http://ecx.images-amazon.com/images/I/41yIK4IeBsL._SL500_AA300_.jpg

4
Merci, merci à Hèlène ce livre était dans son Tag – au passage j’aimerais que quelqu’un m’explique tous les sens de ce mot encore mystérieux pour moi- elle parlait de ce livre comme d’un petit bijou. Je suis entièrement d’accord, depuis il ne me quitte plus.

Je le lis et relis. Pourtant, d’habitude, je ne suis pas fan des nouvelles, mais ce recueil constitue un tout. On a l’impression de passer du coq à l’âne mais non, ce sont bien toutes les facettes des comportements humains qui sont réunis sans pour autant les mettre dans le lien d ‘un roman.

On rit, sourit ,on est ému. On est dans le trivial, puis dans le poétique, je me suis tout de suite sentie bien. J’ai un petit faible pour le texte qu’il a appelé « dix huit ans ». Il explique à son fils comment il a aimé sa femme, je trouve que c’est compliqué d’écrire aujourd’hui des sentiments profonds sans faire cucul :David Thomas y parvient.

J’ai aimé l’alternance homme femme et les changements de ton. Je suppose que j’arrive après tout le monde et que vous l’avez déjà lu , si ce n’est pas le cas, précipitez vous et racontez moi. J’ai beaucoup hésité à mettre des citations. J’ai eu envie de recopier une nouvelle mais c’est trahir ce recueil tant chaque texte est différent du suivant.

Citations

La colere du mec délaissé

« Conne »
Je ne vois pas ce qu’il y a de plus déprimant que de se dire qu’on a aimé une conne. Pas une idiote, hein, une conne . Une qui a une petite âme. Une qui s’la pête qui prend son joli minois pour la Joconde. Une qui prend de haut, tellement elle se sent basse d’avoir merdouillé et de s’être pris les tapis pour expliquer qu’elle ne t’aime plus et qu’elle a besoin de changer d’air.

 Leçon d’amour à son fils

« dix huit ans  »
Prends ton temps petit bonhomme, ne te précipite pas sur le bonheur, laisse-lui du champ, donne-lui le temps de t’approcher,contiens-toi, sois juste là. Offre à cette fille le temps de te rejoindre.

Une leçon de vie

Ne me retire pas l’idée, aussi incertaine soit-elle, que s’aventurer est toujours plus vivifiant que se contenir, que ce qui s’élance a plus de grâce que ce qui se ramasse. Un jour qui se lève, aussi merdique soit-il, même en novembre, même par temps de pluie, est toujours plus prometteur qu’un soir de juin qui a tout dit.

On en parle

Biblioblog.

http://ecx.images-amazon.com/images/I/41%2BTgCmz-PL._SL500_AA300_.jpg

4
Suite à une discussion avec des amis, je me suis lancée dans la littérature japonaise. Dans ma librairie préférée dont je crois, je n’ai pas encore parlé  » les nouvelles impressions » de charmantes jeunes femmes m’ont conseillé « Mitsuba » de Aki Shimazaki. Quel judicieux conseil ! D’abord, parce que cette auteure japonaise écrit en francais, on peut donc à loisir savourer la sobriété et l’efficacité de sa langue. De plus, comme elle est expatriée au Québec, elle peut mieux que d’autres, mettre en scène les différences entre la civilisation japonaise et l’occident.

Ce court roman d’un homme entièrement dévoué à son entreprise et qui va devoir sacrifier sa vie personnelle est très bien construit. Le lecteur est tenu en haleine jusqu’à la fin. Tout le Japon est dans ce texte très court : la pudeur des sentiments, le raffinement de la politesse et l’extrême violence des rigueurs du monde de l’entreprise.

J’ai vraiment bien aimé et j’ai moins ressenti l’étrange sentiment de vide que me font d’habitude les romans japonais. Je suis attirée par ses 5 romans le poids du secret, me voici donc au japon pour un moment.

Citations

L’éducation

Les gens instruits ailleurs qu’au Japon ne sont plus traités comme des Japonais . Naturellement , ils auront de la difficulté à vivre dans leur propre société à leur retour .

Les remarques de sa femme réveillent les souvenirs de mon enfance aux États-Unis… les conséquences furent sévères : de retour au Japon , j’ai eu beaucoup de difficultés à l’école surtout en mathématiques et en japonais. Alors , j’ai dû étudier avec l’aide d’un professeur privé , tous les jours après école. C’était dur. D’ailleurs, des camarades me ridiculisaient en se moquant de mon japonais mêlé de mots anglais.

Sommes nous si différents ?

Il est dommage que son supérieur n’apprécie pas l’efficacité de Nobu au travail . Il veut que Nobu se comporte comme tout le monde pour ne pas troubler le wa (harmonie) c’est ironique , car ce mot signifie aussi « Japon » . Je songe au dicton : »le clou qui dépasse se fait taper dessus ». C’est triste mais c’est une réalité qu’on ne peut ignorer dans cette société.

On en parle

Quelqu’un qui apprécie beaucoup la littérature japonaise :perdue dans les livres.

http://ecx.images-amazon.com/images/I/51KyjEYwggL._SL500_AA300_.jpg

 Coup de cœur de mon club de lecture.

4
J’imagine le plaisir que Christian Goudineau, spécialiste de l’histoire Gallo-Romaine, a éprouvé à écrire ce roman policier, délaissant pour un moment ses ouvrages scientifiques sur la même période. Il met en œuvre tout son savoir d’historien pour nous raconter une histoire. Et pour être bien sûr d’être lu jusqu’au bout il crée un roman policier gallo-romain. Il faut dire que l’époque s’y prête, et que, sans doute, la réalité dépasse dans les grandes largeurs la fiction puisque les personnages qui tirent le ficelles s’appellent Messaline, Aggripine, Caligula… on peut, donc, s’attendre à tout.

