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4Chaudement recommandé par ma libraire de Dinard, je m’attendais à un grand plaisir de lecture. Je n’ai pas été déçue et je mets sans hésiter ce livre dans mes préférences. Il faut dire que je lui dois déjà la découverte de Tonino Benaquista, à ma libraire. On ne remerciera jamais assez les personnes qui vous font découvrir un nouvel univers romanesque.

Ce livre est une pure merveille et s’il n’a pas ses cinq coquillages c’est pour un détail qui ne regarde que moi. Madame Jackson institutrice à la retraite, femme très âgée, a failli se laisser mourir, noyée dans sa maison inondée à cause des digues qui ont rompu, parce qu’elle n’a pas voulu abandonner son chien. Moi qui vis dans une ville avec des mémés à chiens , je suis devenue intolérante ( mais ai-je vraiment jamais supporté les crottes de chien sur les trottoirs ? ? ?)

Tout cela nous éloigne d’un livre superbe, on suit les pensées pas toujours cohérentes de cette femme qui a adoré son fils, mais a refusé son homosexualité. Nous sommes en 2005 dans le Delta du Mississippi , l’ouragan Katrina va détruire, en particulier, les quartiers habités par les noirs de la Nouvelle-Orléans.Une grande partie du siècle défile devant nos yeux avec l’angoisse que Zola n’arrive pas à survivre à la catastrophe qui engloutit peu à peu son quartier.

Son amour pour son fils est très beau,c’est une mère abusive mais elle est touchante dans ses excès. Le personnage du mari et son amour pour celui qui a construit cette maison qui résistera à l’ouragan est très intéressant également. L’intérêt du livre, c’est ce voyage dans sa mémoire, donc dans la mémoire des états du sud des Etats-Unis et de voir que malgré tout son affection maternelle, elle a pu se tromper à ce point sur son fils, elle l’a rejeté quand, par amour, il a refusé les postes prestigieux et surtout elle n’a pas pu supporter qu’il soit amoureux d’un homme et de plus d’un homme blanc. Son passé explique en partie son refus mais pas seulement.

Dans les citations, je mets un petit passage sur le chien, c’est rare que dans un livre on dise que les chiens pètent dans la vraie vie, ils le font souvent surtout les labradors et ça sent très mauvais. Franchement, j’exagère le livre se veut grave poétique et profondément humain et je vous ennuie avec son chien …

Citations

 Lady (c’est le chien) m’a regardée de son air sans-y-croire ….. elle a reculé d’entre les genoux du collègue, puis elle a quitté le salon en pétant discrètement.

On pourrait se trisser…. sauf qu’on ne quitte pas cette ville. On y est né, on y a souffert à peu près tout ce qu’une créature du Seigneur peut encaisser, et on y reste.

De même que je n’étais pas d’accord pour les réunions Tupperware, pas d’accord pour les réunions Avon, je n’ai pas joué le jeu du window treatment où les dames du quartier rivalisaient par fenêtres et froufrous interposés.

Il ne faut pas grand-chose pour se faire détester dans ce pays où tout le monde aime son prochain, comme il est ordonné par la constitution.

Et puis … quelle faveur, quel sursis demander au Ciel ? Le ciel, c’est juste ce qui nous tombe sur la gueule.

On en parle

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4
Roman destiné aux adolescents, ce roman peut séduire un public assez large de l’enfance aux adultes. C’est un plaidoyer contre tous les obscurantismes. Elvina jeune fille juive vivant au 11e siècle n’a pas le droit d’apprendre. Elle est interdite d’école et d’études parce que c’est une fille ! Or l’écriture la passionne et rien ne pourra l’empêcher d’apprendre.

On voit de l’intérieur d’une famille, pourtant très érudite, tous les interdits religieux qui sont autant de frein à la compréhension du monde. Au- delà de la petite communauté rode les hordes des croisés, et la peur qu’ils anéantissent tous les juifs avant de partir en terre sainte. Comme le récit est vu à travers le personnage d’Elvina, c’est très facile à lire et permet de revivre cette époque. Le point de vue sur les croisades n’est pas exactement celui que j’avais appris à l’école mais c’est vrai qu’il n’y a plus aujourd’hui grand monde pour chanter les louanges des valeureux croisés !

