Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. Édition Seuil

Un essai ? un roman ? ce qui est sûr c’est que cette lecture a été un peu difficile dans le cadre du club de lecture parce qu’il faut l’avaler en quelques jours et que cette oeuvre ne s’y prête guère elle conviendrait mieux à la flânerie littéraire qui permettrait au lecteur de réaliser le vœu de Bernard Chambaz :

Aux morts pour qu’ils vivent. Aux vivants pour qu’ils aiment

Cette citation extraite de l’oeuvre de Joseph Delteil « les poilus », est le fil conducteur de ce roman, les vivants, dans le texte, ils sont deux, les parents de Martin né en 1976 et on peut aussi y rajouter nous, lecteurs et lectrices. Les morts ils sont très nombreux en dehors des deux principaux Jack London mort en 1916 et Martin mort à 16 ans en 1992, il y a aussi la famille quelque peu compliquée de Jack London et tous les écrivains que Bernard Chambaz convoque dans ce voyage qui retrace un itinéraire possible pour mieux connaître l’auteur, entre autre, de Martin Eden . Le livre se divise en chapitres qui sont autant de lieux évoquant la vie du grand écrivain qui, parfois, dialogue avec Martin, et que l’auteur visite avec son épouse. Je pense que si on ne connaît pas l’œuvre de cet auteur extraordinaire qui s’est battu contre tant d’injustices et qui a produit un nombre d’écrits incroyables, on ne peut pas apprécier ce livre. Beaucoup de gens se sont emparés de sa vie car elle se prête aux scandales et aux révélations sulfureuses même sa propre famille y est allée de différentes versions, comme souvent dans ce cas le plus intéressant et sans doute le plus proche de lui est dans ses livres. Je me souviens bien de ma lecture de Martin Eden, c’est un livre que j’ai lu et relu je crois qu’une grande part de lui est dans ce roman. Cela m’a donné envie de relire les livres qui ont enchanté mon enfance comme « l’appel de la forêt » et « Croc blanc » je ne sais pas si les jeunes d’aujourd’hui pourraient être sensibles à ces histoires, eux qui peuvent regarder de si nombreux documentaires animaliers de si grande qualité. Jack London est un écrivain de qualité et un homme privé médiocre, comme le prouve les lettres à ses filles dont l’auteur dit qu’il aurait aimé en faire un grand feu de joie tellement il y apparaît comme mesquin. J’ai retrouvé dans ce livre l’engagement de l’auteur face à la misère du monde capitaliste et la fluctuation de sa pensée politique. C’est souvent le cas lorsqu’un homme connaît la misère populaire, il sait souvent très bien décrire d’où il vient mais quand lui-même atteint un niveau de vie très confortable grâce à ses écrits sa mauvaise conscience le taraude et peut le conduire à des positions paradoxales.

Je ne suis pas enthousiaste pour ce livre, parce que je me suis souvent perdue dans les différents point de vue des chapitres : étions nous avec l’auteur et son amoureuse ? avec leur fils, avec Jack London ? et surtout je n’ai pas compris le dialogue entre Martin et Jack . Est-ce-que cela a enrichi pour l’auteur la connaissance de son fils ? et j’avoue que les constantes allusions aux signes astrologiques me laissent perplexe.

Toutes ces réserves viennent aussi, sans doute, du fait que j’ai lu trop rapidement ce livre pour le rendre au club et avoir l’avis des autres lectrices. et pourtant dans ce livre j’ai lu cette phrase qui me touche beaucoup :

Nous sommes aussi, un peu, les livres que nous avons lus.

 

Citations

 

Une mère au caractère sans tendresse.

Toute sa vie, il restera animé par des sentiments contradictoires, partagé entre l’affection naturelle qu’il porte à sa mère et l’irritation instinctive que ses réactions provoquent (…… )
On garde au fond du cœur des épisodes cuisants auxquels nous donnons, quelquefois, trop de relief. Le plus lancinant quand il y repense n’est pas que sa mère ne lui ait dispensé aucune tendresse, c’est son comportement lors de l’épidémie de diphtérie ou une fièvre carabinée faillit les emporter, sa demi-sœur et lui. Ce jour-là, Flora demanda au médecin si elle pouvait les enterrer dans le même cercueil.

L’enfance de Jack London

Il n’y a pas que les livres dans la vie. Dès ses huit ans, Jack doit gagner sa vie ou plutôt contribuer au budget familial, débitant des pains de glace l’été, balayant les pistes d’un bowling le weekend, livreur de journaux, à pied d’ œuvre pour l’édition du matin et pour l’édition du soir, la nuit noire l’hiver, avant et après la journée d’école où il s’est davantage ennuyé qu’il n’a appris.

Ce qui rend difficile le livre : mélange des époques et des lieux

Icefields Parkway -ou la promenade des Glaciers- longe depuis Jasper la rivière Athabasca. En langue crie, on entend tantôt l’herbe éparse tantôt les roseaux que les champs de glace prodiguent à la saison estivale.

Défense de l’assassin du président Garfield

À son procès, l’assassin ne plaida pas la folie mais la volonté de Dieu dont il était l’instrument, convaincu qu’il serait à ce titre innocenté, assurant sa défense avec des arguments spécieux :  » Ce sont les médecins qui l’ont tué. J’ai seulement tiré . »

Londres en 1900…

Avant même d’arriver au cœur des ténèbres, sa première impression de la capitale mondiale et d’une « abjecte pauvreté » bientôt « sans limite ». Jack est saisie par la vision des vieux et des enfants fouillant les ordures dans la boue. …. 
 Dormir est un méchant casse-tête, que ce soit dans une pièce insalubre où s’entassent plusieurs familles, chez des marchands de sommeil qui louent très cher des lits occupés par roulement, dans des logements exigus, sordides des taudis, des galetas, des tanières, parfois sans fenêtre, presque toujours sans lumière.

Une histoire qui lui servira dans ses nouvelles

Un vieux marin lui rapporte son histoire et le hasard une fois encore fait que c’est une histoire pour Jack. Le vieux avait donc frappé un lieutenant qu’il avait insulté, le lieutenant était tombé à la mer, il avait sauté dans l’eau par réflexe, mais j’aurais mieux fait de nous noyer tous les deux, crois-moi, un canot les avais repêchés, on l’avait traduit devant un tribunal, on lui avait enlevé la Victoria Cross gagnée sur les champs de bataille au bord de la mer Noire pour les beaux yeux de la reine, et il conclut d’une voix ferme, laissant Jack sans voix. : « Ne te laisse pas vieillir, mon petit ! Meurs quand tu es encore jeune ! »

Jack en époux

Alors que Bess est enceinte, qu’elle se coltine les tâches ménagères et tape à la machine ses manuscrits, il continue de faire du vélo, boxer, nager, sortir au club avec ses copains, animer des réunions publiques où il retrouve Anna.

