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J’ai choisi ce livre sur le blog que vous connaissez si vous lisez le mien régulièrement : « A sauts et à gambades ». Comme Dominique, je vais chercher de toutes mes forces, à vous faire lire « Aux frontières de l’Europe » , ce n’est pas par hasard que j’ai mis 5 coquillages au livre de Paolo Rumiz , il fait parti des livres que je n’oublierai pas et que j’ai traîné partout pendant 15 jours. J’ai retenu mon envie de le dévorer à toute vitesse car je ne voulais pas le finir, je l’ai dégusté tout doucement.

Ce voyage à travers l’Europe d’aujourd’hui me semble le complément indispensable au voyage historique de Geert Mark « Voyage d’un Européen à travers le XX° siècle ». Il s’agit, ici, d’un état actuel d’un lieu bien particulier de l’Europe et qui , sans doute, prévoit un peu notre avenir. Je rappelle le projet de Paolo Rumiz : voyager le long des frontières de la communauté européenne avec la Russie et les pays qui ne font pas partie de cette communauté.

Il voyage le plus possible avec le train ou les bus locaux , il est donc au cœur des populations. Il a la chance d’être accompagnée d’une Monika qui parle le Russe et le Polonais. Au passage, Monika est photographe et j’aurais aimé voir les photos de cette femme qui sait si bien se faire accepter de tout le monde. Si quelqu’un sait où on peut voir ses photos qu’on me le dise.

La langue est absolument merveilleuse, un peu précieuse par moment et j’ai dû plusieurs fois ouvrir mon dictionnaire pour vérifier le sens de mots que je connais plus ou moins sans jamais les utiliser (Aèdes, marmoréen, thaumaturge, hiératisme….). Je pense qu’en italien ce sont des mots plus communément utilisés (heureux peuple !) et j ai constaté encore une fois que cette langue est agréable même traduite en français. Mais la langue ce n’est pas que la qualité de style, c’est aussi la capacité faite naître des images dans l’imaginaire du lecteur. Vous n’oublierez pas la chaleur avec laquelle nos deux voyageurs sont, parfois, reçus dans les endroits les plus reculés et aussi la violence de certaines villes. Il raconte un passage à tabac qui m’a fait peur et a produit chez moi les mêmes effets de terreur que les images les plus violentes du cinéma. La scène de la fouille par les policiers polonais du train venant de Russie est extraordinaire de drôlerie et on peut facilement se la représenter.

On rit souvent et on aime l’humanité , car Paolo Rumiz aime les hommes même quand ils sont écrasés méprisés , dans les pires conditions ils arrivent à vivre grâce à l’humour et la chaleur humaine. Si ce n’est pas un livre sur le passé , on y lit quand même les traces que les deux horreurs du XXe siècle ont laissé dans ces régions : la disparition de la population juive et les déplacements de populations pour en contrôler d’autres. Pauvres Russes qui vivent en Estonie , sont-ils vraiment responsables de la folie impérialiste de Staline ?

J’ai bien aimé aussi qu’il connaisse Ryszard Kapuscinski, autre auteur que j’ai découvert grâce à Dominique , je suis une inconditionnelle d’Ébène. Il y a une communauté de regard entre ces deux auteurs. Avec un côté latin chez Paolo Rumiz qui fait une grande partie de son charme, surtout quand il se confronte à la réserve des gens du grand nord.

À lire et relire, c est un livre qui charme, fait réfléchir et fait aussi,comprendre le plaisir du voyage.

Citations

Une jolie phrase sur sa ville

Filons, filons, une voile et c’est parti ; une ville qui sert uniquement d’embarcadère, de point de départ. Un aperçu, une balustrade vers d’autres horizons.

Triestre sa ville d’origine

Je viens d’une terre de mer, de rocs et de vent. Pour moi, c’est plutôt une base qu’une ville, Trieste, agrippée à l’extrémité septentrionale de la mer Méditerranée, est mon refuge, un lieu que Dieu se complaît de temps en temps à touiller avec sa grande louche , déchaînant une tempête d’air et d’eau que l’on appelle la « Bora » , un vent furieux qui souffle de la terre. 

Les sourire des finlandais

En Finlande on parle peu et on sourit encore moins. Ce peuple de bûcherons timides vit dans la terreur de voir quelqu’un lui sourire, car alors le savoir-vivre l’obligera à sortir de son cocon pour répondre à ce signal.

Le silence des Norvégiens

Quand je sors dans le couloir, j’aperçois une dizaine de Norvégiens qui dégustent leur café dans un silence claustral ; on se croirait dans le réfectoire d’un monastère, avant la messe du soir. Je suis obligé de prêter l’oreille pour discerner un murmure de confessionnal. Alors, uniquement pour rompre cette glace de l’âme et mettre les gens dans l’embarras, je lance un bonjour retentissant á la cantonade et je me régale de voir tous ces yeux inquiets se lever à contrecoeur de l’assiette de poisson, d’œufs et d’oignons pour répondre par un signe au nouvel arrivant.

 Les blessures de la terre à Montchegorsk

J’ai à mes pieds quelque chose d’inouï : une nature sans défense dans son extrême douceur, impitoyablement violée, vérolée de mines comme autant de pustules d’acné sur la peau d’un adolescent.

Les intolérances religieuses

De ce voyage vertical, ce qui ressort clairement, c’est que le catholicisme et le protestantisme vivent dans le confort a l’arrière, alors que c’est l’orthodoxie qui tient la ligne… J’entends encore le patriarche de Constantinople, dans son bureau, sous le portrait de Mustafa Kemal Ataturk, murmurer des propos de coexistence, pendant que le hurlement du muezzin, du Bosphore à sainte Sophie, annihilait tout autre bruit pour la prière du soir. Une compétition acoustique sans espoir.

