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Un séjour assez long à Fontenay-sous-Bois à l’occasion d’une naissance m’a permis d’utiliser le Kindle pour satisfaire mon envie de lecture.
Traduit de l’anglais par Natalie Zimmermann

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J’ai donc saisi l’occasion de lire un livre de plus sur « l’affaire » grâce à Sandrine qui tient le blog « Tête de lecture » et j’en suis ravie. Ce n’est pas la première fois que je dois au romancier l’évocation de l’affaire Dreyfus. Adolescente, j’ai dévoré les romans de Roger Martin du Gard , plus tard j’ai retrouvé « l’affaire » chez Proust , j’ai étudié en classe « J’accuse » de Zola. Et voilà donc un roman qui m’a replongée dans cette incroyable erreur judiciaire. Le romancier choisit de raconter la prise de conscience du colonel Picquart, et en cela il est novateur et passionnant. Deux conceptions de l’honneur de l’armée s’affrontent. Celle de Picquart.

Ce jeune et brillant colonel persuadé de l’innocence de Dreyfus est également certain que l’armée doit reconnaître son erreur pour retrouver son honneur.

Commence alors pour lui une véritable descente aux enfers digne d’un véritable thriller et écrit comme tel par Robert Harris. Même si on connaît la fin, on craint pour sa vie , et même si on connaît bien l’affaire, on est surpris de l’acharnement de l’armée à son encontre. Il risque de perdre sa carrière, son honneur et sa vie pour défendre un homme pour qui, au début, il a très peu d’estime. Lorsqu’il a la preuve que celui qui a écrit le bordereau sur lequel se fonde l’accusation est Esterhazy , il croit naïvement qu’une enquête va être diligentée pour confondre le traitre et innocenter Dreyfus.

Il s’oppose à l’état major parisien qui croit aussi défendre l’honneur de l’armée, en préférant ne pas reconnaître ses erreurs plutôt que de déclarer un juif innocent. Tout le monde au début est de bonne foi , mais lorsque les preuves des faux d’Henry seront découvertes, une autre affaire commence : celle des preuves secrètes (entièrement fabriquées) pour ne pas revenir sur un jugement qui arrangeait tout le monde. Tout cela mené par le ministre de la guerre le général Mercier

Ce roman se dévore comme un roman policier et en ces temps où l’intolérance fait encore des ravages, cela fait du bien de se replonger dans les périodes difficiles qui ont forgé les valeurs de la république française. Comme dans le livre de Bredin, on constate que, même si Dreyfus a été réintégré avec les honneurs dans l’armée française à laquelle il était si attaché, ses années aux bagnes n’ont pas été prises en compte dans sa carrière militaire alors que les deux années où Picquart a été renvoyé de l’armée lui ont permis un avancement rapide.

Citations

Les bassesses humaines, la présence de la foule haineuse lors de la dégradation de Dreyfus

C’est à ce moment que je compris ce que Mercier avait saisi depuis le début, à savoir que le désir humain d’assister à l’humiliation de l’autre formerait toujours une protection amplement suffisante contre le froid le plus intense.

L’antisémitisme dans l’armée et le plaisir des bons mots :

Remarquez, commandant Picquart : les Romains jetaient les chrétiens aux lions ; nous leur servons des Juifs. C’est un progrès, me semble-t-il.

Propos prêtés au Colonel Sandhers responsable du contre-espionnage et du dossier contre Dreyfus :

– Vous pensez que si la guerre éclate, il sera nécessaire d’enfermer les juifs ?

– Il faudra au moins les obliger à s’inscrire sur un registre et les contraindre à un couvre-feu et des restrictions de déplacement.

Le choix du silence, le choix de l’armée française en 1894, le choix de Picquart  :

– Je peux vous assurer que je n’éprouve strictement rien pour Dreyfus, ni dans un sens ni dans un autre. Franchement, je voudrais qu’il soit coupable – cela me faciliterait grandement la vie. Et, jusqu’à très récemment, j’étais persuadé de sa culpabilité. Mais maintenant que j’ai les pièces entre les mains, j’ai le sentiment qu’il ne peut pas être coupable. Le traitre c’est Esterhazy

– Peut-être que c’est Esterhazy, et peut-être pas. Vous ne pouvez pas en être certain. Cependant, le fait est que si vous ne dites rien, personne ne le saura.

Nous avons donc enfin atteint le cœur même de ce sombre problème. La pièce me paraît encore plus silencieuse qu’auparavant. Gonse me regarde bien en face. Je choisis mes mots avant de répondre :

– Mon Général, ce que vous dites est abominable ; je ne sais pas ce que je ferai, mais je n’emporterai pas ce secret dans la tombe.

On en parle

Un excellent site, Alfred Dreyfus pour ou contre.

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 Traduit de l’américain par Marie-Odile Fortier-Masek.

