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3
J’avais tant aimé « loin des bras ». Sans l’ombre d’une hésitation, j’ai acheté ce roman, j’avais envie d’un vrai roman. Qu’on me raconte une histoire bien imaginée. Je suis un peu déçue et pourtant.

La descente vers la folie de ce chef d’orchestre est bien racontée et l’auteur nous tient en haleine : Alexis est-il fou ou génial et où est la frontière entre les deux comportements. La blessure de son enfance, sans doute à l’origine de son déséquilibre, nous est devoilée que tardivement , mais on comprend bien que cela ait pu le marquer. Le malheur des enfants trop riches, trop seuls, élevés dans les pensions Suisses est également un facteur de déséquilibre.
Le sujet principal, c’est la musique et c’est aussi pour cela que je voulais le lire. On sent qu’Ardetti a une passion des morceaux dont il nous parle très bien et on croit entendre certains passages alors qu’il n’a que les mots pour nous les faire entendre.

J’ai souri lorsque Arditi décrit ce qui se passe dans la tête des gens qui écoutent l’orchestre dirigé par le Maestro : sa mère qui ne regarde que la qualité du costume de son fils , sa femme qui se rase en entendant pour la énième fois le mêmes morceaux et qui ne supporte plus les louanges dont on va couvrir son mari , et lui qui est las de faire jouer toujours la même musique.

Alors pourquoi suis-je déçue ? La première raison c’est que c’est triste d’assister à la déchéance mentale d’un être humain encore plus s’il a de tels dons. La deuxième c’est que j’ai retrouvé tous les ingrédients du roman qui m’avait tant plu et qui semble être des passages obligés de la littérature suisse : la cruauté feutrée, mais ô combien efficace des pensions chic suisses , les clans fermés des vrais riches (souvent Suisse) , la culpabilité de l’enfance. Enfin on sent trop le côté inexorable de la chute de l’archange , d’ailleurs l’auteur nous l’avait annoncé dès la première page.

Je pense que si c’était mon premier roman de Metin Arditi, j’aurais eu moins de réserves. Les amoureux de musique et tous ceux qui fréquentent régulièrement les salles de concert liront ce livre avec intérêt. Je dois aussi dire que je l’ai lu jusqu’au bout sans avoir envie de le refermer alors que je connaissais la fin , puisque le roman commence par là , je le dis pour souligner encore une fois les qualités de cet écrivain.

Citations

 La fatigue du chef d’orchestre

L’émotion que ressentait Kandilis était d’une autre nature. Une émotion feinte ? qu’il avait appris à mimer avec talent.

 Les frustrations des enfants doués en musique

 À six, sept ou huit ans, ils avaient épaté leurs parents : »mon fils est un génie ! « Ma fille est une surdouée ! » Et voila que leur carrière se termine dans l’anonymat d’un orchestre.

 La femme bourgeoise charitable

Son retard était calculé, normé, indispensable pour marquer sa place dans la ville et le soin qu’elle mettait à faire le bien.

les propos méchants du mari à propos de son épouse

 Une ossature large et basse , des cheveux drus très bouclés , comme ceux des femmes qui venaient en Suisse faire des ménages , et un cou de paysanne.
Alors elle faisait l’aristocrate, laissait tomber les mots du bout des lèvres et parlait vite, histoire de rappeler qui elle était. « Dans le camp des dames par le son et dans celui des bonniches par l’image « , lui avait lancé Alexis un soir de dispute.

On en parle

Lettres exprès.

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Traduit du japonais par Yutaka MAKINO

 

3Me voici donc plongée dans la pluie et l’étrangeté du Japon. Merci à mes amis qui m’ont chaleureusement recommandé ce livre. Je ne peux pas dire que je suis totalement convaincue , certes je suis certaine d’avoir lu un livre qui appartient à une autre culture. Mais je reste un peu rétive à la culture japonaise , la force du silence ne satisfait pas complètement la bavarde que je suis.