En Bachkirie (ça existe ! ! j’ai découvert que je ne connaissais pas la moitié des pays ou région dont il parle, cette région je m’en souviendrai si vous prononcer à haute voix ce nom vous verrez pourquoi !).

Définition de l’ours par un apiculteur

( je rappelle que Dinard a choisi l’Ours comme symbole et que la future médiathèque s’appellera : l’ours)

L’ours, dit-il, c’est un si grand nombre d’animaux en un seul. Comme un lion, il terrasse des mammifères plus grands que lui ; comme n’importe quel ruminant, il saccage les récoltes ; il vole le raisin et les fruits comme un singe ; il picore les baies comme un merle ; il fait des razzias dans les fourmilières et les ruches comme un pivert ; il déterre les tubercules et les larves comme un cochon ; il attrape les poissons avec la dextérité de la loutre. Et il mange le miel comme l’homme.

Le passé de l’Italie

L’Italie s’entête à faire semblant de ne jamais avoir été fasciste et d’avoir gagné la guerre. Et pourtant, elle l’a été fasciste, et pas qu’un peu ; et elle a perdu la guerre, justement dans ma région… Je vous en prie ne me parlez pas, des « braves gens d’Italie », parce que moi j’habite à Trieste que Mussolini a proclamé les lois raciales contre les juifs, et ce choix infâme a eu son prélude une vingtaine d’années auparavant, avec l’écrasement politique, économique et linguistique de la vaste communauté slovène. Je sais que pendant la guerre, il n’y eut pas seulement des camps d’extermination nazis, mais aussi des camps de concentration dirigés par le parti fasciste, avec des milliers de morts de faim et de froid.

Le silence des Estoniens

Autour d’une petite table , une famille consomme un bref repas, sans échanger un seul mot. Je commence à comprendre Adamov. C’est vrai que c’est impossible d’apprendre la langue d’un peuple qui passe son temps à se taire.

La Pologne et la religion catholique

 Nous approchons de la Pologne, terre de Woytila, et le Vatican fait déjà figure de gigantesque agence de voyage, de multinationale du pèlerinage , avec des filiales dans le monde entier

En Pologne, Paoli Rumiz évoque un auteur que j’ai adoré Ryzsard Kapuscinski

Il y a aussi le magasin de cartes géographiques de la rue Jean-Paul II , où le plus beau spectacle , m’a dit Ryzsard Kapuscinski , un jour de neige où nous nous étions réfugiés à l’intérieur était de voir les « gens affamés de monde » se repaître parmi les rayonnages.

En Ukraine, les émigrés qui ont fait fortune ailleurs

Il nous fait traverser une vallée magnifique , parsemée de maisons d’émigrants qui ont réussi , mais ce sont des maisons de cauchemar , des petits châteaux forts médiévaux, avec des tours coiffées de tuile en plastique bleu . Disneyland est l’idéal esthétique de l’Ukraine indépendante.

Retour vers l’Europe occidentale ou comment la salade César devient un signe de reconnaissance

Á l’hôtel , la langue anglaise refait son apparition , la langouste et la Caresar’salad ont repris place dans le menu , et je ne parle pas de l’air conditionné, bien entendu.

On en parle

Chez Dominique bien sûr etdans le « Carnet de Voyage de Myriam« .

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Encore merci à Hélène et à son Tag, c’est grâce à elle que j’ai lu cette BD. Si comme moi vous n’avez pas un grand goût pour les BD , vous serez peut-être intéressée par celle-ci. Je suis tombée sous le charme du dessin. J’adorais quand j’étais enfant les illustrations de mes albums et j’ai retrouvé le même plaisir. Le dessin est précis mais ne limite pas l’imaginaire, j’ai apprécié que les personnages ne soient ni beaux ni laids mais ordinaires comme ceux que l’on rencontre dans la vie.

L’histoire est triste mais belle et je trouve l’album réussi car dans mon souvenir le dessin est intimement lié à l’histoire. J ai passé une soirée sur les routes du continent nord américain et c’était pour moi mieux que n’importe quel reportage télé.

Citation

 Je refuse de croire que l’amour et l’amitié ne soient pas éternels sans cela à quoi bon continuer à vivre.

On en parle

Lilatrouva 2

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Quel diable d’homme ce Bill Bryson ! Il a réussi à me passionner pendant 579 pages pour des questions scientifiques qui en règle générale m’ennuient, car je n’y comprends rien. Je ne sais pas si je suis plus savante aujourd’hui , j’ai en tête quelques idées sur la formation de la terre, l’importance du soleil de la lune et du noyau de la terre. Je suis stupéfaite de tout ce qu’on sait sur des organismes si petits que je n’arrive pas à les imaginer.

J’ai été très amusée par toutes les querelles d’écoles des différents scientifiques, Bill Bryson raconte tout cela avec son humour si particulier . Cette façon irrespectueuse et drôle de raconter les débats les plus sérieux qui ont agité l’homme depuis qu’il a voulu comprendre la vie sur terre est pour beaucoup dans mon plaisir à lire ce roman.

Je sais que ce livre plaira à toutes celles et tous ceux qui comme moi sont curieux des questions scientifiques mais rebutés par le langage trop savant. L’idée que je garderai une fois le livre rangé en bonne place dans ma bibliothèque c’est que la vie sur terre est un tel prodige et le fruit d’un tel hasard que l’on devrait tout faire pour la protéger. C’est sans doute encore une idée trop « angélique » mais je l’ai ressentie avec force tout au long de ce livre.

