histoire-allemand

Traduit de l’allemand par Brigitte Hébert

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Il y a deux ans, je découvrais ce témoignage grâce à une amie allemande. Je ne lui dirai jamais assez merci. Je l’ai relu pour le mettre, avec ses cinq coquillages tellement mérités, dans mon blog. J’avais acheté ce livre car Ursula m’avait expliqué que la jeunesse allemande l’avait plébiscité : Sebastian Haffner permettait de comprendre le basculement de toute la nation vers le nazisme. La lecture est tout aussi intéressante pour les Français.

Le destin de ce livre est étonnant, il est écrit à chaud en 1938 par un homme qui a refusé le nazisme et qui s’est réfugié en Angleterre. Il ne sera pas publié. En 1999, à la mort de Sebastian Haffner, devenu journaliste et écrivain de renom , ses enfants trouvent ce manuscrit et le publient. La puissance du livre vient de là : il est écrit à chaud au plus près des événements, parfois au jour le jour, à travers les yeux d’un enfant puis d’un adolescent et enfin d’un jeune adulte. On comprend qu’il s’en est fallu de peu pour que lui-même accepte sans jamais l’apprécier, la tyrannie nazie.On suit avec dégoût toutes les veuleries des partis politiques traditionnels. On est horrifié par la façon dont les gens se tuent pour des causes plus ou moins claires. Puis l’horreur s’installe et là c’est trop tard plus personne ne pourra se défendre.

Mais peut-on en vouloir au peuple allemand alors qu’aucune puissance étrangère ne saura résister aux premières provocations d’Hitler quand cela était encore possible ? L’analyse est très poussée, et brasse l’ensemble de la société allemande, comme Haffner fait partie de l’élite intellectuelle, c’est surtout les élites que l’on voit à l’œuvre. Elles ont longtemps méprisé Hitler qu’elle prenait pour un fou sans importance, « un comploteur de brasserie », mais elles n’ont compris le danger que lorsqu’il était trop tard.

La cause principale du nazisme est à rechercher dans la guerre 14/18, comme on l’a déjà souvent lu, ce qui est original ici, c’est la façon dont cet auteur le raconte. Sebastian Haffner a sept ans quand la guerre éclate, pendant quatre longues années, il vivra en lisant tous les jours les communiqués de victoire de l’armée allemande, pour lui c’est cette génération là qui sera le fondement du Nazisme.

Enfant j’étais vraiment un fan de guerre…. Mes camarades et moi avons joué à ce jeu tout au long de la guerre, quatre années durant, impunément, en toute tranquillité- et c’est ce jeu-là, non pas l’inoffensive « petite guerre » à laquelle il nous arrivait de jouer à l’occasion dans la rue ou au square, qui nous a tous marqués de son empreinte redoutable.

Son récit séduira bien au-delà du cercle habituel des historiens, car il est vivant, concret émouvant parfois. Il permet, soit de revivre une période étudiée en lui donnant le visage de la réalité, soit de comprendre le nazisme à travers la vie d’un allemand embarqué bien malgré lui dans la tourmente de son pays.

Citations

… l’étrange talent de mon peuple à provoquer des psychoses de masse (Talent qui est peut-être le pendant de son peu d’aptitude au bonheur individuel)

 

L’âme collective et l’âme individuelle réagissent de façon fort semblable. Les idées avec lesquelles on nourrit et ébranle les masses sont puériles à ne pas croire.

 

La guerre est un grand jeu excitant, passionnant, dans lequel les nations s’affrontent ; elle procure des distractions plus substantielles et des émotions plus délectables que tout ce que peut offrir la paix : voilà ce qu’éprouvèrent quotidiennement, de 1914 à 1918, dix générations d’écolier allemands.

 

la génération des tranchées dans son ensemble a fourni peu de véritables nazis ; aujourd’hui encore, elle fournit plutôt des mécontents et les râleurs,. Cela est facile à comprendre, car quiconque a éprouvé la réalité de la guerre porte sur elle un jugement différent.

