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3
J’ai fait un petit tour dans ma bibliothèque préféré et je suis tombé sur ce livre. J’ai immédiatement pensé à Krol et sa grande sensibilité à cette maladie. Déjà elle m’a fait découvrir Rides, j’aurais envie de trouver des mots consolateurs pour elle. Mais voilà je ne sais pas. Sauf lui dire qu’elle a raison ce livre est beau et finalement pas si triste que ça.

C’est une belle histoire d’amour qui se finit tendrement malgré la maladie. Mais il faut aussi dire qu’il faut des moyens financiers énormes pour que la fin d’un être atteint d’Alzheimer soit à peu près correcte. Des moyens personnels qui ne suffiront pas, la prise en charge par la collectivité a un coût qui me fait toujours me demander jusqu’à quand pourrons-nous supporter de telles charges financières. Car sinon, c’est l’horreur des centres où on parque des malades impuissants et dépendants.

J’ai beaucoup aimé la façon dont elle raconte son aventure à Madagascar, loin d’être accueillie à bras ouverts, elle sera obligée de fuir ce pays en but à l’hostilité de la population. On se dit que la France n’accueille peut-être pas si mal les étrangers. Mais ce n’est pas le propos. L’important c’est la façon dont elle décrit la souffrance du malade et la difficulté de la prise en charge.

Je pense que toutes les personnes qui ont été confrontées à cette maladie retrouveront dans cet essai une partie de leur difficile chemin vers une mort qu’ils espèrent la plus digne possible.

Citations

Les statisticiens aussi y sont allés de leurs élucubrations et prédictions socioculturelles, pour nous prouver que plus notre niveau de culture et de diplôme est élevé, moins on est « sujet à risque ». Que les intellectuels se rassurent, ils sont équipés d’un « réservoir cognitif » bien garni qui leur permettra de mieux résister aux attaques de la maladie d’Alzheimer. Ex-docteurs ès lettres, ex-ingénieurs, ex-avocats ou ex-diplômés de tous bords que j’ai côtoyés au centre d’accueil de jour, comment avez-vous pu dilapider ainsi votre « réserve cognitive » Immunitaire ?

Autre paradigme saisissant, énoncé dans une émission de télévision avec une véhémente componction par un neurologue patenté, « le cerveau vieillit bien si l’on n’est pas malade ». Je suppose que le foie aussi s’il n’a pas de cirrhose, tout comme l’oreille, si elle ne devient pas sourde.

On en parle

Chez Krol bien sur et Brize que je viens de découvrir dans le monde des blogs littéraire.

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4
Livre à recommander pour tous ceux qui, comme moi, se demandent comment l’auteur du chef d’œuvre Le Voyage au bout de la nuit, a pu être « antisémite militant ». David Alliot ne cherche pas à excuser Céline, tout l’accable : il publie en 1941, Beaux draps troisième pamphlet antisémite alors que les mesures de Vichy sont déjà en vigueur. Il réclame haut et fort, lors de l’exposition antisémite organisée par Vichy que ses deux précédents pamphlets rédigés avant l’occupation allemande, Bagatelle pour un massacre et L’école des cadavres fassent partie de la dite exposition.

La façon dont il s’est opposé à Robert Desnos, décriant son physique et faisant croire qu’il était juif, est absolument dégoutante, mais pour autant il n’est responsable ni de son arrestation ni de sa mort. La seule chose qui nuance le tableau peu ragoutant du personnage, c’est qu’il détestait autant Pétain que les juifs. Il n’a pas franchement collaboré avec les Allemands qui le trouvaient un peu outrancier ! ! !

En analysant un à un les principaux reproches que l’on fait à Céline, David Alliot permet au lecteur de se faire une opinion plus exacte. C’est aussi toute une période qu’on voit revivre et évidemment la vérité n’est pas que d’un côté. Le recul historique fait du bien, car on a le droit, aujourd’hui, de ne plus admirer Jean Paul Sartre pour ses qualités de résistant et que reste-t-il de son œuvre romanesque ?

J’ai été également très intéressée par son parcours en tant que médecin, on le présente souvent comme quelqu’un de désintéressé et altruiste, enfin un côté sympathique !

