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Qui n’a pas été une fois dans sa vie saisi par l’angoisse d’avoir envoyé un mail ou un texto au mauvais moment, à la mauvaise personne ? C’est le point de départ du roman et aussi la fin. Thomas, l’employé modèle, a-t-il bien fait la veille des vacances d’été de répondre au siège de New-York et de s’engager à fournir une analyse de la plus grande importance pour sa boîte. L’été justement, où pour lui tout va si mal, car il se retrouve face aux souvenirs de tous ses échecs et de ses impuissances. Petit à petit, le romancier démêle les fils qui rendent Thomas si antipathique : la perte de son frère jumeau, sa lâcheté à l’annonce de la grossesse de son premier amour, tout cela s’est passé dans l’île de Noirmoutier. Comme dans tous les lieux de vacances traditionnels, les Français savent si bien reconnaître les origines sociales, tout en faisant mine de se libérer de toutes les contraintes de l’année de travail.

Il y a de l’Étranger dans ce Thomas, avec ce clin d’œil un peu lourd ( ?), il prononce la même phrase que Meursault :

Aujourd’hui maman est morte, ou peut-être hier, je ne sais pas.

Hélas ce n’est pas du tout, la même écriture ! J’ai failli refermer à la première ligne.

Attention Déconnage immédiat au fond du couloir.

J’aurais eu tort. Le style m’a souvent gêné, on y « bouffe » on y « déconne » on « s’en fout » …mais le personnage avec tous ses enfermements est intéressant. La peinture de la France des classes aisées en vacances m’a fait sourire plus d’une fois. Ça manque, quand même, terriblement d’humour. Les auteurs français se complaisent à raconter les tensions familiales, c’est un trop petit monde : on a envie de lui conseiller de voyager un peu et de lâcher prise. Il le fait une fois lorsqu’il voit une enfant trisomique éclater de rire devant un spectacle de clowns. C’est pratiquement la seule note d’espoir du roman :

N’y avait-il pas une place pour chacun, voire pour lui-même ? Une toute petite place pour applaudir les clowns. Même s’ils n’étaient pas drôles, simplement parce qu’ils étaient là.

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3
Comme l’a écrit un critique, c’est agaçant de savoir qu’il y a un effet de surprise à la fin du récit. À cause de cela, on ne lit pas ce livre de la même façon, on cherche à ne pas se laisser surprendre. C’est bien dommage, car ce roman est avant tout une évocation de l’Angleterre de l’entre deux guerres où il ne faisait pas bon d’être une femme seule. Les efforts qui amèneront Gladys, veuve de guerre, à trouver un moyen pour se réaliser et parfois simplement survivre, sont pathétiques. La montée du fascisme, le souvenir de la grande guerre, la crise économique tout cela est évoqué et assez bien rendu.Les rapports entre la cantatrice et son accompagnateur, et les remarques sur la technique du chant sont intéressants, mais ont peu de rapports avec le reste du livre. Les limites du roman qui font aussi son charme, c’est un côté très « british », comme un détachement par rapport au récit qui le rend ennuyeux parfois.

 Citations

…un dépôt de gerbe au Cénotaphe, le monument aux morts de Whitehall. Pour donner un peu de passé à des morts qui n’avaient pas eu le temps.

 ..le commandement qui figeait tout le monde au garde-à-vous. On sentait derrière lui la présence d’une cohorte de grands morts.

…. Une Emma qui aurait survécu, qui s’avalerait à petites doses le poison de la vie conjugale.

La vérité pour être comprise a d’abord besoin d’être crue ( William Blake)

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Traduit du suédois par Cécile Clauss et Maximilien Stadler.

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Il ne faut jamais rater les livres « ado » dans la liste du club. D’abord parce que ça nous permet de rester en contact avec la lecture d’une génération qui est parfois loin de nous. Ensuite, comme notre bibliothécaire n’en met qu’un, il est toujours très représentatif et bien choisi. C’est le cas pour ce roman. Alors pourquoi n’a-t-il pas ses quatre ou cinq coquillages ? Parce que je suis assez hermétique au genre policier.

Comme les adultes, les ados ont le droit à leurs auteurs suédois ! Pour un pays qui passe pour être tranquille, quelle imagination les auteurs déploient dans le genre meurtre en tout genre. Pour ce que je peux juger du polar, c’est bien fait, car on ne peut se détendre qu’à la toute fin de l’histoire.