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J’ai lu plusieurs romans de cette auteure sans jamais m’enthousiasmer. Dans ce roman, Tracy Chevalier nous faire revivre l’époque des suffragettes en Grande Bretagne. Avec ,comme fil conducteur, l’amitié de deux fillettes, Maude et Lavinia qui viennent de la classe aisée de Londres. On y côtoie également la misère, grâce à Simon le fils du fossoyeur et Jenny l’employée de maison qui finira dans la plus grande des pauvretés après avoir eu un enfant illégitime. Pour régner sur les bonnes conventions une Grand-mère acariâtre et malfaisante.

Tracy Chevalier donne la parole à tous les protagonistes de cette histoire cela permet d’affiner les portraits mais donne une allure un peu décousue au roman. Chaque chapitre le lecteur doit changer de personnage principal. La réalité devient complexe et comme dans la vie le mal et le bien ne sont pas si simples à distinguer. La militante féministe n’est pas une mère très agréable, et la voisine qui est une bonne mère est cruche à souhaits. La grand mère est horrible, coincée dans ses valeurs de bourgeoise anglaise elle se fiche du bonheur des siens pourvu que les conventions soient respectées. Et les hommes ont l’air bien dépassés par une lutte qui les concerne de très loin.

Je me demande pourquoi cette romancière m’ennuie toujours un peu ? Ses romans m’apparaissent comme une machine bien huilée qui tourne très bien toute seule, en tout cas sans moi, c’est certain.

Citations

La condition de la femme en Grande Bretagne en 1900

Assise à la fenêtre, je l’ai regardé s’éloigner , et j’ai éprouvé cette même jalousie dont je souffrais jadis en voyant mon frère partir au collège. Il n’avait pas sitôt disparu à l’angle de la rue que je me suis retournée et à la vue de cette pièce tranquille et silencieuse, à la lisière de cette ville qui est le centre du monde, je me suis mise à pleurer. J’avais vingt ans et ma vie s’était figée, dans une interminable ornière sur laquelle je n’avais aucun contrôle.

Les jugements de sa belle mère, jugeant le « bovarysme » de sa bru

Dieu sait que j’ai toujours dit à mon fils que vous ne seriez pas heureuse . Combien de fois lui ai-je répété :  » Épouse-la si tu y tiens, mais elle ne sera jamais satisfaite !  » J’avais raison. Vous voulez toujours davantage , mais vos idées ne vous disent pas quoi. »

J’ai souvent éprouvé cela quand j’étais enfant

Il n’y a rien de plus exaspérant que quelqu’un qui ne s’aperçoit pas que vous le punissez. À vrai dire, j’avais plutôt la sensation d’être celle que l’on punissait.

Traduit de l’anglais par Benjamin LEGRAND.

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Ouf ! J’ai terminé, je suis enfin sortie des flots de sang, de larmes, de vomi, de pisse, de merde. Je n’en pouvais plus des meurtres, des pendaisons, des tortures, des têtes tranchées écrabouillées, empalées ou servant de projectiles pour démoraliser l’adversaire, des viols de toutes les façons possibles…
Mais ce qui, pour moi, rend le tout absolument insupportable, c’est que toutes ces horreurs se commettent au nom de la pire invention humaine, la Religion.
Avec une prime spéciale pour une invention de l’église catholique : l’inquisition. Quand par hasard, de pauvres hommes prennent un peu de liberté avec les modes de pensée dans l’ère du temps, et survivent aux horreurs de la guerre. Ils risquent de rencontrer des hommes en noir qui viennent leur demander : «  N’y aurait-il pas un peu de diablerie en vous ? » Et vous êtes bon pour de nouvelles formes de tortures plus raffinées et qui sauvant votre âme vous conduiront à une mort douloureuse et certaine. Savez vous que l’église catholique n’a condamné l’Inquisition qu’en l’an 2000 ! ! Et je me demande si elle va « dé »- béatifier Pie V dont l’œuvre principale à été d’officialiser et de développer le rôle de l’inquisition.
Est ce que j ai apprécié ce roman ? Difficile de répondre, l’auteur fait des efforts louables pour nous plonger au plus près du siège de Malte en 1565 , qui a vu la victoire des chevaliers qui ont repoussé les assauts des Musulmans. Pour cela, il crée un personnage romanesque Thanhauser d’origine chrétienne, mais élevé chez les Ottomans parmi les janissaires et revenu chez les chrétiens. Il aime les femmes, se battre, et s’enrichir. Il est devenu septique mais a un sens de l’honneur très fort. Grâce à lui Tim Willocks peut dépasser les points de vue des uns et des autres et nous permet de mieux comprendre les enjeux de l’époque. Je ne peux pas répondre à ma question, je ne sais pas si j ai vraiment aimé mais ce dont je suis certaine c’est que pour rien au monde je ne l’aurais lâcher avant la fin.
Je sais aussi que je ne suis pas encore prête à remettre le couvert et à me plonger dans son dernier roman à propos de la Saint Barthélémy, épisode de l’histoire de France qui m’a fait faire les pires cauchemars de mon enfance .

