20160102_184800Traduit de l’américain par Anne Laure Tissut. Ce roman est arrivé jusqu’à moi grâce à Keisha qui ne l’a pas commenté et Aifelle que je remercie pour sa gentille attention.

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Laird Hunt plonge le lecteur du 21e siècle dans la guerre civile américaine que nous appelons en France guerre de sécession. Elle fit un million de morts, il faut se souvenir qu’elle fut la guerre la plus meurtrière de la nation américaine. Comment la faire revivre aujourd’hui ? L’auteur a pris le parti de la raconter du point de vue d’une femme, puisqu’il est avéré qu’une centaine de femmes se déguisèrent en homme pour participer aux combats. C’est évidemment un point de vue original, car même si Constance a un fort tempérament, l’horreur de ce qu’elle doit vivre fera vaciller sa raison. Peu à peu, le lecteur perd pied dans l’imaginaire d’une femme dont l’esprit flotte entre la réalité sordide des violences de la guerre et les souvenirs de son enfance qui sont aussi marqués, on le découvrira peu à peu, par des scènes traumatisantes. Elle doit faire face à deux dangers, celui de tout soldat à la guerre et celui d’être reconnu comme femme. Une seule chose est vraiment douce pour elle, son amour pour Bartholomew trop faible pour être soldat.

Pourquoi ne suis-je pas plus enthousiaste pour ce roman encensé par la critique et la blogosphère ? Je sais que cette guerre est encore un sujet brûlant aux États-Unis, beaucoup moins pour moi. Je reconnais à cet auteur un talent certain pour faire revivre cette époque et les troubles psychologiques causés par les faits de guerre. Mais je dois dire que la conscience troublée de Constance ne m’a pas permis de toujours bien comprendre ce qu’elle vivait. Distinguer le réel du cauchemar est compliqué quand le filtre passe par un cerveau dérangé. Comme pour Constance , le début de la guerre est clair et précis, donc ma lecture enthousiaste et rapide, et peu à peu, je me suis embourbée dans l’horreur, les cadavres putrides, les corps mutilés, la folie traitée à coups d’eau glacée et ma lecture est devenue très laborieuse.

Citations

Problème de traduction ?

 Il y avait des batailles en aval et dès que la rumeur eut circulé que nous allions à leur rencontre, le régiment connut une saignée sévère de recrues. Ce n’était à faire que de sortir du rang pour ne plus revenir.

Un beau personnage de femme mais qui trahira Constance

Elle parlait d’amour et d’amour anéanti par la guerre . Cela ne la dérangeait pas de trahir la cause pour laquelle son mari avait combattu et péri, me dit-elle. Les États confédérés avaient fait sécession par entêtement, et la guerre était venue emporter son mari . Elle partirait au Nord quand tout serait fini. Elle retournerait dans ce village du Maine qu’elle avait quitté tant d’années plus tôt.
– » S’ils m’acceptent , dit-elle.
– Pourquoi ne le feraient-ils pas ?
– Cette guerre, fit-elle. Cette guerre, cette guerre. »

Résumé de ce qu’a vécu Constance

Il en fallait plus que que la brûlure du fouet du vieux pour me donner du cœur à l’ouvrage. Plus que l’homme à la corde avec son pistolet de cavalerie . Plus que le souvenir de tous les hommes avec qui j’ai vécu dans l’armée de l’Union,. Des hommes capables de pisser sur un chat à l’agonie. De se moquer d’un petit garçon perdu. De violer une femme entrée dans l’automne de sa vie. De faire brûler une maison appartenant à des femmes d’église. De vous boucler dans une taule à fous et de vous y laisser pourrir.

Un nouveau mot

Secesh : homme du sud.

20151113_120910Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

4L’ennuie avec les lectures du Club comme avec la tenue du blog, c’est que j’enchaîne la lecture les livres trop rapidement. Pour certains, ce n’est pas si grave car ils font partie de la lecture détente, et je suis ravie de partager ces moments avec les lectrices et lecteurs de mon blog. D’autres résonnent plus profondément en moi, et je veux les lire et relire jusqu’à ce que je les possède et qu’ils m’appartiennent. Les livres ne m’ont jamais appartenu parce qu’ils sont bien rangés dans mes rayonnages, cela je l’ai cru dans ma jeunesse. Ils m’appartiennent parce que je sais me souvenir, en les évoquant, du plaisir qu’ils ont su me procurer. Avec Carole Martinez, il faut du temps pour savourer son histoire et sa façon de la raconter.

Toutes les lectrices qui aiment ses livres sont sous le charme de son écriture passionnée. Aussi bien « les fanas de livres » que Asphodèle et Krol. Cette écriture mérite qu’on la déguste par petites touches, sans se presser qu’on puisse laisser cette histoire et la reprendre juste pour le plaisir de s’entendre raconter une histoire tragique. Tragique comme ces petites filles mariées au sortir de l’enfance dans une France de 1361, si rude, ravagée par la peste, la guerre de cent ans et les compagnies armées qui un temps désœuvrées par le traité de Brétigny soumettent les populations aux violences rapines et pillages.