L ‘histoire est surprenante : un homme qui a assassiné sauvagement sa femme adultère trouve une forme de rédemption au contact d’un village qui fuit tout commerce avec la civilisation. J ‘ai eu quelques difficultés à accepter le personnage de cet homme qui se ballade avec les os du pied de sa femme dans un son sac à dos… pour garder intact son sentiment de haine contre celle qui l’a trompé.

Mais le charme du roman tient à l’évocation de la nature gorgée d’eau et de vent , et à la dignité du refus de contact du village. De ce silence naît une confrontation particulièrement bien rendue , les victorieux ne seront pas les plus forts. On ne lâche pas ce livre quand on le commence et à la fin on voudrait suivre les petites ombres blanches dans la montagne en savoir un peu plus sur ce village qui vit autrement, les habitants vivent-ils de cette façon de leur plein grès ou sous la contrainte … mais ce ne serait plus un roman japonais !

Il faut, sans doute, n ‘être qu’une cartésienne française pour se poser ce genre de questions.

Citations

Les grands chantiers et le coût humain

On dit que le projet de budget du plan des travaux intègre les indemnités des victimes en fonction de la puissance maximale en kilowatts du barrage . En somme la mort est une réalité prise en compte dès le début. Ceux qui travaillent dans un tel contexte semblent s’efforcer de devenir insensibles à la mort d’autrui. Dans la pratique , si l’on devait s ‘apitoyer à chaque décès, il n’y aurait plus de travail possible .

La pluie

De fait, la vallée était d’une humidité déconcertante, et une fois par jour, la pluie se faisait une règle de venir la visiter avant de s’en repartir.

 La fin

 La procession ne se dirigeait pas vers le monde civilisé, elle s ‘enfonçait davantage dans les profondeurs de la montagne.

 Et cela continue par le genre de phrases qui me posent problème

Soumise à la fatalité du sang des hommes déchus, elle s’enfonçait encore plus profondément à l’abri des regards.

C’est quoi le sang des hommes déchus ?

On en parle

Beaucoup de blogueuses adorent ce roman : le blog des livres qui rêvent.

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4
Suite à une discussion avec des amis, je me suis lancée dans la littérature japonaise. Dans ma librairie préférée dont je crois, je n’ai pas encore parlé  » les nouvelles impressions » de charmantes jeunes femmes m’ont conseillé « Mitsuba » de Aki Shimazaki. Quel judicieux conseil ! D’abord, parce que cette auteure japonaise écrit en francais, on peut donc à loisir savourer la sobriété et l’efficacité de sa langue. De plus, comme elle est expatriée au Québec, elle peut mieux que d’autres, mettre en scène les différences entre la civilisation japonaise et l’occident.

Ce court roman d’un homme entièrement dévoué à son entreprise et qui va devoir sacrifier sa vie personnelle est très bien construit. Le lecteur est tenu en haleine jusqu’à la fin. Tout le Japon est dans ce texte très court : la pudeur des sentiments, le raffinement de la politesse et l’extrême violence des rigueurs du monde de l’entreprise.

J’ai vraiment bien aimé et j’ai moins ressenti l’étrange sentiment de vide que me font d’habitude les romans japonais. Je suis attirée par ses 5 romans le poids du secret, me voici donc au japon pour un moment.

Citations

L’éducation

Les gens instruits ailleurs qu’au Japon ne sont plus traités comme des Japonais . Naturellement , ils auront de la difficulté à vivre dans leur propre société à leur retour .

Les remarques de sa femme réveillent les souvenirs de mon enfance aux États-Unis… les conséquences furent sévères : de retour au Japon , j’ai eu beaucoup de difficultés à l’école surtout en mathématiques et en japonais. Alors , j’ai dû étudier avec l’aide d’un professeur privé , tous les jours après école. C’était dur. D’ailleurs, des camarades me ridiculisaient en se moquant de mon japonais mêlé de mots anglais.

Sommes nous si différents ?

