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La lecture des blogs m’a amenée à lire ce roman, et je n’ai pas regretté. C’est un roman vivant et très attachant. Le personnage principal est un adolescent fou de lecture , il s’attire tout de suite la sympathie des lecteurs et lectrices boulimiques, il est le fils d’un couple qui va mal, d’une mère venant de la bourgeoisie commerçante qui se croit supérieure à son mari, fils d’émigré Italien. L’époque les années 60 est vraiment bien rendue, la guerre d’Algérie, le lycée où on s’ennuie, l’arrivée du rock et de la télé, le baby-foot les cafés. (Je me suis demandé si on disait déjà en 1960 bac plus ou moins six pour parler du nombre des années d’études)

Mais le plus important c’est la galerie de portraits des immigrés des pays de l’est rassemblés et désunis par des secrets que le roman dévoilera peu à peu. J’ai beaucoup apprécié qu’un romancier français prenne autant de soin à nous faire découvrir des personnages et les rendre crédibles même dans leurs outrances. Jusqu’au bout , ces personnages sont vivants et plein de contradictions , le livre refermé on aimerait en savoir encore plus sur chacun d’eux.

Citations

Longtemps, j’ai vécu dans l’ignorance la plus totale de l’histoire de ma famille. Tout était parfait ou presque dans le meilleur des mondes. On ne raconte pas aux enfants ce qui s’est passé avant eux ? D’abord ils sont trop petits pour comprendre, ensuite ils sont trop grands pour écouter, puis ils n’ont plus le temps, après c’est trop tard. C’est le propre de la vie de famille. On vit côte à côte comme si on se connaissait mais on ignore tous des uns et des autres. On espère des miracles de notre consanguinité : des harmonies impossibles, des confidences absolues, des fusions viscérales. On se contente des mensonges rassurants de notre parenté.

 

Le cinéma ça fait oublier. C’est le meilleur remède contre la déprime. De préférence un film qui finit bien, qui rend meilleur, qui donne de l’espoir, avec un héros genou à terre, abandonné par ses amis, humain, avec de l’humour, au sourire enjôleur dont le meilleur pote meurt dans es bars, qui encaisse les coups avec une résistance incroyable, triomphe des méchants et de leurs complots, rend justice à la veuve et aux opprimés, retrouve sa bien-aimée, une superbe blonde aux yeux bleus, et sauve la ville ou le pays au son d’une musique entraînante.

 

Tu nous emmerdes avec tes problèmes. Tu es vivant, profites-en pour vivre.

 

Des drôles d’accents qui leur faisaient manger la moitié des mots, conjuguer les verbes à l’infinitif, les mettre en début de phrase, bouffer les pronoms, confondre les homonymes, ignorer le masculin et le féminin ou les accoler dans des associations hasardeuses.

 

Quand un homme accomplit son rêve, il n’y a ni raison ni échec ni victoire. Le plus important dans la Terre promise, ce n’est pas la terre, c’est la promesse.

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4
C’est vraiment un très bon roman dont le thème est l’amitié. Je pense que les adolescents adoreront (mais je ne connais pas bien ce public). J’ai beaucoup apprécié la description du plaisir que donne le jeu du basket. Cet écrivain raconte bien les difficultés de vie des femmes en particulier celles qui sont seules pour élèver un enfant, la vie dans les cités défavorisées et la force de l’amitié.

Le récit a pour trame la séparation, la dépression d’une mère, les différences sociales aujourd’hui, le lycée et le basket

Citations

Encore qu’ « amis », c’est un drôle de mot.
C’est comme « amour ».
Ce sont des mots que je n’ai pas l’habitude d’employer.
J’utilise « copain », « camarde », « pote » jusqu’à « cousin » ou jusqu’au verlan – mais « ami », c’est trop bizarre. C’est un mot adulte. J’espère que je vais m’en servir plus tard – et beaucoup- mais pour l’instant, je le tiens à distance.

 

 Seul le frigo faisait son raffut habituel. Il faut le changer, le frigo. Mais on attend qu’il rende complètement l’âme, parce qu’on est raides. Alors en attendant le moment fatidique, on mange un jour des aliments moitié congelés et le suivant, les mêmes, mais pleins de flotte.

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3
L’auteur présente son livre comme une fable. Fable, autour du destin de trois femmes, violées ou soumises à des hommes pervers ou violents. Cette fable se passe dans une Amérique latine imaginaire, avec des dictateurs imaginaires.