 

 

Édition Rivages

Quel roman ! Il faut avoir le cœur bien accroché pour lire toutes les turpitudes humaines, tout cela pour s’enrichir, et, avec quoi ? Le guano ! autrement dit la fiente d’oiseaux. J’ai lu ce roman en vérifiant sans cesse les informations car je ne connaissais absolument pas cette histoire. Nous sommes à la fin du XIX° et grâce aux îles au large du Pérou ce pays connaît une richesse phénoménale. On appelle ce moment « l’ère guano ». Une telle richesse a attiré des convoitises multiples, ce que raconte le roman se situe au moment où le Pérou a chassé les puissances coloniales et exploite à son profit cette ressource. Malheureusement, si les puissances coloniales sont parties ceux qui les avaient chassées sont devenus aussi corrompus que les anciens exploiteurs. La terrible condition des miséreux qui sont sous les ordres des propriétaires des terrains des îles sur lesquelles on exploite le guano est horrible. Pour le roman, l’auteur invente une histoire d’amour impossible et évidemment tragique, cela lui permet de décrire deux personnages un peu moins sombres. Sur terre, en face de ces îles, à trois jours de navigation, la guerre que se livrent les deux ports qui se disputent la vente de la « fiente » est sans pitié, vraiment plusieurs fois on se dit en lisant ce livre « et tout cela pour de la m….. » . De plus cette région est soumise à un climat très particulier, la plupart du temps les gens vivent dans un brouillard opaque qui empêche le soleil d’éclairer un peu la vie celle des riches comme celle des pauvres. Je n’ai pas bien compris pourquoi l’auteur semble faire correspondre ce brouillard à l’exploitation du guano.

C’est un phénomène, que les chiliens appellent « le camancha » , il a existé de tout temps me semble-t-il. (Et il existe encore aujourd’hui : des essais sont fait pour en capter l’humidité pour fertiliser des zones désertiques.)

(Depuis j’ai eu la réponse de l’auteur qui est si pertinente que je m’en veux un peu de ne pas avoir compris toute seule :

Je voulais que le brouillard fasse comme une chape déposée sur l’intrigue, qu’il enferme un peu plus les personnages sur eux-mêmes.
C’est un texte assez métaphorique, donc je trouvais intéressant que le brouillard s’installe concomitamment à la découverte de la ressource, comme si l’exploitation de la fiente allait de pair avec une malédiction céleste…)

Ce récit qui se passe dans la fiente et où on ne voit jamais le soleil et qui ne donne aucun espoir est vraiment terrible. Le pire étant qu’il respecte la réalité historique. Pour la fiction, on suit le parcours du Capitaine Moustache, le seul marin qui ose affronter ce brouillard avec son vieux bateau pour le charger de guano et le livrer aux deux villes concurrentes qui vont bientôt se détruire. Lui, il a un plan et veut fuir cet endroit avec le maximum d’argent, mais ses plans seront contrecarrés par la soif de richesse des gens si peu recommandables avec lesquels il doit traiter. C’est bien connu, il ne faut jamais pactiser avec le diable ! Et dans cette région des diables, il y en a un peu partout. Pour un des personnages la fin se termine un peu mieux mais sinon la mort, le crime, le viol les tortures sont au rendez-vous. Un roman bien mené qui respecte la réalité historique que vous lirez si vous avez envie, comme moi, de découvrir un pan de l’histoire humaine peu glorieux mais que vous éviterez si vous n’aimez pas vous enfoncer dans la m….. jusqu’au cou.

 

Citations

Conseil d’une mère

Vald pensa ce que lui avait murmuré sa mère, il y avait des années, quand son petit frère Igor, cet enfant maladif, s’en était allé : »Tu sais, mon fils, si tu n’accepte pas les épreuves, si tu souffres trop, alors ce monde n’est pas pour toi. »

Portrait du capitaine

Seul marin familier de ces archipels calcaire, unique capitaine à affronter le brouillard, la commercialisation du guano reposait sur son oncle stature. Cela faisait de lui, en cette année 1897, un des êtres les plus importants de la région. Assis sur une rente pour l’éternité, il disposait d’une épouse qui ne l’attendait plus, d’enfants éloignés goûtant une jeunesse confortable, d’une maison en dur sur le littoral au sud d’Arequipa, ainsi que de nombreuses maîtresses parsemées au gré de ses voyages.
 Capitaine :car il était le seul à bord et qu’il n’y avait personne pour lui disputer le titre. Moustache : une trace de suie épaisse sous le nez pour couvrir l’odeur de la fiente.

Les navigateurs et les terriens

Vois-tu, quand on reste accroché comme une huître à un caillou mouillé, on est si heureux de la visite d’un navigateur. Toi, forcément, cela te passe au-dessus de la tête, tu n’es jamais confronté à l’attente. Tu dois savoir, Ernesto, il y a deux types d’hommes, ceux qui se meuvent et ceux qui attendent. Les premiers négligent presque toujours les seconds.

Lorsque le guano valait de l’or

Deux ans auparavant, la loi américaine avait autorisé les citoyens états-uniens à s’emparer des îles, îlots ou rochers déserts disposant de gisement de guano, partout dans le monde. On ne refait pas un peuple de pionniers.

Les anglais 1871

Impossible de faire comme s’il n’y avait pas eu de colonisation. Certaines puissance tiennent à laisser une trace là où, un jour, elles plantèrent leurs drapeaux. Les possessions britanniques avait été étudiées une à une. Les terres des colons anglais resteraient aux colons anglais, qui deviendraient citoyens à part entière du territoire. Ils garderaient leur langue, leur portrait du souverain sur la cheminée et toutes les coutumes qu’on appelait pour se moquer « le droit au thé ».
 Les bâtiments officiels passeraient sans délai sous la coupe de la nouvelle administration. La couronne avait négocié ensuite quelques terres australes abandonnées, pour conserver une présence maritime et permettre à quelques scientifiques d’observer on ne sait quel phénomène climato-géographique. Elle avait été exaucée. On lui avait cédé des îlots vides, sans homme, richesse, ni guano.

Un personnage important le brouillard appelé par les Chiliens « Camancha »

Le brouillard s’installa progressivement, comme une maladie infectieuse. Par bandes de ciel d’abord, striant un quartier, une île, un littoral, coiffant les pinacles des églises, les faîtes en fer forgé des auberges. Il entra par les fenêtres, engouffra ses filaments par le trou des serrures et sous les chanlattes des toits. Il s’accrocha aux épines des buissons, aux branches de bois jeune, aux mâts des bateaux, au fil pour sécher le linge. Puis il arriva par nuages entiers, des masses célestes humides et stagnantes, comme des monceaux de coton blottis au flanc des collines. Il revint sans cesse, deux, trois fois par semaine, un peu plus, chaque jour.