 Citations

La divination

Personne ne pouvait voir le futur ; Amparo n’y prétendait pas. Mais dans l’infinité des choses qui pourraient arriver un jour , reposent toutes les choses qui seront.

les Guerriers

Les rêves d’une femme étaient le fardeau le plus lourd qu’un homme puisse connaître , surtout quand il partait à la guerre.

mots appris les gazis

Membres combattant sous la bannière musulmane contre les infidèles, on connaît le mot croisé mais pas le mot gazi si ?

La façon dont commence les chapitres pour mettre dans l’ambiance, c’est un peu facile mais si on veut bien se laisser aller ça fonctionne un peu comme avec Alexandre Dumas :

Des amas de nuages pourpres s’éloignaient de l’est , comme une armée de la nuit fuyant devant l’irruption du jour , et la brise , jamais aussi fraîche ni aussi douce qu’à l’aube , portait sur ses ailes les voix d’hommes chantant des psaumes.

Genre d’horreur que j’ai du mal à lire

Une tornade d’éclats de bois souffla à travers dues chairs infortunés, et les aveugles et les éviscérés ajoutèrent leur portion de douleur à ce carnage hurlant…

Tiens tiens, déjà !

Il y a plus de vanité chez les Français que de mensonges hurlants au fond de l’enfer…

On en parle …

C’est Dominique qui m’a donné envie de le lire et également « tête de lecture  » qui m’excusera de l’avoir oubliée ,mais vous êtes nombreux à aimer si on en croit Babelio.

 Roman lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque

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Roman historique qui remplit parfaitement son office : renseigner le lecteur le plus exactement possible sur un fait du passé, et maintenir son intérêt grâce à une intrigue romanesque. Je ne connaissais les Amish que grâce au film Witness et quelques reportages lus. Marie Kuhlmann, écrivaine spécialiste de l’histoire alsacienne, s’est documentée sur les anabaptistes, secte protestante à l’origine des Amish.

Originaires de Suisse, ils fuient les persécutions des luthériens. Ils s’établissent en Alsace et là certains d’entre eux, seront à la recherche d’une plus grande pureté. Ils deviendront les Amish du nom de Jacob Amann leur prédicateur. La partie romancée suit une famille particulière celle d’Elias et Frena Freiner. On est plongée dans les difficultés de ces gens soumis aux persécutions et aux rudesses de la vie rurale. S’ajoutent pour eux les rigueurs qu’ils s’imposent à eux mêmes, par exemple : qu’un de leurs enfants épouse une anabaptiste non Amish, ils se coupent définitivement de lui et ne le reverront jamais. Ce qui me passionnent sur ce sujet c’est de voir que toute religion entraîne l’intolérance. Les protestants persécutés en pays catholiques ont été d horribles persécuteurs dans les pays protestants.

Le roman se lit très facilement mais n’est pas d’un grand intérêt littéraire, ce n’est pas son but on passe un agréable moment de lecture et on apprend beaucoup de choses sur cette sombre période d’intolérance religieuse.

Citations

L’intolérance

Là-bas, comme il ne parvenait pas à ses fins, il excommunia les opposants, qui firent de même à son encontre. Ancien contre Ancien, puisqu’ils étaient les seuls à pouvoir excommunier, chacun étant certain que l’autre commettait une grave erreur.

 Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque , thème le voyage. 

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Et … Quel voyage ! L’écrivain explique, dans l’avant dernier chapitre, la genèse de ce roman historique. Cette épopée incroyable a, pour déclencheur, des faits authentiques,Michel Gardère en avait trouvé témoignage dans un petit livre qu’il a malencontreusement perdu et , malgré ses efforts désespérés , il n’en a, hélas ! retrouvé aucune trace mais en revanche, il a lu tout ce qui se rapporte à cette histoires qui est donc, en grande partie, véridique.

Des Arméniens vivant en Perse , dans un petit village chrétien, Khosrew Abad , sont réduits à la misère car ils ne peuvent plus faire face aux impôts levés par le Shah. Ces impôts sont exigés pour payer les dettes de la guerre perdue contre la Russie en 1828. Les villageois sont au bord de la faillite et risquent de se voir chasser de leur village , leurs biens confisqués,leurs femmes envoyées dans des bordels et les hommes en esclavage. Trois hommes entreprennent un périple incroyable pour se rendre à Paris afin d’y retrouver un ami du vendeur de chevaux qui lui avait parlé de la patrie des droits de l’homme et auprès de qui il pense trouver de l’aide.

Chahèn, le vendeur de chevaux espère retrouver son ami en France et ainsi sauver son village. Plusieurs sources attestent de ce périple et aussi de l’élan de solidarité de la part des catholiques français pour sauver ce petit village. Hélas ! un travail d’historien , montre que, si l’argent a bien été récolté , il s’est perdu dans les différentes rouages des églises orientales. (Décidément ce n’est pas d’aujourd’hui que l’argent des causes humanitaires sert surtout à faire vivre les organisations plutôt que de soulager les gens victimes des catastrophes).