Carole Martinez sait mettre son écriture au service de ce qu’elle imagine de cette époque. Sous sa plume, les légendes , la religion, les faits historiques se mélangent et nous avons l’impression comme la petite Blanche de presque douze ans, d’être emportés sur les flots de la Lou sans pouvoir maîtriser notre destin. D’être submergés par l’angoisse et la peur des hommes capables de déchaînements de violence. Cette violence et cette absence de respect pour la vie d’enfants si fragiles et si exposés aux maladies, rend la mort presque douce. Roman étrange qui ne tient que par cette écriture à deux voix, celle de la mémoire de l’enfant qui est devenue « la vieille âme » et qui éclaire parfois la voix de « la petite fille » qui a bien du mal à comprendre ce qui lui arrive.

Citations

La présence du Diable

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Désolée pour la couverture de ce livre, j’ai rarement vu plus moche. Heureusement, comme ce roman a été couronné par tant de prix et admiré dans le monde des blogs cela n’empêchera personne de l’acheter . J’avais d’autant plus envie de le lire que j’avais commencé à l’entendre lu par l’auteur lui-même. L’histoire est maintenant bien connue, deux soldats de la guerre 14-18 réchappent de très peu à la mort, malgré la cruauté d’un « salopard de gradé » le lieutenant d’Aulnay Pradelle qui en veut à leur vie. Réunis par la mort qui est passée si près d’Albert Maillard, et qui a gravement mutilé Edouard Péricourt en lui arrachant la moitié du visage, les deux anciens poilus vont essayer de survivre dans l’après guerre, puis ils vont imaginer une fabuleuse escroquerie. Les deux personnalités sont totalement opposées autant l’un est timoré et ne cherche qu’à se faire le plus discret possible, autant l’autre est complètement hors norme.

Un des intérêt du roman, c’est de mettre en scène l’après guerre. Et si l’arnaque aux monuments aux morts est une invention romanesque, le scandale de la façon dont on s’est occupé des dépouilles des soldats tués au combat est en revanche tout à fait historique. Le roman est soutenu par un suspens très fort, on se demande si, ayant échappé au pire, ces deux hommes ne vont pas connaître un destin funeste. Le personnage de Henri d’Aulnay-Pradelle est tellement odieux, qu’il en est caricatural ; on espère sans cesse que la vie va lui faire payer toutes ses turpitudes. C’est ma grande réserve pour ce roman, je n’ai pas pu croire aux personnages des méchants. Pas plus d’ailleurs, qu’au personnage du fonctionnaire incorruptible : il est mal aimé, mal habillé, porte un dentier qui tient mal, sent mauvais, n’est compris de personne, il faut donc avoir ce physique là pour ne pas être corruptible ?

Le rythme du récit fait penser à un roman policier, et les traits des personnalités à une bande dessinée (et, il existe maintenant en bande dessinée). Comme souvent, quand on attend beaucoup d’un roman, on est parfois déçu. Je m’attendais à beaucoup plus de nuances dans le traitement des personnages. Ce serait si simple si les méchants étaient tous comme Henri d’Aulnay-Pradelle, et tous les hommes politique corrompus jusqu’au dernier.

Citations

Verdun

En 1916, au début de la bataille de Verdun – dix mois de combats, trois cent mille morts-, les terrains de Chazières-Malmont, pas loin des lignes de front, encore accessible par la route et assez proches de l’hôpital, grand pourvoyeur de cadavres, s’étaient révélés, pendant un moment, un lieu pratique pour enterrer les soldats. La fluctuation des positions militaires et les aléas stratégiques bousculèrent à plusieurs reprises certaines parties de ce vaste quadrilatère dans lequel se trouvaient à présent ensevelis plus de deux mille corps, personne ne connaissait réellement le nombre, on parlait même de cinq mille, ce n’était pas impossible, cette guerre avait fait exploser tous les records.

J’adore cette scène

Henri (le sale type de l’histoire) n’attendit pas la fin de la phrase pour quitter la pièce en claquant violemment la porte derrière lui. Ce bruit allait faire vibrer la maison de haut en bas. Hélas, l’effet tomba à l’eau. Cette porte, munie d’un mécanisme pneumatiques, se rabattit lentement avec des petits ouf… ouf… ouf… saccadés.

les sentences de Madame Maillard qui scandent le roman à chaque difficulté de son fils Albert

Albert a voulu partir aux colonies , bon, moi je veux bien. Mais s’il fait comme ici et qu’il se met à pleurnicher devant les indigènes, il va pas arriver à grand chose, c’est moi qui vous le dis ! Mais bon c’est Albert. Qu’est ce que vous voulez, il est comme ça.

