Traduit de l’anglais par Jean Bourdier.

4
Chaudement recommandé par notre bibliothécaire, ce roman bénéficiait pour moi d’un préjugé favorable. Le début m’a tout de suite enthousiasmé, le ton est absolument exceptionnel. Et puis je me suis un peu perdue dans les histoires familiales. Pour me retrouver j’ai fait un arbre généalogique, je conseille à celles et ceux qui veulent lire ce roman de faire de même. Avec un ton grinçant, et très humoristique, Kate Atkinson raconte très bien les réalités et les tragédies familiales , surtout lorsqu’elles sont vues à travers les yeux de Ruby encore petite fille.
La construction romanesque est un peu complexe, on va et on vient entre le présent et le passé, on s’y perd parfois mais quand on ferme le livre on a l’impression d’avoir gagné une famille complète. Même si, à l’image du 20e siècle la vie de la famille de Bunty et George est tragique, je crois que ce sont les moments de rire que l’on garde le plus en mémoire. La noce, le jour de la coupe du monde de football, en 1966 pendant le match Angleterre-Allemagne est un moment inoubliable.

Citations

Le début

Ça y est j’existe ! …. Ma fabrication commence au premier coup de minuit et s’achève au dernier, au moment où mon père se retire de ma mère, roule de côté et se retrouve subitement plongé dans un sommeil sans rêve grâce aux cinq pintes de bière John Smith qu’il a bues au Bol-de-Punch, avec ses amis Walter et Bernard Belling. Lorsque j’ai été arrachée au néant, ma mère faisait semblent de dormir – comme elle le fait souvent en ces circonstances. Mais mon père a la santé et il ne se laisse pas décourager pour autant.

 

L’amour maternel

– Je n’aime pas le porridge, se hasarde à dire Patricia.
– Pardon demande Bunty
Ce simple mot tombe comme un glaçon sur le linoléum de la cuisine. (Notre mère n’est vraiment pas du matin).
Du Tac au tac, Bunty siffle :
– Et bien moi je n’aime pas les les enfants ! Pas de veine, hein ?

Le mariage pendant la coupe du monde de football

 – Cette saleté de Coupe du Monde ! dit-elle en se tournant vers Ted, l’écume aux lèvres. Tu n’as pas honte ? Est-ce que ton mariage n’est pas plus important que la coupe du Monde.
Ted ne peut s’en empêcher. Il a jusqu’ici passé l’essentiel de sa vie à mentir comme un arracheur de dents, mais, en cette occasion publique et capitale, nous le voyons avec horreur plonger, comme un parachutiste sans parachute, vers le roc dur et tranchant de la vérité.
– Pour sûr que non, dit-il. C’est la finale
Avec un bruit terrible la main de Sandra s’abat sur sa joue.

On en parle

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http://www.atoutlivre.com/newsletter/090925/enfantsdestaline.jpg

Traduit de l’anglais par Karine Reignier.

3
Owen Matthews, journaliste correspondant de guerre part à la recherche du passé de ses parents. Sa mère, fille de dignitaire soviétique exécuté lors des purges de 1937 a été élevée en orphelinat. Son père épris de culture Russe, tombera amoureux de sa mère en 1963, lors d’un séjour dans un pays qui le fascine. Ils se marieront finalement en 1969 après un combat qu’ils ont cru l’un et l’autre souvent perdu tant les obstacles étaient importants. Plusieurs récits se mêlent donc :

  • celui du fils, narrateur, qui vit dans la Russie contemporaine, il connaîtra l’horreur de la guerre en Tchétchénie et tous les excès de ce pays aujourd’hui
  • Celui de sa mère qui a connu les tragédies de la guerre , les orphelinats russes, la famine…
  • Celle de son père, cet intellectuel typiquement britannique qui a dû lutter contre le KGB pour épouser celle qu’il aimait au péril de sa carrière universitaire.

Sans être passionnée par ce livre, je l’ai trouvé intéressant et sûrement proche des personnages réels, parfois les situations sont tellement incroyables que j’aurais aimé un souffle plus romanesque. Je trouve que Makine, et bien sûr, Soljenitsyne savent mieux raconter la Russie soviétique. Au milieu des horreurs que les enfants ont connues, j’ai bien aimé que sa mère lui dise « Il faudra que tu parles des gens bien » comme ce directeur d’orphelinat qui a accepté qu’on ne sépare pas les deux sœurs. Et j’ai alors pensé au livre de Makine : La vie d’un homme inconnu.