Un petit bémol, il a fait des études de médecine « allégées » parce qu’il revenait des tranchées, il n’était pas un très bon médecin, et s’il aimait mieux les pauvres, c’est qu’il pouvait les dominer. David Alliot qui connaît bien son Céline, place Mort à Crédit au dessus du Voyage. Il en explique la raison : le style célinien est plus abouti. Or, pour moi Céline restera l’auteur du Voyage, cela veut dire sans doute qu’il me reste des œuvres à découvrir, et cette idée me fait bien plaisir. Enfin, David Alliot souligne le rôle positif de Luccini à propos du regain d’intérêt pour Céline, je suis bien d’accord avec lui (Merci Mathieu de m’avoir offert ce livre pour mon anniversaire).

Citations

 Dans ce pamphlet, tout y passe, et Céline aligne tous les poncifs de son époque. Si l’antisémitisme n’est pas une rareté dans la société de son temps, il est le seul écrivain d’envergure à avoir mis son talent au service d’une cause aussi contestable.

 Quand parait « Mort à crédit » en 1936, l’évolution stylistique est importante. Encore classique dans « Voyage au bout de la nuit », la structure du roman est désormais complètement chamboulée. La grammaire et la syntaxe volent en éclat pour mettre en valeur le « rendu émotif ».

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3
Moment absolument délicieux mais ambiguë : la première année de retraite après une vie active bien remplie. L’auteur Fanny Chesnel, malgré sa petite trentaine, a su croquer ce moment si particulier. Sa jeunesse a entraîné son roman dans une histoire d’amour torride, peu crédible, qui m’a un peu gênée et puis finalement j’ai tellement bien ri que je me suis dit pourquoi pas ?

Caroline part à la retraite, avec comme cadeau de la part de ses filles, un abonnement au club du « Nouvel âge », club qui permet aux retraités de pratiquer toutes sortes d’activités. Chacune des activités est l’occasion d’un moment d’humour et de tendresse vis-à-vis des personnes oisives qui jouent à s’occuper.

La séance d’œnologie où tout le groupe finit bien éméché est très drôle, la marche où les quelques hommes comparent leur matériel High Tech m’a fait penser à mon activité du mercredi, la séance de poterie m’a fait sourire. Mais j’ai vraiment éclaté de rire quand Caroline se méprend sur le contenu de la petite boîte de bonbons à la violette. Elle envoie son trop jeune amant dans le magasin spécialisé en bonbons de qualité pour trouver les dites petites boites alors qu’il y avait stocké un paradis plus artificiel. Le quiproquo est bien raconté : la gêne du vendeur et de Julien son amant, sa propre naïveté et son obstination à bien faire !

Tout ce que l’auteur a saisi des différences de générations est amusant, comme cette jeune esthéticienne qui lors d’une séance d’épilation dit très fort dans le salon : « Je vous dégage l’anus, ou on reste sur quelque chose de plus sobre ? ». Comme l’a dit une femme du club de lecture de Dinard, c’est un roman qui vous fait éclater de rire. C’est rare, rien que pour cela lisez-le cet été et offrez-le à toutes les femmes qui partent à la retraite.

Je ne suis pas sure qu’il fasse autant rire les jeunes générations (Je parie qu’on tirera un mauvais film à la française de ce livre).

Citations

 Un bon retraité est un retraité en bonne santé. La plupart d’entre nous portent des montres High Tech- cadeau de Noël de leurs enfants en mal d’idées originales probablement – qui mesurent leur poids, leurs dépenses caloriques, leur vitesse, et qui font même GPS.

 

 À présent, je vais finir mon ouvrage et essayer de trouver ça mignon. C’est le mot que tout le monde employait d’ailleurs quand je me baladais avec les colliers de nouilles que les filles me confectionnaient. Le fait maison n’est pas noté pareil, tout est dans l’intention. Au nom de toutes les croûtes qu’elles m’ont offertes, je revendique le droit à la vengeance. Tiens, je vais de ce pas leur confectionner à chacune un joli petit paquet et hop : une coupelle apéro en terre cuite et un cendrier informe. Qu’elles s’estiment heureuses encore. Si j’étais vraiment méchante, je soudoierai Sylvianne pour qu’elle leur lègue son amphore !