Citations

Des idées difficiles à comprendre

De tous les concepts de la théorie générale de la relativité , le plus difficile à saisir pour nous est celui que le temps fait partie de l’espace . Notre instinct nous dit que le temps est éternel , absolu, immuable – que rien ne peut troubler son écoulement régulier. Or selon Einstein , le temps est variable et toujours changeant . Il a même une forme . Il est lié – « dans une trame inextricable » selon l’expression de Hawking – aux trois dimensions de l’espace dans une dimension bizarre appelée l’espace-temps.

 Une idee bien sympathique et un sourire

Chacun de vos atomes est probablement passé par plusieurs étoiles et a fait partie de millions d’organismes avant d’arriver jusqu’à vous. Nous sommes si chargés atomiquement et si vigoureusement recyclés à notre mort qu’un nombre significatif de nos atomes -jusqu’à un milliard pour chacun d’entre nous, selon certains- a sans doute appartenu un jour à Shakespeare. Un autre milliard nous est venu respectivement de Bouddha , Gengis Khan et Beethoven , ou tout autre figure historique de votre choix. (Il faut , semble-t-il , des personnages assez éloignés dans l’Histoire, car les atomes mettent quelques décennies à se redistribuer ; si fort que vous le désiriez,vous n’êtes pas encore recyclé en Elvis Presley). 

Avec le sourire on lit plus facilement un livre sérieux

Les physiciens affichent un dédain notoire pour les scientifiques des autres domaines . Quand l’épouse d’un grand physicien autrichien Wolgang Pauli le quitta pour un chimiste, il en resta comme deux ronds de flan. « Elle aurait pris un toréador , j’aurais compris, confia-t-il à un ami. Mais un chimiste… » 

La resistance aux idées nouvelles

Cela restait une proposition radicale pour l’époque et elle fut extrêmement critiquée , surtout aux États-Unis , où la resistance à la dérive des continents persista plus longtemps qu’ailleurs . Un critique se plaignit , le plus sérieusement du monde , qu’avec des arguments aussi clairs et convaincants Holmes puisse induire les étudiants à les croire.

Apprendre en s’amusant

Demandez à un géochimiste comment fonctionne ce genre d’engin , et il se lancera dans des histoires d’abondance isotopique et de niveaux d’ionisation avec un enthousiasme plus sympathique. Que compréhensible. Pour nous résumer , la machine , en bombardant un échantillon de roche de jets d’atomes chargés , parvient à détecter de subtiles différences dans les niveaux de plomb et d’uranium des zircons , d’où l’on peut déduire avec précision l’âge de la roche. Bob m expliqua qu’il faut dix sept minutes pour lire un zircon, et qu’il faut en lire des douzaines par fragment pour obtenir des données fiables. En pratique , toute l’affaire semble aussi répétitive et aussi excitante qu’une expédition au lavomatic, mais Bob avait l’air très heureux – ce qui est souvent le cas des gens de Nouvelle-Zélande.

Une anecdote de celle dont on se souvient :

Ce n’est sans doute pas une bonne idée de s’intéresser de trop près à ses microbes. Louis Pasteur en était à ce point obséder qu’il en vint à examiner á la loupe chaque plat que l’on posait devant lui – habitude qui ne dut pas lui valoir d’être. Souvent réinvité à dîner.

 Les mots de la fin

Les hommes modernes n’occupent que 0,001 pour cent de l’histoire de la Terre- à peine un souffle- mais même une existence aussi brève a exigé une succession infinie de heureux hasards. Nous n’en sommes qu’au tout début . L’astuce consiste à s’assurer que nous n’en verrons jamais la fin. Et, à coup sûr , cela va exiger de nous bien autre chose que de simples coups de chance.

On en parle

Un blog que je ne connaissais pas : Urbanbike.

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Après la déception de « cherchez Hortense » et un plaisir en mi-teinte « Du vent dans mes mollets » et avant mon festival préféré (LE festival du film britannique). Voici un film que je recommande à toutes et à tous. Brièvement voici l ‘histoire : un réfugié algérien se retrouve instituteur dans une école du Québec où une enseignante s’est donné la mort. Cela permet au cinéaste , de traiter à la fois des problèmes éternels : les enfants confrontés à la mort , et les drames du monde actuel.

Philippe Falardeau est un grand cinéaste. J’ai eu la gorge nouée lorsque Lazhar, lors de sa demande pour obtenir le droit d ‘asile, est obligé de raconter la tragédie qui l’a obligé à fuir l Algérie. J’ai ressenti la même chose lorsque le petit Simon laisse éclater le poids qui l’empêche de vivre depuis le suicide de sa maîtresse. Ce sont les deux moments forts du film, mais tout le reste sonne juste. Les personnages secondaires sont bien traités, rien n’est laissé au hasard ni à la caricature facile. Par exemple, le prof de gym au sifflet , n’est pas l’abruti de service qu’il semble être à première vue. C’est lui qui apporte une remarque qui sous-tend tout le film : à force de ne pas vouloir toucher les enfants, de peur d’avoir des gestes ambigus , les enfants deviennent des « dangers radio-actifs », les enseignants s’interdisent tout geste naturel et cela peut entraîner des catastrophes.

La musique est superbe et les images du Québec n’ont rien de « romantiques » mais elles doivent être très proches de la réalité. C’est un film qui me trotte dans la tête et je sais que vais aller le revoir , rien que pour entendre à nouveau Fellag lire sa fable de la fin du film.

Allez-y et racontez moi.

