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Traduit du suédois par Caroline Berg

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Je le dis tout de suite à la petite Souris Jaune (voire le lien à la fin de l’article) dont j’apprécie beaucoup les critiques d’habitude, je suis comme Clara ( idem pour le lien) j’ai adoré. J’ai ri, et puis, ça m’a fait un bien fou de revisiter certains drames de notre histoire à travers les aventures si peu probables d’un génie suédois de l’explosif en tout genre (tiens tiens, Monsieur Nobel … serait-ce une tradition dans votre froid pays !).

On ne s’ennuie jamais dans cette aventure, on suit avec plaisir la fuite des bras « pas si cassés » que ça, de la bande du centenaire qui arriveront à se défaire et des malfrats et de la police, tout en conservant un énorme magot permettant à tout ce petit monde de finir leurs jours sous le chaud soleil de Bali. Auparavant, nous connaîtrons les cent ans d’une vie agitée, où toutes les crapules (Staline, Mao, Johnson, Kim Il-sun…) ayant bien contribués au malheur de l’humanité auront eu affaire à Allan Karlson qui veut bien discuter de tout sauf de politique car il n’y connaît rien.

Le moment où en Iran il se retrouve avec un pasteur britannique qui essaie de convertir les Iraniens à l’anglicanisme m’a fait mourir de rire. Je te l’accorde Petite Souris Jaune, ce n’est pas un humour très fin, et toi qui aimes les belles enquêtes policières tu as dû être déçu par le peu de perspicacité du policier suédois de base. Comme moi je m’ennuie à la lecture des polars , la caricature de la logique de l’enquête policière m’a bien fait rire.

Je devais être dans de bonnes dispositions, mais je persiste à recommander ce roman à tous ceux et toutes celles qui veulent s’amuser sans prétention et allez, je le reconnais à ceux et celles qui aiment le rire un peu gras, la bière et l’alcool fort !

Citations

Il fuyait sa propre fête d’anniversaire, et c’est aussi une chose qu’on fait rarement à cet âge-là, principalement parce qu’il n’est pas fréquent d’arriver jusque là.

 

Le centenaire se mit en route sur ses chausson-pisse (on les appelle comme ça parce que les hommes d’un certain âge ont du mal à faire pipi plus loin que les bouts de leurs chaussons).

 

Il avait travaillé comme commis dans une ferme battu quotidiennement par son père qui le considérait comme un bon à rien. L’année des ses vingt-cinq ans, un cancer emporta sa mère, ce qui lui fit de la peine. Peu après, son père se noya dans l’étang en essayant de sauver une génisse. L’événement affecta Julius car il aimait bien la génisse.

 

Alan trouvait incompréhensible que les gens aient eu envie de s’entretuer au XVIIe siècle. S’ils avaient patienté un peu, ils seraient morts de toute manière.

 

Trois heures plus tard, les deux hommes se donnaient du Harry et du Allan, ce qui en dit long sur ce que deux bouteilles d’alcool sont capables de faire pour le rapprochement entre les peuples.

 

On peut dire ce qu’on veut de la cuisine française, mais une chose est sûre : on a beau vider son assiette, on n’est pas rassasié.

 

La première décision prise par Gorbatchev, le petit jeune qui avait pris la barre, avait été de lancer une campagne contre la consommation excessive de vodka dans le pays. Ce n’était pas comme ça qu’on séduisait les masses, n’importe quel imbécile était capable de le comprendre.

 

Il fut accueilli par sœur Alice, qui avec un sourire aimable lui fit perdre toute sa joie de vivre en quelques minutes simplement en lui faisant part du règlement intérieur : interdiction de fumer, interdiction de boire de l’alcool et interdiction de regarder la télévision après 23 heures. Elle précisa que le petit déjeuner était servi à 6h45 en semaine et une heure plus tard les jours fériés. Le déjeuner à 11h15, le goûter à 15h15 et le dîner à 18h15. Tout pensionnaire arrivant après ces heures s’exposait à être privé de repas.

-Est- ce qu’on peut aller chier quand on veut ? demanda Allan

On en parle

négatif  : La souris jaune, positif  : Clara et les mots

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Je conseille ce livre à tous les parents et grand parents d’enfants entre 4 et 8 ans. Je ne l’ai pas encore testé avec mes petits fils, dès que j’aurai leur opinion je la mettrai sur mon blog. En attendant je dois dire que je me suis régalée à la fois grâce au dessin, délicieusement rétro , un peu naïf, et aussi grâce au texte qui n’a presque pas vieilli.

