Traduit de l’anglais par Judith ERTEL£
Emprunté à Lourse

5
J’avais déjà ouvert cette BD et refermée car les dessins ne m’inspiraient pas du tout. Il a fallu l’article de Keisha et … tous les commentaires .. .et…l’ouverture de ma médiathèque pour que je force mon peu d’appétence pour les BD. 
C’est absolument génial, je vais lire la suite évidemment ! J’apprécie les BD, lorsqu’on a l’impression que le récit ne pourrait pas être raconté sous une autre forme. Les dessins qui m’avaient rebutée au premier regard , collent complètement au récit , et font vivre intensément la vie des juifs polonais pendant la guerre.

Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit donc d’Art Spiegelman, dessinateur de bandes dessinées qui fait raconter à son père Vladeck Spiederman la façon dont il a survécu à la shoa. Les deux époques, aujourd’hui et les années de guerre en Pologne, se mêlent et tissent le récit . Au présent, ce père acariâtre rend malheureux sa seconde épouse, mais il accepte de parler à son fils qui note pour sa future BD tous les souvenirs de la tragédie de ses parents juifs polonais. Le père visiblement a du mal à s’exprimer en anglais et la traduction rend bien ses difficultés d’expression et donne un charme fou au récit.

Le livre s’ouvre sur une citation d’Hitler : « Les juifs sont indubitablement une race mais ils ne sont pas humains ». Je ne sais pas si c’est pour cela que l’auteur a choisi de dessiner tous les juifs avec des figures de rats, les polonais sous les traits de cochons, et les allemands sous les traits de chat. C’est très efficace et je suis certaine que cela participe au succès de sa BD .

Je me suis demandé pourquoi cette BD me faisait autant d’effet, je pense que, le fait que je sois aussi peu attirée par le genre fait que lorsqu’une BD m’intéresse cela me surprend moi-même. Je suis aussi bluffée qu’avec une apparence de pauvreté de moyens graphiques on arrive à rendre une histoire aussi prégnante. Enfin sa façon de nous faire découvrir un père à peu près odieux et ses difficultés de rapport avec lui rend le récit terriblement humain. Ce n’est pas la vie d’un super héros paré de toutes les qualités style cinéma hollywoodien, pour être survivant il fallait d’abord de la chance, puis un sens de la débrouillardise hors du commun.

Un grand moment de découverte pour moi, et je suis d’accord avec vos commentaires lu sur le blog de Keisha oui c’est bien de la littérature.

 Citations

La façon de parler de son père

Quand j’étais jeune, tout seul je pouvais faire ces choses. Maintenant, chéri, ton aide j’ai besoin pour la gouttière.

 Rapport père fils

La barbe ! Il veut que j’aille l’aider à réparer son toit ou j’sais pas quoi . Merde, même quand j’étais petit je détestais l’aider quand il bricolait. Il adorait montrer qu’il était adroit …Et me faire sentir que moi je n’étais qu’un empoté. Il m’a rendu phobique au bricolage.

 Pudeur et tragédie

Après , quand je suis rentré à Sosnowiek on leur a envoyé des colis…

Un temps ça a été plus facile pour nous. Alors très heureux ils étaient et ils nous ont écrit comme ça les aidait

Et puis ils ont écrit que les allemands gardaient les colis.

Et puis ils ont arrêté d’écrire. C’était fini.

 On en parle

Par exemple MIMIPINSON , il y a , à ce jour,101 critiques plus une(la mienne !)chez Babelio

J’avais noté cette BD chez Jérome , grand lecteur de BD entre autre ! Cet album très épais me tendait les bras à la bibliothèque et je savais que beaucoup d’entre vous l’avez déjà lu et beaucoup aimé. Je suis restée quelques heures en sa compagnie et je ne l’ai pas regretté. Le dessin n’est pas tout à fait mon style mais on s’habitue et surtout j’aime bien l’alternance entre la réalité, les rêves et les rares moments de colère. Comme il y a une foultitude de personnages, on ne les reconnaît pas très bien , cela vient aussi de son style de dessin qui reflète plus une idée que la réalité. Le caractère des personnages est intéressant et très proche de notre vie : j’ai adoré le début à la banque avec la discussion sur un prêt bancaire,le banquier est plus vrai que nature et absolument pas caricatural.

Lorsque notre narrateur se plonge dans son histoire , on s’attend comme lui même, à une histoire tragique ou la vie familiale rejoindrait la grande Histoire. Mais non c’est à la fois plus simple et plus compliqué : d’ailleurs, on n’aura pas toutes les solutions , et, je crois que c’est très proche de ce qu’on peut trouver quand on veut connaître l’histoire de sa propre famille. Il s’agit du quotidien des Portugais qui ont fui la misère et le régime de Salazar. J ai beaucoup aimé la discussion entre deux travailleurs retraités , l’un voyait dans la France le pays qui l’avait sauvé de la misère et l’autre le pays qui avait exploité sa force de travail.

