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Sans le club de lecture, je n’aurais certainement pas eu l’idée de lire ce petit livre, cela aurait été bien dommage. Ce témoignage relate l’amour d’une fille pour sa mère, celle -ci , très âgée, devient peu à peu dépendante. Beaucoup d’amour, de respect et de délicatesse dans ce livre. Respect des femmes âgées, des corps qui trahissent et du personnel qui prend en charge ces personnes dépendantes.

Les portraits du personnel soignant doit être très proche de la réalité et cela réconforte sur les valeurs de notre société. La dépendance de la mère est adoucie par les moyens financiers de la fille, j’ai pensé que le manque d’argent devait rendre la fin de vie beaucoup plus difficile à supporter pour tout le monde.

Citations

Maintenant qu’elle oublie tant de choses, elle peut savourer les joies de l’improviste. Je dis que je viens, et puis je viens, mais elle avait oublié que je venais, et pour un peu elle m’applaudirait. Chaque visite est un coup de foudre.

histoire-allemand

Traduit de l’allemand par Brigitte Hébert

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Il y a deux ans, je découvrais ce témoignage grâce à une amie allemande. Je ne lui dirai jamais assez merci. Je l’ai relu pour le mettre, avec ses cinq coquillages tellement mérités, dans mon blog. J’avais acheté ce livre car Ursula m’avait expliqué que la jeunesse allemande l’avait plébiscité : Sebastian Haffner permettait de comprendre le basculement de toute la nation vers le nazisme. La lecture est tout aussi intéressante pour les Français.

Le destin de ce livre est étonnant, il est écrit à chaud en 1938 par un homme qui a refusé le nazisme et qui s’est réfugié en Angleterre. Il ne sera pas publié. En 1999, à la mort de Sebastian Haffner, devenu journaliste et écrivain de renom , ses enfants trouvent ce manuscrit et le publient. La puissance du livre vient de là : il est écrit à chaud au plus près des événements, parfois au jour le jour, à travers les yeux d’un enfant puis d’un adolescent et enfin d’un jeune adulte. On comprend qu’il s’en est fallu de peu pour que lui-même accepte sans jamais l’apprécier, la tyrannie nazie.On suit avec dégoût toutes les veuleries des partis politiques traditionnels. On est horrifié par la façon dont les gens se tuent pour des causes plus ou moins claires. Puis l’horreur s’installe et là c’est trop tard plus personne ne pourra se défendre.

Mais peut-on en vouloir au peuple allemand alors qu’aucune puissance étrangère ne saura résister aux premières provocations d’Hitler quand cela était encore possible ? L’analyse est très poussée, et brasse l’ensemble de la société allemande, comme Haffner fait partie de l’élite intellectuelle, c’est surtout les élites que l’on voit à l’œuvre. Elles ont longtemps méprisé Hitler qu’elle prenait pour un fou sans importance, « un comploteur de brasserie », mais elles n’ont compris le danger que lorsqu’il était trop tard.

La cause principale du nazisme est à rechercher dans la guerre 14/18, comme on l’a déjà souvent lu, ce qui est original ici, c’est la façon dont cet auteur le raconte. Sebastian Haffner a sept ans quand la guerre éclate, pendant quatre longues années, il vivra en lisant tous les jours les communiqués de victoire de l’armée allemande, pour lui c’est cette génération là qui sera le fondement du Nazisme.

Enfant j’étais vraiment un fan de guerre…. Mes camarades et moi avons joué à ce jeu tout au long de la guerre, quatre années durant, impunément, en toute tranquillité- et c’est ce jeu-là, non pas l’inoffensive « petite guerre » à laquelle il nous arrivait de jouer à l’occasion dans la rue ou au square, qui nous a tous marqués de son empreinte redoutable.

Son récit séduira bien au-delà du cercle habituel des historiens, car il est vivant, concret émouvant parfois. Il permet, soit de revivre une période étudiée en lui donnant le visage de la réalité, soit de comprendre le nazisme à travers la vie d’un allemand embarqué bien malgré lui dans la tourmente de son pays.