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Voilà le roman que je lisais pendant les longs moments d’attente du festival du film britannique. Pour s’évader des atmosphères glauques des cas sociaux anglais, de la drogue et de la violence quoi de plus bienfaisant que les embruns du grand Nord. Et puis, j’avais tellement apprécié « L’égaré de Lisbonne » . Hélas ! la magie a beaucoup moins fonctionné, nous sommes ici dans un parfait roman historique, et ce n’est vraiment pas mon genre préféré. J’ai bien senti tout le sérieux des recherches de l’auteur, pour faire revivre une époque et des lieux qui nous sont étrangers, il est vrai que je ne connaissais rien à l’Islande du XVe siècle et que je suis beaucoup plus savante aujourd’hui. J’imagine que tous les passionnés d’Histoire salue ce roman, à juste raison. Mais pour ma part, lorsque le travail de l’historien prend le pas sur celui du romancier, je préfère lire un essai qu’un roman. Malgré ces réserves, je conseille ce livre à tous les gens qui ont envie de découvrir la vie dans les rudes contrées du grand nord aux siècles passés.

Comme je suis plongée, grâce aux conseils de Dominique dans Sapiens, tout ce que je lis se colore de cette lecture passionnante et dont j’espère écrire la chronique bientôt. Ici la disparition d’un peuple libre pêcheur cueilleur au profit des agriculteurs sédentaires qui épuisent les sols sans pour autant permettre le mieux être d’une population est une illustration exacte du propos de Yuval Noah Harari. J’ai aimé aussi retrouver tout ce qu’on sait sur la découverte des nouveaux continents américains et les raisons pour lesquelles, notre mémoire collective a retenu le nom de Christophe Colomb, plutôt que des courageux navigateurs Vikings peu en odeur de sainteté. Ce fut pour moi une lecture laborieuse, mais cette remarque en dit plus long sur mon peu d’appétence pour ce genre littéraire que pour le roman lui-même.

Citations

Les légendes du grand nord

Les gens débattirent de l’origine des elfes. La plupart expliquaient qu’ils descendaient de certains enfants d’Adam et Eve, que celle-ci avait caché à Dieu car ils n’étaient pas lavés. Dieu avait alors déclaré : « Ce qui doit m’être caché sera caché aux hommes. » Ces créatures équivoques, sans âme, avaient néanmoins le pouvoir de se laisser voir des hommes s’ils le désiraient. Mais d’autres parmi l’assistance prétendaient qu’à la suite d’une révolte au paradis , provoquée par le diable, ceux qui s’y étaient ralliés avaient été relégués en enfer, alors que ceux qui étaient restés neutres a aient été renvoyés sur Terre , condamnés à vivre cachés dans des monticules, des collines et des rochers.

L’orgueil des gens de mer

Je sais bien que tu as mérité d’être arrivé le premier. Mais ne t’en vante pas trop. Les hommes n’aiment pas qu’on ternissent leur réputation, et tu pourrais bien t’attirer des jalousies. N’oublie jamais ça : la première qualité d’un marin, c’est l’humilité. 

Le goût des livres en Islande

Non seulement Jon aimait lire, mais il était fasciné par les livres en tant qu’objets capables de renfermer de la culture, du savoir, de la mémoire. La production d’un livre lui paraissait être comme une alchimie complexe, dont il voulait tout savoir. Pour faire un livre, il fallait des hommes capables d’écrire, des animaux -peau de veau et plumes de cygne – , des plantes qui servaient à élaborer l’encre et la couleur.

Le mal de mer

Il était inutile de lutter contre les mouvements d’un bateau. Ceux qui résistaient se soumettaient immédiatement au mal de mer. Seuls ceux qui composaient parvenaient à percevoir, dans leur chair, les moindres humeurs de leur embarcations.

Philosophie du couple

Tu sais mon fils, un mari et une femme, c’est comme les deux berges d’une rivière : il y a des méandres et des rapides, mais aussi des gués. Il faut prendre la rivière comme elle va. Et le temps n’était plus loin où elle allait devenir un torrent infranchissable. Pourtant, on s’aimait sincèrement. J’ai aimé ton père pour son esprit ouvert, sa curiosité,son caractère libre, aventureux. Je l’ai détesté pour les mêmes raisons.

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Traduit de l’allemand par Emmanuel Guntzburger.

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Alex Capus mêle trois destins dans un roman semi historique très agréable à lire, il raconte et imagine la vie de :

  • Emile Gillieron génial dessinateur qui inventera autant qu’il restaurera des frises de l’antiquité crétoise : voilà pour le faussaire.
  • Laura d’Oriano chanteuse de cabaret qui abandonnera son mari et ses filles pour vivre sa vie plus librement et qui mettra ses compétences linguistiques au service de la France résistante : voilà notre espionne.
  • Felix Bloch génial physicien juif et Suisse se retouvera à Los Alamos auprès de Oppenheimer : voici pour le faiseur de bombes.

Ces trois personnes réelles ne se rejoignent que dans ce roman, c’est un peu étrange et on se demande tout au long de la lecture ce qu’ils ont en commun. Justement rien sauf l’époque et leur lien avec la Suisse, patrie de l’auteur.