Le mazal ? C’est l’ange gardien d’Elvina à qui elle écrit tout ce qui la perturbe, un peu comme les adolescentes d’aujourd’hui remplissent des cahiers intimes.

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Roman construit comme une partie de dominos, de dominos abkhazes. (J’ai dû rechercher où était L’Abkhazie, je ne suis pas certaine que je connaissais ce pays, l’article de Wikipédia ne parle pas du jeu de dominos ! !) On sent dans ce roman, un auteur passionné des mots et des jeux avec le langage. J’écoute souvent les « papous dans la tête » sur France culture à laquelle il participe, c’est une émission qui me fait sourire. Comme son livre. Il est agréable à lire, beaucoup de remarques assez justes sur notre société, une grande bienveillance pour les êtres humains en général et les femmes en particulier. Et surtout un grand plaisir à jouer avec la langue française qui donne tout le charme à ce roman

Des amours qui commencent, d’autres qui se finissent ce n’est que la vie en quelque sorte, une vie dans un monde parisien de la grande bourgeoisie parisienne où l’argent n’est vraiment pas un problème.

Citations

 Parfois quand un inconnu indiscret vient à le questionner sur sa vie – un taxi, un coiffeur de province, un voisin de train – Yves s’invente un métier, se fabrique une vie, dans l’impunité de l’anonymat ….Le temps d’une course place d’Italie – rue Montmartre, il devient l’un des spécialistes européens de la cryptobiose des tardigrades.

– De la quoi des quoi ? dit le taxi

– De la cryptobiose des tardigrades. Les tardigrades sont de tout petits animaux pas plus gros qu’une tête d’épingle. Ils sont capables d’expulser toute l’eau de leur corps pour résister à des températures extrêmes dans l’Antarctique : c’est cela, la cryptobiose. Dans cet état, ils peuvent survivre des années, parfois des siècles. Je les étudie depuis vingt-deux ans maintenant.

– On vous paye pour ça avec nos impôts ? Demande le taxi inquiet.

On remarquera que la liaison se fait entre corps et étrangers, s’il y en a qu’un-un corétranger -, mais se fait en z s’il y en a plusieurs –des corzétrangers. Allez expliquer ça à un étranger.

On en parle

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C’est avec une grande tristesse que j’ai lu ce livre, par ailleurs excellent. Je savais bien que la Chine maoïste ne correspondait en rien à mes croyances de jeunesse, mais « Petit Mao » va plus loin, il détruit dans une machine à broyer les moindres illusions tous les mythes maoïstes. En plus de l’horreur qui s’est abattue sur les lettrés de cette grande civilisation, il y a la douleur personnelle d’avoir prêté une oreille positive à toute cette propagande. Comment croire que tuer tous les oiseaux de Chine, pouvait aider à résoudre la famine ! ! Comment croire que les textes des siècles anciens étaient droitiers et qu’il fallait tous les brûler, comment croire qu’il fallait humilier, jusqu’à la mort, l’intelligence.Le roman est bien imaginé, un enfant construit sa vie sur le désir de retrouver sa mère qui a été la première femme de Mao. Il est confié à un couple communiste et lettré. Cela permet à l’auteur de décrire les tragédies de la Chine communiste d’un point de vue original. Comme souvent dans ce genre de livre qui remet en cause les choix politiques d’un pays, je préfère l’écriture de ceux qui ont eu à en souffrir. Les Chinois sont nombreux à écrire je rappellerai juste la force et l’humour de « Balzac et la petite tailleuse Chinoise » de Dai Siji.

Citation

– Tu hésites parce que ce porc est ton père ? aboya un garde à mes oreilles.

La meute se déchaîna.

– Nos pères ne sont rien ! S’ils trompent le Parti, les fils ont le devoir de les éliminer. Nous sommes les fils de la révolution, pas ceux de nos pères ! Frappe-le !

– Mort aux pères ! hurlèrent-ils.

Et ils m’obligèrent à gueuler avec eux.

– Mort au père, criai-je.

Comment auraient-ils deviné que mon cri s’adressait non à l’homme que je vénérais et qui souffrait sous leurs tortures, mais à celui qui en était l’instigateur, Mao Zedung lui-même ? Dérisoire et invisible victoire.

