SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard thème roman épistolaire.

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Le projet de Romain Slocombe : nous faire revivre les horreurs de la guerre à travers les lettres d’un jeune allemand membre du personnel de l’ambassade du Troisième Reich à Tokyo de 1942 à 1945. Il crée donc un Allemand « ordinaire » Friedrich Kessler ni trop Nazi ni résistant au nazisme, Friedrich est sûr qu’Hitler est celui qui a redonné la fierté au peuple allemand et il ne voit pas que son pays court à sa perte. Il est, également, séduit par le Japon, son art, sa philosophie. Il raconte ses étonnements, ses plaisirs mais aussi ses doutes à sa sœur à travers des lettres très détaillées.

L’intérêt du roman, c’est de vivre le quotidien des Japonais pendant la guerre, et de voir à quel point ce peuple suivait sans aucun recul, l’idéologie induite par leur confiance dans leur empereur. On se rend compte en lisant ce roman, qu’il y avait plus de doutes sur le nazisme chez les Allemands que chez les Japonais sur leur supériorité et leur invincibilité. C’est vraiment horrible de se rendre compte de cela. Car si les bombardements sont une catastrophe pour l’humanité, on se demande si sans cela les Japonais auraient pu revenir à des comportements plus normaux. Les descriptions des bombardements sont d’une précision absolument terrifiante, ce sont des passages difficiles à lire.

J’ai préféré les petites histoires de la vie de tous les jours de ce peuple courageux qui relève la tête quelque soient les horreurs qu’ils subit. On sent bien que l’écrivain aime cette civilisation, et a beaucoup d’estime pour les Japonais (comme je le comprends), mais je pense que je n’aurais pas eu la même estime pour les Japonais d’avant la guerre, ils se sont fourvoyés dans un régime qui par bien des égards est pire que le nazisme car la population y adhérait plus efficacement encore. Les massacres de Nankin sont une marque de honte sur cette civilisation.

Le seul reproche que je fasse à ce roman, c’est qu’à aucun moment on ne sent la réalité de la correspondance entre le frère et la sœur. L’écrivain a choisi un artifice qui dessert son projet. Friedrich Kessler est amené à nous raconter ce que lui dit sa sœur dans ses propres lettres. On a l’impression qu’il fait les lettres et leurs réponses, cela pour nous raconter aussi les horreurs de Berlin sous les bombes. Bizarre !

Citations

De la difficulté de réécrire l’histoire : est-ce que les Nazis éprouvaient ce racisme anti-japonais ?

C’est une éclatante insulte des Jaunes aux représentants de la race aryenne, même si en l’occurrence il s’agissait du Reich.

Hélas ! les abris des habitants de Tokyo seront peu efficaces faces aux bombes incendiaires

Les associations de voisinage, enseignent un excellent abri dans les placards (les maisons en possèdent toutes de très grands et profonds, destinés à ranger la literie) , capitonnés à l’intérieur par des matelas. Tout cela dans des maisons de bois aux fenêtres et portes coulissantes en papier. On peut, en effet, y attendre en toute tranquillité les bombes incendiaires.

Anachronisme ?

Dans les grands magasins, le rayon d’équipements de salles de bains ne propose plus que des bassines en matière plastique ou des baquets de bois.

20160203_171252Du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

4
Dans la famille Fournier vous avez le père, alcoolique et médecin, le petit fils aîné handicapé mental, le second handicapé aussi, la petite fille vivante et religieuse, la belle fille aimée du fils mais décédée beaucoup trop tôt, vous allez découvrir la mère celle qui a engendré Jean-Louis un écrivain qui fait du bien car il sait raconter des choses tristes sans faire pleurer. Il fait revivre sa mère, par petites touches et donne corps à la photo de la couverture que le temps a blanchi. Sa mère avait tout pour être heureuse, une curiosité du monde, un intérêt pour les êtres humains, mais voilà, son mari était alcoolique , il a failli faire couler toute la famille. Alors la jeune fille bien élevée, qui aimait Chopin, le théâtre et la littérature a dû ramer sec pour que ses enfants surnagent et finalement traversent l’océan de la vie sans sombrer quelque soit la force des vents contraires et la hauteur de la houle. Elle a réussi et son fils écrivain sait lui rendre hommage.

