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Traduit du suédois par Caroline Berg

4
Je le dis tout de suite à la petite Souris Jaune (voire le lien à la fin de l’article) dont j’apprécie beaucoup les critiques d’habitude, je suis comme Clara ( idem pour le lien) j’ai adoré. J’ai ri, et puis, ça m’a fait un bien fou de revisiter certains drames de notre histoire à travers les aventures si peu probables d’un génie suédois de l’explosif en tout genre (tiens tiens, Monsieur Nobel … serait-ce une tradition dans votre froid pays !).

On ne s’ennuie jamais dans cette aventure, on suit avec plaisir la fuite des bras « pas si cassés » que ça, de la bande du centenaire qui arriveront à se défaire et des malfrats et de la police, tout en conservant un énorme magot permettant à tout ce petit monde de finir leurs jours sous le chaud soleil de Bali. Auparavant, nous connaîtrons les cent ans d’une vie agitée, où toutes les crapules (Staline, Mao, Johnson, Kim Il-sun…) ayant bien contribués au malheur de l’humanité auront eu affaire à Allan Karlson qui veut bien discuter de tout sauf de politique car il n’y connaît rien.

Le moment où en Iran il se retrouve avec un pasteur britannique qui essaie de convertir les Iraniens à l’anglicanisme m’a fait mourir de rire. Je te l’accorde Petite Souris Jaune, ce n’est pas un humour très fin, et toi qui aimes les belles enquêtes policières tu as dû être déçu par le peu de perspicacité du policier suédois de base. Comme moi je m’ennuie à la lecture des polars , la caricature de la logique de l’enquête policière m’a bien fait rire.

Je devais être dans de bonnes dispositions, mais je persiste à recommander ce roman à tous ceux et toutes celles qui veulent s’amuser sans prétention et allez, je le reconnais à ceux et celles qui aiment le rire un peu gras, la bière et l’alcool fort !

Citations

Il fuyait sa propre fête d’anniversaire, et c’est aussi une chose qu’on fait rarement à cet âge-là, principalement parce qu’il n’est pas fréquent d’arriver jusque là.

 

Le centenaire se mit en route sur ses chausson-pisse (on les appelle comme ça parce que les hommes d’un certain âge ont du mal à faire pipi plus loin que les bouts de leurs chaussons).

 

Il avait travaillé comme commis dans une ferme battu quotidiennement par son père qui le considérait comme un bon à rien. L’année des ses vingt-cinq ans, un cancer emporta sa mère, ce qui lui fit de la peine. Peu après, son père se noya dans l’étang en essayant de sauver une génisse. L’événement affecta Julius car il aimait bien la génisse.

 

Alan trouvait incompréhensible que les gens aient eu envie de s’entretuer au XVIIe siècle. S’ils avaient patienté un peu, ils seraient morts de toute manière.

 

Trois heures plus tard, les deux hommes se donnaient du Harry et du Allan, ce qui en dit long sur ce que deux bouteilles d’alcool sont capables de faire pour le rapprochement entre les peuples.

 

On peut dire ce qu’on veut de la cuisine française, mais une chose est sûre : on a beau vider son assiette, on n’est pas rassasié.

 

La première décision prise par Gorbatchev, le petit jeune qui avait pris la barre, avait été de lancer une campagne contre la consommation excessive de vodka dans le pays. Ce n’était pas comme ça qu’on séduisait les masses, n’importe quel imbécile était capable de le comprendre.

 

Il fut accueilli par sœur Alice, qui avec un sourire aimable lui fit perdre toute sa joie de vivre en quelques minutes simplement en lui faisant part du règlement intérieur : interdiction de fumer, interdiction de boire de l’alcool et interdiction de regarder la télévision après 23 heures. Elle précisa que le petit déjeuner était servi à 6h45 en semaine et une heure plus tard les jours fériés. Le déjeuner à 11h15, le goûter à 15h15 et le dîner à 18h15. Tout pensionnaire arrivant après ces heures s’exposait à être privé de repas.

-Est- ce qu’on peut aller chier quand on veut ? demanda Allan

On en parle

négatif  : La souris jaune, positif  : Clara et les mots

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Traduit du norvégien par Hélène Hervieu et Eva Sauvegrain.