Citations

… l’étrange talent de mon peuple à provoquer des psychoses de masse (Talent qui est peut-être le pendant de son peu d’aptitude au bonheur individuel)

 

L’âme collective et l’âme individuelle réagissent de façon fort semblable. Les idées avec lesquelles on nourrit et ébranle les masses sont puériles à ne pas croire.

 

La guerre est un grand jeu excitant, passionnant, dans lequel les nations s’affrontent ; elle procure des distractions plus substantielles et des émotions plus délectables que tout ce que peut offrir la paix : voilà ce qu’éprouvèrent quotidiennement, de 1914 à 1918, dix générations d’écolier allemands.

 

la génération des tranchées dans son ensemble a fourni peu de véritables nazis ; aujourd’hui encore, elle fournit plutôt des mécontents et les râleurs,. Cela est facile à comprendre, car quiconque a éprouvé la réalité de la guerre porte sur elle un jugement différent.

 

… les militaires allemands manquent de courage civique.
Le courage civique- c’est-à-dire le courage de décider soi-même en toute responsabilité- est d’ailleurs rare en Allemagne… Cette vertu fait totalement défaut à l’Allemand dès lors qu’il endosse un uniforme.

 

Rathenau et Hitler sont les deux phénomènes qui ont le plus excité l’imagination des masses allemandes le premier par son immense culture le second par son immense vulgarité.

 

Et pourtant la personne de Hitler son passé, sa façon d’être et de parler pouvaient être d’abord un handicap… le rédempteur bavarois d e1923, l’homme au putsch grotesque perpétré dans une brasserie… Son aura personnelle était parfaitement révulsante pour l’allemand normal, et pas seulement pour les gens « sensés » : sa coiffure de souteneur, son élégance tapageuse, son accent sorti des faubourgs de Vienne, ses discours trop nombreux et trop longs qu’il accompagnait de gestes désordonnés d’épileptiques, l’écume aux lèvres, le regard tour à tour fixe et vacillant.

 

C’était étrange d’observer cette surenchère réciproque. L’impudence déchaînée qui transformait progressivement en démon un petit harceleur déplaisant, la lenteur d’esprit de ses dompteurs, qui comprenaient toujours un instant ce qu’il venait de dire ou faire- c’est-à-dire quand il l’avait fait oublier par des paroles encore plus insensées ou par un acte encore plus monstrueux-, et l’état d’hypnose où il plongeait son public qui succombait de plus en plus passivement à la magie de l’abjection et à l’ivresse du mal.

Traduit de l’hébreu par Valérie Zenatti.

Pourquoi aucun coquillage ? Cela me semble tellement puéril à côté du contenu du livre ! Aharon Appelfeld est né dans une région du monde qui a changé de nationalité très souvent. Originaire de Bucovine, il a surtout le malheur d’être juif, toute sa famille disparaîtra pendant la deuxième guerre mondiale. Il doit sa survie, à son courage, il a fui le camp de concentration. Pendant deux ans, il a erré dans les forêts de l’Ukraine en essayant, jour après jour, de ne pas mourir, il n’avait que dix ans !

C’est la première partie du livre. Le livre commence par le bonheur d’une enfance heureuse dans un monde qui a complètement disparu aujourd’hui. Comme toujours, dans ces témoignages, certains passages sont très difficiles à lire. Le chapitre sept, par exemple. Il se souvient d’une femme qui fait tout ce qu’elle peut pour obliger un enfant à fuir la douceur relative de ses bras pour qu’il se cache et essaye de se sauver, l’enfant tel un petit animal s’accroche à elle avec l’énergie du désespoir, ensemble ils monteront dans le train de la mort.

La deuxième partie du livre raconte ses difficultés à s’adapter en Israël et à trouver sa langue d’écriture. C’est une très belle réflexion sur la culture et la langue. Je m’attendais à trouver des remarques sur le conflit palestinien mais ce n’est pas son propos. Pour moi, c’est un livre à lire absolument, un de plus diront certains sur ce sujet. Mais en le lisant on comprend qu’il ne pouvait pas faire autrement que de nous le raconter. Ses souvenirs sont si lourds qu’il doit pouvoir les partager avec ses lecteurs

Citations

 Chaque fois qu’il pleut, qu’il fait froid ou que souffle un vent violent, je suis de nouveau dans le ghetto, dans le camp, ou dans les forêts qui m’ont abrité longtemps.

