Édition Albin Michel

 

 

Le destin de femmes, en particulier les quatre femmes de la famille Malivieri, Agnès la mère, Sabine l’aînée, Hélène la seconde et Mariette la cadette est décrit avec précision par Véronique Olmi, ce récit est inscrit dans le temps : de 1970 à 1981.

C’est un gros roman de cinq cents pages, l’auteure souhaite donner la même importance à chacune de ces femmes. C’est donc l’émergence de la condition féminine qui va être le principal moteur de cette histoire.

Nous sommes au début, dans la famille Maliviéri, un couple uni dans la foi catholique et qui est presque dans la misère, car le père, Bruno doit payer pour la faillite financière de l’affaire de son père. À cause de ce manque d’argent, la famille doit accepter un chèque mensuel de la famille Tavel, le beau-frère d’Agnès, sa sœur a fait un très beau mariage avec un très riche industriel. La seule contre partie à ce chèque mensuel, c’est de laisser Hélène venir passer toutes ses vacances dans la famille Tavel. C’est humiliant et compliqué à vivre pour la petite fille, car elle aime les deux familles et ne se sent chez elle nulle part. Ses deux pères sont des figures bienveillantes qui vont l’aider à se construire une personnalité toujours un peu ambivalente.

Commençons donc par la mère Agnès, dernière née d’une famille nombreuse, elle n’a pas été soutenue dans son désir d’études et s’est précipitée dans son mariage avec le gentil Bruno, pensant trouver là le moyen de se réaliser. Le début de leur union sera marqué par la perte d’un enfant à la naissance, mais la foi chrétienne et la vie de famille avec trois filles suffiront au bonheur d’Agnès. Et puis les filles partiront vivre leur vie et le silence qui s’installe dans leur petit appartement devient pesant. Elle décide alors de devenir factrice et c’est encore un moment de bonheur dans le monde du travail qui s’installe pour elle . Hélas ! une dernière grossesse désirée par le couple se soldera par un drame (je ne peux pas sans trop en dire sans divulgâcher la fin).

Ensuite vient Sabine, l’aînée des filles qui a une volonté de fer et une énergie peu commune. Elle n’a qu’une envie vivre à Paris et quitter l’atmosphère étriquée de la province. Elle se lancera dans une carrière d’actrice et nous permet de découvrir la galère des débuts dans le monde du spectacle et toutes les luttes qui ont marqué cette époque. Elle a des amours compliqués et un engagement politique à gauche qui lui permettra de fêter avec un grand bonheur la victoire de Mitterrand sur Giscard .

Vient ensuite Hélène, la seule qui soit à l’abri des soucis financiers grâce à l’affection de son oncle David Tavel. Elle épousera la cause animale et se lance dans la lutte pour la survie de toutes les espèces. Ses amours ne sont pas très simples et cela nous permet de découvrir le monde de Neuilly vu du côté des jeunes très favorisés.
Il reste donc Mariette qui a vécu longtemps seule avec ses parents et qui en veut à ses sœurs de ne pas se soucier plus des difficultés de Bruno et Agnes , elle se découvrira une passion pour la musique et un amour pour Joël qui l’aide à comprendre ses parents.
J’ai oublié une autre femme : Laurence une femme aisée et libre qui vit dans une belle bastide et qui sera un point d’appuie important pour Agnès et Mariette.

Bien sûr il y a des hommes mais ils ne sont là que pour accompagner le cheminement de ces femmes. Même Bruno, le gentil Bruno, qui jamais ne s’impose auprès de sa femme ni de ses filles.

C’est un roman qui se lit très facilement et où on retrouve des aspects de la société que l’on a connus. Je trouve très bien raconté, l’arrivée de la sexualité dans la vie des jeunes filles. La peur et l’attirance à la fois. Comme je viens d’un milieu laïc, je suis étrangère à l’engagement religieux des parents, mais laïcs ou catholiques se retrouvent dans la condamnation d’une sexualité féminine libérée. J’ai été un peu lassée par la répétition des modèles féminins. Si elles sont différentes, ces quatre femmes, elles donnent toutes l’impression de sortir d’un cocon et d’ouvrir peu à peu leurs ailes pour affronter le monde. Je n’ai pas réussi à croire complètement aux personnages, et je regrette qu’aucun homme ne prenne une vraie consistante. J’imagine cependant assez bien l’adaptation de ce roman en une mini série télévisée .

 

 

Citations

Bien observé

Autour du cou une étiquette à son nom Hélène Malivieri , mais elle n’avait plus, comme lorsqu’elle était plus jeune, à tenir la main d’hotesse de l’air qui ressemblaient toutes à Françoise Dorléac et s’avançaient au-devant de son père avec un air affranchi et une sensualité piquante.

