marche rouge » de Marion Sigaut », étude intéressante mais absolument insoutenable car très bien documentée).

J’ai trouvé passionnant dans ce roman, la description de l’emprise de la religion du haut en bas de la société, le moins croyant c’est sans doute le duc de Richelieu . le Roi, lui-même, est hanté par le péché ce qui ne l’empêche pas de se livrer à tous ses plaisirs et d’être d’une cruauté absolue quand il veut se débarrasser de quelqu’un. Le XVIIIe siècle français décrit dans ce roman ne méritent guère l’appellation « siècle des lumières » mais plutôt celui des obscurantistes religieux, des injustices et du malheur absolu d’être une femme.

Citations

 Il était une chose qu’il honnissait en particulier et dont il se préservait davantage que de la peste : le travail, malédiction originelle, penchant ignoble péché d’orgueil et de désespoir. Il fallait être bien prétentieux par rapport au pouvoir de la Nature pour oser se targuer d’en obtenir davantage que ce qu’elle nous offrait, et bien méfiant par rapport à Dieu pour ne pa s s’en remettre, dans l’insouciance à son parfait Amour. « Est-il ou n’est-il pas notre Père ? » proférait mon père en levant vers le plafond cloqué d’humidité de la cuisine.

 

Nous étions entourés de laborieux de toutes espèces, de gens qui, manifestement, doutaient de la main de Dieu

 

Je fus longtemps malade, sans doute gravement, puisque la cérémonie de ma première communion se joignit à celle de l’extrême-onction. C’était chose banale à Notre-Dame-de-la –Miséricorde, comme dans tous les couvents, où mouraient en grand nombre, surtout les premiers mois de leur séjour, les pensionnaires,-mais nulle part autant qu’à Saint-Cyr, véritable mouroir de petites filles.

 

Le sujet parfait est l’homme qui jouit de se ruiner pour une femme qui lui refuse tout.

 

Ce qui me répugne le plus chez Voltaire, ce n’est pas le traitre, ce n’est pas le philosophe athée-encore que les libres penseurs me fassent horreur-, c’est le vil courtisan, le flatteur. Si je pouvais lui retirer sa charge d’historiographe du royaume, pour laquelle je le paie deux mille livres par an, sans que mon geste provoque une affaire d’Etat je le ferais …

On en parle

Ma librairie.

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5
J’ai lu et je lirai tous les livres de cette auteure, depuis « la Place ». Ils sont tous dans ma bibliothèque, je les relis et surtout j’y pense souvent. Je n’ai jamais trouvé quelqu’un qui sache aussi bien expliquer le changement de condition sociale qui accompagne la réussite scolaire. Le jour où la petite fille n’a plus lu les revues style « nous deux » que lisaient les femmes appartenant au même milieu que sa mère, le fossé n’a cessé de se creuser.

Elle revient dans ce très court texte sur cette sœur morte avant sa naissance et dont ses parents ne lui ont jamais parlé. Comme toujours avec Annie Ernaux, il n’y a pas un mot de trop , cela souligne la justesse de ses sentiments. Je crois que je n’ai jamais aussi bien compris l’intérêt de son style qui m’avait tant séduit quand j’ai découvert cette auteure. Si elle est brève et parfois même un peu sèche, c’est qu’elle est vient de ce milieu là, de gens qui n’avaient pas le don de la parole.

Il me semble qu’elle ne peut ni ne veut les trahir. Elle écrit donc une lettre à cette sœur qu’elle a, dit-elle, remplacée auprès de ses parents. Avec trois ou quatre photos, le silence parfois douloureux de son père et une phrase au combien maladroite de sa mère( l’autre était la gentille, la morte !), elle fait vivre le poids du deuil dans cette famille.

L’évocation des années 50 dans la province cauchoise à travers les maladies enfantines et le sentiment religieux est réussie, en tout cas pour moi. Vite lu, ce livre ne sera pas pour autant, vite oublié.