 

Ma mère fut assassinée au début de la guerre. Je n’ai pas vus sa mort, mais j’ai entendu son seul et unique cri. Sa mort est profondément ancrée en moi -, et plus que sa mort, sa résurrection. Chaque fois que je suis heureux ou attristé son visage m’apparaît, et elle, appuyée à l’embrasure de la fenêtre, semble sur le point de venir vers moi.

À cette époque, j’appris qu’un homme ne voit jamais que ce qu’on lui a déjà montré.

 

Chaque être qui a été sauvé pendant la guerre l’a été grâce à un homme qui, à l’heure d’un grand danger, lui a tendu la main.

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Comment transmettre la mémoire de l’horreur ? Nguyên An Tinh, narratrice très proche de l’auteure a fui, sur un boat-people, le Vietnam communiste. Elle nous livre des moments de sa vie, des fragments de sa mémoire. Une odeur, un bruit, un mot entraîne un nouveau souvenir. Monsieur Vinh grand chirurgien de Saigon, a confié ses cinq enfants, à cinq bateaux différents, essayant ainsi de multiplier les chances qu’au moins un d’entre eux survive. Ils survivront tous, lui deviendra balayeur de rue à sa sortie de prison. « Prison » ce mot ramène l’auteure à une autre prison, celle de l’autisme où son fils, Henry, est enfermé pour toujours.

On a déjà entendu à peu près toutes les horreurs par lesquelles, elle et ses proches sont passés. Comme ce Monsieur An ancien juge de Saigon qui croit sa mort arrivée car, ce jour-là, un garde l’oblige à sortir des rangs des prisonniers, à s’agenouiller, lui met le pistolet sur la tempe, tire …. Il n’y avait pas de balle dans le chargeur. Monsieur An ne sera plus jamais le même, et il se souviendra toute sa vie des nuances des bleus du ciel du jour où …

Van Thùy a réussi à nous transmettre l’horreur qu’elle porte en elle. Et pourtant ce livre reste léger et pudique. Même quand elle décrit la prostitution des jeunes, voire des enfants. C’est la force de ce livre, il n’y a jamais aucun mélodrame et pourtant quelle trace il laisse dans notre mémoire ! Je pense que chaque lecteur portera en lui un moment de sa mémoire, pour moi c’est l’hommage qu’elle rend aux femmes du Vietnam.

Quand j’ai refermé ce livre, je me suis demandée pourquoi elle était retournée dans ce pays, et, est-ce qu’un jour le Vietnam deviendra une démocratie. La relecture de ce livre pour notre Prix du club de lecture m’a encore plus subjuguée que la première fois. Je n’ai pas compris pourquoi je ne lui avais pas mis 5 coquillages, et surtout ai-je assez insisté sur le style de Kim Thuy ? Elle écrit à la perfection dans une langue proche de la poésie, très personnelle et si facile à adopter par tout le monde.

Citations

Proverbe vietnamien

La vie est un combat où la tristesse entraîne la défaite.

Mon passage

On oublie souvent l’existence de toutes ces femmes qui ont porté le Vietnam sur leur dos pendant que leur mari et leurs fils portaient les armes sur le leur. On les oublie parce que sous leur chapeau conique, elles ne regardaient pas le ciel. Elles attendaient seulement que le soleil tombe sur elles pour pouvoir s’évanouir plutôt que s’endormir. Si elles avaient pris le temps de laisser le sommeil venir à elles, elles se seraient imaginé leurs fils réduits en mille morceaux ou le corps de leur mari flottant sur une rivière telle une épave. Les esclaves d’Amérique savaient chanter leur peine dans les champs de coton. Ces femmes, elles, laissaient leur tristesse grandir dans les chambres de leur cœur. Elles s’alourdissaient tellement de toutes ces douleurs qu’elles ne pouvaient plus redresser leur échine arquée, ployée sous le poids de leur tristesse.

On en parle

Link.

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Traduit de l’anglais par Karine Reignier.

