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Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque.

3
Un livre triste à en mourir. L’histoire est implacable, deux êtres qui se détruisent et qui en mourront. Le personnage principal, Alcide Chapireau , est un ostréiculteur amoureux de la nature et des choses simples. Il a deux fils Zac et Marcel, d’une première femme trop tôt disparue. La rencontre avec Laura femme fantasque et déséquilibrée, leur sera fatale à tous les deux. Éric Fottorino décrit très bien l’ambiance mortifère d’un couple qui se détruit, lorsque l’un des membres est pervers.

Elle est malade, Laura, et joue de sa perversion avec un art implacable et ne fait qu’une bouchée des enfants de son compagnon puis d’Alcide lui même. Comme toutes les personnes perverses, il lui faut un bouc émissaire et elle commence par aimer puis à détruire consciencieusement ce qu’elle a aimé.

Un roman très triste et bien raconté, mais je suis contente de l’avoir fini car il plombe le moral. On aurait tant aimé qu’Alcide sache se séparer autrement de cette femme destructrice.

Citations

Genre de phrases tristes et vraies, parfois, que l’on trouve dans tout ce roman

Un fils trouve toujours de bonnes raisons pour ne plus parler à son père.

Amitié masculine

Si les deux hommes étaient aussi liés, c’était d’abord par leur peu d’entrain à parler. Il leur arrivait de marcher des heures sans échanger un mot, concentrés sur les allures des chiens. Leur amitié supportait le silence.

Laura

Elle était restée sans réaction, jetant à la poubelle les affaires de Zac et de Marcel, mue par une rage froide avec l’inébranlable assurance d’avoir raison. D’avoir toujours raison. Elle ne le voyait pas. Elle ne l’entendait pas. à aucun moment, il n’avait pu saisir son regard qui glissait sans cesse. Elle faisait exprès . Elle savait s’y prendre. Jouer la comédie de l’indifférence, le laisser s’emporter tout seul pour mieux le lui reprocher ensuite. Son numéro était au point, une merveille de maîtrise. Du grand art. Un sourire esquissé sur ses lèvres, elle chantonnait, faussement affairée , occupée à le détester.

On en parle

Liratouva2 Mango

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 3
J’avais choisi ce livre pour me tenir compagnie lors de mes trajets Saint-Malo/Paris, j’adore arriver en avance dans les gares parisiennes avec un bon livre (et même sans), le spectacle de l’humanité qui voyage me met de bonne humeur. J’ai connu Jacques Poulin grâce à Lecturissime, à propos d’un autre Roman. Dans les commentaires, les lectrices faisaient allusion à « Volkswagen Blues » comme un de leurs livres préférés de cet auteur. Comme il s’agit d’un Road Movie, cela me semblait particulièrement adapté à un voyage.

Un écrivain part à la recherche de son frère accompagné par une jeune femme métisse (mi indienne mi blanche), en « combi » Volkswagen bleu , d’où le titre. Ensemble, ils traverseront l’Amérique , roulant en grande partie sur la piste de l’Oregon, célèbre pour avoir été suivie par les pionniers qui peuplèrent l’ouest américain.

Qui est Théo, ce frère disparu grand amateur de légendes du Far West que « la grande sauterelle » détruira les unes après les autres ? Nos rares contacts avec ce personnage ne permettent pas de très bien le cerner. Il est à l’image des êtres qui croisent notre vie, ni le frère idéal que l’écrivain croyait bien connaître, ni le délinquant qu’il craint de retrouver.

Comme toujours dans le genre « Road-movie, le plus important c’est tout ce qui se passe lors d’un long voyage, les deux personnages vont s’enrichir l’un l’autre et devenir des « chum » c’est à dire des « copains » en québécois. Tout le long de la route, nous suivons également les histoires de ceux qui, il y a quelques siècle, se sont illustrés sur les terres américaines. À commencer par toutes les tribus indiennes qui furent décimées ou massacrées pour laisser la place à la nation américaine.Cette histoire de violence finira par accabler notre écrivain et il faudra toute la patience de « la grande sauterelle » pour qu’il retrouve le goût de vivre et qu’il termine son voyage.C’est l’occasion également pour l’écrivain de réfléchir sur ce que représente l’écriture. Il s’en veut de produire une œuvre dont il n’est pas satisfait et de la façon dont il se coupe du monde quand il écrit au point de ne pas avoir compris l’appel au secours de son frère.