Il est dommage que son supérieur n’apprécie pas l’efficacité de Nobu au travail . Il veut que Nobu se comporte comme tout le monde pour ne pas troubler le wa (harmonie) c’est ironique , car ce mot signifie aussi « Japon » . Je songe au dicton : »le clou qui dépasse se fait taper dessus ». C’est triste mais c’est une réalité qu’on ne peut ignorer dans cette société.

On en parle

Quelqu’un qui apprécie beaucoup la littérature japonaise :perdue dans les livres.

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 Traduit de l’américain par Fanchita GONZALLES BATTLE. 

4
Depuis qu’un traducteur était intervenu sur mon blog pour que je signale qui avait traduit le livre dont je parlais, je le fais à chaque fois et un détail m’amuse. Quand le livre vient des USA , le traducteur met : traduit de l’anglais, c’est très rare. Le plus souvent traduit de l’anglais des USA, des USA entre parenthèses ou non, et, de plus en en plus, je lis traduit de l’américain. La Française que je suis voit avec un plaisir non dissimulée que cette grand langue internationale est en train de subir le même sort que le latin de l’antiquité !

Revenons à ce livre conseillé par Ys : c’est un roman inclassable, à moins que le genre « thriller psychologique » existe ! Tous les personnages sont des ratés, mais pas le raté ordinaire des romans américains, c’est moins chargé et plus subtil. On peut se retrouver dans ce prof de fac qui essaie de conquérir une notoriété en publiant une recherche hors du commun.

Évidemment, c’est choquant que ce soit sur les théories nazies , mais ça marche bien pour le roman. La description des étudiantes riches qui sont prêtes à tout plutôt que de bosser leur matière est assez drôle. L’enquêtrice du FBI qui va rater son enquête est intéressante, mais j’ai vraiment du mal à croire qu’aux USA il reste encore des traces de sexisme dans l’administration , les féministes américaines sont autrement mieux organisées que leur consœurs françaises !

Mais le plus intéressant, c’est la personnalité du braqueur, complètement cassé par le système répressif américain et au départ victime d’une injustice. L’écrivain a un un réel talent : la description du braquage se lit d’une traite et, pour moi, qui suis lectrice avant d’être cinéphile, mieux qu’au cinéma. J’ai trouvé aussi très intéressant d’être dans la démarche des deux protagonistes : le braqueur et le braqué.

Je me suis demandé ce qu’il manquait à ce roman pour que ce soit un coup de cœur . En écrivant ce billet, je me suis rendu-compte que beaucoup des personnages font partie des grands classiques de la littérature policière américaine :

  • Le prof de fac qui couche avec ses étudiantes. Et qui n’a pas grand chose à dire autrement.
  •  Les belles et riches héritières qui utilisent leurs charmes pour réussir.
  • L’homme victime d’une injustice qui est cassée par la prison.
  • La flic victime du sexisme de la part de ses collègues.

Mais il est vrai que le talent de Ian Levison transcende tous ses clichés pour écrire un très bon roman.

Citations

 L’étudiant américain de base

Le russe lui paraissait la langue la plus compliquée de la terre. Aucun des mots ne ressemblait à l’anglais.

 Les « bobos » américains

Les campagnards méfiants s’étaient mis a vendre aux hippies citadins des meubles et des objets artisanaux merdiques à un prix phénoménal et les hippies gonflés d’orgueil racontaient partout qu’ils s’étaient meublés en « authentique », un mot qui les faisait presque atteindre des orgasmes de pieux consumérisme.

On en parle

Ysppaden

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Traduit de l’Allemand par Liselotte BODO et Jacqueline CHAMBON

4
Encore une fois, un cadeau de la « souris jaune ». Un livre qu’on n’oublie pas tant il est original. Écrit dans les années 60, ce roman raconte à sa façon la peur de la destruction de la vie sur terre à cause de la folie guerrière des hommes.Le plus classique dans le genre, c’est la reconstruction d’une civilisation à partir de ce qui reste comme humanité. J’avais bien aimé à l’époque « Malevil » de Robert Merle , et plus récemment « La route » de Cormac McCarthy. Ce genre de romans ont des points communs : que reste -t-il après un désastre total et comment l’humanité se reconstruira-t-elle ?