3
Owen Matthews, journaliste correspondant de guerre part à la recherche du passé de ses parents. Sa mère, fille de dignitaire soviétique exécuté lors des purges de 1937 a été élevée en orphelinat. Son père épris de culture Russe, tombera amoureux de sa mère en 1963, lors d’un séjour dans un pays qui le fascine. Ils se marieront finalement en 1969 après un combat qu’ils ont cru l’un et l’autre souvent perdu tant les obstacles étaient importants. Plusieurs récits se mêlent donc :

  • celui du fils, narrateur, qui vit dans la Russie contemporaine, il connaîtra l’horreur de la guerre en Tchétchénie et tous les excès de ce pays aujourd’hui
  • Celui de sa mère qui a connu les tragédies de la guerre , les orphelinats russes, la famine…
  • Celle de son père, cet intellectuel typiquement britannique qui a dû lutter contre le KGB pour épouser celle qu’il aimait au péril de sa carrière universitaire.

Sans être passionnée par ce livre, je l’ai trouvé intéressant et sûrement proche des personnages réels, parfois les situations sont tellement incroyables que j’aurais aimé un souffle plus romanesque. Je trouve que Makine, et bien sûr, Soljenitsyne savent mieux raconter la Russie soviétique. Au milieu des horreurs que les enfants ont connues, j’ai bien aimé que sa mère lui dise « Il faudra que tu parles des gens bien » comme ce directeur d’orphelinat qui a accepté qu’on ne sépare pas les deux sœurs. Et j’ai alors pensé au livre de Makine : La vie d’un homme inconnu.

 Citations

La sentence a été exécutée dès le lendemain, soit le 14 octobre 1937. Le bourreau y a apposé un vague gribouillis. Les bureaucrates méticuleux qui se sont chargés de l’instruction ayant négligé d’indiquer l’endroit où Boris Bibikov fut enterré, ce tas de papier lui tient lieu de sépulture.

 

Pourtant, lorsqu’ils se sont enfin retrouvés, mes parents ont constaté que leur amour s’était presque tari. Mué en encre, il s’était figé sur les milliers de feuilles qui s’empilent maintenant au fond d’une malle, dans le grenier d’un petit pavillon londonien.

 

Ma mère a passé une grande partie de sa vie à attendre des jours meilleurs. Ses parents ont été arrêtés lorsqu’elle avait trois ans. Dès cet instant, le régime soviétique s’est chargé de son éducation, modelant ses pensées, sinon son âme. L’avenir radieux était à portée de main, expliquait-on à sa génération, mais, tel un dieu aztèque, il ne saurait être atteint sans sacrifices : il faudrait faire couler le sang et subordonner la volonté de chacun au bien de tous.

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5
J’ai rarement été aussi bouleversée par un livre. J’en ai lu chaque page, chaque ligne, chaque mot avec une intensité de plus en plus forte au fur et à mesure des chapitres. La quatrième de couverture l’annonce, l’auteure cherche à cerner la folie de son père au fil des 26 lettres de l’alphabet.

Elle s’aide du journal qu’a tenu son père et de ses souvenirs d’enfance entièrement marqués par la maladie de son père maniaco-dépressif. Pour moi, dans ce livre tout n’est que souffrance et comme aucune solution ne semble possible, ni l’intelligence de son père, ni l’amour de ses filles, ni l’amour que les femmes lui ont porté, on se sent terrassé.

Il faut aussi souligner la beauté de l’écriture qui rend cette histoire lisible.

Citations

 À la lettre « D » Disparu

 Quand je disais « mon père » cette année-là, les mots tenaient bon, je ne sais pas comment le dire autrement, j’avais l’impression de parler la même langue que les autres, d’habiter un monde commun (alors que d’ordinaire, prononçant ces deux mots, je voyais s’ouvrir un écart infranchissable …… « mon père » c’est-à-dire mon délire, ma détresse, mon dément, mon deuil, mon disparu).

À la lettre « M » Mouton noir

… comme si, après toutes ces années, au seuil de sa nuit, il avait appris à jouer avec l’ombre en lui, renoncé à « faire comme tout le monde », à faire comme si, accepté cette figure imposée, ce portrait de lui en brebis galeuse, en bouc émissaire, en mouton à cinq pattes, que sais-je encore, accueilli sa folie et trouvé par là le désir et l’espoir de ne plus en souffrir, seul, toujours, différent, encore, mais apaisé.