Citations

 

Comme me le confirmera aussi un jour la directrice du pensionnat en me traversant de ses yeux étincelants « on peut avoir vingt partout en classe et ne pas être agréable à Dieu ».

 

Je n’écris pas parce que tu es morte. Tu es morte pour que j’écrive, ça fait une sacré différence.

 

Aujourd’hui seulement je me pose la question pourtant si simple, qui ne m’est jamais venue : pourquoi ne les ai-je jamais interrogés sur toi, à aucun moment, pas même adulte et mère à mon tour ? Pourquoi ne pas leur avoir dit que je savais.

 

Tu n’as d’existence qu’au travers de ton empreinte sur la mienne. T’écrire, ce n’est rien d’autre que faire le tour de ton absence. D écrire l’héritage d’absence. Tu es une forme vide impossible à remplir d’écriture.

 

Je suis venue au monde parce que tu es morte et je t’ai remplacée.

On en parle

Moi Clara et les mots.

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4
Merci, un grand merci, à Evelyne, notre bibliothécaire, elle sait choisir des livres qui font du bien. Celui-là vous fera rire quelles que soient vos convictions sur le réchauffement climatique ( : le RC). Et vous amènera, aussi, à réfléchir. À force de recevoir des idées, plus ou moins vraies, vantant la bonne cause écolo, on oublie de réfléchir par soi-même : voilà le thème de ce livre.

Iegor Gran, a un talent fou, pour croquer les travers des bien-pensants moutonniers. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il n’est pas là pour créer un parti de militants anti-écolo, il veut réfléchir et s’amuser du consensus de la peur qui réunit Yann Arthus-Bertrand, François-Henri Pinault, Luc Besson et ses voisins qui trient avec ardeur leurs poubelles !

Surtout ne ratez pas ses notes en bas de page, d’ailleurs vous ne pourrez pas, elles sont parfois plus longues que le texte, elles sont toujours passionnantes et souvent très drôles. J’ai bien ri quand son dentiste lui assène des arguments alors qu’il a la bouche grande ouverte et qu’il ne peut, évidemment, pas répondre. Qui n’a pas déjà vécu une telle situation ?

Comme lui, j’ai bien du mal à croire au sérieux de la candidature de Nicolas Hulot à la présidence de la République (excusez le du peu ! !), et j’aimerais avoir son talent pour en rire. (En réalité je trouve ça plutôt triste). Ce petit livre décrit aussi l’évolution de ses rapports avec son meilleur ami, Vincent, convaincu du RC (réchauffement climatique), et, le dîner où l’ on évite tous les sujets qui fâchent est très bien raconté et tellement vrai !

Je crois que ce livre fait un bien fou, comme toutes les réflexions qui vont à contre courant elles nous apportent un vent frais qui nous permet de mieux respirer, et quand en plus l’auteur nous fait rire, alors on se sent soudain heureux : content de faire partie de cette humanité là, celle qui ose rire de tout et se questionner sur nos comportements mêmes ceux qui nous semblent les plus ordinaires .

Citations

 Un marchand de soupe a mis son pied dans mon pas-de-porte. On veut m’imposer quelque chose. Une inquiétude, comme un réflexe, moi qui suis né dans un pays de l’Est. On aimerait bien penser à ma place.

(En note)

Rappelons que dans une vie antérieure, Yann Arthus-Bertrand a été pendant dix ans photographe-reporter du Paris-Dakar ? Étonnante conversion. Les voies du gazole sont impénétrables.

 

Son papier-toilette ressemble à un journal de l’Est, il est gris et n’absorbe pas ? (Mesdames, évitez les toilettes de Vincent !) Il aime à penser que, quand il se torche le derrière, aucun arbre n’est lésé dans l’affaire.

 

Un peu d’humilité la science ! Cou couche panier ! Peut-être faudrait-il déjà qu’elle se mette d’accord sur l’existence ou non du point G, avant de s’attaquer à ces choses autrement plus obscures.