C’est une femme du Nord de « bonne famille » donc digne et un peu froide, qui cache bien ses sentiments, elle a pris l’habitude de sauver les apparences, mais derrière ce courage se cachait un cœur sensible que son fils nous fait mieux connaitre à travers un livre placé tout entier sous le signe de la métaphore marine.

PS : il a reçu un coup de coeur sans aucune hésitation à notre club de lecture.

Citations

Je recopie un passage, j’aurais pu en prendre un autre ils ont tous cette saveur

Ma mère est montée dans la voiture, elle s’est assise, elle attend. Elle attend quelqu’un ?

ça dure. Elle n’a pas l’air impatient. Elle regarde les arbres, la rue, elle rêve.
Puis, soudain elle s’étonne de ne pas avancer.

Par distraction, elle s’était installée à la place du passager. Comme si elle attendait un chauffeur.

Notre mère n’a jamais eu de chauffeur. Elle a toujours été aux commandes. C’est elle toute seule qui a dû conduire sa vie, et la vie des autres. Elle n’a jamias pu compter sur son mari, il était irresponsable. C’est elle qui a tenu le volant pendant toute la route.

Elle a conduit prudemment. Elle devait faire attention, derrière il y avait quatre enfants et, dans le coffre un mari qui ronflait.

Elle nous a mené à bon port.

L’humour particulier face au malheur

Avec un capitaine Haddock comme notre père, le bateau Fournier aurait eu toutes les chances de sombrer. Heureusement, notre mère avait toujours été là, elle avait tenu la barre fermement.

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Cela fait un moment que je n’ai pas mis de film sur Luocine. Cela ne veut pas dire que je ne vais plus au cinéma, mais il faut réagir vite pour écrire sur un film sinon, il ne passe plus en salle près de chez vous. Comme j’ai vu celui-ci en avant première à Dinard, je peux, peut-être, vous donner envie d’y aller à votre tour.

Farid Bentoumia signe là un excellent premier film (il animait le débat après la projection et il est très sympathique). Il a trouvé pour jouer le rôle du père un acteur non professionnel absolument magique et Sami Bouajila tient très bien le rôle principal. Pour reprendre les propos de quelqu’un que je connais bien, voilà enfin une comédie française où il se passe quelque chose, et je rajouterai où l’on rit sans pour autant être dans les platitudes ni la vulgarité. On suit avec passion plusieurs histoires qui s’entremêlent : celle réelle du propre frère du réalisateur qui a voulu représenter l’Algérie aux jeux olympiques de 2006 en ski de fond, qui pour les besoins du film est aussi le jeune entrepreneur fabriquant de skis au bord de la faillite, et celle de son père amoureux des arbres et de son Algérie natale. Si vous avez envie d’aller voir ce film, un conseil évitez la bande annonce qui divulgâche bien inutilement ce bon moment de cinéma.

Le film est très agréable à regarder et les regards croisés sur l’Algérie et la France ne sont ni superficiels ni trop pleins de lieux communs sur les pauvres immigrés et l’idéalisation de ce beau pays : l’Algérie. Farid Bentoumi nous a expliqué combien il se sentait bien dans sa peau avec sa double nationalité et combien il se retrouvait peu dans l’image qu’on donne habituellement de la communauté algérienne en France au cinéma.

SONY DSCLu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Au programme du club, j’ai lu rapidement ce roman, avec plaisir pendant la première moitié, et puis, peu à peu, plus laborieusement. Mais je n’ai peut-être pas pris tout le temps qu’il fallait pour l’apprécier parce que je voulais le rapporter à la médiathèque afin de savoir si d’autres lectrices auront plus de plaisir que moi. Agnes Desarthe créé un personnage, Rose, qui semble subir sa vie plus qu’elle ne la vit vraiment. Elle est l’enfant de Kristina, très belle femme au caractère étrange et d’un père officier de l’armée française qui a la fâcheuse habitude de prendre toujours les mauvaises décisions. Philosophe à ses heures, et passionné par Spinoza, il hésite avant chaque action, et étant sûr de se tromper à chaque fois, il va dans le sens inverse de ce qu’il pensait juste. Compliqué et peu efficace. Rose se retrouve donc à Paris en 1920 sans argent mais avec beaucoup de courage. Elle est d’une naïveté peu crédible mais cela permet à l’auteur de nous décrire les bas-fonds parisiens avec un plaisir certain. Rose risque de perdre sa vie mais rencontrera des personnages variés dont un admirateur d’Apollinaire (d’où le titre du roman) qui la sauveront.