On en parle

les bottines rouges

Bande annonce

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Traduit du polonais par Véronique Patte

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Quel choc ! Je dois cette lecture à Dominique qui a chroniqué Mes voyages avec Hérodotes que je vais me dépêcher de lire au plus vite. Ma dernière réflexion en refermant le livre de Ryszard Kapusinski a été :« c’est tellement bien, je pense que tout le monde le connaît sauf moi » ! Si vous faites partie de ceux qui ont, encore, la chance de ne pas l’avoir lu , réjouissez-vous, un grand plaisir vous attend, caché dans les pages d’Ébène. Le reporter raconte son aventure africaine, il va à la rencontre des habitants , ne fuit aucun conflit ni aucune histoire douloureuse et comme les actualités télévisées vous le raconte à longueur d’années ce continent n ‘en manquent pas. A la lecture de ce livre on se rend compte qu’on ne connaît qu’une faible partie de massacres africains que beaucoup se passent dans le silence loin des caméras du monde.

On se promène donc au Ghana, au Liberia, en Éthiopie , en Érythrée , en Somalie, au Rwanda… Partout la misère, la guerre, la destruction, et la nature implacable. J’ai déjà lu beaucoup de livres sur l’Afrique, l’originalité de cet auteur , c’est de partir d’expériences concrètes qu’il sait merveilleusement raconter. Les description de la nature et de la chaleur sont inoubliables, je crois qu’aucun film ne permet de mieux comprendre à quel point la chaleur peut accabler l’homme et rendre toute activité superflue. Par moment, j’ai cru relire les romans d’aventure qui ont charmé mon enfance. Le combat à mort contre le cobra est un de ces instants où la lecture devient magique, on part ailleurs bien loin du monde facile et policé de mon petit coin de France. Cela n’empêche pas l’auteur de cerner au plus près les problèmes politiques actuels et passés de cet incroyable continent, bien au contraire, toutes les images « folkloriques » de l’Afrique nous permettent de mieux comprendre le quotidien des habitants. Et lorsqu’il raconte toujours avec la même précision son attaque par la malaria, on se dit que les gens atteints de cette maladie et mal soignés ne peuvent guère faire autre chose que survivre.

On est loin des clichés d’une population bon enfant qui ne veut rien faire, dans la fournaise implacable , touché par la maladie, les hommes ne peuvent que survivre et surtout meurent très vite. Quand en plus la folie guerrière des armes s’en mêlent c’est l’hécatombe assurée. Je n’ai jamais eu envie de visiter l’Afrique et ce livre dit mieux que tout ce que j’ai toujours pensé que le touriste passe forcément à côté des réalités de ce continent.

Citations

La notion du temps

L’européen se sent au service du temps, il dépend de lui, il en est le sujet. Pour exister et fonctionner, il doit observer ses lois immuables et inaltérables, ses principes et ses règles rigides. Entre l’homme et le temps existe un conflit insoluble qui se termine toujours par la défaite de l’homme : le temps détruit l’homme.
Pour les Africains les temps est une catégorie beaucoup plus lâche, ouverte, élastique, subjective… Le temps est le résultat de notre action, et il disparaît quand nous n’entreprenons pas ou abandonnons une action. Le temps est un être passif, et surtout dépendant de l’homme.
… Si nous allons à la campagne où doit se tenir une réunion, et qu’il n’y a personne sur les lieux de la réunion, la question « quand aura lieu la réunion ? » est insensée. Car la réponse est connue d’avance : « Quand les gens se seront réunis. »

 Un des malheurs de la décolonisation

L’adoption du système insensé des salaires des Européens engendre dans les nouveaux États africains une lutte pour le pouvoir d’une violence et d’une cruauté inouïes. Instantanément une nouvelle classe gouvernante apparaît , une bourgeoisie bureaucratique qui ne crée rien ,ne produit rien , se contentant de gérer une société et de profiter de ses privilèges.

 Génie africain de la construction

Faites de bric et de broc, ces architectures monstrueuses en papier mâché sont infiniment plus créatives, imaginatives, inventives et fantaisistes que les quartiers de Manhattan ou de la Défense à Paris. La ville entière tient sans une brique , sans une poutre métallique, sans un mètre carré de verre !

 Le progrès

Les conflits ethniques ancestraux existent toujours, mais ils entraînent aujourd’hui un nombre de victimes bien plus important. La civilisation moderne n’a rien apporté ici, ni l’électricité, ni le téléphone, ni la télévision. La seule chose qu’elle ait introduite, ce sont les armes automatiques.

Les rites culinaires qui font envie

Les Tutsis se nourrissent du lait des vaches et de leur sang (le sang recueilli des carotides incisées avec une pique, et versé dans des récipients lavés avec de l’urine de vache).

 La religion

C’est un terrain très difficile, m’avoue le missionnaire Johan. Ces hommes nous demandent combien nous avons de dieux dans notre religion et si nous en avons un spécial pour les vaches. Nous expliquons que Dieu est un. Cette réponse les déçoit. « Notre religion est meilleure , disent-ils , nous avons un dieu spécial qui protègent les vaches. ». Les vaches sont ce qu’il y a de plus important ! 

Les famines au Soudan

Les hommes ne sont pas affamés parce qu’il y a pénuries de vivres. En fait , le monde croule sous la nourriture. Mais entre ceux qui veulent manger et les magasins remplis se dresse un obstacle majeur : le jeu politique. Karthoum limite l’aide internationale destinée aux affamés. De nombreux avions arrivant à destination sont raflés par des chefs de bandes locales. Celui qui a une arme a des vivres. Celui qui a des vivres a le pouvoir. Nous sommes en présence d’hommes peu préoccupés de la transcendance ou de l’essence de l’âme, du sens de la vie et de la nature de l’existence. Nous sommes dans un monde où l’homme rampe pour tenter de racler dans la boue quelques grains de blés pour survivre jusqu’au lendemain. 

Le temps et les trajets

Si on tombe sur un bitume de bonne qualité, le trajet peut être parcouru en une heure. Si on a affaire à une route abandonnée et impraticable, il faudra un jour de voyage, voire deux ou même trois pendant la saison des pluies . C’est pourquoi en Afrique , on ne dit pas :  » c’est à combien de kilomètres ? » Mais plutôt :  » il faut combien de temps ? » En regardant machinalement le ciel.