Le manque d’argent

Le manque d’argent rendait les liens fragiles, comme si tout pouvait disparaître d’un jour à l’autre, et les parents à force de se priver et de faire attention ressemblaient à deux enfants au bord de la route sans jamais arriver à traverser.

Le mariage

Les liens du mariage sont sacrés, avait-il expliqué à ses filles, ils ne peuvent jamais être rompus, le mariage est indissoluble, comme le métal dans l’eau, c’est in-dis-so-lu-ble, ça ne cesse jamais d’exister même après un divorce puisqu’un mariage ne peut pas être annulé, donc le divorce c’est tout simplement impossible. Cela les avait soulagées d’apprendre que jamais leurs parents ne divorceraient, que ce malheur-là ne pourrait pas avoir lieu, mais il y avait avant cet indissolubilité une énergie puissante qui donnait au mariage la force d’une condamnation.

Les castings

Un directeur de casting lui dit qu’il avait quelque chose pour elle, elle pouvait faire un stage et devenir cascadeuse, on manquait de cascadeuse. Un autre lui demanda de rire. Elle rit. De pleurer. Elle pleura. Il frappa dans ses mains, Ris ! Pleure ! Rit ! Pleure !Et quand elle eut fini, il lui dit qu’elle était très ordinaire.

Portrait d’un mari et (père) effacé

Il ne comprenait pas qu’Agnès soit partie en cachette, comme si elle avait été captive, mais peut-être avait-elle besoin de cela aussi, ce sentiment d’évasion, il ne savait pas, il savait peu de chose, à la vérité, il avait la sensation d’être un peu à la traîne et de ne rien voir venir, il demeurait cet homme décalé et qu’on aimait pourtant, il ne savait pas vraiment pourquoi. La mort de la petite fille, Agnès refusait d’en parler et cette mort l’obsédait comme une faute inexcusable, la douleur était physique. Il n’osait dire que l’enfant lui manquait et qu’il lavait aimée, lui aussi, même s’il ne l’avait pas portée. La grossesse, cet état qu’il ne vivrait jamais, était sa défaillance, il était spectateur d’un mystère puissant et menaçant. Il avait l’impression d’avoir toujours vécu avec Agnès et il pensait rarement à sa vie d’avant, son enfance au fil du temps était devenu une zone un peu floue, appartenant à un petit garçon aux cheveux rasés et au sourire rêveur, ainsi que les photos le représentait au milieu de garçons en short et de filles aux nattes brunes, ses frères et soeurs. C’était loin, des années sans tendresse dont il aurait préféré se passer. Agnès n’était pas la deuxième partie de sa vie, elle était toute sa vie, une vie prise à présent entre deux enfants perdus, l’effroyable chagrin sans souvenir.

Création de la ligue de protection des oiseaux

C’était juste avant la Grande Guerre. En 1912. Des safaris était organisée sur les côtes bretonnes par les chemins de fer de l’Ouest, et chaque dimanche des chasseurs débarquaient pour tirer sur les macareux moines venus nicher en France. Le soir ils repartaient et laissaient derrière des oiseaux plombés, des poussins affamés et des oeufs explosés. Un homme, le lieutenant Hémery, a décidé de stopper ce massacre. Il a créé la Ligue pour la Protection des Oiseaux, et la chasse dans les sept îles au large de Perros-Guirec est devenu illégale.

Le symbole de Luocine : le fou de bassan

Depuis 1930, l »île parce qu’elle est protégée attire les fous de Bassan. Ces milliers de points blancs, ce sont eux, en colonie, sur l’île de Rouzic, que l’on surnomme l’île aux oiseaux. Ils l’ont choisie pour sa sécurité mais aussi pour les bonnes conditions de vent du vent, de déplacement et de nourriture tout autour.

Édition Actes Sud . Traduit du Japonais par Jean-Louis de La Couronne

 

Merci Keisha pour ce doux moments et je partage ton avis : ce livre est beaucoup plus profond qu’il n’y parait de prime abord. Evidement la grande spécialiste des chats Géraldine avait déjà lu ce roman . Et comme dans tout bon roman, chacun peut y lire ce qui l’intéresse le plus , vous devinez que pour Géraldine ce roman est :

« Avant tout, « Les mémoires d’un chat » est un formidable étendard contre l’abandon des animaux de compagnie, pour le respect de l’engagement autant quotidien que temporel que nous prenons lorsque nous adoptons une petite boule de poils quelle que soit sa taille à l’âge adulte. »

Et pour Kesiha :

C’est l’occasion pour lui de renouer avec des amis d’enfance puis d’adolescence, mais -on le comprend vite- aucun de ses trois amis ne pourra garder Nana, avec à chaque fois une belle histoire du passé et du présent, délicate et fine. 

