5
J’apprécie beaucoup cette auteure qui me permet d’accéder à l’univers japonais sans ressentir trop d’étrangeté. Il faut dire qu’ Aki Shimazaki écrit en français et réside au Québec. Ceci explique peut être cela ! Les 5 tomes, d’une centaine de pages chacun, raconte la même histoire vue par un protagoniste différent à chaque fois. C’est aussi l’occasion de cerner de plus près la réalité japonaise surtout dans ses aspects négatifs.

Le ressort de la narration repose sur un postulat qui m’étonne : des enfants se sont connus jusqu’à 4 ans et se retrouvent à 16 ans. Ils ne se reconnaissent pas et ne reconnaissent pas non plus les adultes qui les entourent. Ils s’aimeront en ne sachant pas qu’ils sont demi frère et sœur. Il me semble que j’ai gardé en mémoire le visage des gens qui s’occupaient de moi quand j’avais 4 ans. Ce n’est qu’un détail mais je l’ai gardé en tête pendant toute la lecture.

En revanche, ce que j’ai trouvé très bien raconté , c’est justement « le poids des secrets ». Toute cette famille est détruite par la conduite de du père de ces deux enfants et il faut donc attendre la troisième génération pour que la lumière se fasse enfin et que les conflits s’apaisent.

Le tome 1, révèle l’essentiel du drame, Yukiko explique pourquoi elle a tué son père. Son récit nous plonge dans le Japon au temps de l’explosion qui a détruit Nagazaki, on y voit une société figée sur les statuts sociaux et sur l’effort demandé à la population pour soutenir la guerre.

Le tome 2 est centré sur Yukio l’enfant qui est né hors mariage. Si son père,le même que celui de Yukiko n ‘a pas épousé sa mère c’est que celle-ci n’est pas « d’une bonne origine ». On est plongé dans les difficultés des femmes qui n’appartiennent pas à la bonne société.

Le tome 3 nous ramène du temps où , lorsqu’on était Coréen au Japon on pouvait être tué sans que personne ne trouve à y redire comme lors du tremblement de terre de 1923. C’est très émouvant de voir à quel point cette mère coréenne a essayé de lutter pour donner à sa fille des chances de s’intégrer dans cette société si fermée.

Le tome 4, c’est celui que j’ai trouvé le moins passionnant, il est centré sur l’homme positif qui a bravé tous les interdits de la société japonaise et a épousé la femme qui avait un enfant hors mariage.

Le tome 5, on est avec la maîtresse du père de son fils et le roman se termine sur la vérité et la boucle est brisée la malédiction prend fin,sa petite fille ne commettra pas les mêmes erreurs qu’elle.

Chaque tome peut se lire séparément mais l’ensemble a beaucoup de cohérence. C’est une autre façon de lire 500 pages, on ne sent pas le temps passer et on se perd moins que dans un énorme roman à personnages multiples, la façon de nous raconter le Japon est inoubliable cette société si fermée mélange de raffinement et de violence devient compréhensible à défaut d’être attractive.

Citations

Explication des deux bombes, l’explication de la guerre

– Grand-mère , pourquoi les Américains ont-ils envoyé deux bombes atomiques sur le Japon ?
– Parce qu’ils n’en avaient que deux à ce moment là, dit-elle franchement.

 

Mais ce que mon père n’acceptait pas c’est la justification des Américains : quand il est question de guerre ils ont toujours raison.

 

On se justifie pour se défendre des accusations. Il n’y a pas de justice. Il y a seulement la vérité.

L’enfant sans père

 Les enfants des voisins ne jouent pas avec moi. Au contraire, ils me lancent des pierres, ils me barrent le chemin quand je rentre a la maison, ils m entourent me bousculent. Ils crachent sur moi. Tout le monde est plus grand que moi. Personne ne leur dit d’arrêter. J’attends qu’ils s’en aillent. Ils me crient des mots que je ne comprends pas : « Tetenashigo » (bâtard) ou enfant de « baïshunfu » (putain)/

 On en parle

Chez keisha.

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5
J’ai choisi ce livre sur le blog que vous connaissez si vous lisez le mien régulièrement : « A sauts et à gambades ». Comme Dominique, je vais chercher de toutes mes forces, à vous faire lire « Aux frontières de l’Europe » , ce n’est pas par hasard que j’ai mis 5 coquillages au livre de Paolo Rumiz , il fait parti des livres que je n’oublierai pas et que j’ai traîné partout pendant 15 jours. J’ai retenu mon envie de le dévorer à toute vitesse car je ne voulais pas le finir, je l’ai dégusté tout doucement.

Ce voyage à travers l’Europe d’aujourd’hui me semble le complément indispensable au voyage historique de Geert Mark « Voyage d’un Européen à travers le XX° siècle ». Il s’agit, ici, d’un état actuel d’un lieu bien particulier de l’Europe et qui , sans doute, prévoit un peu notre avenir. Je rappelle le projet de Paolo Rumiz : voyager le long des frontières de la communauté européenne avec la Russie et les pays qui ne font pas partie de cette communauté.

Il voyage le plus possible avec le train ou les bus locaux , il est donc au cœur des populations. Il a la chance d’être accompagnée d’une Monika qui parle le Russe et le Polonais. Au passage, Monika est photographe et j’aurais aimé voir les photos de cette femme qui sait si bien se faire accepter de tout le monde. Si quelqu’un sait où on peut voir ses photos qu’on me le dise.