 

 La cinquantaine… c’est l’âge où les grenouilles de bénitier se noient définitivement, où les komsomols tournent apparatchik, où les femmes se mettent à manger des graines- l e premier stade de la vieuconisation.

 

Et une petite dernière pour la route et quelqu’un que je connais…

Le mari est toujours fautif, vingt-quatre heures sur vingt quatre, il est coupable au sens métaphysique, il porte sur ses épaules un péché originel. C’est aussi ce qui fait l’intérêt d’avoir un mari, ce pourquoi la femme le tolère, dans sa grande clairvoyance. 

Il m’arrive de ruminer ce genre de pensées non dénuées de tendre misogynie.

 

 

On en parle

Le Pandémium littéraire.

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3
Lors de notre dernière réunion du club de lecture, j’ai senti un enthousiasme très fort pour cet auteur, et j’ai donc lu le roman auquel les lectrices avaient accordé un grand coup de cœur la dernière fois. Je comprends bien le plaisir de lire un roman facile à lire qui surfe sur les sombres réalités de la guerre 14/18 et la vie intellectuelle de cette époque, mais je reste plus réservée sur les qualités de ce roman.

Il est vrai que « Retour parmi les hommes » ne manquent pas d’attraits : Philippe Besson décrit très bien la beauté du sentiment amoureux, et la finesse des rapports entre homosexuels. C’est très finement et précisément évoqué, on se laisse porter et on ressent bien ses joies et ses tristesses et comme la Mort est présente à toutes les pages, le tragique nous touche.

Pour tout le reste du roman, c’est comme une succession d’images rapides sur l’ensemble d’une société et du monde, un condensé du « Voyage au bout de la nuit » sans le talent de Céline. On suit un périple en Afrique en Amérique et on revient en France. Tout est rapidement évoqué, le colonialisme au Liban, l’arrivée des émigrants à Ellis Island, la réussite américaine, l’étroitesse d’esprit des gens d’une famille « coinçoss » du XVI° arrondissement, la condamnation de l’homosexualité, Radiguet, Cocteau…

Le talent de cet auteur, c’est de tout évoquer sans s’appesantir sur rien, et donc faire appel à nos souvenirs littéraires pour combler ce qu’il ne nous raconte pas. Ça marche assez bien, il est vrai que les romans fleuves des grands familles Bourgeoises, des Boussardel au Thibault (je les ais à peu près tous supprimés de ma bibliothèque : c’est illisible aujourd’hui) racontent bien les étroitesses d’esprit de cette époque, Philippe Besson n’y consacre que quelques lignes. Les avoir lus me permet de comprendre immédiatement ce genre de formules « Ma mère, confite dans le souvenir, n’a touché à rien », immédiatement je plante le décor de cet appartement aux tentures trop lourdes, aux meubles signés renfermant des secrets de famille qui ont tant fait souffrir les enfants.

J’espère ne choquer personne (en particulier pas mes amies qui ont parlé de chef d’œuvre à propos de ce livre) en disant qu’on retrouve dans ce roman la marque du zapping de notre époque, un style allusif et complice mais où souvent le cliché sert de réflexion. Tout est en séduction mais, il manque un réel travail à la fois sur le fond et très certainement sur le style. Je rejoins le commentaire que j’ai mis en lien.

Moi aussi j’oublierai ce livre assez vite avec lequel j’ai passé un bon moment.

 Citations

Je veux bien admettre que la mer peut rendre fou. Que cette étendue dont tout à coup on n’envisage plus la fin peut faire perdre la raison ? Cette immensité a quelque chose d’effrayant car, paradoxalement, elle procure la sensation d’enfermement.

 

(Ma mère) Elle dit : « quand je serai morte, ceci te reviendra. ». Je regarde autour et je ne vois qu’un tombeau, une poussière délicate sur les meubles, une nostalgie qui pue et je rêve de tout raser. Elle ajoute : «  J’ai tout gardé pour toi. J’ai tenu notre rang. » Et cet entêtement à conserver des privilèges, à ne rien partager pour ne pas être entamé, à entretenir l’illusion de la grandeur me paraît abjecte.

