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Traduit de l’anglais par Gilles Berton.
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Fin de mon été dans le monde du nazisme, cette fois avec trois romans policiers. Je ne suis pas une spécialiste du genre, mais l’idée me semblait géniale  : créer un détective privé sous le régime hitlérien. Philip Kerr est anglais (écossais exactement) je trouve ce détail important, il connaît parfaitement la période mais il met dans la création de ce personnage un petit côté libertaire qu’on ne retrouve pas dans les études historiques. Ceci dit, cet auteur sait faire revivre cette période à travers la personnalité de Bernie Gunther, la quatrième de couverture le compare à Philip Marlowe, les amateurs apprécieront.Si je suis allée jusqu’au bout de la trilogie, c’est pour comprendre une nouvelle fois comment cette violence a pu s’imposer en Allemagne. Vu sous cet angle, les deux premiers sont très réussis .Le dernier qui se passe à Vienne dans l’immédiate après-guerre m’a un peu déçu. J’aurais aimé comprendre ce que les allemands ont éprouvé en se rendant compte de leurs erreurs.On comprend qu’en 1947 :

  • les Allemands se sont unis dans la haine du communisme,
  • Vienne était un horrible nid d’espions,
  • tous les coups étaient permis,
  • les services de contre-espionnage ont permis à des Nazis de s’en sortir au nom de leur hostilité réciproque,
  • les Allemands ont détesté l’occupation française (armée de vaincus)
  • les Russes n’ont pas hésité à tuer, piller, violer.

Ce que j’aurais voulu savoir : Est-ce que les Allemands se sentaient responsables et de quoi ? Par contre sur l’intrigue policière de ce même volume est complexe et sans doute plus intéressante. Bref à lire pour tous ceux qui aiment la littérature policière.

Citation

Nous vivons dans la peur, la peur des Popovs surtout. Et cette angoisse n’a d’égale que celle quasi universelle, des maladies vénériennes, qui ont presque tourné à l’épidémie ? D’ailleurs ces deux fléaux sont généralement considérés comme synonymes.

 

La pièce avait quelque chose de typiquement allemand, c’est-à-dire qu’elle était à peu près aussi intime et chaleureuse qu’un couteau suisse.

On en parle

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4
Encore une bonne surprise de notre club. Je ne me précipitais pas vers la lecture de cet essai qui restait sur le rayon de la bibliothèque destiné aux membres du club, car je ne pensais pas y découvrir grandes nouveautés. Erreur, j’ai appris des choses amusantes, comme la difficulté de Madame Thatcher à utiliser le « nous » pour parler de son action au gouvernement. Elle a fini par si bien apprendre sa leçon que, pour annoncer la naissance de son premier petit fils, elle déclara : We have become a grandmother (Nous sommes devenue grand-mère).

Le charme du livre vient du ton utilisé par l’auteur, c’est drôle léger et impertinent. De plus, il puise ses observations dans un grand nombre de langues, parfois très originales. Les remarques sur les subtilités du vocabulaire de la syntaxe et des expressions sont vraiment drôles et intéressantes. J’ai été moins convaincue par la dernière partie sur l’apprentissage. Son livre est enrichi de cinq portraits de personnes parlant plusieurs langues dont la vie est marquée par cette capacité linguistique. Alex Taylor donne envie de connaître Fernando, il parle 16 langues. Quelle chance, il a ! Comme lui je pense que :

« Parler une langue étrangère, crée une deuxième personnalité et une deuxième vie. »

Lui, il en a donc 16 !

Citations

 En Gallois, Gath est un chat lorsque son maître est masculin. On imagine la perplexité de l’infortuné félin dès lors qu’il tombe entre les mains d’une maîtresse et qu’il se voit transformé en chath. Ce n’est donc pas si évident pour les habitants d’Aberystwyth d’appeler un chat un chat.

