4
C’est un livre qu’on ne quitte plus quand on l’a commencé. Cette voix d’enfant à laquelle s’adresse l’auteur en lui disant « tu » touche le lecteur. Marion (Funny) doit affronter deux drames intimement liés la maladie mentale de sa mère maniaco-dépressive et la honte d’être une enfant d’un soldat allemand. L’enfant aime, a peur, a honte de sa mère. Une solution existe : ses grands parents des gens « comme il faut » mais qui ne savent pas comprendre l’attachement de la petite à cette mère qui aime sa fille malgré sa maladie.
Ce n’est pas un excellent roman mais c’est un beau témoignage de ce que peuvent supporter des enfants lorsque les parents sont déséquilibrés.

Citations

Une maladie à éclipses. Une maladie à répétitions. Une maladie à surprises. Une maladie sur le nom de laquelle à l’époque, on hésitait. Une maladie qui faisait honte. Une maladie qui faisait peur.

 

Tu aimes votre appartement,…. C’est là … que tu as commencé à aimer Fanny 

 

Tant de choses comme cela que tu ignores. Que tu devines vaguement. Des choses qui sont là. Qui te frôlent, cachées dans l’ombre, mais si denses que tu en éprouves la secrète présence, comme une menace.

 

Elle n’est pas comme les autres. Elle détonne parmi les fidèles, ces gens tranquilles, sans éclat, ces gens qu’on ne remarque pas, qu’on ne voit pas….. Elle crie au milieu des muets. Elle danse parmi les gisants.

 

Et celle-là, tu la hais, de toutes tes forces.
La bête mauvaise, c’était elle. Depuis le premier jour.

On en parle

La femme de l’Allemand – Marie SIZUN link

 Traduit de l’anglais ( États Unis ) par Cécile Arnaud.
3
Récit des purges staliniennes de 1934 à 1937. Le personnage principal, Ossip Mandelstam est arrêté pour avoir écrit un pamphlet contre Staline sous forme d’une ode. Le récit suit plusieurs personnages qui ont, pour leur malheur, croisé ou partagé la vie du poète .C’est un livre éprouvant comme souvent les livres décrivant cette époque, la réalité est sans doute pire que le roman. C’est mieux d’avoir un bon moral avant de se plonger dans cette lecture. Je préfère toujours les témoignages, ou les études historiques à la création romanesque sur des sujets si sensibles et pour lesquels ils existent encore des témoins vivants.

Citation

 Étrange prière prononcée par la femme du poète avant de se rendre à une convocation à la Loubianka.
Notre père qui êtes aux cieux
S’il a encore une muse et une érection
Faites que le soleil oublie tout simplement
De se lever demain matin
Amen

5
Je ne passe pas ma vie à lire des livres. J’en lis aussi à mes petits enfants. Celui-là connaît un grand succès. Aucune parole n’accompagne les dessins , pourtant l’histoire est très facile à comprendre. Tout le charme du livre provient des petits détails qui ne se découvrent que peu à peu, il est rare de tous les voir à la première lecture. Finalement, le gâteau sera repris aux méchants rats, seuls les gentils auront le droit de le goûter… Et le petit canard retrouve sa maman…

3
Contrairement à Marie-Aude Murail, je ne suis pas une grande lectrice de Dickens, j’avais lu un article élogieux sur cette biographie. Je l’ai lue avec grand intérêt. Il s’agit d’un livre pour la jeunesse , il se lit donc très vite . Il a le grand avantage de donner envie de relire Dickens. Je savais que cet auteur avait puisé son œuvre dans ce qu’il avait vécu. On sent dans ce livre l’angoisse de Charles Dickens à l’idée de connaître à nouveau la misère de son enfance. Toute sa vie, il s’intéressera à la grande pauvreté à Londres et cherchera à aider les autres, la clé de son oeuvre est peut être dans le sous-titre de cet ouvrage « Ouvrier à douze ans, célèbre à vingt-quatre ».

Citations

 On envoie parfois Charles chez « mon oncle » parent peu recommandable comme l’est « ma tante » en France

 

Il vient d’être arrêté. John Dickens doit la somme considérable de quarante livres au boulanger. Il a été emmené dans la maison de détention provisoire qu’on appelle la « presse-éponge » … avant d’être incarcéré à la Maréchaussée, la prison pour dettes.

 

Urania Cottage n’est pas la seule entreprise philanthropique à laquelle Charles se consacre.

