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 Traduit du Turc par Ferda Fidan.

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Attention Piège ! Voilà, j’ai trouvé une formule choc pour vous donner envie de vous lancer à l’assaut de ces 700 pages. Pourquoi piège ? Car, lorsque vous aurez commencé « Istanbul était un conte », vous ne pourrez plus vous arrêter. Comme moi, vous emporterez votre livre partout, espérant grappiller quelques moments de lecture dans votre vie de tous les jours et rejoindre cet écrivain dans sa lente déambulation à travers Istanbul et la famille Ventura.

C’est un livre magique. Mario Levi vous enferme hors du temps, hors de vos repères habituels. Il se construit devant vous en tant qu’écrivain témoin de la communauté juive d’Istanbul. Il a reçu en héritage tant d’histoires qui, à elles seules, auraient pu être la matière de centaines de romans qu’il donne l’impression à son lecteur que sa place d’écrivain était en quelque sorte prédestinée.

Que serait la société littéraire du début du 20° Siècle français sans Marcel Proust ? De la même façon, que serait la minorité juive stambouliote sans Mario Levi ? Et comme pour l’auteur français, auquel on le compare souvent, au delà du particularisme local, c’est bien de nous et de toute la condition humaine dont il s’agit. Tout en étant très ancré dans cette ville de traditions, le roman se fait l’écho des conflits du monde qui frappent les membres de la communauté.

Mario Levi se promène et nous promène, à travers trois générations de la même famille, pour la plupart habitant à Istanbul. Racontant avec précision leurs métiers, leurs histoires d’amour, leurs rites religieux, leur façon de parler, leurs recettes de cuisines, il redonne vie à tous ceux dont il se sent l’héritier. Pour finir, je lui laisse la parole, pour qu’il vous dise sa façon, le pourquoi de ce livre :

 «  Témoigner c’est se sentir responsable .Peut-être avais-je mis du temps à saisir mon rôle dans la pièce mais j’y étais parvenu. Je me multiplierais en observant tout, et en écoutant les propos échangés. C’était aussi un jeu d’écoute. »

Citations

 Mais il y a tant d’individus qui n’ont jamais connu de véritables réussites et qui ont besoin de l’insuccès des autres pour camoufler le leur

 

Respirer la même nuit, au même endroit, ne constituait donc pas un garde fou évitant de tomber dans des solitudes s’ignorant l’une l’autre….

 

Il avait trente-neuf ans lorsqu’il partit pour des campas de concentration ? Et, quand il revint, son âge n’avait plus aucune importance.

 

Nul n’aurait pu imaginer que l’Allemagne trahirait un jour si cruellement l’humanité, ni Liman von Sanders, ni personne.

On en parle

Un nouveau site BOOK’ING

 

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Traduit de l’américain par Jean Bloch Michel.

4
Merci au blog « critiques futiles » que j’ai découvert à propos de « La maison au citronnier ». J’y ai trouvé cette recommandation de lecture et j’ai été complètement prise par ce récit. Chaïm Potok possède un talent de romancier extraordinaire : « L’élu » commence par une partie de base-ball, je ne connais pas de sport qui m’ennuie plus que le base-ball, de plus je trouve que, souvent, les romanciers peinent dans les descriptions sportives. Je serais bien étonnée qu’un lecteur puisse s’arrêter avant la fin de la partie, en tout cas moi, j’ai lu les cinquante premières pages d’une traite.

C’est avec le même talent que Chaïm Potok nous fait renter dans le monde étrange des Hassidiques, et autres communautés juives new yorkaises. Tous les problèmes posés aux juifs lors de la découverte de la Shoa sont finement analysés. (Ça tombait bien pour moi de lire ce livre après « La maison au Citronnier »).

Le thème principal du roman, c’est l’affirmation de la personnalité d’un adolescent surdoué. Il était prédestiné à suivre les traces de son père et devenir rabbin, pourra t-il grâce à ses études et la liberté que lui donne la pratique de son sens critique échapper à ce destin qui l’étouffe ? C’est un combat douloureux pour Daniel qui sent peser sur ses épaules tout le poids d’une tradition millénaire faite d’études, de souffrances et d’amour.L’amitié des deux jeunes garçons et la confrontation de deux types d’éducation permettra à chacun d’entre eux, finalement de se réaliser.