Le point de vue de Marlen Haushoffer est complètement différent. Une femme est séparée du reste du monde, qui semble complètement détruit, par un mur transparent. Nous allons pendant deux ans suivre son quotidien et sa survie. Les questions de l’humanité se posent dans le roman : l’échec, la futilité du monde moderne et le rapport de l’homme à la nature sont les deux idées forces qui cheminent peu à peu en elle. Elle survit non pas à la manière d’un Robinson, en inventant des solutions extraordinaires, mais en s’attelant petit à petit aux soins que réclament les animaux qui dépendent d’elle.

Elle est parfois tenter de se laisser aller à l’inaction et donc à la mort, mais l’instinct de vie et aussi son chien qui ne peut vivre sans elle , la ramènent dans son petit monde . C’est un livre prenant alors qu’il ne s’y passe pas grand chose. C’est un hymne à la beauté de la nature et à la force de la femme.

Mais , il y a un aspect du récit qui m’a gênée, pourquoi ne cherche-t-elle jamais à franchir le mur. En creusant.. en essayant par dessus , en essayant de le casser.. Au moins essayer , ou nous dire pourquoi elle n’essaie pas. On peut supposer qu’elle a fait finalement un tunnel, comme elle le suggère à la fin (pour que ses animaux puissent survivre sans elle !) puisque son texte est arrivé jusqu’à nous.

Tout en étant d’un courage extrême pour accomplir les besognes quotidiennes, elle est totalement résignée à son sort et évidemment je n’ai pas trop aimé cet aspect là du roman.

Citations

La distribution du travail homme femme

En tout cas il était physiquement plus fort que moi, et je serai tombée sous sa dépendance . Qui sait, il serait peut-être aujourd’hui paresseusement allongé dans la cabane après m’avoir envoyée travailler. La possibilité de se décharger du travail doit être la grande tentation de tous les hommes.

La futilité du monde moderne

Parfois me revient à l’esprit l’importance jadis de ne pas arriver cinq minutes en retard . La plupart des gens que je connaissais faisaient de leur montre une sorte de divinité et même moi je trouvais cela tout à fait raisonnable.

 Sens du roman

 Je ne cherchais plus un sens capable de me rendre la vie plus supportable. Une telle exigence me paraissait démesurée . Les hommes avaient joué leurs propres jeux qui s’étaient presque toujours mal terminés. De quoi aurais-je pu me plaindre ; j’étais l’une des leurs , je les comprenais trop bien . Mieux valait ne plus penser aux hommes . Le grand jeu du soleil, de la lune et des étoiles, lui, semblait avoir réussi ; il est vrai qu’il n’avait pas été inventé par les hommes. Cependant il n’avait pas fini d ‘être joué et pouvait bien porté en lui le germe de son échec.

On en parle

« la souris jaune » bien sûr !

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2
Un titre très long et qui en dit beaucoup sur un tout petit roman d’une centaine de pages. Une fable philosophique( ?) au sujet d’une femme chinoise qui aurait aimé avoir 10 enfants plutôt qu’un comme la Chine l’impose à tous ses citoyens. J’ai pris ce livre à la bibliothèque, et j’ai passé une soirée en sa compagnie en me demandant pourquoi l’auteur l’avait écrit.

On peut le prendre comme une aimable réflexion sur le trésor que représente le devenir d’un enfant, on peut y lire aussi la violence faite aux Chinois depuis la révolution communiste et son tissus d’horreurs et enfin l’adaptation sans nuance de ce grand pays à la modernité. Mais non, il faut y voir une illustration de la pensée de Confucius , c’est sans doute pour cela qu’à mes oreilles ce livre sonnait aussi faux : j’ai toujours été peu convaincue par les proverbes chinois qui me font rire plus que réfléchir. Bref un très petit livre qui ne pas convaincue sauf quelques moments comme la description de l’usine de jouets.

Citations

Les enfants trop doués

A l’époque, monsieur, j’ignorais que les élus ne réussissent que l’extraordinaire et loupent l’ordinaire. Le don, c’est inéquitable, autant pour ceux qui le reçoivent que pour ceux qui en manquent.