Le personnage principal, Valerius Asiaticus a existé, et, l’intrigue est plausible à défaut d’être historique. On sent tout le plaisir que prend l’auteur à faire revivre cette époque, dans tous les détails du quotidien : l’habitat, les vêtements, les déplacements, et la nourriture. Ah ! La nourriture… j’avoue que par moment, je m’ennuyais un peu à la description des repas. J’ai souri quand le personnage principal, Charmolaos , faisant relire par sa jeune nièce, Kallisto, son récit, s’entend reprocher ceci :

 Avais-je besoin de décrire tous ces repas, d’en donner la composition, sans parler de ces innombrables coupes de vin

Quel talent ! Un personnage se trouve là pour énoncer la critique que je m’apprêtais à lui faire. L’auteur a choisi de faire parler ses personnages dans la langue d’aujourd’hui, cela rend le texte léger et amusant. Comme nous sommes entre érudits, il nous arrive d’avoir des passages de culture grecque. On découvre aussi la vigueur et la diversité des villes gauloises.

Le reproche que l’on peut faire à ce roman, c’est de vouloir dire trop de choses sur cette époque, on sent parfois que l’intrigue n’est qu’un prétexte et que l’historien saisit toutes les opportunités de son récit pour nous faire partager sa passion.

Je ne suis pas sûre que les amateurs de romans policiers apprécieront cette intrigue un peu compliquée, mais les historiens ayant le sens de l’humour vont se régaler. C’est un beau voyage que je me suis offert pendant quelques jours avec des personnages qui m’ont permis de renouer avec une époque que je connaissais mal.

Citations

L’humour du philosophe

Un peu de patience, on viendrait nous désembourber, un peu de patience et l’on arriverait a une auberge épatante, un peu de patience et le temps reviendrait au calme. Prévisions qui par force, s’avérèrent exactes, le temps de la patience n’ayant jamais été précisé.

Un philosophe antique Panaitos de Rhodes, question éternelle !

L’univers dans lequel nous vivons nous échappe pour toujours. Même si nous découvrons les lois qui le régissent, nous ne pourrons jamais concevoir son origine. Si nous l’attribuons aux dieux, nous inférons que ceux-ci lui sont antérieurs. Mais l’idée d’éternité, de non-naissance est incompatible avec notre finitude de mortels, nous qui naissons et sommes voués à mourir. L’idée de cycles, qui voient l’univers se créer puis disparaître, reproduit notre propre condition , mais ne résout pas la question essentielle : comment est-il possible que quelque chose ne naisse pas ou naisse de rien ? Comment imaginer le rien ? Comment imaginer l’absence de temps

Le bon goût

L’aspect « décor peint » qui prévalait à l’extérieur devait flatter le gout gaulois, peut-être même le cote  » nouveau riches » auquel Critias avait fait plusieurs fois allusion.

Les repas

On nous servit un vin plein de vigueur. Chairs succulentes, sauces …qui changeaient de ce garum qui passe pour le nec plus ultra mais auquel mon palais répugne. Pas de livèche, des champignons et une énorme platée de choux et de raves. Des coupelles de confitures douces ou aigrelettes pour rectifier l’assaisonnement.

On en parle

Un historien qui n’a pas trop apprécié le roman policier et enfin « un » blogueur dans ce monde si féminin D’une berge à l’autre

http://ecx.images-amazon.com/images/I/51aoEHwL7lL._SL500_AA300_.jpg

5
Quel diable d’homme ce Bill Bryson ! Il a réussi à me passionner pendant 579 pages pour des questions scientifiques qui en règle générale m’ennuient, car je n’y comprends rien. Je ne sais pas si je suis plus savante aujourd’hui , j’ai en tête quelques idées sur la formation de la terre, l’importance du soleil de la lune et du noyau de la terre. Je suis stupéfaite de tout ce qu’on sait sur des organismes si petits que je n’arrive pas à les imaginer.

J’ai été très amusée par toutes les querelles d’écoles des différents scientifiques, Bill Bryson raconte tout cela avec son humour si particulier . Cette façon irrespectueuse et drôle de raconter les débats les plus sérieux qui ont agité l’homme depuis qu’il a voulu comprendre la vie sur terre est pour beaucoup dans mon plaisir à lire ce roman.

Je sais que ce livre plaira à toutes celles et tous ceux qui comme moi sont curieux des questions scientifiques mais rebutés par le langage trop savant. L’idée que je garderai une fois le livre rangé en bonne place dans ma bibliothèque c’est que la vie sur terre est un tel prodige et le fruit d’un tel hasard que l’on devrait tout faire pour la protéger. C’est sans doute encore une idée trop « angélique » mais je l’ai ressentie avec force tout au long de ce livre.

Citations

Des idées difficiles à comprendre

De tous les concepts de la théorie générale de la relativité , le plus difficile à saisir pour nous est celui que le temps fait partie de l’espace . Notre instinct nous dit que le temps est éternel , absolu, immuable – que rien ne peut troubler son écoulement régulier. Or selon Einstein , le temps est variable et toujours changeant . Il a même une forme . Il est lié – « dans une trame inextricable » selon l’expression de Hawking – aux trois dimensions de l’espace dans une dimension bizarre appelée l’espace-temps.