Et pour moi ? Je suis avec d’accord aves ces deux blogueuses mais j’ai été beaucoup plus sensible à la description de l’enfance et de l’adolescence au Japon aujourd’hui. Je rappelle le sujet, Satoru a adopté un chat errant, il le nomme « Nana » qui rappelle le chiffre 7 en japonais comme le dessin des tâches sur son corps. Mais il doit pour des raisons qui ne seront expliquées que dans le dernier chapitre le confier à un ami . Il part donc à la recherche des personnes qui ont enrichi son enfance pour confier son chat. Se déroulent ainsi dans ce roman une enfance et une adolescence japonaise. On rit beaucoup avec son ami Kosuké avec qui il a adopté le premier chat, on sent l’adolescence se compliquer avec Yoshiminé qui est resté vivre à la ferme, cela devient encore plus tendu avec Sugi et Chikaro car les premiers émois amoureux ont fait apparaître la jalousie de son ami. Et puis vient cette tante Nakiro qui l’a recueilli lors du décès de ses parents.

J’ai beaucoup aimé les destinées de ces jeunes, on devine que l’auteur a puisé ces récits parmi des exemples vécus . La tristesse de Yoshiminé qui comprend, lors du divorce de ses parents, que si ceux-ci se disputent tant, c’est pour NE PAS avoir la garde de leur unique enfant m’a serré le coeur. Les tourments de la jalousie sont aussi très bien décrits. Mais ma préférée sans doute, c’est la tante Noriko qui ne sait pas dire les choses avec tact. Elle se rend compte immédiatement qu’elle n’aurait pas dû prononcer les phrases qui sont sorties de sa bouche malgré elle, mais c’est toujours après qu’elle s’en rend compte. Mon seul bémol, c’est le truchement par lequel passe l’auteur qui fait aussi le charme du roman , la narration par le chat . J’y suis beaucoup moins sensible que Géraldine évidemment, je pense que cela permet de mettre ce roman à la portée des adolescents, mais cela ne m’a pas empêchée de beaucoup aimé cette lecture « beaucoup plus profonde qu’il n’y paraît » (comme je le disais au début) , souvent très drôle et toujours très émouvante.

 

Citations

La fugue des petits garçons

Pendant qu’il était en train de jouer avec le chat, histoire de tuer le temps, plusieurs dames du quartier qui sortaient leur chien ou chiens ou faisaient leur marche quotidienne leur avaient demandé ce qu’il fabriquait là.
– Il est tard. Vos parents doivent s’inquiéter. Tout le monde se connaissait dans le quartier, Kôsuké se doutait bien que l’endroit était mal choisi. Mais Satoru, lui, n’avait pas l’air d’y voir de problème. 
– Ne vous inquiétez pas, on est juste en train de faire une fugue.
– Ah bon ? Mais ne rentrez pas trop tard quand même. 
Kôsuké n’avait pas l’impression que c’était comme ça qu’on faisait une pub. Non pas qu’il eût la moindre idée de comment on faisait, d’ailleurs…

La solitude d un enfant

« Daigo est sage et pas compliqué, ça m’aide beaucoup. » Il aurait dû être idiot et pénible, c’est ça ?
Depuis qu’il était tout petit, il savait que ses parents aimaient trop leur métier. Tout comme il savait qu’ils ne s’intéressaient pas beaucoup à lui. C’est pour ça qu’il s’était toujours efforcé de leur compliquer la vie le moins possible. D’abord, il n’était pas assez immature pour croire qu’en piquant sa crise : « Bou hou…Mes parents ne m’aiment pas ». Il allait les obliger à s’intéresser à lui. Et puis surtout, ça ne lui disait absolument rien de jouer à ce jeu. Parce que s’il avait rendu l’air de la maison irrespirable, qui en aurait le plus souffert ? Qui passait le plus de temps à la maison déjà ? Au moins en restant un enfant sage, ses parents ne lui faisaient pas la gueule et l’atmosphère de la maison restait supportable. Il n’étouffait pas tout le temps qu’il passait à attendre à la maison, et les rares moments où il se trouvait ensemble se déroulait sans que personne soit de mauvaise humeur(…..) Il y avait des gens plus à plaindre que lui dans le monde, c’est sûr. Mais avec ses parents qui n’attendaient qu’une chose de lui : qu’il ne les choisisse surtout pas dans le genre à plaindre, c’était déjà pas mal.