Je trouve cette idée un peu bizarre mais en même temps le lien temporel qui les réunit permet de se déplacer d’un personnage à l’autre sans déplaisir avec même une certaine évidence que l’on doit sans aucun doute au talent d’Alex Capus. Les trois personnages semblent dépassés par leur époque et leurs côtés négatifs et positifs sont plus le résultat des hasards du destin que de choix volontaires. En Grèce, le faussaire est épargné par la montée du nazisme, c’est vraiment un personnage amusant plein d’énergie dont il se sert pour faire surgir du sol le palais de Minos et toutes les antiquités qu’il fabrique à la demande , tant pis pour la rigueur scientifique et tant mieux pour ceux qui aiment qu’on leur raconte de belles histoires myologiques et qui veulent ramener de leurs voyages des souvenirs « authentiques ».

La vie de Félix Bloch, ce jeune suisse épris de sciences est passionnante, il aurait pu passer sa vie à construire des plaques d’égout mais son cerveau en ébullition l’a poussé à comprendre la physique quantique. Il vit parmi les scientifiques de son époque dont prix Nobel Fritz Haber, juif converti au protestantisme sympathique personnage inventeur du gaz moutarde et du Zyclon B, et finalement expulsé par les nazis, il mourra en 1934 à Bâles. Felix Bloch ira à Los Alamos auprès d’Oppenheimer pour construire la bombe atomique. La difficulté et les limites du roman construits à partir de personnes réelles, c’est que le romancier ne peut pas tout inventer. C’est particulièrement net pour le personnage de Laura d’Oriano, comment expliquer qu’une mère abandonne ses deux petites filles et son mari en Suisse pour aller vivre sa vie à Marseille. Le prétexte choisi est un peu mince, une histoire de petites culottes !

La Suisse, d’avant la guerre 39/45, ne sort pas grandie dans ce roman, c’est un pays ou chacun doit rester à sa place et où le poids du « qu’en dira-t-on » pèse très lourds sur les épaules des personnages, à leur façon les trois personnages ont fui ce pays trop calme et trop tranquille pour vivre un destin plus grandiose. Un bon moment de lecture avec quelques réserves car le livre est entre deux genres : biographie historique et roman.

 

Citations

Le destin

Elle qui a l’expérience des voyages sait que l’on ne se rencontre qu’une seule fois en règle générale, étant donné qu’un voyage raisonnable se fait en général sur une ligne la plus droite possible allant d’un point de départ à une destination et que selon les lois de la géométrie deux droites ne se croisent jamais. Les retrouvailles, c’est bon pour les villageois, les habitants des vallées et les insulaires, tous ceux qui passent leur vie à battre les mêmes chemins et se croisent sans arrêt.

Le faussaire

Et pourtant il ne faut pas tant d’imagination que cela pour se figurer la manière dont le dessin continue çà et là.
C’est vrai.
Par exemple, là où il y a un genou, le prolongement sera sans aucun doute une jambe , puis un pied. Et à l’extrémité opposée, il y aura avec quelques vraisemblance, si vous me permettez, le postérieur. Et s’il y a huit palmiers à l’arrière plan, il n’est pas absurde de continuer la série avec un neuvième et un dixième palmier. Vous ne pensez pas ?

Le zyclon B

On évoquait Fritz Haber, le professeur de chimie berlinois qui avait conduit le 22 avril 1915 la première attaque au gaz de l’histoire devant la bourgade belge d’Ypres, attaque lors de laquelle dix-huit mille hommes avaient péri en l’espace de quelques minutes… Ce que les étudiants en physique ne pouvaient pas encore savoir en ce printemps 1927, c’était que ce produit de gazage d’Haber devait entrer dans l’histoire sous le nom de Zyklon B.

20150705_215034Traduit du slovène par Andrée Lück Gaye.

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Voilà un an, je recevais ce roman en cadeau, j’ai donc mis beaucoup de temps à le lire. Je ne connaissais pas ce livre pourtant très célèbre, je dois avouer que je ne suis pas attirée par les romans historiques, et puis, à chaque fois que je le commençais, j’étais rebutée par les noms étrangers et pour suivre cette histoire, il faut retenir et se familiariser avec « Hassan Ibn Sabbâh, Abd al Malik, Abdu Saroka , Ibn Tahir… ». Et puis, lors d’une navigation très calme où le soleil brillait plus que le vent ne soufflait, j’ai enfin lu d’une traite ce roman. Je me suis plongée dans le monde musulman du XIe siècle, dans ce château d’Alamut en Iran, et comme tous les les amateurs de romans historiques, j’ai été fascinée par cette histoire très bien racontée.

Un homme : Hassan Ibn Sabbâh, se prétend prophète et lié directement à Dieu, il forme des fedayins prêts à tout pour leur chef au nom de la foi Ismaélienne (variante du chiisme). Il prétend avoir les clés du paradis où il peut envoyer les plus valeureux de ses fidèles. Cette secte connue aussi sous le nom « secte des assassins » a été évoquée par Marco Polo, mais la vérité et le mythe sont très difficiles à démêler, on ne sait donc que peu de choses historiques sur ce personnage et sa secte, en revanche, son histoire a envahi bien des imaginaires toujours liés à la violence de ceux qui prône le fanatisme. Le roman est le récit d’une manipulation d’un leader pour obtenir un pouvoir absolu grâce à des hommes qui lui sont entièrement dévoués.