 

… les militaires allemands manquent de courage civique.
Le courage civique- c’est-à-dire le courage de décider soi-même en toute responsabilité- est d’ailleurs rare en Allemagne… Cette vertu fait totalement défaut à l’Allemand dès lors qu’il endosse un uniforme.

 

Rathenau et Hitler sont les deux phénomènes qui ont le plus excité l’imagination des masses allemandes le premier par son immense culture le second par son immense vulgarité.

 

Et pourtant la personne de Hitler son passé, sa façon d’être et de parler pouvaient être d’abord un handicap… le rédempteur bavarois d e1923, l’homme au putsch grotesque perpétré dans une brasserie… Son aura personnelle était parfaitement révulsante pour l’allemand normal, et pas seulement pour les gens « sensés » : sa coiffure de souteneur, son élégance tapageuse, son accent sorti des faubourgs de Vienne, ses discours trop nombreux et trop longs qu’il accompagnait de gestes désordonnés d’épileptiques, l’écume aux lèvres, le regard tour à tour fixe et vacillant.

 

C’était étrange d’observer cette surenchère réciproque. L’impudence déchaînée qui transformait progressivement en démon un petit harceleur déplaisant, la lenteur d’esprit de ses dompteurs, qui comprenaient toujours un instant ce qu’il venait de dire ou faire- c’est-à-dire quand il l’avait fait oublier par des paroles encore plus insensées ou par un acte encore plus monstrueux-, et l’état d’hypnose où il plongeait son public qui succombait de plus en plus passivement à la magie de l’abjection et à l’ivresse du mal.

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Deuxième série préférée… Il n’y a pas dans cette série beaucoup d’effet de suspens, on peut regarder un épisode sans avoir vu les autres. Si on regarde les cinq saisons à la suite ça devient quelque peu ennuyeux. Ceci dit, moi j’adore et ça me fait souvent éclater de rire.

Une famille de pompe funèbre américaine est bouleversée par la mort du père qui est aussi le responsable de l’entreprise Fisher. Chaque membre de la famille doit, petit à petit, retrouver sa place. C’est l’occasion de suivre le quotidien d’une famille hantée par la mort et qui vit grâce à la mort. Chaque série commence par une mort et au fil des épisodes, on se surprend à chercher dans les personnages de l’avant propos celui qui va mourir et comment. Certaines morts sont banales, d’autres beaucoup moins et comme dans la vie, le bébé de quelques semaines qui va mourir de la mort subite du nourrisson est insupportable.

Ensuite, l’épisode s’installe, le début a plus ou moins d’importance, chaque membre de la famille doit résoudre ses problèmes. David, s’épanouit de plus en plus dans un couple homosexuel avec le beau Keith. Nat, qui ne voulait pas la même vie que son père, a bien du mal avec ses aventures amoureuses .Claire, l’adolescente américaine typique a des difficultés avec ses petits-amis et sa vocation artistiques. La mère, Ruth, me fait personnellement hurler de rire quand elle part à la recherche de sa propre personnalité. Les séances de psychologie collective sont extraordinaires. L’épisode où elle parle par métaphore d’elle-même comme une maison à construire est un des plus drôles de la série.

J’ai vraiment été très surprise de voir à quel point une série américaine (les Etats-Unis sont, je pense, un pays pudibond) ose aborder à peu près tous les problèmes liés à la sexualité, à la drogue à la maladie mentale et à la mort. Pour la première fois dans une série, je n’ai pas été gênée par l’aspect surnaturel de la présence du père mort, je trouve que c’est très bien fait. Nathaniel, le père, accompagne les membres de sa famille, longtemps après sa mort trop brutale. Les personnages secondaires sont importants, et souvent traités avec finesse. Comme la famille Diaz , la mère de Brenda la psychologue de renom est un peu trop caricaturée (mais elle est très drôle) et je me suis demandée si c’était la même actrice dans la dernière saison.