La langue est absolument merveilleuse, un peu précieuse par moment et j’ai dû plusieurs fois ouvrir mon dictionnaire pour vérifier le sens de mots que je connais plus ou moins sans jamais les utiliser (Aèdes, marmoréen, thaumaturge, hiératisme….). Je pense qu’en italien ce sont des mots plus communément utilisés (heureux peuple !) et j ai constaté encore une fois que cette langue est agréable même traduite en français. Mais la langue ce n’est pas que la qualité de style, c’est aussi la capacité faite naître des images dans l’imaginaire du lecteur. Vous n’oublierez pas la chaleur avec laquelle nos deux voyageurs sont, parfois, reçus dans les endroits les plus reculés et aussi la violence de certaines villes. Il raconte un passage à tabac qui m’a fait peur et a produit chez moi les mêmes effets de terreur que les images les plus violentes du cinéma. La scène de la fouille par les policiers polonais du train venant de Russie est extraordinaire de drôlerie et on peut facilement se la représenter.

On rit souvent et on aime l’humanité , car Paolo Rumiz aime les hommes même quand ils sont écrasés méprisés , dans les pires conditions ils arrivent à vivre grâce à l’humour et la chaleur humaine. Si ce n’est pas un livre sur le passé , on y lit quand même les traces que les deux horreurs du XXe siècle ont laissé dans ces régions : la disparition de la population juive et les déplacements de populations pour en contrôler d’autres. Pauvres Russes qui vivent en Estonie , sont-ils vraiment responsables de la folie impérialiste de Staline ?

J’ai bien aimé aussi qu’il connaisse Ryszard Kapuscinski, autre auteur que j’ai découvert grâce à Dominique , je suis une inconditionnelle d’Ébène. Il y a une communauté de regard entre ces deux auteurs. Avec un côté latin chez Paolo Rumiz qui fait une grande partie de son charme, surtout quand il se confronte à la réserve des gens du grand nord.

À lire et relire, c est un livre qui charme, fait réfléchir et fait aussi,comprendre le plaisir du voyage.

Citations

Une jolie phrase sur sa ville

Filons, filons, une voile et c’est parti ; une ville qui sert uniquement d’embarcadère, de point de départ. Un aperçu, une balustrade vers d’autres horizons.

Triestre sa ville d’origine

Je viens d’une terre de mer, de rocs et de vent. Pour moi, c’est plutôt une base qu’une ville, Trieste, agrippée à l’extrémité septentrionale de la mer Méditerranée, est mon refuge, un lieu que Dieu se complaît de temps en temps à touiller avec sa grande louche , déchaînant une tempête d’air et d’eau que l’on appelle la « Bora » , un vent furieux qui souffle de la terre. 

Les sourire des finlandais

En Finlande on parle peu et on sourit encore moins. Ce peuple de bûcherons timides vit dans la terreur de voir quelqu’un lui sourire, car alors le savoir-vivre l’obligera à sortir de son cocon pour répondre à ce signal.

Le silence des Norvégiens

Quand je sors dans le couloir, j’aperçois une dizaine de Norvégiens qui dégustent leur café dans un silence claustral ; on se croirait dans le réfectoire d’un monastère, avant la messe du soir. Je suis obligé de prêter l’oreille pour discerner un murmure de confessionnal. Alors, uniquement pour rompre cette glace de l’âme et mettre les gens dans l’embarras, je lance un bonjour retentissant á la cantonade et je me régale de voir tous ces yeux inquiets se lever à contrecoeur de l’assiette de poisson, d’œufs et d’oignons pour répondre par un signe au nouvel arrivant.

 Les blessures de la terre à Montchegorsk

J’ai à mes pieds quelque chose d’inouï : une nature sans défense dans son extrême douceur, impitoyablement violée, vérolée de mines comme autant de pustules d’acné sur la peau d’un adolescent.

Les intolérances religieuses

De ce voyage vertical, ce qui ressort clairement, c’est que le catholicisme et le protestantisme vivent dans le confort a l’arrière, alors que c’est l’orthodoxie qui tient la ligne… J’entends encore le patriarche de Constantinople, dans son bureau, sous le portrait de Mustafa Kemal Ataturk, murmurer des propos de coexistence, pendant que le hurlement du muezzin, du Bosphore à sainte Sophie, annihilait tout autre bruit pour la prière du soir. Une compétition acoustique sans espoir.

En Bachkirie (ça existe ! ! j’ai découvert que je ne connaissais pas la moitié des pays ou région dont il parle, cette région je m’en souviendrai si vous prononcer à haute voix ce nom vous verrez pourquoi !).

Définition de l’ours par un apiculteur

( je rappelle que Dinard a choisi l’Ours comme symbole et que la future médiathèque s’appellera : l’ours)

L’ours, dit-il, c’est un si grand nombre d’animaux en un seul. Comme un lion, il terrasse des mammifères plus grands que lui ; comme n’importe quel ruminant, il saccage les récoltes ; il vole le raisin et les fruits comme un singe ; il picore les baies comme un merle ; il fait des razzias dans les fourmilières et les ruches comme un pivert ; il déterre les tubercules et les larves comme un cochon ; il attrape les poissons avec la dextérité de la loutre. Et il mange le miel comme l’homme.