 Une idée qui m’a plu

C’est l’imagination qui singularise, l’imagination qui arrache a la banalité, à la répétition, à l’uniformité.

Proverbe chinois

L’expérience est une bougie qui n’éclaire que celui qui la tient.

Et une phrase qui pourrait être un proverbe

La vérité, c’est juste le mensonge qui vous plaît le plus.

On en parle

Quelqu’un qui a beaucoup aimé le cottage de Myrtille.

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 Traduit de l’américain par Sylvette GLEIZE

4
Après les détours par « Mensonges sur un divan » et par « et Nietzsche a pleuré », j’ai lu avec un intense plaisir le livre que le blog de « dasola » recommandait : Le problème Spinoza. Je suis très contente d’avoir lu ses deux autres romans avant celui-ci, j’avais suivi le conseil d’une autre blogueuse , Dominique, me semble t-il, et je m’en très bien trouvée. Grâce une enquête sur deux personnages que tout oppose Irvin Yalom essaie d’imaginer ce que Spinoza a éprouvé après avoir été exclu de la communauté juive , et pourquoi Rosenberg le théoricien de l’antisémitisme nazi a absolument voulu s’emparer de la bibliothèques du petit musée consacré à Spinoza. Disant lui-même qu’il voulait ainsi régler le « problème Spinoza » (d’où le titre du roman).

Irvin Yalom dans les annexes à la fin du livre, dit qu’il lui a été plus difficile d ‘imaginer les pensées de Spinoza dont on ne connaît que l’œuvre, et rien de sa vie personnelle , que celles de Rosenberg qui a beaucoup écrit et a rédigé ses mémoires en prison. Mais je dois dire qu’autant j’ai été convaincue par les chapitres consacrés à Spinoza, autant je suis restée septique sur las tentatives avortées de psychothérapie de Rosenberg. Comme ce qu’écrit Irvin Yalom sur Spinoza repose sur ses théories, d’abord c’est absolument passionnant et en plus, sa propre connaissance du monde juif rend les réactions de Spinoza crédibles. Victime d’un « herem » ce qui correspond à une excommunication Spinoza s’est retrouvé loin de sa communauté, mais il a préféré cela plutôt que de soumettre son esprit à des règles qui auraient empêché son libre arbitre de fonctionner.

L’autre partie du roman voit donc Rosenberg se constituer comme penseur de l’antisémitisme nazi et fidèle lieutenant d’Hitler , je dois dire que j’ai été beaucoup moins intéressée par les pages qui lui sont consacrées. Évidemment j’ai beaucoup lu sur le nazisme et je n’ai pas appris grand chose, et puis le personnage est si peu intéressant. Un des charme d’Irvin Yalom c’est de savoir mettre en scène grâce à ses talents de psychanalyste la structure mentale des personnages. Quand le personnage est un philosophe, Nietzsche, Spinoza, c’est passionnant. Quand le personnage historique a apporté quelque chose à l’humanité comme le docteur Josef Breuer cela donne beaucoup de charme au roman. Mais un haut dignitaire Nazi ! Ça a moins d’intérêt. On voit quand même à quel point autour d’un tyran c’est toujours le même style de panier de crabes, les dirigeants autour de leur cher « Führer » étaient prêts à toutes les bassesses pour un sourire du chef.

Je vais laisser Irvin Yalom pour ne pas me lasser, mais je lirai certainement ses autres romans.

Citations

 Pour tous ceux qui ne veulent pas exercer leur esprit critique et qui pensent que c’est vrai parce que c’est écrit dans Wikipédia, cette phrase de Spinoza

La force d’une conviction est sans rapport avec sa véracité.

Croire en Dieu n’exige pas le respect des rites : dites moi, croyez vous en un Dieu tout-puissant ?….En un Dieu parfait ? Qui se suffit à lui même ?… Alors vous en conviendrez , par définition un être parfait qui se suffit à lui même n’a pas besoins, ni d’insuffisances, ni de souhaits , ni de volontés.