Il faut impérativement la regarder en anglais les voix françaises sont insupportables. Avec les sous-titres on comprend très bien.

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J’ai eu envie de le recopier entièrement, puis je me suis dit que vous auriez plus vite fait de l’acheter que de lire mes citations en bas de mon billet. Je l’offrirai certainement, ma seule crainte serait que la personne l’ai déjà. Comme vous avez vu mes cinq coquillages, vous avez compris : « Mon couronnement » est un petit chef d’œuvre. Un livre rare, sur un sujet traité avec une extrême délicatesse : la très grande vieillesse. L’auteure nous permet de comprendre les pensées d’un vieil homme. Si vieux, qu’il a perdu le sens d’une certaine logique, ce qui ne l’empêche pas d’être sûr de ses sentiments.Il a une grande affection pour sa gouvernante Madame Ambrunaz, mais déteste sa sœur Alice qui veut faire du ménage à « l’alsacienne » chez lui. Il n’a qu’un vague souvenir de la découverte qu’il a pu faire dans sa jeunesse et qui lui vaut la récompense et toutes ses soudaines visites. On remonte le fil de sa vie au gré de sa mémoire fluctuante, c’est souvent triste, le portrait de sa première femme est poignant. L’auteure n’évite le tragique que grâce au filtre des années qui rend le malheur plus distant. C’est la même distance qui donne tout son charme aux descriptions des paysages contemporains. Nous les voyons tous les jours sans nous rendre compte de leur laideur. Evidemment, nous ne connaîtrons pas la découverte de Gilbert Kaplan , malgré moi (car tout le roman veut montrer l’inanité de presque toutes les conduites humaines) j’aurais bien aimé savoir ce qu’il avait découvert.

Citations

Cependant la perspective d’une réception en mon honneur me rend nerveux, je me prends à envisager de mourir avant la date prévue pour que cette réception, quoiqu’il ne soit pas si facile de mourir, comme j’ai aussi fini par le comprendre.

 

Il semblerait que je m’intéresse plus aux détails aujourd’hui, il semblerait que les idées générales m’aient délaissé.

 

Où que j’ai vécu, ranger un peu, a toujours été un projet, chaque fois ajourné.

 

La plupart du temps, au terme d’hypothèses cent fois hasardées et d’observations cent fois répétées, tout ce que nous parvenions à comprendre c’est comment ça ne marchait pas.

 

… de petits vieux tenant une boîte de gâteaux, de celles qu’on apporte avec soi pour se faire pardonner sa vieillesse….

 

Est-ce le moment de lui dire que j’ai oublié jusqu’à la formule de la gravitation, et que des découvertes, il s’en fait tous les jours, malgré quoi nous demeurons dans une ignorance fondamentale.

 

Je me souviens d’avoir d’un bond franchi des barrières et désormais je ralentis aux coins des tapis.
En arrivant, ma soeur va me prendre par les épaules et me congratuler et trois minutes après elle aura un de ces chiffons alsaciens à la main, une offense pour Mme Ambrunaz.

 

 Les gens les plus propres et l’argent le plus sale, tel est le paradoxe de la Suisse.

On en parle

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C’est le deuxième recueil que je lis de Kenneth Cook, il ressemble beaucoup à La vengeance du Wombat. L’effet de surprise est donc moins fort.
Je me suis, de nouveau, bien amusée, je conseille cet auteur à tous les gens moroses. Au-delà de son humour caustique, qui est tourné autant vers lui que vers les habitants de l’Australie, on devine une profonde connaissance de son pays loin des clichés habituels. Non, la nature n’est pas toujours hospitalière. Et le bush peut s’avérer mortel. (Hélas, Kenneth Cook a été victime d’une crise cardiaque trop loin de tout point de secours.)