Citation

Moi, si j’étais grand, je serai complètement différent, et je serais toujours content. Pour commencer, je serais content de pouvoir faire tout ce que je veux…

J’attraperais les mouches à la main. À condition, bien sur, d’avoir pris des cours d’attrape-mouches.

On en parle

Tu l’as lu (tucru)

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Cela devrait être facile d’écrire sur ce livre que j’ai adoré. Mais voilà, j’ai été si émue que j’ai peur de rater mon billet, d’être trop dans l’émotion et de ne pas savoir faire partager mon plaisir de lecture. C’est la première fois qu’un livre me fait pleurer ? Rire toute seule en lisant un livre, ça m’arrive souvent, pleurer jamais.

À l’évocation de la mort de sa grand-mère mes larmes sont sorties sans que je puisse les arrêter. Evidemment d’autres morts en sont la cause ! Assez parlé de moi, revenons donc à David Foenkinos, j’avais adoré La délicatesse, pour son humour et son style. On retrouve ces deux qualités dans les souvenirs.La scène où le narrateur se décide à présenter sa compagne pour annoncer le mariage à ses parents alors que ceux-ci sont persuadés qu’ils viennent parce que leur fils a enfin compris qu’ils allaient divorcer est d’un tragi comique irrésistible. Les petites remarques rapides comme par exemple, le nom donné aux cliniques où l’on soigne les dépressifs, Camille Claudel et Van Gogh qui ne sont quand même pas des modèles d’équilibre mental m’ont fait sourire. Les souvenirs qu’il invente aux personnages, célèbres ou non, qu’il fait vivre dans son roman, m’ont également beaucoup amusée.

Mais pour moi, l’essentiel du roman, c’est la réflexion sur le vieillissement, et l’amour du narrateur pour ses grand parents. Sa grand-mère ne se sent pas bien en maison de retraite, elle est très émouvante et on comprend sa fugue vers son enfance, vers cette petite fille qu’elle a été et qui à cause de la faillite financière de ses parents a quitté l’école en CE2. Elle m’a bouleversée et il faut un vrai talent d’écrivain pour faire partager la force de ses émotions. Ses relations avec ses parents évoluent au fil des pages, et gagne en profondeur par contre je n’ai pas bien compris pourquoi son couple ne résiste pas à l’usure du temps.

Un beau livre qui permet de réfléchir en souriant aux liens familiaux.

Citations

On cherche toujours des raisons à l’étroitesse affective de nos parents. On cherche toujours des raisons au manque d’amour qui nous ronge. Parfois il n’y a simplement rien dire.

Il y avait aussi un tableau avec une vache. Le tableau devait être un pensionnaire et on l’exposait pour lui faire plaisir. Après renseignement, non, personne ne savait qui avait peint cette horreur, ni pourquoi elle était pendue là. On ne souciait pas de l’esthétique. Mon dégoût pour ce tableau allait pourtant provoquer chez moi une étrange réaction : à chacune de mes visites, je ne pourrai faire autrement que de m’arrêter devant pour le contempler. Cette vache faisait maintenant partie de ma vie. Elle serait pour toujours le symbole de la laideur. Ce n’est pas rien d’avoir ainsi un accès à la laideur, comme point de mire à l’horizon vers lequel il ne faut surtout pas aller. Cette vache là je passerai ma vie à la fuir.

 

La vie avançait pour les autres, me laissant toujours sur le côté, et je demeurais bloqué dans l’âge des choses immobiles. Ma vie sexuelle ressemblait à un film suédois. Parfois même sans les sous-titres.

 

Que veulent les vieux ? Ils s’isolent lentement, sur ce chemin qui les conduit à la blancheur. Tout ce qui fait la matière des conversations disparaît. Et on est là, comme des veilleurs de chagrin.

 

J’ai souvent entendu dire qu’un véritable ami c’est quelqu’un qu’on peut appeler en pleine nuit quand on se retrouve avec un cadavre sur les bras. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours aimé cette idée. Il y a des gens qui passent leur temps à se demander ce qu’ils feraient s’ils gagnaient au Loto, moi je me demande qui j’appellerai le jour ou je devrai me débarrasser d’un corps (car il est très peu probable que je gagne un jour au Loto) je parcours la liste de mes amis, et j’hésite. Je pèse le pour et le contre d’une lâcheté éventuelle. Et puis, je me rends compte que le choix est plus complexe que prévu : aimer un ami. C’est aussi éviter de l’impliquer dans une histoire aussi sordide que risquée.