On en parle

Cuneipage

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4
Je savais que je lirai le livre de Dany Laferrière sur le tremblement de terre à Haïti, j’avais tellement apprécié « l’énigme du retour », je n’étais pas pressée car évidemment, je ne m’attendais pas à un livre d’actualité. Son livre est réussi, d’abord parce qu’il aide à comprendre ce que peut être une catastrophe de cette ampleur. Pour moi, les mots sont plus forts que les images, et je regarde de moins en moins les actualités à la télévision, je trouve que ça nivelle tout et qu’on perd tout sens critique.

Le livre de Dany Laferrière restera donc le témoignage de ce qui s’est passé le 12 janvier 2010 à 16 heures 53. Heure à partir de laquelle « notre mémoire tremble » nous dit-il avec cet art de dire les choses les plus graves sans pour autant larmoyer. On retrouve à travers sa déambulation pour savoir si les siens sont encore en vie, la société Haïtienne dans toute sa variété. Sa famille,ses amis toujours occupés à résoudre les problèmes du quotidien. Par exemple : savoir choisir un pneu pour qu’il dure au pire une journée au mieux une semaine !

On y retrouve la passion de l’auteur pour les artistes de son pays, son mépris pour ceux qui veulent réduire Haïti aux rites vaudou, beaucoup de remarques très intéressantes sur la façon de traverser une catastrophe comme ce photographe qui mitraille l’horreur sans trop se poser de questions.
Dany Laferrière sait faire aimer son pays et ses habitants, et lorsque j’ai senti l’humour poindre dans son texte, j’ai pensé que la vie reprenait ses droits :

« Un seul endroit a été épargné : le jardin dans lequel on s’est retrouvé maintes fois pour discuter de Tolstoï, de Joyce ou de Dieu (Frankétienne ne s’embarrasse pas du menu fretin). »

Citations

Dans les chambres d’hôtel souvent exiguës, l’ennemi c’est le téléviseur. On se met toujours en face de lui. Il a foncé droit sur nous. Beaucoup l’ont reçu sur la tête.

 

Toujours impeccable dans leurs uniformes, les employés de l’hôtel n’ont pas perdu leur sang-froid…..C’est peut-être le fait d’avoir une fonction à remplir qui leur permet de marcher droit.

 

Le séisme s’est donc attaqué au dur, au solide, à tout ce qui pouvait lui résister. Le béton est tombé. La fleur a survécu.

 

Je ne savais pas que soixante seconde pouvaient durer aussi longtemps. Et qu’une nuit pouvait n’avoir plus de fin.

On en parle

Les coups de cœur de Géraldine

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4
Merci Krol, cette BD est vraiment exceptionnelle à mon tour de t’en recommander une autre « la vieille dame qui n’avait jamais joué au tennis  » et en plus elle est moins triste.Car là ! il faut avoir le moral pour la lire, cette BD, je comprends ta tristesse si un ou une de tes proches est touchée par la maladie d’Alzheimer, car je crois que tout ce qui est décrit est très juste et du coup très triste.

Elle fait réfléchir, mais je ne vois pas de solution à cette maladie qui nous touchera tous, nous ou nos proches. J’apprécie que le dessin serve à ce point le propos de l’auteur, il y a de bons romans sur ce sujet mais le dessin permet de mieux se rendre compte de l’imaginaire de chacun et la remontée des souvenirs. J’ai beaucoup aimé quand le père revit une scène traumatisante de son enfance quand il se sent abandonné par ses enfants.

Une BD se relit plus facilement qu’un roman et cela permet de voir des détails qui avaient échappé à la première lecture comme la montée de la tension de l’homme qui ne supporte plus les ronflements de son voisin. Les maisons de retraite ne sont pas caricaturées, elles apparaissent dans leur dure réalité un lieu qui épargnent à ceux qui sont encore dans la vie la vue de ceux qui n’y sont plus !

On en parle

KrolAmeniKeisha.