Dans le journal de son père

 J’avais pourtant été un bon marin, mais la maladie avait fait de moi un danger public.

L’auteure parle

link.

4
« Le dernier des justes » est certainement un des livres qui m’a le plus marqué. Je ne l’ai pas relu depuis longtemps, mais je ne l’ai pas non plus oublié. On retrouve dans ce livre posthume toute les douleurs des juifs polonais. Mais on y lit aussi celle du survivant qui « porte le deuil de tout un peuple ». J’apprécie beaucoup le style d’André Schwarz-Bart. Et même si ce livre n’est pas complètement abouti on y retrouve la saveur des villes juives-polonaises d’avant, le poids de la religion et des contes et l’horreur absolue quand l’Allemagne nazie s’abat sur la Pologne. On sent que les mots ne lui suffisent plus.

En lisant ce livre on sent l’émotion de l’écrivain, il sait nous la faire partager :

« Est-ce que ça sert à quelque chose de raconter l’horreur absolue ? ».

Citations

Elle savait aussi que la vie est un éternellement recommencement, ce pourquoi tous les nouveau-nés portaient un pli à la lèvre inférieure : ce pli léger était la trace du doigt que l’Ange posait sur la bouche de tous les enfants du monde, afin d’effacer le souvenir de leur vie antérieure.

 

 

Il pensa aux montagnes de chair partie en fumée et il crut que sa respiration s’arrêtait. Il se planta devant le miroir et dit ; « Que fais-tu là, ta place n’est pas ici, tu sais bien où est ta place. Elle est avec les tiens ; tu es un juif mort. »

 

 

La seule simplicité de l’Holocauste était celle-ci ; les juifs étaient morts pour rien, strictement pour rien, une bouffée délirante dans le cerveau d’un homme quelconque, Adolf Hitler… C’était l’impression fondamentale qu’il conservait de cette époque ; les gens mouraient sans comprendre terrassés par l’absurde.

2
Je comprends bien pourquoi ce livre a été proposé au club de lecture : beaucoup d’entre nous sommes des grand-mères. J’adore être grand-mère et je raconte (trop sans-doute) les bons mots de mes petits enfants, mais de là à en faire un livre … bref je vais bien vite oublier ce livre sans grand intérêt.

Citation

Les pleurs d’un nourrisson ne ressemblent à aucune sorte de pleurs. Ils défient la raison par leur disproportion.

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Laura Derajinski.
5
Connaissez- vous beaucoup de libraires qui vous promettent de vous rembourser le livre s’il ne vous plaît pas ? Mon libraire l’a fait, mais il ne me le remboursera pas , car le trajet Paris Saint-Malo m’a semblé si court, la campagne bien petite et les vaches trop paisibles grâce à ce livre.
J’ai pensé à Une année à la campagne – Sue HUBELL. Cette fois c’est un homme qui se retrouve seul et au lieu d’élever des abeilles, ils se lancent dans l’élevage des bisons, c’est plus masculin ! J’ai beaucoup appris sur les grandes plaines américaines et les grands espaces font toujours un peu rêver.
L’élevage de bovins sur ces terres semble une bien mauvaise solution, pour les paysans qui ne s’en sortent jamais, et pour les sols détruits par l’élevage. Les bisons sauvages vivaient sur ces terres et sont adaptés à ce milieu.J’ai souri aux réflexions de son voisin Indien (40 kilomètres plus loin !), et à ses difficultés devant deux adolescents qui préfèrent la télévision à l’effort physique.

Citations

Depuis que les vaches ont été implantées dans les Grandes Plaines du Nord, elles ont consommé le paturage de façon anormale.Et là j’ai compris ce qui clochait avec les vaches. Ce n’est pas qu’elle aient un problème. C’est juste qu’ici, sur les Grandes Plaines, elles ont l’air d’ëtre peintes sur le paysage, ne pourront jamais en faire partie. Elles sont comme une sorte de touriste ongulé et, à les élever, je me sentais comme un guide qui passerait son temps à traduire les menus et à indiquer les toilettes.