On ne connaîtra pas la nouvelle amie du père de Simon , je me suis même demandée si elle existait et je n’ai toujours pas compris pourquoi il fuyait à ce point les relations avec sa famille. Visiblement le dialogue n’est pas le fort de cette famille. Pourtant la conversation des deux frères et de la sœur dans la deux-chevaux est passionnante ! Le narrateur ne se donne absolument pas le beau rôle , il sort d’une relation amoureuse qui lui pèse , mais laisse à sa compagne la responsabilité de la rupture.

C’est au Portugal qu’il retrouvera finalement une douceur et une nouvelle envie de vivre. Ce qui pour moi fait le charme de cette BD c’est la narration de tous ces destins autour de l’émigration portugaise. Et pour une fois ce n’est pas tragique, c’est doux et amer comme cette BD foisonnante.

Citations

Le coup de téléphone à Noël de sa grand mère portugaise

 J’avais fini par redouter ces appels . Et même par avoir honte de cet accent qui rendait son français incompréhensible « L’amour et la Haine » Cela pourrait être la devise des familles de migrants.

 On en parle

Mango et Ys, et pardon à tous les blogs que je ne cite pas.

http://ecx.images-amazon.com/images/I/51OOM27FKxL._SL500_AA300_.jpg

5
Encore merci à Hélène et à son Tag, c’est grâce à elle que j’ai lu cette BD. Si comme moi vous n’avez pas un grand goût pour les BD , vous serez peut-être intéressée par celle-ci. Je suis tombée sous le charme du dessin. J’adorais quand j’étais enfant les illustrations de mes albums et j’ai retrouvé le même plaisir. Le dessin est précis mais ne limite pas l’imaginaire, j’ai apprécié que les personnages ne soient ni beaux ni laids mais ordinaires comme ceux que l’on rencontre dans la vie.

L’histoire est triste mais belle et je trouve l’album réussi car dans mon souvenir le dessin est intimement lié à l’histoire. J ai passé une soirée sur les routes du continent nord américain et c’était pour moi mieux que n’importe quel reportage télé.

Citation

 Je refuse de croire que l’amour et l’amitié ne soient pas éternels sans cela à quoi bon continuer à vivre.

On en parle

Lilatrouva 2

http://ecx.images-amazon.com/images/I/51mXd%2BEtXLL._SL500_AA300_.jpg

FAUVE D’OR – PRIX DU MEILLEUR ALBUM 2012

5
J’arrive après le concert de louanges que ce roman graphique a suscité. Toutes sont méritées, je trouve que rien ne saurait mieux rendre la situation à Jérusalem, c’est vraiment un casse-tête inimaginable. La sécurité règne, mais à quel prix ! Le lecteur est plongé dans le quotidien des habitants au rythme de l’auteur qui accompagne sa femme médecin pour un organisme international. Le personnage principal passe sont temps à chercher des lieux à dessiner et à trouver des squares agréables pour ses enfants, mais peu à peu il est plongé dans la tragédie de la guerre.

Détail important : il n’est pas croyant et regarde avec détachement et souvent ironie les rigorismes religieux. Cela lui donne un pouvoir d’étonnement qui rend son livre attachant et décalé par rapport à tous ceux qui « savent ». Son dessin est simple, un peu trop pour moi au début. Et puis je me suis habituée et j’ai été très sensible à l’émotion qui se dégage des moments pathétiques. Justement dans son dessin il n’y a pas de « pathos », et c’est parfois plus dur à supporter qu’une image très chargée.

La façon dont les colonies et les colons chassent aujourd’hui encore les palestiniens de leur maison est à peu près insupportable. La visite d’Hébron avec d’abord un guide sensible à la cause palestinienne puis un guide favorable aux colons, fait peur. Comment tout cela va-t-il se finir ? Chaque religion rajoute une intolérance et au nom de Dieu ou Jésus est prêt à tout même à provoquer la troisième guerre mondiale. Certains attendent de trouver une génisse entièrement rousse pour construire le 3° temple :

«  Avec en bonus le retour du messie ;
Bon il faudra au passage fort probablement détruire ou déplacer le dôme du rocher, ce qui aurait comme possible conséquence d’amorcer la 3° guerre mondiale. Mais qu’à cela ne tienne, c’est écrit dans la Bible alors il n’y a pas à hésiter !
C’est du moins ce que croient dur comme fer certains juifs impatients d’assister au jugement dernier »

Que la 3° guerre mondiale dépende de la couleur d’une génisse de trois ans, voilà qui peut prêter à sourire ou faire frémir c’est selon ! Si vous ne l’avez pas encore lu, précipitez vous, offrez le, empruntez le, bref à lire de toute urgence !

Citations

Description d’un mariage juif orthodoxe

Quelle curieuse soirée
Pas une fille
Un vrai festival de bandes dessinées.

Interrogation par rapport aux lieux saints (il y en a beaucoup..)