Le passé de l’Italie

L’Italie s’entête à faire semblant de ne jamais avoir été fasciste et d’avoir gagné la guerre. Et pourtant, elle l’a été fasciste, et pas qu’un peu ; et elle a perdu la guerre, justement dans ma région… Je vous en prie ne me parlez pas, des « braves gens d’Italie », parce que moi j’habite à Trieste que Mussolini a proclamé les lois raciales contre les juifs, et ce choix infâme a eu son prélude une vingtaine d’années auparavant, avec l’écrasement politique, économique et linguistique de la vaste communauté slovène. Je sais que pendant la guerre, il n’y eut pas seulement des camps d’extermination nazis, mais aussi des camps de concentration dirigés par le parti fasciste, avec des milliers de morts de faim et de froid.

Le silence des Estoniens

Autour d’une petite table , une famille consomme un bref repas, sans échanger un seul mot. Je commence à comprendre Adamov. C’est vrai que c’est impossible d’apprendre la langue d’un peuple qui passe son temps à se taire.

La Pologne et la religion catholique

 Nous approchons de la Pologne, terre de Woytila, et le Vatican fait déjà figure de gigantesque agence de voyage, de multinationale du pèlerinage , avec des filiales dans le monde entier

En Pologne, Paoli Rumiz évoque un auteur que j’ai adoré Ryzsard Kapuscinski

Il y a aussi le magasin de cartes géographiques de la rue Jean-Paul II , où le plus beau spectacle , m’a dit Ryzsard Kapuscinski , un jour de neige où nous nous étions réfugiés à l’intérieur était de voir les « gens affamés de monde » se repaître parmi les rayonnages.

En Ukraine, les émigrés qui ont fait fortune ailleurs

Il nous fait traverser une vallée magnifique , parsemée de maisons d’émigrants qui ont réussi , mais ce sont des maisons de cauchemar , des petits châteaux forts médiévaux, avec des tours coiffées de tuile en plastique bleu . Disneyland est l’idéal esthétique de l’Ukraine indépendante.

Retour vers l’Europe occidentale ou comment la salade César devient un signe de reconnaissance

Á l’hôtel , la langue anglaise refait son apparition , la langouste et la Caresar’salad ont repris place dans le menu , et je ne parle pas de l’air conditionné, bien entendu.

On en parle

Chez Dominique bien sûr etdans le « Carnet de Voyage de Myriam« .

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4
Depuis « Farrago » de Yann Appery, j’ai un faible pour le Goncourt des lycéens. Ceux de 2012 ont eu le bon goût de couronner un roman qui m’a tenue en haleine jusqu’au bout. Joël Dicker a une imagination très féconde, il nous entraîne à la fois dans une enquête policière et dans les méandres de la création littéraire. Son personnage principal, écrivain en panne d’inspiration, est relancé sans cesse par un éditeurqui a un sens aiguë du commerce et du marketing. Marcus Goldman, auteur d’un premier roman à succès, vole au secours de son ancien professeur accusé du meurtre d’une jeune fille qui a eu lieu 33 ans auparavant. Il faut aller jusqu’à la dernière page (la 665 !) pour que chaque morceau du puzzle de cette enquête soit à la bonne place.

Au fil des pages, nous aurons découvert le monde de l’édition américain ( mais je ne suis pas persuadée que ce soit différent ailleurs !), la vie dans une petite ville et sa police, nous aurons suivi l’évolution psychologique d’un jeune prétentieux qui gâche son talent dans la facilité et nous aurons été confrontés à la difficulté de l’écriture. Aucun personnage n’est caricatural, je pense par exemple à Tamara la mère de Jenny, elle aurait pu n’être que cette mère américaine stupide qui veut absolument « caser » sa fille à la gloire littéraire locale .On apprendra que derrière cette virago qui rabroue son mari à la moindre occasion se cache une femme amoureuse qui va voir en cachette un psychiatre pour comprendre ses conduites sans parvenir , pour autant, à les modifier.

Cet auteur sait manier le suspens et l’humour – j’ai beaucoup ri aux différents coups de fil de la mère du personnage principal – et surtout intéresser son lecteur. Je trouve dommage d’en raconter davantage car un des charme de ce livre tient à son suspens que je voudrais vous laisser découvrir. Ce n’est sans doute pas de la grande littérature ( je me demande où elle se cache cette fameuse « grande littérature »), mais c’est un excellent divertissement que je verrai très bien adapté au cinéma.

Citations

 Une leçon de vie

Le philosophe Sénèque avait déjà expérimenté cette pénible situation : où que fuyiez , vos problèmes s’invitent dans vos bagages et vous suivent partout.

 La gloire aujourd’hui

…Je compris que la gloire était éphémère. Elle était une gorgone affamée et ceux qui ne la nourrissaient pas se voyaient rapidement remplacés …

 Le racisme ordinaire

 Soudain , une angoisse la saisit :beaucoup de grands écrivains étaient juifs . Et si Quebert était un Juif ? Quelle horreur ! Peut-être même un juif socialiste ! Elle regretta que les Juifs puissent être blancs de peau parce que cela les rendait invisibles. Au moins , les noirs avaient l’honnêteté d’être noirs, pour qu’on puisse les identifier clairement.