 

Renouer avec mes obligations d e fils, mon oisiveté d’héritier, ma dégoûtante aisance de riche. Entamer des conversations avec ma mère à propos du temps qu’il fait, de la médiocrité des domestiques, des rumeurs du faubourg.

 On en parle

From The Avenue.

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Traduit de l’espagnol par François Maspero.

3
Livre prêté par une amie, Geneviève, Photographe, parce qu’elle y avait trouvé une réflexion intéressante sur l’acte de photographier. Loin de son travail, ce roman est une analyse, ô combien précise, du métier de reporter-photographe de guerre, au cours du roman la réflexion s’élargit à la photographie et à l’art en général.

Ce que ne m’avait pas assez dit Geneviève, c’est l’horreur du sujet, la violence des guerres dont a été témoin ce reporter. Ce livre lu entre Paris et Saint-Malo, m’a plombé complètement le moral. Par la violence des descriptions – le sujet est d’ailleurs très proche- il m’a fait penser au film « Incendies  ». Mais contrairement à Geneviève, les mots ont pour moi une réalité bien plus forte que les images.

Le livre pose un problème qui m’a toujours plus ou moins hanté, au lieu de photographier des bébés mourant de faim pourquoi les photographes des magazines occidentaux ne les nourrissent pas. Pour les photographies de guerre, je dois dire que je ne les regarde jamais, j’en ai quand même dans mon réservoir à images, celle de Capa qui est commenté dans ce roman, et la femme en pleurs après un attentat en Algérie.

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Ce roman est très prenant, mais m’a mise très mal à l’aise : comment quelqu’un d’aussi douée pour la vie que Geneviève peut me conseiller de lire de tels passages.

 « Ce n’était pas possible de photographier le danger ou la faute. Le bruit d’une balle qui fait exploser un crâne. Le rire d’un homme qui vient de gagner sept cigarettes en pariant sur le sexe du fœtus de la femme qu’il a éventrée avec sa baïonnette »

Ensuite, le problème que j’ai dû résoudre c’est pourquoi je suis allée jusqu’au bout de ce roman, Geneviève avait le prétexte de la réflexion sur la photo, moi, celui qu’elle me l’avait prêté. Quel rôle joue le lecteur de telles horreurs ? Ne suis-je pas alors voyeur d’un exhibitionniste de talent de la souffrance humaine ? Car si le photographe prend un cliché avant de penser à sauver celui qui va être tué, il n’existerait pas si sa photo ne se vendait pas et n’était pas regardée.

La trame romanesque est assez bien tendue : le rapport entre l’ancien soldat Croate dont le reporter photographe a détruit la vie à cause d’une bonne photo, et l’histoire d’amour, un peu trop romanesque cependant. Tout n’est raconté que pour faire réfléchir à ce que représente une image. Le photographe reporter ne s’appelle pas pour rien un « chasseur d’images ». Est-ce qu’avoir conscience que la guerre, amène obligatoirement ce genre de souffrances permettra de changer le comportement des hommes ? Il faut l’espérer.

Pour conclure un livre à ne pas mettre entre des mains sensibles à cause d’une description, hélas trop vraie, des guerres qui ont traversé ces dernières années. Un livre enfin, qui pose le problème du témoignage de l’horreur dans toute sa complexité.

Citations

Photographier un incendie n’implique pas de se sentir pompier.

 (Seule note d’humour)

J’ai le plaisir de t’annoncer que tu es très beau Faulques. Et je me trouve au point exact où une Française te tutoierait, une Suissesse tâcherait de découvrir combien de cartes de crédit tu as dans ton portefeuille et une Américaine te demanderait si tu as un préservatif.