On en parle

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4
Impression étrange, la première partie du roman a très peu d’intérêt, un homme se fait plaquer par son amie beaucoup plus jeune. Il est russe et repart à Saint-Pétersbourg au milieu de la Russie moderne, là il rencontre un vieil homme, Volski, qui lui raconte son passé d’homme russe : le blocus de Leningrad, la guerre, le goulag, la mort de sa compagne dans un camp, son travail auprès des enfants handicapés. Makine le raconte très bien, le roman prend alors tout son intérêt. J’ai pensé à la citation de Tchékhov que Makine cite plusieurs fois :

« Il nous encourageait à couper le début et la fin de nos nouvelles. Je ne sais pas si le remède du docteur Tchékhov peut guérir un roman. En tout cas, mon héroïne vit dans la partie qu’il conseillait de couper ».

Je me demande si l’écrivain avait besoin de nous faire passer par les petitesses de notre monde actuel pour nous intéresser à la grandeur du tragique destin de Volski.

Citations

Un jeune russe dans l’édition. Alors j’ai voulu me payer sa tête, j’ai cité Marx « le seul critère de la vérité est le résultat pratique » et dans l’édition, le résultat c’est le nombre de ventes, n’est ce pas ? Si des livres de merde se vendent, c’est qu’on en a besoin.

On en parle

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3
Ce roman se lit très vite en quelques heures, cela ne l’empêche pas d’être une bonne approche du problème des SDF et de comprendre le parcours des jeunes qui se retrouvent à la rue. Il est écrit sans complaisance. On peut l’offrir à des ados parce que le personnage principal est une adolescente, cela leur permettra de réfléchir à ce qu’on peut, ou ne pas, faire pour des SDF On y trouve tous les thèmes qui hantent les adolescents, la mort, le lycée, l’alcool, la dépression.

L’histoire : une jeune ado surdouée et malheureuse décide de sauver une SDF et elle y réussit presque, mais on voit à quel point c’est difficile pour tout le monde, pour la jeune SDF et pour ceux qui essaient de sauver et de sortir « no » (Nolwenn) de la rue.

Citations

Noël est un mensonge qui réunit les familles autour d’un arbre mort recouvert de lumières, un mensonge tissé de conversations insipides, enfoui sous des kilos de crème au beurre, un mensonge auquel personne ne croit.

Certains secrets sont comme des fossiles et la pierre est devenue trop lourde pour la retourner.

On en parle

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Traduit du hongrois par Marcelle Régnier et Georges Régnier.

3
Les Braises est considéré comme un chef-d’œuvre par de nombreux lecteurs et critiques. J’avais déjà lu Métamorphose d’un mariage du même auteur sans beaucoup apprécier, tout le monde m’a dit qu’il fallait lire les Braises. C’est fait, je sais de façon définitive que cet auteur n’est pas pour moi. J’ai retrouvé la même lourdeur et lenteur. Il s’agit d’un long monologue puis dialogue autour d’une trahison et du désir de vengeance. Tout y est très finement analysé.

On a l’impression d’un arrêt sur image de 200 pages. Les films d’Ingmar Bergman à côté c’est Speedy Gonzales !

Citations

 « Je veux être poète ! » dit il un jour en contemplant la mer, le regard rêveur sous les paupières mi-closes, tandis que ses boucles blondes ondoyaient dans le vent chaud. La nourrice l’entoura de ses bras et pressa sa tête contre son sein.

 » Non, tu seras soldat.  » dit-elle.

« Comme mon père ? » questionna-t-il et, déçu, il secoua la tête.

Il doit être atroce le moment où la tentation subjugue un cœur humain et où un homme lève son arme pour tuer son ami.

On en parle

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3
Une chaussure sur un toit permet à l’écrivain d’écrire dix nouvelles. Certaines sont vraiment bien imaginées et les portraits de nos contemporains sont parfois savoureux , mais l’ensemble est inégal. On se demande comment dans chaque nouvelle, l’auteur va réussir à nous parler de « la chaussure ». Ça fait un peu exercice de style mais c’est amusant, comme l’est l’émission « les papous dans la tête » le dimanche sur France-Culture, émission à laquelle ce livre m’a fait penser (Merci Fanny de me l’avoir prêté).

Citations

J’ai poussé un soupir en pensant à la tête de mon patron, demain : je suis fatigué mais c’est parce que ma fille a vu un ange cette nuit, vous comprenez ? Ça n’arrive pas tous les jours .

