J’avais noté cette BD chez Jérome , grand lecteur de BD entre autre ! Cet album très épais me tendait les bras à la bibliothèque et je savais que beaucoup d’entre vous l’avez déjà lu et beaucoup aimé. Je suis restée quelques heures en sa compagnie et je ne l’ai pas regretté. Le dessin n’est pas tout à fait mon style mais on s’habitue et surtout j’aime bien l’alternance entre la réalité, les rêves et les rares moments de colère. Comme il y a une foultitude de personnages, on ne les reconnaît pas très bien , cela vient aussi de son style de dessin qui reflète plus une idée que la réalité. Le caractère des personnages est intéressant et très proche de notre vie : j’ai adoré le début à la banque avec la discussion sur un prêt bancaire,le banquier est plus vrai que nature et absolument pas caricatural.
Lorsque notre narrateur se plonge dans son histoire , on s’attend comme lui même, à une histoire tragique ou la vie familiale rejoindrait la grande Histoire. Mais non c’est à la fois plus simple et plus compliqué : d’ailleurs, on n’aura pas toutes les solutions , et, je crois que c’est très proche de ce qu’on peut trouver quand on veut connaître l’histoire de sa propre famille. Il s’agit du quotidien des Portugais qui ont fui la misère et le régime de Salazar. J ai beaucoup aimé la discussion entre deux travailleurs retraités , l’un voyait dans la France le pays qui l’avait sauvé de la misère et l’autre le pays qui avait exploité sa force de travail.
On ne connaîtra pas la nouvelle amie du père de Simon , je me suis même demandée si elle existait et je n’ai toujours pas compris pourquoi il fuyait à ce point les relations avec sa famille. Visiblement le dialogue n’est pas le fort de cette famille. Pourtant la conversation des deux frères et de la sœur dans la deux-chevaux est passionnante ! Le narrateur ne se donne absolument pas le beau rôle , il sort d’une relation amoureuse qui lui pèse , mais laisse à sa compagne la responsabilité de la rupture.
C’est au Portugal qu’il retrouvera finalement une douceur et une nouvelle envie de vivre. Ce qui pour moi fait le charme de cette BD c’est la narration de tous ces destins autour de l’émigration portugaise. Et pour une fois ce n’est pas tragique, c’est doux et amer comme cette BD foisonnante.
Citations
Le coup de téléphone à Noël de sa grand mère portugaise
J’avais fini par redouter ces appels . Et même par avoir honte de cet accent qui rendait son français incompréhensible « L’amour et la Haine » Cela pourrait être la devise des familles de migrants.