Traduit de l’anglais par France Camus-Pichon.
Lecture que je dois à Krol, je me demande si comme moi elle a été gênée par le prénom de la cinquième femme de Michael Beard : « Patrice » est pour moi un prénom de garçon, à chaque fois je m’efforçais de penser « Patricia » sans quoi je n’arrivais pas à lui donner des traits féminins. Comme notre personnage est un scientifique tourné ver l’avenir de la planète, j’ai associé son roman à une revue qui explore le futur « Usbek et Rica« , dont je parlerai peut-être un jour. En attendant, voici donc le roman racontant la vie de Michael Beard physicien couronné par un prix Nobel que les mauvaises langues jugent très immérité . Peu importe, c’est un membre influent de la Royale Académie de sa Majesté Elizabeth d’Angleterre. Il ronronne un peu et passe son temps à répéter la même conférence dans des lieux divers et devant des publics variés. Il a une autre occupation lire les articles de physique pour voir à quel moment et en quels termes son nom sera cité. Bref sur le plan professionnel, ce n’est plus vraiment ça, il est de plus fortement agacé par la jeune génération à catogan qui ne respecte pas assez les glorieux aînés.
Et sur le plan personnel ? Là c’est carrément la Bérézina ! Sa cinquième femme, la fameuse Patrice, le trompe avec un vulgaire maçon . Bien sûr, lui ne se prive jamais de conquêtes féminines. Mais avec cette histoire de maçon sa descente aux enfers commence. Il n’a plus que deux préoccupations dans la vie, oublier Patrice et essayer de décider de commencer un début d’un éventuel régime ! Évidemment, il rate les deux . Il partira pourtant au pôle nord puis dans le désert du Mexique. Mais continuera avec la même constance à rater sa vie. Quelque soit ses rencontres et ses différentes femmes, il les trompe toujours et il grossit toujours autant. Il ne fait pas que cela, il est d’une mauvaise foi incroyable et se donne bonne conscience quelques soient ses actions qui peuvent aller jusqu’à tuer quelqu’un, sans le vouloir certes , et ensuite faire endosser cette mort par un autre. Évidemment, il est également malhonnête dans sa recherche scientifique. Bref un sale bonhomme avec qui je suis restée trop longtemps.
J’ai peiné à la lecture de ce roman pourtant agrémenté de passages drôles pimentés par un humour très britannique. On y retrouve aussi beaucoup de problèmes qui agitent notre planète. Mais voilà le roman annonce assez vite qu’il est impossible que ce personnage s’en sorte bien, du coup on attend sa chute et on trouve qu’elle tarde à venir. Et comme son cerveau est embrumé par l’alcool ou l’importance de la nourriture , j’ai eu plus d’une fois la tentation de lire en diagonal pour aller plus vite que lui. D’avance je savais qu’il allait redemander un whisky, se resservir du plat principal, coucher avec la serveuse, pomper dans des recherches d’un autre savant et se les approprier et que tout cela allait très mal se finir. Bref, j’ai étouffé parce que je me suis sentie enfermé dans ce personnage qui a fini par m’énerver.
Citations
Mauvais goût pour un anglais et ce maçon est l’amant de sa femme…
le maçon, celui-là même qui avavit rejointoyé leurs murs, aménagé leur cuisine, refait le carrelage de leur salle de bain, ce type épais qui, un jour, devant une tasse de thé, avait montré à Michael une photo de sa maison simili-Tudor rénovée et tudorisée par ses soins, avec un bateau posé sur sa remorque sous un réverbère de style victorien au milieu de l’allée bétonnée, et un emplacement où ériger une cabine téléphonique rouge à usage décoratif.
Flegme et classe britannique
Vous pouvez me parler sans me regarder, avait-il envie de dire, surveillant le flot de véhicules devant eux pour tenter de prédire à quel moment il allait devoir attraper le volant. Pourtant, même Beard avait du mal à critiquer un homme qui le transportait gratuitement – son hôte, en fait. Plutôt mourir ou mener une morne vie de tétraplégique qu’être impoli.
L’obsession de la nourriture , par exemple : les chips
Sa technique était de poser la lamelle de pomme de terre au milieu de sa langue et, après avoir profité quelques secondes de la sensation, de l’écraser contre son palais. Selon lui, la surface irrégulière de la chips causait de minuscules ulcérations de la chair, dans lesquelles se déversaient le sel et les additifs, doux mélange de plaisir et de douleur à nul autre pareil.