Édition ACTES SUD . Traduit du finnois par Anne Colin du Terrail

Je ne sais plus comment ce roman est arrivé chez moi, peut-être l’ai-je trouvé dans une brocante. Et, hélas pour moi, je ne me souvenais pas non plus que j’avais dit à Kathel que ce roman ne m’attirait pas plus que ça. J’ai vraiment peiné à le lire et je n’ai pas compris grand chose à ce que veut nous expliquer cette auteure. Le résumé est simple, un homme photographe publicitaire recueil un petit animal que des voyous essaient de tuer à coups de pied en bas de son immeuble. Cet animal est en réalité un troll auquel Ange va s’attacher et essayer de sauver. Cela nous vaut des digressions sur les légendes autour des trolls qui tentent à prouver l’existence de ces étranges créatures. Aucune réflexion sur les croyances et ce qu’elles représentent dans la mentalité des peuples qui croient à ces créatures. Par exemple en Bretagne, il existe de nombreuses légendes autour des fontaines, les Groac’h , les sorcières peuvent entraîner les imprudents dans l’eau, je pense que bien des accidents ont été évités lorsque les enfants couraient librement dans les campagnes. S’approcher de l’eau reste un danger et le petit enfant est sensible à ce genre d’histoires. Est-ce la même chose avec les trolls finnois. On n’en saura rien dans ce roman. Je me suis même demandé si ce n’était pas plutôt une analyse de l’homosexualité car il s’agit surtout de cela du désir sexuel entre hommes. Une mauvaise pioche pour moi, mais lisez vite l’avis de Kathel, de Keisha qui peuvent complètement vous faire oublier le mien.

Citations

Rapport sexuel avec un troll

La porte grince, Pessi sort de la salle de bain l’air repu et content, sa petite langue rouge pourlèche ses babines telle une flamme. Il bondit droit dans mes bras sur le canapé et se pelotonne sur mes genoux. Son enivrante odeur de baies de genièvre me monte aux narines et son poids chaud sur mes cuisses, rayonnant de l’excitation de la chasse, est à peine supportable. Pessi nettoie paresseusement le sang des commissures de ses lèvres et, sans vraiment savoir ce que je fais, je le tire un peu plus près de moi, à peine et tout doucement et au moment où sont au chaud touche mon ventre, j’explose tel un volcan. 

Mon cœur bat aussi vite et fort qu’un marteau-piqueur. Le dos de Pessi est taché de sperme, comme mes cuisses, et j’essaie de toutes mes forces de ne pas penser à ce qui vient de se passer. Instinctivement, j’éloigne le fragile bouquin jauni et, au même moment, Pessi s’écarte un peu, pas par irritation mais par commodité, il n’a pas fini sa toilette, et je le repousse de mes genoux d’un geste si soudain, presque violent, qu’il prend peur, file dans l’entrée et cherche à grimper sur le porte chapeau. Ses puissantes pattes de derrière battent l’air et heurtent le cadre du miroir, qui tombe avec un bruit sourd sur l’épais tapis au moment où je me rue dans la salle de bain pour laver le liquide honteux.

 

Traduit de l’espagnol (Chili) par A.M Métailié Èdition Métailié/Seuil

lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

Il s’agit d’un livre de jeunesse que les adultes ont grand plaisir à lire. J’ai hâte de le faire lire à des enfants parce que c’est très drôle et que cela rend la leçon de vie complètement acceptable. Je pense que l’auteur aime bien les chats, tellement, qu’il a voulu leur donner ce qui leur manque : « la parole » . D’ailleurs tous les animaux parlent mais ils font bien attention à ne pas communiquer avec les hommes car, lorsque, par hasard ils ont commencé à le faire, ils leur arrivent bien des malheurs : les perroquets doivent répéter « Coco » toute la journée enfermés dans une cage. Et les dauphins doivent faire des cabrioles dans des piscines qui au regard de leur espace naturel leur semblent des petites baignoires !

Un chat devient la mère adoptive d’une mouette et doit lui apprendre à voler, vous pensez que ce n’est pas possible et complètement farfelu et bien lisez donc ce roman et vous verrez que pour un chat rien n’est impossible, il faut beaucoup de cœur, du courage il faut aussi et une grande solidarité entre les animaux. Bref un petit bijou de lecture qui fait beaucoup de bien !