Alors, poursuit Spinoza, je suggère qu’il n’y a pas de volonté de Dieu en ce qui concerne le comment, ni même le pourquoi le glorifier. Donc permettez moi d’aimer Dieu à ma façon.

Le plaisir d’appartenir à une communauté

Quand je dirige les prières , je me relis au passé, à mon père et à mon aïeul, et, j’ose le dire, je pense à mes ancêtre qui, depuis deux mille ans, ont répété ces mêmes phrases, psalmodié ces mêmes prières, chanté ces mêmes mélodies.

Dans ces moments-là, je perds tous sentiments de ma personne, de mon individualité, pour devenir une partie, de cette chaîne ininterrompue qu’est la communauté.

La mission de l’homme pour Spinoza

Comme vous le savez , à l’origine même de ma pensée est l’idée que c’est par la logique seule que nous pouvons comprendre la Nature, ou Dieu.

Il semble paradoxal de dire que les hommes sont plus utiles les uns aux autres quand ils suivent leur propre chemin. Mais il en va ainsi lorsqu’il s’agit d’hommes de raison . Un égoïsme éclairé mène à l’entraide mutuelle. Nous avons tous en commun cette capacité à raisonner , et le vrai paradis sur terre adviendra le jour où notre engagement à comprendre la Nature, ou Dieu, remplacera toutes les autres qu’elles soient religieuses, culturelles ou nationales. 

Bousculer les dogmes

Je crois que les prophètes sont des hommes doués d’une imagination exceptionnelle , mais pas forcément d’un grand raisonnement.

Je crois que plus on en saura, et moins il y aura de choses connues de Dieu seul. Autrement dit, plus grande est l’ignorance, et plus on attribue de choses à Dieu.

Pourquoi Spinoza a été banni de sa communauté

Les rituels de notre communauté n’ont rien à voir avec la loi divine , rien à voir avec le bonheur, la vertu, l’amour , et tout en revanche avec la paix civile et le maintien de l’autorité rabbinique.

La Torah comporte deux types de lois : il y a une loi morale, et il y a les lois qui visent à garder à Israël son unité en tant que théocratie indépendante. Malheureusement les Pharisiens, dans leur ignorance, n’ont pas compris cette distinction et ont pensé que l’observation des lois de l’Etat se confondait avec celle de la morale , quand ces lois n’étaient en fait destinées qu’au maintien du bien public au sein de la communauté. Elles n’avaient pas pour but d’instruire les juifs, mais de les maintenir sous contrôle. Il y a une différence fondamentale dans l’objectif de chacun de ces deux types de lois : l’observation d’un cérémonial vise uniquement à la paix civile , quand l’observation de la loi divine ou morale conduit à la félicité.

On en parle

Dasola bien sûr  et le blog de Tilly que je ne connaissais pas et Seannelle que j’avais oublié.

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3Roman très agréable à lire. Une tragique histoire d’amour contrariée et une autre qui commence. Je suis moins enthousiaste que d’autres blogueuses car si le récit est bien mené , l’histoire entre les deux personnages principaux est un peu « gentillette » ou du moins convenue, on n’est jamais dans la surprise de leurs sentiments réciproques.

On peut y voir alors le talent de l’auteur qui tisse peu à peu son histoire entre deux personnages, moi, ça m’a un peu déçue. Il s’agit d’un roman par lettres, et j’aime bien le genre. Il permet de découvrir peu à peu les personnages. Mais c’est un peu étrange de choisir ce genre littéraire, car à notre époque peu de gens s’écrivent, le roman par mails va bientôt prendre le relaie, je suppose !

Effectivement, il y a bien quelques mails mais qui sont ressentis comme des lettres , ils n’ont pas ce côté immédiat des mails d’aujourd’hui. Une jeune femme part à la recherche de renseignements sur sa mère morte quand elle avait 3 ans à partir d’une photo.