 

Mon père a trouvé une place de stationnement rapidement, et comme toujours cela le mit en joie. Je pense qu’on pourrait positionner le fait de se garer facilement dans le trio de son panthéon du bonheur. Quelque part, c’est si symbolique : mon père a toujours voulu avoir une vie rangée. Je critique cet enthousiasme de la place de parking, mais après tout chacun fait comme il peut pour se réjouir.

On en parle

 Minou a lu

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Jamais plus je ne regarderai les familles nombreuses à la sortie de la messe de Saint-Lunaire ou de Saint-Enogat, sans penser à ce livre. J’ai toujours eu beaucoup de compassion pour les fratries de 6 ou 7 enfants, tous coiffés de la même façon, cheveux courts pour les garçons, carré retenu par un serre-tête écossais pour les filles (la variante avec la barrette est aussi acceptable). Je sais par expérience que la vie dans ces familles n’est pas aussi rose que les gilets ras du cou de la dite couleur le laisseraient croire…

Quand en plus, la mère en veut à la société, à sa famille, à son conjoint, à ses enfants, de ne pas mener la vie digne de son « rang », alors ce qui était une difficulté de vivre devient un enfer. Au-delà de cet enfer, provoqué par la personnalité des parents, l’auteur décrit parfaitement bien la difficulté des rapports entre enfants et parents dans ce genre de famille.

J’avais déjà beaucoup aimé Priez pour nous, qui est son premier cri de désespoir adressé à ses parents. Lionel Duroy est plus complet dans ce livre autobiographique. Comme il commence au début de la rencontre de ses parents en 1944 et termine dans les années 2000, nous voyons toute notre époque se dérouler, avec ses violences et ses évolutions.

On voit aussi l’auteur prit dans des amours difficiles, il faut dire que, s’il sait critiquer les autres, il ne s’épargne pas non plus. Le moment où sa jeune compagne doit avorter seule et son manque de compréhension à ce moment là est d’une tristesse incommensurable. Toute ma jeunesse et ma vie d’adulte repassent devant mes yeux, et souvent un trait de caractère, une tristesse, un sourire, un souvenir me revient comme une fulgurance.

Etant donné le succès de cet auteur, il doit correspondre à plusieurs formes de sensibilité. J’ai beaucoup apprécié, également, la façon dont il décrit sa nécessité d’écrire, on le sent dans un état d’urgence et parfois même de survie. Il fait partie des enfants mal-aimés qui, sans l’écriture, auraient encore, tellement plus mal vécu. Il a le talent de savoir l’écrire, d’aller au-delà de sa souffrance personnelle et de s’adresser à chacun d’entre nous.

Citations

Ils ne s’autorisent que la méthode du docteur Kyusagu Ogino, qui consiste, pour la femme, à déterminer ses périodes de fécondité à l’aide d’un simple thermomètre, parce que cette technique a reçu l’onction de Rome.

 

Tant d’années après, je me dis que c’est ce soir-là qu’elle nous a fait le plus de mal, et par notre faute, parce qu’aucun d’entre nous trois, les garçons, n’a trouvé la force de la rappeler pour lui balancer en plaine figure ces mots que je me répète silencieusement, certaines nuits, aujourd’hui encore, et alors que notre mère est morte depuis longtemps : « maman, tu pourrais au moins nous remercier. On n’est pas des chiens. »

 

Comme si elle n’avait trouvé aucun moyen d’échapper à son personnage d’emmerdeuse – ni la force ni l’imagination-, et je me dis aujourd’hui qu’en cédant à ses caprices, à sa bêtise affichée (revendiquée, allais-je écrire), notre père a sans doute contribué à cet enfermement.

On en parle

Un nouveau blog (pour moi) le journal de Chrys

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Traduit du danois par Hélène Hervieu et Alain Gnaedig.

4
Voici la raison de mon silence sur mon blog, je suis restée plongée (jeu de mot trop facile !) dans ce roman pendant deux semaines. J’ai trouvé ce livre dans un lieu que j’aime la « droguerie marine » à Saint-Servan (à côté de Saint-Malo) ce livre était, pour le blog de la vareuse lié à la Droguerie, leur coup cœur de l’année 2010.