 

Ces fioritures ne sont pas sans rappeler la proposition de Jack Lang dans les années 1990, qui essaya de rebaptiser les personnes du troisième âge « les flamboyants »

 

À Berlin, on ne cherche plus comme dans le passé une femme de ménage, Putzfrau mais une tonique Putzkraft, une puissance nettoyante.

 

La BBC organisa récemment en consultation avec des milliers de linguistes un concours pour trouver le mot « le plus intraduisible du monde » .Le champion est ilunga de la langue tchiluba parlée au sud-est de la République du Congo. Il désigne une personne disposée à pardonner un affront une première fois, à le tolérer lorsqu’il est commis une deuxième fois mais qui rejette l’idée de pardon si l’affront est commis une troisième fois.

On en parle

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Traduit de l’anglais par Annick Le Goyat.

4
Sous la forme de sept lettres adressées à un dirigeant Chinois, venu visiter L’Inde pour comprendre le dynamisme de ce pays , Balram Halwaï se charge de le lui expliquer. Pour moi, c’est un livre à offrir à tous ceux qui ont visité l’Inde ou qui veulent le faire. On est loin de l’idée que les pauvres sont heureux dans leur misère et n’envient pas notre facilité de vie. Certaines descriptions sont à la limite du soutenable, par exemple l’hôpital public, où le père du personnage principal mourra sans avoir vu de médecin, dans des salles d’une saleté repoussante. La corruption est partout, les familles dominantes ne lâchent pas un iota de leur puissance et si, dix pour cent de la population vit bien sur le dos des quatre vingt dix pour cent de malheureux qui se tuent gratuitement à la tache, c’est que les familles sont autant d’otages aux mains des puissants barons de cette mafia.

Toute la société indienne est passée au crible et rien ni personne ne sortent indemnes du regard attentif et accusateur de Aravind Adiga. Sur la quatrième de couverture on lit « Roman écrit au scalpel et même à la chair du sous-continent… » C’est vrai.

Pour autant le talent de l’écrivain ne rend pas ce livre étouffant, mais implacable. Je me suis dit que je me servirai de ce livre pour expliquer pourquoi je n’irai jamais en Inde (Pour être très honnête, j’ai beaucoup de mal à voyager…) Le passage sur la description du Gange répond à une de mes interrogations : Comment peut-on prendre un bain dans le Gange qui visiblement sert à tout dans ce pays ? Réponse il ne faut surtout jamais le faire.

Citations

Je vous déconseille fortement un bain dans le Gange, à moins que vous n’aimiez avoir la bouche remplie d’excréments, de paille, de fragments de corps humains détrempés, de charognes de buffles, et de toutes sortes d’acides industrielles.

 

En résumé il y avait autrefois mille castes et destins en Inde. De nos jours, il ne reste que deux castes : les Gros Ventres et les Ventres Creux.
Et deux destins : manger ou être mangé.

 

 Il existe trois maladies majeures dans ce pays, monsieur : la typhoïde, le choléra, et la fièvre électorale.

 

Les rêves des riches ne coïncident jamais avec ceux des pauvres, n’est ce pas ? Toute leur vie, ces derniers rêvent d’avoir assez à manger et de ressembler aux riches. Et de quoi rêvent les riches ?
De perdre du poids et de ressembler aux pauvres.

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4Chaudement recommandé par ma libraire de Dinard, je m’attendais à un grand plaisir de lecture. Je n’ai pas été déçue et je mets sans hésiter ce livre dans mes préférences. Il faut dire que je lui dois déjà la découverte de Tonino Benaquista, à ma libraire. On ne remerciera jamais assez les personnes qui vous font découvrir un nouvel univers romanesque.

Ce livre est une pure merveille et s’il n’a pas ses cinq coquillages c’est pour un détail qui ne regarde que moi. Madame Jackson institutrice à la retraite, femme très âgée, a failli se laisser mourir, noyée dans sa maison inondée à cause des digues qui ont rompu, parce qu’elle n’a pas voulu abandonner son chien. Moi qui vis dans une ville avec des mémés à chiens , je suis devenue intolérante ( mais ai-je vraiment jamais supporté les crottes de chien sur les trottoirs ? ? ?)