2
Si ce livre n’avait pas été au programme du club de lecture, donc choisi par ma bibliothécaire préférée, j’aurais abandonné à la page 50. Je n’en pouvais plus d’imaginer cette jeune femme boire des bières de plus en plus vite, en se dépêchant pour faire la place au gin, au cognac au whisky…

Tant d’alcool pour faire comprendre qu’elle va mal très mal … du coup je suis allée faire un petit tour sur Babélio et j’ai vu que d’autres lectrices avaient aimé cette histoire alors je me suis accrochée, bon c’est sûr c’est beaucoup, beaucoup trop long et trop alcoolisé. Mais il y a quelques bonnes remarques sur notre société des loisirs.

Les voyages, par exemple, et les touristes qui ne voient les paysages qu’ à travers leur appareil photo numérique sans oublier cette si noble cause : la défense des animaux sauvages. C’est un peu étrange de trouver des remarques judicieuses sur notre société dans un roman qui m’intéresse aussi peu.

La deuxième partie du livre, là où les explications sont données au mal être de Béa, va un peu plus vite. Pas de chance pour moi ! le roman prend alors l’allure d’un polar psychologique, et je n’aime pas trop les polars.

Citations

 Je me sens toujours mal à l’aise avec les Japonais et leurs sourires automatiques qui semblent venir de je ne sais où, sans raison apparente . Comment font-ils quand ils sont vraiment heureux ?

 

Des gens qui en avaient assez de monter à dos de chameau en Egypte, de se promener en gondole à Venise , ou d’écouter avec un mélange de peur et de jubilation , les sirènes de police devant Manhattan . Pour leurs amis un voyage comme ça devait être follement exotique et valoir largement son prix exorbitant

 

Tout penaud Frikk regardait le phoque sur la plaque de glace, incapable de profiter du spectacle dans la mesure où il ne pouvait pas le photographier

 

Tant d’hommes ont été estampillés courageux, uniquement parce que leur intelligence était rudimentaire.

 

 Elle avait envie de rencontrer un ours blanc, mais il fallait qu’il soit inoffensif. Rien ne devait être dangereux, seulement extraordinaire, exotique et surtout écologiquement correct….

On en parle

L’as tu lu 

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Traduit de l’américain par Christine Le Bœuf

3
J’aurais abandonné la lecture de ce roman s’il ne m’avait pas été prêté . Finalement on s’accroche à ces personnalités féminines, plus qu’à l’histoire de Mia, poétesse délaissée par un mari qui a voulu faire « une pause » c’est à dire vivre une aventure avec une jeune femme et qui, à la dernière page du livre, reviendra vers son épouse.

Dans ce roman, l’auteur s’intéresse à tous les âges de la femme, les pestes bêtement cruelles de 16 ans, la jeune mère débordée par ses deux enfants, et les femmes très âgées en maison de retraite. Les hommes sont absents mais sont aussi le centre d’intérêt ou de destruction de tous les âges. (Un peu moins dans la maison de retraite).

J’ai bien aimé les relations entre les vieilles dames et la description de la cruauté des adolescentes, mais j’ai été un peu agacée par les lieux communs sur la condition féminine, et ça m’a semblé tellement américain ! Il n’y a pas une intrigue que l’on suivrait et qui donnerait de l’intérêt du roman mais en revanche une analyse assez fine des relations les fille et les femmes entre elles. Quelques pointes d’humour, beaucoup de références littéraires et un procédé qui m’agace toujours : une façon d’interpeller le lecteur en lui suggérant des réactions. (« Et je vais vous le dire en toute confidence, vieil ami, car voilà bien ce que vous êtes maintenant vaillante lectrice, vaillant lecteur, éprouvés et fidèles et si chers à mon cœur ».)

Je ne sais pas pourquoi mais chez moi ce genre de phrases me donne toujours envie de répondre à l’écrivain : « fais ton boulot mais laisse moi réagir à ma façon ! ! »

Citations

La pause était française, elle avait des cheveux châtains plats, mais brillants, des seins éloquents qui étaient authentiques, pas fabriqués, d’étroites lunettes rectangulaires, et une belle intelligence.

 

Les cinq vivaient dans un présent féroce car, à la différence des jeunes qui envisageaient leur fin avec distance et philosophie, ces femmes savaient que leur mort n’était pas une abstraction.

 

Seuls les gens âgés ont accès à la brièveté de la vie.

 

Mais les filles seront-elles toujours les filles ? Gentilles, maternelles, douces, passives, intrigantes, furtives, méchantes ?

 

Le club de lecture c’est très important. Il en pousse partout comme des champignons, et c’est une forme culturelle presque entièrement dominé par des femmes.