Non, les animaux, même mignons ne sont pas tous gentils. Et les koalas sont visiblement plus agréables en photos et en peluche que de près, en vrai ils sont très désagréables et très dangereux quand on doit les tenir dans les bras, même si on ne cherchait qu’à leur offrir un lieu de vie plus agréable. Non, les espèces protégées ne sont pas reconnaissantes aux hommes de ne plus les tuer. Et un crocodile reste un terrible prédateur. Les Aborigènes, ne sont pas de bons sauvages, pleins de bonnes intentions. Ils vivent dans un pays hostile, avec peu de confort, ils sont sales et cherchent si possible à rouler le touriste de passage.

Si Kenneth Cook peut dire tout cela et bien d’autres choses encore, c’est qu’il utilise le ton du conteur d’histoires. Je me demande si quelqu’un a mis ses histoires en scène, il y a vraiment tous les ingrédients d’un excellent spectacle de conteurs. J’ai aimé les quinze nouvelles, mais ma préférée c’est La vie sexuelle des crocodiles, non pas pour ce que j’ai appris de la sexualité de ces animaux ( tout se passe sous l’eau !) mais j’ai trouvé irrésistible le rapport entre le scientifique qui s’émerveille devant les beaux spécimens de crocodiles et l’auteur mort de peur qui ne pense qu’à sauver sa vie.(Comme je le comprends !)

Citations

 Roger, passionné de crocodiles, déploraient qu’ils aient été longtemps chassés sans répit pour leur cuir…..leur nombre était en augmentation, tout comme la fréquence des attaques sur le bétail et sur les aborigènes.

 

– Et même deux Blancs, des chauffeurs de camion, près de Broome, se réjouit Roger ? Ils dormaient près de leur véhicule et tout ce qu’on a retrouvé, c’est la marque de leurs ongles dans la terre où la bête les a traînés. Naturellement, ajouta-t-il avec pondération, ce n’est pas de chance pour ces pauvres gens, mais il ne reste pas moins encourageant de penser que le nombre de crocodiles est en hausse dans cette région.

 

Je lâchai le bateau et saisis mon fusil
Roger lâcha le bateau et saisit son appareil photo

 

On me qualifie parfois d’obèse, mais je me considère simplement comme corpulent, une centaine de kilos, disons.

 

J’étais alors moins corpulent qu’aujourd’hui, mais je n’en restais pas moins un homme bien en chair. Comprenez par là que tout en parvenant aisément à lacer mes souliers , j’étais loin d’être un athlète.

On en parle

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5Cinq coquillages ? Oui, parce que ce livre met tout le monde de bonne humeur, cela se vérifie pour tous les nouveaux lecteurs de La vengeance du Wombat. Comme notre bibliothécaire, je n’apprécie pas trop les livres sur les animaux mais Kenneth Cook a un talent de conteur extraordinaire. C’est le deuxième conteur que j’ai découvert cette année : après le grand nord de Jorn Riel, voici le bush australien. En 14 nouvelles, l’écrivain nous plonge au cœur de cette région d’Australie où les animaux sont plus agréables à regarde dans les reportages animaliers que de très près. Je ne suis pas une très grande fan de nouvelles car je trouve difficile de changer d’histoires tous les trois ou quatre pages. Généralement, il y en a toujours que j’aime moins.

Dans ce recueil, les quatorze sont passionnantes. On finit par bien connaître les réactions de l’écrivain, il a vraiment l’art de se retrouver dans des situations impossibles. Par exemple : accroché au ventre d’un kangourou qui a décidé de le tuer alors qu’il venait de le sauver ! On sait aussi qu’il ne résistera jamais à un verre ou une goulée d’alcool offert par des gens qui ne lui voudront pas toujours que du bien. On sait enfin que lorsqu’il nous décrit sa phobie absolue des requins, il va se trouver quelqu’un qui réussira à l’entraîner à la pêche du plus dangereux des prédateurs d’humains.