L’écrivain fait revivre dans ce roman trois personnages haut en couleur et retrace leur périple. On sent une jubilation dans l’écriture et on sent aussi le plaisir de Michel Gardère qui doit être un conteur plein de vie. L ‘écriture est fleurie et très moderne , on a parfois l’impression de lire des romans de cap et d’épée , ou encore du Rabelais à la sauce Zevaco. Cela pour dire que j’ai eu un peu de mal avec le style mais qu’il ne faut pas s’arrêter à des formules toute faites et quelque peu anachroniques du genre :

Plate comme le pays de Jacques Brel sans ses canaux, mais avec ses canards , la steppe offrait pour seul obstacle à la monotonies des petits monticules de terre qui surgissaient de proche en proche.

On est emporté par la verve du conteur et on est bien dans cette histoire qui nous permet de visiter des contrées lointaines dans l’espace et dans le temps. Ah oui, vous vous dites que de Perse à Paris surtout à pied ça prend du temps ! Mais vous êtes loin du compte , nos trois compères veulent absolument avoir la bénédiction de la plus haute autorité ecclésiastique de leur mouvance religieuse . Les Arméniens sont plus proches des orthodoxes que des catholiques, alors avant de rejoindre Paris il leur faudra passer par les principaux lieux de ferveur religieuses : Salmas, Erevan, Odessa, Kiev, Moscou, Saint Pétersbourg … Ce n’est pas le chemin le plus direct , mais c’est celui que leur foi les oblige à prendre. Enfin bénis et bien fatigués ils peuvent se rapprocher de Paris.

L’auteur a créé un trio , très sympathique , entre Chahèn, le sage septique qui perd peu à peu confiance dans les valeurs de la religion , le colosse Bartev qui impressionne tout le monde par sa force et son courage , et donne des complexes à ses deux compagnons parce que chez lui tout est plus grand que chez les autres (oui même les parties intimes de son anatomie !), Gaïdzag le jeune voleur avide de tout savoir .

La vie de tous les jours entre ses trois compères est faite d’amour et de fidélité et les aventures se succèdent à un bon rythme, on ne s’ennuie pas , on s’amuse très souvent.

 Citations

le féminisme religieux

Si la femme était bonne à quelque chose, Dieu en aurait une auprès de lui.

 Les comparaisons de zizis

Les deux autres pèlerins frileux découvrirent avec beaucoup de surprise -à dire vrai de stupéfaction- que le géant ne l’était pas que par la taille. Tout chez lui était démesuré. Tout. Même en sortant de l’eau glacée. Sans se concerter, ils décidèrent qu’ils ne se laveraient que le haut du corps, jusqu’à la taille. En trempant la main dans l’eau et en la frictionnant sous leur bras et sur leur ventre. Le reste -et singulièrement leur virilité- attendrait bien un jour ou deux.

 Réflexion pleine de sens

Quand les sens partent dans tous les sens , la vie prend du sens , mais on perd le sens de la vie.

 Les Kurdes et l’éternel humain

Des bandes de brigands kurdes menaçaient souvent les convois mais ne prenaient jamais de risque s’ils étaient escortés. Délicieux paradoxe : bien souvent la garde se composait exclusivement de Kurdes provisoirement rangés.

 Le pari pascalien

Si Dieu n’existe pas , je peux évidemment faire ce que je crois juste. Mais s’il existe et que les catholicos est vraiment son porte-parole, je cours un risque personnel , ce qui n’est pas bien grave, mais j’en fais courir un bien plus terrible à mes compagnons et à mon peuple. Et je n’en ai pas le droit . C’est sur cette terrible dualité du doute que l’Église- toute les Églises- a bâti son message et sa force. Je ne peux pas démontrer que Dieu est une invention de l’homme , mais je ne peux pas non plus prouver qu’il n’existe pas.

Une formule amusante

Fuir , c’est prendre son courage à deux pieds.

On en parle

un nouveau blog « une pause livre« 

 Traduit de l’anglais (États-Unis) par Edit OCHS

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Je n’ai hélas pas noté le blog ami qui m’a fait découvrir ce livre. J ‘ai beaucoup , beaucoup aimé cet essai historique. Et tous ceux qui sont intéressés par cette période de l’histoire contemporaine seront de mon avis, du moins je le crois, tant le travail de recherche me semble sérieux .

Mais ce livre peut aussi toucher des lecteurs moins historiens. Le journaliste écrivain Erik Larson, est passionnant car il mène un travail d’enquête parfois proche d’un feuilleton à suspens. William E Dodd , est nommé par Roosevelt ambassadeur à Berlin en 1933, il y restera jusqu’en 1937.


C’est un professeur d’université , formé dans sa jeunesse en Allemagne . Il n’appartient pas au monde des ambassadeurs , et il sera cordialement détesté par les hommes politiques de son pays, et snobés par l’« aristocratie » du personnel des ambassades. Position très inconfortable pour un homme intègre, qui essaie de ne se faire manipuler ni par les nazis, ni par les opposants au nazisme ,et qui pour cela aurait eu besoin d’un soutien très clair de son propre pays. Il est accompagné à Berlin avec ses deux enfants déjà adultes.