Tout cela nous éloigne d’un livre superbe, on suit les pensées pas toujours cohérentes de cette femme qui a adoré son fils, mais a refusé son homosexualité. Nous sommes en 2005 dans le Delta du Mississippi , l’ouragan Katrina va détruire, en particulier, les quartiers habités par les noirs de la Nouvelle-Orléans.Une grande partie du siècle défile devant nos yeux avec l’angoisse que Zola n’arrive pas à survivre à la catastrophe qui engloutit peu à peu son quartier.

Son amour pour son fils est très beau,c’est une mère abusive mais elle est touchante dans ses excès. Le personnage du mari et son amour pour celui qui a construit cette maison qui résistera à l’ouragan est très intéressant également. L’intérêt du livre, c’est ce voyage dans sa mémoire, donc dans la mémoire des états du sud des Etats-Unis et de voir que malgré tout son affection maternelle, elle a pu se tromper à ce point sur son fils, elle l’a rejeté quand, par amour, il a refusé les postes prestigieux et surtout elle n’a pas pu supporter qu’il soit amoureux d’un homme et de plus d’un homme blanc. Son passé explique en partie son refus mais pas seulement.

Dans les citations, je mets un petit passage sur le chien, c’est rare que dans un livre on dise que les chiens pètent dans la vraie vie, ils le font souvent surtout les labradors et ça sent très mauvais. Franchement, j’exagère le livre se veut grave poétique et profondément humain et je vous ennuie avec son chien …

Citations

 Lady (c’est le chien) m’a regardée de son air sans-y-croire ….. elle a reculé d’entre les genoux du collègue, puis elle a quitté le salon en pétant discrètement.

On pourrait se trisser…. sauf qu’on ne quitte pas cette ville. On y est né, on y a souffert à peu près tout ce qu’une créature du Seigneur peut encaisser, et on y reste.

De même que je n’étais pas d’accord pour les réunions Tupperware, pas d’accord pour les réunions Avon, je n’ai pas joué le jeu du window treatment où les dames du quartier rivalisaient par fenêtres et froufrous interposés.

Il ne faut pas grand-chose pour se faire détester dans ce pays où tout le monde aime son prochain, comme il est ordonné par la constitution.

Et puis … quelle faveur, quel sursis demander au Ciel ? Le ciel, c’est juste ce qui nous tombe sur la gueule.

On en parle

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4
Roman destiné aux adolescents, ce roman peut séduire un public assez large de l’enfance aux adultes. C’est un plaidoyer contre tous les obscurantismes. Elvina jeune fille juive vivant au 11e siècle n’a pas le droit d’apprendre. Elle est interdite d’école et d’études parce que c’est une fille ! Or l’écriture la passionne et rien ne pourra l’empêcher d’apprendre.

On voit de l’intérieur d’une famille, pourtant très érudite, tous les interdits religieux qui sont autant de frein à la compréhension du monde. Au- delà de la petite communauté rode les hordes des croisés, et la peur qu’ils anéantissent tous les juifs avant de partir en terre sainte. Comme le récit est vu à travers le personnage d’Elvina, c’est très facile à lire et permet de revivre cette époque. Le point de vue sur les croisades n’est pas exactement celui que j’avais appris à l’école mais c’est vrai qu’il n’y a plus aujourd’hui grand monde pour chanter les louanges des valeureux croisés !

Le mazal ? C’est l’ange gardien d’Elvina à qui elle écrit tout ce qui la perturbe, un peu comme les adolescentes d’aujourd’hui remplissent des cahiers intimes.