Les scènes dans les cafés sont inoubliables et quelque peu terrifiantes. Entre autre, lorsque tous les consommateurs sans se paniquer le moindre du monde, se mettent à parier pour savoir si la grenade dégoupillée qu’un des buveur tient dans sa main peut exploser ou non… Si vous aimez découvrir des contrées lointaines, des animaux et des humains différents de vous, et surtout si vous aimez rire précipitez vous dans votre bibliothèque préféré découvrir Kenneth Cook … si vous ne le connaissez pas déjà.

Citations

De nos jours, le quokka est toutefois considéré par tous comme étant inoffensif, en raison de sa petite taille ; ce qui s’inscrit dans une longue série de grandes illusions qu’entretiennent les gens sur les marsupiaux d’Australie. Comme la plupart sont petits, les gens ne les croient pas dangereux. Quelle bévue !

 

Il n’y a rien d’étonnant à croiser un anthropologue dans les coins reculés et arides du désert australien. Ils sont partout. On estime que, dans l’outback, il y a plus d’anthropologues étudiant les Aborigènes que d’Aborigènes.

 On en parle

dans un de mes sites préférés : link.

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The Wire ! Ma série cultissime ! N’ayons pas peur des mots ! Ni des points d’exclamation ! Au risque d’écorner l’image d’intello que peut donner mon blog : livres et films plutôt « art et essai » (désolée je n’ai pas ri au « Chti »), j’avoue ou plutôt je dévoile que je suis une fan des séries TV. Je le suis devenue quand j’ai pu les regarder en DVD, et dans leur langue d’origine. Avec les sous-titres, hélas ! Quand je connais un épisode presque par cœur, je mets les sous titres en anglais.

Pour « The Wire », je ne peux le regarder qu’avec des sous-titres en français : 80 % des personnages parlent l’argot des quartiers en difficultés de Baltimore et à mon grand regret je ne comprends rien. On perd d’ailleurs un des charmes de la série : les jeux sur les expressions et les accents. Entre eux, ils se reconnaissent de Baltimore-Ouest et Baltimore-Est.

La série comporte cinq saisons, chacune d’entre elle se centre sur une des grandes difficultés des grandes villes américaines :

  • La saison 1 : la création d’une cellule avec des policiers qui vont essayer d’être intègres face à la drogue.
  • Saison 2 : la fin de l’ère industrielle traditionnelle, ici la fin de l’activité portuaire.
  • Saison 3 : la corruption politique.
  • Saison 4 : l’éducation.
  • Saison 5 : les difficultés de la presse écrite.

Loin des séries où on voit des policiers intègres réussir à tous les coups à mettre le méchant hors d’état de nuire. « The Wire » colle au plus près de la réalité policière, si chaque saison a bien pour thème une enquête , celle-ci se déroule en 12 épisodes et quand elle est résolue c’est souvent par le hasard et le travail de fourmis des enquêteurs beaucoup plus que par le grand coup de géni d’un policier hors du commun. Évidemment, il n’y a pas de gentils par contre, il y a des vrais méchants qui font très peur. La façon dont est traitée la réalité de la grande ville américaine est passionnante, j’ai été très touchée par l’évocation du lycée en zone sensible.

La réussite vient de la complexité aussi des personnages secondaires, Omar, le vengeur solitaire, Bubbles l’indic drogué, l’horrible Rawls le policier corrompu et brutal. Mais aussi des personnages principaux : aucun n’est totalement sympathique, et surtout pas Mc Nutty le policier qui a un rôle très important dans la série. Sauf peut être Lester le policier intelligent et désabusé et le rédacteur du grand journal de Baltimore. Le seul acteur qui me pose problème, car je trouve qu’il joue mal c’est celui qui incarne Cédric Daniel, du coup son personnage est moins crédible.

En regardant cette série, on l’impression de mieux comprendre les Etats-Unis. On voit aussi les différences et les ressemblances avec notre société en espérant qu’on ne laisse jamais s’installer, en France, une économie parallèle autour de la drogue aussi puissante !