La jeune fille devra, quant-à elle, trouver le chemin pour réunir les deux identités qui sont en elle. Ensemble, ils devront faire face à la violence du passé historique et retrouver dans la douceur de la nature et des liens entre humains des raisons d’espérer.

Une petite remarque, si l’on est absolument pas gêné par le français québécois (j’ai quand même recherché ce qu’était un « maringouin », et j’avoue que je pensais à une grosse bête genre élan, mais non ce sont des moustiques qui peuvent s’avérer aussi gênants que des grosses bêtes !) il n’en est pas de même pour moi avec l’anglais. Toutes les petites phrases en anglais ne sont pas traduites, c’est un peu bizarre, j’arrive à comprendre mais c’est quand même compliqué.

Au final un bon moment de lecture avec un auteur modeste et très agréable à lire. Son roman a bien agrémenté mon voyage. D’ailleurs deux fois les contrôleurs de la SNCF m’ont souhaité bon voyage et bonne lecture. Sans doute parce que je semblais davantage sur la piste de l’Oregon que dans le TGV Paris /Saint-Malo !

 

Citations

Un passage qui m’a fait sourire

– Qu’est ce que vous faites dans la vie quand vous ne cherchez pas votre frère ? Demanda la Grande Sauterelle
– Je suis écrivain, dit l’homme . Et vous ?
– Mécanicienne. Dit-elle. J’ai étudié la mécanique automobile.
– Vous avez un diplôme ?
– Non et vous ?
– Moi non plus, dit il en souriant

La nature, le Mississippi

Ils comprirent tous les deux et sans avoir besoin de se dire un mot que c’était le Mississippi, le Père des Eaux, le fleuve qui séparait l’Amérique en deux et qui reliait le Nord au Sud, le grand fleuve de Louis Jolliet et du père Marquette, le fleuve sacré des Indiens, le fleuve des esclaves noirs et du coton, le fleuve de Mark Twain et de Faulkner, du jazz et des bayous, le fleuve mythique et légendaire dont on disait qu’il se confondait avec l’âme de l’Amérique.

Je ne pense pas que la disparition des librairies aident beaucoup les amoureux des livres

Dans les librairies elle volait les livres sans aucun scrupule, car elle trouvait que la plupart des libraires aimaient davantage l’argent que les livres.

On en parle

Livre de Malice

U9782330051228Traduit du chinois par Angel PINO et Shao BAOQING.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

4Très joli roman qui permet un voyage dans la Chine d’aujourd’hui et d’autrefois et dans l’âme d’une femme d’une belle et riche personnalité. Mingli, 40 ans, n’a plus de nouvelles de sa fille Rongrong, et elle sait, elle le ressent au plus profond d’elle même que ce n’est pas normal. C’est une femme consciencieuse chercheuse dans un laboratoire médical, appréciée de tous. Elle n’a pas l’habitude d’imposer sa volonté, mais pourtant rien ne la fera reculer, elle doit savoir ce qui est arrivé à Ronrong. Elle le doit au nom de ses engagements du passé : son amitié avec la mère de Rongrong qui a sombré dans la démence.

Elle va donc être confrontée à la Chine « communo-capitaliste », et refait un parcours sur ce qui a été sa vie. « Les Sentinelles des blés », c’est un hybride de blé , découvert par son père un grand savant dont la mort est tout un symbole : il était parti chercher des livres importants pour lui, à son retour il est tombé dans les égouts dont un voleur avait, entre temps, volé la plaque qui les obturait.. Les souvenirs des Sentinelles des blés reviennent dans le roman, comme des moments de pureté dans un pays où la corruption atteint à peu près toutes les couches de la société. Même son mari qui l’aime bien, et qui ne pensait pas qu’elle puisse avoir une volonté autre que la sienne touche des petits pots de vin en utilisant les qualités de chercheuse de sa femme.

Un beau voyage , d’une rare émotion.