 

Édition livre de poche

  1. Livre reçu en cadeau et lu avec attention car j’avais lu beaucoup d’avis positif sur les blogs que je suis, en particulier Krol , qui depuis ne lâche plus cet auteur et bien d’autres lectrices ou lecteurs dont j’ai oublié de noter le nom. Ce roman a reçu le grand prix des lectrices de « Elle », le prix « Psychologie » du roman inspirant, et le premier prix « Babelio ». Une jolie carte de visite pour cet auteur que je découvre donc longtemps après l’engouement pour ce roman. Cet écrivain a une écriture très personnelle et envoutante, on le suit dans tous les tours et détours de son histoire . De plus, quand tous les fils sont dénoués on se rend compte que tous les hasards qui auraient pu rendre cette histoire peu crédible suivait en réalité la logique d’un super prédateur. L’histoire est racontée par les différents personnages de ce drame, ils ne savent qu’une partie de la vérité et Rose qui confie sa vie à des carnets n’a jamais su (ou pu) faire les bons choix. Il faut dire que son père l’a jetée dans la gueule d’un « ogre » qui va la violer et la torturer , elle avait tout juste quatorze ans et n’ose pas faire confiance à Edmond le seul personnage de ce terrible endroit qui semble ne lui vouloir aucun mal . Celle qu’il appelle la Reine Mère fait avec son fils Charles un duo au service du mal, hélas ! Edmond ne pourra pas sauver Rose du destin qui l’attend. Elle aura donc un enfant qui lui sera enlevé et est destinée à finir dans un asile psychiatrique à la merci du docteur troisième élément du trio infernal dans les griffes desquelles la pauvre Rose est tombée. Il y a une lueur d’espoir à la toute fin du roman, qui ressemble à un rêve plus qu’à la réalité.
    J’ai aimé ce roman, son écriture et sa construction. J’ai aimé aussi la difficulté de raisonner des personnages même s’ils ne savent pas prendre les bonnes décisions. Mais c’est ce qui m’a empêcher de mettre cinq coquillages à ce livre c’est ce côté excessif dans l’horreur : trop de fatalités ont nuit à la vraisemblance du récit. Je me disais sans cesse « trop c’est trop ». Mais cette nuance dans le concert d’éloges ne m’empêchera de lire les autres romans de cet auteur.

Citations

Remarque qui ne concerne pas seulement les prêtres

Faut-il vieillir pour voir grandir le doute de n’avoir pas été à la hauteur de ma mission ?
Vieillir, est-ce la seule façon d’éprouver durablement la foi ?

Les femmes dans le monde paysan

 On était quatre filles, nées à un an d’écart. J’étais l’aînée. Les filles valent pas grand-chose pour des paysans, en tout cas, pas ce que des parents attendent pour faire marcher une ferme, vu qu’il faut des bras et entre les jambes de quoi donner son nom au temps qui passe, et moi et mes sœur, on a jamais rien eu de ce genre entre nos jambes. Si j’ai pas entendu mille fois mon père dire que les filles c’est la ruine d’une maison, je l’ai pas entendu une seule.

Les hommes

Même à l’âge que j’avais, je savais à quoi m’en tenir avec les hommes, il y en avait deux sortes, ceux avec un pouvoir sur les autres, venu de l’argent du sang, ou même les deux à la fois, et puis les lâche. Lâche, comme Edmond. Parce qu’être lâche, c’est pas forcément reculer, ça peut simplement consister à faire un pas de côté pour plus rien voir de ce qui dérange. À ce qui me semblait, Edmond, l’avait toujours fait des pas de côté, alors, je voyais pas bien pourquoi il se mettrait d’un seul coup en travers du chemin du maître, surtout pour une fille comme moi. Malgré son boniment et ses regrets, j’y croyais pas une seconde.

La folie

J’imagine que pas vouloir laisser souffrir quelqu’un qu’on aime, c’est être fou, aller contre la souffrance que Dieu aurait décidé de nous faire subir. Ici, il y a que des gens bloqués dans une souffrance qu’ils ont jamais acceptée, c’est la seule vérité, c’est pour ça qu’ils se réfugient de l’autre côté de cette souffrance, dans un temps qui file à l’envers, alors crois pas que je suis folle …

 

 

Édition Flammarion. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

Vous connaissez certainement « Balzac et la Petite Tailleuse Chinoise », mais aussi « L’évangile selon Yong Sheng » . Ici dans trois nouvelles plus tragiques les unes que les autres Dai Sijie raconte trois destins pratiquement ordinaires dans ce terrible pays. Cela se passe dans une région entièrement polluée par le recyclage des appareils tels que les ordinateurs , téléviseurs ou électro-ménagers. Les gens deviennent fous, soit par la pollution soit par l’extrême pauvreté qui les réduisent à des gestes contre nature. C’est terrible et à peine supportable, la cruauté des hommes est sans limite, j’ai détesté le sort réservé à la femelle pangolin. Animal protégé qui a peu près disparu de Chine et cela parce qu’on lui attribue des vertus aphrodisiaques. La femelle pangolin a lutté de toutes ses forces car elle portait un petit sans pouvoir sauver sa vie. Le feu aura raison de sa résistance. (Peut-être cette race s’est-elle vengée en transmettant à l’homme le trop fameux virus !)

Trois destins tragiques marqués par l’extrême pauvreté , la pollution et la cruauté humaine. J’avoue avoir été saisie par la tristesse et le dégoût de cette humanité et je n’ai pas réussi à me sentir bien dans cette lecture. Dai Sijie écrit en français son pays d’adoption, et il a un goût pour l’imparfait du subjonctif qui rend son texte un peu vieillot mais cela lui donne,aussi, un charme certain.

 

Citations

Propagande maoïste

Seul notre État tout-puissant était capable d’organiser ce type de travaux pharaoniques pour répondre aux nécessités urgentes, indispensables, d’une région agricole moderne, et que le mot « réservoir d’eau », si ordinaire en chinois -et encore plus dans la vie quotidienne de ma famille-, était synonyme, sur le plan politique et économique, de bonheur du peuple. « C’est dans les climats où il pleut le moins que l’eau est le plus nécessaire aux cultures ». À en croire l’auteur de l’article, ce mot était quasi absent du vocabulaire des langues occidentales, des millions et des millions de malheureux Européens ou Américain ne le connaissaient pas, sinon ceux qui étudiaient l’histoire des jardins de Versailles, car il désignait les bassins construits par le roi de France afin de surprendre les dames de la cour par la beauté des jets d’eau.

Médecine chinoise

Il serait impossible de comprendre l’extinction de cette espèce (le pangolin) s’en rendre compte d’une particularité poétique de la médecine chinoise : par exemple, si les chauves-souris volent dans le noir, on peut être certain que leur fiente guériront de la cécité humaine, ; puisque le concombre de mer ressemble à un phallus , on affirme qu’il est aphrodisiaque et que, s’il en consomme, l’homme obtiendra un sexe d’une taille aussi pharaonique que l’est cette plante aquatique. Dans le cas du pangolin, c’est sa capacité à creuser dans la montagne qui fascine les Chinois. Et qu’est-ce qui ressemble plus à une montagne percée de grottes profondes, de ravins sombres, sinon un corps de femme ? Ainsi, manger sa chair est l’assurance de pouvoir pénétrer, aussi profondément qu’un pangolin, les mystérieux tunnels féminins.

Édition Notabila . Traduit de l’italien par Lise Chapuis. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

 

Deux enfants d’un quartier de Palerme se soutiennent pour vivre et rester joyeux malgré la pauvreté dans laquelle ils vivent. Mimmo et Cristofaro passent leur temps à éviter tous les pièges que tend la vie aux miséreux. Mais Cristofaro est en grand danger car son père lui cogne dessus tous les soir comme le dit l’auteur « Il pleure la bière de son père ». Dans ce quartier de Palerme personne ne peut garder une quelconque intimité car tout se sait, puisque tout s’entend même le nombre de coups que reçoit le malheureux Cristofaro. Le héros du quartier c’est Toto le voleur insaisissable qui court si vite qu’il laisse sur place tous ceux qui veulent le rattraper, en se faufilant dans les ruelles qu’il connaît mieux que tout le monde.