Ce livre est aussi un chant d’amour filial, même quand un père ne s’exprime que par le silence, les fils se savent aimer et admirer par leur père ce qui leur donne une force peu commune pour affronter le monde. Les femmes sont complètement absentes de ce roman, c’est vraiment dommage et peu conforme à ce qu’on sait de l’importance de la mère dans la communauté juive.

Je ne sais pas si ce roman reflète encore la réalité des écoles juives, mais j’ai vraiment été étonnée de découvrir avec quelle joie, voir quelle ivresse, les adolescents se plongeaient dans l’étude de textes plus compliqués les uns que les autres, je ne retrouve pas les adolescents d’aujourd’hui que je connais. Autre époque et autres mœurs !

Citations

Quand quelqu’un peut apprendre quelque chose aux autres, il doit le faire en public. Si l’enseignement n’est pas public il est inutile.

 

C’est une pitié de voir qu’il ne s’occupe que du Talmud. S’il n’était pas un tzaddik, il pourrait être très utile à l’humanité.

 

Un homme doit donner un sens à sa vie. C’est un dur travail de donner un sens à sa vie. Une vie qui a eu un sens mérite le repos. Je veux mériter le repos qui me sera donné quand je ne serai plus ici.

 

Un homme naît dans ce monde avec seulement une petite étincelle de bien en lui. Cette étincelle, c’est Dieu, c’est l’âme ; le reste est laideur et mal, une carapace. L’étincelle doit être préservée comme un trésor, il faut la nourrir, il faut en faire une flamme. Il faut qu’elle apprenne à rechercher d’autres étincelles, elle doit devenir maîtresse de la carapace.

 On en parle

Critique futiles et le Blog de Mimi.

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Traduit de l’anglais (États-Unis) par Christophe Magny.

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3
Je ne serais pas allée naturellement vers ce livre et j’aurais eu tort, que « Babelio » en soit remercié, cela m’a permis découvrir un livre intéressant et de réfléchir à un problème qui empoisonne l’humanité depuis plus de 60 ans. Tous ceux qui s’intéressent à Israël et à la Palestine, devraient lire ce livre. S’ils ont déjà des réponses toutes faites, ou bien s’ils sont, par avance, convaincus par leur cause, ils n’apprendront rien, mais s’ils cherchent à comprendre, encore une fois, comme moi, ils verront que rien n’est simple dans ce conflit.

La maison au citronnier n’est pas un roman, ce livre est né d’un documentaire sur une maison à Ramla qu’une femme israélienne a ouverte aux enfants arabes de son pays afin d’en faire un lieu de paix. L’auteur suit le destin des deux familles, celle de Dalia juive bulgare échappée aux bourreaux nazis, et celle de Bachir chassée de chez elle à cause de la naissance de l’état d’Israël. Il s’attache à respecter scrupuleusement le point de vue des deux parties et plonge son lecteur dans l’horreur inextricable de deux communautés qui ne peuvent que s’exclure. Pourtant, entre Bachir et Dalia , un lien fragile existe et peut-être un tout petit espoir. Très faible en effet : Bachir et sa famille ne comprendront jamais pourquoi ils ont dû partir de chez eux, et Dalia sait que si on autorise les Palestiniens à revenir Israël n’existera plus.

Deux souffrances terribles et l’amour d’une même terre peuvent-ils permettre de vivre ensemble ? Je ne sais pas, l’auteur non plus mais au moins, pour une fois, juifs et palestiniens, sont réunis dans un même livre et rien que pour cela ce témoignage est remarquable.

Citations

(Début du livre)

La maison dépeinte dans cet ouvrage existe réellement, de même que le citronnier qui se trouve dans sa cour… la maison aux deux histoires.

 Les Israéliens qui venaient déposer ces gerbes honoraient ce qu’ils appelaient leur guerre d’indépendance ; Bachir appelait ce même événement la « nakba », la catastrophe.