Ce livre est un coup de cœur dans de nombreux blogs de lectrices et le sera sans doute à mon club de lecture jeudi prochain. Je suis plus réservée, le côté fable a fait que je ne suis rentrée qu’à moitié dans le roman, j’ai bien aimé mais je suis loin de partager l’enthousiasme que je lis sur d’autres blogs. Je n’ai pas trouvé dans l’écriture la force poétique de Le Cœur Cousu de Carole Martinez, qui raconte aussi le destin tragique des femmes bafouées par la vie trop dure et la violence des hommes.

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3
Les éditions Perrin m’ont offert ce livre grâce à l’opération Masse Critique de Babelio du mois de novembre 2009.J’entends souvent Nicolas Baverez à la radio, je le comprends, je le trouve clair et précis et non dépourvu d’humour. Je me suis donc portée candidate, pour faire une critique de son livre, avec cette idée en tête : est-ce qu’une réfractaire à la compréhension des phénomènes économiques, comme je le suis, peut mieux comprendre la crise que nous venons de vivre, grâce au livre de Nicolas Baverez.
En d’autres termes, ce livre est-il grand public ? La réponse est : oui et non ! Oui, j’ai mieux compris. Non, ce n’est pas un livre très accessible : j’ai dû ramer comme une malade pour en comprendre à peu près un tiers. C’est grâce à ce tiers que je comprends mieux la crise. Certains petits détails seraient vraiment faciles à changer et cela aiderait beaucoup la compréhension : l’explication des sigles FED , BRIC, BCE,OMC …, des notes en bas de page sur des noms qui parlent aux économistes mais pas à moi : Breton Woods, Yuan renminbi, Smoot-Hawley .. Le mécanisme de la bulle financière est bien expliqué, on se demande si les krachs sont évitables.Ce n’est pas un livre optimiste car il décrit une France très affaiblie par la dette publique, et les protections sociales qui ne servent qu’à masquer la réalité de la crise. Je ne recommande cet ouvrage qu’à ceux et celles qui s’y connaissent un peu en économie.

Citations

Voici une jolie phrase

 L’économie mondiale n’a tenu qu’au fil de soie de la politique économique.

 

Une des phrases que je ne comprends pas

L’innovation financière s’est déployée au croisement de la titrisation …

 

Une image de la bourse et des banques que j’ai découverte dans ce livre

Loin d’être rationnels et guidés par la juste évaluation de la valeur des actifs, les marchés cotent au premier chef les opinions et les pulsions collectives, encourageant les comportements moutonniers des épargnants et des investisseurs à la hausse comme à la baisse. Surtout, les banques, largement recapitalisées et restructurées, bénéficiant d’une courbe des taux favorables, fortes de la garantie d’être sauvées par le contribuable, ont renoué avec leur stratégie à risque.

 

Une phrase où j’ai trouvé un peu d’humour

 

La banque demeure la seule activité où il faut passer par la le casino et jouer pour avoir le droit d’accéder à la boulangerie

 

 

Et finalement j’ai appris que « calamiteux » est l’adjectif qui décrit tout ce qui est mauvais pour l’économie

On en parle

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3
Comme le titre l’indique l’historienne spécialiste de la révolution française, Mona Ozouf raconte son enfance bretonne, sa double appartenance :

  • à la lutte pour la reconnaissance à l’identité bretonne à travers le combat de son père.
  • à l’école publique et républicaine par sa mère et son propre plaisir d’être une bonne élève.

Ces deux premières parties sont très intéressantes et agréables à lire. Ensuite elle explique son engagement intellectuel, ses lectures et sa compréhension des idées politiques qui ont construit la France. La lecture devient alors beaucoup plus difficile, les idées sont intéressantes mais ce n’est plus du tout le même livre, on quitte le récit pour un débat d’idées un peu long et froid.

Citations

Les hommesselon lui (Jules Ferry) , doivent être laissés libres d’errer, car la liberté, fût-elle payée par l’erreur, est plus désirable que le bien.

 

Jamais sans sa coiffe. L’attacher est son premier geste du matin, bien avant l’éveil de la maisonnée.

 

Son souci constant est la dignité .. sa règle morale essentielle est de ne jamais se mettre dans une situation telle qu’on puisse en avoir honte. « Gand var vez » , « avec la honte » est l’expression qui, pour elle englobe tout ce qu’il est inconvenant de faire et même de penser.

 

Trois pélerinages, donc, qui résumaient assez bien les trois lots de croyances avec lesquelles il me fallait vivre : la foi chrétienne de nos ancêtres, la foi bretonne de la maison, la foi de l’école dans la raison républicaine.