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5
Merci Cathy de m’avoir prêté ce livre, depuis que je l’ai commencé je ne l’ai pas lâché. Et bravo à Emmanuel Dongala d’avoir écrit ce beau livre sur une lutte de femmes. Le sujet est superbe une lutte de femmes qui cassent des pierres et qui exigent d’être un peu mieux payées. Le style est réussi, l’héroïne se parle à elle-même et en se secouant avec un « tu » qui rend son discours accessible immédiatement.

Chacune de ces dix femmes est, en quelque sorte, représentante d’un des problèmes de l’asservissement des femmes en Afrique : les femmes réduite à la mendicité par leur belle famille dès leur veuvage, celles qui ont été défigurées par une première épouse jalouse, celles qui ont failli brûler vives parce que leur propre famille les pensent sorcières, celles qui ont été violées par la soldatesque en furie, celles qui sont rejetées parce qu’elles n’ont pas donné d’enfant à leur mari….

Et les autres drames de femmes dans le monde sont évoqués grâce aux informations de la radio qu’écoute tous les matins Méréana. Vraiment les hommes ont beaucoup d’imagination quand ils ont le pouvoir d’assouvir tous leurs bas instincts au détriment d’être sans défense !

Comme cette enfant de13 ans en Somalie qui a été lapidée pour avoir été violée et jugée comme adultère. Ses bourreaux s’y sont repris à trois fois, trois fois ils l’ont déterrée et malgré ses supplications ses bourreaux ont fini par l’achever à coups de pierre ! !

La lutte permet de décrire des personnalités complexes, ce ne sont ni des saintes, ni des militantes mais des femmes qui sont confrontées à la survie des leurs. Ce n’est pas un roman triste même si la tragédie est présente, la force de vie des femmes africaines est extraordinairement bien rendue. Les hommes ne sont pas tous mauvais mais le pouvoir corrompt tout et tout le monde. On sent quand même que la ministre des « femmes et des handicapés » (oui, les deux sont réunis sous le même ministère je ne sais pas si ce détail est vrai mais c’est savoureux !), est un peu moins corrompue que le Ministre de l’intérieur.

La fin se termine par un happy end qui fait du bien même si on n’y croit pas beaucoup, et on espère de toutes ses forces qu’un jour le Congo sera à la hauteur de ses écrivains.

Citations

Triste à dire, mais en Afrique il n’y a pas que le sida et la malaria qui tuent, le mariage aussi.

 

La génération de la messe en latin où, les yeux fermés, vous vous agenouilliez avec foi devant le prêtre, ignorant que dans son baragouin il vous disait en réalité : « Fermez les yeux que je vous couillonne, » Dieu merci, votre génération est celle des femmes aux yeux ouverts !

 

Le chemin le plus court vers le cœur d’un homme passait par son estomac 

 

Je ne fais confiance à aucun homme. Ils ont beau avoir des bourses entre les jambes, ils ne sont pas si couillus que ça !

 

La question de l’heure est toujours un problème dans un pays où l’heure est toujours en avance et où les gens arrivent toujours en retard.

On en parle

Chez Lo.

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4
Merci, un grand merci, à Evelyne, notre bibliothécaire, elle sait choisir des livres qui font du bien. Celui-là vous fera rire quelles que soient vos convictions sur le réchauffement climatique ( : le RC). Et vous amènera, aussi, à réfléchir. À force de recevoir des idées, plus ou moins vraies, vantant la bonne cause écolo, on oublie de réfléchir par soi-même : voilà le thème de ce livre.

Iegor Gran, a un talent fou, pour croquer les travers des bien-pensants moutonniers. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il n’est pas là pour créer un parti de militants anti-écolo, il veut réfléchir et s’amuser du consensus de la peur qui réunit Yann Arthus-Bertrand, François-Henri Pinault, Luc Besson et ses voisins qui trient avec ardeur leurs poubelles !

Surtout ne ratez pas ses notes en bas de page, d’ailleurs vous ne pourrez pas, elles sont parfois plus longues que le texte, elles sont toujours passionnantes et souvent très drôles. J’ai bien ri quand son dentiste lui assène des arguments alors qu’il a la bouche grande ouverte et qu’il ne peut, évidemment, pas répondre. Qui n’a pas déjà vécu une telle situation ?