 Une idee bien sympathique et un sourire

Chacun de vos atomes est probablement passé par plusieurs étoiles et a fait partie de millions d’organismes avant d’arriver jusqu’à vous. Nous sommes si chargés atomiquement et si vigoureusement recyclés à notre mort qu’un nombre significatif de nos atomes -jusqu’à un milliard pour chacun d’entre nous, selon certains- a sans doute appartenu un jour à Shakespeare. Un autre milliard nous est venu respectivement de Bouddha , Gengis Khan et Beethoven , ou tout autre figure historique de votre choix. (Il faut , semble-t-il , des personnages assez éloignés dans l’Histoire, car les atomes mettent quelques décennies à se redistribuer ; si fort que vous le désiriez,vous n’êtes pas encore recyclé en Elvis Presley). 

Avec le sourire on lit plus facilement un livre sérieux

Les physiciens affichent un dédain notoire pour les scientifiques des autres domaines . Quand l’épouse d’un grand physicien autrichien Wolgang Pauli le quitta pour un chimiste, il en resta comme deux ronds de flan. « Elle aurait pris un toréador , j’aurais compris, confia-t-il à un ami. Mais un chimiste… » 

La resistance aux idées nouvelles

Cela restait une proposition radicale pour l’époque et elle fut extrêmement critiquée , surtout aux États-Unis , où la resistance à la dérive des continents persista plus longtemps qu’ailleurs . Un critique se plaignit , le plus sérieusement du monde , qu’avec des arguments aussi clairs et convaincants Holmes puisse induire les étudiants à les croire.

Apprendre en s’amusant

Demandez à un géochimiste comment fonctionne ce genre d’engin , et il se lancera dans des histoires d’abondance isotopique et de niveaux d’ionisation avec un enthousiasme plus sympathique. Que compréhensible. Pour nous résumer , la machine , en bombardant un échantillon de roche de jets d’atomes chargés , parvient à détecter de subtiles différences dans les niveaux de plomb et d’uranium des zircons , d’où l’on peut déduire avec précision l’âge de la roche. Bob m expliqua qu’il faut dix sept minutes pour lire un zircon, et qu’il faut en lire des douzaines par fragment pour obtenir des données fiables. En pratique , toute l’affaire semble aussi répétitive et aussi excitante qu’une expédition au lavomatic, mais Bob avait l’air très heureux – ce qui est souvent le cas des gens de Nouvelle-Zélande.

Une anecdote de celle dont on se souvient :

Ce n’est sans doute pas une bonne idée de s’intéresser de trop près à ses microbes. Louis Pasteur en était à ce point obséder qu’il en vint à examiner á la loupe chaque plat que l’on posait devant lui – habitude qui ne dut pas lui valoir d’être. Souvent réinvité à dîner.

 Les mots de la fin

Les hommes modernes n’occupent que 0,001 pour cent de l’histoire de la Terre- à peine un souffle- mais même une existence aussi brève a exigé une succession infinie de heureux hasards. Nous n’en sommes qu’au tout début . L’astuce consiste à s’assurer que nous n’en verrons jamais la fin. Et, à coup sûr , cela va exiger de nous bien autre chose que de simples coups de chance.

On en parle

Un blog que je ne connaissais pas : Urbanbike.

http://cdn-premiere.ladmedia.fr/var/premiere/storage/images/racine/film/monsieur-lazhar-2658949/42776501-6-fre-FR/Monsieur-Lazhar_portrait_w193h257.jpg

5
Après la déception de « cherchez Hortense » et un plaisir en mi-teinte « Du vent dans mes mollets » et avant mon festival préféré (LE festival du film britannique). Voici un film que je recommande à toutes et à tous. Brièvement voici l ‘histoire : un réfugié algérien se retrouve instituteur dans une école du Québec où une enseignante s’est donné la mort. Cela permet au cinéaste , de traiter à la fois des problèmes éternels : les enfants confrontés à la mort , et les drames du monde actuel.

Philippe Falardeau est un grand cinéaste. J’ai eu la gorge nouée lorsque Lazhar, lors de sa demande pour obtenir le droit d ‘asile, est obligé de raconter la tragédie qui l’a obligé à fuir l Algérie. J’ai ressenti la même chose lorsque le petit Simon laisse éclater le poids qui l’empêche de vivre depuis le suicide de sa maîtresse. Ce sont les deux moments forts du film, mais tout le reste sonne juste. Les personnages secondaires sont bien traités, rien n’est laissé au hasard ni à la caricature facile. Par exemple, le prof de gym au sifflet , n’est pas l’abruti de service qu’il semble être à première vue. C’est lui qui apporte une remarque qui sous-tend tout le film : à force de ne pas vouloir toucher les enfants, de peur d’avoir des gestes ambigus , les enfants deviennent des « dangers radio-actifs », les enseignants s’interdisent tout geste naturel et cela peut entraîner des catastrophes.

La musique est superbe et les images du Québec n’ont rien de « romantiques » mais elles doivent être très proches de la réalité. C’est un film qui me trotte dans la tête et je sais que vais aller le revoir , rien que pour entendre à nouveau Fellag lire sa fable de la fin du film.

Allez-y et racontez moi.

On en parle

les bottines rouges

Bande annonce

http://ecx.images-amazon.com/images/I/514Y9BTH7PL._SL500_AA300_.jpg

Traduit de l’anglais par Christiane et David ELLIS.

4
Je pense que Dominique avait encore raison, quand on a pris le virus Bill Bryson, on va au bout de son plaisir et on lit tout ce qu’il a écrit. J’ai de nouveau été séduite par « Motel Blues », c’est drôle et profond à la fois.

C’est remarquablement traduit, mais j’observe qu’il a fallu qu’un couple s’y mette, sans doute une femme d’origine française et un homme de langue anglaise. Je ne sais pas pourquoi mais j’imagine que, même s’ils ont beaucoup travaillé, ils ont dû aussi beaucoup s’amuser, pour nous offrir toute la saveur de l’humour de ce grand observateur des comportements humains. J’ai aimé la tendresse qui l’attache à son père un peu radin, mais qui a su faire aimer la vie à ses enfants.