J’ai beaucoup aimé la description de l’adolescence, cette façon que les ados ont de ne pas résister aux personnalités leaders dans les classes, même s’ils savent voir les défauts de ceux qui les entraînent à faire et à dire ce qu’ils n’ont pas vraiment envie de dire ou faire. Et puis, la méchante qu’on aimerait tant voir coupable ou au moins complice, n’est qu’une garce détestable, le romancier ne fait pas dans la facilité. Le coupable sera effectivement un personnage qu’on avait sous les yeux mais qu’on n’attendait pas là.

Ça ne donne pas envie de revivre l’adolescence ! Les parents se battent avec des problèmes d’adultes pas simples à résoudre. Bref l’atmosphère est bien rendue. Cela ne m’étonne pas que les grands ados apprécient, enfin tous ceux qui aimeront plus tard les romans policiers.

On en parle

J’ai choisi ce site à cause du nom, oui ! enlivrez, ça fait du bien : link.

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3
Roman construit comme une partie de dominos, de dominos abkhazes. (J’ai dû rechercher où était L’Abkhazie, je ne suis pas certaine que je connaissais ce pays, l’article de Wikipédia ne parle pas du jeu de dominos ! !) On sent dans ce roman, un auteur passionné des mots et des jeux avec le langage. J’écoute souvent les « papous dans la tête » sur France culture à laquelle il participe, c’est une émission qui me fait sourire. Comme son livre. Il est agréable à lire, beaucoup de remarques assez justes sur notre société, une grande bienveillance pour les êtres humains en général et les femmes en particulier. Et surtout un grand plaisir à jouer avec la langue française qui donne tout le charme à ce roman

Des amours qui commencent, d’autres qui se finissent ce n’est que la vie en quelque sorte, une vie dans un monde parisien de la grande bourgeoisie parisienne où l’argent n’est vraiment pas un problème.

Citations

 Parfois quand un inconnu indiscret vient à le questionner sur sa vie – un taxi, un coiffeur de province, un voisin de train – Yves s’invente un métier, se fabrique une vie, dans l’impunité de l’anonymat ….Le temps d’une course place d’Italie – rue Montmartre, il devient l’un des spécialistes européens de la cryptobiose des tardigrades.

– De la quoi des quoi ? dit le taxi

– De la cryptobiose des tardigrades. Les tardigrades sont de tout petits animaux pas plus gros qu’une tête d’épingle. Ils sont capables d’expulser toute l’eau de leur corps pour résister à des températures extrêmes dans l’Antarctique : c’est cela, la cryptobiose. Dans cet état, ils peuvent survivre des années, parfois des siècles. Je les étudie depuis vingt-deux ans maintenant.

– On vous paye pour ça avec nos impôts ? Demande le taxi inquiet.

On remarquera que la liaison se fait entre corps et étrangers, s’il y en a qu’un-un corétranger -, mais se fait en z s’il y en a plusieurs –des corzétrangers. Allez expliquer ça à un étranger.

On en parle

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Une femme qui préfère se faire appeler Chouquette que mamie (ou grand-mère), qui lutte de toutes ses forces pour garder un mari qui ne l’aime plus. La vie à Saint-Tropez où l’alcool et la drogue occupent une grand partie du temps. L’horreur des femmes de 60 ans qui veulent encore passer des soirées dans le vent.

Beurk de beurk, ce n’est vraiment pas drôle d’avoir peur de vieillir à ce point et d’être plongé dans des histoires abominablement tristes. L’auteur a ce talent de dire les choses brutalement un peu dans le style de certaines journalistes de Elle. Emilie Frèche décrit bien en le caricaturant peut-être un peu, le monde people où doit vivre une si petite partie de la population française. Ce n’est pas mon monde et je n’ai guère envie d’en faire partie,Les soirées sur yachts saint-tropéziens sont à vomir (et pas seulement dans le sens métaphorique !). Le désespoir de Catherine Alias Chouquette me touche assez peu, elle représente un peu tout ce que j’espère ne jamais être.

Le livre se lit très rapidement comme un grand article d’un hebdomadaire d’été.

Citations

Elle s’imagine parler au téléphone avec sa fille !