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C’est avec une grande tristesse que j’ai lu ce livre, par ailleurs excellent. Je savais bien que la Chine maoïste ne correspondait en rien à mes croyances de jeunesse, mais « Petit Mao » va plus loin, il détruit dans une machine à broyer les moindres illusions tous les mythes maoïstes. En plus de l’horreur qui s’est abattue sur les lettrés de cette grande civilisation, il y a la douleur personnelle d’avoir prêté une oreille positive à toute cette propagande. Comment croire que tuer tous les oiseaux de Chine, pouvait aider à résoudre la famine ! ! Comment croire que les textes des siècles anciens étaient droitiers et qu’il fallait tous les brûler, comment croire qu’il fallait humilier, jusqu’à la mort, l’intelligence.Le roman est bien imaginé, un enfant construit sa vie sur le désir de retrouver sa mère qui a été la première femme de Mao. Il est confié à un couple communiste et lettré. Cela permet à l’auteur de décrire les tragédies de la Chine communiste d’un point de vue original. Comme souvent dans ce genre de livre qui remet en cause les choix politiques d’un pays, je préfère l’écriture de ceux qui ont eu à en souffrir. Les Chinois sont nombreux à écrire je rappellerai juste la force et l’humour de « Balzac et la petite tailleuse Chinoise » de Dai Siji.

Citation

– Tu hésites parce que ce porc est ton père ? aboya un garde à mes oreilles.

La meute se déchaîna.

– Nos pères ne sont rien ! S’ils trompent le Parti, les fils ont le devoir de les éliminer. Nous sommes les fils de la révolution, pas ceux de nos pères ! Frappe-le !

– Mort aux pères ! hurlèrent-ils.

Et ils m’obligèrent à gueuler avec eux.

– Mort au père, criai-je.

Comment auraient-ils deviné que mon cri s’adressait non à l’homme que je vénérais et qui souffrait sous leurs tortures, mais à celui qui en était l’instigateur, Mao Zedung lui-même ? Dérisoire et invisible victoire.

Seul Wang Yi comprit la vérité de cet hallali.

On en parle

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4
Libres, ces deux auteures le sont, leur dialogue est sous le signe de la liberté de penser et de « dire » tout ce qui concerne la place de la femme dans les religions. J’avais entendu l’interview de Talisman Nasreen sur France Culture et j’avais été si séduite par son intelligence et son courage que j’ai aussitôt acheté son livre. C’est très facile à lire, et j’ai beaucoup apprécié la façon dont, lorsqu’elles ne sont pas d’accord, elles confrontent leurs arguments.

Toutes les deux défendent la laïcité, la liberté de penser et de s’exprimer. Pour ces idées-là, l’une est menacée de mort et chassée de son pays, l’autre est mal comprise par sa famille politique : le risque n’est évidemment pas de même nature comme le souligne Caroline Fourest. La gauche française supporte mal, en effet, qu’on critique l’Islam. Taslima Nasreen est beaucoup plus radicale que la journaliste française sur la critique de l’Islam. Pour elle, cette religion prône la violence et la soumission par la force de la femme. La solution ne pourra venir que par l’éducation et par la pratique de l’esprit critique.

Je pense que c’est un livre à lire dans le débat actuel qui oppose la laïcité française à l’Islam et aux intégrismes de toutes les religions qui ne se différencient plus, alors, des sectes.

Citations

Talisman Nasreen

Ma mère n’était pas religieuse à l’origine. Elle l’est devenue lorsqu’elle a découvert que mon père la trompait. Elle était en permanence ignorée et insultée par mon père. Elle était tellement malheureuse qu’elle s’est réfugiée dans la religion.

Saint Paul cité par Caroline Fourest

« L’homme, lui, ne doit pas se couvrir la tête, parce qu’il est à l’image et à la gloire de Dieu : quant à la femme elle est à la gloire de l’homme. »

Caroline Fourest

Quand je pense que certains français musulmans pensent être des citoyens de seconde classe dans un pays laïque… Ça donne envie d’organiser des voyages scolaires à la rencontre des minorités religieuses de pays comme le Pakistan, le Bangladesh ou même l’Egypte.