Le narrateur avec force détail montre bien la prise de conscience de l’ambassadeur de ce qui se passe en Allemagne, il suit aussi le parcours de sa fille Martha. Martha c’est une belle jeune femme , très en avance sur son temps , elle mène une vie amoureuse très libre et au début elle est séduite par les hauts dignitaires nazis.

J ai découvert , grâce à ce roman, des personnages que je ne connaissais pas Hanfstaengl dit Putzy nazi mais dissident (je ne savais pas qu’il y en avait eu), et Diels, à l’origine de la Gestapo. Je trouve fascinant pour ce genre de lecture de croiser ce que je lis avec d’autres source sur internet. Peu à peu, le régime Nazi va se charger d’ouvrir les yeux de Martha, un bel homme venant du régime soviétique , Boris, va lui ravir le cœur et lui donner une conscience politique pro-communiste.

Le destin de cette femme est incroyable , Martha Dodd a travaillé pour les services secrets soviétiques jusqu’à sa mort, intervenue en 1990 à Prague. On ne peut pas dire que ce livre la rende très sympathique , elle est très agaçante , il semble qu’elle soit prête à se tromper tout le temps et à succomber à tous les hommes qui lui font la cour. De pro-nazie elle devient pro-communiste, mais plus parce que son amant a changé . De Diels elle est passé à Boris !

Ce qui rend le livre passionnant c’est de se rendre compte que si les grandes puissances avaient été plus fermes , il aurait été sans doute possible d’empêcher le basculement du nazisme de la plus grand partie de la population allemande. Et puis comme nous connaissons la fin, tous les aveuglements successifs des hommes politiques américains sont difficilement supportables.

Un livre facile à lire, passionnant mais qui m’a un peu plombé le moral , car c’est une période particulièrement abominable.
Il m’a rappelé le livre de l’ambassadeur Français André François-Poncet : Souvenirs d’une ambassade à Berlin, septembre 1931-octobre 1938, Paris,

Citations

 la rapidité du succès nazi dans l’opinion publique

 la « mise au pas » s’effectuait à une vitesse étonnante, même dans les milieux non directement visés par des lois spécifiques, les Allemands se plaçant de leur propre chef sous l’autorité nazie, un phénomène qui prit le nom de Selbstgleichschschaltung, ou « mise au pas volontaire….

Une étude des registres nazis a démontré que, sur un échantillon de deux cent treize dénonciations , 37 % relevaient non pas d’une conviction politique sincère, mais de conflits privés, dont le déclencheur était souvent d’une insignifiance stupéfiante. Ainsi en octobre 1933, le commis d’une épicerie dénonça à la police une cliente excentrique qui s’était entêtée à réclamer ses trois pfennigs de monnaie. Le commis l’accusa de ne pas avoir payé ses impôts. Les Allemands se dénonçaient les uns les autres avec un tel entrain que les cadres supérieurs du Parti pressèrent la population de faire preuve d’un plus grand discernement concernant ms affaires à signaler à la police.

 Le refus de voir

De fait, Martha avait eu la même idée. « J’avais tendance à penser qu’il était juif » reconnaissait-elle ; elle « considérait que son hostilité n’était suscitée que par sa conscience raciale ».
Mower était effaré de voir que le monde extérieur ne saisissait pas ce qui se tramait en Allemagne . Il découvrit que son frère en était à douter de la vérité de ses reportages.

 Et pourtant Dodd n’était pas antisémite

Dodd croyait que son ambassade avait trop de personnel et, plus particulièrement, trop de ses membres étaient juifs…..il craignait que leur présence parmi l’équipe ne détériore les relations de l’ambassade avec Hitler…

 Discours d’Hitler après les assassinats des SA et de leur chef Röhm

Seule une répression féroce et sanglante pouvait étouffer dans l’œuf la révolte….Si on me demande pourquoi nous n’avons pas fait appel aux tribunaux réguliers, je répondrai : dans ces heures, je me suis trouvé responsable du destin de la nation allemande et, par conséquent, je représentais à moi seule l’autorité judiciaire suprême du peuple allemand.

 le culte d’Hitler

Il vit la stature d’Hitler grandir en Allemagne jusqu’à devenir celle d’un dieu. Les femmes pleuraient quand il passait à proximité ; les collectionneurs de souvenirs ramassaient la terre là où il avait posé le pied.

On en parle

dans tous les livres, et chez Aiffele, chez Dominique.

Emprunté à la médiathèque.

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Le chemin de Compostelle m’a entraînée vers le Brésil…. Je voulais connaître ce roman pour lequel Jean-Christophe Rufin a reçu le prix Goncourt 2001 et connaît depuis une notoriété certaine. Cet écrivain est doué pour les romans historiques, je le sais depuis « le grand Coeur » et même si je ne suis pas une grande adepte du genre, je ne boude pas mon plaisir quand c’est bien fait. Cette épopée de 600 pages nous raconte un épisode peu connu , la tentative de colonisation du Brésil par le chevalier de Villegagnon en 1555.