On en parle

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Comment transmettre la mémoire de l’horreur ? Nguyên An Tinh, narratrice très proche de l’auteure a fui, sur un boat-people, le Vietnam communiste. Elle nous livre des moments de sa vie, des fragments de sa mémoire. Une odeur, un bruit, un mot entraîne un nouveau souvenir. Monsieur Vinh grand chirurgien de Saigon, a confié ses cinq enfants, à cinq bateaux différents, essayant ainsi de multiplier les chances qu’au moins un d’entre eux survive. Ils survivront tous, lui deviendra balayeur de rue à sa sortie de prison. « Prison » ce mot ramène l’auteure à une autre prison, celle de l’autisme où son fils, Henry, est enfermé pour toujours.

On a déjà entendu à peu près toutes les horreurs par lesquelles, elle et ses proches sont passés. Comme ce Monsieur An ancien juge de Saigon qui croit sa mort arrivée car, ce jour-là, un garde l’oblige à sortir des rangs des prisonniers, à s’agenouiller, lui met le pistolet sur la tempe, tire …. Il n’y avait pas de balle dans le chargeur. Monsieur An ne sera plus jamais le même, et il se souviendra toute sa vie des nuances des bleus du ciel du jour où …

Van Thùy a réussi à nous transmettre l’horreur qu’elle porte en elle. Et pourtant ce livre reste léger et pudique. Même quand elle décrit la prostitution des jeunes, voire des enfants. C’est la force de ce livre, il n’y a jamais aucun mélodrame et pourtant quelle trace il laisse dans notre mémoire ! Je pense que chaque lecteur portera en lui un moment de sa mémoire, pour moi c’est l’hommage qu’elle rend aux femmes du Vietnam.

Quand j’ai refermé ce livre, je me suis demandée pourquoi elle était retournée dans ce pays, et, est-ce qu’un jour le Vietnam deviendra une démocratie. La relecture de ce livre pour notre Prix du club de lecture m’a encore plus subjuguée que la première fois. Je n’ai pas compris pourquoi je ne lui avais pas mis 5 coquillages, et surtout ai-je assez insisté sur le style de Kim Thuy ? Elle écrit à la perfection dans une langue proche de la poésie, très personnelle et si facile à adopter par tout le monde.

Citations

Proverbe vietnamien

La vie est un combat où la tristesse entraîne la défaite.

Mon passage

On oublie souvent l’existence de toutes ces femmes qui ont porté le Vietnam sur leur dos pendant que leur mari et leurs fils portaient les armes sur le leur. On les oublie parce que sous leur chapeau conique, elles ne regardaient pas le ciel. Elles attendaient seulement que le soleil tombe sur elles pour pouvoir s’évanouir plutôt que s’endormir. Si elles avaient pris le temps de laisser le sommeil venir à elles, elles se seraient imaginé leurs fils réduits en mille morceaux ou le corps de leur mari flottant sur une rivière telle une épave. Les esclaves d’Amérique savaient chanter leur peine dans les champs de coton. Ces femmes, elles, laissaient leur tristesse grandir dans les chambres de leur cœur. Elles s’alourdissaient tellement de toutes ces douleurs qu’elles ne pouvaient plus redresser leur échine arquée, ployée sous le poids de leur tristesse.

On en parle

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J’avais mis ce livre, une première fois, sur mon blog, lors de sa création. Je l’ai mis, aussi, dans ma bibliothèque de Babelio et je n’arrive pas à comprendre pourquoi je suis toujours la seule lectrice, c’est un petit chef d’œuvre (n’ayons pas peur des mots !). Il concourt pour « le coup de cœur des coups de cœur » en juin 2010 de notre club de lectrices de la bibliothèque de Dinard. Pour une fois, nous avions été unanimes dans nos éloges ; c’est si rare !

Je l’ai offert souvent et à chaque fois, on m’a fait savoir qu’on le trouvait très bien. Il faut dire que ce roman a tout pour plaire. Il traite avec subtilité et humour, d’une réalité douloureuse : l’exil. Alexandra, jeune auteure dramatique, qui a plus d’un point commun avec Anca Visdei, fuit son pays, la Roumanie à l’occasion d’un colloque littéraire.