Mais si Vladimir Bartol s’est emparé de cette histoire, pour en faire ce roman publié en 1938, c’est pour mettre en scène le fanatisme et ses terribles conséquences. Il s’agit donc d’une réflexion très pointue et encore très pertinente sur ce qui permet de fanatiser des personnes jeunes et idéalistes. Pour tous les commentateurs, Valdimir Bartol s’empare de cette histoire de l’Islam du XIe siècle, pour aider ses contemporains à ouvrir les yeux sur l’engagement communiste ou nazi. Il est vrai que l’on retrouve dans les deux cas, un embrigadement de la jeunesse au nom d’un idéal et la demande du chef d’une fidélité jusqu’au sacrifice suprême, mais il y a dans « Alamut » une histoire bien particulière de création d’un « faux » paradis et je ne vois pas très bien à quoi ça correspond dans l’Allemagne nazie, pour le communisme on peut penser aux  » lendemains qui chantent », mais dans les deux cas la jeunesse s’enflamme pour un chef pour qui ils sont prêts à donner leur vie.

Et hélas ! Ce roman permet de très bien comprendre le fanatisme islamique d’aujourd’hui. Le principe du leader manipulateur est très simple, après avoir constaté que les peuples en règle général ne veulent pas du savoir mais adorent croire aux histoires merveilleuses, il comprend que pour les manipuler, il suffit d’attiser leurs croyances, celui qui sera leur maître doit simplement avoir une avance sur eux et ne croire en rien de ce qu’il fait croire aux autres. Ce roman m’a fait beaucoup réfléchir et je comprends son succès mondial, je crois qu’aujourd’hui , où des fous tuent au nom d’une religion, il a sa place dans nos bibliothèques. Je viens, en effet, de lire une citation tirée du journal Dar AL-Islam appelant à la guerre sainte contre la France qui aurait pu être prononcée par Hassan Ibn Salâa dans le roman de Vladimir Bartol :

« Nous n’avons pas d’avions pour vous bombarder comme vous nous bombardez. nous avons des hommes qui aiment la mort comme vous aimez la vie ».

Citations

Mise en condition

Notre corps enclin à la paresse et au confort facile, redoute les difficultés que la réussite de grands projets attend de lui. Ses viles passions paralysent notre volonté et nos nobles résolutions. Vaincre ces passions et libérer l’esprit de leurs entraves, voilà le but de nos exercices. Conforter la volonté et l’orienter de façon appropriée vers un but donné, c’est notre seule obligation pour que nous soyons capables de grands exploits et d’actions sacrificielles. Donc ne pas rester comme ces milliers d’hommes, esclaves de leur corps et de leur faiblesse mais au contraire nous approcher du niveau de l’élite qui est maîtresse de son corps et de ses faiblesses, voilà notre ambition. Ainsi seront – nous capables de servir Notre Seigneur et d exécuter ses ordres.

Prosélytisme

Allez d’homme en homme et essayer de convaincre chacun. Ne soyez pas doctrinaires, adaptez votre façon d’agir à chaque cas.

La force du fanatisme

La force de cette organisation se construira sur des gens d’un genre tout à fait nouveau. Leur particularité sera un désir fou de mourir et un dévouement aveugle au chef suprême. Nous atteindrons les deux quand ils croiront, que dis-je, quand ils sauront que la jouissance éternelle les attend au paradis après leur mort.

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Je dois le dire tout de suite je ne suis pas très adepte des romans historiques et pourtant celui-là m’a vraiment passionnée. En réalité, pour que je me sente bien dans la lecture, le genre littéraire a tellement moins d’importance que le style de l’auteur et Bruno d’Halluin n’en manque pas. Pour vous en convaincre, j’aurais pu recopier les premières pages de son roman, il y décrit une tempête terrible au large de l’Afrique qui décimera l’armada des 11 caravelles envoyées par le roi du Portugal en 1500, pour confirmer la route des épices vers les Indes.

Cette tempête, à vous rendre malade, est décrite avec un tel réalisme que l’on ne doute pas un instant que Bruno d’Halluin sait de quoi il parle. En effet, il est lui même navigateur et il a dû essuyer quelques coups de tabac, sans doute s’est-il alors demandé comment faisaient les marins du XIVe et XVe Siècle sans carte ni moyen très efficace pour se positionner sur l’immensité des flots. C’est grâce à leur courage, à leur volonté de dominer le monde, et surtout à leur insatiable envie de s’enrichir que les Portugais ont donné au monde occidental des cartes fiables et des possibilités de commerce vers des contrées lointaines.

Bien sûr, le chapitre des grandes découvertes a fait partie de nos programmes scolaires, mais pouvions-nous nous rendre compte de ce que cela voulait dire de partir ainsi vers les Indes sans savoir comment y arriver ? L’horreur du voyage est telle que le personnage principal en restera marqué toute sa vie. Les tempêtes, la vague scélérate qui a failli les engloutir, l’absence de vent et le risque de mourir de faim et de soif, le mal de mer dans des bateaux qui roulent et tanguent sans cesse, les accostages dans des pays hostiles où la population locale peut vous assassiner pour vous dévorer, les maladies dont le terrible scorbut qui attaquent tous les survivants. Il reviendra pourtant mais pour retrouver Lisbonne en proie aux pogromes contre les juifs même ceux qui comme notre héros s’étaient convertis au catholicisme, et en plus des misères humaines un tremblement de terre et évidemment la peste !