On en parle

Nathalie-lit

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 Traduit de l’anglais par Georges-Michel Sarotte d’après la traduction du Farsi par Sara KHALILI

3
Reportez-vous vite au lien que j’ai mis à la fin de mon texte. J’aurais adoré être d’accord avec Keisha. Comme elle, j’ai ri à certains passages et j’ai apprécié l’humour terrible de cet écrivain qui raconte les pires horreurs d’un ton détaché.

Mais je me suis complètement perdue dans son récit. Je voulais lire assez vite car ce livre est proposé au club et il faut essayer de ne pas garder les livres trop longtemps. Cela explique peut-être que je n’ai pas eu le temps de me familiariser avec les méandres du récit. À la fin je ne savais plus qui était réel et qui était imaginaire, en plus les procédés sont répétitifs et finissent par émousser le sens critique du lecteur.

Sans cesse, l’auteur s’adresse à nous en disant

« posez moi la question… Demandez-moi maintenant… »

Je voulais de toutes mes forces aimer ce roman qui dénonce la censure et la violence faite aux femmes et à tous ceux qui s’oppose à l’islam en Iran. Mais les différents récits qui se croisent m’ont perdu en route. Je l’ai fini en le lisant en diagonale et sans vraiment m’y intéresser.Je suis contente de voir que d’autres ont su apprécier ce roman. Je me demande si la traduction n’est pas pour beaucoup dans ma difficulté. Voilà un livre écrit en farsi traduit en anglais pour des lecteurs américains. Et cette version là qui est traduite en français.

Citations

Cette nouvelle constitution autorise l’impression et la publication de tout livre et journal et interdit formellement la censure et tout examen préalable. Malheureusement, cependant, notre constitution ne signale pas que ces livres et autres publications ont le droit de sortir librement de l’imprimerie.

 

Peut-être ne me croirez-vous pas, mais c’est un fait qu’un grand nombre des romans de Danielle Steel ont été traduits en farsi et, comme leurs imitations iraniennes, sont réimprimées des dizaines de fois et avec de forts tirages. J’adorerais rencontrer Danielle Steel un de ces jours et lui demander tout à trac : qu’avez-vous fait pour que M. Petrovitch accorde si généreusement la permission de quitter l’imprimerie, après avoir, il va s’en dire effacer les scènes des baisers ?

 

 Au cours de notre histoire vieille de plusieurs millénaires, nous les Iraniens avons toujours cherché à rendre possible l’impossible. Pendant une certaine période où la censure imposée aux films et aux programmes de télévision était la plus sévère, le censeur chargé de visionner les programmes de la 3, chaîne gouvernemental était aveugle.

On en parle

En lisant en voyageant

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3
La quatrième de couverture vous le dit, le style de Saphia Azzedine « virevoltant est irrésistible ». C’est vrai, ce petit roman est un bon moment de drôlerie dans la droite file des « intouchables » il montre qu’une certaine forme d’énergie vient de la banlieue qui ne s’embarrasse pas des codes pour réussir. Dans le genre : « il n’y a que ton énergie pour te sortir de la médiocrité », les adolescents des banlieues n’ont pas beaucoup le choix : ils doivent tout donner pour s’en sortir.

Paul, finalement a cette chance d’avoir un père affectueux et présent, bien sûr il fait des ménages mais il aime son fils et c’est réciproque alors peu importe finalement que Polo n’arrive pas à l’admirer. Bien sûr ce n’est pas un « grand » roman mais en plein mois de novembre avec ces journées qui se terminent à 5 heures et les informations toujours aussi réjouissantes, rire ça fait du bien. Et Saphia Azzedine a ce talent faire rire de tout ou presque.

Citations

J’apprenais qu’un homme pouvait prendre quatre cents pages pour dire à une femme qu’il l’aime. Quatre cents pages avant le premier baiser, trois cents avant une caresse, deux cents pour oser la regarder, cent pour se l’avouer. À l’heure où on envoie des textos quand on a envie de baiser, je trouvais ça prodigieux, vertigineux, fou, démesuré, extravagant, insensé, grandiose…..

Je trimballe le chariot de produits jusque dans les toilettes hommes et il me vient une drôle de pensée en voyant ce qui m’attend. Je me dis qu’un homme a beau employer des mots dédaigneux, arrogants, supérieurs et transcendants, il ne sait toujours pas viser dans le trou.