Avec Bill Bryson nous partons donc à travers ce vaste , très vaste pays. Je conseille ce livre à toutes celles et tous ceux qui veulent faire du tourisme aux USA, c’est vraiment un pays immense, capable du meilleur comme du pire. Les états peuvent être très différents des uns des autres mais il faut toujours avaler au minimum 300 kilomètres pour aller d’un point à un autre. Certains lieux touristiques sont à fuir absolument, en particulier ceux des réserves indiennes .

Les village reconstitués peuvent avoir du charme mais cachent mal qu’aux États-Unis, peu de choses sont faites pour conserver le patrimoine. On a l’impression parfois d’aller d’une zone semi industrielle à une zone commerciale en passant par des échangeurs d’autoroutes complètement surréalistes. C’est avec une grand tristesse que je constate que l ‘approche de toutes les villes françaises sont devenues aussi impersonnelles que ce qu’il nous décrit aux USA en 1989. Nos centres villes sont restés encore très vivants mais pour combien de temps encore ?

C’est aussi l’intérêt de ce livre, il permet d’observer la civilisation américaine et je l’espère éviter ses excès.

Citations

 Le racisme

Cette remarque m’a fait penser la Bretagne où on se félicite de n’être pas raciste

Les Sudistes détestent cordialement les Noirs et pourtant ils semblent cohabiter avec eux sans problème, tandis qu’au Nord , les gens n’ont rien en générale contre les Noirs, les considèrent même comme des êtres humains dignes de respect et sont même prêts à leur souhaiter bonne chance dans la vie, mais désirent surtout ne pas avoir à les fréquenter de trop près.

 Les abord des villes aux USA en 1989 , les nôtres, aujourd’hui, sont elles différentes ?

 De nos jours , une ville si modeste soit-elle, a deux ou trois kilomètres de restoroutes, de motels,d’entrepôts à prix discount,de centres commerciaux – tous surmontés d’enseignes mobiles d’une dizaine de mètres et accompagnés de parking de la taille des Ardennes.

L’architecture hôtelière américaine (hélas, on pourrait dire la même chose pour la France aujourd’hui)

Au bout de la rue , il y a le nouvel hôtel Hyatt Regency qui vous flanque instantanément la déprime. Ses formes massives en béton appartiennent visiblement à l’école d’architecture tendance « on n’en a rien à foutre » que les chaînes hôtelières américaines ont en prédilection.

Le touriste de base américaine en camping car

Voilà, hélas, comment de nos jours beaucoup de gens passent leurs vacances. Cela consiste avant tout à ne pas s’exposer au moindre moment d’inconfort ou de désagrément , voire même, dans la mesure du possible , à éviter de respirer l’air pur. Quand l’envie de voyager vous prend, vous vous enfermez dans un luxueuse boite de 13 tonnes , vous parcourez 700 kilomètres hermétiquement protégés contre les éléments naturels, et vous vous arrêtez dans un camping où vous vous vous précipitez pour brancher l’eau et l’électricité afin de ne pas être privé un seul instant , d’air conditionné, de machine à laver la vaisselle ou de four à micro-ondes.

 Et au Yosemite

Mais Yosemite fut une déconvenue monumentale . Ce que vous apercevez en premier c’est la vallée d' »El Capitan » avec ses montagnes imposantes et ses cascades blanches qui se déversent à des centaines de mètres sur les prairies du bas. Vous vous dites alors que vous êtes sans doute passé dans l’au delà et que vous vous trouvez au Paradis. Puis vous continuez et vous descendez à Yosemite Village et vous vous rendez compte que si effectivement vous êtes au paradis, vous allez passer le reste de l’éternité au milie d’une horrible bande de touristes obèse en bermuda.

 Bravo pour la traduction. Humour sur l’accent du sud des États-Unis

Mais à ce moment-là , la serveuse arriva et me dit :
« Tu veux voir mon minou sans t’géner, chéri ? »
Et je compris que c’était hors de question. Je ne comprenais pas un traître mot de ce que les gens me disaient. Ils auraient tout aussi bien pu me parler chinois. Il nous fallut de longues minutes et force gesticulations du couteau et de la fourchette pour rétablir ce que la serveuse avait vraiment dit :
« Tu veux voir le menu du p’tit déjeuner, chéri ? ».

Les villages reconstitués

On se trouve partout confronté de manière exaspérante à des détails qui font pastiche. Autour de l’église paroissiale de Burton, les pierres tombales sont visiblement des imitations ou, en tout cas , les inscriptions sont toutes récentes. Rockefeller ou un autre gros bonnet, a sans doute été déçu de constater qu’après deux siècles de plein air les pierres tombales deviennent invisibles . Si bien que maintenant les inscriptions sont neuves et bien taillées, comme si on les avait gravées la semaine passée , ce qui est peut-être le cas.

 Humour

Ce mémorial est tout à fait ce qu’on imagine : Lincoln y est assis dans son grand fauteuil , l’air noble mais affable. Il avait un pigeon sur la tête. Il en a toujours un. Sans doute le pigeon pense-t-il qu’on vient tous les jours pour le regarder.

 Les routes

À Boston , le système routier est absolument fou. Il visiblement été conçu par quelqu’un qui a passé son enfance à mettre en scène des accidents avec son train électrique . Tous les cent mètres , la voie que je suivais disparaissait et d’autre voies venaient s’y ajouter de la droite ou de la gauche , parfois même des deux côtés à la fois . Ce n’était pas un réseau routier, c’était de l’hystérie á quatre roues.