On en parle

Chez Nymphette

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Pendant ma lecture d’Irving Yalom  » et Nietzsche a pleuré » , j’étais un peu gênée de ne pas bien connaître la pensée de ce philosophe tant loué par certains, si décrié par d’autres. Je l’ai dit dans ma chronique, j’ai toujours été rebutée par son style que je trouve grandiloquent et déclamatoire. Je suis tombée à la bibliothèque sur ce petit fascicule et je le recommande chaudement à tous ceux et toutes celles qui comme moi n’ont pas réussi à lire ce philosophe et puis aussi a ceux et celles qui l’ont oublié. En soixante pages dans une langue claire et accessible par tous , même pour les non-philosophes comme moi , il résume la pensée de Nietzsche. Et surprise, je suis complètement sous le charme.

Comment ne pas s’intéresser à quelqu’un qui a écrit :

Non ! Non. Ce n’est pas la pensée qui est triste, mais notre refus de vivre qui est triste. Non, ce n’est pas la pensée qui est trop haute pour nous, c’est nous qui sommes tombés trop bas pour penser. Arrêtons de nous plaindre et de considérer la vie comme une maladie.

Je n’avais pas imaginé, à quel point ce philosophe met l’amour de la vie au premier plan. C’est une pensée qui rend libre et heureux. Toutes ses idées qui me faisaient peur : le sur-homme , le rejet des faibles, je les avais visiblement mal comprises. Il prône la liberté de pensée et l’anti-conformisme ce qui m’intéresse au plus haut point. Je ne relirai pas Nietzsche, toujours à cause de son style, mais je comprends maintenant l’importance et l’intérêt de ce philosophe. Merci aux blogueuses qui m’ont aidée a changer d’avis. Et je me promets de relire le roman d’Irving Yalom.

Citations

(attention ce ne sont pas des phrases de Nietzsche mais de Bertarnd Vergély qui cherche à nous le faire comprendre)

Résumé du gai savoir

Soyons heureux, soyons dans le bonheur, soyons heureux d’être heureux en laissant le bonheur nous envahir. Laissons nous vivre, laissons-nous penser par le bonheur, alors, pour la première fois, nous connaîtrons une pensée. Une vraie pensée. Car il n’existe comme pensée que des pensées heureuses. 

 La honte et l’amour

La honte est créatrice de fausse morale, et, par la même de fausse vie. Car une chose est d’être vertueux par amour , une autre est de l’être par honte, Nietzsche n’a pas voulu d’une vertu provenant de la honte. Il a rêvé d’une vertu provenant de l’amour, l’amour étant, en définitive, la vertu même.

Optimisme et tragique

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’optimisme annihile les forces humaines, alors que le tragique les stimule. Nietzsche a voulu que les hommes puissent retrouver leur force. Un tragique joyeux, qui dit : rien n’est donné une fois pour toutes. Donc tout est possible si on le veut.

La critique de l’état et de tout groupe social

Le fort est, chez Nietzsche, une individualité supérieure qui ne cherche pas à dominer les autres, ce qui serait un signe de faiblesse. Au contraire, le fort, fondamentalement, recherche la solitude de l’esprit, la distance, le quant-à-soi. Souvent, en effet, ce qu’on appelle la société n’est qu’un rassemblement fondé sur la faiblesse . On a peur de penser par soi-même . On suit ce que les autres pensent. On se rassemble avec eux et l’ont dit du mal de ceux qui n’entrent pas dans le moule du conformisme collectif.

La vie est tragique

Pour heureuse qu’elle soit, toute solution est tragique car elle met fin a quelque chose. Le bonheur qu’apporte une solution est inséparable du tragique de cette même solution. On ne le comprend pas toujours. On voudrait qu’il y ait des solutions qui n’achèvent rien. Résultat : en refusant le tragique lié a toute solution, on se coupe du bonheur apporté par la solution elle même.

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Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Clément BAUDE.

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En pleine période Irvin Yalom, j’ai donc continué par « Et Nietzsche a pleuré » avant de me plonger dans « le problème Spinoza »conseillé par  canalblog que je ne remercierai jamais assez de m’avoir fait découvrir cet auteur. Je suis un peu ennuyée pour juger de la qualité intellectuelle du débat : la philosophie de Nietzsche comme jalon vers la psychanalyse. Je n’ai jamais apprécié cet écrivain et je me suis mortellement ennuyée à la lecture de « ainsi parlait Zarasthoustra ». Je perds certainement beaucoup à ne pas bien connaître ce philosophe , par contre je connais mieux Freud et les débuts de la psychanalyse ce qui m’a permis de savourer le roman.

Que serait-ce alors si je connaissais bien Nietzsche ! Le roman met en scène des personnages qui ont existé , Josef Breuer , le tout jeune Freud , Lou Salomé et Nietzsche, Irving Yalom invente le « comment la cure psychanalytique est née » à travers une idée de génie du Docteur Breuer , tout est vrai dans ce roman sauf la rencontre du Docteur Breuer et de Nietzsche Irvin Yalom possède un vrai talent de conteur et il sait créer du suspens digne d’un bon auteur de roman policier avec un sujet aussi sérieux que la psychanalyse. Bien sûr ce n’est qu’une fiction mais on est bien dans cette histoire ,entre autre car l’auteur sait faire revivre Vienne et ses habitants.

L’arrière plan du récit, rajoute beaucoup à l’intérêt de l’intrigue : les pâtisseries, les cafés , les luttes entre universitaires, la société compassée de la capitale de l’empire Austro-hongrois entièrement tournée vers les conventions, traversée par un antisémitisme virulent et qui semble prête à combattre et à accueillir les théories de Freud.