Alors, les grandes découvertes un moment de gloire pour le Portugal ? Oui assurément, mais que la vie était rude pour ceux qui ont fabriqué cette gloire au prix de leur souffrance et de leur vie.Le roman raconte également l’histoire de cette planisphère qui a été dessinée au Portugal mais qui est conservée en Italie, Bruno d’Halluin résout cette énigme et là encore il nous permet de mieux comprendre la valeur des cartes maritimes.

1280px-CantinoPlanisphereUn grand roman que j ai découvert grâce à Electra’s amazing, blog que je connais depuis peu, et depuis, j’ai vu que Yspadden  l’avait également repéré.

 Citations

Des phrases fortes pour des émotions qui le sont tout autant

« Si tu veux apprendre à prier, prends la mer » dit le proverbe.
 
Les vagues étaient si hautes que nous avions l’impression d’être envoyés vers les cieux, puis sitôt après d’être précipités dans l’abîme. Comme si l’humain n’avait pas sa place entre les deux.

Expression de marin

Les mâts et vergues nus, seulement parés de cordages sifflants, suffisaient d’ailleurs au vent d’ouest pour nous faire avancer.Nous allions ainsi, « l’arbre sec » comme disent les gens de mer, qui pour une fois utilisaient un vocabulaire facile à comprendre.

 Sentiments pendant la tempête

Les vagues s’élevaient si haut que c’était merveille. Je doutais que la mer pût obéir au Seigneur. Elle semblait vivre sa propre vie , sauvage , indifférente aux hommes et aux dieux. Les gens de la mer disait qu’il fallait la respecter, mais elle ne nous respectait pas . Pour elle , nous n’étions rien. Peu lui importait qu’on vécût ou mourût . Je me remémorais les mots du philosophe athénien Anacharsis , à qui l’on demandait si les vivants étaient plus nombreux que les mors.  » Dans quelle catégorie, répondait-il , placez vous ceux qui vont en mer ? « 

Lisbonne

Quelle ville que Lisbonne ! À la fois capitale du royaume et grand port maritime, elle n’avait pas d’équivalent. On pouvait y admirer de prestigieux monuments , et l’instant d’après, en tournant simplement le regard , observer des caravelles en partance pour l’Afrique…. On pouvait facilement se procurer du drap de Flandres que des masques d’Éthiopie, et maintenant du poivre ou de la cannelle des Indes

Le traité de Tordesillas

Le pape avait d’abord donné à l’Espagne les îles et terres fermes nouvellement découvertes, ou à découvrir, à l’ouest d’un méridien fixé à cent lieues à l’ouest des Acores et des îles du Cap vert. Puis le fameux traité avait déplacé cette limite à trous cent soixante dix lieues à l’ouest des îles du Cap-vert. À l’est de ce méridien, les terres revenaient au Portugal. Je trouvais ahurissant qu’un homme, fût-il souverain pontife, pût couper la terre en deux pour la partager entre deux nations.

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J’ai lu chez Jérôme une critique d’un roman que j’ai eu très envie de lire « Concerto pour la main morte », ma médiathèque ne l’a pas encore reçu mais cela m’a permis de découvrir avec grand plaisir (surtout au début) celui-ci , dont le sujet est : Paris lors de la construction de la tour Eiffel. Cela me donne encore plus envie de lire les autres romans de cet auteur qui dégage une grande énergie positive. Si j’ai bien aimé ce roman, je ne sais pas si d’autres l’aimeront. Ce qui m’a plu c’est le talent avec lequel Olivier Bleys fait vivre Paris en 1889. Malheureusement, les différentes intrigues, sentimentales et policières sont moins intéressantes. Encore que…. si on accepte d’y voir un pastiche des romans d’aventure de la fin du XIXe et du début du XXsiècle, on prendra un certain plaisir. On retrouve, en effet, du Rouletabille et du Arsène Lupin dans les personnages d’Armand et de son ami Odilon.

La construction de cette tour, si symbolique de notre capitale et de la France, fut l’objet de bien des controverses et même de haine. Les artistes la trouvaient le comble du mauvais goût et signèrent moult pétitions pour qu’elle ne sorte pas de terre ou au moins qu’elle soit démolie après l’exposition universelle de 1900. Si Maupassant venait déjeuner au deuxième étage, ce n’était pas tant pour profiter de la vue, mais plutôt selon ses propres mots  « parce que c’est le seul endroit de Paris où la vue n’est pas gâchée par la Tour ».

La France se remet de la guerre de 70 et de la Commune, une partie de la population est dans une misère terrible. Ainsi de multiples petits métiers pour éviter de mourir de faim fleurissent dans la capitale, du vendeur d’asticots, à la trieuse de crotte de chien, au récolteur et vendeur de toiles d’araignées, tout ce monde regarde avec scepticisme cette tour de 300 mètres de haut s’élever au dessus de leur ville.