Comme lui, j’ai bien du mal à croire au sérieux de la candidature de Nicolas Hulot à la présidence de la République (excusez le du peu ! !), et j’aimerais avoir son talent pour en rire. (En réalité je trouve ça plutôt triste). Ce petit livre décrit aussi l’évolution de ses rapports avec son meilleur ami, Vincent, convaincu du RC (réchauffement climatique), et, le dîner où l’ on évite tous les sujets qui fâchent est très bien raconté et tellement vrai !

Je crois que ce livre fait un bien fou, comme toutes les réflexions qui vont à contre courant elles nous apportent un vent frais qui nous permet de mieux respirer, et quand en plus l’auteur nous fait rire, alors on se sent soudain heureux : content de faire partie de cette humanité là, celle qui ose rire de tout et se questionner sur nos comportements mêmes ceux qui nous semblent les plus ordinaires .

Citations

 Un marchand de soupe a mis son pied dans mon pas-de-porte. On veut m’imposer quelque chose. Une inquiétude, comme un réflexe, moi qui suis né dans un pays de l’Est. On aimerait bien penser à ma place.

(En note)

Rappelons que dans une vie antérieure, Yann Arthus-Bertrand a été pendant dix ans photographe-reporter du Paris-Dakar ? Étonnante conversion. Les voies du gazole sont impénétrables.

 

Son papier-toilette ressemble à un journal de l’Est, il est gris et n’absorbe pas ? (Mesdames, évitez les toilettes de Vincent !) Il aime à penser que, quand il se torche le derrière, aucun arbre n’est lésé dans l’affaire.

 

Un peu d’humilité la science ! Cou couche panier ! Peut-être faudrait-il déjà qu’elle se mette d’accord sur l’existence ou non du point G, avant de s’attaquer à ces choses autrement plus obscures.

 

 La cinquantaine… c’est l’âge où les grenouilles de bénitier se noient définitivement, où les komsomols tournent apparatchik, où les femmes se mettent à manger des graines- l e premier stade de la vieuconisation.

 

Et une petite dernière pour la route et quelqu’un que je connais…

Le mari est toujours fautif, vingt-quatre heures sur vingt quatre, il est coupable au sens métaphysique, il porte sur ses épaules un péché originel. C’est aussi ce qui fait l’intérêt d’avoir un mari, ce pourquoi la femme le tolère, dans sa grande clairvoyance. 

Il m’arrive de ruminer ce genre de pensées non dénuées de tendre misogynie.

 

 

On en parle

Le Pandémium littéraire.

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5
J’ai lu et je lirai tous les livres de cette auteure, depuis « la Place ». Ils sont tous dans ma bibliothèque, je les relis et surtout j’y pense souvent. Je n’ai jamais trouvé quelqu’un qui sache aussi bien expliquer le changement de condition sociale qui accompagne la réussite scolaire. Le jour où la petite fille n’a plus lu les revues style « nous deux » que lisaient les femmes appartenant au même milieu que sa mère, le fossé n’a cessé de se creuser.

Elle revient dans ce très court texte sur cette sœur morte avant sa naissance et dont ses parents ne lui ont jamais parlé. Comme toujours avec Annie Ernaux, il n’y a pas un mot de trop , cela souligne la justesse de ses sentiments. Je crois que je n’ai jamais aussi bien compris l’intérêt de son style qui m’avait tant séduit quand j’ai découvert cette auteure. Si elle est brève et parfois même un peu sèche, c’est qu’elle est vient de ce milieu là, de gens qui n’avaient pas le don de la parole.

Il me semble qu’elle ne peut ni ne veut les trahir. Elle écrit donc une lettre à cette sœur qu’elle a, dit-elle, remplacée auprès de ses parents. Avec trois ou quatre photos, le silence parfois douloureux de son père et une phrase au combien maladroite de sa mère( l’autre était la gentille, la morte !), elle fait vivre le poids du deuil dans cette famille.

L’évocation des années 50 dans la province cauchoise à travers les maladies enfantines et le sentiment religieux est réussie, en tout cas pour moi. Vite lu, ce livre ne sera pas pour autant, vite oublié.