La nourriture et l’industrie c’est un peu une alliance contre nature.

Les Indiens ont attendu longtemps pour voir les bisons de l’homme blanc sur leurs terres…

À mon grand étonnement, ils arrivaient à regarder les mêmes films indéfiniment. frustré, je me suis tourné vers Jill, qui avait élevé un ado et survécu à l’épreuve.

On en parle

Site pour en savoir plus sur les bisons de Dan O’Brien et acheter de la viande : link.

3
J’ai plus d’une fois été agacée par la lecture de ce gros (trop gros ?) roman parce que l’auteur ne nous épargne vraiment rien : on apprendra tout sur sa sexualité, ses impuissances à vivre, les petits côtés de ses amis célèbres ou pas. Mais je ne l’ai pas lâché et à chaque fois que je reprenais ma lecture, j’y trouvais de l’intérêt. Dans le quartier latin des années de l’après guerre, on suit le narrateur, il y arrive à 16 ans « quand il est né » nous dit-il, il raconte son adolescence. (Aujourd’hui l’adolescence commence à 13 ans, à 18 ans on est « jeune-adulte » !)

Il a connu ou croisé tous ceux qu’il fallait connaître et le titre de son livre de souvenirs est un hommage au roman de Boris Vian L’écume des jours. On suit, pas à pas, son initiation à la sexualité, à la littérature, son passage au monde adulte, le rejet de la province, surtout de la banlieue et de sa famille.
L’auteur sait recréer l’ambiance des années de l’existentialisme et on est pris dans un véritable tourbillon. Il a souvent un humour très corrosif qui est à l’image de cette époque. IL y a dans ce roman beaucoup de petits textes merveilleux. La description de la gare Montparnasse et ses différences avec la gare de Lyon est un bon moment de lecture.

Je pense que, pour tous ceux qui se souviennent de ces années-là, ce livre doit faire du bien. Vu de la province, ces gens célèbres : Gréco, Sartre, Vian devaient faire rêver, de près ils sont beaucoup moins séduisants et pourtant ils ont apporté un souffle de liberté parmi les intellectuels. Il y a un personnage que je trouve intrigant et intéressant : Honoré, le narrateur et lui se rencontrent dans le train du retour vers la banlieue et sa famille, il lui donne de bons conseils de lecture, j’aurais aimé en savoir plus sur celui qui lui dit : « La provocation n’est pas forcément créatrice, murmure Honoré. Je crains que nous n’entrions dans l’ère de l’imposture ».

Citations

Je ne retrouve rien de mon violon, ni de son âme de bois, ni de son corps pas si verni que ça.

 

Se tenir comme Ilfo ?

Qui était donc ce type mystérieux qui s’appelait Ilfo et qu’il fallait prendre en exemple ? C’était comment se tenir, se tenir comme Ilfo ? Qui se tenait comme Ilfo ? Les adultes forcément. Quand je comprends enfin qu’il faut se tenir comme il faut, la question reste pendante. C’est quoi comme il faut, c’était pour ma mère se tenir à l’épicentre de tout ce qu’il ne fallait pas faire. À l’épicentre de toutes ses peurs.

 

Parmi les lectures édifiantes auxquelles j’avais accès, on trouvait des histoires comme celle du pauvre garçon contraint pas son père, un horrible communiste, de rapporter une hostie à la maison où ledit père la poignarde avec un couteau de cuisine. Et l’hostie de se mettre à saigner !

 

Être ami avec Vian, ce n’est pas être l’ami de Vian.

la nuance est d’importance.
Qui est le vrai Vian ? Je n’ai toujours pas la réponse.

Avec des parrains aussi prestigieux qu’Aragon et Eluard, les idées communistes sont plutôt en vogue à Saint-Germain mais qui pourraient dire qu’elles sont celles de Vian qui affiche une méfiance notoire à l’encode tous les dogmes, qu’ils soient religieux ou politique ? Ça me plait, ça rejoint ce rejet de cette religion et de ce Dieu qu’on a vainement tenté de me refiler.