Traduit de l’anglais (États-Unis) par Edit OCHS
Je n’ai hélas pas noté le blog ami qui m’a fait découvrir ce livre. J ‘ai beaucoup , beaucoup aimé cet essai historique. Et tous ceux qui sont intéressés par cette période de l’histoire contemporaine seront de mon avis, du moins je le crois, tant le travail de recherche me semble sérieux .
Mais ce livre peut aussi toucher des lecteurs moins historiens. Le journaliste écrivain Erik Larson, est passionnant car il mène un travail d’enquête parfois proche d’un feuilleton à suspens. William E Dodd , est nommé par Roosevelt ambassadeur à Berlin en 1933, il y restera jusqu’en 1937.
C’est un professeur d’université , formé dans sa jeunesse en Allemagne . Il n’appartient pas au monde des ambassadeurs , et il sera cordialement détesté par les hommes politiques de son pays, et snobés par l’« aristocratie » du personnel des ambassades. Position très inconfortable pour un homme intègre, qui essaie de ne se faire manipuler ni par les nazis, ni par les opposants au nazisme ,et qui pour cela aurait eu besoin d’un soutien très clair de son propre pays. Il est accompagné à Berlin avec ses deux enfants déjà adultes.
Le narrateur avec force détail montre bien la prise de conscience de l’ambassadeur de ce qui se passe en Allemagne, il suit aussi le parcours de sa fille Martha. Martha c’est une belle jeune femme , très en avance sur son temps , elle mène une vie amoureuse très libre et au début elle est séduite par les hauts dignitaires nazis.
J ai découvert , grâce à ce roman, des personnages que je ne connaissais pas Hanfstaengl dit Putzy nazi mais dissident (je ne savais pas qu’il y en avait eu), et Diels, à l’origine de la Gestapo. Je trouve fascinant pour ce genre de lecture de croiser ce que je lis avec d’autres source sur internet. Peu à peu, le régime Nazi va se charger d’ouvrir les yeux de Martha, un bel homme venant du régime soviétique , Boris, va lui ravir le cœur et lui donner une conscience politique pro-communiste.
Le destin de cette femme est incroyable , Martha Dodd a travaillé pour les services secrets soviétiques jusqu’à sa mort, intervenue en 1990 à Prague. On ne peut pas dire que ce livre la rende très sympathique , elle est très agaçante , il semble qu’elle soit prête à se tromper tout le temps et à succomber à tous les hommes qui lui font la cour. De pro-nazie elle devient pro-communiste, mais plus parce que son amant a changé . De Diels elle est passé à Boris !
Ce qui rend le livre passionnant c’est de se rendre compte que si les grandes puissances avaient été plus fermes , il aurait été sans doute possible d’empêcher le basculement du nazisme de la plus grand partie de la population allemande. Et puis comme nous connaissons la fin, tous les aveuglements successifs des hommes politiques américains sont difficilement supportables.
Un livre facile à lire, passionnant mais qui m’a un peu plombé le moral , car c’est une période particulièrement abominable.
Il m’a rappelé le livre de l’ambassadeur Français André François-Poncet : Souvenirs d’une ambassade à Berlin, septembre 1931-octobre 1938, Paris,
Citations
la rapidité du succès nazi dans l’opinion publique
la « mise au pas » s’effectuait à une vitesse étonnante, même dans les milieux non directement visés par des lois spécifiques, les Allemands se plaçant de leur propre chef sous l’autorité nazie, un phénomène qui prit le nom de Selbstgleichschschaltung, ou « mise au pas volontaire….
Une étude des registres nazis a démontré que, sur un échantillon de deux cent treize dénonciations , 37 % relevaient non pas d’une conviction politique sincère, mais de conflits privés, dont le déclencheur était souvent d’une insignifiance stupéfiante. Ainsi en octobre 1933, le commis d’une épicerie dénonça à la police une cliente excentrique qui s’était entêtée à réclamer ses trois pfennigs de monnaie. Le commis l’accusa de ne pas avoir payé ses impôts. Les Allemands se dénonçaient les uns les autres avec un tel entrain que les cadres supérieurs du Parti pressèrent la population de faire preuve d’un plus grand discernement concernant ms affaires à signaler à la police.
Le refus de voir
De fait, Martha avait eu la même idée. « J’avais tendance à penser qu’il était juif » reconnaissait-elle ; elle « considérait que son hostilité n’était suscitée que par sa conscience raciale ».
Mower était effaré de voir que le monde extérieur ne saisissait pas ce qui se tramait en Allemagne . Il découvrit que son frère en était à douter de la vérité de ses reportages.
Et pourtant Dodd n’était pas antisémite
Dodd croyait que son ambassade avait trop de personnel et, plus particulièrement, trop de ses membres étaient juifs…..il craignait que leur présence parmi l’équipe ne détériore les relations de l’ambassade avec Hitler…
Discours d’Hitler après les assassinats des SA et de leur chef Röhm
Seule une répression féroce et sanglante pouvait étouffer dans l’œuf la révolte….Si on me demande pourquoi nous n’avons pas fait appel aux tribunaux réguliers, je répondrai : dans ces heures, je me suis trouvé responsable du destin de la nation allemande et, par conséquent, je représentais à moi seule l’autorité judiciaire suprême du peuple allemand.
le culte d’Hitler
Il vit la stature d’Hitler grandir en Allemagne jusqu’à devenir celle d’un dieu. Les femmes pleuraient quand il passait à proximité ; les collectionneurs de souvenirs ramassaient la terre là où il avait posé le pied.
On en parle
dans tous les livres, et chez Aiffele, chez Dominique.