Le monde virtuel

Sur mon compte Facebook, je passais en revue la liste de mes milliers d’amis virtuels ; il n’y en avait pas un que je puisse appeler pour aller boire une bière.

 Le monde de l’édition

Le monde des livres était passé du noble art de l’imprimerie à la folie capitaliste du XXIe siècle, que désormais un livre devait être écrit pour être vendu, que pour vendre un livre il fallait qu’on en parle, et que pour qu’on en parle il fallait s’approprier un espace qui, si on ne le prenait pas soi même par la force, serait pris par les autres. Manger ou être mangé .

Jolie phrase

Après la gloire , il y a d’autres gloires. Après l’argent, il y a encore de l’argent. Mais après l’amour, il n’y a plus que le sel des larmes.

On en parle

chez Kitty la mouette.

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4
Comme beaucoup d’entre nous, j’avais bien apprécié « l’origine de la violence » du même auteur. Aussi, quand la jeune libraire de la place d’Auteuil m’a conseillé celui-ci, je n’ai pas hésité. Ses conseils étaient bons : grâce à cette lecture, j’ai oublié le temps passé dans les transports parisiens.

Le roman est construit autour des personnages décrits dans la première scène, que j’ai trouvée remarquable. La violence avec laquelle le jeune serveur noir est frappé par l’odieux américain au gamin méchant et mal élevé, m’a touchée, ensuite j’ai été accrochée et je n’ai quitté ce livre qu’à la dernière ligne. Il faut quand même savoir que ce n’est pas un roman très gai et si vous voulez retrouver la forme en ce mois de novembre gris et triste à souhaits , ce n’est pas un bon choix. En effet, si les autres convives du grand restaurant n’ont pas réagi, c’est qu’ils appartiennent au genre qui nous font perdre confiance dans l’humanité d’aujourd’hui.

Entre l’oligarque russe qui a prit part au dépeçage de la Russie pour son seul profit, le futur trader qui met son savoir mathématique au service de l’enrichissement le plus rapide possible et l’Américain qui a trouvé comment une société de crédit pouvait s’enrichir sur le dos des très pauvres, le récit n’est pas franchement optimiste, mais hélas !…. réaliste. Le destin croisé des rapaces de la finance et de ce jeune serveur, Sila qui n’a rien, que la chance de vivre , est vraiment bien mené,( malgré quelques outrances) et nous permet de nous remémorer tous les événements qui ont fait l’actualité de ces dernières années.

La seule réserve que je ferai, c’est que j’ai trop senti, par moments, la trame romanesque l’emporter au dépend de la crédibilité des situations et de la profondeur des personnages.

Citations

 Définition de la finance aujourd’hui

 Le monde financier est un circuit automobile avec des voitures sans freins. Lorsque tout va bien, toutes les voitures tournent. Si l’une d’elle a un accident… advienne que pourra.

 L’aide du FMI

 La Russie était en cessation de paiement. Le FMI, comme prévu, avait donné de l’argent. Le lendemain même, sur les comptes des paradis fiscaux, on en retrouvait des traces : une partie de la manne avait été détournée par les oligarques.

 Les « vrais » riches

Son avion privé l’attendait et il constata avec amusement que les hommes ruinés restent riches.

On en parle

KathelAifelleHelène (que des amies chez qui je pioche souvent de bonnes idées !).

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Merci, merci à Hèlène ce livre était dans son Tag – au passage j’aimerais que quelqu’un m’explique tous les sens de ce mot encore mystérieux pour moi- elle parlait de ce livre comme d’un petit bijou. Je suis entièrement d’accord, depuis il ne me quitte plus.

Je le lis et relis. Pourtant, d’habitude, je ne suis pas fan des nouvelles, mais ce recueil constitue un tout. On a l’impression de passer du coq à l’âne mais non, ce sont bien toutes les facettes des comportements humains qui sont réunis sans pour autant les mettre dans le lien d ‘un roman.

On rit, sourit ,on est ému. On est dans le trivial, puis dans le poétique, je me suis tout de suite sentie bien. J’ai un petit faible pour le texte qu’il a appelé « dix huit ans ». Il explique à son fils comment il a aimé sa femme, je trouve que c’est compliqué d’écrire aujourd’hui des sentiments profonds sans faire cucul :David Thomas y parvient.

J’ai aimé l’alternance homme femme et les changements de ton. Je suppose que j’arrive après tout le monde et que vous l’avez déjà lu , si ce n’est pas le cas, précipitez vous et racontez moi. J’ai beaucoup hésité à mettre des citations. J’ai eu envie de recopier une nouvelle mais c’est trahir ce recueil tant chaque texte est différent du suivant.

Citations

La colere du mec délaissé

« Conne »
Je ne vois pas ce qu’il y a de plus déprimant que de se dire qu’on a aimé une conne. Pas une idiote, hein, une conne . Une qui a une petite âme. Une qui s’la pête qui prend son joli minois pour la Joconde. Une qui prend de haut, tellement elle se sent basse d’avoir merdouillé et de s’être pris les tapis pour expliquer qu’elle ne t’aime plus et qu’elle a besoin de changer d’air.