Citations

 

Comme me le confirmera aussi un jour la directrice du pensionnat en me traversant de ses yeux étincelants « on peut avoir vingt partout en classe et ne pas être agréable à Dieu ».

 

Je n’écris pas parce que tu es morte. Tu es morte pour que j’écrive, ça fait une sacré différence.

 

Aujourd’hui seulement je me pose la question pourtant si simple, qui ne m’est jamais venue : pourquoi ne les ai-je jamais interrogés sur toi, à aucun moment, pas même adulte et mère à mon tour ? Pourquoi ne pas leur avoir dit que je savais.

 

Tu n’as d’existence qu’au travers de ton empreinte sur la mienne. T’écrire, ce n’est rien d’autre que faire le tour de ton absence. D écrire l’héritage d’absence. Tu es une forme vide impossible à remplir d’écriture.

 

Je suis venue au monde parce que tu es morte et je t’ai remplacée.

On en parle

Moi Clara et les mots.

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3
Je me rends compte que je n’ai pas fait d’article pour « Les Adieux à la Reine » alors que j’ai vraiment adorée de la même auteure « Le testament d’Olympe » est un roman en deux parties, ce qui permet à Chantal Thomas de balayer l’ensemble de la société sous Louis XV, l’enfance d’Olympe se passe à Bordeaux dans une famille bien née mais très pauvre, misérable même, car le père refuse de travailler pour d’obscures raisons religieuses. C’est Apolline qui raconte la vie d’Ursule sa sœur ainée qui deviendra Olympe. À la mort de cette dernière, elle retrouve son cahier. Olympe vient de mourir dans l’extrême misère après avoir été la maîtresse du roi grâce au duc de Richelieu, gouverneur d’Aquitaine.

La deuxième partie c’est, donc, la vie d’une favorite du roi Louis XV. J’ai beaucoup aimé la première partie moins la seconde, c’est tellement sordide de voir les hommes les plus puissants du royaume satisfaire tous leurs plaisirs alors que la majorité de la population ne connaît que la misère, la faim la maladie, la mort. Il faut reconnaître que la maladie touche aussi les riches, leur fin est moins sordide, mais ils meurent aussi beaucoup. J’ai pensé en lisant ce roman (les mêmes faits sont d’ailleurs évoqués : les enlèvements d’enfants pour assouvir les plaisirs sexuels des seigneurs libertins à « la marche rouge » de Marion Sigaut », étude intéressante mais absolument insoutenable car très bien documentée).

J’ai trouvé passionnant dans ce roman, la description de l’emprise de la religion du haut en bas de la société, le moins croyant c’est sans doute le duc de Richelieu . le Roi, lui-même, est hanté par le péché ce qui ne l’empêche pas de se livrer à tous ses plaisirs et d’être d’une cruauté absolue quand il veut se débarrasser de quelqu’un. Le XVIIIe siècle français décrit dans ce roman ne méritent guère l’appellation « siècle des lumières » mais plutôt celui des obscurantistes religieux, des injustices et du malheur absolu d’être une femme.

Citations

 Il était une chose qu’il honnissait en particulier et dont il se préservait davantage que de la peste : le travail, malédiction originelle, penchant ignoble péché d’orgueil et de désespoir. Il fallait être bien prétentieux par rapport au pouvoir de la Nature pour oser se targuer d’en obtenir davantage que ce qu’elle nous offrait, et bien méfiant par rapport à Dieu pour ne pa s s’en remettre, dans l’insouciance à son parfait Amour. « Est-il ou n’est-il pas notre Père ? » proférait mon père en levant vers le plafond cloqué d’humidité de la cuisine.

 

Nous étions entourés de laborieux de toutes espèces, de gens qui, manifestement, doutaient de la main de Dieu

 

Je fus longtemps malade, sans doute gravement, puisque la cérémonie de ma première communion se joignit à celle de l’extrême-onction. C’était chose banale à Notre-Dame-de-la –Miséricorde, comme dans tous les couvents, où mouraient en grand nombre, surtout les premiers mois de leur séjour, les pensionnaires,-mais nulle part autant qu’à Saint-Cyr, véritable mouroir de petites filles.

 

Le sujet parfait est l’homme qui jouit de se ruiner pour une femme qui lui refuse tout.