Parfois on regarde les infos le soir sur la une et mon père commente chaque nouvelle. Comme tous les gens qui n’ont pas d’avis, il la ramène sans cesse sur des sujets trop grands pour lui.

Ma mère est une fan du fait divers sanglant. « un homme achève sa femme à la hache et dévore son foie avec des aromates. »

Elle n’est jamais rassasiée, toujours en manque d’émotion. Car un pédophile qui viole un enfant ça l’émeut aux larmes. Heureusement, il y a de nouveaux cas tous les jours. Il y a de quoi faire avec les pédophiles.

Elle ne méritait pas mieux, elle n’avait qu’à pas croire un homme marié. Ce sont les plus grands menteurs de la galaxie, tout le monde le sait. Ils n’ont pas le choix, ils sont mariés.

De toute façon, les gros bolides c’est bien connu c’est pour les cons. Le bruit du moteur sert souvent à camoufler le courant d’air qu’ils ont dans la tête

– Oui. Mais, j’veux dire, quand t’es blond tu veux être brun, et quand t’es brun, tu veux être blond.
– c’est vrai…
– Et c’est pareil pour un tas d’autre choses hein ! L’être humain, il sera jamais content. Il veut toujours le contraire de qu’est-ce qu’il a.
– Sauf quand on est riche et beau, on veut rarement devenir pauvre et moche.

C’est exactement ce que je déteste chez l’être humain en général et chez mon père en particulier. Cette obscène habitude de tout rapporter au cul, pour faire une blague quoi…. ça va graduellement : plus c’est graveleux, plus ça glousse vicieusement. C’est culturel, on parle de cul pour un oui ou pour un non, ça va de pair avec l’arriération de ma populace. Mon oncle, cousins et grand pères font la même chose le dimanche et moi ça me donne la nausée.

Fêter un mariage c’est aussi con que de fêter une entrée en guerre. Comme si on voulait faire passer la pilule avec de la crème chantilly histoire que l’enculade soit moins vive.

On en parle

Chez lo

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Cela devrait être facile d’écrire sur ce livre que j’ai adoré. Mais voilà, j’ai été si émue que j’ai peur de rater mon billet, d’être trop dans l’émotion et de ne pas savoir faire partager mon plaisir de lecture. C’est la première fois qu’un livre me fait pleurer ? Rire toute seule en lisant un livre, ça m’arrive souvent, pleurer jamais.

À l’évocation de la mort de sa grand-mère mes larmes sont sorties sans que je puisse les arrêter. Evidemment d’autres morts en sont la cause ! Assez parlé de moi, revenons donc à David Foenkinos, j’avais adoré La délicatesse, pour son humour et son style. On retrouve ces deux qualités dans les souvenirs.La scène où le narrateur se décide à présenter sa compagne pour annoncer le mariage à ses parents alors que ceux-ci sont persuadés qu’ils viennent parce que leur fils a enfin compris qu’ils allaient divorcer est d’un tragi comique irrésistible. Les petites remarques rapides comme par exemple, le nom donné aux cliniques où l’on soigne les dépressifs, Camille Claudel et Van Gogh qui ne sont quand même pas des modèles d’équilibre mental m’ont fait sourire. Les souvenirs qu’il invente aux personnages, célèbres ou non, qu’il fait vivre dans son roman, m’ont également beaucoup amusée.

Mais pour moi, l’essentiel du roman, c’est la réflexion sur le vieillissement, et l’amour du narrateur pour ses grand parents. Sa grand-mère ne se sent pas bien en maison de retraite, elle est très émouvante et on comprend sa fugue vers son enfance, vers cette petite fille qu’elle a été et qui à cause de la faillite financière de ses parents a quitté l’école en CE2. Elle m’a bouleversée et il faut un vrai talent d’écrivain pour faire partager la force de ses émotions. Ses relations avec ses parents évoluent au fil des pages, et gagne en profondeur par contre je n’ai pas bien compris pourquoi son couple ne résiste pas à l’usure du temps.

Un beau livre qui permet de réfléchir en souriant aux liens familiaux.

Citations

On cherche toujours des raisons à l’étroitesse affective de nos parents. On cherche toujours des raisons au manque d’amour qui nous ronge. Parfois il n’y a simplement rien dire.