Citations

Une femme qui ne sait pas s’imposer

Or Yu Shijie refuse de m’entendre. Il voudrait que je sois une femme ouverte. Certes, mais ne le suis – je pas déjà ? Petit à petit, entre nous deux, un pli a été pris, qui fait que, depuis des années, chaque fois que je m’exprime ou que j’agis selon mes sentiments, il s’empare du problème et le dissèque en deux temps trois mouvements, comme un boucher qui manipule une carcasse de porc. L’animal est suspendu à un croc, et la moindre partie de son corps s’offre à la vue:la viande, les os, les tripes, tout est clair et net. Mais moi , je ne ressens plus rien, j’en oublie même ce que j’avais voulu dire au départ.

4Un livre très intéressant sur un sujet contemporain : La douleur d’une famille estonienne. L’Estonie a été traversée par l’occupation soviétique, nazie puis à nouveau soviétique. On peut facilement imaginer les différentes strates de souffrances que de telles tragédies peuvent laisser dans une famille.

Le roman nous permet de comprendre le drame de ce pays tout en suivant le destin d’une jeune femme qui cherche à se libérer du poids du passé familial. Ce roman est à deux voix , celle de la jeune femme vivant en France confrontée à la mort d’une grand mère toute puissante et détentrice de la cohésion familiale. Et celle d’une femme du goulag condamnée à 20 ans dans un camps de Sibérie qui demande sans cesse des nouvelles de son petit garçon laissée à la garde de cette grand-mère.

Tout de suite on soupçonne , cet enfant d’être le père de la jeune fille , mais est ce la vérité ? Où est-elle d’ailleurs la vérité et à qui fait-elle du bien ? Le roman ne donne pas la clé , on aimerait que cette jeune femme se lance dans la vie, mais le passé estonien lui colle à la peau et envahit ses rêves en les transformant en cauchemars. C’est un beau et triste roman, écrit d’un façon très lyrique , j ai beaucoup aimé la langue de cette jeune écrivaine . Je lui trouve une forme d’exotisme très agréable à lire.

 Citations

J’ai aimé, pour des raisons toutes personnelles, ce passage

Une maison en désordre est une maison qui vit. Peu après avoir signé le registre des mariages, Kersti découvrit que prendre un époux équivalait à s’enterrer vivante. L’ordre de papa la rendait folle. Elle ouvrait le placard, jetait les gilets et les robes au sol en faisant cliqueter l’aluminium des cintres ; saisissait à pleine main des tas de partitions qu’elle laissait tomber en pluie et mélangeait ensuite du pied pour qu’elles soient de nouveau dans un désordre parfait.

Et ce passage me fait penser à quelqu’un

En rentrant de l’école, je déplaçais toutes nos affaires, dépliais et repliais les vêtements en commençant par ceux de maman que j étalais d’abord soigneusement sur le lit, avant de les redisposer en une pile dont l’ordre variait selon les jours , le lundi le rouge en bas, le noir en haut, le jeudi le noir en bas, le bleu en haut. …. Je découvris que le rangement n’a pas pour but d’organiser l’espace, ni de lutter contre le trop-plein d’objets, mais de mettre de l’ordre dans le vide, de tendre des filets au dessus du précipice abyssal de la vie.

Explication du titre

Comme si, dans les comptes du Tout-Puissant , dans l’arithmétique des Dieux, le nombre des morts et des vivants avait été fixé d’avance et que la sauvegarde d’un être humain y avait pour corollaire le sacrifice d’un autre.

Les souffrances des hommes face aux régimes politiques

Après la guerre, en URSS, on nous a appris que le passé n’avait pas existé, que le présent non plus n’existait pas, du moins pas comme nous le croyions, et que nous mêmes n’avions pas le droit d’exister. Certains ont bien retenu la leçon, d’autres ont fait semblant, et quelques uns s’en fichaient éperdument. Je crois qu’Ilmar a si bien retenu la leçon qu’il n’osait plus savoir ce qu’il ressentait, ce qu’il était, ni ce qu’il avait fait, il savait seulement ce qu’il devait ressentir, c’est-a-dire, la culpabilité. C’était le propre de l’époque : ceux qui avaient souffert avaient honte d’être des victimes, et ceux qui n’avaient pas souffert avaient honte , par ce fait même, d’appartenir au clan des bourreaux. Seuls ceux qui commettaient les véritables crimes n’éprouvaient pas de culpabilité car, à la place de la conscience, ils avaient le pouvoir et ils dictaient ce qu’on devait penser. Notre époque elle-même était coupable, mais c’étaient les hommes qui vivaient dedans qui portaient le poids de la culpabilité.