L’auteur revisite la fin du 19e et la moitié 20e siècle du point de vue de la communauté des gens de la mer de Marstal. Au début, lors des temps anciens de la voile (1848), c’est un peu lent pour moi, mais peu à peu, j’ai été captivée par ce roman et j’avoue avoir très envie d’aller visiter Marstal et sa région. La dureté de la vie sur un bateau est telle, que cela forge une mentalité particulière : sans la cohésion de tous et l’acceptation d’un chef incontesté, un bateau est menacé. Autrefois la survie en mer était très problématique tant les conditions étaient dures : l’humidité, le froid, les tempêtes, le risque de se perdre. Si, de plus, le capitaine ne savait pas se faire respecter de ses hommes, alors, tout l’équipage allait à une perte certaine.

J’ai beaucoup aimé le personnage d’Albert qui croit en l’unité et dans la solidarité et qui veut appliquer ce qu’il a appris de mieux sur les bateaux à l’organisation de la communauté. J’ai aimé aussi la tragique condition des femmes qui pleurent leur père, leur mari et leurs fils… Je comprends celle qui fera tout ce qu’elle peut pour que la mer n’attire plus les garçons. L’auteur a su donner vie à une région et à un pays, c’est je crois le premier auteur danois que je lis, je suis contente d’avoir commencé par ce livre car il rend compte du fondement de leur civilisation basée avant tout sur l’amour de la mer et de la navigation.

Les rapports entres les hommes sont finement analysés, la difficulté du sentiment amoureux également. Les hommes et les femmes vivaient vraiment dans deux mondes complètement séparés, pour les uns la dureté qui commençait dès l’école (mais était tellement pire à bord des navires), et pour les autres la survie du quotidien dans l’angoisse de l’attente.

Citations

N’est-ce pas là le secret des hommes à la guerre, qu’ils pissent et chient dans leur froc comme des enfants apeurés ? Nous avions tous, un jour ou l’autre, eu peur de mourir en mer, mais personne n’avait fait dans son froc parce que la tempête arrachait les mâts et le gréement ou parce qu’une simple vague brisait le bastingage et balayait le pont.
C’était ça la différence. La mer respectait notre virilité. Pas les canons.

 

Personne ne respecte le faible qui implore

 

Le destin qui nous attendait, c’étaient les coups et la mort par noyade, et pourtant on avait qu’un désir : prendre la mer.

 

Il voudrait être grand tout de suite. Il a l’intuition que l’enfance est un état qui n’est pas naturel et qu’à l’intérieur de lui-même se cache un être beaucoup plus grand qu’il empêche d’exister et qui surgira de autre côté de horizon.

 

Albert croyait au progrès. Il croyait aussi au sentiment d’honneur chez les marins. C’était sur lui que se fondait l’unité ? Sur un bateau, le manquement d’un seul pouvait être lourd de conséquence pour tous. Un marin s’en rendait vite compte. Le prêtre appelait ça les valeurs morales. Albert appelait ça l’honneur. À l’église, on était responsable devant Dieu. Sur un bateau, on était responsable devant tous les autres. C’est pourquoi le bateau était un meilleur lieu d’apprentissage que l’église.

 

Lors de son dernier voyage à bord de Résolution, James Cook avait fouetté onze de ses dix-sept matelots, il avait en tout distribué deux cent seize coups. Lorsque vint le moment où il eut besoin de leur soutien, ils lui tournèrent le dos, un dos couvert de cicatrices.

 

Il ne faut pas chercher vos racines dans votre propre enfance. C’est votre enfant qui vous lie à la terre. Votre chez vous, c’était l’endroit où se trouve votre enfant.

On en parle

blog de La Vareuse

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J’avoue avoir du mal à mettre des coquillages à ce chef d’œuvre de la littérature, il faudrait que je crée une nouvelle catégorie ! Voici la raison de mon relatif silence littéraire sur mon blog : j’ai entrepris de relire très attentivement « le Voyage » comme il faut dire, pour faire bien dans les salons branchés !

J’ai mis du temps à découvrir Céline, je n’arrivais pas à passer au-delà de son antisémitisme virulent ni de ses positions pro-nazi Quand j’ai , il y a bien vingt ans, lu « le Voyage » (à mon avis le seul livre de Céline qui vaille vraiment la peine) , j’avais ressenti une très forte émotion. Un profond désespoir d’abord devant tant de misère et de petitesses humaines, j’ai cru y lire la pente naturelle pour la détestation de toute l’humanité. Et en même temps une admiration sans limite pour son style.