Il y avait aussi un tableau avec une vache. Le tableau devait être un pensionnaire et on l’exposait pour lui faire plaisir. Après renseignement, non, personne ne savait qui avait peint cette horreur, ni pourquoi elle était pendue là. On ne souciait pas de l’esthétique. Mon dégoût pour ce tableau allait pourtant provoquer chez moi une étrange réaction : à chacune de mes visites, je ne pourrai faire autrement que de m’arrêter devant pour le contempler. Cette vache faisait maintenant partie de ma vie. Elle serait pour toujours le symbole de la laideur. Ce n’est pas rien d’avoir ainsi un accès à la laideur, comme point de mire à l’horizon vers lequel il ne faut surtout pas aller. Cette vache là je passerai ma vie à la fuir.

 

La vie avançait pour les autres, me laissant toujours sur le côté, et je demeurais bloqué dans l’âge des choses immobiles. Ma vie sexuelle ressemblait à un film suédois. Parfois même sans les sous-titres.

 

Que veulent les vieux ? Ils s’isolent lentement, sur ce chemin qui les conduit à la blancheur. Tout ce qui fait la matière des conversations disparaît. Et on est là, comme des veilleurs de chagrin.

 

J’ai souvent entendu dire qu’un véritable ami c’est quelqu’un qu’on peut appeler en pleine nuit quand on se retrouve avec un cadavre sur les bras. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours aimé cette idée. Il y a des gens qui passent leur temps à se demander ce qu’ils feraient s’ils gagnaient au Loto, moi je me demande qui j’appellerai le jour ou je devrai me débarrasser d’un corps (car il est très peu probable que je gagne un jour au Loto) je parcours la liste de mes amis, et j’hésite. Je pèse le pour et le contre d’une lâcheté éventuelle. Et puis, je me rends compte que le choix est plus complexe que prévu : aimer un ami. C’est aussi éviter de l’impliquer dans une histoire aussi sordide que risquée.

 

Mon père a trouvé une place de stationnement rapidement, et comme toujours cela le mit en joie. Je pense qu’on pourrait positionner le fait de se garer facilement dans le trio de son panthéon du bonheur. Quelque part, c’est si symbolique : mon père a toujours voulu avoir une vie rangée. Je critique cet enthousiasme de la place de parking, mais après tout chacun fait comme il peut pour se réjouir.

On en parle

 Minou a lu

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Jamais plus je ne regarderai les familles nombreuses à la sortie de la messe de Saint-Lunaire ou de Saint-Enogat, sans penser à ce livre. J’ai toujours eu beaucoup de compassion pour les fratries de 6 ou 7 enfants, tous coiffés de la même façon, cheveux courts pour les garçons, carré retenu par un serre-tête écossais pour les filles (la variante avec la barrette est aussi acceptable). Je sais par expérience que la vie dans ces familles n’est pas aussi rose que les gilets ras du cou de la dite couleur le laisseraient croire…

Quand en plus, la mère en veut à la société, à sa famille, à son conjoint, à ses enfants, de ne pas mener la vie digne de son « rang », alors ce qui était une difficulté de vivre devient un enfer. Au-delà de cet enfer, provoqué par la personnalité des parents, l’auteur décrit parfaitement bien la difficulté des rapports entre enfants et parents dans ce genre de famille.

J’avais déjà beaucoup aimé Priez pour nous, qui est son premier cri de désespoir adressé à ses parents. Lionel Duroy est plus complet dans ce livre autobiographique. Comme il commence au début de la rencontre de ses parents en 1944 et termine dans les années 2000, nous voyons toute notre époque se dérouler, avec ses violences et ses évolutions.

On voit aussi l’auteur prit dans des amours difficiles, il faut dire que, s’il sait critiquer les autres, il ne s’épargne pas non plus. Le moment où sa jeune compagne doit avorter seule et son manque de compréhension à ce moment là est d’une tristesse incommensurable. Toute ma jeunesse et ma vie d’adulte repassent devant mes yeux, et souvent un trait de caractère, une tristesse, un sourire, un souvenir me revient comme une fulgurance.

Etant donné le succès de cet auteur, il doit correspondre à plusieurs formes de sensibilité. J’ai beaucoup apprécié, également, la façon dont il décrit sa nécessité d’écrire, on le sent dans un état d’urgence et parfois même de survie. Il fait partie des enfants mal-aimés qui, sans l’écriture, auraient encore, tellement plus mal vécu. Il a le talent de savoir l’écrire, d’aller au-delà de sa souffrance personnelle et de s’adresser à chacun d’entre nous.