Elle écrit à sa sœur pour qui elle éprouve une grande affection, la façon dont toutes les deux se jouent des dangers du régime totalitaire est drôle mais tragique à la fois. Leurs lettres sont très surveillées, elles s’en amusent : « Ta lettre a mis quatorze jour. D’habitude ça ne prend qu’une semaine…Tu dois utiliser de mauvaises enveloppes, là-bas ils les fabriquent moins bien qu’ici, car ton pli s’est décollé pendant le voyage et une secourable postière de chez nous a été obligée de le recoller, très discrètement d’ailleurs. Il n’y aurait pas eu la petite marque que tu sais, c’était un travail comme neuf ! Quel sens esthétique pour une simple postière ! »

Le pays d’accueil, la Suisse n’est pas épargnée par l’humour d’Alexandra, j’ai souri à l’évocation des intellectuels de son colloque :

 Tout le monde a été adorable avec moi. Le colloque a duré trois jours, l’admiration un peu moins…..Ils m’ont répondu …. Nous connaissons et aimons votre pays. Nous avons passé une semaine à un congrès d’écrivains héros du peuple au bord de la mer noire.

On sent en Alexandra une vitalité et une envie de s’imposer comme une écrivaine de langue française qui force l’admiration le parcourt sera long et difficile mais avec tant d’esprit et d’énergie comment ne pas y parvenir. À sa sœur qui lui dit qu’elle est belle comme une odalisque elle répond « Une odalisque est une crétine enfermée dans un harem, qui partage un gros mari violent avec une dizaine d’autres débiles de son espèce et qui passe son temps au bain à montrer des vertèbres superfétatoires à Monsieur Ingres. ».

La trame romanesque est riche des deux mouvements : la dureté et la désintégration du régime de Ceausescu et l’intégration dans ce qu’on appelait à l’époque « le monde libre », cela passe par le lien des deux sœurs qui est riche d’une complicité puis d’une tension qui rend le roman passionnant et triste parfois. J’ai lu et relu plusieurs fois ce livre, avec toujours le même plaisir.

J’espère trouver dans le monde des blogs d’autres lectrices passionnées.

 On en parle

link. Blog d’Anca Visdei : link.

Traduit du danois par Suzanne Juul et Bernard Saint Bonnet.

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Je ne connaissais pas cet auteur et les « fans » du club de lecture m’ont dit que c’est un peu dommage de commencer par celui-ci qui est le dernier d’une longue série (Un curé d’enfer et autres racontars – Jorn RIEL). Je lirai sûrement les autres, car j’ai envie d’en savoir plus sur ce monde du Groenland.

Jorn Riel est un conteur extraordinaire et je suis partie avec lui dans le monde si rude du grand nord. Celui qui définit ainsi un racontar : « Ce sont des histoires vraies qui pourraient passer pour des mensonges, à moins que ce ne soit l’inverse » a un véritable talent pour faire vivre des personnages hauts en couleur. C’est complètement déjanté, tragique et drôle à la fois. On passe très vite de vie à trépas, du rire aux larmes, dans un cadre hors norme, beau, mais tellement froid et inhospitalier. On comprend que l’auteur préfère vivre en Malaisie !

Citations

La propreté

Nous devons accueillir nos invités propres et fringants … Bien entendu, en tant que chef de station, je commence et me réserve cette marmite d’eau chaude. Puis Museau se lavera avec la même eau, et en dernier Lasselille, qui, étant le plus jeune, n’a matériellement pas eu le temps ni le loisir de devenir aussi sale que nous autres.

Faire l’amour

Il retirait une certaine fierté du fait qu’il pouvait encore la faire roucouler comme une tourterelle en pleine parade quand il rugissait et commandait aux esprits dévoués du domaine.

Voyager léger

Valfred voyageait léger. Quatre bidons d’eau-de-vie de myrtilles, dix neuf boites de sardine à l’huile, son 89 et un sac de voyage avec quelques vêtements de rechange.