L’intrigue étant un peu faiblarde le roman semble parfois un prétexte pour nous apprendre des petits détails de la vie au début du siècle. C’est une reconstitution vivante et enlevée, bien dans un esprit français,. Je l’ai lu comme je regarde ma série culte : Mad-Men, non pour l’intrigue mais pour l’exactitude des détails. Saviez vous qu’à l’époque les Bretonnes vendaient leurs cheveux pour embellir « les cocottes » de la capitale. Aujourd’hui ce sont les Chinoises ou les Indiennes, la pauvreté a changé de continent !

Citations

Portrait d’un homme petit uniquement par la taille

Au premier coup d’œil on était frappé par sa petite taille , aggravée encore par la voussure des épaules : sans être un phénomène d’allongement, Armand le passait d’au moins une tête – ce qui laissait Eiffel, pourtant en chapeau, à la hauteur de son sternum. Par quel hasard un homme si court combinait-il des édifices si importants ? Le viaduc de Garabit, celui de Porto, à présent la tour de 300 mètres !  » Il compense … » , supposa le garçon. 

Les inventions

Alors c’est ça votre téléphone ? lançait Armand quand se manifestait l’étrange appareil. Il sonne et vous répondez ? Un valet fait de même ! « 

J’aime cette phrase, on dirait un sujet du bac

La science a besoin d’intuition, comme l’art a besoin de discipline.

Je me souviens d’une sortie analogue d’Umberto Ecco à propos du téléphone portable

Alors c’est ça votre téléphone ? lançait Armand quand se manifestait l’étrange appareil. Il sonne et vous répondez ? Un valet fait de même ! « 

Voir le sommet de la tour

La différence entre l’homme et l’animal n’est pas seulement que le premier va debout quand le seclnd va sur quatre pattes, elle est aussi que l’homme scrute le ciel quand la bête regarde la terre.

Méthode de construction

Suivant la méthode Eiffel, chaque pièce était présentée avec les trous déjà percés et deux tiers des rivets posés, tel un élément de Meccano qu’il suffisait de mettre en place et d ‘ assujettir, et qu’on pourrait pareillement démonter. Grâce à la relative légèreté des poutres – aucune ne dépassait trois tonnes-, quelques heures et quelques hommes suffisaient à l’opération. Ce chantier titanesque, rival pour les dimensions de celui des pyramides, ne devait jamais réunir plus de deux cent cinquante ouvriers.

Petits détails

Armand jouait avec les ustensiles posés sur la coiffeuse : les chignons postiches, les bandeaux, les rouleaux, les fausses nattes en vrais cheveux de Bretonne…
 Une superbe réalisation de Gustave Eiffel le pont de Garabit

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Traduit de l’anglais par Dominique Letellier.

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Un roman vraiment passionnant que j’ai repéré chez Dominique. Le prétexte choisi par Jessie Burton pour nous raconter la richesse des Pays-Bas, en particulier d’Amsterdam au 17e siècle, c’est une fabuleuse maison de poupée, que l’on peut voir au Rijksmuseum le musée national. Cette Miniature appartenait à une certaine Petronella Oortman. L’auteure a été fascinée par la minutie avec laquelle cette jeune femme a reproduit à l’identique sa propre demeure , dépensant autant d’argent pour la réplique que pour sa maison principale. Son roman se situe en 1686, le personnage principal à travers les yeux duquel nous découvrirons la riche ville d’Amsterdam et la VOC (la compagnie des Indes Orientales) est une toute jeune provinciale, Petronella dite Nella. La fraîcheur de son regard, l’envie qu’elle a de vivre et de mieux connaître son richissime mari si éloigné d’elle, donne beaucoup de charme à ce récit. L’auteure se plaît à nous décrire avec force détails, les décors, les menus, les tableaux la vie d’une riche demeure d’un « seigneur » de la compagnie.

Pour rendre ce roman palpitant, et il est même très angoissant, des mystères se mêlent à ce qui devrait être une vie paradisiaque. Pourquoi son mari tient sa jeune femme éloignée de lui ? Pourquoi un ou une « miniaturiste » lui envoie-t-elle des objets si proches de son quotidien ? A-t-il (ou a-t-elle ) un espion dans la place ? Ces objets prédisent-ils l’avenir ? Sont-ils une aide ou porteurs de maléfices ? Que cache l’hostilité de sa belle-soeur Marin ? Comment un jeune Africain, sauvé de l’esclavage par le maître de la maison, peut-il survivre dans une ville aussi peu ouverte aux autres ?

Car là est le paradoxe de ces richissimes néerlandais : ils font du commerce avec le monde entier, mais ils sont gouvernés par des forces obscures et rétrogrades de tendances calvinistes et aucune déviance n’est autorisée. On sent la présence de ces « ayatollahs  » de la religion dans tous les moments de la vie des habitants. Un peu comme des habitants d’une maison de poupée regardés par des géants inquisiteurs, bref un peu comme le regard de l’auteure elle-même visitant le musée où se trouve cette maison miniature. L’angoisse monte peu à peu, jusqu’à la fin où les catastrophes s’enchaînent.