Citations

Ils ne s’autorisent que la méthode du docteur Kyusagu Ogino, qui consiste, pour la femme, à déterminer ses périodes de fécondité à l’aide d’un simple thermomètre, parce que cette technique a reçu l’onction de Rome.

 

Tant d’années après, je me dis que c’est ce soir-là qu’elle nous a fait le plus de mal, et par notre faute, parce qu’aucun d’entre nous trois, les garçons, n’a trouvé la force de la rappeler pour lui balancer en plaine figure ces mots que je me répète silencieusement, certaines nuits, aujourd’hui encore, et alors que notre mère est morte depuis longtemps : « maman, tu pourrais au moins nous remercier. On n’est pas des chiens. »

 

Comme si elle n’avait trouvé aucun moyen d’échapper à son personnage d’emmerdeuse – ni la force ni l’imagination-, et je me dis aujourd’hui qu’en cédant à ses caprices, à sa bêtise affichée (revendiquée, allais-je écrire), notre père a sans doute contribué à cet enfermement.

On en parle

Un nouveau blog (pour moi) le journal de Chrys

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Traduit du danois par Hélène Hervieu et Alain Gnaedig.

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Voici la raison de mon silence sur mon blog, je suis restée plongée (jeu de mot trop facile !) dans ce roman pendant deux semaines. J’ai trouvé ce livre dans un lieu que j’aime la « droguerie marine » à Saint-Servan (à côté de Saint-Malo) ce livre était, pour le blog de la vareuse lié à la Droguerie, leur coup cœur de l’année 2010.

L’auteur revisite la fin du 19e et la moitié 20e siècle du point de vue de la communauté des gens de la mer de Marstal. Au début, lors des temps anciens de la voile (1848), c’est un peu lent pour moi, mais peu à peu, j’ai été captivée par ce roman et j’avoue avoir très envie d’aller visiter Marstal et sa région. La dureté de la vie sur un bateau est telle, que cela forge une mentalité particulière : sans la cohésion de tous et l’acceptation d’un chef incontesté, un bateau est menacé. Autrefois la survie en mer était très problématique tant les conditions étaient dures : l’humidité, le froid, les tempêtes, le risque de se perdre. Si, de plus, le capitaine ne savait pas se faire respecter de ses hommes, alors, tout l’équipage allait à une perte certaine.

J’ai beaucoup aimé le personnage d’Albert qui croit en l’unité et dans la solidarité et qui veut appliquer ce qu’il a appris de mieux sur les bateaux à l’organisation de la communauté. J’ai aimé aussi la tragique condition des femmes qui pleurent leur père, leur mari et leurs fils… Je comprends celle qui fera tout ce qu’elle peut pour que la mer n’attire plus les garçons. L’auteur a su donner vie à une région et à un pays, c’est je crois le premier auteur danois que je lis, je suis contente d’avoir commencé par ce livre car il rend compte du fondement de leur civilisation basée avant tout sur l’amour de la mer et de la navigation.

Les rapports entres les hommes sont finement analysés, la difficulté du sentiment amoureux également. Les hommes et les femmes vivaient vraiment dans deux mondes complètement séparés, pour les uns la dureté qui commençait dès l’école (mais était tellement pire à bord des navires), et pour les autres la survie du quotidien dans l’angoisse de l’attente.

Citations

N’est-ce pas là le secret des hommes à la guerre, qu’ils pissent et chient dans leur froc comme des enfants apeurés ? Nous avions tous, un jour ou l’autre, eu peur de mourir en mer, mais personne n’avait fait dans son froc parce que la tempête arrachait les mâts et le gréement ou parce qu’une simple vague brisait le bastingage et balayait le pont.
C’était ça la différence. La mer respectait notre virilité. Pas les canons.

 

Personne ne respecte le faible qui implore

 

Le destin qui nous attendait, c’étaient les coups et la mort par noyade, et pourtant on avait qu’un désir : prendre la mer.

 

Il voudrait être grand tout de suite. Il a l’intuition que l’enfance est un état qui n’est pas naturel et qu’à l’intérieur de lui-même se cache un être beaucoup plus grand qu’il empêche d’exister et qui surgira de autre côté de horizon.