« Il faut que tu te réveilles, Adèle, mamie Nova, c’est terminé ! Oui, je me fais sauter ! Oui, je prends mon pied ! J’ai soixante balais et je mouille encore le fond de ma petite culotte, si tu veux tout savoir ! »

3Nouveauté au club de lecture, nous gardons deux mois de suite un thème, et c’est le deuxième mois pour la littérature haïtienne. Autant « Hadriana dans tous mes rêves » de René Depestre, ne correspond pas du tout à mes goûts autant « Yanvalou pour Charlie » m’a touchée. On se perd un peu dans le récit et je n’ai pas accroché de bout en bout d’où seulement trois coquillages. La présence des jeunes garçons haïtiens abandonnés à la misère de la rue est vraiment émouvante. Le personnage du prêtre qui est impuissant face à l’extrême pauvreté et la dureté de la société haïtienne malgré sa générosité est touchant.

J’ai été intriguée par l’histoire des prénoms qui font « campagne » et qu’il faut absolument changer pour réussir sa vie en ville. C’est assez amusant car le prénom que le personnage principal s’est choisi : Mathurin, fait, pour moi, plus campagne que Dieutor son vrai prénom. L’écriture souvent poétique, se fait poignante en restant très pudique quand elle décrit la misère absolue des petits enfants à l’orphelinat.

Citations

La première fois que j’ai croisé la mort, un cyclone nous menaçait. Le vent soulevait déjà les tôles et le ciel versait sur nos têtes toutes ses réserves d’eau.

 

C’est vrai que Dieutor, ça va pas avec « monsieur » ni « maître ». C’est comme si on mettait un smoking à une vache.

 Vu que nos géniteurs nous ont abandonnés, je suppose que les gens nous considèrent comme des miraculés et se félicitent au nom de la société, d’avoir participé au miracle collectif, même quand ils n’ont rien fait pour nous. Ça doit être pareil pour les réfugiés, quand ils arrivent dans un pays et qu’on leur ouvre la frontière. Quand on est le fils de personne ou qu’on a plus de pays, faut toujours s’excuser de se trouver là où on se trouve ou tout simplement d’être en vie.

 

Le père Edmond n’a que ses mots dans la bouche : Humilité, droiture, les qualités avec lesquelles bâtir une vie de tous les jours qui n’emmerde pas les autres …. On avait choisi, pour sortir du nombre, des métiers qui passent à la télé …Gino a dit aviateur, Filidor dompteur de lion. Moi j’ai dit guitare classique.

 

Pour eux non plus c’est pas tout beau comme dans la Bible. Eux, ils ont pas de Messie volontaire du Bon Dieu, pour mourir à leur place.

On en parle

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3
On est loin de l’humour de La vengeance du wombat du même auteur. Dans ce court roman (109 pages) Kenneth Cook nous fait découvrir l’horreur d’une soirée alcoolisée en Australie. Il se donne la peine de remonter la chaîne des responsabilités qui a abouti à la mort d’une femme. C’est horrible et cela ne donne pas envie d’aller boire une bière un samedi soir dans les bars australiens. La description très précise des actions d’une rare violence est prenante et on est absolument écœuré par tant de bêtises. Le passage sur la façon de tuer les bœufs à coups de merlin est à peu près insoutenable.

On est dans le sordide, je ne sais pas si la lecture de ce roman aiderait les gens à ne pas se livrer à des beuveries, sinon je recommanderai ce livre à tous ceux pour qui font la fête en frisant le coma éthylique. La bonne personne est accusée de meurtre mais peut-être pas pour le bon meurtre. Car finalement ce soir là, dans cet endroit là, il y a eu un viol, la mort d’un jeune complètement ivre au volant de sa voiture, une tentative de meurtre digne d’un film d’horreur et finalement la mort d’une femme.

 Citations

John Verdon, instrument d’une société qui avait besoin de viande tout en refusant de tuer, alla se doucher de très mauvaise humeur. Dans la mesure où son travail lui procurait du plaisir – sans parler de son salaire –, il était lui aussi un artiste. Les exécutions défectueuses le démoralisaient plus qu’il n’aurait plus l’exprimer.

 

Verdon avait souri en sentant l’élan du marteau et, pour la première fois depuis plus d’un an, le plaisir de tuer qui lui descendait dans les reins.

 

Le jeune se mit sur pied avec difficulté, à peine conscient de son entourage, le taux d’alcool dans son sang proche du niveau fatal….. Son corps se soumit alors à l’instinct du vingtième siècle qui offre à un homme incapable de tenir debout la faculté de conduire une voiture.

 

Malheureusement, cet instinct n’améliorait guère sa vision, surtout à la vitesse de cent quarante kilomètres à l’heure qu’il avait atteinte peu après avoir quitté l’hôtel.