 Citations

La sentence a été exécutée dès le lendemain, soit le 14 octobre 1937. Le bourreau y a apposé un vague gribouillis. Les bureaucrates méticuleux qui se sont chargés de l’instruction ayant négligé d’indiquer l’endroit où Boris Bibikov fut enterré, ce tas de papier lui tient lieu de sépulture.

 

Pourtant, lorsqu’ils se sont enfin retrouvés, mes parents ont constaté que leur amour s’était presque tari. Mué en encre, il s’était figé sur les milliers de feuilles qui s’empilent maintenant au fond d’une malle, dans le grenier d’un petit pavillon londonien.

 

Ma mère a passé une grande partie de sa vie à attendre des jours meilleurs. Ses parents ont été arrêtés lorsqu’elle avait trois ans. Dès cet instant, le régime soviétique s’est chargé de son éducation, modelant ses pensées, sinon son âme. L’avenir radieux était à portée de main, expliquait-on à sa génération, mais, tel un dieu aztèque, il ne saurait être atteint sans sacrifices : il faudrait faire couler le sang et subordonner la volonté de chacun au bien de tous.

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Traduit de l’anglais par France Camus-Pichon

4
Voici mon premier thriller, je n’ai réussi à le finir que, parce que j’ai lu le dernier chapitre avant la fin : le suspens étant presqu’intolérable pour moi.

L’idée du romancier est géniale : imaginer un « Sérial killer » commettant ses crimes en Russie soviétique en 1953. La date est importante, pour ce roman là aussi, la mort du « petit père des peuples », permet une fin plus heureuse que celle à laquelle le personnage principal s’attendait. Par un curieux hasard, j’avais lu très peu de temps auparavant, un livre témoignage : les enfants de Staline se passant à la même période, j’ai eu une impression étrange : comme si j’avais gardé en mémoire le cadre, l’arrière plan dans lequel l’imaginaire morbide de celui-ci pouvait se déployer.

Si ce roman reste une pure fiction, il n’empêche que la peinture de l’Union Soviétique sous Staline, de la famine en Ukraine en 1933, des méthodes de la police secrète, des interrogatoires des suspects si vite coupables, des orphelinats… en fait tout l’intérêt. L’enquête elle-même est passionnante, la réalité du pays y est intimement liée. Comme dans toute enquête, le héros devra lutter contre tout le monde ou presque pour que la vérité apparaisse dans un pays où le meurtre n’existe plus, contrairement aux pays capitalistes.

On ne peut pas conseiller Enfant 44 aux âmes sensibles car le meurtrier y est particulièrement abominable, mais tous les amateurs de thriller doivent (vont) adorer. Si ce livre n’est pas dans mes Préférence, c’est uniquement à cause de la violence des crimes. J’ai mis quelques temps à m’en remettre !

Citations

Ces rumeurs de meurtre prolifèreraient comme du chiendent au sein de la communauté déstabiliseraient ses membres, les inciteraient à douter d’un des principes fondamentaux sur lesquels reposait leur nouvelle société : La délinquance n’existe plus.

On en parle

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Traduit de l’anglais par Nathalie M-C Laverroux.

3
Roman intéressant, qui devrait plaire aux adolescentes et adolescents. On y trouve le récit de la fameuse «  première fois », autour d’une enquête policière au sujet d’un accident. Ce roman pose la question de la responsabilité et de la culpabilité. Les personnages ne sont pas simples et sont confrontés aux conséquences de leurs actes. L’héroïne tombe amoureuse du beau Dennis qui se révèlera un sale type. « Ne pas juger les gens sur la mine » pourrait être la morale de l’histoire qui ne se terminera pas par un dénouement «  à l’eau de rose », loin de là.

Quand dans un roman l’héroïne dit :  » Je secouai encore la tête tandis qu’une certitude s’imposait à moi : il était impossible que ce soit Brad », on croit connaître la fin, Anne Cassidy saura garder le suspens jusqu’au dernier chapitre.