On en parle

Lolalit

 Traduit de l’italien par Danièle Valin

4
Est-ce-que tout a été écrit sur l’extermination des juifs par les nazis ? Non évidemment et ne le sera sans doute jamais. Je remarque qu’annoncer qu’un roman traite de ce sujet attire souvent la remarque : « encore ! ». Oui, encore et encore une fois, j’ai été émue et touchée. Pas seulement parce que l’écrivain a trouvé un angle original pour nous transmettre ces horreurs du passé, mais parce qu’il m’a bouleversée à l évocation d’Auschwitz et de la liquidation du ghetto de Varsovie. C’est important qu’un écrivain trouve, aujourd’hui encore, les mots et les phrases pour réveiller ma conscience qui préfère s’endormir. D’autres violences humaines sont venues après la Shoah, mais celle là fut si terrible qu’elle a une place à part dans ma mémoire.

L’originalité du roman ? C’est de se mettre dans la conscience d’une fille de criminel de guerre qui, tout le reste de sa vie, a fuit la justice.

Le seul tort que cet homme se reconnaisse c’est d’avoir perdu la guerre (d’où le titre du livre). Le point de vue de cette jeune femme est très intéressant et je comprends très bien ce qu’elle veut dire en parlant de trace de « rouille » dans son sang. Sa réaction a été de plus jamais transmettre la vie pour que cette lignée de criminels s’arrête avec elle : dur mais compréhensible ?

 Un récit poignant qui me trotte, depuis, dans la tête

Citation

Propos sur l’histoire

 L’histoire m’ennuie. Ce qui s’est passé avant ma naissance ne me concerne pas et ne m’intéresse nullement. L’histoire a été un casier judiciaire, une suite de crimes. Je l’ai étudiée à contre-cœur à l’école. Qu’y avait -il à apprendre de ce fatras de choses arrivées au hasard et qui, lorsqu’elles se produisaient, montraient bien qu’elles étaient stupides et violentes ? L’histoire est un cadastre d’échecs. Chacun en retire sa propre version inutilisable.

On en parle

Chez « enlivrez-vous » : Céline et Jérôme et Babelio

97822136688262

 J’ai repéré ce roman chez Dasola.

 3D’habitude, je n’ai pas un grand goût pour les romans qui décrivent la grisaille du monde du travail. Ce roman là est un peu à part, car s’il est vrai que l’on voit une boite commerciale faire bêtement faillite , et une jeune diplômée utilisée pour renvoyer le vieux commercial simplement passé de mode, le roman n’est pas simpliste pour plusieurs raisons.

D’abord la langue , au début, je me sentais rétive à ce qui relève de différents procédés. Le romancier s’adresse à ses personnages, il dit « tu » à la jeune diplômée et « vous » à l’ancêtre, « on » lorsque les décideurs ne veulent pas être nommés, « ils » quand les personnages deviennent agressifs. Cela donne une couleur un peu terne au roman, et puis, tout à coup, j’ai compris que cette ambiance impersonnelle, moi aussi, je la ressentais. Je suis en colère contre tout ceux qui décident d’uniformiser l’arrivée dans nos villes et nos villages .

Que vous arriviez à Dinard, Saint-Malo, Dinan, vous passerez par les mêmes zones semi industrielles et commerciales que traverse aussi le vieux voyageur de commerce. Et si, vous voulez vous y loger avec un salaire moyen, vous habiterez des lotissements qui ressemblent à ceux de Dijon ,Marseille , Rennes et à l’endroit où habite la jeune diplômée. Je connais mal le monde des affaires, mais ce n’est pas difficile d’imaginer que si une boîte qui vend des canapés rachète un grossiste de papiers peints , elle n’aura aucun intérêt à développer la vente des dits papiers peints !