5
La BD, ce n’est pas toujours ma passion, le plaisir de lecture n’a rien à voir avec celui procuré par un bon texte. Mais j’ai apprécié les dessins, l’humour et la nostalgie qui se dégagent de ces 18 nouvelles, mises en images par des dessinateurs talentueux. J’aime bien , Le View-Master de Jordi Sempere, un homme confronté à l’Alzheimer de sa mère. Ma préférée , surtout pour le dessin , Les Brûlures de Simon Hureau. Pour cette nouvelle, la qualité du graphisme ajoute beaucoup à l’histoire de la rencontre dans une piscine d’un policier noir et d’une jolie fille qui cache un secret douloureux. Le sous-titre du livre « autres nouvelles qui font du bien » est tout à fait vrai : c’est une lecture qui fait du bien.

Citations

– Vous avez raison patron. je dois être le seul chauffeur qui de fasse conduire par son patron.
– Le coup de la voiture avec chauffeur, ça épate beaucoup les coréens.
– Et vous patron, qu’est ce qui vous épate ?
– Que vous soyez parvenu à vous faire engager comme chauffeur sans même posséder votre permis de conduire !

On en parle

Voici le site qui m’a donné envie de lire cette BD : link.

3
Emmanuel Carrère est un auteur étrange qui se plaît à décrire le malheur absolu des autres. J’avais été très dérangée par son livre sur Roman, ce faux médecin qui a assassiné toute sa famille pour cacher qu’il n’avait jamais réussi ses examens de troisième année de médecine. D’autant plus dérangée, que cet écrivain est d’un sérieux et d’une objectivité redoutables, dans ce roman là aussi, mais c’est beaucoup plus agréable car il met son talent au service d’ émotions qui me touchent. « D’autres vie que la mienne » commence par le récit du Tsunami de 2003. Malgré moi, je me suis dit : encore ! Je n’étais pas convaincue par son récit.

L’autre vie qui n’est pas la sienne mais qui le touche de près, est celle de Juliette la sœur de sa compagne, jeune femme qui meurt d’un cancer. L’évocation de cette femme à travers les regards de ceux qui ont accompagné sa vie est d’une rare sensibilité et délicatesse. Comme elle est juge, l’auteur se transforme en journaliste d’investigation pour expliquer le surendettement et son travail pour enlever des griffes des nouveaux usuriers (les compagnies de crédit à la consommation) le justiciable trop naïf. Il est aidé par le témoignage du collègue de Juliette : Etienne qui est amputé d’une jambe à la suite d’un cancer des os. C’est un personnage intéressant et émouvant qui dira de Juliette « c’est un grand juge ».

Citations

Il n’empêche qu’il est prisonnier de ce que les psychiatres appellent un double bind, une double contrainte qui le fait perdre sur les deux tableaux. Pile tu gagnes, face je perds. Être rejeté parce qu’on a une jambe c’est dur, être désiré pour la même raison c’est pire.

 

Ça fait toujours plaisir une visite si ce n’est pas à l’arrivée, c’est au départ. (Paroles de Béatrix Becq)

On en parle

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2
Flop ! Je n’ai pas été sensible à cette histoire d’amour. Ce roman fait partie de la longue, très longue liste des romans français qui raconte un si petit monde et une si petite histoire. Les critiques sont pour la plupart excellentes.

Citations

Je marche dans la nuit, je voudrais ne penser à rien, n’être qu’un corps qui marche, un corps en mouvement dans la ville endormie.

Dehors l’air est tendre. Tu marches à côté de moi, lentement. Nos pas s’accordent. Ils se sont toujours accordés.

On en parle

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5
J’aime la poésie, avoir quelques vers en mémoire m’aide à supporter le quotidien ou à le trouver plus beau. Ce recueil m’a touché, et, j’ai pu faire partager cette émotion à tous ceux qui souffrent de la disparition d’êtres chers. Plus que mes phrases maladroites lisez et écoutez ce poème résonner en vous :