Pour en apprendre un peu plus sur cette auteure, je me suis promenée sur le Net, et j’ai eu la surprise de voir qu’elle était la fille du pédiatre Aldo Nahouri qui a été critiqué par les médias pour avoir tenu des propos très proches de ceux que le médecin qui essaye de soigner Kristina donnent à son mari. Famille surprenante où la création artistique prend une grande place ainsi que le souvenir très douloureux de la déportation des juifs. Tout cela est présent dans l’écriture d’Agnès Desarthe, avec, dans ce roman, la difficulté d’arriver à une existence propre , d’avoir un destin. Rose est dominée par son époque et j’ai eu plus d’une fois envie de la confronter à la réalité de la vie. Je ne peux imaginer qu’une jeune fille de 19 ans vienne vivre à Paris avec pour seul bagage sa connaissance d’Alexandre Dumas.

PS : à notre club, une seule lectrice a défendu ce roman, elle a été touchée par la misère du Paris de l’époque, les autres ont été plus sévères que moi, elles ont surtout souligné les ficelles de la construction romanesque, sorte de pastiche de tous les romans de l’époque.

Citations

Description de la personnalité de Kristina

Le reste du temps, elle gardait une distance qu’elle aurait voulu ironique (car elle ne manquait pas de goût), mais qui était vide (car elle manquait de cœur).

Conseil du médecin

Il faut la forcer si elle refuse mon ami. Pudeur, caprice, enfantillage. Ne restez pas planté devant la porte, commandant. Enfoncez les lignes ennemies. Il faut lui remuer les entrailles à cette chère si chère Kristina.

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4Ce sont les blogs qui m’ont conduite vers cette BD, et le moins que je puisse dire c’est que je ne le regrette pas. Zaï Zaï est un objet absolument unique et qui m’a presque totalement convaincue. (Je finis par croire que j’aime les BD). J’ai été étonnée de lire les commentaires dans Babelio, beaucoup de lecteurs sont absolument morts de rire. J’ai souri moi aussi, par exemple en lisant ces deux pages

SONY DSCMais la plupart du temps, je souris jaune, car si les situations sont absurdes et jamais méchantes , c’est quand même notre société et ses disfonctionnements qui sont mis en scène. Le ton ne se veut pas tragique certes, et la sanction prévue par cette faute si grave que tous les gendarmes vous courent après est à mourir de rire. Il n’empêche, il ne faut pas grand chose pour devenir un paria dans cette société pas si futuriste que ça : ne pas avoir sa carte du magasin sur soi et voilà que toutes les polices du pays sont à vos trousses. Tous les gags sont toujours au bord de devenir graves et puis finalement à l’image des gendarmes qui se précipitent pour aller chercher des granules d’Arnica 9CH au pauvre type étendu sur la route, la tension retombe dans un sourire. Personne ne se révolte, même les défenseurs de notre fugitif qui ressemblent beaucoup aux enfoirés, ils ont imaginé une chanson pour le défendre et ils sont aussi ridicules que ce jeune couple qui s’enlace tendrement à l’idée d’être à 37 points de son service à raclette. Il y a quand même une ado qui saute par la fenêtre, mais c’est parce que ses parents n’ont pas vu qu’elle avait mis des lacets de couleurs différentes pour exprimer son refus de cette société pourrie..

Le dessin est minimaliste et donne une impression irréelle, on distingue très peu les personnages entre eux mais cela va bien avec l’histoire : aucun personnage ne remettra en cause la gravité de l’acte du dessinateur de BD en cavale : « ne pas avoir sa carte du magasin sur soi », cela donne le ton à tout l’album, rien n’est aussi grave que ça. Même le suicide d’une ado, où la possibilité qu’un petit garçon se fasse violer, s’ils ont leur carte du magasin tout va bien. Tout est NORMAL. Les ados de tout temps, ça se suicident, et les petits garçons ont toujours été menacés par des pervers-violeurs (pas avec une trop grosse bouteille quand même !) . Rien de grave , je vous l’avais bien dit.