J’ai retrouvé intactes ces deux sentiments, mais, comme ma lecture a été plus attentive, je me suis régalée de petits moments qui semblent comme des croquis pris sur le vif des comportements humains. Si vous voulez sourire, relisez la discussion sur la constipation, c’est gratiné ! Mais il y a aussi de grands moments, par exemple, l’absurdité de la guerre 14 /18, cela n’a jamais été aussi bien racontée.

La dénonciation du colonialisme est extraordinaire, nous sommes en 1931, je pense que personne n’était aussi clairvoyant que lui à cette époque ». C’est d’autant plus étonnant que Céline n’est pas dans une position humaniste « pro-noirs », il décrit simplement la turpitude des uns et des autres. Mais on comprend que c’était impossible qu’une telle exploitation et un tel mépris des populations africaines puissent continuer éternellement.

La misère des pauvres gens du Rancy est terrible également, j’avoue que je trouve un peu long la fin du roman et je supprimerais bien le passage dans la clinique psychiatrique. Au milieu des peintures de gens aigris, mauvais, calculateurs, intéressés, cruels vis des faibles, sentant mauvais, pervers … et j’en passe, deux beaux portraits d’être sensibles : Aristide qui laisse sa santé en Afrique pour offrir à une petite nièce une éducation convenable et Molly la prostituée intelligente et sensible que Ferdinand n’a pas eu le courage d’aimer.

Bref un roman qu’il faut lire et relire, et je ne comprends toujours pas pourquoi cet homme si génial est devenu antisémite, raciste et pro-nazi.

Alors voilà, on peut détester un homme et qu’il soit un très grand écrivain, même si, pour moi, il n’est l’écrivain que d’un livre. Je vais mettre beaucoup de citations certaines sont dans ma tête pour toute la vie, d’autres me font sourire où me rendent triste c’est selon. Dans tous les cas, il a un art de dire les choses qui , souvent, fait mouche. Ma préférée à cette relecture :  » Les femmes des riches, bien nourries, bien menties, bien reposées, elles deviennent jolies. Ça c’est vrai. Après tout ça suffit peut-être. On ne sait pas. Ça serait au moins une raison pour exister. »

(Je comprends bien le plaisir de Fabrice Lucchini à dire du Céline )

 Citations

C’est peut-être ça qu’on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir.

 

L’amour c’est l’infini mis à la portée des caniches

 

Moi d’abord la campagne, faut que je le dise tout de suite, j’ai jamais pu la sentir, je l’ai toujours trouvée triste, avec ses bourbiers qui n’en finissent pas, ses maisons où les gens n’y sont jamais et ses chemins qui mènent nulle part. Mais quand on y ajoute la guerre, c’est à ne pas y tenir.

 

Dans ce métier d’être tué, faut pas être difficile, faut faire comme-si la vie continuait, c’est ça le plus dur, ce mensonge.

 

En transe de bêtise inquiète qu’elle était. Ça dure longtemps ces états là.

 

Un cerveau c’est un tyran comme y a pas.

 

Ce n’est pas qu’elle fût laide Madame Puta, non, elle aurait même pu être assez jolie, comme tant d’autres, seulement elle était si prudente, si méfiante, qu’elle s’arrêtait au bord de la beauté, comme au bord de la vie, avec ses cheveux un peu trop peignés , un sourire un peu trop facile et soudain, des gestes un peu trop rapides ou un peu trop furtifs

 

 
Il y a un moment où on est tout seul quand on est arrivé au bout de tout ce qui peut vous arriver. C’est le bout du monde. Le chagrin lui-même, le vôtre, ne vous répond plus rien et il faut revenir en arrière alors parmi les hommes, n’importe lesquels. On n’est pas difficile dans ces moments là car même pour pleurer il faut retourner là où tout recommence, il faut revenir avec eux.

 

On n’est jamais mécontent qu’un adulte s’en aille, ça fait toujours une vache de moins sur terre, qu’on se dit, tandis que pour un enfant, c’est tout de même moins sûr. Il y a l’avenir.

 

Ne croyez jamais d’emblée au malheur des hommes. Demandez-leur seulement s’ils peuvent dormir encore…si oui, tout va bien. Ça suffit.