 

Albert croyait au progrès. Il croyait aussi au sentiment d’honneur chez les marins. C’était sur lui que se fondait l’unité ? Sur un bateau, le manquement d’un seul pouvait être lourd de conséquence pour tous. Un marin s’en rendait vite compte. Le prêtre appelait ça les valeurs morales. Albert appelait ça l’honneur. À l’église, on était responsable devant Dieu. Sur un bateau, on était responsable devant tous les autres. C’est pourquoi le bateau était un meilleur lieu d’apprentissage que l’église.

 

Lors de son dernier voyage à bord de Résolution, James Cook avait fouetté onze de ses dix-sept matelots, il avait en tout distribué deux cent seize coups. Lorsque vint le moment où il eut besoin de leur soutien, ils lui tournèrent le dos, un dos couvert de cicatrices.

 

Il ne faut pas chercher vos racines dans votre propre enfance. C’est votre enfant qui vous lie à la terre. Votre chez vous, c’était l’endroit où se trouve votre enfant.

On en parle

blog de La Vareuse

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 Traduit de l’américain par Anouk Neuhoff.

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Je le dis tout net j’ai été déçue par ce roman qui pourtant m’avait été chaudement recommandé par ma bibliothécaire préférée. Elle connaît mon goût pour les histoires teintées de féminisme, pour l’Angleterre et les romans de Jane Austen.

Mais j’ai trouvé ce livre un peu raté. Comme nous l’avoue l’auteure en postface, elle a essayé de faire un roman à propos de deux femmes qui ont passé leur vie sur des plages à chercher des fossiles dont on ne sait pas grand-chose si ce n’est que leurs découvertes ont obligé les savants de l’époque à abandonner leur certitudes à propos de l’évolution des animaux sur la terre. Que ce soit historique, ou non, n’enlève rien au manque d’intérêt d’un récit.

Certes cette femme illettrée de milieu extrêmement pauvre a découvert des squelettes d’animaux qui remettaient en cause les croyances religieuses de l’époque, certes les femmes n’avaient pas le droit de participer aux réunions scientifiques, certes la société britannique de l’époque est construite sur des préjugés sociaux qui ne sont vaincus que dans les romans de Jane Austen , tout cela est assez bien raconté et je ne savais rien de Lyme ni de Mary Anning.

Maintenant je le sais et je suis contente de l’avoir appris, j’aurais pu lire un article de presse , cela m’aurait fait le même effet.

Citations

Pour ma part, j’étais petite, anguleuse et dénuée de beauté, et comme je ne pouvais séduire par mes charmes, je m’efforçais de discuter de choses sérieuses, ce qui faisait tout autant fuir les hommes.

 

Jamais je ne pourrai faire confiance à un homme qui en imposait par ses vêtements.

 

Les femmes mariées étaient figées comme des flans dans un moule, alors que les vieilles filles comme moi étaient informes et imprévisibles.

On en parle

Très positivement Quartier livre Blog Littéraire. Un peu moins : à Sauts et à Gambades

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J’avoue avoir du mal à mettre des coquillages à ce chef d’œuvre de la littérature, il faudrait que je crée une nouvelle catégorie ! Voici la raison de mon relatif silence littéraire sur mon blog : j’ai entrepris de relire très attentivement « le Voyage » comme il faut dire, pour faire bien dans les salons branchés !

J’ai mis du temps à découvrir Céline, je n’arrivais pas à passer au-delà de son antisémitisme virulent ni de ses positions pro-nazi Quand j’ai , il y a bien vingt ans, lu « le Voyage » (à mon avis le seul livre de Céline qui vaille vraiment la peine) , j’avais ressenti une très forte émotion. Un profond désespoir d’abord devant tant de misère et de petitesses humaines, j’ai cru y lire la pente naturelle pour la détestation de toute l’humanité. Et en même temps une admiration sans limite pour son style.

J’ai retrouvé intactes ces deux sentiments, mais, comme ma lecture a été plus attentive, je me suis régalée de petits moments qui semblent comme des croquis pris sur le vif des comportements humains. Si vous voulez sourire, relisez la discussion sur la constipation, c’est gratiné ! Mais il y a aussi de grands moments, par exemple, l’absurdité de la guerre 14 /18, cela n’a jamais été aussi bien racontée.

La dénonciation du colonialisme est extraordinaire, nous sommes en 1931, je pense que personne n’était aussi clairvoyant que lui à cette époque ». C’est d’autant plus étonnant que Céline n’est pas dans une position humaniste « pro-noirs », il décrit simplement la turpitude des uns et des autres. Mais on comprend que c’était impossible qu’une telle exploitation et un tel mépris des populations africaines puissent continuer éternellement.