 Leçon d’amour à son fils

« dix huit ans  »
Prends ton temps petit bonhomme, ne te précipite pas sur le bonheur, laisse-lui du champ, donne-lui le temps de t’approcher,contiens-toi, sois juste là. Offre à cette fille le temps de te rejoindre.

Une leçon de vie

Ne me retire pas l’idée, aussi incertaine soit-elle, que s’aventurer est toujours plus vivifiant que se contenir, que ce qui s’élance a plus de grâce que ce qui se ramasse. Un jour qui se lève, aussi merdique soit-il, même en novembre, même par temps de pluie, est toujours plus prometteur qu’un soir de juin qui a tout dit.

On en parle

Biblioblog.

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Suite à une discussion avec des amis, je me suis lancée dans la littérature japonaise. Dans ma librairie préférée dont je crois, je n’ai pas encore parlé  » les nouvelles impressions » de charmantes jeunes femmes m’ont conseillé « Mitsuba » de Aki Shimazaki. Quel judicieux conseil ! D’abord, parce que cette auteure japonaise écrit en francais, on peut donc à loisir savourer la sobriété et l’efficacité de sa langue. De plus, comme elle est expatriée au Québec, elle peut mieux que d’autres, mettre en scène les différences entre la civilisation japonaise et l’occident.

Ce court roman d’un homme entièrement dévoué à son entreprise et qui va devoir sacrifier sa vie personnelle est très bien construit. Le lecteur est tenu en haleine jusqu’à la fin. Tout le Japon est dans ce texte très court : la pudeur des sentiments, le raffinement de la politesse et l’extrême violence des rigueurs du monde de l’entreprise.

J’ai vraiment bien aimé et j’ai moins ressenti l’étrange sentiment de vide que me font d’habitude les romans japonais. Je suis attirée par ses 5 romans le poids du secret, me voici donc au japon pour un moment.

Citations

L’éducation

Les gens instruits ailleurs qu’au Japon ne sont plus traités comme des Japonais . Naturellement , ils auront de la difficulté à vivre dans leur propre société à leur retour .

Les remarques de sa femme réveillent les souvenirs de mon enfance aux États-Unis… les conséquences furent sévères : de retour au Japon , j’ai eu beaucoup de difficultés à l’école surtout en mathématiques et en japonais. Alors , j’ai dû étudier avec l’aide d’un professeur privé , tous les jours après école. C’était dur. D’ailleurs, des camarades me ridiculisaient en se moquant de mon japonais mêlé de mots anglais.

Sommes nous si différents ?

Il est dommage que son supérieur n’apprécie pas l’efficacité de Nobu au travail . Il veut que Nobu se comporte comme tout le monde pour ne pas troubler le wa (harmonie) c’est ironique , car ce mot signifie aussi « Japon » . Je songe au dicton : »le clou qui dépasse se fait taper dessus ». C’est triste mais c’est une réalité qu’on ne peut ignorer dans cette société.

On en parle

Quelqu’un qui apprécie beaucoup la littérature japonaise :perdue dans les livres.

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 Coup de cœur de mon club de lecture.

4
J’imagine le plaisir que Christian Goudineau, spécialiste de l’histoire Gallo-Romaine, a éprouvé à écrire ce roman policier, délaissant pour un moment ses ouvrages scientifiques sur la même période. Il met en œuvre tout son savoir d’historien pour nous raconter une histoire. Et pour être bien sûr d’être lu jusqu’au bout il crée un roman policier gallo-romain. Il faut dire que l’époque s’y prête, et que, sans doute, la réalité dépasse dans les grandes largeurs la fiction puisque les personnages qui tirent le ficelles s’appellent Messaline, Aggripine, Caligula… on peut, donc, s’attendre à tout.

Le personnage principal, Valerius Asiaticus a existé, et, l’intrigue est plausible à défaut d’être historique. On sent tout le plaisir que prend l’auteur à faire revivre cette époque, dans tous les détails du quotidien : l’habitat, les vêtements, les déplacements, et la nourriture. Ah ! La nourriture… j’avoue que par moment, je m’ennuyais un peu à la description des repas. J’ai souri quand le personnage principal, Charmolaos , faisant relire par sa jeune nièce, Kallisto, son récit, s’entend reprocher ceci :

 Avais-je besoin de décrire tous ces repas, d’en donner la composition, sans parler de ces innombrables coupes de vin

Quel talent ! Un personnage se trouve là pour énoncer la critique que je m’apprêtais à lui faire. L’auteur a choisi de faire parler ses personnages dans la langue d’aujourd’hui, cela rend le texte léger et amusant. Comme nous sommes entre érudits, il nous arrive d’avoir des passages de culture grecque. On découvre aussi la vigueur et la diversité des villes gauloises.

Le reproche que l’on peut faire à ce roman, c’est de vouloir dire trop de choses sur cette époque, on sent parfois que l’intrigue n’est qu’un prétexte et que l’historien saisit toutes les opportunités de son récit pour nous faire partager sa passion.

Je ne suis pas sûre que les amateurs de romans policiers apprécieront cette intrigue un peu compliquée, mais les historiens ayant le sens de l’humour vont se régaler. C’est un beau voyage que je me suis offert pendant quelques jours avec des personnages qui m’ont permis de renouer avec une époque que je connaissais mal.