 Pour moi, Sion est l’expression d’un désir très ancien, un mot qui symbolise un refuge pour mon peuple, et notre expression collective ici. Pour lui, c’est un régime de terreur qu’il a le devoir de combattre, auquel il doit résister par tous les moyens. Car pour lui, le sionisme est le règne de la terreur, et le terrorisme est donc une réponse adéquate !

Dalia haussait le ton : « Non, je ne peux pas combattre une erreur en en commettant une autre.Cela ne mène nulle part. »

On en parle

Critiques futiles

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4
Recevoir un livre d’une amie est une douce chose, on s’y plonge avec d’autant plus de plaisir qu’on sait y découvrir à la fois le talent d’un écrivain et le goût de cette amie pour un roman qu’on ne connaissait pas. L’immeuble Yacoubian est un véritable chef d’œuvre, je ne suis pas la seule à le penser puisqu’il est devenu un best-seller dans de très nombreux pays. Le lire aujourd’hui à la lumière des événements qui secouent les pays Arabes dont l’Egypte est particulièrement intéressant. Tous les problèmes de ce malheureux pays y sont évoqués, avec également en contre point la chaleur et la force de vie des Egyptiens et Égyptiennes.

L’immeuble Yacoubian, a été érigé au temps de la splendeur de l’Egypte, aujourd’hui rongée par la pauvreté, la corruption, les élections truquées, les combines pour survivre et se loger, l’islamisme, la violence de la police. Les personnages sont tous décrits avec une profonde humanité, l’émotion est partout et rend le récit chaleureux et tendre quand il s’agit des amours de Zaki Dessouki, émouvant et tragique quand nous vivons les interdits de l’amour homosexuel, et pratiquement insoutenable quand Taha raconte les séances de tortures auxquelles il a été soumis.

La double fin est superbe, la vengeance et la mort en martyre pour le jeune Taha qui n’a pu trouver que dans le fanatisme islamiste une consolation à tous les outrages qu’il a vécus. Le mariage amoureux pour Zaki Dessouki qui a aimé et été aimé des femmes sauf de sa sœur poussée par un esprit de lucre qu’il ne comprend pas et qu’il essaie de contourner sans utiliser la force.

Si vous le l’avez pas déjà lu, précipitez-vous sur ce livre, vous passerez des moments merveilleux et vous comprendrez mieux ce pays aux facettes aussi multiples que les habitants de « l’immeuble Yacoubian ».

Citations

Pourtant Zaki bey a fait l’amour avec des femmes de toutes les classes sociales : des danseuses orientales, des étrangères, des femmes de la bonne société, des épouses d’hommes éminents, des étudiantes et des lycéennes mais également des femmes dévoyées, des paysannes, des domestiques. Chacune avait sa saveur particulière et, souvent, il compare en riant l’alcôve soumise de la nabila Kamila et cette mendiante qu’il avait ramassé dans sa Buick, une nuit qu’il était ivre, et qu’il avait amenée dans son appartement, passage Bahlar. Quand il était rentré avec elle dans la salle de bains pour la laver lui-même, il avait découvert qu’elle était si pauvre qu’elle s’était fabriqué des sous-vêtements avec des sacs de ciment vides. Il se rappelle encore avec un mélange de tendresse et de chagrin la gêne de la femme lorsqu’il enleva ses vêtements sur lesquels était écrit en gros caractère « ciment Portland ». Il se souvient que c’était une des plus belles femmes qu’il ait connue et une des plus ardentes en amour.

 

Elles se disputent souvent et échangent alors les pires insultes et des accusations injurieuses puis, soudain, elles se réconcilient et retrouvent des relations tout à fait cordiales, comme s’il ne s’était rien passé. Elles se couvrent alors de baisers chaleureux et retentissants, elles pleurent même, tant elles sont émues et tant elles s’aiment. Quant aux hommes, ils n’attachent pas beaucoup d’importance aux querelles féminines, qu’ils considèrent comme une preuve supplémentaire de cette insuffisance de leur cervelle dont leur avait parlé le Prophète, prière et salut de Dieu sur lui.