 

La photographie considérée comme un art est un terrain dangereux : notre époque préfère l’image à la chose, la copie à l’original, l’apparence à l’être ;

 

Il savait qu’aucune photographie n’était inerte ou passive. Elles exerçaient toutes une action sur ce qui les entourait, sur les gens qui y figuraient.

On en parle

canoe.ca divertissement.

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3
J’ai acheté et lu ce roman policier à la suite de l’article de la lettrine, blog que je lis régulièrement. Quand les blogueuses (désolée, Messieurs, mais je ne connais pas de blogueurs écrivant à propos de livres !) disent ne pas trop s’intéresser aux romans policiers, mais trouver celui dont elles vont parler intéressant, ça m’accroche toujours. Comme, de plus, Anne-Sophie, disait avoir bien ri, je n’ai pas résisté au plaisir d’acheter puis de lire le roman de Jean-Pierre Jonquet.

C’est vrai que c’est drôle, d’un humour noir, féroce et décapant. Les rebondissements du vol des diamants par la bande de bras cassés ne manquant ni d’idées ni de courage à l’ouvrage mais tombant sur des imprévus tous plus cocasses les uns que les autres, sont vraiment bien trouvés. La fin est inattendue et somme toute «  morale ».

Mais voilà, si j’ai bien ri parfois, j’ai été gênée de la caricature des maisons de retraite. Je connais trop de gens qui y ont vécu sinon des moments de bonheur, au moins des moments où on a su alléger leurs souffrances. J’ai tort, sans doute, car dans ce petit roman, il ne s’agit ni d’un reportage ni d’une charge contre ce genre d’établissements, ce sont seulement tous les travers et les défauts de notre société qui refuse la vieillesse , la déchéance physique et la mort qui sont ici mis en lumière. Je pense qu’il faut être plus jeune que moi pour rire sans arrière pensée à la lecture de ce livre, être encore bien loin d’ accompagner des parents dans ce genre de maisons où y penser pour soi.

J’ai beaucoup ri, quand même, mais avec une sorte de gêne, je vais le prêter pour connaître les réactions des uns et des autres. La soirée animation, le bal costumé (d’où le titre) est irrésistible, mais terrible d’irrespect, on sent la colère de l’auteur qui a lui-même travaillé dans ce milieu  !

Citations

N’allez pas croire ça, il ne s’agit pas de coller les vieux dans un lit et d’attendre qu’ils claquent ! Ah non, non, non ! Avant, il faut qu’on les opère, qu’on les irradie, qu’on essaie sur eux les nouveaux médicaments, et surtout qu’on les rééduque ! Manquerait plus qu’à 90 ans ils marchent de travers ! Marcher droit, bouffer droit, crever droit, et qu’ça saute, une deux !

 

Bantrek, c’est le médecin. Il n’a pas réussi à faire autre chose que gériatrie. En langage médical, pour ne pas dire « les vieux » ils disent gériatrie.

Les blouses blanches en goguette, les stéthoscopes baladeurs, les seringues en folie, le satin des costumes, les paillettes du maquillage, tout cela ne parvenait pas à chasser l’odeur de poubelle à douleur, de fosse à agonie.

 

L’odeur de sang et de cadavre, l’odeur d’angoisse et de mépris. La Mort et la Merde

On en parle

La lettrine (évidemment).

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Traduit du Suédois parAnna Gibson.

4
Petite baisse dans l’écriture du blog. Il faut dire que c’est la pleine saison de la confiture d’orange amère, ça occupe bien ! Et puis, une tornade bricoleuse et néanmoins sympathique, est venue installer une bibliothèque dans le coin salon. Alors là… Je sais que vous allez être nombreuses à me comprendre, comment ranger des livres sans en relire quelques pages, donc il faut beaucoup, beaucoup de temps. J’avais décidé de faire un tri, j’ai effectivement jeté un ouvrage des années 60 sur la « Zen-attitude » de toute façon, je n’ai jamais réussi à respirer par le ventre avant d’aller à la poste, avant d’ouvrir mon relevé de comptes, avant d’aller à la mairie –où tout autre démarche administrative- expliquer pour la dixième fois mon changement de nom,

– Ah oui, vous êtes divorcée, c’est pour ça ! (ton compatissant et voix assez forte pour que tout le bureau entende)
– Oui c’est pour ça ! (ma voix, énervée un max ! sous entendant : avec le nombre de divorces en France, cela a dû vous arriver plus d’une fois non ?)