Citations

L’humour du philosophe

Un peu de patience, on viendrait nous désembourber, un peu de patience et l’on arriverait a une auberge épatante, un peu de patience et le temps reviendrait au calme. Prévisions qui par force, s’avérèrent exactes, le temps de la patience n’ayant jamais été précisé.

Un philosophe antique Panaitos de Rhodes, question éternelle !

L’univers dans lequel nous vivons nous échappe pour toujours. Même si nous découvrons les lois qui le régissent, nous ne pourrons jamais concevoir son origine. Si nous l’attribuons aux dieux, nous inférons que ceux-ci lui sont antérieurs. Mais l’idée d’éternité, de non-naissance est incompatible avec notre finitude de mortels, nous qui naissons et sommes voués à mourir. L’idée de cycles, qui voient l’univers se créer puis disparaître, reproduit notre propre condition , mais ne résout pas la question essentielle : comment est-il possible que quelque chose ne naisse pas ou naisse de rien ? Comment imaginer le rien ? Comment imaginer l’absence de temps

Le bon goût

L’aspect « décor peint » qui prévalait à l’extérieur devait flatter le gout gaulois, peut-être même le cote  » nouveau riches » auquel Critias avait fait plusieurs fois allusion.

Les repas

On nous servit un vin plein de vigueur. Chairs succulentes, sauces …qui changeaient de ce garum qui passe pour le nec plus ultra mais auquel mon palais répugne. Pas de livèche, des champignons et une énorme platée de choux et de raves. Des coupelles de confitures douces ou aigrelettes pour rectifier l’assaisonnement.

On en parle

Un historien qui n’a pas trop apprécié le roman policier et enfin « un » blogueur dans ce monde si féminin D’une berge à l’autre

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5
Quel diable d’homme ce Bill Bryson ! Il a réussi à me passionner pendant 579 pages pour des questions scientifiques qui en règle générale m’ennuient, car je n’y comprends rien. Je ne sais pas si je suis plus savante aujourd’hui , j’ai en tête quelques idées sur la formation de la terre, l’importance du soleil de la lune et du noyau de la terre. Je suis stupéfaite de tout ce qu’on sait sur des organismes si petits que je n’arrive pas à les imaginer.

J’ai été très amusée par toutes les querelles d’écoles des différents scientifiques, Bill Bryson raconte tout cela avec son humour si particulier . Cette façon irrespectueuse et drôle de raconter les débats les plus sérieux qui ont agité l’homme depuis qu’il a voulu comprendre la vie sur terre est pour beaucoup dans mon plaisir à lire ce roman.

Je sais que ce livre plaira à toutes celles et tous ceux qui comme moi sont curieux des questions scientifiques mais rebutés par le langage trop savant. L’idée que je garderai une fois le livre rangé en bonne place dans ma bibliothèque c’est que la vie sur terre est un tel prodige et le fruit d’un tel hasard que l’on devrait tout faire pour la protéger. C’est sans doute encore une idée trop « angélique » mais je l’ai ressentie avec force tout au long de ce livre.

Citations

Des idées difficiles à comprendre

De tous les concepts de la théorie générale de la relativité , le plus difficile à saisir pour nous est celui que le temps fait partie de l’espace . Notre instinct nous dit que le temps est éternel , absolu, immuable – que rien ne peut troubler son écoulement régulier. Or selon Einstein , le temps est variable et toujours changeant . Il a même une forme . Il est lié – « dans une trame inextricable » selon l’expression de Hawking – aux trois dimensions de l’espace dans une dimension bizarre appelée l’espace-temps.

 Une idee bien sympathique et un sourire

Chacun de vos atomes est probablement passé par plusieurs étoiles et a fait partie de millions d’organismes avant d’arriver jusqu’à vous. Nous sommes si chargés atomiquement et si vigoureusement recyclés à notre mort qu’un nombre significatif de nos atomes -jusqu’à un milliard pour chacun d’entre nous, selon certains- a sans doute appartenu un jour à Shakespeare. Un autre milliard nous est venu respectivement de Bouddha , Gengis Khan et Beethoven , ou tout autre figure historique de votre choix. (Il faut , semble-t-il , des personnages assez éloignés dans l’Histoire, car les atomes mettent quelques décennies à se redistribuer ; si fort que vous le désiriez,vous n’êtes pas encore recyclé en Elvis Presley). 

Avec le sourire on lit plus facilement un livre sérieux

Les physiciens affichent un dédain notoire pour les scientifiques des autres domaines . Quand l’épouse d’un grand physicien autrichien Wolgang Pauli le quitta pour un chimiste, il en resta comme deux ronds de flan. « Elle aurait pris un toréador , j’aurais compris, confia-t-il à un ami. Mais un chimiste… » 

La resistance aux idées nouvelles

Cela restait une proposition radicale pour l’époque et elle fut extrêmement critiquée , surtout aux États-Unis , où la resistance à la dérive des continents persista plus longtemps qu’ailleurs . Un critique se plaignit , le plus sérieusement du monde , qu’avec des arguments aussi clairs et convaincants Holmes puisse induire les étudiants à les croire.