Et pour vivre et rêver ? Et bien il reste la littérature .. Rimbaud Hannah Arendt et la solution au monde qui va si mal ? le romancier en propose une à laquelle je ne crois guère : ouvrir une librairie.. Alors que je viens d’ acheter ce livre à moins d’un euro par Amazon grâce à « recyclivre  » , qui soutient l’association « Aide et Action« , comment alors, imaginer que l’on puisse vivre grâce au commerce des livres dans une petite boutique d’un village de province.

 Citations

Les personnages négatifs ont des couleurs négatives, procédé un peu trop systématique …

 C’est un gros break déglingué d’une couleur de survêtement usé, hésitant entre le vert et le brun et que le soleil ne parvient même pas à faire luire.

 Le chef bête et méchant qui durant tout le roman aura des couleurs plus moches les unes que les autres :

Une chemisette aux nuances mauve et rose, une vague couleur de tranche de jambon

Chemisette vaguement ocre, couleur de boue sale, et cravate brique à motifs de feuilles mortes

Une réflexion sur le bon goût actuel en matière de papiers peints,mais je dois dire, que je doute qu’on revienne aux imprimés qui font le bonheur de « l’ancêtre » :

Aujourd’hui,les produits sont standardisés, de vagues unis aux nuances discrètes, reproduits à l’infini, sans compter le blanc décliné sous toutes ses formes …..Le blanc, véritable tyrannie , parfaite dictature de l’intérieur moderne, dites-vous souvent. On assimile le bon goût de l’uni au reflet de nos vies lisses.

L’histoire d’une entreprise

Les choses ont suivi leur cours, ce qui devait croître et se développer s’est réalisé. On embauche deux secrétaires, quelques commerciaux, la boîte continue de prospérer. On déménage. On crée des entrepôts pour stocker les papiers peints dont on est distributeur exclusif . On achète des camions . On recrute des routiers, des assistantes commerciales, de nouveaux représentants. La boîte grandit encore. On se se dote de responsables : un pour le transport, un pour les finances, un pour les commerciaux. La boîte toujours plus grosse, tente ans qu’elle tient. On vieillit , on revend, et maintenant les fruits tombent dans l’indifférence générale.

 On en parle

chez Dasola

Et Livre-esse

9782253174936-001-TTraduit de l’anglais (États-Unis) par Camille Lavacourt

3Ce roman a croisé ma route cet été, il a représenté un très bon moment de lecture. J’en avais lu une bonnes critique chez Clara. Je vais joindre ma voix au concert de louanges malgré une réserve. Je rappelle brièvement le sujet : une grand-mère, bientôt arrière grand mère attend sa famille dans sa maison de vacances avec accès direct sur la plage. Toute sa vie Alice se reproche la mort accidentelle de sa jeune sœur, Mary. Un incendie lors d’un bal donné en l’honneur des soldats partant pour la guerre 39/45 a vu périr de nombreuses personnes brûlées vives ou piétinées, comme la trop fragile et tendre Mary, par une foule paniquée.

On sait dès le début du roman qu’Alice , veuve et quelque peu acariâtre, veut donner sa propriété à l’église, lieu où elle a trouvé du réconfort toute sa vie. Ses enfants ne sont pas au courant des projets pour la maison à laquelle ils sont, pour certains d’entre eux, très attachés. C’est un roman à plusieurs voix, Alice , Kathleen sa fille, Anne-Marie la belle fille parfaite et Maggie la petite fille bientôt mère alors qu’elle vient de rompre avec son petit ami.

Ce qui rend ce roman attachant, c’est l’analyse de plus en plus précise des relations familiales à travers le 20e siècle.
La description des charmes d’une maison de vacances au bord de la mer où les enfants , puis les cousins et cousines se retrouvent tous les étés me rappellent de bons souvenirs. La passion de la belle-fille , parfaite femme au foyer, pour la construction des maisons de poupées, m’a fait sourire et penser à toutes les œuvres décorant certaines maisons : encadrements, broderies, patchworks, tapisseries… Un beau roman de vacances, malgré l’aspect parfois caricatural des différentes personnalités.

Citations

Les joies des réunions de famille

A Thanksgiving , l’année d’avant , Kitty et Alice en étaient presque venues aux mains après une dispute sur le poids que devait avoir une dinde pour nourrir vingt personnes. Elle n’avait plus adressé la parole à Kitty depuis. Ni à son frère pour le punir d’avoir épousé un tel monstre.