Il est amoureux de Carmela la prostituée et un moment de bonheur semble arriver quand il organise son mariage avec elle et ainsi donne un père à Céleste l’enfant qui n’a pas de père. Lorsque sa mère reçoit ses clients, Céleste passe ses journées à lire ses livres de classe sur le balcon du domicile de sa mère. Elle s’instruit aussi en regardant par le trou qu’elle a réussi à creuser dans le volet de la chambre, et connaitre la longueur de le « bite » de chaque père du quartier lui permet de tenir à distance tous ceux qui auraient aimé la mépriser.

 

Mais évidement quand la misère vous colle à la peau le drame n’est pas loin, et ce livre ne pouvait pas finir par un « Happy-End » de mauvais goût .

En vous racontant l’histoire, je passe à côté de l’essentiel : le style extraordinaire. Giosué Calaciura réussit à nous entraîner dans les rues Palerme . Nous sentons physiquement les odeurs, le rythme de chacun, les peurs des uns et des autres. Toutes les scènes sont à la fois précises et oniriques. Le passage où l’auteur décrit l’odeur du pain qui envahit les rues est un moment délicieux. Les courses éperdues de Toto pour échapper aux policiers sont époustouflantes : on court avec lui. Toute la vie est scandée par la sirène du ferry qui annonce son arrivée – avec les marins clients de Carmela- et la sonnerie de son départ -qui invite ceux qui veulent fuir Palerme à monter à bord. Ce n’est pas facile de décrire la misère sans la rendre si glauque et si violente qu’elle nous fait peur où si lointaine qu’elle ne nous touche pas. L’auteur la connaît bien, cette misère, et sait nous la faire vivre presque physiquement, l’horreur est là, la violence aussi mais les moments de bonheur aussi. Bref c’est l’humanité dans sa totalité. Bravo monsieur Giosué Calaciura.

Vous pouvez aussi lire le billet de « lire au lit » qui en dit beaucoup de bien

 

Citations

La prostituée

À l’entrée, elle rencontra le client paralysé qui, ne voulant pas être reconnu, était resté là à attendre que la foule s’éparpille ; pour le tranquilliser, elle promit de lui faciliter une sortie discrète en attirant sur elle tous les regards et les méchancetés. Lorsqu’elle ouvrit la porte d’entrée de l’immeuble chaussée de ses claquettes bleues, couverte seulement de son peignoir bleu enfilé après le travail, et qu’elle se présenta dans la lumière du dimanche après-midi, elle apparut à tous très belle et exempte de toute faute. Les femmes même qui, par habitude, se signaient chaque fois qu’elle la voyait, se figèrent, le bras levé à la hauteur de « au nom du Père », pressentant dans leur geste le blasphème de ne pas avoir reconnu, au milieu de ses cheveux déliés des étreintes de la luxure, le visage de la Vierge au Manteau. Alors elle reprirent leur signe de croix non pour demander le châtiment et pour participer au pardon

Le père violent

Au Borgo Vecchio tout le monde savait que Cristofaro pleurait chaque soir la bière de son père. Après le dîner, assis devant la télévision, les voisins entendaient ses hurlements qui couvraient tous les bruits du quartier. Ils baissaient le volume et écoutaient. Selon les cris, ils pouvaient deviner où il le frappait, à coups de poing secs, précis. À coups de pied aussi, jamais au visage. Le père de Cristofaro tenait à l’honneur de son fils : personne ne devait voir l’outrage des bleus.

L’initiation de Toto, et la corruption de la police

« Tu la vois , cette voiture, là ? Les pneus , les quatre , et puis tu files. »

 C’était l’utilitaire d’un employé de l’hôtel de police en charge des passeports : il n’avait pas encore compris et s’occupait avec un zèle excessif des papiers entachés d’antécédents judiciaires , il entravait le cours naturel des autorisations et délivrances de documents , et faisait de l’obstruction à travers l’intransigeance de la loi et les temps longs de la bureaucratie . Certaines personnes , par contre , avait un besoin urgent de casiers judiciaires immaculés et d’autorisations permettant de mettre en route des dossiers de chantiers et de travaux . S’il n’avait pas compris la manière douce , étant donné qu’il avait renvoyé à l’expéditeur une invitation pour une semaine de vacances tous frais payés avec femme et enfants à l’hôtel de la mer , il allait à présent comprendre la manière forte.

Le vendeur du marché aux puces le plus malheureux

Mais parmi tous ces vendeurs de fortune, le plus synthétique était celui qui vendait la solitude d’une chaussure. L’autre avait été volée par pure méchanceté, parce que c’était la plus belle,brillante, en cuir noir, la paire de chaussures de son mariage, celle qui l’avait accompagné à chaque pas dans toutes les occasions de fêtes et aussi au repas de Noël, même si c’étaient des chaussures d’été.

 

Comme je le constate à travers mes blogs amis, nos habitudes de lecture, en temps de confinement, changent beaucoup. Je pense que certains d’entre nous sont plus occupés qu’avant et ont moins le temps de lire , d’autres ont perdu l’envie de la fiction, jugeant sans doute la réalité trop difficile à vivre, et enfin comme moi, il arrive que certains changent leurs centres d’intérêt. Si vous suivez Luocine, vous savez que je lis peu, sinon pas, de romans policiers. Et en voilà trois d’un coup que j’ai absolument dévorés, je les achetés sur ma liseuse : confinement oblige ! Et si je leur attribue cinq coquillages, c’est que dans le genre, ils sont tous les trois absolument parfaits. Vous avez parfaitement le droit de vous demander comment puis-je juger d’un genre que je lis si peu ? Réponse : c’est le privilège de Luocine, de ne prétendre à aucune objectivité. C’est un billet de Géraldine qui m’avait tentée, mais peut-être que cet auteur connaît déjà un large succès sur la blogosphère, il le mérite largement. Ces trois romans peuvent se lire séparément mais il y a « un petit plus » à les lire à la suite. En les découvrant, j’ai beaucoup pensé à la série « the Wire » qui reste pour moi la meilleure série de tous les temps, en 2010, je concluais ainsi mon billet :

En regardant cette série, on l’impression de mieux comprendre les Etats-Unis. On voit aussi les différences et les ressemblances avec notre société en espérant qu’on ne laisse jamais s’installer, en France, une économie parallèle autour de la drogue aussi puissante !