 

S’il y avait de la justice dans le pays, il faudrait que quelqu’un comme toi étudie au frais du gouvernement. L’éducation et la santé sont des droits naturels pour n’importe quel citoyen au monde, mai en Egypte le pouvoir fait exprès de laisser les pauvres pour pouvoir les voler

On en parle

Un nouveau blog à découvrir : Les lectures de Sophie.

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5
J’ai lu et je lirai tous les livres de cette auteure, depuis « la Place ». Ils sont tous dans ma bibliothèque, je les relis et surtout j’y pense souvent. Je n’ai jamais trouvé quelqu’un qui sache aussi bien expliquer le changement de condition sociale qui accompagne la réussite scolaire. Le jour où la petite fille n’a plus lu les revues style « nous deux » que lisaient les femmes appartenant au même milieu que sa mère, le fossé n’a cessé de se creuser.

Elle revient dans ce très court texte sur cette sœur morte avant sa naissance et dont ses parents ne lui ont jamais parlé. Comme toujours avec Annie Ernaux, il n’y a pas un mot de trop , cela souligne la justesse de ses sentiments. Je crois que je n’ai jamais aussi bien compris l’intérêt de son style qui m’avait tant séduit quand j’ai découvert cette auteure. Si elle est brève et parfois même un peu sèche, c’est qu’elle est vient de ce milieu là, de gens qui n’avaient pas le don de la parole.

Il me semble qu’elle ne peut ni ne veut les trahir. Elle écrit donc une lettre à cette sœur qu’elle a, dit-elle, remplacée auprès de ses parents. Avec trois ou quatre photos, le silence parfois douloureux de son père et une phrase au combien maladroite de sa mère( l’autre était la gentille, la morte !), elle fait vivre le poids du deuil dans cette famille.

L’évocation des années 50 dans la province cauchoise à travers les maladies enfantines et le sentiment religieux est réussie, en tout cas pour moi. Vite lu, ce livre ne sera pas pour autant, vite oublié.

Citations

 

Comme me le confirmera aussi un jour la directrice du pensionnat en me traversant de ses yeux étincelants « on peut avoir vingt partout en classe et ne pas être agréable à Dieu ».

 

Je n’écris pas parce que tu es morte. Tu es morte pour que j’écrive, ça fait une sacré différence.

 

Aujourd’hui seulement je me pose la question pourtant si simple, qui ne m’est jamais venue : pourquoi ne les ai-je jamais interrogés sur toi, à aucun moment, pas même adulte et mère à mon tour ? Pourquoi ne pas leur avoir dit que je savais.

 

Tu n’as d’existence qu’au travers de ton empreinte sur la mienne. T’écrire, ce n’est rien d’autre que faire le tour de ton absence. D écrire l’héritage d’absence. Tu es une forme vide impossible à remplir d’écriture.

 

Je suis venue au monde parce que tu es morte et je t’ai remplacée.

On en parle

Moi Clara et les mots.

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4
Merci, un grand merci, à Evelyne, notre bibliothécaire, elle sait choisir des livres qui font du bien. Celui-là vous fera rire quelles que soient vos convictions sur le réchauffement climatique ( : le RC). Et vous amènera, aussi, à réfléchir. À force de recevoir des idées, plus ou moins vraies, vantant la bonne cause écolo, on oublie de réfléchir par soi-même : voilà le thème de ce livre.

Iegor Gran, a un talent fou, pour croquer les travers des bien-pensants moutonniers. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il n’est pas là pour créer un parti de militants anti-écolo, il veut réfléchir et s’amuser du consensus de la peur qui réunit Yann Arthus-Bertrand, François-Henri Pinault, Luc Besson et ses voisins qui trient avec ardeur leurs poubelles !

Surtout ne ratez pas ses notes en bas de page, d’ailleurs vous ne pourrez pas, elles sont parfois plus longues que le texte, elles sont toujours passionnantes et souvent très drôles. J’ai bien ri quand son dentiste lui assène des arguments alors qu’il a la bouche grande ouverte et qu’il ne peut, évidemment, pas répondre. Qui n’a pas déjà vécu une telle situation ?