Je suppose que le dessinateur écoutait cette chanson tout en dessinant alors un petit coup de Zaï Zaï Zaï Zaï ne vous fera pas de mal (surtout si comme moi vous perdez systématiquement vos cartes de fidélité) !

20160113_110627Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard, thème : roman épistolaire.

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Quoi de plus agréable qu’une petite virée dans les beaux paysages du vignoble français ? Un bon roman pour se distraire, s’amuser, sourire, s’émouvoir et même être prise par le suspens. Un roman écrit à deux et qui réussit ce tour de force d’annoncer dès la troisième ligne l’objet qui résoudrait l’énigme du roman :

Rentrant de voyage ce samedi, je trouve dans ma boîte aux lettres cette volumineuse enveloppe, portant votre adresse au dos. »

Bien sûr, je ne vais rien divulgâcher, une fois n’est pas coutume ce serait vraiment dommage, mais vous l’avez deviné, Pierre Marie Sotto à qui est destiné cette enveloppe n’ouvrira pas cette lettre et correspondra avec Adeline Parmelan. Tous deux vont peu à peu apprendre à se connaître et dévoiler une partie de leur intimité. C’est souvent très drôle et j’imagine bien le plaisir des deux écrivains à écrire un tel roman. On voit aussi notre société prendre vie tout au long de ce roman : les familles recomposées, la célébrité, les rencontres d’un soir, le deuil mais pour une fois ce n’est pas tragique.

J’ai aimé la lectrice qui veut absolument avoir une relation sexuelle avec notre écrivain, il aurait aimé nous faire croire qu’il a été pratiquement violé, heureusement, il a l’honnêteté de nous faire lire le mail de la meilleure amie de cette lectrice au fort tempérament , disons que si l’alcool a égaré son jugement, il a quand même été plus que consentant. J’ai adoré aussi le point de vue masculin (le copain de toujours de notre écrivain) sur cette femme. Bref comme je ne veux pas encourir la colère des anti-divulgâcheurs, je ne vous fais part que des anecdotes qui m’ont beaucoup amusée…

PS. : lisez la citation, vous comprendrez pourquoi je termine par ces trois points de suspension,(totalement incongrus) ! – on a le droit aux parenthèses et au point d’exclamation-

lire le billet de Krol (qui à mon avis divulgâche plus que moi)

Citations

Citation dédiée à ceux et celles qui détestent qu’on les appelle « minou »

Ma seconde femme. Je ne me rappelle plus pourquoi je l’ai épousée, mais je sais très bien pourquoi je l’ai quittée. Partout où je me sentais bien (librairies, soirées avec des amis) elle me disait : « on y va ,Minou ? » J’ai tenu 8 ans.

Les points de suspensions

Ces obsédés des points de suspension semblent vous dire : ah,si on me laissait faire, vous verriez cette superbe description que je vous brosserais là, et ce dialogue percutant, et cette analyse brillante. J’ai tout ça au bout des doigts, mais bon je me retiens. Pour cette fois ! On a envie de leur suggérer à l’oreille : laissez-vous donc aller,mon vieux ,ne muselez plus ainsi ce génie qu’on devine en vous et qui demande qu’à nous exploser à la gueule. Lâchez -vous et le monde de la littérature en sera sous le choc , je vous le garantis.

Calmer une correspondante qui prend trop vite la mouche

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C’est un de mes cadeaux de Noël 2015. Je suis fan absolue de cette Mamette. Je relis cette BD, dès que j’ai moral qui flanche. Elle est drôle, toujours tournée vers la vie, même quand ça devient compliqué de vieillir. Les personnages qui l’entourent sont bien imaginés et je me retrouve dans leurs réactions . Ils sont juste un peu plus vieux que moi, cela me permet de me sentir plus jeune et plus à la page.
Son fils « Choupinet » a bien du mal à retrouver sa place dans une société où il ne fait pas bon être chômeur mais il y arrivera.

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Cliquer sur l’image pour lire la citation que j’aime !

Cette phrase dite très fort dans la bibliothèque a dû mettre à l’aise « Choupinet »

« Choupinet la jolie dame est célibataire, comme toi

Tu attends quoi ?