 

Citations

Leçon de vie

Nous t’aimons tous , Afortunada. Et nous t’aimons parce que tu es une mouette , une jolie mouette . Nous ne te contredisons pas quand tu cries que tu es un chat , quand nous sommes fiers que tu veuilles être comme nous , mais tu es différente et nous aimons que tu sois différente. Nous n’avons pas pu aider ta mère , mais toi nous le pouvons. Nous t’avons protégé depuis que tu es sorti de ton œuf. Nous t’avons donné toute notre tendresse sans jamais penser à faire de toi un chat. Nous t’aimons mouette. Nous sentons que toi aussi tu nous aimes, que nous sommes tes amis, ta famille, il faut que tu saches qu’avec toi, nous avons appris quelque chose qui nous emplit d’orgueil : nous avons appris à apprécier, à respecter et à aimer un être différent. Il est très facile d’accepter et d’aimer ceux qui nous ressemblent, mais quelqu’un de différent c’est très difficile et tu nous as aidé à y arriver. Tu es une mouette et tu dois suivre ton destin de mouette. 

Les humains

Par l’encre du calamar ! En mer il arrive des choses terribles. Parfois je me demande si quelques humains ne sont pas devenus fous, il essaie de faire de l’océan une énorme poubelle. Je viens de draguer l’embouchure de l’Elbe et vous ne pouvez pas imaginer la quantité d’ordures que charrient les marées ! Par la carapace de la tortue ! Nous avons sorti des barils d’insecticides, des pneus, des tonnes de ces maudites bouteilles de plastique que les humains laissent sur les plages.

La fin

« Seul vole celui qui ose le faire » 

Traduit de l’anglais (Ètats-Unis) par Brice Matthieussent ; collection 10/18

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

J’ai oublié sur quel blog j’avais lu qu’il fallait absolument lire ce petit roman de John Fante, mais quand je l’ai vu au club de lecture de notre médiathèque, j’étais très contente. Oui, c’est un excellent moment de lecture tout en humour grinçant et méchant qui décoiffe, parfois un peu trop pour moi. Le personnage principal est un écrivain qui trouve un soir un énorme chien devant chez lui. Un chien de race Akita qui, sur cette photo, semble bien sympathique mais qui est un véritable danger dans une famille qui n’allait pas non plus très bien avant son arrivée

Ce chien mérite très bien son nom, Stupide, il saute sur tout ce qui lui semble un compagnon sexuel acceptable et comme il est très puissant cela donne des scènes aussi comiques que gênantes. L’écrivain, narrateur de ce roman se sent mal de tous les livres qu’il ne réussit plus à écrire. Il se sent raté aussi bien socialement que dans sa vie familiale. Même s’il le raconte avec beaucoup d’humour, on sent son désespoir à l’image de la scène finale qui donne peu d’espoirs sur la survie de son mariage. Ce roman raconte aussi très bien le choc des familles lors des départs des enfants qui occupaient une place si importante au quotidien dans la maison. J’ai trouvé très originale dans ce roman la peinture de chaque personnage, on peint souvent la famille américaine comme une force en soi. Dans les films, les séries, les romans, la famille made-in US semble un lieu d’engagement et de résistance à toute épreuve. Ici, au contraire chaque individualité est caractérisée par une destinée propre et leur seul point commun lors de ce roman c’est ce chien, qu’elle le rejette ou l’aime. Un point de vue et un humour très particulier qui fait du bien en contre point des images trop lisses que nous renvoie « la culture » américaine : John Fante est issu de l’immigration italienne, et a connu la misère, ceci explique cela. Je ne voudrais pas donner une fausse image de ce livre qui est surtout très drôle même si on sent une grande tristesse sous cette façon de rire de tout et surtout de lui.

 

Citations

Beaucoup de pères pourraient écrire cela

Jimmy avait cinq mois, et je l’ai détesté comme jamais parce qu’il avait des coliques et braillait encore plus que Tina. Les hurlements d’un enfant ! Faites-moi avaler du verre pilé, arrachez-moi les ongles, mais ne me soumettez pas aux cris d’un nouveau-né, car ils se vrillent au plus profond de mon nombril et me ramènent dans les affres du commencement de mon existence.

Un père reste une fille s’en va

Pendant qu’Harriet sanglotait dans le patio, je suis allé dans mon bureau écrire à Tina une lettre que je ne posterai jamais, je le savais, quatre ou cinq pages éplorées d’un gamin qui avait laissé tomber son cornet de glace par mégarde. Mais je lui disais tout, ma culpabilité, mon terrible désir de pardon. Quand je l’ai relu, la force et la sincérité de ma prose m’ont bouleversé. Je l’ai trouvé par endroits très belle, j’ai même envisagé d’en tirer un bref roman, mais je n’avais pas mon pareil pour tomber en extase devant ma prose, je n’ai pas eu trop de mal à déchirer ce que j’avais écrit et à le mettre à la poubelle.