 

Comme j’étais naïve ! bien sûr que la France a suivi le chemin des États Unis . Déjà dans le roman « La Daronne », Hannelore Cayre nous avait donné une bonne description de l’importance du trafic de Haschisch entre le Maroc et la France, la corruption à tous les niveaux de notre société, la justice aux yeux bien bandés qui a complètement oublié la balance de l’impartialité devant la loi, et la violence dans les quartiers à la périphérie de Paris. Ici, dans cette trilogie , Olivier Norek scrute trois aspects du problème, le trafic de drogue dans « code 93 », la corruption de la municipalité dans « Territoires » et enfin, l’enfer carcérale dans « Surtension » . Bien sûr ces trois faits de société sont liés mais avoir su mettre l’éclairage sur un des aspects rend la trilogie passionnante. Comme dans tout bon roman polar les personnages ont leur importance : Victor Coste dont nous suivons les enquêtes est un policier intelligent et tenace. Son regard triste exprime tous ses dégoûts pas seulement de la violence des truands mais aussi de la veulerie et de la corruption du personnel politique. Sa hiérarchie ne l’aime pas beaucoup, en revanche son équipe lui est très dévouée. Ronan le policier trop fonceur, Sam le fou d’informatique et Johanna la nouvelle de l’équipe une Superwoman mais aussi la seule qui ait une vie de famille réussie. J’oubliais Léa, la médecin légiste avec qui Coste essaie d’établir une relation amoureuse. Olivier Norek a été policier et il rend bien compte de l’atmosphère d’un commissariat, il connaît le 93, je ne sais pas comment mais ses descriptions rejoignent tout ce qu’on peut entendre dans les média. Au moment où j’écris, les banlieues sont le théâtre de violences qui auraient complètement leur place dans un roman d’Olivier Norek, voici un extrait du journal Marianne :

A Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine), des tirs de mortiers d’artifice ont été constatés peu avant minuit. Un peu plus tôt, les incidents avaient commencé dans la commune voisine d’Asnières, avec des tirs similaires. En Seine-Saint-Denis, des poubelles ont été incendiées à Aulnay-sous-Bois et Saint-Denis vers 22h30. « Il n’y a pas eu d’affrontements avec les forces de l’ordre », a précisé la préfecture. Sept personnes ont été arrêtées à Clichy-la-Garenne et deux autres à Rueil-Malmaison, deux communes des Hauts-de-Seine. 

Tous les ingrédients des romans de Norek sont présent dans cet incidents, un jeune délinquant arrêté de multiple fois par la police est mis à terre de son scooter brutalement par un policier qui a ouvert sa portière au moment où il cherchait à fuir. Le quartier dont il est issu vit essentiellement du trafic de la drogue, or le confinement sanitaire trouble ce trafic. La police patrouille un peu plus que d’habitude dans ces quartiers tenus par des dealers. Le jeune circulait sans autorisation et sans casque sur un scooter. ET …. son arrestation ouvre la voie à des violences nocturnes et sans doute à une reprise du trafic. C’est tout à fait dans la veine de que raconte « Territoires » Dans ce deuxième roman, on voit à quel point pour avoir la paix politique les élus locaux font la part belle aux truands repentis qui seuls savent tenir les quartiers. Encore une fois l’actualité raconte parfois de tels faits, on peut penser que ce n’est que la partie visible d’une pratique beaucoup plus généralement répandue. Enfin dans le troisième roman, on quitte la banlieue pour arriver dans une prison et là, l’horreur atteint son comble. On quitte aussi les trafiquants des banlieues pour croiser la mafia corse et les avocats peu scrupuleux sur la façon de s’enrichir c’est une autre forme de violence tout aussi radicale mais qui ne s’appuie pas sur la destruction de la ville d’où ils viennent.

Il me reste à vous parler du style d’Olivier Norek. D’abord le suspens, il est très doué : tout s’emboîte de façon incroyable, il n’y a aucune invraisemblance et hélas, il n’y a pas non plus de super-héros qui permettrait au lecteur de reprendre son souffle et de croire que cela peut se finir sinon bien un peu mieux ! Non, les gentils ne gagnent pas à tous les coups et oui, les méchants perdent des batailles mais jamais la guerre. La langue d’Olivier Norek est précise et très agréable à lire et en plus, ce qui ne gâte rien, cet auteur a le sens de la formule qui fait mouche .

Les chiffres ne sont que des paillettes pour faire beau à la fin des rapports vides.

ou

Sérieux, dans la phrase « non », c’est quoi le mot que tu comprends pas ?

 

 

Je pourrais presque dire merci au confinement pour m’avoir permis de rencontrer un tel écrivain.

En 2016, déjà, Dasola parlait très positivement de cet auteur

Citations

Code 93

La médecin légiste

 

Dans les siennes elle avait pris ses mains salies, frôlé ses cheveux puis passé le bout des doigts sur les blessures de son visage. Elle avait regardé alentour, car ces choses-là ne se font pas. Elle avait ôté ses gants en latex et recommencé les mêmes gestes. Elle s’était laissée aller au pire des maux de son métier, l’empathie.

 

Description de la banlieue

 

Quatre voies grises et sans fin s’enfonçant comme une lance dans le cœur de la banlieue. Au fur et à mesure,voir les maisons devenir immeubles et les immeubles devenir tours. Détourner les yeux devant les camps de Roms. Caravanes à perte de vue, collées les unes aux autres à proximité des lignes du RER. Linge mis à sécher sur les grillages qui contiennent cette partie de la population qu’on ne sait aimer ni détester. Fermer sa vitre en passant devant la déchetterie intermunicipale et ses effluves, à seulement quelques encablures des premières habitations. C’est de cette manière que l’on respecte le 93 et ses citoyens : au point de leur foutre sous le nez des montagnes de poubelles. Une idée que l’on devrait proposer à la capitale, en intra muros. Juste pour voir la réaction des Parisiens. À moins que les pauvres et les immigrés n’aient un sens de l’odorat moins développé…

 

Si vrai

Elle ne pleurerait pas tant qu’il serait là. La tristesse c’est personnel, ça ne se partage pas.

 

Une mère peu aimante

 

Mais si j’étais à Bercy tu ne t’en satisferais pas plus et tu m’enverrais l’Élysée au visage… Je te connais, maman, ton ambition pour les autres est débordante. Seul le corps fatigué de Margaux Soultier avait soixante-dix-huit ans. Le reste aurait pu durer encore quelques générations. Elle avait joué son rôle de mère comme une actrice désastreuse, se considérant plutôt comme une femme d’homme de pouvoir, de celles qui poussent à se surpasser et qui admettent aisément le concept de dommages collatéraux qu’une carrière politique ne manque pas de produire. – Cela t’amuse toujours autant de m’appeler maman ? – C’est ce que tu es, non ? – Ne sois pas ridicule, évidemment, mais tu n’as plus besoin d’une maman à ton âge.

Le monde des affaires et le monde politique

Jacques Soultier était aisément passé d’homme d’affaires à homme de pouvoir sans avoir à changer les règles du jeu, puisqu’elles lui avaient paru être identiques. Il avait construit sa deuxième carrière comme il mettait en place le rachat d’une société ou la liquidation d’une autre : en connaissant les secrets de ses adversaires autant qu’ils tentaient de les cacher.

 

Immigration

 

Au lendemain des révolutions arabes, le flux migratoire tunisien et algérien s’était vu multiplié par trois sans que soit mis en place le moindre programme d’accueil et de logement. Attirés par les lumières de Paris puis rapidement expulsés comme un corps étranger, les nouveaux migrants avaient été, comme d’habitude, accueillis par le cousin pauvre du 93. 

 

Les chiffres et la vérité

Les chiffres ne sont qu’une indication. Ils ne veulent rien dire. Demander un chiffre c’est faire l’évaluation d’un travail. La réponse changera en fonction de la personne à qui vous posez la question. Si vous le demandez à celui qui a effectué le travail, il sera poussé vers le haut. Si vous le demandez à ses détracteurs, il sera tiré vers le
bas. Demander de chiffrer une activité c’est être assuré d’avoir une information déjà faussée. Les chiffres ne sont que des paillettes pour faire beau à la fin des rapports vides.