– Ça serait pas le tombeau du Christ ?
– Mais le Christ s il est ressuscité. Pourquoi il aurait un tombeau ?
– Euh…moi j’imaginais ça dans une grotte
– Ah oui c’est vrai…
– Peut-être que c’est vide

Après avoir vu des prêtres de différents obédiences chrétiennes en être venus aux mains

J’te jure quand on voit le spectacle qu’offre la religion dans le coin, ca donne pas trop envie d’être croyant. Merci mon Dieu de m avoir fait athée.

Une découverte : les Samaritains existent encore

Les Samaritains sont considérés par l’état d’Israël comme juifs (mais pas par les ultra-orthodoxes). Ils ont également des cartes d’identité Palestiniennes ainsi que des passeports Jordaniens. Ils sont en quelque sorte à la croisée des chemins.

Les joies de l’intolérance alimentaire

Bon ça sera un cornet à la fraise et un au chocolat SVP
– Ça sera pas possible
– Ah vous n’en avez plus
– Si j’en ai, mais il y a de la levure dans le cornet
– Et alors
– C’est pas permis de manger de la levure pendant Pessah
– Mais c’est pas encore Pessah ca commence ce Week-end seulement
– Oui mais bon par sécurité on commence avant on ne sait jamais
– Mais je suis pas juif
– Ha ha je sais…

On en parle

Sur la route de Jostein

Interview de l’auteur

http://ecx.images-amazon.com/images/I/51pwfV9DvBL._SL500_AA300_.jpg

4
Merci Krol, cette BD est vraiment exceptionnelle à mon tour de t’en recommander une autre « la vieille dame qui n’avait jamais joué au tennis  » et en plus elle est moins triste.Car là ! il faut avoir le moral pour la lire, cette BD, je comprends ta tristesse si un ou une de tes proches est touchée par la maladie d’Alzheimer, car je crois que tout ce qui est décrit est très juste et du coup très triste.

Elle fait réfléchir, mais je ne vois pas de solution à cette maladie qui nous touchera tous, nous ou nos proches. J’apprécie que le dessin serve à ce point le propos de l’auteur, il y a de bons romans sur ce sujet mais le dessin permet de mieux se rendre compte de l’imaginaire de chacun et la remontée des souvenirs. J’ai beaucoup aimé quand le père revit une scène traumatisante de son enfance quand il se sent abandonné par ses enfants.

Une BD se relit plus facilement qu’un roman et cela permet de voir des détails qui avaient échappé à la première lecture comme la montée de la tension de l’homme qui ne supporte plus les ronflements de son voisin. Les maisons de retraite ne sont pas caricaturées, elles apparaissent dans leur dure réalité un lieu qui épargnent à ceux qui sont encore dans la vie la vue de ceux qui n’y sont plus !

On en parle

KrolAmeniKeisha.

5
La BD, ce n’est pas toujours ma passion, le plaisir de lecture n’a rien à voir avec celui procuré par un bon texte. Mais j’ai apprécié les dessins, l’humour et la nostalgie qui se dégagent de ces 18 nouvelles, mises en images par des dessinateurs talentueux. J’aime bien , Le View-Master de Jordi Sempere, un homme confronté à l’Alzheimer de sa mère. Ma préférée , surtout pour le dessin , Les Brûlures de Simon Hureau. Pour cette nouvelle, la qualité du graphisme ajoute beaucoup à l’histoire de la rencontre dans une piscine d’un policier noir et d’une jolie fille qui cache un secret douloureux. Le sous-titre du livre « autres nouvelles qui font du bien » est tout à fait vrai : c’est une lecture qui fait du bien.

Citations

– Vous avez raison patron. je dois être le seul chauffeur qui de fasse conduire par son patron.
– Le coup de la voiture avec chauffeur, ça épate beaucoup les coréens.
– Et vous patron, qu’est ce qui vous épate ?
– Que vous soyez parvenu à vous faire engager comme chauffeur sans même posséder votre permis de conduire !

On en parle

Voici le site qui m’a donné envie de lire cette BD : link.

5
Le club de lecture auquel je participe, propose régulièrement des BD je les lis toujours mais en général je n’aime pas, celle-ci représente l’exception. Elle m’a beaucoup plu. J’apprécie à la fois l’histoire et le graphisme. Comme toujours pour les BD, j’ai dû passer du temps pour bien comprendre mais cette fois, j’ai enfin ressenti une osmose entre le dessin et l’histoire et j’ai pensé que la BD servait mieux ce récit que le romanesque. J’ai même proposé cette BD au coup de cœur du mois de février. Je trouve que certains visages sont très proches de nous, la ville du Mans est bien rendue et la multitude des personnages enrichit la trame de l’histoire sans la noyer sous les habituelles scènes érotiques ou d’horreur.

Seul petit bémol, la façon dont le dealer se tire d’affaire, mais on peut aussi penser justement que dans la vie il n’y a pas de Léonard pour sauver les gens qui se mettent dans de telles situations.