Apprendre en s’amusant

Demandez à un géochimiste comment fonctionne ce genre d’engin , et il se lancera dans des histoires d’abondance isotopique et de niveaux d’ionisation avec un enthousiasme plus sympathique. Que compréhensible. Pour nous résumer , la machine , en bombardant un échantillon de roche de jets d’atomes chargés , parvient à détecter de subtiles différences dans les niveaux de plomb et d’uranium des zircons , d’où l’on peut déduire avec précision l’âge de la roche. Bob m expliqua qu’il faut dix sept minutes pour lire un zircon, et qu’il faut en lire des douzaines par fragment pour obtenir des données fiables. En pratique , toute l’affaire semble aussi répétitive et aussi excitante qu’une expédition au lavomatic, mais Bob avait l’air très heureux – ce qui est souvent le cas des gens de Nouvelle-Zélande.

Une anecdote de celle dont on se souvient :

Ce n’est sans doute pas une bonne idée de s’intéresser de trop près à ses microbes. Louis Pasteur en était à ce point obséder qu’il en vint à examiner á la loupe chaque plat que l’on posait devant lui – habitude qui ne dut pas lui valoir d’être. Souvent réinvité à dîner.

 Les mots de la fin

Les hommes modernes n’occupent que 0,001 pour cent de l’histoire de la Terre- à peine un souffle- mais même une existence aussi brève a exigé une succession infinie de heureux hasards. Nous n’en sommes qu’au tout début . L’astuce consiste à s’assurer que nous n’en verrons jamais la fin. Et, à coup sûr , cela va exiger de nous bien autre chose que de simples coups de chance.

On en parle

Un blog que je ne connaissais pas : Urbanbike.

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Après la déception de « cherchez Hortense » et un plaisir en mi-teinte « Du vent dans mes mollets » et avant mon festival préféré (LE festival du film britannique). Voici un film que je recommande à toutes et à tous. Brièvement voici l ‘histoire : un réfugié algérien se retrouve instituteur dans une école du Québec où une enseignante s’est donné la mort. Cela permet au cinéaste , de traiter à la fois des problèmes éternels : les enfants confrontés à la mort , et les drames du monde actuel.

Philippe Falardeau est un grand cinéaste. J’ai eu la gorge nouée lorsque Lazhar, lors de sa demande pour obtenir le droit d ‘asile, est obligé de raconter la tragédie qui l’a obligé à fuir l Algérie. J’ai ressenti la même chose lorsque le petit Simon laisse éclater le poids qui l’empêche de vivre depuis le suicide de sa maîtresse. Ce sont les deux moments forts du film, mais tout le reste sonne juste. Les personnages secondaires sont bien traités, rien n’est laissé au hasard ni à la caricature facile. Par exemple, le prof de gym au sifflet , n’est pas l’abruti de service qu’il semble être à première vue. C’est lui qui apporte une remarque qui sous-tend tout le film : à force de ne pas vouloir toucher les enfants, de peur d’avoir des gestes ambigus , les enfants deviennent des « dangers radio-actifs », les enseignants s’interdisent tout geste naturel et cela peut entraîner des catastrophes.

La musique est superbe et les images du Québec n’ont rien de « romantiques » mais elles doivent être très proches de la réalité. C’est un film qui me trotte dans la tête et je sais que vais aller le revoir , rien que pour entendre à nouveau Fellag lire sa fable de la fin du film.

Allez-y et racontez moi.

On en parle

les bottines rouges

Bande annonce

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Traduit de l’anglais par Christiane et David ELLIS.

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Je pense que Dominique avait encore raison, quand on a pris le virus Bill Bryson, on va au bout de son plaisir et on lit tout ce qu’il a écrit. J’ai de nouveau été séduite par « Motel Blues », c’est drôle et profond à la fois.

C’est remarquablement traduit, mais j’observe qu’il a fallu qu’un couple s’y mette, sans doute une femme d’origine française et un homme de langue anglaise. Je ne sais pas pourquoi mais j’imagine que, même s’ils ont beaucoup travaillé, ils ont dû aussi beaucoup s’amuser, pour nous offrir toute la saveur de l’humour de ce grand observateur des comportements humains. J’ai aimé la tendresse qui l’attache à son père un peu radin, mais qui a su faire aimer la vie à ses enfants.

Avec Bill Bryson nous partons donc à travers ce vaste , très vaste pays. Je conseille ce livre à toutes celles et tous ceux qui veulent faire du tourisme aux USA, c’est vraiment un pays immense, capable du meilleur comme du pire. Les états peuvent être très différents des uns des autres mais il faut toujours avaler au minimum 300 kilomètres pour aller d’un point à un autre. Certains lieux touristiques sont à fuir absolument, en particulier ceux des réserves indiennes .

Les village reconstitués peuvent avoir du charme mais cachent mal qu’aux États-Unis, peu de choses sont faites pour conserver le patrimoine. On a l’impression parfois d’aller d’une zone semi industrielle à une zone commerciale en passant par des échangeurs d’autoroutes complètement surréalistes. C’est avec une grand tristesse que je constate que l ‘approche de toutes les villes françaises sont devenues aussi impersonnelles que ce qu’il nous décrit aux USA en 1989. Nos centres villes sont restés encore très vivants mais pour combien de temps encore ?

C’est aussi l’intérêt de ce livre, il permet d’observer la civilisation américaine et je l’espère éviter ses excès.