 

Je ne connaissais que des pauvres, c’est-à-dire des gens dont la mort n’intéresse personne.

 

Nous voguions vers l’Afrique, la vraie, la grande ; celle des insondables forêts, des miasmes délétères, des solitudes inviolées, vers les grands tyrans nègres vautrés aux croisements des fleuves qui n’en finissent plus.

 

Par exemple à présent c’est facile de nous raconter des choses à propos de Jésus-Christ. Est-ce Qu’il allait aux cabinets devant tout le monde Jésus-Christ. J’ai l’idée que ça n’aurait pas duré longtemps son truc s’il avait fait caca en public. Très peu de présence tout est là, surtout pour l’amour.

 

Pour les ravigoter, on les remonte les riches, à chaque dix ans, d’un cran dans la légion d’Honneur, comme un vieux nichon et les voilà occupés pour dix ans encore.

 

Le voyage c’est la recherche de ce rien du tout, de ce petit vertige pour couillons.

 

La vie c’est un petit bout de lumière qui finit dans la nuit.

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Traduit de l’anglais britannique par Nelly PERONNY.

4
Excellent roman, on est bien avec Jack et Sally autant quand ils se disputent que lorsqu’ils s’entendent bien. Ce roman nous fait rire, sourire et nous émeut souvent. Je pense que ceux qui peuvent lire en anglais ont beaucoup de chance car ils doivent être, plus que nous, sensibles aux maladresses de langue. La traductrice essaie de nous en donner un peu l’idée mais c’est toujours compliqué ce genre de jeux de mots, évidemment !

Donc voilà, Jack veut devenir Anglais, mais alors un Anglais pur jus ! Il a quelques handicaps, il est juif d’origine allemande, il s’appelle Rosenblum, quand il est vraiment en colère les jurons sortent en allemand, sa femme Sadie adore parler allemand et surtout cuisine parfaitement des spécialités qui lui viennent de sa mère et grand-mère et qui n’ont rien à voir (heureusement !) avec la cuisine britannique. Le pire de tout : il n’est pas admis dans les clubs de golf où les juifs ne sont pas les bienvenus. C’est oublié que Jack ne s’arrête jamais à des détails d’aussi piètre importance, puisqu’on ne l’admet pas sur les terrains de golf, il construira le sien.

J’ai tout aimé dans de livre, l’évocation de la campagne anglaise, la peinture des habitants du Dorset, les animaux dont-il faut avoir peur (le cochon laineux par exemple !), et par-dessus tout la façon dont l’auteur rend compte des difficultés d’assimilation de la première génération d’immigrés. Sadie ne peut pas oublier les siens emportés par la Shoa mais grâce à ses talents de cuisinière le village finira par l’adopter, elle et sa mémoire à jamais meurtrie. Jack veut devenir plus Anglais que n’importe quel Anglais il rédige un code de 151 règles. Finalement, il forcera, grâce à son courage -celui de creuser seul la terre du Dorset pendant un mois- l’admiration des villageois et lui permettra de devenir un des leurs.

J’aime que l’antisémitisme anglais soit épinglé sans que cela devienne lourd ni tragique, je trouve que c’est encore plus efficace : le fameux humour britannique ! Lisez le passage où Jack vend sa maison de Londres sans avertir sa femme pour réaliser son rêve, c’est savoureux.

 

Citations

 

Si vous ne pouviez pas traire la vache du voisin, il vous suffira de posséder une vache. Aucun club de golf ne voulait de lui, il n’aurait qu’à construire le sien.

 

Cette boîte contenait tout ce qui lui restait de l’avant : une demi-douzaine de photographies…un vieux livre de prières … ainsi que le livre de recettes de sa mère et une serviette en lin blanc pliée avec soin.

 

« Sadie tâche donc d’être heureuse. »

Il n’avait pas compris. Malgré les années, il n’avait toujours pas compris. « Je ne veux pas être heureuse »

 

« Mein Gott ! Constamment de bonne humeur ! Ce n’est pas normal. Tu ne pourrais être un peu malheureux, une fois de temps en temps ? Nous aurions peut-être enfin des choses à nous dire après tant d’années !