Le monde politique

En politique, partez du principe qu’il n’existe aucune saloperie à laquelle vous puissiez penser qui n’ait déjà été commise. Aucune. Planquer des cadavres pour permettre la création du Grand-Paris, votre Code 93 n’a pas plus d’ambition qu’une vulgaire opération immobilière.

 

Territoires

 

Des dialogues comme je les aime

– Foret quatre millimètres. C’est gravé dessus. On m’a assuré que vous étiez bon enquêteur, je suis plutôt déçu. –
– On m’a assuré que vous étiez carrément désagréable. Personnellement, je suis comblé.

Les votes en banlieue

– Moins on n’a de votants et plus il est simple d’influer sur le cours d’une élection, c’est mathématique.
– Mathématique, pas politique !

Mort d’un délinquant de banlieue sa mère et la maire …

Sauf madame Doucouré, dissimulée derrière son voile, imperturbable, ou déjà rendormie. Vesperini s’approcha d’elle et elles restèrent ainsi en silence, comme en prière. S’il n’y avait eu aucune bonne fée au-dessus du berceau de Bibz, il y avait bien eu deux sorcières penchées sur son cercueil.

le langage jeune

Sérieux, dans la phrase « non », c’est quoi le mot que tu comprends pas ?

La banlieue

Toi-même tu sais. Douze ans du 93 c’est pas douze ans de Paris. C’est pas les mêmes formats.

La corruption municipale

Certes, Sébastien était le fils de son ex beau-frère, mais surtout elle appréciait sa créativité. Marchés surfacturés, associations fictives, financement occulte de campagne, achat de votes, de gros bras, de colleurs d’affiches, de concierges et de journalistes rapporteurs d’infos, emplois fictifs et placement d’amis aux bons postes. Delsart avait commis tant de malversations qu’il n’en voyait même plus l’illégalité. Dans la mesure où il ne s’agissait pas d’enrichissement personnel, il prenait presque plaisir à ce jeu du chat et de la souris avec la préfecture, les administrations publiques et la Cour régionale des comptes. Pour lui, tout cela ressemblait à de simples mouvements bancaires. Avec juste un peu plus de malice et d’attention.

Une maire efficace

Vesperini venait de décrocher cinq millions d’euros. En provoquant elle-même une émeute dans sa propre ville, elle avait réussi un casse historique. Pire, elle venait de braquer l’État.

Le fonctionnement des municipalités en banlieue

Vous ne savez pas comment gérer ces milliers de gamins sans diplômes ni emplois, mais moi je m’en occupe. Je leur donne un travail et ils font vivre leurs familles. Résultat, le trafic tempère vos quartiers défavorisés et hypocritement, vous nous avez laissés faire, comme si vous ne connaissiez pas les raisons de ce calme. Mieux que ça, vous nous utilisez. Vous nous payez pour garantir votre sécurité pendant vos campagnes, vous nous payez pour vous récupérer des votes et des procurations. Vous vous servez de nous pour asseoir votre pouvoir et, pour être sûre de notre loyauté, parfois, vous engagez certains d’entre nous dans votre propre équipe. Vous
collaborez avec le mal qui ronge votre ville pour en garder le contrôle. Vous êtes même prête à la mettre à feu et à sang. Le serpent se mord la queue. Cercle vicieux, donc.

Surtension

Le cannabis en prison

Le cannabis. Encore un moyen de se garantir un peu de calme. Une partie non négligeable des prisonniers se retrouvent à Marveil pour des délits relatifs à la drogue. Qu’elle soit tolérée à l’intérieur de la prison relève de l’ironie.

La sexualité en prison

Une partie non négligeable des prisonniers se retrouvent à Marveil pour des agressions sexuelles. Qu’elles soient tues, voire tolérées à l’intérieur de la prison, voilà encore qui relève de l’ironie.

La prison école du crime

Malheureusement, il n’existe pas d’endroit plus dangereux, inégal et injuste que la prison. Et au lieu de ressortir équilibré ou cadré, les détenus en sortent plus violents, désabusés, perdus et agressifs, sans aucun projet de réinsertion. Plus venimeux en sorte. La prison comme une école du crime. »

Un moment d’humour

C’est l’affaire du Norvégien. Un type de soixante ans qu’on a retrouvé poignets et chevilles accrochés à un lit après une overdose à l’ecstasy et au poppers. C’est son jeune amant qui nous a appelés. Quand on a essayé de contacter sa famille, on a découvert qu’il était ici en voyage d’affaires sur un projet de jumelage de deux églises, entre la France et la Norvège. Le type était prêtre. Je sais que là-bas ils sont ouverts d’esprit et qu’ils aiment bien se baigner à poil dans l’eau glacée, mais ils ont quand même dû être un peu secoués par la nouvelle.

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

 

Je n’ai pas trop accroché à ce roman qui possède pourtant des qualités certaines. Un homme, devenu SDF par manque d’amour et de réussite passe son temps sur la frontière Franco-Italienne dans les Alpes. Il y croise un autre « chemineau » qui a été moine chartreux autrefois et à eux deux, ils représentent ceux que notre société ne peut pas accepter : des itinérants qui n’attendent plus rien de la société des hommes. Coublevie, notre SDF, s’arrête parfois dans le Café du Nord, lieu de réunion d’une bande de paumés alcoolisés. Mais dans ce café vit aussi Camille, la fille du bistrotier, qui éveille des convoitises masculines, car elle est jeune et si belle. Et puis c’est le drame, un des habitués est retrouvé assassiné.
Je ne vous en dis pas plus car je divulgâcherai ce roman. La force de son propos tient dans le fait que nous sommes dans la tête de Robert Coublevie qui est loin d’avoir les idées claires. Ce roman m’a fait un peu penser à Farrago, qui est un de mes romans préférés. On suit ici aussi une errance de quelqu’un qui a si peu de chance de s’en sortir mais qui connaît très bien la nature où il trouve refuge. Ici, c’est la montagne et cela nous vaut de très belles descriptions. D’où viennent donc, mes réserves ? Certainement de l’aspect répétitif des situations et des descriptions. Le cerveau embrumé de Robert a peu à peu endormi mon intérêt. Mais je suis sûre que ce roman peut trouver son public et j’y ai trouvé de très belles pages.

Citations

 

Portrait

J’ai pas encore parlé de Tapenade, un autre habitué du café du Nord, une relation de bureau en quelques sortes, retraités agent supplétif, j’en sais rien, mais un type heureux, fier d’être en vie et surtout fier de rien branler, avec un bon sourire de Chérubin céleste et, juste au-dessus, un tas de cheveux gras et filasse que c’en est une désolation. Le vrai poivrot des jours heureux… Mounir l’appelle première pression à froid mais c’est un peu long et le type boit jamais bière, seulement des petits jaunes… Je préfère Tapenade.

Réflexion

La mémoire, c’est un piège. Elle rassemble nos échecs et nos déceptions, elle classe toutes ces misères, elle les accumule dans le foutoir intime, là où ça pourrit sans ordre et sans façon. Crois-moi, elle nous fait vraiment souffrir, la mémoire, genre élancements dentaux, vieilles caries qui se réveillent. 