Une citation pour mon frère forestier

Le séquoia est un arbre laid. Il n’en finit pas de s’élever mais ses branches sont rares et courtaudes, ce qui lui donne un air idiot : c’est le genre d’arbre que dessine un gosse de trois ans

Éclat de rire. Et encore un petit plaisir de la vie que l’appareil numérique nous a enlevé…

Les Allemands sont arrivés , aussi déplaisant et antipathiques que savent l’être des adolescents, et ils m’ont privé de mon arbre. Ils ont grimpé sur la clôture et commencé à prendre des photos. J’ai pris un plaisir mesquin à me mettre devant le type qui tenait l’appareil à chaque fois qu’il appuyait sur l’obturateur, mais c’est une activité qui ne vous distrait pas éternellement, même quand il s’agit d’Allemand.

 On en parle

Chez Keisha, par exemple.

http://ecx.images-amazon.com/images/I/517GGRTNJ0L._SL500_AA300_.jpg

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Christiane et David ELLIS

4
Quel bonheur ! Il fait partie des livres qui m’ont fait éclater de rire et aussi rager de ne pas lire l’anglais. Quand je vois le titre en français, j’ai des doutes sur la qualité de la traduction. (Mais les traducteurs n ‘y sont peut-être pour rien !). Allez peu importe, je ne boude pas mon plaisir et je recommande chaleureusement les chroniques de Bill Bryson à tous ceux et celles qui ont besoin de se détendre et de s’amuser.

Je pense que si son humour fonctionne si bien, c’est que Bill (quand vous aurez lu ses chroniques, vous saurez pourquoi je l’appelle Bill !) n’est jamais méchant et se moque aussi de lui même. Le ton se fait grave parfois sur les travers de ce grand pays qui craint beaucoup plus le tabac passif que les armes à feu, surtout quand les libertés sont gravement menacées par un soucis d’efficacité. La plupart des chroniques sont légères et amusantes même si nos cousins d’Amérique sont devenus un peu fous, ils restent des gens avec qui on aime bien vivre. Je cite quelques passages mais j’aurais bien, parfois, recopié la chronique entière.

Quel talent, je me précipite sur les autres livres de cet auteur !

Citations

Pour tous ceux et toutes celles qui ont tendance à confondre les prénoms

 Depuis longtemps les Américains se sont rendu compte qu’on pouvait mieux retenir un numéro en se fiant aux lettres plutôt qu’aux chiffres . Dans ma ville natale de Des Moines, par exemple, si vous voulez connaître l’heure – ou appeler l’horloge parlante comme vous le dites si joliment- le numéro officiel est 246 56 46, un numéro dont personne ne peut se souvenir, naturellement. Mais si vous composez BIG JOHN, vous obtenez le même résultat et tout le monde peut le mémoriser sauf, curieusement, ma mère, qui a toujours eu une mémoire assez approximative en ce qui concerne les prénoms et qui se retrouve généralement en train de demander l’heure à de parfaits inconnus réveillés en sursaut à des heures indues.

 Les spots publicitaires

Dans une autre pub, on voit un gars au bowling-les hommes sont presque toujours au bowling dans les spots- se mettre à grimacer après avoir raté son coup et murmurer à son partenaire :
– encore ces sacrées hémorroïdes !
Comme par miracle , son copain a un tube de crème dans sa poche. Pas dans son sac de sport ni dans sa boite à gants de sa voiture, mais sur lui, dans sa poche de chemise, d’où il peut le sortir en moins de deux pour offrir sa tournée. Extraordinaire !

 Les présidents américains

Désormais le but est de rendre hommage d’un seul coup à tous les présidents des États-Unis , qu’ils aient été bons ou mauvais . Je trouve plutôt sympa de tirer de l’oubli les présidents les plus obscurs , en particulier des gens comme Grover Cleveland, qui, dit-on , avait l’habitude intéressante de se soulager par la fenêtre de son bureau ou Zachary Taylor, qui n’a jamais voté de sa vie, pas même pour lui.

L ‘absurde

Dans le même genre, j’ai lu que les fabricants d’ordinateurs envisageaient de réécrire certains messages tels que « frapper la touche de votre choix » parce que de nombreux utilisateurs les appellent pour signaler qu’il n’existe pas de touche « de votre choix » sur leur clavier.

 Les devises des états sont souvent inscrites sur les plaques d’immatriculation

Le New Hampshire possède la devise la plus dingue , quelque chose de très étrange et martial :  » vivre libre ou mourir » . Vous direz sans doute que je prends les choses trop à la lettre mais, franchement , je n’aime pas rouler en affirmant noir sur blanc souhaiter trépasser si on ne me laisse pas faire ce que je veux . Je préférerais quelque chose de plus vague et de moins définitif , du style  » vivre libre ou bouder », ou même « Vivre libre si ça ne vous dérange pas merci beaucoup »

 Les Américains et la marche à pied

L’autre jour. Une de nos amies s’est plainte de la difficulté à trouver une place de parking devant notre gymnase local. Elle s’y rend plusieurs fois par semaine pour utiliser leur steppeur . La salle de sports est à 6 minutes à pied de chez elle. Je lui ai demandé pourquoi elle n’y allait pas à pied justement , réduisant ainsi de six minutes son exercice sur le steppeur . Elle m’a regardé comme si j’étais un débile mental avant de m expliquer : « mais j’ai un programme informatisé . Mon steppeur enregistre la distance et la vitesse : ça me permet de modifier le niveau de difficulté. »
Effectivement , je dois admettre que la nature comporte de graves lacunes à cet égard.