Talisman Nasreen

Tant qu’une femme est opprimée et sans défense, les gens l’aiment et compatissent. Mais dès qu’elle refuse de tester exploitée ou étouffée, dès qu’elle se lève et se tient droite, qu’elle impose ses droits, qu’elle brise le système social pourri qui l’enchaîne afin de libérer son corps et son esprit, elle n’est plus admirable – elle devient haïssable.

Talisman Nasreen

Les intégristes musulmans m’ont attaquée, ont lancé des Fatwas contre moi, ont mis ma tête à prix et ont organisé de violentes manifestations, mais pas un seul n’a été puni. C’est moi qui suis punie….Moi j’ai perdu ma maison mon rêve, sans rien avoir à me reprocher. Je dois subir l’exil.
Mon pays , mon chez moi, ce sont les gens qui croient aux droits de l’homme, de la femme et à l’humanisme laïque.

On en parle

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Traduit de l’anglais par Jamila Ouahmane Chauvin et Serge Chauvin

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Destinées de femmes malheureuses dans l’Angleterre de l’après-guerre. Rosamund, 76 ans, se sentant mourir explique les liens qui la relient à Imogen une petite cousine aveugle. Pour cela, elle s’enregistre et raconte sa vie à partir de vingt photos correspondant à des moments particulièrement forts d’une destinée malheureuse. L’auteur analyse tout en finesse les rapports entre les êtres humains. La vie de ces femmes aurait pu être plus heureuse ou plus tragique encore. Le destin ne tient à pas grand-chose mais a une place importante dans le roman, il lui arrive même de se rappeler aux personnages du livre sous une forme inattendue. (Comme cet oiseau qui vient se tuer sur le pare-brise de Gill, un « certain » soir sur une « certaine » route.)

Béatrix n’a pas été aimée par sa mère, elle a fait subir un destin plus tragique encore à Théa sa fille, qui dans un geste de violence rendra sa propre fille Imogen aveugle. Rosamund n’a pas pu, malgré tout son amour pour Théa, briser ce cercle infernal. Beaucoup de tristesse dans ces portraits de femmes qui se battent mais pas toujours avec les bonnes armes pour connaître le bonheur. On espère jusqu’à la dernière page que les chaînes du malheur s’arrêteront à la troisième génération.

Les époques qui se succèdent à travers les vingt photos font une grande partie du charme de ce roman. (La guerre, l’immédiate après-guerre, l’époque « baba-cool », l’Angleterre d’aujourd’hui…). J’ai beaucoup hésité à mettre quatre coquillages ou seulement trois, car je n’ai pas du tout retrouvé l’humour du « testament à l’anglaise ».

Citations

Non ça ne me dérange pas la pluie en été. En fait, j’aime bien ça. C’est ma pluie préférée. – Ta pluie préférée ? ? ? » Je revois Théa fronçant les sourcils en méditant ces paroles, et puis elle a proclamé : «  Eh bien moi, j’aime la pluie avant qu’elle tombe ».


Tout ce qui a abouti à toi était injuste. Donc tu n’aurais pas dû naître.
Mais tout chez toi est absolument juste : Il fallait que tu naisses.
Tu étais inévitable.

 

Oui, c’est vrai, rien de tout ça n’aurait dû arriver, ce n’est qu’une longue suite d’erreurs terribles, terribles, et pourtant regarde à quoi ça a abouti. Ça a abouti à toi Imogen.