Réflexion dans une chapelle

C’est pas Dieu qui importe. C’est ce truc-là, le téléphone. On passe notre vie à le tapoter, le guetter, le consulter et, dès qu’il reste muet une demi-heure, on pète de trouille. On a vraiment peur qu’il reste silencieux. Avec Dieu, le silence, quand même, on a l’habitude.

Paysage de montagne

On arrive à la chapelle de Constance avec sa petite croix en pierre, sa fontaine dans un tronc de mélèzes, ces fleurs et son toit de bardeaux. 
Je la connais, cette chapelle.
 C’est là, dans un recoin, le long du ruisselet canalisé en fontaine, que sortent les premières violette, les toutes premières de l’année, celle qui sentent la guimauve, l’enfance et la Résurrection. Cette fois, en plus des violettes, l’églantier est en boutons… Je tends le.doigts vers les roses sauvages qui pointent leur nez au milieu des épines.

 

 

Lu dans le cadre du Club de Lecture de la médiathèque de Dinard

 

Un roman magique, soutenu par une écriture entre poésie et fantaisie, on se laisse bercer par la déambulation des chats à travers le quartier de Montmartre et on suit la personnalité de cette superbe africaine Masseïda et du peintre Théophile Alexandre Steinlen. Dont tout le monde connaît, au moins, les affiches.

mais peut être, moins ses lithographies sur le peuple de Paris

 

Époque terrible, où la pauvreté pouvait conduire à la misère et à la mort. Mais une époque, aussi, où le bouillonnement de vie permettait à toute une faune de vivre surtout à Montmartre qui est alors une zone entre ville et campagne. Le lecteur reconnaît au passage des figures célèbres et des lieux qui maintenant sont tellement policés : on ne s’encanaille plus à Montmartre et on ne cultive plus beaucoup non plus, c’est devenu un haut lieu touristique et Masseïda se sentirait moins seule, les couleurs de peaux se mélangent certainement plus qu’à cette époque, et la misère est plus cachée et plus éloignée de la butte. Cet auteur a réussi son pari : faire revivre un lieu et une époque à travers les œuvres des artiste du temps. Une petite déception : les derniers chapitres, le roman ne se termine pas ; mais cela ne m’empêche pas d’être un très beau roman dont le style m’a enchantée.

Citations

Joli début

La Butte en ce temps là, paraissait une montagne. La poésie et la tuberculose y régnaient à parts égales.

Une soirée, au Lapin Agile

C’est Anatole Deibler, le bourreau de Paris, que la complainte de Masseïda avait replongé dans les affres du deuil. Lorsque les pupilles du bourreau balayèrent la salle et accrochèrent le regard du maquereau, ce dernier, instinctivement, se gratta la nuque. Près de l’âtre deux filles outrageusement maquillées, attifées de rubans et de bijoux en toc, se tenaient par l’épaule, un verre de cidre à la main, et lui adressaient des œillades de connivence.

Le public du lapin agile on reconnaît Apollinaire et Picasso

Un préfet mélomane, un poète au coup de buffle, un peintre aux prunelles félines, un anarchiste violoneux, un maquereau patibulaire et deux catins en goguette, tel était le public de choix que Masseïda avait conquis le temps d’une chanson.

La peinture

Les plus beaux nus sont désespérés.
Qui déjà, disait ce genre de chose… Forcément un peintre, quelqu’un qui avait souffert mille morts devant le chevalet.
Lui apparut alors une figure aux traits disgracieux, qui semblait lui adresser un sourire goguenard, par-delà le temps. Toulouse. Ce vilain nabot de Lautrec. Son meilleur ami. L’artiste qu’il avait le plus admiré et auprès duquel il avait le plus appris. C’était bien Lautrec qui avait dit, avec son accent impayable des bords de la Garonne, le désespoir qu’il fallait entretenir en soi pour peindre la chair nue. Il savait de quoi il causait, le bougre, lui qui passait des sanglots aux éclats de rire, le temps d’un vermouth :
 les plus beaux nus sont désespérés.

 

 

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard. 

Cela faisait un moment que mes lectures ne me menaient pas vers un plaisir total. J’adore, quand je lis retrouver tout ce qui a enchanté mon enfance :

  • Une langue qui fonctionne bien et qui, ici, est très belle.
  •  Une histoire qui me bouleverse.
  • Partir dans des contrées que je ne connais pas très bien
  • Me retrouver dans les sentiments décrits par l’auteur.

Il y a tous ces ingrédients dans cette histoire et plus encore. L’auteur a voulu retrouver qui était Jacob, cet oncle qui est mort en Alsace en libérant la France de l’occupant Nazi. Comment ce jeune juif de 19 ans, n’ayant vécu qu’à Constantine s’est-il retrouvé dans l’armée de de Lattre de Tassigny ? Valéry Zenatty a cherché, elle peut ainsi nous faire vibrer aux souffrances de ces familles juives algériennes plus proches des arabes que des français. Pétain leur retirera la nationalité et leur interdira même d’aller à l’école, mais lors de l’indépendance de l’Algérie, toute sa famille et sans doute tous les juifs viendront vivre en France. Cette famille est très pauvre et dominée par des hommes violents et rudes. L’amour des femmes pour leurs enfants passe par la cuisine, des petits plats qu’elles préparent pour eux, plus que par des paroles ou des gestes. Cette auteure sait décrire l’atmosphère de cette maison si pauvre où la famille s’entasse dans une seule pièce. Jacob peut survivre grâce à la culture qui ne lui servira à rien dans l’armée, mais lui, simple soldat de seconde classe fera le malheur de sa mère en décédant sur le front. Une jeune femme écrivaine de sa descendance lui aura rendu toute son âme et aurait permis à sa mère, si elle avait été encore en vie, d’être fière de son dernier né tant aimé. Dans ce roman, Victor Hugo est cité et ces quelques vers correspondent exactement à ce que l’on ressent :

« Vous qui ne savez pas combien l’enfance est belle
Enfant ! N’enviez point notre âge de douleur,
Où le cœur est tour à tour esclave et rebelle,
 Où le rire est souvent plus triste que vos pleurs. »

 

 

Citations

 

Chez lui

Ce serait comme à la maison depuis le jour où il avait découvert que personne ne pouvait deviner ce qu’il pensait, il y avait une voix qu’il était le seul à entendre. Elle avait commencé par dire je n’aime pas le ragoût de cardes, les chardons, c’est bon pour les mulets, puis je n’aime pas les grimaces stupides de la tante Yvette, sa façon de rouler des yeux comme une chouette folle, je n’aime pas les cris de mon père, sa main qui s’abat sur qui le contrarie, qui le provoque, qui ose le contredire, je n’aime pas la peur que je vois parfois sur le visage de ma mère, je n’aime pas cet appartement où il y a du monde, tout le temps, du bruit, tout le temps, la voix avait ajouté je préfère l’école, monsieur Bensaid est plus gentil que papa, mademoiselle Rouvier est plus jolie que maman, il ne se passait rien de grave, il n’était pas puni, ça restait dans sa tête, c’était des mots de silence, il faisait ce qu’on attendait de lui, m’interrompait pas les adultes, les contredisaient encore moins, aidait sa mère à porter les paniers au marché, suivait son père et Abraham à la synagogue, faisait les mêmes gestes qu’eux, ils lui caressaient la tête parfois en disant qu’il était un bon garçon, il jouait avec la poussière qui dansait dans les rayons du soleil, s’interrogeant sur ce que l’ œil voit, mais que la main ne parvient jamais à saisir.