Passion d’une femme au foyer, les maisons de poupées

Minnie’s Minis de Staffordshire, proposait de superbes gâteaux miniatures avec un glaçage très proche de la vraie pâte d’amandes , des cerises en céramique sur le dessus , chacune pas plus grosse qu’une tête d’épingle . On pouvait même enlever une part de gâteau pour apercevoir le chocolat et le coulis de cerise à l’intérieur.

L’importance de l’église

 L’église était comme une scène pour Alice, l’endroit où elle se tenait bien, où les autres la voyait telle qu’elle voulait être vue.

 Et la citation que j’adore, celle qui m’avait fait noter ce roman chez Clara

Passé un certain stade , vous ne vous inquiétez plus pour vos rides et vos bourrelets. Vous refusez de rentrer votre ventre au moment où vous tentez d’avoir un orgasme.

 On en parle

Clara, Cathulu, Cuné, Brize et Keisha

97079299Traduit du Suédois par Jeanne Gauffin 

4J’ai trouvé ce roman chez Hélène, et son enthousiasme m’a convaincue. Je sortais d’un roman très dense et j ai faili passer à côté du charme de ce tendre récit. Après une première page prometteuse, où la grand-mère et la petite fille recherchent un dentier dans un massif de pivoines , j’ai commencé à m’ennuyer. Dans ce cas là, je vous l’avoue, je peste après les blogueuses amies : « Mais qu’est ce qu’elle a bien pu lui trouver à ce bouquin ! » « Je ne suivrais plus jamais ses conseils ! ». Et puis , petit à petit le charme à commencer à opérer, j’ ai résisté …. et puis….j’ai succombé !
Avec une pudeur très suédoise, Tove Janson nous fait comprendre les joies et les peines d’une petite qui vient de perdre sa mère. L’affection de sa grand-mère se manifeste par des gestes et des actes plus que par les mots. (On est chez les gens du nord). Sophie a la chance d’avoir une grand-mère qui entre dans son imaginaire, ensemble, elles reconstruisent une île où le bonheur est possible. La construction romanesque est originale, car on passe du point de vue de l’enfant à celui de la grand-mère , il n y a pas un narrateur mais deux. Le père est là , très important pour l’enfant mais ne rentre pas dans la narration.
J’ai parfois du mal à comprendre la nature qui les entoure, car elle est vue à travers l’imaginaire de l’enfant. C’est peut être pour cela qu’une premiere lecture trop rapide m’a ennuyée. Et puis, vous n’avez jamais d’explications psychologiques , c’est à vous de les construire. Par exemple, quand elles reçoivent une petite Bérénice amie de Sophie, le récit permet de comprendre qu’elle en devient jalouse parce que cette dernière capte l’attention de sa grand-mère.
Les faits sont racontés mais aucune explication n’est donnée. J ai souri aux discussions théologiques et j’ai bien retrouvé les remarques de mes petits enfants. Un petit air de mer et d’été qui fait du bien. Un grand merci Hélène et pour ceux ou celles qui veulent se laisser tenter , sachez que la forme n est pas évidente et peut , comme moi, vous dérouter , mais que c’est un petit bijou de tendresse et de pudeur.

Citations

Le deuil d’une maman

– Regarde, maman , cria-t-elle, j’ai trouvé un nouveau palais !
– Ma chère enfant , dit la grand-mère, je suis la maman de ton papa seulement .
Elle était ennuyée.
– Vraiment , cria Sophie, Et pourquoi serait-il le seul à pouvoir dire maman ?
Elle jeta le palais dans le canal et s’éloigna.

Discussion théologique

Elle demanda comment Dieu pouvait faire attention à tous les gens qui le priaient en même temps.
– Il est très sage, murmura la grand-mère en somnolant sous son chapeau .
– Réponds correctement, dit Sophie . Comment a-t-il le temps ?
– Il a des secrétaires …
– Mais comment arrive -t-il à exaucer votre prière s’il n’a pas le temps de parler avec ses secrétaires avant que ça ne tourne mal ?
Grand-mère fit semblant de dormir, mais elle savait bien qu’elle ne trompait personne et, finalement elle déclara qu’il s’était arrangé pour que rien ne puisse arriver entre le moment où on priait et celui où il recevait votre prière. Mais sa petite fille demanda alors ce qui arrivait quand on tombait d’un sapin et qu’on priait pendant qu’on était en l’air.