Citations

 Le racisme

Cette remarque m’a fait penser la Bretagne où on se félicite de n’être pas raciste

Les Sudistes détestent cordialement les Noirs et pourtant ils semblent cohabiter avec eux sans problème, tandis qu’au Nord , les gens n’ont rien en générale contre les Noirs, les considèrent même comme des êtres humains dignes de respect et sont même prêts à leur souhaiter bonne chance dans la vie, mais désirent surtout ne pas avoir à les fréquenter de trop près.

 Les abord des villes aux USA en 1989 , les nôtres, aujourd’hui, sont elles différentes ?

 De nos jours , une ville si modeste soit-elle, a deux ou trois kilomètres de restoroutes, de motels,d’entrepôts à prix discount,de centres commerciaux – tous surmontés d’enseignes mobiles d’une dizaine de mètres et accompagnés de parking de la taille des Ardennes.

L’architecture hôtelière américaine (hélas, on pourrait dire la même chose pour la France aujourd’hui)

Au bout de la rue , il y a le nouvel hôtel Hyatt Regency qui vous flanque instantanément la déprime. Ses formes massives en béton appartiennent visiblement à l’école d’architecture tendance « on n’en a rien à foutre » que les chaînes hôtelières américaines ont en prédilection.

Le touriste de base américaine en camping car

Voilà, hélas, comment de nos jours beaucoup de gens passent leurs vacances. Cela consiste avant tout à ne pas s’exposer au moindre moment d’inconfort ou de désagrément , voire même, dans la mesure du possible , à éviter de respirer l’air pur. Quand l’envie de voyager vous prend, vous vous enfermez dans un luxueuse boite de 13 tonnes , vous parcourez 700 kilomètres hermétiquement protégés contre les éléments naturels, et vous vous arrêtez dans un camping où vous vous vous précipitez pour brancher l’eau et l’électricité afin de ne pas être privé un seul instant , d’air conditionné, de machine à laver la vaisselle ou de four à micro-ondes.

 Et au Yosemite

Mais Yosemite fut une déconvenue monumentale . Ce que vous apercevez en premier c’est la vallée d' »El Capitan » avec ses montagnes imposantes et ses cascades blanches qui se déversent à des centaines de mètres sur les prairies du bas. Vous vous dites alors que vous êtes sans doute passé dans l’au delà et que vous vous trouvez au Paradis. Puis vous continuez et vous descendez à Yosemite Village et vous vous rendez compte que si effectivement vous êtes au paradis, vous allez passer le reste de l’éternité au milie d’une horrible bande de touristes obèse en bermuda.

 Bravo pour la traduction. Humour sur l’accent du sud des États-Unis

Mais à ce moment-là , la serveuse arriva et me dit :
« Tu veux voir mon minou sans t’géner, chéri ? »
Et je compris que c’était hors de question. Je ne comprenais pas un traître mot de ce que les gens me disaient. Ils auraient tout aussi bien pu me parler chinois. Il nous fallut de longues minutes et force gesticulations du couteau et de la fourchette pour rétablir ce que la serveuse avait vraiment dit :
« Tu veux voir le menu du p’tit déjeuner, chéri ? ».

Les villages reconstitués

On se trouve partout confronté de manière exaspérante à des détails qui font pastiche. Autour de l’église paroissiale de Burton, les pierres tombales sont visiblement des imitations ou, en tout cas , les inscriptions sont toutes récentes. Rockefeller ou un autre gros bonnet, a sans doute été déçu de constater qu’après deux siècles de plein air les pierres tombales deviennent invisibles . Si bien que maintenant les inscriptions sont neuves et bien taillées, comme si on les avait gravées la semaine passée , ce qui est peut-être le cas.

 Humour

Ce mémorial est tout à fait ce qu’on imagine : Lincoln y est assis dans son grand fauteuil , l’air noble mais affable. Il avait un pigeon sur la tête. Il en a toujours un. Sans doute le pigeon pense-t-il qu’on vient tous les jours pour le regarder.

 Les routes

À Boston , le système routier est absolument fou. Il visiblement été conçu par quelqu’un qui a passé son enfance à mettre en scène des accidents avec son train électrique . Tous les cent mètres , la voie que je suivais disparaissait et d’autre voies venaient s’y ajouter de la droite ou de la gauche , parfois même des deux côtés à la fois . Ce n’était pas un réseau routier, c’était de l’hystérie á quatre roues.

Une citation pour mon frère forestier

Le séquoia est un arbre laid. Il n’en finit pas de s’élever mais ses branches sont rares et courtaudes, ce qui lui donne un air idiot : c’est le genre d’arbre que dessine un gosse de trois ans

Éclat de rire. Et encore un petit plaisir de la vie que l’appareil numérique nous a enlevé…

Les Allemands sont arrivés , aussi déplaisant et antipathiques que savent l’être des adolescents, et ils m’ont privé de mon arbre. Ils ont grimpé sur la clôture et commencé à prendre des photos. J’ai pris un plaisir mesquin à me mettre devant le type qui tenait l’appareil à chaque fois qu’il appuyait sur l’obturateur, mais c’est une activité qui ne vous distrait pas éternellement, même quand il s’agit d’Allemand.

 On en parle

Chez Keisha, par exemple.