4
Premier octobre : début du club de lecture de la bibliothèque Dinard. Mes lectures vont donc, varier au gré des goûts des dinardaises. Le premier est un livre pour adolescents. Je me demande bien pourquoi pourquoi Catherine Gilbert, la traductrice, a changé le titre anglais The London eye Mystery en L’étonnante disparition de mon cousin Salim. L’enquête pour retrouver le cousin qui a disparu dans la grande roue à Londres est bien menée et tout est plausible . On découvre l’histoire à travers le regard du personnage principal, jeune autiste atteint du syndrome d’Asperger , c’est de là que vient l’intérêt du livre.

Ted ne sait pas mentir, se passionne pour la météo marine, prend au pied de la lettre les expressions toutes faites, n’a aucun humour et a appris par cœur des listes d’expressions du visage pour comprendre les réactions affectives des « normaux » puisqu’il ne les ressent jamais.

Citations

 Ses lèvres sont franchement remontées, mais ses yeux se sont mouillés. Ce qui signifie qu’elle était triste et contente en même temps.

 

Comme la fois où j’avais demandé pourquoi les footballeurs étaient esclaves alors que l’esclavage était aboli, après avoir entendu aux informations qu’une star du club de Manchester United avait été acheté vingt millions de livres par un autre club

 

Salim, si tu es un irrécupérable blagueur, ai-je dit c’est quoi, un blagueur récupérable ?

 

Maman prétend que notre jardin a la taille d’un timbre-poste. En réalité, il mesure trois mètres sur cinq et j’ai calculé qu’on pouvait y faire tenir vingt-deux mille cinq cents timbres.

Traduit de l’anglais par Pierre Ménard.

4
Petit livre d’humour, typiquement britannique. Et si la reine d’Angleterre se mettait à aimer lire ? Elle découvre la lecture grâce au bibliobus et délaisse ses devoirs royaux pour sa nouvelle passion : la lecture. Au-delà de l’humour, l’auteur raconte très bien le plaisir de la lecture, et les obligations de la reine d’Angleterre , l’auteur se moque si bien des Anglais ! Les questions rituelles de la reine à ses sujets, lors des rencontres officielles, sont très drôles.

J’ai beaucoup ri à la lecture de ce roman et j’ai regretté de ne pas pouvoir le lire en anglais. Petit bémol : je l’ai prêté à ma fille qui ne l’a pas trouvé aussi amusant que moi, elle n’arrivait pas à le terminer tellement elle s’ennuyait, comme quoi !

Citations

Lorsqu’on a quatre-vingts ans, les événements ne se produisent plus : ils se reproduisent.

 

Cet attrait pour la lecture, songeait-elle, tenait au caractère altier et presque indifférent de la littérature. Les livres ne se souciaient pas de leurs lecteurs, ni même de savoir s’ils étaient lus. Tout le monde était égal devant eux, y compris elle. La littérature est une communauté, les lettres sont une république… …Les livres ne varient pas. Tous les lecteurs sont égaux… …La lecture… Il y avait en elle quelque chose d’anonyme, de partagé, de commun… …Elle pouvait parcourir toutes ces pages, l’espace contenu entre les couvertures de tous ces livres, sans qu’on la reconnaisse

En parlant de Proust

Le pauvre homme souffrait le martyre en raison de son asthme et faisait partie de ces gens qui auraient parfois besoin de se secouer un peu. Mais la littérature n’est pas avare en individus de ce genre. Le plus curieux, en ce qui le concerne, c’est que lorsqu’il trempait un gâteau dans sa tasse de thé (pratique par ailleurs répugnante) toute sa vie passée remontait à sa mémoire. Je dois avouer que j’ai testé sa méthode sans l’ombre d’un résultat.

On en parle

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Traduit de l’anglais par Fanny Ladd et Patricia Duez (je remarque que les traducteurs se mettent souvent à deux pour un même livre, intéressant ! )

5
Un livre que j’offrirai autour de moi, il avait été sélectionné par notre club de lecture mais je n’avais pas eu le temps de le lire. Récit détaillé du retour à la vie d’une condamnée à mort : on suit minute par minute le retour à la vie d’une servante chez des Lords, qui réchappe à la pendaison (fait réel !) Elle avait été condamnée pour un infanticide qu’elle n’a pas commis. Elle avait été, pour son malheur, séduite par le fils de la maison.

L’auteur fait revivre avec un grand talent l’Angleterre des années puritaines de Cromwell, c’est passionnant un peu éprouvant à lire car c’est tellement dur autant d’injustices et le talent de l’écrivain crée un suspens proche de l’insupportable, c’est vraiment très bien écrit.