Le personnage de Breuer est complexe et très attirant. Il nous permet de réfléchir au rôle du médecin, de la vieillesse et de l’amour ! Le subterfuge qui amène les deux personnages à comprendre la nature d’une thérapie analytique est bien imaginé. J’ai toujours aimé qu’on me raconte des histoires , car cela m’a permis de mieux comprendre que dans un livre théorique , de quoi est fait le lien entre le thérapeute et son patient.

J’ai vraiment aimé ce roman avec la réserve du début, il ne m’a pas donné envie de relire Nietzsche et que je sais que perds une bonne partie de l’intérêt du roman.

Citations

La charité

Vous découvrirez que personne n’a jamais, jamais , agi entièrement pour les autres. Tout acte est dirigé vers soi , tout service ne sert que soi, tout amour n’aime que soi.

Mais vous connaissez comme moi ces guérisseurs bigots, qui projettent leur propre faiblesse sur les autres et ne s’intéressent à eux que pour accroître leur propre force . Vous connaissez comme moi la charité chrétienne

 L ‘habitude tue le désir

On se lasse toujours du même plat… Tu sais Joseph, pour chaque belle femme sur terre , il y a aussi un pauvre type qui en a marre de se la farcir.

L’ énergie et l’envie de vivre

Si quelque chose m’attire ce n’est pas le danger. Non, plutôt la fuite, non pas devant le danger mais devant le confort. Peut-être ai-je trop longtemps vécu dans le confort !

– Peut-être est-ce dangereux , Joseph. Dangereux et mortel.
– Oui, le confort est en effet dangereux. » Breuer se répéta plusieurs fois cette phrase. « Le confort est dangereux. Le confort est dangereux.
– Car rien ne peut arrêter le temps, et c’est bien notre plus grand malheur. Il nous faut apprendre à vivre malgré tout. »

 Le mariage

Le mariage et la possession et la jalousie qui l’accompagnent ne font qu’emprisonner l’esprit. Jamais je ne me laisserai dominer par eux.

On en parle

Page après page

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La lecture de cet ouvrage historique, je la dois à une discussion enflammée avec un ami : lui soutenait que si les soldats avaient tenu 4 ans dans cette effroyable boucherie que fut la guerre 14/18 , c’était par peur des représailles, moi, qu’ils étaient habités par un sentiment patriotique qu’on ne peut plus comprendre aujourd’hui. Je m’ appuyais pour cela sur le livre de Becker : « les Français dans la grande guerre » qui m’avait beaucoup appris sur ce sujet. Pour continuer le débat, j’ai donc lu ce livre qui m’avait été offert il y a 3 ans.

C’est un livre passionnant et qui est facile à lire alors même qu’il est d’une grande exigence intellectuelle. Tout ce qui concerne la première guerre du côté français est rassemblé dans ces 500 pages que je viens seulement de quitter. On est abasourdi par la légèreté avec laquelle des nations on conduit tant d’hommes à la mort. Le déclenchement est à peine croyable , ensuite la machine étant lancée, il restait à l’arrêter. Tout cela on le sait tous un peu. Ce qui m’a le plus intéressée c’est le portrait des différents acteurs du conflit.

Il y a une galerie de portraits inoubliables, les hommes politiques ne ressortent pas grandis, surtout en comparaison avec le courage et l’abnégation des simples soldats. L’historien Jean-Baptiste Duroselle est, je pense, un homme de coeur et un travailleur acharné . Il ne cache pas ses inimitiés ni ses sympathies qui sont nées lors de la lecture des textes ,des archives et grâce à la confrontation des différents travaux de recherche. Je croyais que Pétain avait été le grand vainqueur de la guerre, évidemment influencé par ce qu’on sait de la guerre 39/45 , Duroselle a analysé la moindre de ses réactions . Et l’on voit déjà que c’était un général hésitant , se laissant facilement convaincre et concentré uniquement sur la défense. Briand que je croyais un grand homme, n’a guère ses faveurs trop politicien à son goût . Par contre Clemenceau reste bien à sa place au panthéon de ma mémoire.

Alors pour mon débat, je dirai après cette lecture que le patriotisme est bien le moteur qui a poussé les hommes au combat et qui les a fait partir à la guerre. Mais ensuite ? Pour Duroselle, si la peur de mourir est constante la peur des représailles n’est pas ce qui a été le ciment de cette armée incroyablement valeureuse, c’est vraiment l’envie d’en finir et de bien faire ce qu’on avait commencé qui est l’explication de tant de bravoure. Il explique, par exemple, que les mutineries de 1917 ne sont pas dues au refus de combattre mais à la perception par les combattants que l’armée était mal dirigée et que s’il fallait mourir il fallait au moins que ce soit pour quelque chose.

Je recommande ce livre à toutes celles et à tous ceux que cette période intéresse , je ne m’y suis jamais ennuyée, j’ai tout compris alors que je ne suis absolument pas historienne.

Citations

 Une conséquence étonnante de l’organisation économique en temps de guerre

 Cette formidable organisation, dont l’Exécutif des transports maritimes est à la tête, symbolise parfaitement ce qui a probablement été le phénomène économique essentiel de la guerre : la substitution du dirigisme d’État à l’initiative privée.

 Portrait d’un notable et une pointe d’humour

Enfin pour présider le tout, le célèbre Ernest Lavisse « personnage prépotent de l’Université devenu très gros personnage de l’État ; on ne pouvait rien faire sans lui qu’on ne lui parût entreprendre contre lui…. Il accepta sans la moindre réticence »

 Les Africains dans la guerre, le Général Mangin parle d’eux dans ces termes

Dans les batailles futures, écrit-il, ces primitifs pour lesquels la vie compte si peu et dont le sang bouillonne avec tant d’ardeur atteindront certainement à l’ancienne « furia française » et la réveilleront s’il en était besoin.