 

C’est ainsi qu’il s’encastra dans un semi-remorque, dont le plateau lui arracha le crâne au niveau du nez.

On en parle

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J’ai choisi ce livre dans la bibliothèque de la Pinacothèque de Paris, qui consacre une très belle exposition à Edvard Munch, intitulée Munch ou l’anti cri. Cet essai illustre parfaitement le propos de l’exposition. Il m’a permis de revivre les moments forts que j’ai éprouvés devant des tableaux que je ne connaissais pas et qui sont absolument magnifiques.

On peut parfaitement admirer les toiles sans rien connaître des tourments d’Edvard Munch, mais ce livre est bien fait. Pour nous faire comprendre et mieux connaître ce géni de la peinture, l’auteur entre dans les souvenirs de sa sœur, de ses amis, de ses mécènes, c’est très agréable à lire, on a l’impression de vivre avec celui dont l’œuvre ne se résume certainement pas au « Cri » qui l’a rendu si célèbre.

Citations de Munch

La maladie, la folie et la mort sont des anges noirs qui ont veillé sur mon berceau et m’ont accompagné toute ma vie.

 

En vérité, mon art est une confession que je fais de mon plein gré, une tentative pour tirer au clair, pour moi-même, mon rapport à la vie … C’est au fond une forme d’égoïsme, mais je ne renonce pas à l’espérance qu’avec son aide, je parviendrai à aider d’autres gens à se comprendre.

On en parle

Lien vers l’expo à voir absolument : link.

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Deuxième livre de Sinoué et toujours aussi peu convaincue ! J’ai quand même été intéressée les descriptions du travail sur la peinture au 15° siècle. Mais la conspiration policière et religieuse autour de l’inventeur de la peinture à l’huile : Jan Van Eyck, m’a prodigieusement ennuyée. Décidément, je n’aime pas les romans policiers historiques !

Les personnages vont être victimes d’une double conspiration. La puissance terrestre veut retrouver une carte permettant de naviguer afin de rapporter des matières précieuses dans les caisses royales. La puissance religieuse veut interdire tout ce qui permettra de reproduire l’art et les idées. Si on imagine bien le choc de l’imprimerie pour la religion , c’est un tout petit peu plus difficile à croire que tant d’innocents aient payé de leur vie le secret de ….. la peinture à l’huile ! !

 Sur Wikipédia le détail d’un tableau

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/e6/Ghent_Altarpiece_D_-_Nature.jpg/300px-Ghent_Altarpiece_D_-_Nature.jpgOn en parle

Il est plus apprécié sur ce site : link.

Traduit de l’anglais (États-Unis)par FRance Camus Pichon

3
J’avais été tellement surprise par Enfant 44 que lorsque j’ai vu Kolyma sur le rayon nouveautés de ma bibliothèque préférée, je n’ai pas pu m’empêcher, je l’ai pris et aussitôt lu. Je pense que, maintenant, l’auteur tient son héros pour plusieurs romans. Pour apprécier complètement ce genre de livres, il faut aimer les séries. Autant à la télévision, je trouve ça sympa (je connais tout sur le docteur House…) autant en livres je n’accroche pas. Léo est pourtant un personnage complexe et attachant, ancien du KGB il vit dans le remord permanent de ses crimes. Si tous ceux qu’il a tués veulent se venger on est vraiment qu’au début d’une longue, très longue série.Les ressorts du thriller-policier sont comme souvent dans ce genre de littérature hautement improbables : Léo échappe aux gangs de Moscou, au KGB, à une tempête en mer sur un bateau qui le conduisait à la Kolyma , à une révolte du goulag et pour finir en beauté à l’insurrection de Budapest ; tout cela avec des genoux cassés et pour sauver sa fille adoptive qui le déteste car il a tué son père… Résumé ainsi cela ne donne peut-être pas envie de lire Kolyma, pourtant, je suis certaine que les amateurs du genre vont apprécier, et peu à peu devenir des aficionados de Léo et Raïssa.La Russie poststalinienne se prête bien à l’horreur et si Léo est encore vivant pendant la guerre de Tchétchénie cela promet quelques belles pages d’horreur.

Citations

Je n’ai pas eu le choix.
Des milliers d’innocents étaient morts à cause de cette phrase, pas sous les balles, mais au nom d’une logique perverse et de savant calculs.

On en parle

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