– La colère affleurait dans sa voix, à l’immense satisfaction de Sadie ? Enfin elle le tenait. « Tu es comme un rayon de soleil à un enterrement. »

Jack eu un petit rire nerveux. « Et alors, où est le mal ? »

– Tout le monde veut du beau temps pour un mariage, mais, pour un enterrement, le ciel devrait au moins la décence de se couvrir. Juste par respect. »

Jack finit son pain, décocha un regard las à sa femme et sortit de la cuisine »

 

Sadie lut la recette à voix haute : « Mélangez les œufs, la bonne dose de sucre, de la farine en quantité suffisante et juste ce qu’il faut de vanille »

 

Voyez, voyez ! C’est pour cette raison que l’Angleterre est un grand pays. Dieu vous a donné les meilleures terres de golf au monde. C’est la providence. »

 

On en parle

Chez la souris jaune , je sais où elle a trouvé ce roman !

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Livre à recommander pour tous ceux qui, comme moi, se demandent comment l’auteur du chef d’œuvre Le Voyage au bout de la nuit, a pu être « antisémite militant ». David Alliot ne cherche pas à excuser Céline, tout l’accable : il publie en 1941, Beaux draps troisième pamphlet antisémite alors que les mesures de Vichy sont déjà en vigueur. Il réclame haut et fort, lors de l’exposition antisémite organisée par Vichy que ses deux précédents pamphlets rédigés avant l’occupation allemande, Bagatelle pour un massacre et L’école des cadavres fassent partie de la dite exposition.

La façon dont il s’est opposé à Robert Desnos, décriant son physique et faisant croire qu’il était juif, est absolument dégoutante, mais pour autant il n’est responsable ni de son arrestation ni de sa mort. La seule chose qui nuance le tableau peu ragoutant du personnage, c’est qu’il détestait autant Pétain que les juifs. Il n’a pas franchement collaboré avec les Allemands qui le trouvaient un peu outrancier ! ! !

En analysant un à un les principaux reproches que l’on fait à Céline, David Alliot permet au lecteur de se faire une opinion plus exacte. C’est aussi toute une période qu’on voit revivre et évidemment la vérité n’est pas que d’un côté. Le recul historique fait du bien, car on a le droit, aujourd’hui, de ne plus admirer Jean Paul Sartre pour ses qualités de résistant et que reste-t-il de son œuvre romanesque ?

J’ai été également très intéressée par son parcours en tant que médecin, on le présente souvent comme quelqu’un de désintéressé et altruiste, enfin un côté sympathique !

Un petit bémol, il a fait des études de médecine « allégées » parce qu’il revenait des tranchées, il n’était pas un très bon médecin, et s’il aimait mieux les pauvres, c’est qu’il pouvait les dominer. David Alliot qui connaît bien son Céline, place Mort à Crédit au dessus du Voyage. Il en explique la raison : le style célinien est plus abouti. Or, pour moi Céline restera l’auteur du Voyage, cela veut dire sans doute qu’il me reste des œuvres à découvrir, et cette idée me fait bien plaisir. Enfin, David Alliot souligne le rôle positif de Luccini à propos du regain d’intérêt pour Céline, je suis bien d’accord avec lui (Merci Mathieu de m’avoir offert ce livre pour mon anniversaire).

Citations

 Dans ce pamphlet, tout y passe, et Céline aligne tous les poncifs de son époque. Si l’antisémitisme n’est pas une rareté dans la société de son temps, il est le seul écrivain d’envergure à avoir mis son talent au service d’une cause aussi contestable.

 Quand parait « Mort à crédit » en 1936, l’évolution stylistique est importante. Encore classique dans « Voyage au bout de la nuit », la structure du roman est désormais complètement chamboulée. La grammaire et la syntaxe volent en éclat pour mettre en valeur le « rendu émotif ».

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 Traduit de l’anglais par François Dupuigrenet Desroussilles.

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Cadeau de ma voisine qui a un petit côté dame anglaise raffinée qui lui va si bien. Merci, Marie-Agnès : grâce à toi mon insomnie de pré concert (oui, il m’arrive de chanter et ça me donne toujours une de ses trouilles !) s’est merveilleusement transformée en une balade dans un jardin italien et les cœurs de ses dames « so british ».

Il y a un petit côté agaçant à suivre les pérégrinations de ces quatre femmes qui n’ont d’autres soucis que de se retrouver elle même dans un cadre enchanteur. Mais c’est très bien raconté, le côté vieille femme indigne ou femme de charité est bien analysé. Toujours à la façon anglaise sans insistance mais tellement d’humour, mine de rien ce charmant petit livre en dit beaucoup plus qu’il n’y paraît.