 

Bref, « la zen attitude » ne m’ayant jamais été d’aucun secours dans la vie, j’ai jeté ce livre mais c’est bien le seul ! J’arrête les rangements pour vous parler d’un roman que j’ai beaucoup aimé, Les Chaussures italiennes d’Henning MANKELL. Une courte anecdote à propos de ce livre. Je l’avais apporté pour le lire dans mon TGV préféré : Paris/Saint-Malo. Il était sur ma tablette et il a fourni l’occasion d’un échange chaleureux entre trois passionnées de lecture. Les deux autres lectrices étaient des « fan » de Henning Mankel et de ses romans policiers. Elles avaient toutes les deux entendu parler de ce roman et brûlaient d’envie de le lire, j’ai beaucoup aimé notre conversation sur le plaisir des livres.

 

Cette histoire m’a intéressée tout de suite, un homme disparaît de la vie de sa compagne sans donner aucune explication. Je trouve cette fuite est d’une violence incroyable pour la personne abandonnée, c’est un beau sujet de roman je me demandais ce que l’auteur allait en faire.(genre « Je descends chercher des cigarettes » et il ne revient jamais ! !).

La force du roman, vient de ce qu’il n’y a aucun personnage entièrement positif, et surtout pas le personnage principal. L’atmosphère des pays du nord est très bien rendue, on suit les difficultés de Fredrick Welin pour retrouver un peu de confiance dans la vie et dans les autres. Lui qui a passé sa vie à fuir ses responsabilités, il doit faire face à son destin et essaie tant bien que mal de se racheter.

 

Ce livre est prenant tant pour l’atmosphère et les descriptions des paysages du grand nord, que par l’analyse la difficulté des êtres humains à vivre en harmonie, J’ai été très émue et complètement prise par ce récit. Je ne sais pas si je lirai les romans policiers du même auteur mais j’imagine facilement qu’ils doivent être très bien.

 

Citations

Je me sens toujours plus seul quand il fait froid.

 

Il est aussi facile de perde à l’intérieur de soi que sur les chemins des bois ou dans les rues des villes

 

Il n’y a pas de gens normaux. C’est une fausse image du monde, une idée que les politiques veulent nous faire avaler. L’idée que nous ferions partie d’une masse infinie de gens ordinaires, qui n’ont ni la possibilité ni la volonté d’affirmer leur différence. Le citoyen lambda, l’homme de la rue, tout ça – c’est du flan. Ça n’existe pas.

 

Là tout à coup, sur la jetée, j’ai fondu en larmes. Chacune de mes portes intérieures battait au vent, et ce vent, me semblait-il, ne cessait de gagner en puissance.

 

La mort ne me fait pas peur. Ce que je n’aime pas, c’est l’idée que je vais devoir rester morte si longtemps.

 

 

On en parle

livrogne(parce que j’ai bien aimé le nom de son blog) et toujours à sauts et à gambades.

5
Je risque d’être absente sur mon blog, le temps des vacances parisiennes : Rémi et Jules vont occuper, pour ma plus grande joie, une grande partie de mon temps. Heureusement, dans mes rangements, j’ai retrouvé mes livres de contes, il me reste à les apprendre, pour partager avec Jules, ce doux moment où il me dit avant de s’endormir « Grand-mère, dis-moi une histoire que tu as dans ta tête »

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Cette série est complètement différente de toutes celles que je connais. J’en explique rapidement le principe, nous suivons Paul Weston psychothérapeute, joué par un excellent acteur Gabriel Byrne, qui accompagne quatre patients, il est lui même aidé par Gina son ancienne formatrice. Il faut, bien évidemment du temps pour que les personnages s’installent, et que l’on comprenne les enjeux de la série, disons pour faire simple que c’est exactement l’inverse de « 24 heures chrono » (Si si, je suis aussi, une fan de Jack Bauer ! !) . Je suis certaine que si je ne l’avais pas reçue en cadeau et si je n’avais pas la chance d’avoir beaucoup de temps, j’aurais abandonné au premier CD, c’est très long au début.