 Discours devant les députes de Clémenceau à la fin de la guerre

Quant aux vivants , que nous accueillerons quand ils passeront sur nos boulevards, vers l’Arc de triomphe , qu’ils soient salués d’avance ! Nous les attendons pour la grande oeuvre de reconstruction sociale . Grâce à eux, la France, hier soldat de Dieu, aujourd’hui soldat de l’humanité, sera toujours le soldat de l’idéal.

Commentaire de l’auteur

On pouvait employer des formules comme celle-là en 1918 , le 11 novembre. De tels moments sont rares dans l’histoire d’un peuple. Une telle intensité de sentiments ne peut être qu’éphémère.

 Et finalement notre débat, La peur de la mort

Que pensent ces hommes avant le moment fatal ? À part quelques exaltés (Hitler en était), tous ont peur – la coutume étant de ne pas l’avouer et surtout de ne pas en accuser les camarades. Les combattants ont su, pendant quatre ans et demi, que sans cesse une épée de Damoclès menaçait de les détruire.

Et pourquoi s’est-t- on battu jusqu’au bout ?

Alors pourquoi se bat-on ? Le soldat de 1916 ne se bat ni pour l’Alsace, ni pour ruiner l’Allemagne, ni pour la patrie. Il se bat par honnêteté, par habitude et par force. Il se bat parce qu’il ne peut pas faire autrement. Il se bat ensuite, parce que après les premiers enthousiasmes, après le découragement du premier hiver est venue… la résignation… On a changé sa maison contre un gourbi… On a taillé sa vie dans la misère, comme autrefois dans le bien-être… On s’imagine même plus que cela puisse changer. On l’espère toujours, on n’y compte plus.

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Romain Gary a enchanté toute ma jeunesse, j’ai aimé ses livres avec passion, j’y trouvais l’aventure la réflexion sur la vie, l’humour et la tendresse. J’ai choisi de relire « la promesse de l’aube » et j’ai immédiatement tout retrouvé , même mes souvenirs. La vie de Romain Gary est intimement liée a son oeuvre , et sa vie est la quintessence des horreurs du 20e siècle.

Grâce à l’affection de sa mère, il traversera toutes les épreuves comme protégé par un bouclier d’amour. Il deviendra cet homme au destin incroyable ,lui, le petit réfugié russe élevé dans l’amour de la France. Cela ne l’empêche pas d’ouvrir des yeux amusés et parfois tristes sur les petitesses de ce grand pays qui a bien du mal à accueillir un amour un peu encombrant.

À la relecture j’ai été surprise des notes de désespoir qui s’y trouvent, mais il est vrai que je connais aujourd’hui la fin de l’histoire, et le suicide de l’auteur plane maintenant sur son oeuvre. Je sais que Romain Gary a toujours de jeunes lecteurs. Ça ne m’étonne pas car il sait embarquer son lecteur dans un roman à la fois drôle et tragique ; il sait raconter une histoire et nous faire réfléchir sur la condition humaine.

Citations

Grandeur et limite de l’amour maternelle

 Avec l’amour maternel, la vie vous fait une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela chaque fois qu’une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son coeur , ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné.

 Humour du fils et démesure de la fierté d’une mère

– Tu seras ambassadeur de France , c’est ta mère qui te le dit.
Tout de même, il y a une chose qui m intrigue un peu. Pourquoi ne m’avait- elle pas fait Président de la République pendant qu’elle y était ? Peut-être y avait-il , malgré tout, chez elle, plus de réserve, plus de retenue, que je ne lui en accordais.

 Des formules qu’on aimerait retenir

Mais enfin, la véritable tragédie de Faust, ce n’est pas qu’il ait vendu son âme au diable. La véritable tragédie, c’est qu’il n’y a pas de Diable pour vous acheter votre âme. Il n’y a pas preneur.

 J ‘ai rencontré des hommes comme ça

 J’étais donc loin de soupçonner qu’il arrive aux hommes de traverser la vie, d’occuper des postes importants et de mourir sans jamais parvenir à se débarrasser de l’enfant tapi dans l’ombre, assoiffé d’attention, attendant jusqu’à la dernière ride une main douce qui caresserait sa tête et une voix qui murmurerait : « oui mon chéri, oui, Maman t’aime toujours comme personne d’autre n’a jamais su t’aimer. »

  Ne sommes pas tous comme lui ?

J’ai toujours éprouvé une insurmontable répugnance à faire de la peine à autrui, ce qui doit être chez moi un signe de faiblesse et un manque de caractère.

 Des amours compliqués et toujours autant d’humour

Et la somme fabuleuse de cent cinquante dollars qui me fut versée me permit de faire un voyage en Suède, à la poursuite de Brigitte, que je trouvai mariée. J’essayai de m’ arranger avec le mari, mais ce garçon n’avait pas de coeur.

Je me demande si je n’ai pas raté l’homme de ma vie en lui parlant de Proust

Je me contentai donc de lui caresser doucement les lèvres du bout des doigts, pour tenter d’interrompre le flot de paroles, cependant que, par un regard expressif, je l’invitai à un silence tendre et langoureux, au seul langage de l’âme. Elle immobilisait mes doigts dans les siens et repartait dans une dissertation sur le symbolisme de Joyce. Je compris brusquement que mon dernier quart d’heure allait être un quart d’heure littéraire. L’ennui par la conversation et la bêtise par l’intellect sont quelque chose que je n’ai jamais pu supporter.

Cette belle phrase, pour finir

La vie est jeune. En vieillissant, elle se fait durée, elle se fait temps, elle se fait adieu.