Comme lui, j’ai bien du mal à croire au sérieux de la candidature de Nicolas Hulot à la présidence de la République (excusez le du peu ! !), et j’aimerais avoir son talent pour en rire. (En réalité je trouve ça plutôt triste). Ce petit livre décrit aussi l’évolution de ses rapports avec son meilleur ami, Vincent, convaincu du RC (réchauffement climatique), et, le dîner où l’ on évite tous les sujets qui fâchent est très bien raconté et tellement vrai !

Je crois que ce livre fait un bien fou, comme toutes les réflexions qui vont à contre courant elles nous apportent un vent frais qui nous permet de mieux respirer, et quand en plus l’auteur nous fait rire, alors on se sent soudain heureux : content de faire partie de cette humanité là, celle qui ose rire de tout et se questionner sur nos comportements mêmes ceux qui nous semblent les plus ordinaires .

Citations

 Un marchand de soupe a mis son pied dans mon pas-de-porte. On veut m’imposer quelque chose. Une inquiétude, comme un réflexe, moi qui suis né dans un pays de l’Est. On aimerait bien penser à ma place.

(En note)

Rappelons que dans une vie antérieure, Yann Arthus-Bertrand a été pendant dix ans photographe-reporter du Paris-Dakar ? Étonnante conversion. Les voies du gazole sont impénétrables.

 

Son papier-toilette ressemble à un journal de l’Est, il est gris et n’absorbe pas ? (Mesdames, évitez les toilettes de Vincent !) Il aime à penser que, quand il se torche le derrière, aucun arbre n’est lésé dans l’affaire.

 

Un peu d’humilité la science ! Cou couche panier ! Peut-être faudrait-il déjà qu’elle se mette d’accord sur l’existence ou non du point G, avant de s’attaquer à ces choses autrement plus obscures.

 

 La cinquantaine… c’est l’âge où les grenouilles de bénitier se noient définitivement, où les komsomols tournent apparatchik, où les femmes se mettent à manger des graines- l e premier stade de la vieuconisation.

 

Et une petite dernière pour la route et quelqu’un que je connais…

Le mari est toujours fautif, vingt-quatre heures sur vingt quatre, il est coupable au sens métaphysique, il porte sur ses épaules un péché originel. C’est aussi ce qui fait l’intérêt d’avoir un mari, ce pourquoi la femme le tolère, dans sa grande clairvoyance. 

Il m’arrive de ruminer ce genre de pensées non dénuées de tendre misogynie.

 

 

On en parle

Le Pandémium littéraire.

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3
Lors de notre dernière réunion du club de lecture, j’ai senti un enthousiasme très fort pour cet auteur, et j’ai donc lu le roman auquel les lectrices avaient accordé un grand coup de cœur la dernière fois. Je comprends bien le plaisir de lire un roman facile à lire qui surfe sur les sombres réalités de la guerre 14/18 et la vie intellectuelle de cette époque, mais je reste plus réservée sur les qualités de ce roman.

Il est vrai que « Retour parmi les hommes » ne manquent pas d’attraits : Philippe Besson décrit très bien la beauté du sentiment amoureux, et la finesse des rapports entre homosexuels. C’est très finement et précisément évoqué, on se laisse porter et on ressent bien ses joies et ses tristesses et comme la Mort est présente à toutes les pages, le tragique nous touche.

Pour tout le reste du roman, c’est comme une succession d’images rapides sur l’ensemble d’une société et du monde, un condensé du « Voyage au bout de la nuit » sans le talent de Céline. On suit un périple en Afrique en Amérique et on revient en France. Tout est rapidement évoqué, le colonialisme au Liban, l’arrivée des émigrants à Ellis Island, la réussite américaine, l’étroitesse d’esprit des gens d’une famille « coinçoss » du XVI° arrondissement, la condamnation de l’homosexualité, Radiguet, Cocteau…

Le talent de cet auteur, c’est de tout évoquer sans s’appesantir sur rien, et donc faire appel à nos souvenirs littéraires pour combler ce qu’il ne nous raconte pas. Ça marche assez bien, il est vrai que les romans fleuves des grands familles Bourgeoises, des Boussardel au Thibault (je les ais à peu près tous supprimés de ma bibliothèque : c’est illisible aujourd’hui) racontent bien les étroitesses d’esprit de cette époque, Philippe Besson n’y consacre que quelques lignes. Les avoir lus me permet de comprendre immédiatement ce genre de formules « Ma mère, confite dans le souvenir, n’a touché à rien », immédiatement je plante le décor de cet appartement aux tentures trop lourdes, aux meubles signés renfermant des secrets de famille qui ont tant fait souffrir les enfants.