Aujourd’hui, je suis complètement « accroc » et j’achèterai la saison 3, même si tout le monde pense qu’elle sera moins bien. Je trouve extraordinaire d’arriver à faire monter la pression dramatique, alors que, pendant une heure, nous n’avons que deux personnages face à face. Comme souvent, pour ce genre de séries, de vrais « psy », ont dû surveiller la cohérence médicale, pour ce que je peux en juger, l’ensemble semble vraisemblable.

Toute la semaine, Paul Weston reçoit ses patients, ensemble ils essayent de mettre à jour des conflits récents ou anciens pour retrouver les chemins de la vie, Paul rencontre, lui-même, une psychologue qui mettra à jour ses faiblesses et ses forces. Cette série est un « remake » d’une série israélienne que j’aurais bien aimé voir, ne serait-ce que pour voir les différences. Je vais mettre à la fin de mon texte un lien vers un blog rédigé par quelqu’un qui a la chance de connaître les deux « Betipul », Israélien et « In treatment », américain.

L’intérêt de « In treatment », c’est le parcours de chacun, la fragilité humaine : vivre n’est pas toujours simple et le travail d’un psychothérapeute ressemble un peu à celui d’un funambule sur son câble, il est en équilibre, il tient bien les fils de la vie mais tout peut basculer à tout moment .Ses patients vont, parfois, si mal qu’ils pourraient l’embarquer dans le vide, d’autant plus que Paul Weston est un homme avec ses forces et ses faiblesses. Oui, c’est ça que j’ai aimé, Paul Weston, contrairement à Jack Bauer ne va pas sauver l’Amérique, mais il nous permet de comprendre que l’aventure est surtout en nous et l’être humain est une merveilleuse complexité.

On en parle

Once upon a time in cinema

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Je ne me suis accrochée à ce livre que parce qu’une amie du club, Virginie, m’en avait dit le plus grand bien. Je n’ai pas un grand goût pour la science fiction et au début tout m’a semblé confus dans cette histoire. Je supplie tous les lecteurs aussi impatients que moi de s’accrocher un peu, ils ne seront pas déçus. D’ailleurs ce livre a reçu un coup de cœur au club de la bibliothèque de Dinard hier soir. Mon texte sera donc le résumé de ce qui s’est dit à notre réunion.

Première remarque, nous avons toutes salué le talent de cet écrivain qui a su changer complètement d’atmosphère après son succès avec « la pièce montée ». Comme nous sommes des lectrices assidues, nous reprochons aux auteurs à succès d’écrire toujours un peu le même roman. Blandine Le Callet a quitté l’analyse sarcastique des phénomènes de société pour entrer dans la fiction et par la même nous faire comprendre les disfonctionnements d’un monde trop policé et trop protégé.

Nous avons souligné l’originalité de la construction du roman, la société qui est décrite ne nous est pas expliquée, petit nous comprenons que ce n’est pas tout à fait la réalité, même si cela s’en approche. On doit faire l’effort de ne comprendre que peu à peu le monde qui nous est dévoilé. Personnellement, ce qui m’a le plus touché c’est le combat de Lila pour vivre en rusant tout le temps avec ceux qui veulent « son bien ». Lila a survécu à des violences physiques et morales, elle ne peut plus avoir confiance dans les adultes. Son seul but c’est de retrouver sa mère, celle qui l’a fait souffrir, mais, elle en est certaine l’a aussi aimée. Je trouve que sa lutte de tous les instants est très proche de tous les enfants ou adolescents qui sont murés dans une souffrance psychologique mortifère.