On en parle

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Traduit de l’anglais (États-Unis) par Raphaël Fejtö.
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Livre pour adolescents ou plutôt adolescentes. Une jeune fille de la petite noblesse anglaise, en l’an 1290, tient son journal. Ce qui le rend plaisant à lire c’est qu’elle est particulièrement délurée, elle n’a pas la langue dans sa poche. Son regard sur ses proches est sans pitié. On peut facilement comprendre ses révoltes si l’on admet qu’elle n’a aucune envie de répondre aux attentes des mœurs de cette époque : une femme noble doit apprendre à coudre, broder, tisser, et surtout attendre avec patience le mari que son père lui choisira.Ce qui est plus difficile à comprendre c’est la raison pour laquelle cette jeune fille n’accepte pas cette éducation qui était la règle pour les femmes de sa condition dans ce temps-là. L’auteur lui donne une personnalité et un langage du 21e siècle. C’est un roman, pourquoi pas après tout, c’est ce qui rend la lecture amusante.La façon dont les Anglais vivaient à l’aube du 13e siècle est bien rendue. Je ne sais pas si ce livre a connu un grand succès auprès des jeunes. Je me pose souvent cette question quand je lis des livres pour adolescents. Celui-ci ne cherche pas à plaire aux adultes, et j’ai un peu peur qu’il ennuie les adolescents d’aujourd’hui. Catherine commence l’éciture quotidienne de son journal en citant le saint du jour et en racontant les raisons pour lesquelles il est devenu saint. J’ai beaucoup ri d’apprendre que :

  • Colman est saint « parce qu’il a appris à une souris à le maintenir éveillé pendant la messe »
  • Brigitte d’Irlande fut sainte pour avoir transformé « l’eau de son bain en bière pour les religieux de passage »
  • Tatwin fut saint parce qu’« il était archevêque de Canterburry et faiseur de devinettes »
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L’humanité s’est-elle arrêtée à Auschwitz ? Voilà la question que pose ce livre tout en essayant de faire revivre Jan Karski, héros de la résistance polonaise qui a tout fait pour prévenir les alliés de l’extermination des juifs dont il avait été le témoin. Pour lui, comme pour l’auteur Yannick Haenel, les alliés ont reçu l’information . Pour des raisons peu avouables, ils ont préféré laisser faire.L’auteur pense même, que le procès de Nuremberg, a permis aux alliés de se donner bonne conscience face à leur propre inaction.
Le livre est construit de façon un peu surprenante. Les deux premières parties sont une biographie dans la troisième, l’auteur prend la liberté de romancer la vie de Jan Karski. Je ne vois pas ce que cela ajoute à la force du propos. En recherchant un blog qui parlerait autrement de ce livre (voir le lien en bas de cet article), j’ai surtout trouvé des témoignages de la polémique entre l’auteur et Claude Lanzmann, réalisateur de Shoah.

 Citations

Propos du responsable du Bund en aout 1942

Les Alliés gagneront la guerre dans un an, dans deux peut-être, mais cela n’apportera rien aux Juifs parce qu’ils n’existeront plus.

 Vision de Jan Karski dans le ghetto de Varsovie

Au milieu de la rue, deux adolescents en uniforme des jeunesses hitlériennes. Leurs cheveux blonds brillent au soleil, note Karski. Visages ronds, joues roses, ils bavardent joyeusement. D’un coup, le plus jeune sort un revolver de sa poche. Ses yeux cherchent une cible. Il a, dit Jan Karski, la « concentration amusée d’un gamin à la foire ». Les yeux du garçon s’arrêtent sur un point qui échappe à Jan Karski. Il lève le bras, vise, on entend la détonation, suivie d’un verre brisé, et du cri d’un homme. Joie du garçon, l’autre le congratule. Puis ils continuent leur chemin.

 Propos que Yannick Haenel prête à Jan Karski

Le jour où j’ai entendu la phrase de Sartre ; « Tout anticommuniste est un chien » j’ai eu envie de vomir. Je me suis demandé si, pour Sartre, et pour la bonne conscience occidentale, les insurgés de Varsovie étaient des chiens ; si mes camarades exécutés dans le forêt de Katyn étaient eux aussi des chiens…

On en parle

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