Une chose est sure, personne ne peut rester indifférent à ce film. Son sujet : l’horreur de la guerre, en particulier de la guerre civile. On tue visiblement avec plus de cruauté son voisin que son ennemi lointain. Il y a dans ce film un aspect tragique qui le rend différent de bien d’autres œuvres sur le même sujet, tout se déroule de façon inéluctable, comme dans le théâtre de Racine et avant lui des tragédies Grecques. A cause des paysages et des événements qui constituent la trame d’Incendies on pense à Sophocle, à Antigone pour la détermination de la femme à ne pas se résigner, à Œdipe évidemment pour l’horreur absolue.
On ne peut pas raconter ce film, d’autant qu’il faut accepter quelques invraisemblances, ce n’est pas un film réaliste, c’est une allégorie de la violence et du mal absolu sous-tendu par la guerre. Le point de non retour dans la violence, l’apogée de l’horreur, c’est cette scène du bus brûlé avec tous ses occupants, c’est insupportable et l’indifférence de ceux qui assistent à cette tuerie en dit long sur les limites de l’âme humaine confrontée aux tueries les plus barbares.
Toujours le même constat (surtout depuis les révélations des horreurs de la Shoa) il y a ceux qui agissent et ceux qui les regardent dans une indifférence complice ; mais à ce moment du film, le spectateur bien confortablement assis dans son cinéma préféré, se demande s’il ne participe pas au silence général, à la passivité bien pensante devant l’horreur absolue. Il me reste à parler de la force cinématographique de ce film pas seulement la beauté et l’intelligence des images, mais aussi la façon dont on se déplace sans arrêt du point de vue des victimes à celui des bourreaux, les rôles étant souvent interchangeables.
La façon dont le cinéaste nous oblige à garder en mémoire une image dont la signification ne sera donnée qu’à la fin du film, en particulier l’image de la piscine qui est absolument bouleversante et je crois que je reverrai le film pour cette image.
Voilà, je ne vous conseille pas d’aller voir ce film car il est très dur mais c’est vraiment un chef d’œuvre. Ne vous laissez pas amuser par l’accent québécois, ces quelques minutes de légèreté permettent seulement de respirer.
On en parle
Toujours raison site où j’ai emprunté l’affiche du film.