 Je veux te dire cette sorte de secret
qu’on ne lit qu’en soi loin
derrière les paupières fermées
longtemps après que sur le cercueil
se sont reformés les liens du jour

 tes morts ne sont qu’à toi

 toi seule sais leur nom véritable
celui qu’on n’écrit pas aux registres
parce qu’il n’est signe dans nulle langue humaine
et qu’il n’est pas d’oreilles
pour la voix qui le dit

toi seule les vois tes morts
hors leur visage de cendre
et les vois sans faillir dans l’absence même
toi seule l’ombre plus claire dans l’ombre
où leur regard paraît

 et l’exacte main de douceur sur ton front
pareille au flux des herbes dans la brise
toi seule la reconnais
qui n’est pas la matière des songes
ni comme le souvenir appariée du désert

 toi seule sais
la douceur des morts qui t’appartiennent
car tu es né de leur douceur
et tu prolonges dans chacun de tes gestes
la douceur qui fut le pli heureux de leur vie
à tes yeux désormais
de voir clair dans la transparence
que fait leur disparition
à toi de comprendre dans la vie requise
l’effacement et le soleil unanimes
ta joie volontaire
et la beauté des choses

 comme endormis tes morts rêvent à tes côtés

 tu ne guériras pas de leur nuit
mais tu accompliras
comme l’île continuant la terre où elle n’est plus
leur part perdue
car fille des tes morts
tu es ce qu’ils ignoraient d’eux-mêmes

3
Lors de la lecture de ce roman, on ne cesse de penser que l’auteur a vécu très souvent cette situation. Il s’agit d’ un dîner parmi les puissants du si petit monde des parisiens friqués et branchés, avec une surprise l’invitation à table de la bonne, une beurette qui ne correspond pas aux clichés de la bonne société de gauche parisienne. Les scènes sont souvent drôles, le roman se lit vite. Le ton est parfois très caustique surtout à propos de la bonne société qui se croit ouverte. Le démarrage est un peu long. (normal : il faut camper les personnages). « Madamedu » Sophie du Vivier et monsieur Thibaut du Vivier reçoivent George Banon qui doit signer un gros contrat avec Monsieur. Ils reçoivent :

  • Sybil Costière et Erwan Costière des jeunes qui réussissent et qui aiment l’argent ce seront les seuls personnages qui seront antipathiques tout au long du roman
  • Stanislas Stevillano homme lettré et homme de goût.
  • Adrien Le Chatelard avocat et Christina Le Chatelard ne dit rien (leucémique ?) mais attire le regard de tout le monde créera le roman par sa superstition : jamais 13 à table.
  • Marie Do « minique » dit tout ce qu’elle pense femme de Stanislas odieuse et sympathique à la fois
  • Stanislas raté du quai d’Orsay
  • Joséphine appartenant au monde des médias « toujours prête à aider les puissants dans le besoin en authentique petite sœur des riches »
  • Dandieu académie française et son épouse biologiste
  • Sonia la bonne marocaine sympa et pas du tout la beurette de service qui ne s’appelle pas Sonia mais Oumeilkheir.

Le repas va être mouvementé !

Critique du monde

Pierre Assouline ne cesse de tourner autour de la table, pour nous offrir une savoureuse et cruelle galerie de portraits. Voici Sybil Corbières, personnage insignifiant, abonnée à la chirurgie esthétique : « Elle était ainsi faite et refaite que même ses cordes vocales sonnaient comme un piano accordé de la veille. » Voici Dandieu, l’écrivain, membre de l’Académie française, qui se gargarise de phrases creuses : « Il se voulait si républicain qu’il se disait laïque et obligatoire tout en regrettant de ne pouvoir être également gratuit. » Et Marie-Do, l’épouse de l’ambassadeur au placard, « celle qui dit tout haut ce que tout le monde n’osait même pas penser plus bas, encore que la bassesse soit également partagée ». Quant à maître Le Chatelard, spécialiste des divorces (« Il avait le génie de la séparation »), c’est un bavard impénitent. À écouter les silences de son épouse, « on comprenait vite qu’elle avait plusieurs fois divorcé de lui sans même qu’il s’en aperçoive ».

Le cruel Assouline n’y va pas avec le dos de la cuillère. Par moments, il donne l’impression de forcer inutilement le trait. Les convives, à deux ou trois exceptions près, mériteraient d’être jetés par la fenêtre, alors que la charmante – trop charmante ? – Sonia, alias Oumelkheir Ben Saïd, nous éblouit par sa finesse. Elle n’est pas spécialiste du couscous, mais termine une thèse de doctorat à la Sorbonne sur un mouvement architectural assez complexe qui s’était épanoui en Europe au début du XVIIIe siècle…

Ce monde n’est pas le sien, mais, à force de l’observer, elle en connaît les codes et les usages. Ayant « le goût des autres », elle n’arrive pas à détester cette faune. Quoique née à Marseille, elle restera toujours en France « une invitée ». Comme les juifs, finalement, remarque Pierre Assouline : ils ont derrière eux un tel passé d’exclusion, de persécution et de nomadisme « que ce sont eux, les invités permanents, en dépit des apparences »… Le titre du roman, qui paraissait bien banal, prend soudain une autre dimension.