J’espère ne choquer personne (en particulier pas mes amies qui ont parlé de chef d’œuvre à propos de ce livre) en disant qu’on retrouve dans ce roman la marque du zapping de notre époque, un style allusif et complice mais où souvent le cliché sert de réflexion. Tout est en séduction mais, il manque un réel travail à la fois sur le fond et très certainement sur le style. Je rejoins le commentaire que j’ai mis en lien.

Moi aussi j’oublierai ce livre assez vite avec lequel j’ai passé un bon moment.

 Citations

Je veux bien admettre que la mer peut rendre fou. Que cette étendue dont tout à coup on n’envisage plus la fin peut faire perdre la raison ? Cette immensité a quelque chose d’effrayant car, paradoxalement, elle procure la sensation d’enfermement.

 

(Ma mère) Elle dit : « quand je serai morte, ceci te reviendra. ». Je regarde autour et je ne vois qu’un tombeau, une poussière délicate sur les meubles, une nostalgie qui pue et je rêve de tout raser. Elle ajoute : «  J’ai tout gardé pour toi. J’ai tenu notre rang. » Et cet entêtement à conserver des privilèges, à ne rien partager pour ne pas être entamé, à entretenir l’illusion de la grandeur me paraît abjecte.

 

Renouer avec mes obligations d e fils, mon oisiveté d’héritier, ma dégoûtante aisance de riche. Entamer des conversations avec ma mère à propos du temps qu’il fait, de la médiocrité des domestiques, des rumeurs du faubourg.

 On en parle

From The Avenue.

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3
J’ai acheté et lu ce roman policier à la suite de l’article de la lettrine, blog que je lis régulièrement. Quand les blogueuses (désolée, Messieurs, mais je ne connais pas de blogueurs écrivant à propos de livres !) disent ne pas trop s’intéresser aux romans policiers, mais trouver celui dont elles vont parler intéressant, ça m’accroche toujours. Comme, de plus, Anne-Sophie, disait avoir bien ri, je n’ai pas résisté au plaisir d’acheter puis de lire le roman de Jean-Pierre Jonquet.

C’est vrai que c’est drôle, d’un humour noir, féroce et décapant. Les rebondissements du vol des diamants par la bande de bras cassés ne manquant ni d’idées ni de courage à l’ouvrage mais tombant sur des imprévus tous plus cocasses les uns que les autres, sont vraiment bien trouvés. La fin est inattendue et somme toute «  morale ».

Mais voilà, si j’ai bien ri parfois, j’ai été gênée de la caricature des maisons de retraite. Je connais trop de gens qui y ont vécu sinon des moments de bonheur, au moins des moments où on a su alléger leurs souffrances. J’ai tort, sans doute, car dans ce petit roman, il ne s’agit ni d’un reportage ni d’une charge contre ce genre d’établissements, ce sont seulement tous les travers et les défauts de notre société qui refuse la vieillesse , la déchéance physique et la mort qui sont ici mis en lumière. Je pense qu’il faut être plus jeune que moi pour rire sans arrière pensée à la lecture de ce livre, être encore bien loin d’ accompagner des parents dans ce genre de maisons où y penser pour soi.

J’ai beaucoup ri, quand même, mais avec une sorte de gêne, je vais le prêter pour connaître les réactions des uns et des autres. La soirée animation, le bal costumé (d’où le titre) est irrésistible, mais terrible d’irrespect, on sent la colère de l’auteur qui a lui-même travaillé dans ce milieu  !

Citations

N’allez pas croire ça, il ne s’agit pas de coller les vieux dans un lit et d’attendre qu’ils claquent ! Ah non, non, non ! Avant, il faut qu’on les opère, qu’on les irradie, qu’on essaie sur eux les nouveaux médicaments, et surtout qu’on les rééduque ! Manquerait plus qu’à 90 ans ils marchent de travers ! Marcher droit, bouffer droit, crever droit, et qu’ça saute, une deux !