Seul Wang Yi comprit la vérité de cet hallali.

On en parle

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2
Je ne veux pas être trop injuste avec ce roman qui m’a quand même beaucoup déçue. J’avais beaucoup aimé La Délicatesse. L’histoire d’amour entre Fritz et Anna n’a pas réussi à me passionner, la description à la fois des personnages et des milieux m’a semblé proche de la caricature. Je n’ai pas retrouvé la verve humoristique qui m’avait tant plu dans le précédent roman de cet auteur. Mais je ne veux pas être injuste car il m’a permis de passer une nuit d’insomnie beaucoup plus agréable que si j’avais zappé devant les reportages animaliers de la télé.

On en parle

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Une femme qui préfère se faire appeler Chouquette que mamie (ou grand-mère), qui lutte de toutes ses forces pour garder un mari qui ne l’aime plus. La vie à Saint-Tropez où l’alcool et la drogue occupent une grand partie du temps. L’horreur des femmes de 60 ans qui veulent encore passer des soirées dans le vent.

Beurk de beurk, ce n’est vraiment pas drôle d’avoir peur de vieillir à ce point et d’être plongé dans des histoires abominablement tristes. L’auteur a ce talent de dire les choses brutalement un peu dans le style de certaines journalistes de Elle. Emilie Frèche décrit bien en le caricaturant peut-être un peu, le monde people où doit vivre une si petite partie de la population française. Ce n’est pas mon monde et je n’ai guère envie d’en faire partie,Les soirées sur yachts saint-tropéziens sont à vomir (et pas seulement dans le sens métaphorique !). Le désespoir de Catherine Alias Chouquette me touche assez peu, elle représente un peu tout ce que j’espère ne jamais être.

Le livre se lit très rapidement comme un grand article d’un hebdomadaire d’été.

Citations

Elle s’imagine parler au téléphone avec sa fille !

« Il faut que tu te réveilles, Adèle, mamie Nova, c’est terminé ! Oui, je me fais sauter ! Oui, je prends mon pied ! J’ai soixante balais et je mouille encore le fond de ma petite culotte, si tu veux tout savoir ! »

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Je suis désolée de n’avoir pas le temps de finir ce livre. Mais comme je le lis dans le cadre de notre club, il faut que les autres puissent le lire également. (Je ne mets donc pas de coquillages.) C’est un livre qui essaie de rendre compte de la création artistique. Je ne sais pas si les artistes se retrouveront dans ce roman. J’ai été très intéressée par l’évocation de cette époque de fer et de religion. Le XVIIe siècle, qui y est décrit est vraiment une époque horrible, la pauvreté insoutenable et l’arrogance des princes et des gens d’église à peine supportable.

La souffrance du peintre qui se sait novateur et porteur d’un message qui dépasse son époque est bien rendue. Au début da ma lecture, j’ai été gênée par ce « Tu » du narrateur qui s’adresse au peintre, mais peu à peu je l’ai accepté. Je finirai ce livre un jour c’est certain.

Pour une fois je ne mets pas de citations mais ce tableau où le Caravage s’est représenté sous le trait du bourreau parle mieux du livre que n’importe quelle citation.

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J’ai choisi ce livre dans la bibliothèque de la Pinacothèque de Paris, qui consacre une très belle exposition à Edvard Munch, intitulée Munch ou l’anti cri. Cet essai illustre parfaitement le propos de l’exposition. Il m’a permis de revivre les moments forts que j’ai éprouvés devant des tableaux que je ne connaissais pas et qui sont absolument magnifiques.

On peut parfaitement admirer les toiles sans rien connaître des tourments d’Edvard Munch, mais ce livre est bien fait. Pour nous faire comprendre et mieux connaître ce géni de la peinture, l’auteur entre dans les souvenirs de sa sœur, de ses amis, de ses mécènes, c’est très agréable à lire, on a l’impression de vivre avec celui dont l’œuvre ne se résume certainement pas au « Cri » qui l’a rendu si célèbre.

Citations de Munch

La maladie, la folie et la mort sont des anges noirs qui ont veillé sur mon berceau et m’ont accompagné toute ma vie.

 

En vérité, mon art est une confession que je fais de mon plein gré, une tentative pour tirer au clair, pour moi-même, mon rapport à la vie … C’est au fond une forme d’égoïsme, mais je ne renonce pas à l’espérance qu’avec son aide, je parviendrai à aider d’autres gens à se comprendre.