Lu dans le cadre du Club de Lecture de la médiathèque de Dinard

 

Si vous voulez vous faire une idée exacte du trafic de l’ivoire entre l’Afrique et l’Asie ne ratez pas ce roman. L’évocation des paysages africains, m’ont entraînée vers un ailleurs qui me sortait agréablement de la grisaille bretonne. Mais bien loin des notes exotiques habituelles, nous sommes face à la réalité africaines : cette jeune Anglaise Erin, veut absolument arrêter le trafic de l’ivoire qui tue les éléphants africains. Oui mais, qui est-elle pour empêcher des hommes pauvres de vivre de ce qui leur rapporte un peu d’argent ? Que peut-elle contre les corrompus à qui ce trafic rapporte tant ? Et que faire face aux traditions qui pensent que les cornes des rhinocéros sont plus efficaces que le viagra ?

Est-ce un combat perdu d’avance ? En tout cas, la lutte semble tellement inégale, d’autant plus que, même si le trafic s’arrêtait, l’inexorable progrès et l’accroissement de la population africaine met en grand péril la faune sauvage.
Tous les aspects sont bien traités dans le roman, ce qui rend la lecture un peu laborieuse parfois, mais on ne peut pas reprocher à l’auteur d’être trop sérieux.

L’intrigue est bien construite, Erin a décidé de tracer les défenses d’éléphant pour frapper un grand coup contre la contrebande d’ivoire, elle sera aidée par un ranger qui connaît bien les habitudes des braconniers qu’il a été lui-même autrefois et un membre du gouvernement du Bostwana, cela nous permet un tableau assez complet de la population africaine impliquée dans ou contre le trafic de l’ivoire.

Je me demande toujours comment nous, les Européens, nous pouvons donner des leçons à l’Afrique, nous qui avons éradiqué tous, ou presque tous, les animaux sauvages qui peuplaient nos régions.

 

 

Citations

Trafic en Afrique

Ces dernières années, aux abords du célèbre parc, on est deux à trois rhino par jour. Leur corne, bien qu’elle soit un simple bout de kératine, restait l’appendice animal le plus cher et beaucoup essayaient de contourner la loi qui en avait interdit le commerce.

Le pourquoi des trafics

Tant que l’homme pense que ses faiblesses peuvent être compensées par la bile, du foie, des pattes, des griffes, qui lui suffit de consommer ou d’accumuler des parties animales pour guérir ou pour exister, tant que les pays consommateur de corne, d’ivoire, d’écaille et autres produits issus de la faune sauvage ne décide pas d’interdire ces pratiques et de les condamner, le braconnage prospérera toujours plus.

Rupture de milieu

C’est vrai que mon fils est quelqu’un d’important maintenant qu’il travaille pour le ministère. Si important qu’il ne peux plus dormir chez sa propre mère.

Culpabilité

Il y a quelques mois, il lui avait proposé de s’installer à Gaborone, il lui louerait un petit appartement, mettrait son père dans une clinique, mais ça ne s’était pas fait, elle ne laisserait jamais ses frères seuls, et Serese n’avait pas beaucoup insisté. Autour de lui, au ministère, on avait connu des écoles privées, on avait voyagé, lui n’était allé qu’en Afrique du Sud, il avait étudié un an à l’université de Johannesburg. On lui avait appris à penser petit, il s’en était excusé avant de comprendre que le changement devait venir de lui, qu’il n’y avait personne d’autre à tenir pour responsable de ses faiblesses, même si ce n’était pas si simple.

La Chine et le commerce illégal de l’ivoire

Chaque année, le gouvernement chinois injectait cinq tonnes d’Ivoire sur le marché intérieur légal, ivoire qui était répartie entre les différents atelier de sculpture du pays. Cinq tonnes, un chiffre dérisoire. S’approvisionner par la seule voie autorisé était impossible. Des centaines de tonnes d’Ivoire entrait illégalement dans le pays. Il se murmurait que le gouvernement comptait d’ici deux ans interdire le commerce légal et fermer le marché, les atelier de sculpture, mais ces ateliers n’étaient qu’une vitrine, la majorité des transactions étaient illicites, se passaient de certificats d’authenticité. Les groupes qui tenaient ce marché tenaient aussi des policiers, des hommes politiques, le réseau était vaste, complexe, Yang n’en n’était qu’une infime partie. Il avait fallu des années pour qu’elle se construise son propre réseau, trouve des sources fiables d’approvisionnement, mais si son rôle était essentiel, sa personne ne l’était pas, toujours, il y aurait une autre Yang.
 Ces groupes avaient des tueurs, mettaient des têtes à prix, combien de victimes de leur volonté de s’enrichir. À la sortie d’un avion, là où on se sent en sécurité, près d’une grande ville, dans un quartier huppé, des balles qui se perdent, qui se logent dans le corps de cet homme qui disparaît avec son combat, laissant un enfant à qui il sera dur de raconter la véritable histoire. Dans certains ateliers de Pékin, les défenses sculptées étaient affichées a plus de 350000 dollars.