La fin du roman a déçu une lectrice, et en l’écoutant je me suis rendu compte que je n’y avais pas attaché beaucoup d’importance, mais qu’il est vrai qu’on ne sait pas très bien comment se termine cette histoire. En relisant la fin tranquillement chez moi, j’ai compris que je n’avais pas accepté la fin , mais qu’hélas il y en a bien une !

Il me reste à parler de l’aspect « science fiction », des êtres hybrides ni homme ni robot, de la surveillance par vidéo de tous les faits et gestes de chacun, de la zone seul endroit où cet ordre n’existe pas. Tout cela donne une atmosphère particulière, on reconnaît notre société qui attire les jeunes des mondes pauvres et en guerre, mais les exclut aussi impitoyablement pour mieux se protéger et vivre en vase clos. C’est bien notre monde, un tout petit plus exagéré, ce petit rien qui nous permet de réfléchir à ce que nous voulons comme société pour demain.

Citations

Quand je suis arrivée dans le Centre, je n’étais ni bien grande, ni bien grosse, ni en très bon état. Ils ont tout de suite cherché à me faire manger. Me faire manger, c’était leur obsession, mais c’était trop infect. Chaque fois qu’ils essayaient, je détournais la tête en serrant les mâchoires.

 

Mais surtout, je pensais que mes mots possédaient un pouvoir : celui de vous protéger. Tant que quelqu’un vous parle, quelque part, vous écrit, vous ne pouvez pas mourir. Vous êtes encore au monde.

On en parle

Je connais ce blog depuis peu de temps, je le trouve très agréable à lire, pourtant il ne partage pas mon opinion sur ce livre Livrogne.

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Cinq coquillages sans aucune hésitation pour ce livre qui rend les mythes grecs abordables et passionnants. Je conseille ce livre facile d’accès à toutes celles et tous ceux qui veulent un premier aperçu de la mythologie grecque, on y trouve des réflexions pratiquement philosophiques et des récits ô combien passionnants. Jean-Pierre Vernant le dit lui-même dans son introduction, il avait été sollicité par son petit fils pour raconter des histoires, spécialiste de l’antiquité grecque, il lui a raconté celles qu’il connaissait le mieux : les légendes et les mythes fondateurs de notre civilisation.

Quelle chance a eue cet enfant ! Puisqu’il a été écrit après cette expérience de transmission orale, ce livre a deux grandes qualités : il est érudit sans être complexe et il retrouve un des aspects de la civilisation grecque, le plaisir du conte. Jean-Pierre Vernant en conteur cela devait être merveilleux, on le sent bien, il prend à partie les Dieux, il s’amuse avec un esprit d’une insolence joyeuse qui rend le récit très vivant.

Mon petit fils me demande aussi les histoires d’Ulysse, et c’est pour lui que je me suis replongée dans ce livre pour mon plus grand plaisir.

Citations

 L’un des traits de l’existence humaine c’est la dissociation entre les apparences de ce qui se laisse voir, se laisse entendre, et puis les réalités.

 

Ulysse ne résiste pas au plaisir de la vantardise et de la vanité. Il lui crie : « Cyclope, si on te demande qui a aveuglé ton œil, dis que c’est Ulysse, fils de Laërte, Ulysse d’Ithaque, le pilleur de ville, le vainqueur de Troie, Ulysse aux mille tours ? » Naturellement, quand on crache en l’air, cela vous retombe sur le nez.

 

Les histoires concernant Dionysos prennent un sens un peu particulier quand on réfléchit à cette tension entre le vagabondage, l’errance, le fait d’être toujours de passage, en chemin, voyageur, et le fait de vouloir un chez-soi, où l’on soit bien à sa place, établi, où l’on ait été plus qu’accepté : choisi.