Que je fasse les présentations »

Mais le plus délicieux c’est sa bande de copines, je vous présente l’hypocondriaque, râleuse :

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et sa meilleure amie

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C’est quand même vrai que Jésus n’a jamais fait ses courses. Bref un concentré d’optimisme et de joie de vivre pour ce Noël 2015 c’était exactement ce qu’il me fallait.

20151218_095309Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard dans le thème découverte de l’Ouest américain.

3Seuls ceux et celles qui liront ce roman comprendront le gros plan sur la fermeture Éclair de mon jean. J’avais déjà lu un roman de cette auteure, « le temps des miracles » que j’avais beaucoup apprécié. Ces deux livres sont dans la catégorie « ado » mais peuvent être lus par un large public. À mon avis, celui-ci cible franchement un public jeune, ce qui lui donne un côté bien sympathique.on a parfois l’impression de lire une BD sans image. On part sur les routes du Far West, avec une fille à fort tempérament, pour arriver sur la côte Ouest. Bella Rossa est très belle, rousse grâce à son ascendance irlandaise, d’une énergie peu commune. Elle a des seins superbes, comme des pastèques dit-elle, et dans ce monde qui manque de femmes c’est loin de n’être qu’un avantage. Deux personnages haut en couleur l’accompagnent. Son père paralysé, boit sans arrêt, il crie sur sa fille et sur tous ceux qui s’occupent de lui. Et le plus important pour elle, Jaro, son homme qui n’est pas toujours un cadeau.

Ensemble, ils mèneront leur carriole sur les pistes des chercheurs d’or pour leur vendre des objets pour le moins variés. C’est donc l’occasion de revisiter le Far West avec tous ses dangers (dont la guerre) et des personnages parfois très peu recommandables, un pasteur pervers et lubrique, des fermiers qui lynchent un homme à cause de la couleur de sa peau, un voleur aidé d’un opossum, des femmes trop peu farouches au goût de Bella Rosa… C’est un récit simple et efficace en somme, une bonne distraction pour ceux et celles qui aiment les Westerns. Les personnages ne sont pas caricaturaux et le récit est enlevé. Si on considère que ce roman s’adresse a un public jeune, il est parfait, mais pour des adultes, il manque de profondeur.

Citations

Le tout c’est de trouver le client

Pour palper réellement ce magot, encore fallait-il trouver des clients ! Et, franchement, Jaro n’avait jamais rencontré personne qui eût besoin d’un coupe-œuf ou d’un épineur de raisins secs !

Un moment de grâce

 Et tout ça grâce à ta salle manie d’ouvrir ta braguette à tout bout de champ, s’exclama-t-elle en embrassant Jaroslaw avec fougue.
Dans sa fièvre spéculatrice, elle oubliait toutes les épreuves que Jaro lui avait fait endurer, les pincements affreux de la jalousie, les ravages causés à son cœur et à sa fierté. Elle oubliait les filles au gros derrière, les nuits de solitude à guetter le retour de son, amour, les douleurs qui lui transperçaient le ventre, tout.

20151216_122141Pendant les derniers mois de l’année 2015, il a été beaucoup question de relecture, j’ai mis sur ma liseuse tous les classiques que je veux relire. J’ai choisi de relire « Madame Bovary » (que vous connaissez tous et toutes) car j’ai été passionnée par un débat sur France Culture, animé par Alain Finkielkraut, lors de son émission « Répliques » du 28 novembre 2015. Étaient invités : Suzanne Julliard qui vient de publier une anthologie de la prose française ordonnée par genres ( des orateurs aux critiques) et le comédien Fabrice Luchini.

Suzanne Julliard affirmait que, si la langue de Flaubert était travaillée à la perfection, elle n’était en aucun cas poétique. Ma relecture très attentive me place dans son camp. Pourtant Luchini et Finkielkraut étaient tellement passionnés que j’aurais aimé qu’il en soit autrement. J’ai lu « Madame Bovary » plusieurs fois, mais toujours dans des cadres scolaires puis universitaires. Je me souviens combien, au lycée, j’avais été agacée par cette Emma qui me ressemblait si peu, toujours à rêver sa vie au lieu de la vivre.