 

Bantrek, c’est le médecin. Il n’a pas réussi à faire autre chose que gériatrie. En langage médical, pour ne pas dire « les vieux » ils disent gériatrie.

Les blouses blanches en goguette, les stéthoscopes baladeurs, les seringues en folie, le satin des costumes, les paillettes du maquillage, tout cela ne parvenait pas à chasser l’odeur de poubelle à douleur, de fosse à agonie.

 

L’odeur de sang et de cadavre, l’odeur d’angoisse et de mépris. La Mort et la Merde

On en parle

La lettrine (évidemment).

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Traduit du Suédois parAnna Gibson.

4
Petite baisse dans l’écriture du blog. Il faut dire que c’est la pleine saison de la confiture d’orange amère, ça occupe bien ! Et puis, une tornade bricoleuse et néanmoins sympathique, est venue installer une bibliothèque dans le coin salon. Alors là… Je sais que vous allez être nombreuses à me comprendre, comment ranger des livres sans en relire quelques pages, donc il faut beaucoup, beaucoup de temps. J’avais décidé de faire un tri, j’ai effectivement jeté un ouvrage des années 60 sur la « Zen-attitude » de toute façon, je n’ai jamais réussi à respirer par le ventre avant d’aller à la poste, avant d’ouvrir mon relevé de comptes, avant d’aller à la mairie –où tout autre démarche administrative- expliquer pour la dixième fois mon changement de nom,

– Ah oui, vous êtes divorcée, c’est pour ça ! (ton compatissant et voix assez forte pour que tout le bureau entende)
– Oui c’est pour ça ! (ma voix, énervée un max ! sous entendant : avec le nombre de divorces en France, cela a dû vous arriver plus d’une fois non ?)

 

Bref, « la zen attitude » ne m’ayant jamais été d’aucun secours dans la vie, j’ai jeté ce livre mais c’est bien le seul ! J’arrête les rangements pour vous parler d’un roman que j’ai beaucoup aimé, Les Chaussures italiennes d’Henning MANKELL. Une courte anecdote à propos de ce livre. Je l’avais apporté pour le lire dans mon TGV préféré : Paris/Saint-Malo. Il était sur ma tablette et il a fourni l’occasion d’un échange chaleureux entre trois passionnées de lecture. Les deux autres lectrices étaient des « fan » de Henning Mankel et de ses romans policiers. Elles avaient toutes les deux entendu parler de ce roman et brûlaient d’envie de le lire, j’ai beaucoup aimé notre conversation sur le plaisir des livres.

 

Cette histoire m’a intéressée tout de suite, un homme disparaît de la vie de sa compagne sans donner aucune explication. Je trouve cette fuite est d’une violence incroyable pour la personne abandonnée, c’est un beau sujet de roman je me demandais ce que l’auteur allait en faire.(genre « Je descends chercher des cigarettes » et il ne revient jamais ! !).

La force du roman, vient de ce qu’il n’y a aucun personnage entièrement positif, et surtout pas le personnage principal. L’atmosphère des pays du nord est très bien rendue, on suit les difficultés de Fredrick Welin pour retrouver un peu de confiance dans la vie et dans les autres. Lui qui a passé sa vie à fuir ses responsabilités, il doit faire face à son destin et essaie tant bien que mal de se racheter.

 

Ce livre est prenant tant pour l’atmosphère et les descriptions des paysages du grand nord, que par l’analyse la difficulté des êtres humains à vivre en harmonie, J’ai été très émue et complètement prise par ce récit. Je ne sais pas si je lirai les romans policiers du même auteur mais j’imagine facilement qu’ils doivent être très bien.

 

Citations

Je me sens toujours plus seul quand il fait froid.