Portrait

Un type adorable et modeste, avec une soif réconfortante.

Les paysages

Le Fjord des glaces se trouve dans l’inextricable entrelacs de fjords et de baies qui se frayent un chemin depuis la mer jusque profondément à l’intérieur du pays. Les montagnes vers le nord sont hautes et sombres, les plaines vers le sud ouvertes et alanguies au soleil et à la lumière, et dans l’est les collines ont la rondeur rêvée pour que le soleil puisse s’y ébattre une heure ou deux avant de s’éteindre pour la nuit.

Interview sur Evene

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http://media.paperblog.fr/i/251/2517844/ne-tirez-pas-sur-loiseau-moqueur-harper-lee-L-1.jpeg

Traduit de l’anglais par Isabelle Stoianov.

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L’avantage du club de lecture c’est la redécouverte des grands classiques. Je l’ai relu attentivement et j’ai franchement adoré, encore une fois ! Le début est un peu lent et l’histoire ne se met en place qu’au tiers du livre. Mais ensuite on se rend compte que tout avait de l’importance.

Les chroniques d’une petite ville en Alabama avant la deuxième guerre mondiale sont très savoureuses et comme tout est vu à travers les yeux d’une enfant de six ans c’est souvent drôle et émouvant : les ragots, les familles où on sait tout sur tout le monde, les sectes religieuses, les méthodes scolaires, les vieilles filles qui ont leur mot à dire sur l’éducation des enfants, et surtout la condition des noirs.
Le père, Atticus, élève seul ses deux enfants et leur donne des valeurs humanistes dans une petite ville où le racisme est de règle. Commis d’office pour défendre un noir innocent mais accusé du viol d’une femme blanche, sa vie et celle de ses enfants va devenir très compliquée.

On ne peut pas s’empêcher d’adorer Atticus, c’est un beau personnage. Je pense qu’on ne peut pas l’oublier, ni comme père, ni comme avocat. Grâce à ce livre, on comprend mieux d’où vient l’Amérique, j’ai beaucoup pensé au temps où nous chantions surtout quand l’auteur évoque les enfants métis et une fois encore je me suis réjouie de la victoire d’Obama.

Citations

Les garçons furent donc convoqués pour trouble à l’ordre public, voies de fait, injures et blasphèmes en présence du sexe féminin. Le juge interrogea Mr Conner sur la raison de ce denier chef d’accusation ; celui-ci répondit qu’ils avaient juré si fort qu’il était sûr que toutes les dames de Maycomb les avaient entendus.

 

Tu es trop petite pour comprendre, mais parfois, la Bible est plus dangereuse entre les mains d’un homme qu’une bouteille de whisky entre celles de ton père.

 

Je voulais que tu comprennes quelque chose, que tu voies ce qu’est le vrai courage, au lieu de t’imaginer que c’est un homme avec un fusil à la main. Le courage, c’est de savoir que tu pars battu, mais d’agir quand même sans s’arrêter. Tu gagnes rarement mais cela peut arriver.

 

– C’est quoi un métis ?
– Un enfant à moitié blanc, à moitié noir … ils sont tristes
– Pourquoi tristes ?
– Parce qu’ils n’appartiennent à aucune communauté. Les gens de couleur n’en veulent pas parce qu’ils sont à moitié blancs ; les Blancs n’en veulent pas parce qu’ils sont de couleur.

 

– Hé, faut pas nous bourrer la caisse ! dis-je
– Je te demande pardon ?
– Ne fais pas attention, intervient Atticus. Elle essaie de te provoquer. Cal dit qu’elle jure en parfait argot depuis une semaine maintenant.
Oncle Jack haussa les sourcils mais ne dit rien. En dehors du charme foncier de tels mots, j’agissais en application de la vague théorie que, si Atticus découvrait que je les avais appris à l’école, il ne m’y enverrait plus.

On en parle

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