On ne peut raconter les détails de la montée vers l’angoisse finale sans déflorer le roman (les Québéquois diraient « divulgacher » j’ai appris ce mot chez Keisha) . Jessie Burton fait découvrir peu à peu la personnalité de Johannes Brandt le mari de Petronella et c’est un beau personnage même si on n’y croit pas trop. C’est pour moi le point faible du roman, la période est parfaitement bien rendue, l’énigme bien imaginée mais j’ai eu du mal à croire aux personnages.

Citations

Une idée qui m’a étonnée

La pitié,contrairement à la haine, peut-être enfermée et mise de côté.

Une idée de la mer

La mer est tout ce que la terre ne sera jamais, déclare Otto. Aucune surface, même minuscule, ne reste la même.

Les femmes à bord

Les femmes portent malchance à bord

– Elles portent la chance que les hommes leur accordent

Description de la nourriture

Cinq minutes et cette tourte sera prête J’y ai ajouté des asperges .

Une bouffée brûlante qui sort du four emplit la pièce. la servante dépose la tourte sur un plat, l’arrose de verjus, de fonds de mouton et de beurre, avant de la passer à Nella.

Les grands mariages

La fête a duré trois jours. mais vous savez ce qu’on dit, à propos des grands mariages ? Qu’ils cachent un manque de désir.

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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

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Je n’ai visiblement peu de goût pour les romans historiques, et sans ma fidélité au club de lecture, je ne finissais pas ce roman. Tout m’agaçait prodigieusement dans cette relecture de l’histoire d’Aliénor d’Aquitaine et de son mari, le très pieux roi Louis VII. J’en voulais à l’auteure qu’elle fasse d’Aliénor une féministe en révolte contre la religion, avec des traits de caractère beaucoup plus proches du 21e siècle que du 12e.

Et puis, à la fin du roman, en quelques lignes, l’auteur dit qu’on sait si peu de choses sur cette femme qui a pourtant vécu quatre vingts ans, qu’elle a inventé un personnage sans vouloir respecter la vérité historique que, de toute façon, on ne connaît pas. Elle respecte la chronologie et les faits historiques avérés, elle invente les caractères des personnages et les motivations qui les poussent à agir Cela m’a quelque peu réconciliée, avec son texte. Si on ne peut lui en vouloir d’avoir enrichi ses personnages d’une analyse psychologique digne de Freud, on peut par contre aimer se retrouver dans cette époque grâce aux confidences des deux époux et sentir, à travers leurs récits, vivre et surtout souffrir les hommes , les femmes et les enfants du 12° siècle .

Aliénor est donc campée comme une femme dégagée de toute contrainte religieuse, elle devient sous la plume de Clara Dupond-Monod, une femme libre qui veut imposer sa vision guerrière à un roi confit en dévotion. Louis VII, mal aimé de son père, amoureux transi de sa belle guerrière, ne prend les armes que pour lui plaire et aurait préféré régner par la négociation plutôt que par le glaive. Il n’empêche qu’il matera la volonté de Poitiers de s’ériger en ville libre. Il ne tuera que les hommes en laissant vivre les femmes et les enfants ce qu’il ne fera pas à Vitry-en-Perthois où il n’hésitera pas à faire brûler 1300 habitants qui s’étaient réfugiés dans l’église, surtout des femmes et des enfants. De ce massacre horrible, il en gardera une culpabilité qui l’entraînera à faire une calamiteuse croisade pour tuer à nouveau femmes et enfants mais des infidèles cette fois ! Quelle époque sympathique ! Si l’auteure a pris des libertés avec la réalité psychologique des personnages, elle a su faire revivre cette période qui, pour le moins, ne m’attire pas du tout.

Citations

le roi Louis VII

Mon père (Louis VI Le gros) ne prêtait pas attention à moi. Il préférait Philippe. Il aurait pu me comprendre à défaut de m’aimer. Mais ma vocation de prêtre lui échappait complètement. Dès lors, j’ai pu devenir monarque sans crainte puisque j’étais sans modèle. Un père que l’on déçoit, comme c’est reposant.

Aliénor d’Aquitaine

Les chemins sont nécessaires. Ils ne sont pas là par hasard. Ils ont été inventés par l’homme. Ils ont un début et une fin. Ils sont comme la guerre. les chemins et la guerre n’existent que pour leur utilité. Personne ne les entreprend par plaisir. Ils servent. Ils sont des jalons fidèles de notre histoire, et sans eux il n’y a pas de royaume.

Aliénor la guerrière

Regretter un combat est bien pire que de le perdre.

Aliénor méprisant son royal époux

Par moi, il a goûté la haine. Par lui, j’ai découvert la honte. Quel magnifique couple nous formons ! J’aurais tant donné pour marcher à côté d’un roi. Qu’un monarque porte une couronne et un manteau d’hermine, est-ce trop demander ? Maudits soient ces abbés qui effacent les êtres !

On en parle

Peu de critiques négatives sur Babelio.