 

Il est aussi facile de perde à l’intérieur de soi que sur les chemins des bois ou dans les rues des villes

 

Il n’y a pas de gens normaux. C’est une fausse image du monde, une idée que les politiques veulent nous faire avaler. L’idée que nous ferions partie d’une masse infinie de gens ordinaires, qui n’ont ni la possibilité ni la volonté d’affirmer leur différence. Le citoyen lambda, l’homme de la rue, tout ça – c’est du flan. Ça n’existe pas.

 

Là tout à coup, sur la jetée, j’ai fondu en larmes. Chacune de mes portes intérieures battait au vent, et ce vent, me semblait-il, ne cessait de gagner en puissance.

 

La mort ne me fait pas peur. Ce que je n’aime pas, c’est l’idée que je vais devoir rester morte si longtemps.

 

 

On en parle

livrogne(parce que j’ai bien aimé le nom de son blog) et toujours à sauts et à gambades.

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Je ne me suis accrochée à ce livre que parce qu’une amie du club, Virginie, m’en avait dit le plus grand bien. Je n’ai pas un grand goût pour la science fiction et au début tout m’a semblé confus dans cette histoire. Je supplie tous les lecteurs aussi impatients que moi de s’accrocher un peu, ils ne seront pas déçus. D’ailleurs ce livre a reçu un coup de cœur au club de la bibliothèque de Dinard hier soir. Mon texte sera donc le résumé de ce qui s’est dit à notre réunion.

Première remarque, nous avons toutes salué le talent de cet écrivain qui a su changer complètement d’atmosphère après son succès avec « la pièce montée ». Comme nous sommes des lectrices assidues, nous reprochons aux auteurs à succès d’écrire toujours un peu le même roman. Blandine Le Callet a quitté l’analyse sarcastique des phénomènes de société pour entrer dans la fiction et par la même nous faire comprendre les disfonctionnements d’un monde trop policé et trop protégé.

Nous avons souligné l’originalité de la construction du roman, la société qui est décrite ne nous est pas expliquée, petit nous comprenons que ce n’est pas tout à fait la réalité, même si cela s’en approche. On doit faire l’effort de ne comprendre que peu à peu le monde qui nous est dévoilé. Personnellement, ce qui m’a le plus touché c’est le combat de Lila pour vivre en rusant tout le temps avec ceux qui veulent « son bien ». Lila a survécu à des violences physiques et morales, elle ne peut plus avoir confiance dans les adultes. Son seul but c’est de retrouver sa mère, celle qui l’a fait souffrir, mais, elle en est certaine l’a aussi aimée. Je trouve que sa lutte de tous les instants est très proche de tous les enfants ou adolescents qui sont murés dans une souffrance psychologique mortifère.

La fin du roman a déçu une lectrice, et en l’écoutant je me suis rendu compte que je n’y avais pas attaché beaucoup d’importance, mais qu’il est vrai qu’on ne sait pas très bien comment se termine cette histoire. En relisant la fin tranquillement chez moi, j’ai compris que je n’avais pas accepté la fin , mais qu’hélas il y en a bien une !

Il me reste à parler de l’aspect « science fiction », des êtres hybrides ni homme ni robot, de la surveillance par vidéo de tous les faits et gestes de chacun, de la zone seul endroit où cet ordre n’existe pas. Tout cela donne une atmosphère particulière, on reconnaît notre société qui attire les jeunes des mondes pauvres et en guerre, mais les exclut aussi impitoyablement pour mieux se protéger et vivre en vase clos. C’est bien notre monde, un tout petit plus exagéré, ce petit rien qui nous permet de réfléchir à ce que nous voulons comme société pour demain.

Citations

Quand je suis arrivée dans le Centre, je n’étais ni bien grande, ni bien grosse, ni en très bon état. Ils ont tout de suite cherché à me faire manger. Me faire manger, c’était leur obsession, mais c’était trop infect. Chaque fois qu’ils essayaient, je détournais la tête en serrant les mâchoires.

 

Mais surtout, je pensais que mes mots possédaient un pouvoir : celui de vous protéger. Tant que quelqu’un vous parle, quelque part, vous écrit, vous ne pouvez pas mourir. Vous êtes encore au monde.

On en parle

Je connais ce blog depuis peu de temps, je le trouve très agréable à lire, pourtant il ne partage pas mon opinion sur ce livre Livrogne.