L’avenir de la faune sauvage

Si Erin était un éléphant, elle verrait aussi les forêts devenir des fermes, elle verrait des routes coupées en deux son habitat naturel, des barrières électrifiées sur le chemin de ses migrations, elle verrait l’être humain rogner toujours plus sur les terres sauvages pour développer l’agriculture, conquérir chaque jour du terrain, elle serait emprisonnée dans un monde plus petit chaque année, ce qui était vaste ne serai plus que grand, elle pourrait aussi éprouver la soif et boire des litres d’une eau contenant du sodium de cyanure dilué, elle pourrait être prise de convulsions, sentir son cœur ralentir, sa respiration s’alourdir, elle pourrait s’effondrer sur le sol, entendre des coups de fusil, être chassée pour la simple possession de son ivoire, peser plus de six tonnes et devenir un bracelet, si elle faisait partie de ce groupe, elle penserais sans cesse à l’homme, il l’obséderait, elle saurait reconnaître ses intentions à la simple intonation de sa voix et adapterait son comportement en conséquence, elle pourrait être aussi victime de la folie du divertissement et être capturée vivante par des hommes de l’agence de la vie sauvage zimbabwéenne pour le profit de zoo qui naissent à Hangzhou ou à Shanghai, elle pourrait finir dans un parc clos, derrière une vitre, elle pourrait être une mémoire perdue, oui, si elle était l’un d’entre eux, elle serait en danger, une menace perpétuelle comme elle ne le sera jamais en temps qu’Erin.

Traduit de l’italien par Daniele Valin

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

Après « Le jour avant le bonheur » et « Le Tort du Soldat » voici ma troisième lecture de cet auteur et un vrai coup de cœur . C’est un roman très court, parfaitement écrit qui embarque le lecteur dans le monde de la montagne, des chamois et des braconniers. Plus exactement d’un braconnier qui a consacré sa vie à la chasse, et d’un superbe chamois qui a passé la sienne à l’éviter. Les évocations de la nature sont pleines de charmes et de poésie et sont parfois belles à couper le souffle. Le temps de la lecture on respire un air différent et de cette lutte implacable personne ne sortira vainqueur. J’ai aimé l’écriture économe autant que somptueuse (bravo à la traductrice  !) , ce roman a sa place dans toutes les bibliothèques des amoureux de la nature et les protecteurs du monde animal mais dépasse largement ce cadre. Voilà bien l’illustration du pouvoir de la littérature car ce sont deux sujets qui sont souvent loin de mes préoccupations et pourtant, j’ai tout aimé dans ce roman.

 

Citation

Une bien jolie évocation

Les sabots des chamois sont les quatre doigts d’un violoniste. Ils vont à l’aveuglette sans se tromper d’un millimètre. Ils giclent sur des à-pics, jongleurs en montée , acrobates en descente, ce sont des artiste de cirque pour le public des montagnes. Les sabots des chamois s’agrippent à l’air. Le cal en forme de coussinet sert de silencieux quand il veut, sinon l’ongle divisé en deux est une castagnette de flamenco. Les sabots des Chamois sont quatre as dans la poche d’un tricheur. Avec eux, la pesanteur est une variante du thème, pas une loi.

L homme et le chamois

Le chasseur avait suivi des cerfs, des chevreuils, des bouquetins, mais plus de chamois, ces bêtes qui courent à la perfection au-dessus des précipices. Il reconnaissait une pointe d’envie dans cette préférence. Il avançait sur les parois à quatre pattes sans une once de leur grâce, sans l’insouciance du chamois qui laisse aller ses pieds, la tête haute. L’homme pouvait aussi faire des ascensions bien plus difficiles, monter tout droit là où eux devaient faire le tour, mais il était incapable de leur complicité avec la hauteur. Eux vivaient dans son intimité, lui n’était qu’un voleur de passage.