Et puis, sont parvenus jusqu’à moi, sans pour autant que je relise cette œuvre, les débats menés par les féministes de notre époque accusant Flaubert, d’avoir fait une héroïne avec des yeux de « mâle dominant » occidental. Je trouvais ce débat stérile, et je ne voulais pas m’y intéresser. J’ai repris ce roman avec des préjugés favorables pour ce qui est considéré, à juste titre, comme un monument incontournable de la littérature française. Et de nouveau, Emma m’a prodigieusement énervée, mais je ne comprends absolument pas les propos des critiques féministes, car les hommes sont d’une nullité crasse, seul Charles grâce à son amour sans faille pour sa trop jolie femme, a une présence plus sympathique que l’ensemble des personnages.

C’est un livre désespérant, car personne n’est habité par un sentiment positif pour ce qui fait le sel de la vie, les joies intellectuelles ou les satisfactions physiques. Emma les rêvait dans la réalisation d’un amour passionné, et finalement, étant donné le cadre monotone de sa vie qui peut lui donner tort ? Elle vit à travers ses romans, mais nous blogueuses et plus rares blogueurs, ce sont pour nous aussi de moments délicieux que ceux passés parmi nos lectures. Je vais sans doute résumer le drame d’Emma a bien peu de choses, mais si elle s’était réalisée dans la société autrement que comme la femme de Charles Bovary, Flaubert n’aurait eu à se mettre sous la dent que la série de portraits d’hommes aussi peu reluisants que, Homais, le pharmacien qui se croit savant alors qu’il est tout juste scientiste borné, Rodolphe, le jouisseur, L’heureux l’usurier escroc, Léon le pâle amoureux arriviste et j’en passe.

C’est donc un roman désespéré et je suis vraiment contente de n’avoir pas à l’expliquer à la jeune génération. À la relecture, je me disais sans cesse combien je préfère la lecture de Maupassant autrement plus humain que ce Flaubert qui s’est si bien corseté pour écrire son chef d’œuvre, qu’il ne laisse aucune chance à la vie pour se faufiler à travers les interstices de nos rêves et nos délicieux fantasmes.

Citations

Poésie ? Charles amoureux et heureux

Et alors, sur la grande route qui étendait son long ruban de poussière, par les chemins creux où les arbres se courbaient en berceaux, dans les sentiers dont les blés lui montaient jusqu’aux genoux, avec le soleil sur les épaules et l’air du matin à ses narines, le cœur plein des félicités de la nuit, l’esprit tranquille, la chair contente, il s’en allait ruminant son bonheur, comme ceux qui mâchent encore après dîner, le goût des truffes qu’ils digèrent.

Emma et la recherche du bonheur

Avant qu’elle se mariât, elle avait cru avoir de l’amour ; mais le bonheur qui aurait dû résulter de cet amour n’étant pas venu, il fallait qu’elle se fût trompée, songeait-elle. Et Emma cherchait à savoir ce que l’on entendait au juste dans la vie par les mots de félicité, de passion et d’ivresse, qui lui avaient paru si beaux dans les livres.

La vie de couple

La conversation de Charles état plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d’émotion, de rire ou de rêverie.

Solitude (poésie ?)

Comme les matelots en détresse, elle promenait sur la solitude de sa vie des yeux désespérés, cherchant au loin quelque voile blanche dans les brumes de l’horizon.

Phrase célèbre

Ainsi se tenait, devant ces bourgeois épanouis, ce demi-siècle de servitude. 

Cruauté de Flaubert envers les femmes

L’aplomb dépend des milieux où il se pose : on ne parle pas à l’entresol comme au quatrième étage, et la femme riche semble avoir autour d’elle, pour garder sa vertu, tous ses billets de banque, comme une cuirasse, dans la doublure de son corset.

Remarque à méditer sur l’amour

Mais le dénigrement de ceux que nous aimons toujours nous en détache quelque peu. Il ne faut pas toucher aux idoles : la dorure en reste aux mains.

Une belle réaction d’Emma

Vous profitez impudemment de ma détresse monsieur ! je suis à plaindre, mais pas à vendre !