Grâce à celui qui a reconnu son père sur la photo, elle va peu à peu comprendre la tragédie qui a été la cause de la disparition de sa mère. J ‘ai bien aimé bien le temps que prend l’auteur pour scruter les photos et leur faire dire leur vérité. Bref, un bon moment de lecture sans prétention.

Citations

Un personnage sur une photo

 Derrières elle se tient Daria, premier million de trois générations ; les mains jointes, imposantes, mais intimidées par l’œil mécanique.

Les secrets de famille

Oui, il est insupportable de ne pas savoir ; ce silence familial est un poison qui contamine tout ce qu’il touche, nos rêves, nos peurs, nos vies d’adultes. Et il finit par nous replier autour de de nos questions trente ou quarante ans après. 

On en parle

Chez Mimipinson de façon beaucoup plus enthousiaste que moi.

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Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Clément BAUDE.

5
En pleine période Irvin Yalom, j’ai donc continué par « Et Nietzsche a pleuré » avant de me plonger dans « le problème Spinoza »conseillé par  canalblog que je ne remercierai jamais assez de m’avoir fait découvrir cet auteur. Je suis un peu ennuyée pour juger de la qualité intellectuelle du débat : la philosophie de Nietzsche comme jalon vers la psychanalyse. Je n’ai jamais apprécié cet écrivain et je me suis mortellement ennuyée à la lecture de « ainsi parlait Zarasthoustra ». Je perds certainement beaucoup à ne pas bien connaître ce philosophe , par contre je connais mieux Freud et les débuts de la psychanalyse ce qui m’a permis de savourer le roman.

Que serait-ce alors si je connaissais bien Nietzsche ! Le roman met en scène des personnages qui ont existé , Josef Breuer , le tout jeune Freud , Lou Salomé et Nietzsche, Irving Yalom invente le « comment la cure psychanalytique est née » à travers une idée de génie du Docteur Breuer , tout est vrai dans ce roman sauf la rencontre du Docteur Breuer et de Nietzsche Irvin Yalom possède un vrai talent de conteur et il sait créer du suspens digne d’un bon auteur de roman policier avec un sujet aussi sérieux que la psychanalyse. Bien sûr ce n’est qu’une fiction mais on est bien dans cette histoire ,entre autre car l’auteur sait faire revivre Vienne et ses habitants.

L’arrière plan du récit, rajoute beaucoup à l’intérêt de l’intrigue : les pâtisseries, les cafés , les luttes entre universitaires, la société compassée de la capitale de l’empire Austro-hongrois entièrement tournée vers les conventions, traversée par un antisémitisme virulent et qui semble prête à combattre et à accueillir les théories de Freud.

Le personnage de Breuer est complexe et très attirant. Il nous permet de réfléchir au rôle du médecin, de la vieillesse et de l’amour ! Le subterfuge qui amène les deux personnages à comprendre la nature d’une thérapie analytique est bien imaginé. J’ai toujours aimé qu’on me raconte des histoires , car cela m’a permis de mieux comprendre que dans un livre théorique , de quoi est fait le lien entre le thérapeute et son patient.

J’ai vraiment aimé ce roman avec la réserve du début, il ne m’a pas donné envie de relire Nietzsche et que je sais que perds une bonne partie de l’intérêt du roman.

Citations

La charité

Vous découvrirez que personne n’a jamais, jamais , agi entièrement pour les autres. Tout acte est dirigé vers soi , tout service ne sert que soi, tout amour n’aime que soi.

Mais vous connaissez comme moi ces guérisseurs bigots, qui projettent leur propre faiblesse sur les autres et ne s’intéressent à eux que pour accroître leur propre force . Vous connaissez comme moi la charité chrétienne

 L ‘habitude tue le désir

On se lasse toujours du même plat… Tu sais Joseph, pour chaque belle femme sur terre , il y a aussi un pauvre type qui en a marre de se la farcir.

L’ énergie et l’envie de vivre

Si quelque chose m’attire ce n’est pas le danger. Non, plutôt la fuite, non pas devant le danger mais devant le confort. Peut-être ai-je trop longtemps vécu dans le confort !