L’armée et la poésie

Pourtant Monsieur Baumert leur avait dit que la poésie résiste à tout, au temps, à la maladie, à la pauvreté, à la mémoire qui boîte, elle s’inscrit en nous comme une encoche que l’on aime caresser, mais les vers, ici, ne trouvent pas leur place, ils jurent avec les uniformes, sont réduits au silence par les armes et le nouveau langage aux phrases brèves et criées qui est le leur. Monsieur Baumert leur a menti, ou s’est trompé, les heures passées à mémoriser des poèmes n’ont servi qu’à obtenir de bonnes notes, et le sergent-chef se fiche de leurs notes, il aurait même tendance à humilier un peu plus ceux qu’il appelle les fortes têtes et qui était au paravent des élève studieux. Il préfère les soldats qui truffent leurs phrases de fautes, sauf ceux qui sont musulmans et qu’il appelle les bougnoules, et il les corrige en éclatant de rire, les affublant de surnoms qui le ravisse, Fatima, Bourricot, Bab-el-Oued, et quand il perçoit un rougissement déferler sous la peau brune, il pose sa main sur l’épaule du soldat humilié pour dire, je rigole, parce que je sais que tu as le sens de l’humour, tu es un bon gars, tu te bats pour la France, et la France te le rendra.

 

Traduit de l’anglais par Élodie Leplat. Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.


En juin 2018 , notre club de lecture après une discussion mémorable avait attribué au « Chagrin des vivants » son célèbre « coup de cœur des coups de cœur ». C’est donc avec grand plaisir que je me suis plongée dans cette lecture. Envie et appréhension, à cause du sujet : je suis toujours bouleversée par la façon dont on a toujours maltraité des êtres faibles, En particulier, les malades mentaux. Ce roman se situe dans le Yokshire en 1911, dans un asile que l’auteure a appelé Sharston. Cette histoire lui a été inspirée par la vie d’un ancêtre qui, à cause de la grande misère qui a sévi en Irlande au début du vingtième siècle, a vécu dans des institutions ressemblant très fort à cet asile.

Le roman met en scène plusieurs personnages qui deviennent chacun à leur tour les narrateurs de cette tragique histoire. Ella, la toute jeune et belle irlandaise qui n’a rien fait pour se retrouver parmi les malades mentaux et qui hurle son désespoir. Clèm une jeune fille cultivée qui a des conduites suicidaires et qui tendra la main à Ella. John Mulligan qui réduit à la misère a accepté de vivre dans l’asile. Charles Fuller le médecin musicien qui sera un acteur important du drame.

Ella et John vont se rencontrer dans la salle de bal. Car tous les vendredis, pour tous les patients que l’on veut « récompenser » l’hôpital, sous la houlette de Charles Fuller, peuvent danser au son d’un orchestre. Malheureusement pour tous, Charles est un être faible et de plus en plus influencé par les doctrines d’eugénisme.

C’est un des intérêts de ce roman, nous sommes au début de ce siècle si terrible pour l’humanité et les idées de races inférieures ou dégénérées prennent beaucoup de place dans les esprits qui se croient savants : à la suite de Darwin et de la théorie de l’évolution pourquoi ne pas sélectionner les gens qui pourront se reproduire en améliorant la race humaine et stériliser les autres ? L’auteure a choisi de mettre toutes ces idées dans la personnalité ambiguë et déséquilibrée de Charles Fuller, mais on se rend compte que ces idées là étaient largement partagées par une grande partie de la population britannique, elles avaient même les faveurs d’un certain Winston Churchill. Il s’en est fallu de peu que la Grandes Bretagne, cinquante ans avant les Nazis n’organise la stérilisation forcée des patients des asiles. On apprend également que ces patients ne sont pas tous des malades mentaux, ils sont parfois simplement pauvres et trouvent dans cet endroit de quoi ne pas mourir de faim. On voit aussi comme pour la jeune Ella, que des femmes pouvaient y être enfermées pour des raisons tout à fait futiles. Ella, un jour où la chaleur était insupportable dans la filature où elle travaillait a cassé un carreau. Ce geste de révolte a été considéré comme un geste dément et son calvaire a commencé. Au lieu de l’envoyer à la police on l’a envoyée chez les « fous ». On retrouve sous la plume de cette auteure, les scènes qui font si peur : comment prouver que l’on est sain d’esprit alors que chacune des paroles que l’on prononce est analysée sous l’angle de la folie. Et lorsque Ella se révolte sa cause est entendue, elle est d’abord démente puis violente et enfin dangereuse.

Le drame peut se nouer maintenant tous les ingrédients sont là. Un amour dans un lieu interdit et un médecin pervers qui manipule des malades ou des êtres sans défense.

J’ai lu ce deuxième roman d’Anna Hope avec un peu moins d’intérêt que son premier. Elle a su, pourtant, donner vie et une consistance à tous les protagonistes de cette histoire, ses aïeux sont quelque part dans toutes les souffrances de ces êtres blessés par la cruauté de la vie. Il faut espérer que nos sociétés savent, aujourd’hui, être plus compatissantes vis à vis des plus démunis. Cependant, quand j’entends combien les bénévoles de « ADT quart monde » se battent pour faire comprendre que les pauvres ne sont pas responsables de leur misère, j’en doute fort.

Citations

Le mépris des gardiennes pour les femmes enfermées à l’asile

 Toutefois elle voyait bien comment les surveillantes regardaient les patientes, en ricanant parfois derrière leurs mains. L’autre jour elle avait entendu l’infirmière irlandaise qui dégoisait avec une autre de sa voix criarde de pie : « Non mais c’est-y pas que des animaux ? Pire que des animaux. Sales, tu trouves pas ? Mais comment il faut les surveiller tout le temps ? Tu trouves pas ? Dis, tu trouves pas ? »

Les femmes et la maladie mentale

 Contrairement à la musique, il a été démontré que la lecture pratiquée avec excès était dangereuse pour l’esprit féminin. Cela nous a été enseigné lors de notre tout premier cours magistral : les cellules masculines sont essentiellement catholiques – actives énergiques- tandis que les cellules féminines son anatomiques – destinées à conserver l’énergie et soutenir la vie. Si un peu de lecture légère ne porte pas à conséquence, en revanche une dépression nerveuse s’ensuit quand la femme va à l’encontre de sa nature.

Théorie sur la pauvreté au début du 20e siècle

 La société eugénique est d’avis que la disette, dans la mesure où elle est incarnée par le paupérisme (et il n’existe pas d’autres étalon), se limite en grande partie à une classe spécifique et dégénérée. Une classe défectueuse et dépendante connue sous le nom de classe indigente.
Le manque d’initiative, de contrôle, ainsi que l’absence totale d’une perception juste sont des causes bien plus importantes du paupérisme que n’importe lesquelles des prétendues causes économiques.