En le relisant plus attentivement, j’ai été étonnée de la qualité de l’analyse des rapports dans le couple. Et l’humour anglais est vraiment irrésistible par exemple le mari qui ne sait marquer son affection qu’en pinçant l’oreille de sa femme. Le soir où il déborde d’amour il lui pince les deux oreilles ! Comme Lotty, je me demande bien ce qu’il pourra bien lui pincer après !

J ‘aime beaucoup l’hystérie de la gentille Lotty, même si elle m’a un peu agacée avec son côté « tout le monde à un côté positif vous verrez la beauté du jardin italien au printemps le révèlera ». Elle est « trop » dirait-on, aujourd’hui. Si vous aimez le thé, les vieilles ladies, les beaux jardins, ce roman vous permettra de passer un très agréable moment.

Citations

 

Elle était de ces gens que nul ne remarque dans un vernissage. Ses vêtements mités de ladrerie, la rendaient presque invisible.

 

 

Dieu premier servi ! Frederick avait été comme saigné à blanc par les prières de sa femme.

 

De toute façon je suis persuadée que c’est péché de se rendre malheureuse à force de vertu. Vous avez l’air si triste que vous avez dû être bien vertueuse durant toutes ces années.

 

N’étaient-elles pas en Italie où les nuages semblent des anges potelés ?

On en parle

de façon très enthousiaste : La bibliothèque d’Allie

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Moment absolument délicieux mais ambiguë : la première année de retraite après une vie active bien remplie. L’auteur Fanny Chesnel, malgré sa petite trentaine, a su croquer ce moment si particulier. Sa jeunesse a entraîné son roman dans une histoire d’amour torride, peu crédible, qui m’a un peu gênée et puis finalement j’ai tellement bien ri que je me suis dit pourquoi pas ?

Caroline part à la retraite, avec comme cadeau de la part de ses filles, un abonnement au club du « Nouvel âge », club qui permet aux retraités de pratiquer toutes sortes d’activités. Chacune des activités est l’occasion d’un moment d’humour et de tendresse vis-à-vis des personnes oisives qui jouent à s’occuper.

La séance d’œnologie où tout le groupe finit bien éméché est très drôle, la marche où les quelques hommes comparent leur matériel High Tech m’a fait penser à mon activité du mercredi, la séance de poterie m’a fait sourire. Mais j’ai vraiment éclaté de rire quand Caroline se méprend sur le contenu de la petite boîte de bonbons à la violette. Elle envoie son trop jeune amant dans le magasin spécialisé en bonbons de qualité pour trouver les dites petites boites alors qu’il y avait stocké un paradis plus artificiel. Le quiproquo est bien raconté : la gêne du vendeur et de Julien son amant, sa propre naïveté et son obstination à bien faire !

Tout ce que l’auteur a saisi des différences de générations est amusant, comme cette jeune esthéticienne qui lors d’une séance d’épilation dit très fort dans le salon : « Je vous dégage l’anus, ou on reste sur quelque chose de plus sobre ? ». Comme l’a dit une femme du club de lecture de Dinard, c’est un roman qui vous fait éclater de rire. C’est rare, rien que pour cela lisez-le cet été et offrez-le à toutes les femmes qui partent à la retraite.

Je ne suis pas sure qu’il fasse autant rire les jeunes générations (Je parie qu’on tirera un mauvais film à la française de ce livre).

Citations

 Un bon retraité est un retraité en bonne santé. La plupart d’entre nous portent des montres High Tech- cadeau de Noël de leurs enfants en mal d’idées originales probablement – qui mesurent leur poids, leurs dépenses caloriques, leur vitesse, et qui font même GPS.

 

 À présent, je vais finir mon ouvrage et essayer de trouver ça mignon. C’est le mot que tout le monde employait d’ailleurs quand je me baladais avec les colliers de nouilles que les filles me confectionnaient. Le fait maison n’est pas noté pareil, tout est dans l’intention. Au nom de toutes les croûtes qu’elles m’ont offertes, je revendique le droit à la vengeance. Tiens, je vais de ce pas leur confectionner à chacune un joli petit paquet et hop : une coupelle apéro en terre cuite et un cendrier informe. Qu’elles s’estiment heureuses encore. Si j’étais vraiment méchante, je soudoierai Sylvianne pour qu’elle leur lègue son amphore !

On en parle

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