Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

Roman historique qui permet de découvrir le monde des béguines, je ne savais pas qu’elles avaient existé en France. Pour moi le béguinage était lié aux pays du nord et au protestantisme. C’est complètement faux, il a perduré plus longtemps dans le nord de l’Europe mais en France grâce à la protection de Saint Louis (Louis IX) les béguines avaient pu créer des communautés vivantes et nombreuses. Cela permettait aux femmes de vivre en dehors du mariage en se consacrant à la religion et à des activités lucratives pour pouvoir subsister. Le statut des béguines étaient très varié, dans ce roman on voit des femmes soignantes, commerçantes, artisanes … toutes sont célibataires ou veuves.

Nous sommes sous Philippe Le Bel, ce roi fanatique qui ,toujours à court d’argent, fera brûler les templiers sur la place publique et pas mal de juifs en ayant auparavant confisqué à son profit tous leurs biens. Sous son règne, les femmes seront vite appelées sorcières avant d’être aussi brûlées. C’est lui aussi qui fera tuer de façon atroce les amants présumés de ses filles avant de les faire tondre et de les incarcérer Alors, on imagine la fragilité du statut des béguines qui permettait à des femmes d’échapper au mariage et de de se mêler de religion ! De plus celles qui exerçaient de l’artisanat n’étaient pas soumises aux différentes contraintes des autres artisans . Alors bien sûr, quand elles ont perdu la protection royale que Louis IX, le grand père de Philippe Le Bel leur avait accordé, elles ont totalement disparu.

La lecture de ce roman permet de vivre un moment avec des femmes sensibles et humaines et dans ce monde de violence, cela fait du bien. On mesure aussi, comment toutes les différents essais pour les femmes de sortir de leur condition : être des épouses fidèles et ignorantes , mariées trop jeunes pour des raisons financières ou pour satisfaire les besoins sexuels d’un homme, mourant très vite en couche, ont été durant des siècles systématiquement combattus.

Citation

Être femme et avoir des idées en 1310 (et donc, être brûlée vive)

Je n’ai pas entendu que du bien sur elle chez les Cordeliers. À force de mépriser l’enseignement des clercs, elle a fini par en offenser beaucoup. Et ce rejet des pénitences, du jeune ou même des préceptes moraux, elle n’est pas loin des errances des adeptes du libre-esprit.