– Peut-être est-ce dangereux , Joseph. Dangereux et mortel.
– Oui, le confort est en effet dangereux. » Breuer se répéta plusieurs fois cette phrase. « Le confort est dangereux. Le confort est dangereux.
– Car rien ne peut arrêter le temps, et c’est bien notre plus grand malheur. Il nous faut apprendre à vivre malgré tout. »

 Le mariage

Le mariage et la possession et la jalousie qui l’accompagnent ne font qu’emprisonner l’esprit. Jamais je ne me laisserai dominer par eux.

On en parle

Page après page

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Traduit (et bien traduit très bien même) de l’anglais (États-Unis) par Clément Baude 

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Livre que je dois à mes amies blogueuses : je l’ai acheté après avoir lu une critique qui a éveillé mon intérêt chez Dasola  » Le problème Spinoza ». Dans les commentaires, Dominique recommandait « Mensonges sur le Divan » pour découvrir l’œuvre de Irvin D.Yalom. Alors un énorme merci à toutes les deux et, je vais me précipiter sur les autres livres de cet auteur. Je dois préciser que je suis une aficionados de la série « in treatment » et dans ce roman, j’ai retrouvé tant d’aspects qui me plaisent.

J’ai toujours des scrupules à dévoiler l’intrigue d’un roman car je crains alors d’en dire trop et que vous n’ayez plus envie de le lire. J’essaie quand même : à travers différentes cures de psychothérapie vous verrez à l’œuvre, la sincérité, l’amour et la fin de l’amour, la passion du jeu, le deuil, une arnaque absolument géniale, la vengeance… Vous découvrirez les motifs profonds des comportements humains , les rivalités entre psychothérapeutes et les différentes écoles analytiques, comportementales et autres beaucoup plus fantaisistes.

Tout cela raconté avec un humour à la Woodie Allen, très juif New-yorkais en tout cas. Si vous, ou un de vos proches, a eu besoin d’une psychothérapie pour se reconstruire , je pense que vous y retrouverez des moments que vous avez vécus. J’imagine que les praticiens doivent s’amuser de ce genre de romans écrit par l’un des leurs. La raison principale pour laquelle j’aime ce genre d’histoires, c’est qu’elles donnent confiance dans l’être humain. On peut tous trouver en soi des raisons d’avoir confiance dans la vie, même si, comme les personnages de cette histoire on se laisse égarer par l’appât du gain , la soif de vengeance ou autres motifs peu avouables.

J’oubliais un détail, l’intrigue est très bien construite sur la 4° de couverture, je lis : « un éblouissant thriller psychanalytique », éblouissant, je suis d’accord, thriller un peu moins mais ce qui est certain c’est que le suspens est tenu jusqu’à la dernière ligne et même après. J’espère que je n’ai pas trop dévoilé l’intrigue et que je vous ai donné envie de vous y plonger.

Citations

Les limites du psychothérapeute et la force de l ‘amour , et un brin d ‘humour

Laura , qui sortait a peine du lycée , avait simplement dit a Justin qu’il devait quitter sa femme , et il lui avait obéi. Alors que lui, Ernest Lash, un thérapeute doué , extrêmement doué même, s’était escrimé pendant cinq inutiles années a convaincre le même Justin de quitter sa femme – en vain.

Le plaisir du joueur

Pour qu’un jeu ait quelque intérêt , la mise se doit être importante , car il faut que la défaite fasse un peu mal.

Les codes sociaux aux US

Fin observateur des différences sociales, Marshal savait bien que, lorsqu’ils mangent, les gens aisés repoussent toujours a plus tard , délibérément, la première bouchée de nourriture ; en réalité , plus la richesse est ancienne , plus le délai est long .

Un des ressorts des comportements humains

Macondo a utilisé l’appât le plus puissant, celui du privilège d’en être. Je passe mon temps a traiter des patients plein aux as. Nous sommes proches, nous partageons des moments d’intimité, et je leur suis indispensable. Pourtant je sais exactement quelle est ma place, si je les avais croisés dans un autre contexte, ils ne m accorderaient pas une minute.

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