En quelques pages, à la fin du roman, l’auteur nous résume ce que l’on sait de cet épisode peu glorieux, il explique aussi, que les deux personnages les plus romanesques, Colombe et Just de Clamorgan, sont sortis de son imagination, l’écrivain a donc pu , à sa guise, leur donner une personnalité plus complexe que les personnages pour lesquels les sources historiques mettent quelques limites à la création littéraire .

Le style de Ruffin est un délice de simplicité et de clarté,puisque nous sommes en 1555, il maille son texte de mots anciens qu’on a plaisir à rechercher. Savez-vous ce que sont des « poils amatoires » ? j’ai souri quand j’ai compris( le texte est suffisamment explicite !). Ruffin entraîne son lecteur dans un Brésil à la nature aussi luxuriante qu’inquiétante peuplée d’Indiens au mœurs qui choquent les Européens. D’abord, ils se promènent nus et ne semblent pas avoir envie de domestiquer la nature. Et comble de l’horreur, ils sont anthropophages .

Le choc des deux civilisations ne permet pas qu’une compréhension mutuelle puisse s’installer , sauf pour Colombe mais c’est le privilège du romancier de rêver que deux civilisations aussi opposées puissent se comprendre. Les colons sont peu nombreux et mènent une vie terriblement dure, la construction d’un fort est une entreprise complètement surhumaine mais à ces rudes conditions d’installation se rajoutent les disputes religieuses qui décimeront, bien plus sûrement que tout autre danger, la malheureuse petite troupe aux ordres d’un capitaine fantasque qui va perdre peu peu toutes ses illusions. Malheureusement, il perdra la seule qui le rendait un peu sympathique , la croyance en l’homme et deviendra un enragé de la foi et donc tuera,tortura avec toute la bonne conscience que donne l’assurance d’avoir Dieu pour soi .

Au delà de la découverte du Brésil ce roman est une bonne façon de faire revivre la Renaissance avec ce curieux paradoxe que cette période a apporté l’humanisme mais, hélas, l’intolérance religieuse et annonce les guerres de religion. C’est terrible de se souvenir que les anciens persécutés, calvinistes ,luthériens deviendront à leur tour des combattants au nom de la « vraie » foi sans aucune pitié pour ceux qui ne partagent pas leurs croyances. Le débat autour de la présence du corps du Christ dans l’hostie en est un parfait exemple.

Je comprends que beaucoup de lecteurs aient aimé ce roman et dans notre monde où l’on voit des musulmans s’entre déchirer au nom de la pureté de leur foi ce livre a sa place dans notre réflexion.

Citations

le choc de l’Italie pour les Français de l’époque

Je suis arrivé en Italie a trente ans et, crois-moi, j’étais encore tout plein de la vieille tradition de notre chevalerie où l’homme est ruiné par les veilles et les prières,cousu de cicatrices et ne s’accorde aucun soin. Mon premier choc , je l’ai reçu à Florence , en voyant le David de Michel-Ange et le Baptême du Christ de Sansovino. Ainsi malgré la trahison d’Adam, l’idée de Dieu était toujours présente dans l’homme et il suffisait de la cultiver. L’homme idéalement beau, chef d’œuvre de son créateur, l’homme de bien qui excelle aux armes et aux arts, l’homme bon,calme,serein, élégant, maître de lui, pouvait devenir un idéal.

 Réflexion qui m’a étonnée

La fidélité est un sentiment qu’on contente aisément. Il suffit de le tolérer.

 Genre de discussions avec des fanatiques religieux

– les auteurs dont vous parlez , précisa tranquillement le pasteur , ne connaissait pas le Christ. Leur pensée plongée dans les ténèbres , ne peut être d’aucun secours. Il faut croire, voilà tout.

– C’est ce que disent aussi les prêtres et le pape , fit lugubrement l’amiral.

– Oui, confirma Richer avec mépris. Mais la différence, c’est qu’il sont tort.

Tuer au nom de Dieu

Les guerres de religion sont toujours une providence pour les criminels. La violence tout à coup devient sainte ; pourvu qu’ils sachent mimer la dévotion, au moins en parole, licence leur est donnée par un Dieu d’accomplir des infamies dont ils avaient longtemps rêvé.

 On en parle

Je renvoie aux critiques de Babelio car je n’ai pas lu de critiques récentes de ce livre dans mes blogs préférés.

Traduit de l’anglais par Judith ERTEL£
Emprunté à Lourse

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J’avais déjà ouvert cette BD et refermée car les dessins ne m’inspiraient pas du tout. Il a fallu l’article de Keisha et … tous les commentaires .. .et…l’ouverture de ma médiathèque pour que je force mon peu d’appétence pour les BD. 
C’est absolument génial, je vais lire la suite évidemment ! J’apprécie les BD, lorsqu’on a l’impression que le récit ne pourrait pas être raconté sous une autre forme. Les dessins qui m’avaient rebutée au premier regard , collent complètement au récit , et font vivre intensément la vie des juifs polonais pendant la guerre.

Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit donc d’Art Spiegelman, dessinateur de bandes dessinées qui fait raconter à son père Vladeck Spiederman la façon dont il a survécu à la shoa. Les deux époques, aujourd’hui et les années de guerre en Pologne, se mêlent et tissent le récit . Au présent, ce père acariâtre rend malheureux sa seconde épouse, mais il accepte de parler à son fils qui note pour sa future BD tous les souvenirs de la tragédie de ses parents juifs polonais. Le père visiblement a du mal à s’exprimer en anglais et la traduction rend bien ses difficultés d’expression et donne un charme fou au récit.

Le livre s’ouvre sur une citation d’Hitler : « Les juifs sont indubitablement une race mais ils ne sont pas humains ». Je ne sais pas si c’est pour cela que l’auteur a choisi de dessiner tous les juifs avec des figures de rats, les polonais sous les traits de cochons, et les allemands sous les traits de chat. C’est très efficace et je suis certaine que cela participe au succès de sa BD .

Je me suis demandé pourquoi cette BD me faisait autant d’effet, je pense que, le fait que je sois aussi peu attirée par le genre fait que lorsqu’une BD m’intéresse cela me surprend moi-même. Je suis aussi bluffée qu’avec une apparence de pauvreté de moyens graphiques on arrive à rendre une histoire aussi prégnante. Enfin sa façon de nous faire découvrir un père à peu près odieux et ses difficultés de rapport avec lui rend le récit terriblement humain. Ce n’est pas la vie d’un super héros paré de toutes les qualités style cinéma hollywoodien, pour être survivant il fallait d’abord de la chance, puis un sens de la débrouillardise hors du commun.

Un grand moment de découverte pour moi, et je suis d’accord avec vos commentaires lu sur le blog de Keisha oui c’est bien de la littérature.

 Citations

La façon de parler de son père

Quand j’étais jeune, tout seul je pouvais faire ces choses. Maintenant, chéri, ton aide j’ai besoin pour la gouttière.

 Rapport père fils

La barbe ! Il veut que j’aille l’aider à réparer son toit ou j’sais pas quoi . Merde, même quand j’étais petit je détestais l’aider quand il bricolait. Il adorait montrer qu’il était adroit …Et me faire sentir que moi je n’étais qu’un empoté. Il m’a rendu phobique au bricolage.

 Pudeur et tragédie

Après , quand je suis rentré à Sosnowiek on leur a envoyé des colis…

Un temps ça a été plus facile pour nous. Alors très heureux ils étaient et ils nous ont écrit comme ça les aidait

Et puis ils ont écrit que les allemands gardaient les colis.

Et puis ils ont arrêté d’écrire. C’était fini.

 On en parle

Par exemple MIMIPINSON , il y a , à ce jour,101 critiques plus une(la mienne !)chez Babelio

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J’ai lu plusieurs articles à propos du deuxième roman de Raphaël Jerusalmy : « La Confrérie des Chasseurs de livres » , et vous souligniez combien vous aviez aimé son premier roman « Sauver Mozart ». Puisque vous m’avez tentée, autant commencer par le premier !

Quel livre ! Ça fait longtemps que je n’ai pas mis 5 coquillages aussi facilement. C’est un roman étonnant et que j’ai lu d’une traite, je vais le relire avec plaisir pour le savourer. Nous lisons les lettres à son fils et le journal de Otto J Steiner, mélomane « un peu juif » qui dit de lui :

Je suis autrichien de confession phtisique . Et fier de l’être.

Il est malade,mal soigné et très malheureux d’être dans ce sanatorium au milieu de gens encore plus malades que lui . Il va mourir et a souvent envie d’avancer l’heure de sa mort. Il n’a personne à qui se confier, sauf ce journal qui pourrait bien être une source de graves problèmes. Si bien que le lecteur est le seul à savoir la vérité sur des sentiments qu’il ne peut que cacher s’il ne veut pas être immédiatement dénoncé et fusillé. C’est peut-être pour cela ,qu’il est a un aussi mauvais caractère, et puis franchement cela devait être difficile d’avoir le sourire en Allemagne en 1939 ! Il rouspète sur tout :

– le cabillaud bouilli du vendredi, et puis l’absence de cabillaud quand les temps seront encore plus durs.

– Le malade qui chantonne des airs obsédants , mais c’est de ce détail que lui viendra une idée extraordinaire !


Il rumine sa vengeance contre ce régime et tous ceux qui assassinent sa si belle musique , je ne peux, hélas ! sans dévoiler les effets du roman, vous dire comment il va s’y prendre. On est pris par ce texte du début à la fin et tout s’enchâsse de façon implacable , l’auteur nous plonge dans l’ambiance hitlérienne et dans la maladie , il le fait avec un tel talent que la lecture transporte son lecteur , par exemple le jour où Mussolini a rencontré Hitler en 1939 sur un quai de gare est grand moment de littérature.

On est bouleversé, également, quand la Gestapo descend dans le sanatorium et que l’on voit ces grands malades parfois grabataires traités comme du bétail. C’est tragique ! Et tout cela à cause du fils du concierge qui paiera de sa vie un geste d’humanité.