 

Le présentateur de télévision :
– Je songeais à publier un recueil de mes opinions sur la littérature mondiale. Je connaissais Gérard Depardieu. Je laissais planer avec délices toutes les rumeurs possibles concernant ma véritable sexualité. J’hésitais à acheter un chat. Je possédais trois paires de mocassins John Lobb et j’avais annoncé la mort officielle de la littérature postmoderne.

 

La vieille dame qui téléphone quatre fois par jour aux pompiers pour faire enlever la chaussure :
– Et bien moi, figure-toi, ça m’a exaspérée, ce sermon. Si les pompiers refusent d’aider les vieilles dames, qui le fera, hein ? Les marchands de saucisses, les agents immobiliers ?

On en parle

Tous ne sont pas aussi élogieux : link.

Traduit de l’anglais par Pierre Ménard.

4
Petit livre d’humour, typiquement britannique. Et si la reine d’Angleterre se mettait à aimer lire ? Elle découvre la lecture grâce au bibliobus et délaisse ses devoirs royaux pour sa nouvelle passion : la lecture. Au-delà de l’humour, l’auteur raconte très bien le plaisir de la lecture, et les obligations de la reine d’Angleterre , l’auteur se moque si bien des Anglais ! Les questions rituelles de la reine à ses sujets, lors des rencontres officielles, sont très drôles.

J’ai beaucoup ri à la lecture de ce roman et j’ai regretté de ne pas pouvoir le lire en anglais. Petit bémol : je l’ai prêté à ma fille qui ne l’a pas trouvé aussi amusant que moi, elle n’arrivait pas à le terminer tellement elle s’ennuyait, comme quoi !

Citations

Lorsqu’on a quatre-vingts ans, les événements ne se produisent plus : ils se reproduisent.

 

Cet attrait pour la lecture, songeait-elle, tenait au caractère altier et presque indifférent de la littérature. Les livres ne se souciaient pas de leurs lecteurs, ni même de savoir s’ils étaient lus. Tout le monde était égal devant eux, y compris elle. La littérature est une communauté, les lettres sont une république… …Les livres ne varient pas. Tous les lecteurs sont égaux… …La lecture… Il y avait en elle quelque chose d’anonyme, de partagé, de commun… …Elle pouvait parcourir toutes ces pages, l’espace contenu entre les couvertures de tous ces livres, sans qu’on la reconnaisse

En parlant de Proust

Le pauvre homme souffrait le martyre en raison de son asthme et faisait partie de ces gens qui auraient parfois besoin de se secouer un peu. Mais la littérature n’est pas avare en individus de ce genre. Le plus curieux, en ce qui le concerne, c’est que lorsqu’il trempait un gâteau dans sa tasse de thé (pratique par ailleurs répugnante) toute sa vie passée remontait à sa mémoire. Je dois avouer que j’ai testé sa méthode sans l’ombre d’un résultat.

On en parle

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3
J’avais lu ce roman, il y a deux ans je crois. Et je l’avais apprécié. Je l’ai relu en ayant en tête toutes les critiques, plutôt négatives, que j’ai entendues depuis. Je suis toujours sensible à la rencontre de Renée la concierge et de Paloma la jeune fille de 13 ans suicidaire. Et le romanesque l’emporte sur les défauts. Il est vrai que les personnages sont caricaturaux, il est vrai qu’on y trouve tous les clichés sur les « bobos », il est vrai que les qualités n’existent que chez les pauvres et un richissime japonais et que le tout est parsemé de concepts philosophiques qui ne rajoutent pas grand chose au roman.

Malgré tout cela, j’ai passé un bon moment de lecture. Le seul grief, pour moi, c’est d’avoir cédé à la mode actuel du héros surdoué. C’est très agaçant comme s’il ne suffisait pas d’avoir une intelligence normale pour être sensible à l’amour, à l’art et comprendre ses semblables.

Citations

Madame Michel, elle a l’élégance du hérisson : à l’extérieur, elle est bardée de piquants, une vraie forteresse, mais j’ai l’impression qu’à l’intérieur, elle est aussi simplement raffinée que les hérissons, qui sont des petites bêtes faussement indolentes, farouchement solitaires et terriblement élégantes.

 

Les enfants aident à différer la douloureuse tâche de se faire face à soi même et les petits-enfants y pourvoient ensuite.