La misère des pauvres gens du Rancy est terrible également, j’avoue que je trouve un peu long la fin du roman et je supprimerais bien le passage dans la clinique psychiatrique. Au milieu des peintures de gens aigris, mauvais, calculateurs, intéressés, cruels vis des faibles, sentant mauvais, pervers … et j’en passe, deux beaux portraits d’être sensibles : Aristide qui laisse sa santé en Afrique pour offrir à une petite nièce une éducation convenable et Molly la prostituée intelligente et sensible que Ferdinand n’a pas eu le courage d’aimer.

Bref un roman qu’il faut lire et relire, et je ne comprends toujours pas pourquoi cet homme si génial est devenu antisémite, raciste et pro-nazi.

Alors voilà, on peut détester un homme et qu’il soit un très grand écrivain, même si, pour moi, il n’est l’écrivain que d’un livre. Je vais mettre beaucoup de citations certaines sont dans ma tête pour toute la vie, d’autres me font sourire où me rendent triste c’est selon. Dans tous les cas, il a un art de dire les choses qui , souvent, fait mouche. Ma préférée à cette relecture :  » Les femmes des riches, bien nourries, bien menties, bien reposées, elles deviennent jolies. Ça c’est vrai. Après tout ça suffit peut-être. On ne sait pas. Ça serait au moins une raison pour exister. »

(Je comprends bien le plaisir de Fabrice Lucchini à dire du Céline )

 Citations

C’est peut-être ça qu’on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir.

 

L’amour c’est l’infini mis à la portée des caniches

 

Moi d’abord la campagne, faut que je le dise tout de suite, j’ai jamais pu la sentir, je l’ai toujours trouvée triste, avec ses bourbiers qui n’en finissent pas, ses maisons où les gens n’y sont jamais et ses chemins qui mènent nulle part. Mais quand on y ajoute la guerre, c’est à ne pas y tenir.

 

Dans ce métier d’être tué, faut pas être difficile, faut faire comme-si la vie continuait, c’est ça le plus dur, ce mensonge.

 

En transe de bêtise inquiète qu’elle était. Ça dure longtemps ces états là.

 

Un cerveau c’est un tyran comme y a pas.

 

Ce n’est pas qu’elle fût laide Madame Puta, non, elle aurait même pu être assez jolie, comme tant d’autres, seulement elle était si prudente, si méfiante, qu’elle s’arrêtait au bord de la beauté, comme au bord de la vie, avec ses cheveux un peu trop peignés , un sourire un peu trop facile et soudain, des gestes un peu trop rapides ou un peu trop furtifs

 

 
Il y a un moment où on est tout seul quand on est arrivé au bout de tout ce qui peut vous arriver. C’est le bout du monde. Le chagrin lui-même, le vôtre, ne vous répond plus rien et il faut revenir en arrière alors parmi les hommes, n’importe lesquels. On n’est pas difficile dans ces moments là car même pour pleurer il faut retourner là où tout recommence, il faut revenir avec eux.

 

On n’est jamais mécontent qu’un adulte s’en aille, ça fait toujours une vache de moins sur terre, qu’on se dit, tandis que pour un enfant, c’est tout de même moins sûr. Il y a l’avenir.

 

Ne croyez jamais d’emblée au malheur des hommes. Demandez-leur seulement s’ils peuvent dormir encore…si oui, tout va bien. Ça suffit.

 

Je ne connaissais que des pauvres, c’est-à-dire des gens dont la mort n’intéresse personne.

 

Nous voguions vers l’Afrique, la vraie, la grande ; celle des insondables forêts, des miasmes délétères, des solitudes inviolées, vers les grands tyrans nègres vautrés aux croisements des fleuves qui n’en finissent plus.

 

Par exemple à présent c’est facile de nous raconter des choses à propos de Jésus-Christ. Est-ce Qu’il allait aux cabinets devant tout le monde Jésus-Christ. J’ai l’idée que ça n’aurait pas duré longtemps son truc s’il avait fait caca en public. Très peu de présence tout est là, surtout pour l’amour.

 

Pour les ravigoter, on les remonte les riches, à chaque dix ans, d’un cran dans la légion d’Honneur, comme un vieux nichon et les voilà occupés pour dix ans encore.

 

Le voyage c’est la recherche de ce rien du tout, de ce petit vertige pour couillons.

 

La vie c’est un petit bout de lumière qui finit dans la nuit.