On en parle

Lien vers l’expo à voir absolument : link.

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Deuxième livre de Sinoué et toujours aussi peu convaincue ! J’ai quand même été intéressée les descriptions du travail sur la peinture au 15° siècle. Mais la conspiration policière et religieuse autour de l’inventeur de la peinture à l’huile : Jan Van Eyck, m’a prodigieusement ennuyée. Décidément, je n’aime pas les romans policiers historiques !

Les personnages vont être victimes d’une double conspiration. La puissance terrestre veut retrouver une carte permettant de naviguer afin de rapporter des matières précieuses dans les caisses royales. La puissance religieuse veut interdire tout ce qui permettra de reproduire l’art et les idées. Si on imagine bien le choc de l’imprimerie pour la religion , c’est un tout petit peu plus difficile à croire que tant d’innocents aient payé de leur vie le secret de ….. la peinture à l’huile ! !

 Sur Wikipédia le détail d’un tableau

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/e/e6/Ghent_Altarpiece_D_-_Nature.jpg/300px-Ghent_Altarpiece_D_-_Nature.jpgOn en parle

Il est plus apprécié sur ce site : link.

4
Libres, ces deux auteures le sont, leur dialogue est sous le signe de la liberté de penser et de « dire » tout ce qui concerne la place de la femme dans les religions. J’avais entendu l’interview de Talisman Nasreen sur France Culture et j’avais été si séduite par son intelligence et son courage que j’ai aussitôt acheté son livre. C’est très facile à lire, et j’ai beaucoup apprécié la façon dont, lorsqu’elles ne sont pas d’accord, elles confrontent leurs arguments.

Toutes les deux défendent la laïcité, la liberté de penser et de s’exprimer. Pour ces idées-là, l’une est menacée de mort et chassée de son pays, l’autre est mal comprise par sa famille politique : le risque n’est évidemment pas de même nature comme le souligne Caroline Fourest. La gauche française supporte mal, en effet, qu’on critique l’Islam. Taslima Nasreen est beaucoup plus radicale que la journaliste française sur la critique de l’Islam. Pour elle, cette religion prône la violence et la soumission par la force de la femme. La solution ne pourra venir que par l’éducation et par la pratique de l’esprit critique.

Je pense que c’est un livre à lire dans le débat actuel qui oppose la laïcité française à l’Islam et aux intégrismes de toutes les religions qui ne se différencient plus, alors, des sectes.

Citations

Talisman Nasreen

Ma mère n’était pas religieuse à l’origine. Elle l’est devenue lorsqu’elle a découvert que mon père la trompait. Elle était en permanence ignorée et insultée par mon père. Elle était tellement malheureuse qu’elle s’est réfugiée dans la religion.

Saint Paul cité par Caroline Fourest

« L’homme, lui, ne doit pas se couvrir la tête, parce qu’il est à l’image et à la gloire de Dieu : quant à la femme elle est à la gloire de l’homme. »

Caroline Fourest

Quand je pense que certains français musulmans pensent être des citoyens de seconde classe dans un pays laïque… Ça donne envie d’organiser des voyages scolaires à la rencontre des minorités religieuses de pays comme le Pakistan, le Bangladesh ou même l’Egypte.

Talisman Nasreen

Tant qu’une femme est opprimée et sans défense, les gens l’aiment et compatissent. Mais dès qu’elle refuse de tester exploitée ou étouffée, dès qu’elle se lève et se tient droite, qu’elle impose ses droits, qu’elle brise le système social pourri qui l’enchaîne afin de libérer son corps et son esprit, elle n’est plus admirable – elle devient haïssable.

Talisman Nasreen

Les intégristes musulmans m’ont attaquée, ont lancé des Fatwas contre moi, ont mis ma tête à prix et ont organisé de violentes manifestations, mais pas un seul n’a été puni. C’est moi qui suis punie….Moi j’ai perdu ma maison mon rêve, sans rien avoir à me reprocher. Je dois subir l’exil.
Mon pays , mon chez moi, ce sont les gens qui croient aux droits de l’homme, de la femme et à l’humanisme laïque.

On en parle

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