La police américaine

Meilleure encore, à mon avis est l’histoire de ces shérifs adjoints de Milwaukee envoyés à l’aéroport de pour entraîner des chiens à la chasse aux explosifs. Les policiers ont caché un paquet de deux kilos et demi de vrais explosifs quelque part dans l’aéroport. Et puis – j’adore ce détail- ils ont oublié où. Inutile de vous dire que les chiens n’ont rien trouvé. Cela s’est passé il y a quatre mois et ils cherchent toujours. C’est la deuxième fois que les services du shérif de Milwaukee réussissent à perdre des explosifs dans un aéroport.

 L’humour sur le risque

Un jour il y a quelques années de cela, mon frère s’est arrêté pour acheter un billet de loterie (chance de gagner : 1 sur 12 millions) et a repris le volant sans attacher sa ceinture (chance d’avoir un accident grave dans l’année : 1 sur 40). Quand je lui ai fait remarquer l’absurdité de son comportement, il m’a regardé avant de me lancer
– Et quelles sont les chances , à ton avis, pour que je te dépose à huit kilomètres de chez toi ?
Depuis , je garde mes commentaires pour moi. C’est moins risqué.

La sécurité en avion

Dans toute l’histoire de la navigation aérienne , pas une seule vie humaine n’a été sauvée par une distribution de gilets de sauvetage. Ce qui me fascine tout particulièrement, c’est le petit sifflet qui équipe chaque gilet. Je me vois tout à fait en train de plonger vers l’océan à 2000 kilomètres à l’heure en me disant : heureusement, Dieu soit loué, j’ai mon petit sifflet !

 Fait divers

Au Texas , un voleur potentiel s’est masqué pour pouvoir braquer une épicerie. Mais il a oublié d’ôter le badge de sa poche de chemise, ce qui a permis à douze personnes de relever son nom, son prénom et l’identité de son employeur.

 Son père, un peu radin

Mon père a été la dernière personne du Middle West à installer un climatiseur.  » C’est contre nature » disait-il. De toute façon , tout ce qui coûtait plus de tente dollars lui semblait toujours  » contre nature ».

 Les ordinateurs

Et puis j’ai fini par comprendre qu’un ordinateur était une machine stupide capable de faire des choses incroyablement intelligentes tandis qu’un informaticien était un être incroyablement intelligent capable de choses incroyablement stupides , et que la rencontre des deux formait un couple parfait mais potentiellement dangereux.

On en parle

Dasola à qui je dois ce livre et que je remercie du fond du cœur et Keisha comme Dominique me l’a suggéré.

 

http://ecx.images-amazon.com/images/I/51G61CVDVVL._SL500_AA300_.jpg

Traduit de l’Allemand par Liselotte BODO et Jacqueline CHAMBON

4
Encore une fois, un cadeau de la « souris jaune ». Un livre qu’on n’oublie pas tant il est original. Écrit dans les années 60, ce roman raconte à sa façon la peur de la destruction de la vie sur terre à cause de la folie guerrière des hommes.Le plus classique dans le genre, c’est la reconstruction d’une civilisation à partir de ce qui reste comme humanité. J’avais bien aimé à l’époque « Malevil » de Robert Merle , et plus récemment « La route » de Cormac McCarthy. Ce genre de romans ont des points communs : que reste -t-il après un désastre total et comment l’humanité se reconstruira-t-elle ?

Le point de vue de Marlen Haushoffer est complètement différent. Une femme est séparée du reste du monde, qui semble complètement détruit, par un mur transparent. Nous allons pendant deux ans suivre son quotidien et sa survie. Les questions de l’humanité se posent dans le roman : l’échec, la futilité du monde moderne et le rapport de l’homme à la nature sont les deux idées forces qui cheminent peu à peu en elle. Elle survit non pas à la manière d’un Robinson, en inventant des solutions extraordinaires, mais en s’attelant petit à petit aux soins que réclament les animaux qui dépendent d’elle.

Elle est parfois tenter de se laisser aller à l’inaction et donc à la mort, mais l’instinct de vie et aussi son chien qui ne peut vivre sans elle , la ramènent dans son petit monde . C’est un livre prenant alors qu’il ne s’y passe pas grand chose. C’est un hymne à la beauté de la nature et à la force de la femme.

Mais , il y a un aspect du récit qui m’a gênée, pourquoi ne cherche-t-elle jamais à franchir le mur. En creusant.. en essayant par dessus , en essayant de le casser.. Au moins essayer , ou nous dire pourquoi elle n’essaie pas. On peut supposer qu’elle a fait finalement un tunnel, comme elle le suggère à la fin (pour que ses animaux puissent survivre sans elle !) puisque son texte est arrivé jusqu’à nous.

Tout en étant d’un courage extrême pour accomplir les besognes quotidiennes, elle est totalement résignée à son sort et évidemment je n’ai pas trop aimé cet aspect là du roman.

Citations

La distribution du travail homme femme

En tout cas il était physiquement plus fort que moi, et je serai tombée sous sa dépendance . Qui sait, il serait peut-être aujourd’hui paresseusement allongé dans la cabane après m’avoir envoyée travailler. La possibilité de se décharger du travail doit être la grande tentation de tous les hommes.

La futilité du monde moderne

Parfois me revient à l’esprit l’importance jadis de ne pas arriver cinq minutes en retard . La plupart des gens que je connaissais faisaient de leur montre une sorte de divinité et même moi je trouvais cela tout à fait raisonnable.

 Sens du roman

 Je ne cherchais plus un sens capable de me rendre la vie plus supportable. Une telle exigence me paraissait démesurée . Les hommes avaient joué leurs propres jeux qui s’étaient presque toujours mal terminés. De quoi aurais-je pu me plaindre ; j’étais l’une des leurs , je les comprenais trop bien . Mieux valait ne plus penser aux hommes . Le grand jeu du soleil, de la lune et des étoiles, lui, semblait avoir réussi ; il est vrai qu’il n’avait pas été inventé par les hommes. Cependant il n’avait pas fini d ‘être joué et pouvait bien porté en lui le germe de son échec.