 

Ce qui me répugne le plus chez Voltaire, ce n’est pas le traitre, ce n’est pas le philosophe athée-encore que les libres penseurs me fassent horreur-, c’est le vil courtisan, le flatteur. Si je pouvais lui retirer sa charge d’historiographe du royaume, pour laquelle je le paie deux mille livres par an, sans que mon geste provoque une affaire d’Etat je le ferais …

On en parle

Ma librairie.

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3
Lors de notre dernière réunion du club de lecture, j’ai senti un enthousiasme très fort pour cet auteur, et j’ai donc lu le roman auquel les lectrices avaient accordé un grand coup de cœur la dernière fois. Je comprends bien le plaisir de lire un roman facile à lire qui surfe sur les sombres réalités de la guerre 14/18 et la vie intellectuelle de cette époque, mais je reste plus réservée sur les qualités de ce roman.

Il est vrai que « Retour parmi les hommes » ne manquent pas d’attraits : Philippe Besson décrit très bien la beauté du sentiment amoureux, et la finesse des rapports entre homosexuels. C’est très finement et précisément évoqué, on se laisse porter et on ressent bien ses joies et ses tristesses et comme la Mort est présente à toutes les pages, le tragique nous touche.

Pour tout le reste du roman, c’est comme une succession d’images rapides sur l’ensemble d’une société et du monde, un condensé du « Voyage au bout de la nuit » sans le talent de Céline. On suit un périple en Afrique en Amérique et on revient en France. Tout est rapidement évoqué, le colonialisme au Liban, l’arrivée des émigrants à Ellis Island, la réussite américaine, l’étroitesse d’esprit des gens d’une famille « coinçoss » du XVI° arrondissement, la condamnation de l’homosexualité, Radiguet, Cocteau…

Le talent de cet auteur, c’est de tout évoquer sans s’appesantir sur rien, et donc faire appel à nos souvenirs littéraires pour combler ce qu’il ne nous raconte pas. Ça marche assez bien, il est vrai que les romans fleuves des grands familles Bourgeoises, des Boussardel au Thibault (je les ais à peu près tous supprimés de ma bibliothèque : c’est illisible aujourd’hui) racontent bien les étroitesses d’esprit de cette époque, Philippe Besson n’y consacre que quelques lignes. Les avoir lus me permet de comprendre immédiatement ce genre de formules « Ma mère, confite dans le souvenir, n’a touché à rien », immédiatement je plante le décor de cet appartement aux tentures trop lourdes, aux meubles signés renfermant des secrets de famille qui ont tant fait souffrir les enfants.

J’espère ne choquer personne (en particulier pas mes amies qui ont parlé de chef d’œuvre à propos de ce livre) en disant qu’on retrouve dans ce roman la marque du zapping de notre époque, un style allusif et complice mais où souvent le cliché sert de réflexion. Tout est en séduction mais, il manque un réel travail à la fois sur le fond et très certainement sur le style. Je rejoins le commentaire que j’ai mis en lien.

Moi aussi j’oublierai ce livre assez vite avec lequel j’ai passé un bon moment.

 Citations

Je veux bien admettre que la mer peut rendre fou. Que cette étendue dont tout à coup on n’envisage plus la fin peut faire perdre la raison ? Cette immensité a quelque chose d’effrayant car, paradoxalement, elle procure la sensation d’enfermement.

 

(Ma mère) Elle dit : « quand je serai morte, ceci te reviendra. ». Je regarde autour et je ne vois qu’un tombeau, une poussière délicate sur les meubles, une nostalgie qui pue et je rêve de tout raser. Elle ajoute : «  J’ai tout gardé pour toi. J’ai tenu notre rang. » Et cet entêtement à conserver des privilèges, à ne rien partager pour ne pas être entamé, à entretenir l’illusion de la grandeur me paraît abjecte.

 

Renouer avec mes obligations d e fils, mon oisiveté d’héritier, ma dégoûtante aisance de riche. Entamer des conversations avec ma mère à propos du temps qu’il fait, de la médiocrité des domestiques, des rumeurs du faubourg.

 On en parle

From The Avenue.