Victoire d’Homais, dernières phrases du roman

Depuis la mort de Bovary, trois médecins se sont succédé à Yonville sans pouvoir réussir, tant M. Homais les a tout de suite battus en brèche. Il fait une clientèle d’enfer ; l’autorité le ménage et l’opinion public le protège.
Il vient de recevoir la croix d’honneur

20151215_112915Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

3Je dédie ce livre à mon fils heureux papa d’une petite fille qui a un an aujourd’hui. S’il lit ce roman, il y retrouvera toutes les angoisses de sa mère lorsqu’il était adolescent. Il s’agit, en effet d’un roman sur l’addiction au monde connecté. Isabelle Jarry nous plonge dans un futur pas très éloigné du nôtre. L’homme a réussi à créer des androïdes capables d’une certaine forme d’intelligence donc, d’autonomie. Pour lutter contre les méfaits d’un temps trop long passé devant des écrans, la société impose des cures de désintoxication d’une semaine à tous ceux qui ne savent pas se déconnecter du monde virtuel. C’est ainsi que commence le roman : Tim se retrouve brutalement dans un de ces centres pour une semaine sans possibilité de prévenir Today, son androïde, qui, à force d’interactions, est devenu pour lui beaucoup plus qu’un robot, il est son véritable assistant et son compagnon de vie.

Le roman permet de suivre deux survies, celle de Tim qui se retrouve confronté à la nature et qui s’inquiète sans cesse pour son androïde qu’il voudrait au moins prévenir de son absence. Or il ne le peut pas puisque le principe de la cure est de priver brutalement le patient de tous ses liens avec le monde virtuel. L’autre personnage en errance, c’est Today (l’androïde) dont l’existence est sans cesse menacée par des rencontres plus au moins hostiles.

Le roman ne décrit pas un monde déshumanisé et la relation de Tim et de Today n’a rien d’impossible. À travers leurs deux expériences, l’auteure nous fait revivre notre société dans des aspects à la fois tragiques et amusants. Les recherches de Tim portent sur la survie après une catastrophe nucléaire, et il rentre donc en contact avec un sage japonais qui est resté vivre à 40 kilomètres de Fukushima, ça c’est pour l’aspect tragique mais pas désespéré puisque ce Japonais a réussi à survivre dans une nature délaissée par l’homme donc de plus en plus belle. Le côté léger et drôle vient des personnages rencontrés par Tim et Today, le chef de cuisine, parodie de ceux présentés à la Télévision, la cantatrice quelque peu décatie, le clochard lubrique…

Bien sûr, on retrouve dans ce roman une opposition entre la vie dans la nature et le monde moderne connecté mais ce n’est pas pour autant un roman moralisateur ni trop simpliste. Et une fois n’est pas coutume, le mot de la fin est donné à l’androïde pas à l’humain. J’ai quelques réserves, encore une fois – ça devient de plus en plus fréquent- les passages en anglais ne sont pas traduits. Mais surtout, j’aurais aimé en savoir plus sur Tim et sur ce qu’il va devenir enfin l’histoire de plusieurs personnages ne me semble pas finie. l’auteure laisse à notre imaginaire le destin de plusieurs personnages : je me suis sentie abandonnée par l’écrivain , que deviendra Mme Hauvelle la chercheuse aigrie, et Mirène la cantatrice clochardisée et surtout Tim, c’est un peu dur de ne pas savoir où va le personnage principal , je suis désolée pour toutes celles qui détestent qu’on « divulgache » les intrigues mais voici la dernière phrase concernant Tim

Il ne savait pas où il allait….

Je n’en dis pas plus pour garder mes lecteurs et lectrices, mais moi je trouve ça frustrant. C’est la raison pour laquelle je n’ai mis que 3 coquillages alors que, jusqu’à l’avant dernier chapitre, je pensais en mettre quatre. L’auteure prépare peut-être une suite ?

Citations

La place de l’homme dans la nature

L’être humain lui-même était si faible… La nature dans son exubérance, sa force insurmontable, son inépuisable énergie, sa faculté à essaimer et à se reproduire, la nature l’avait nargué dès le début. Pourquoi, à l’instar des autres espèces, n’avait-il pas accepté la place qu’il occupait , prédateur des uns, proie des autres, maillon dans la chaîne de la vie ? Pourquoi avait-il voulu échapper à cette condition, imposer sa loi ?

Le Haïku qui donne son titre au roman

La voix du rossignol s’éloigne
La lumière s’éteint
Magique aujourd’hui