Mais ce livre est aussi un hommage à la musique et ravira tous les passionnés de Mozart. Il pose cette question jamais résolue comment se fait-il que les nazis pouvaient écouter cette musique sublime et aller tuer de façon abominable de pauvres ères sans défense ?

Citations

 L’importance de la musique

Je n’ai jamais aussi bien compris la musique que depuis que je n’en écoute plus . Depuis que j’en suis privée par la force des choses. Mais elle a d’autres moyens de se faire entendre . Pas besoin de gramophone. Ni de partition. Le génie musical, c’est le souffle qui traverse « la Flûte enchantée » avant même qu’elle n’émette un seul son. L ‘attente qui précède l’entente . C’est le geste, l’attitude, l’émotion. Rien à voir avec les notes.

Un peu de vocabulaire

J ai l’impression de vendre mon âme. Et de trahir Mozart. Servir de « nègre » à Hans .. « Nègre »?C’est l’expression consacrée. Négritude. Servitude.

Nous sommes tous esclaves des mots.

 La musique et les Allemands

Étrange que les Allemands soient mélomanes. La musique est éternelle approximation.

Et voici la postface, qui pose bien les problèmes de la place de la musique

 Salzbourg fut le haut lieu de la vie culturelle des nazis et le symbole du « rayonnement du Reich » .

Aucun des musiciens et chefs d’orchestre mentionnés dans le journal d’Otto ne prit jamais la défense de la liberté d’expression ni ne prêta la moindre assistance à ses collègues persécutés.

Après la guerre , tous jouirent de l’admiration sans réserve des mélomanes du monde entier.
Aujourd’hui, Salzbourg demeure l’une des capitales de la musique et de l’art. Et le « Festspiel » continue d’avoir lieu, chaque été.

 On en parle

À sauts et à gambades où j’ai pris l’idée de ce livre et lettre express


Livre reçu dans le cadre « de masse critique »
et offert par les éditions du Seuil.

 

3Ce roman nous plonge dans l’intimité de Staline ce tyran tortionnaire du 20° siècle qui inspire davantage les écrivains que son sinistre compère Hitler. Je dois à ce roman la découverte d’une atrocité communiste dont je n’avais pas encore entendu parler.

En 1933, on a débarqué en Sibérie dans l ‘île de Nazino 6000 personnes sans aucun moyen de survie. On a appelé cet endroit, l’île aux cannibales car les détenus finiront par s’entre-dévorer. 2000 survivront et seront envoyés dans des goulags (pour finir leur peine…). Je lirai certainement le livre de Nicolas Werth , historien qui a mis en lumière ce crime abominable.

Ces faits historiques sont très importants pour la fin du roman, et n’ont hélas, rien à voir avec de la fiction. L’auteur invente un tête à tête entre Staline sa maîtresse qui lui aurait conseillé un jeune peintre prêt à se lancer dans une œuvre grandiose à la gloire du petit père des peuples. L ‘atmosphère devient de plus en plus lourde dans le palais où Staline retient ses proies. J’avoue avoir été peu convaincue par l ‘analyse des rêves sur le fameux divan (d’où le titre). J’ai peu adhéré au style de l’auteur qui hache ses phrases d’une façon curieuse à la limite de la compréhension parfois.

À la fin de son livre, l’auteur rend hommage à Vassili Grossman « Vie et Destin », que je trouve également un chef d’œuvre. J’ai lu beaucoup des grands témoins de cette époque en particulier Soljenitsyne et je me demande ce que la création romanesque peut apporter à la compréhension historique. Je suis certaine que Jean-Daniel Baltassat a essayé de faire ressortir les traits de caractère de Staline à travers ce récit en s’inspirant de tout ce que l’on sait de la façon dont le régime fonctionnait à cette époque, mais pour moi rien ne vaut le travail des historiens dont, il dit, s’être inspiré.

Je suis gênée qu’on fasse des romans d’horreurs aussi abominables.

Citations

Je remercie cet auteur d’avoir mis en exergue de son roman ces deux citations d’Aragon qui donnent une haute idée des intellectuels français !

1933 au moment de l’affaire Nazino

En URSS , nous sommes à un moment de l’humanité qui ressemble en quelque chose à la période du passage du singe à l’homme.

et en 1953

Merci à Staline pour ces hommes qui se sont forgés à son exemple , selon sa pensée, la théorie staliniennes !

 le début du roman, phrase qui m’a accrochée

La nature est ainsi faite que tout finit par se corrompre et se livrer aux maladies , même ce qui a été purgé et récuré en profondeur.

La cour et les courtisans

Poskrebychev, expert en poids et mesure du silence du Patron , échange un coup d’œil avec Vlassik . Il s’autorise un peu de surenchère approbative.

La peur

Le plus grand malheur de l’homme est d’avoir peur de tout, même de son ombre. Mais son autre grand malheur, c’est de se mentir et de ne plus savoir reconnaître sa peur.

On en parle

Kitiwak