Traduit de l’espagnol Vanessa Capieu

J’ai tellement aimé « une mère » que je n’ai pas hésité à lire ce roman, j’aurais dû me méfier, j’ai beaucoup de mal à comprendre l’amour absolu des maîtres pour les chiens. Je comprends très bien que l’on aime bien son animal de compagnie et qu’on le traite bien, mais j’aime qu’il reste un animal et non pas le substitut d’une personne. Ici, c’est le cas, le chien devient le remplaçant de l’être aimé et aussi bien pour la mère que pour toute la famille le deuil d’un chien semble équivalent à la mort d’un être humain. On retrouve dans ce récit le charme d’ « Une mère » et certains passages sont drôles. Mais l’effet de surprise n’existe plus on sait qu’Amalia ne perd la tête qu’en apparence et qu’elle veut surtout que ses trois enfants connaissent une vie plus heureuse que la sienne. Ce qui n’est pas très difficile. Ses efforts pour trouver un nouveau compagnon à son fils sont souvent aussi drôles qu’inefficaces. Elle s’est mise en tête que cet homme doit être Australien, blond, vétérinaire et gay évidemment ! pas si simple à trouver mais cela ne l’empêche pas de chercher et de poser des questions étonnantes à tous les Australiens (ils sont heureusement peu nombreux !) êtes vous Vétérinaire ? êtes vous homosexuels?et inversement aux homosexuels ; êtes vous vétérinaire …

Bref un roman assez drôle mais qui reprend trop les effets du premier roman, je me suis donc beaucoup moins amusée.

Citations

Mort d’un chien

Cette impossibilité à définir, ce trou noir d’émotion, fait de sa mort des limbes étranges dont il est difficile de partager l’intensité, parce que pleurer un chien, c’est pleurer ce que nous lui donnons de nous, et qu’avec lui s’en va la vie que nous n’avons donnée à personne, les moments que personne n’a vu. Lorsque s’en va le gardien des secrets, s’en vont également avec lui les secrets, le coffre, le puzzle rangé dedans et aussi la clé, et notre vie en reste tronquée.

 

 Un éclat de rire

(Pour le comprendre vous devez savoir qu’Amalia qui perd un peu la tête essaie de cacher à sa fille -très écolo- qu’elle est encore tombée assez rudement par terre sans les protections que celle-ci lui a fait acheter. La serveuse Raluca d’origine chinoise avait donc donné à Amalia des torchons remplis de glaçons parce que ses genoux sont couverts de bleus)

« Alors tu veux pas torchon ? »
 Nouveau sourire de maman. Sylvia pousse un feulement et Emma un haussement d’épaules.
« Non, ma fille, répond maman. J’en ai plein chez moi, je te remercie. Maintenant que je sais que tu en vends, à si bon prix, en plus, je te les prendrais à toi quand j’en aurai besoin. C’est promis. Je n’irai plus les acheter au marché. »
 Et comme Raluca reste plantée là sans rien comprendre, le plateau en l’air, manifestement prête à demander des précisions que maman n’est pas le moins du monde disposée à donner, et que Sylvia ouvre de nouveau la bouche, elle ajoute :
« Et si tu as des culottes, mais des organique, hein dis-le moi surtout. Tu sais, précise-t-elle avec un clin d’œil entendu, de celles qui font le ventre plat. »
Silva et Raluca se regardent et Emma, qui bien sûr est tout autant perdue que Sylvia, baisse la tête et se passe le main sur le front.

Traduit de l’anglais (Australie) par Françoise Rose.

Ce roman a le grand mérite de tenir la distance Saint-Malo/Paris. Il a, de plus, beaucoup plu à la petite souris jaune. Moins à moi, mais je suis toujours réticente aux histoires d’animaux et celle-là même si elle est très belle est particulièrement invraisemblable. On peut aimer pour le dépaysement africain , pour l’amour des lions, et la beauté de notre planète qui est de moins en moins sauvage et de plus en plus tristement humaine. J’apprécie tous ces thèmes mais qu’une lionne veuille et sache sauver la vie d’une petite fille de 7 ans cela me semble totalement invraisemblable. Autant que l’attachement subit et fort de la chercheuse quadragénaire pour cette enfant. Le happy end n’est pas de trop, il est à l’image du livre « à l’eau de rose » de la savane. Et pourtant, malgré tous ces défauts, l’auteure a su m’emporter dans l’Afrique dure et superbe des grands espaces. Dans le genre « le lion » de Kessel est plus réaliste, peut être démodé, je ne sais pas, je ne l’ai relu depuis si longtemps. La souris jaune vous promettait une lecture d’été et je rajouterai si vous aimez les lectures d’adolescents défenseurs de la planète.

Citations

Genre d’images qui créent un ailleurs

Quand le soleil atteignit l’horizon, il se répandit sur la plaine. Angel retint son souffle. Majestueusement et immobile, la lionne se découpait sur le ciel nimbée d’une lumière dorée, telle une créature de feu.

La psychologie de magazine féminin

Et si cela n’avait rien à voir avec son apparence ou son caractère ? Si c’était plutôt elle qui avait toujours choisi de vivre avec des gens qui l’abandonnaient constamment ? Si elle avait inconsciemment cherché à reproduire la relation qu’elle avait eue avec sa mère, traînant ce schéma derrière elle depuis des années, comme une malédiction ?