On en parle

« la souris jaune » bien sûr !

http://ecx.images-amazon.com/images/I/515aTmUoksL._SL500_AA300_.jpg

4
Je termine ce roman, et je me sens de retour après un long voyage dans l’histoire de France. Trois noms qui me sont, grâce à Jean -Christophe Rufin, devenus familiers, Jacques Cœur, Charles VII et Agnès Sorel, et qui m’ont permis de revivre la fin de la guerre de cent ans et le renouveau de la monarchie française. C’est un roman passionnant , pourtant je n’apprécie guère d’habitude les romans historiques.

La description du génie de Jacques Cœur qui a su, dans une période si troublée, comprendre que la liberté du commerce pouvait donner la richesse à son pays tout en créant son enrichissement personnel, a retenu toute mon attention surtout lors de son ascension. Soutenu par la description de la création du réseau commercial « Jacques Cœur », le roman historique se déroule au gré de ce que l’auteur connaît de la réalité du royaume de France de l’époque, et de ce qu’il imagine, comme l’histoire d’amour entre la trop belle et si fragile Agnès Sorel et le grand argentier du roi.

Je ne savais de Charles VII que l’épisode de Jeanne d’Arc , la personnalité que lui crée Jean-Christophe Rufin me semble vraisemblable . Ces rois qui ont fait la France sont souvent aussi repoussants de cruauté et de félonie que captivants par leur volonté de construire un royaume puissant. La difficulté de ce genre de roman, c’est de faire la part entre la réalité de l’époque choisie et la personnalité actuelle de l’écrivain.

J’ai bien aimé que l’auteur écrive dans sa postface :

Je ne sais ce qu’il [Jacques Cœur] penserait d’un tel portrait et sans doute me ressemble plus qu’à lui.

C’est ce que j’éprouvais quand il faisait de Jacques Cœur un homme sans religion ouvert à la philosophie grecque. J’avais l’impression d’être avec un philosophe des lumières ou avec un homme d’aujourd’hui. Je n’ai qu’une envie aujourd’hui aller voir le palais de Jacques cœur à Bourges , et je recommande ce roman à tous ceux et toutes celles qui aiment l’histoire et les romans.. il me semble qu’il s’agit d’un très large public !

Citations

 Une phrase à méditer

Il est des fidélités qui conduisent à la trahison

 Les ennemis de l’homme d’action :

Il devint le premier des nombreux ennemis que je me créai tout au long de ma vie, du simple fait d’avoir révélé leur faiblesse.

 Comment voir positivement des traits de caractère que l’on jugeait auparavant négatifs

On ne me jugea plus rêveur mais réfléchi, timide mais réservé, indécis mais calculateur.

Le pouvoir et la force

Ainsi il existait le pouvoir et la force, et les deux choses n’étaient pas toujours confondues.
Si la force procédait du corps , le pouvoir, lui, était œuvre de l’esprit.

La jalousie du talent

Talent, réussite, succès font de vous un ennemi de l’espèce humaine qui, à mesure qu’elle vous admire plus, se reconnaît moins en vous et préfère vous tenir à distance. Seuls les escrocs , par l’origine triviale de leur fortune, l’acquièrent sans se couper de leurs semblables et même en s’attirant leur sympathie.

 Meneur d’hommes

Sans jamais avoir cherché à diviser pour régner , j’ai toujours pensé que l’union des contraires était le secret de toute entreprise réussie.

Différence de mentalité entre Florence et la France

Je compris rapidement qu’il n’existait pas dans cette cite libre la différence que nous connaissons entre noble et bourgeois.
A Florence , la richesse ne connaît ne pudeur ni interdit. La seule précaution que prennent ceux qui en font étalage est de veiller à ce qu’elle revête les apparences de l’art. La beauté est le moyen qu’emploient les puissants pour partager leur richesse avec le peuple.

 La réussite de Jacques cœur n’est -elle pas un hymne au libéralisme ?

L’entreprise que j’avais créée s’était à ce point développée parce qu’elle était vivante et que nul ne la contrôlait . Liberté était donnée à tous les membres de ce gigantesque corps d’agir à leur guise . En se jetant sur les morceaux qu’ils pouvaient saisir ,en plaçant mes biens sous séquestre, en démembrant chaque pièce de drap contenue dans nos magasins , Dauvet et les chiens qui couraient à sa suite ne faisaient que fouiller les entrailles d’une bête morte . Tout ce qu’ils saisissaient cessait d’être libre et donc de vivre. La valeur de ces choses devenues inertes , sitôt évaluées , se mettait à décroître , car elles ne valaient vraiment que dans le mouvement incessant et libre de l’échange.

On en parle

Tigrou 41454

http://ecx.images-amazon.com/images/I/51GtG0HN%2BaL._SL500_AA300_.jpg

 Traduit de l’américain par Sylvette GLEIZE

4
Après les détours par « Mensonges sur un divan » et par « et Nietzsche a pleuré », j’ai lu avec un intense plaisir le livre que le blog de « dasola » recommandait : Le problème Spinoza. Je suis très contente d’avoir lu ses deux autres romans avant celui-ci, j’avais suivi le conseil d’une autre blogueuse , Dominique, me semble t-il, et je m’en très bien trouvée. Grâce une enquête sur deux personnages que tout oppose Irvin Yalom essaie d’imaginer ce que Spinoza a éprouvé après avoir été exclu de la communauté juive , et pourquoi Rosenberg le théoricien de l’antisémitisme nazi a absolument voulu s’emparer de la bibliothèques du petit musée consacré à Spinoza. Disant lui-même qu’il voulait ainsi régler le « problème Spinoza » (d’où le titre du roman).

