Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.
Au programme du club, j’ai lu rapidement ce roman, avec plaisir pendant la première moitié, et puis, peu à peu, plus laborieusement. Mais je n’ai peut-être pas pris tout le temps qu’il fallait pour l’apprécier parce que je voulais le rapporter à la médiathèque afin de savoir si d’autres lectrices auront plus de plaisir que moi. Agnes Desarthe créé un personnage, Rose, qui semble subir sa vie plus qu’elle ne la vit vraiment. Elle est l’enfant de Kristina, très belle femme au caractère étrange et d’un père officier de l’armée française qui a la fâcheuse habitude de prendre toujours les mauvaises décisions. Philosophe à ses heures, et passionné par Spinoza, il hésite avant chaque action, et étant sûr de se tromper à chaque fois, il va dans le sens inverse de ce qu’il pensait juste. Compliqué et peu efficace. Rose se retrouve donc à Paris en 1920 sans argent mais avec beaucoup de courage. Elle est d’une naïveté peu crédible mais cela permet à l’auteur de nous décrire les bas-fonds parisiens avec un plaisir certain. Rose risque de perdre sa vie mais rencontrera des personnages variés dont un admirateur d’Apollinaire (d’où le titre du roman) qui la sauveront.
Pour en apprendre un peu plus sur cette auteure, je me suis promenée sur le Net, et j’ai eu la surprise de voir qu’elle était la fille du pédiatre Aldo Nahouri qui a été critiqué par les médias pour avoir tenu des propos très proches de ceux que le médecin qui essaye de soigner Kristina donnent à son mari. Famille surprenante où la création artistique prend une grande place ainsi que le souvenir très douloureux de la déportation des juifs. Tout cela est présent dans l’écriture d’Agnès Desarthe, avec, dans ce roman, la difficulté d’arriver à une existence propre , d’avoir un destin. Rose est dominée par son époque et j’ai eu plus d’une fois envie de la confronter à la réalité de la vie. Je ne peux imaginer qu’une jeune fille de 19 ans vienne vivre à Paris avec pour seul bagage sa connaissance d’Alexandre Dumas.
PS : à notre club, une seule lectrice a défendu ce roman, elle a été touchée par la misère du Paris de l’époque, les autres ont été plus sévères que moi, elles ont surtout souligné les ficelles de la construction romanesque, sorte de pastiche de tous les romans de l’époque.
Citations
Description de la personnalité de Kristina
Le reste du temps, elle gardait une distance qu’elle aurait voulu ironique (car elle ne manquait pas de goût), mais qui était vide (car elle manquait de cœur).
Conseil du médecin
Il faut la forcer si elle refuse mon ami. Pudeur, caprice, enfantillage. Ne restez pas planté devant la porte, commandant. Enfoncez les lignes ennemies. Il faut lui remuer les entrailles à cette chère si chère Kristina.