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Traduit de l’hébreu par Jean-Luc Allouche

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À lire de toute urgence ! Comment vivre en Israël quand on est Arabe ? Si l’on en juge par le talent et l’humour de Sayeb Kashua, écrivain de langue arabe qui écrit en hébreu, apparemment ce paradoxe est vivable mais au prix de multiples contorsions. Si vous avez déjà beaucoup lu sur ce tout petit pays qui, avec une surface à peine plus étendue que deux départements français, tient l’équilibre de la paix du monde entre ses mains, précipitez-vous sur ce roman !

Je suis certaine que vous apprendrez mille et un petits détails sur la vie au quotidien en Israël, et que cet écrivain saura faire évoluer vos idées. Et si vous ne savez rien sur ce pays (je doute qu’une telle personne existe !), alors vous découvrirez avec surprise que pour être avocat et plaidez des affaires pour les arabes vous devez avoir des diplômes israéliens, parler et écrire l’hébreux que vos clients connaissent mal.

Vous apprendrez qu’il y a autant de différences entre un Juif et un Arabe qu’entre un Arabe des territoires occupés , un « immigré de l’intérieur » et un habitant d’ « origine » de Jérusalem. Que, pour être avocat arabe et avoir une bonne clientèle, il faut rouler dans une grosse berline alors qu’un Juif peut se contenter d’une voiture quelconque car il n’a rien à prouver à sa communauté. Entre le malheur de l’enfant qui est rejeté parce que son père a été assassiné en tant que collabo, et la femme juive qui ne peut plus voir son fils qui a tenté (et presque réussi) à se suicider, tous les malheur de la terre sont rassemblés dans ce récit.

Et pourtant ce roman n’est pas triste, il est même parfois franchement drôle. Je vous conseille, messieurs, si vous souffrez de ce problème, la méthode de notre avocat pour lutter contre l’éjaculation précoce et réussir enfin à faire jouir votre compagne : se souvenir d’événements tristes. Lui, en revivant minute par minute l’enterrement de son grand-père a réussi à soutirer au moment de la mise en terre de son aïeul, des râles de jouissance de sa femme … à essayer ! !

L’intrigue du roman est bien construite mais m’a, personnellement, moins convaincue que l’ambiance du roman car une grand partie est fondée sur le ressort de la jalousie obsessionnelle d’un mari vis-à-vis de sa femme, je suis rarement intéressée par ce genre de comportements.

Sayed Kashua est, par ailleurs, connu pour avoir écrit une série télévisée : « travail d’Arabes » qui fait rire les Juifs et les Arabes en Israël. En lisant ce livre, on se prend à espérer, qu’un jour, les gens d’esprit domineront et qu’ils apprendront à se connaître et à s’apprécier. Réussiront-ils, là où, les religions, les idéologies, les politiques et les militaires ont échoué et sont responsables d’une haine si vive et de tant de morts ?

Citations

Le contrôle au facies … (social !)

Il savait désormais que les soldats, les gardes frontières, les vigiles et les policiers, issus pour la plupart des couches inférieures de la société israélienne, n’arrêteraient jamais un individu portant des vêtements manifestement plus chers qu’eux mêmes en portaient.

Les conversations dans les dîners de la classe aisée arabe israélienne (cela ressemble beaucoup à ce que je connais ailleurs !)

 En général, les hommes parlaient d’immobilier ou d’argent : qui a acheté quoi et qui est plongé dans les dettes jusqu’ au cou… Les femmes, elles, des institutrices de leurs enfants et d’histoires d’autres parents d’élèves.

 Les subtilités des préjugés entre Arabes israéliens

 En revanche, ils n’avaient jamais envisagé d’inviter Samah et son époux, bien que tous deux ne fussent pas moins instruits que les autres invités et bien que leur statut social fût peut-être supérieur à celui des autres. Le fait d’être résidents de la ville orientale les éliminerait car ces rencontres regroupaient des immigrés de l’intérieur et il y a avait des choses – ainsi pensaient-ils- qu’ils ne pouvaient partager avec les autochtones, aussi riches et éclairés fussent-ils.

 Les mères arabes sont-elles différentes des mères juives ou de toute mère ?

 Le rêve de chaque mère arabe dans ce pays était que son enfant soit médecin ou avocat.

 Les difficultés de vie et les facultés d’adaptation des habitants

Car les épouses, mères, et sœurs de prisonniers qui s’adressaient à un avocat pour qu’il représente leurs êtres chers étaient nombreuses. La plupart des familles palestinienne de Cisjordanie préféraient envoyer une femme contacter un avocat de Jérusalem car leurs chances de franchir les barrages militaires sans permis de circuler étaient supérieurs à celles des hommes.

L’humour et réalité

« Il a juste volé à des Juifs », disaient certains de ses clients pour tenter de convaincre l’homme de loi qu’en fin de compte leur parent était innocent car les lois des Juifs étaient différentes, ce qui minimisait le vol. Pour eux, ce vol était une broutille, les Juifs ne sont-ils pas des gens prévoyant ? Ils ont des compagnies d’assurances, ils possèdent de l’argent et, dans une certaine mesure, voler un véhicule a un Juif était une sorte d’emprunt, voire de restitution a des propriétaires légitimes, et non un délit passible de condamnation.

 Les localités arabes en Israël

Décidément toutes les localités arabes se ressemblaient. Les municipalités soignaient l’entrée de l’agglomération, et, au diable le reste ! L’important était que le maire puisse se faire tirer le portrait devant l’entrée solennelle de sa cité et l’imprimer ensuite sur les tracts de sa campagne électorale.

On en parle

Je suis à la recherche d’un blog ayant parlé de ce livre ?