Irvin Yalom dans les annexes à la fin du livre, dit qu’il lui a été plus difficile d ‘imaginer les pensées de Spinoza dont on ne connaît que l’œuvre, et rien de sa vie personnelle , que celles de Rosenberg qui a beaucoup écrit et a rédigé ses mémoires en prison. Mais je dois dire qu’autant j’ai été convaincue par les chapitres consacrés à Spinoza, autant je suis restée septique sur las tentatives avortées de psychothérapie de Rosenberg. Comme ce qu’écrit Irvin Yalom sur Spinoza repose sur ses théories, d’abord c’est absolument passionnant et en plus, sa propre connaissance du monde juif rend les réactions de Spinoza crédibles. Victime d’un « herem » ce qui correspond à une excommunication Spinoza s’est retrouvé loin de sa communauté, mais il a préféré cela plutôt que de soumettre son esprit à des règles qui auraient empêché son libre arbitre de fonctionner.

L’autre partie du roman voit donc Rosenberg se constituer comme penseur de l’antisémitisme nazi et fidèle lieutenant d’Hitler , je dois dire que j’ai été beaucoup moins intéressée par les pages qui lui sont consacrées. Évidemment j’ai beaucoup lu sur le nazisme et je n’ai pas appris grand chose, et puis le personnage est si peu intéressant. Un des charme d’Irvin Yalom c’est de savoir mettre en scène grâce à ses talents de psychanalyste la structure mentale des personnages. Quand le personnage est un philosophe, Nietzsche, Spinoza, c’est passionnant. Quand le personnage historique a apporté quelque chose à l’humanité comme le docteur Josef Breuer cela donne beaucoup de charme au roman. Mais un haut dignitaire Nazi ! Ça a moins d’intérêt. On voit quand même à quel point autour d’un tyran c’est toujours le même style de panier de crabes, les dirigeants autour de leur cher « Führer » étaient prêts à toutes les bassesses pour un sourire du chef.

Je vais laisser Irvin Yalom pour ne pas me lasser, mais je lirai certainement ses autres romans.

Citations

 Pour tous ceux qui ne veulent pas exercer leur esprit critique et qui pensent que c’est vrai parce que c’est écrit dans Wikipédia, cette phrase de Spinoza

La force d’une conviction est sans rapport avec sa véracité.

Croire en Dieu n’exige pas le respect des rites : dites moi, croyez vous en un Dieu tout-puissant ?….En un Dieu parfait ? Qui se suffit à lui même ?… Alors vous en conviendrez , par définition un être parfait qui se suffit à lui même n’a pas besoins, ni d’insuffisances, ni de souhaits , ni de volontés.

Alors, poursuit Spinoza, je suggère qu’il n’y a pas de volonté de Dieu en ce qui concerne le comment, ni même le pourquoi le glorifier. Donc permettez moi d’aimer Dieu à ma façon.

Le plaisir d’appartenir à une communauté

Quand je dirige les prières , je me relis au passé, à mon père et à mon aïeul, et, j’ose le dire, je pense à mes ancêtre qui, depuis deux mille ans, ont répété ces mêmes phrases, psalmodié ces mêmes prières, chanté ces mêmes mélodies.

Dans ces moments-là, je perds tous sentiments de ma personne, de mon individualité, pour devenir une partie, de cette chaîne ininterrompue qu’est la communauté.

La mission de l’homme pour Spinoza

Comme vous le savez , à l’origine même de ma pensée est l’idée que c’est par la logique seule que nous pouvons comprendre la Nature, ou Dieu.

Il semble paradoxal de dire que les hommes sont plus utiles les uns aux autres quand ils suivent leur propre chemin. Mais il en va ainsi lorsqu’il s’agit d’hommes de raison . Un égoïsme éclairé mène à l’entraide mutuelle. Nous avons tous en commun cette capacité à raisonner , et le vrai paradis sur terre adviendra le jour où notre engagement à comprendre la Nature, ou Dieu, remplacera toutes les autres qu’elles soient religieuses, culturelles ou nationales. 

Bousculer les dogmes

Je crois que les prophètes sont des hommes doués d’une imagination exceptionnelle , mais pas forcément d’un grand raisonnement.

Je crois que plus on en saura, et moins il y aura de choses connues de Dieu seul. Autrement dit, plus grande est l’ignorance, et plus on attribue de choses à Dieu.

Pourquoi Spinoza a été banni de sa communauté

Les rituels de notre communauté n’ont rien à voir avec la loi divine , rien à voir avec le bonheur, la vertu, l’amour , et tout en revanche avec la paix civile et le maintien de l’autorité rabbinique.

La Torah comporte deux types de lois : il y a une loi morale, et il y a les lois qui visent à garder à Israël son unité en tant que théocratie indépendante. Malheureusement les Pharisiens, dans leur ignorance, n’ont pas compris cette distinction et ont pensé que l’observation des lois de l’Etat se confondait avec celle de la morale , quand ces lois n’étaient en fait destinées qu’au maintien du bien public au sein de la communauté. Elles n’avaient pas pour but d’instruire les juifs, mais de les maintenir sous contrôle. Il y a une différence fondamentale dans l’objectif de chacun de ces deux types de lois : l’observation d’un cérémonial vise uniquement à la paix civile , quand l’observation de la loi divine ou morale conduit à la félicité.

On en parle

Dasola bien sûr  et le blog de Tilly que je ne connaissais pas et Seannelle que j’avais oublié.