Les odeurs

Les odeurs sont importantes, elles évoquent tout ce qu’on a vécu,elles sont comme une enveloppe de souvenirs et de sécurité.

On en parle

Chez Hélène, bien sûr et Babelio où vous lirez deux critiques négatives de lectrices qui sont passées à côté de ce roman comme j’ai failli le faire.

Traduit de l’italien par Danièle VALIN
5
Les raisons pour lesquelles le billet de Dominique m’a fait lire ce livre, deviendront peut-être les vôtres et vous vous précipiterez vers ce roman. Allez, une fois n’est pas coutume, je commence par le seul point faible, selon moi, de ce ce merveilleux récit. Je n’arrive pas trop à adhérer à un aspect des deux personnages féminins, d’une beauté telle que tous les hommes chavirent devant elles ! Leur beauté extraordinaire et leur côté femme fatale ne m’ont pas convaincue.

Mais peu importe, le roman vous emportera comme tous ceux ,et toutes celles, qui l’ont plébiscité vers le Haut-Adige ou Tyrol du sud. Comme beaucoup, je ne savais rien de cette région offerte à l’Italie en 1918 , en compensation de la guerre 14/18, cette province autrichienne n’avait jamais été italienne. On imagine la stupeur des habitants- de pauvres paysans montagnards- qui se trouvent confronter à un monde italien qui, hélas pour eux, devient fasciste peu de temps après ! Le choix pour les habitants devient une véritable horreur : devenir fasciste italien ou revendiquer son appartenance à l’Allemagne nazi ! !

Là, je me suis dit, mais comment faire pour rester humains, simplement humain ! Le roman raconte cela et toutes les conséquences, jusqu’à l’assassinat d’Aldo Moro. Oui, toute l’histoire de l’Italie est là devant nos yeux mais vu de cette petite région qui n’avait rien demandé à personne. Les fils de la grand histoire se tressent avec la petite histoire de Gerda et de sa fille Eva, élevée sans père puisque l’auteur de ses jours n’a pas daigné la reconnaître, Eva est une femme libre qui mène sa vie sans rien devoir à personne sauf à sa mère qui s’est battue pour elle. Fille mère, c’est encore un scandale en Italie dans l’Italie des années 60. Eva traverse en train toute la botte italienne pour rejoindre celui qui aurait pu être un père pour elle : Vito , le carabinier italien qui a aimé Gerda la cuisinière tyrolienne. Aucun personnage n’est caricatural et le bien et le mal ne sont pas toujours faciles à reconnaître.

Que de personnages torturés, que de violence cachée et que de souffrances, tout cela parce que cette partie du Tyrol a été offerte à une Italie qui ne la demandait pas !

Citations

Aujourd’hui, un pays aux deux cultures

Après Sterzing/Vitipendo, un peu avant de sortir à Franzensfeste/Fortezza, Carlo s’est arrêté à l’Autobahnraststätte/Autogrill et nous avons mangé un belegtes Brötchen/sandwich.Puis nous avons quitté l’Autobahn/autoroute et nous avons payé au Mautstelle/péage Dans sa Volvo qui heureusement est suédoise et ne se traduit donc ni en allemand ni en italien . Bienvenue dans le Südtirol/Alto Adige, royaume du bilinguisme.

L’après guerre

Nazi, collabo, délateur, criminel de guerre, konzentrationslagerführe : ce n’étaient pas des mots mais des grenades qui n’avaient pas explosé, que l’on contournait sur la pointe des pieds , pour ne pas déclencher une détonation plus terrible, celle de la vérité.

La civilisation de l’argent

Italiens, Allemands ou Autrichiens étaient tous égaux pour Paul Staggl, du moment qu’ils laissaient leur argent dans les caisses des hôtels. Il avait compris bien avant la plupart de ses compatriotes que l’argent, non seulement n’a pas d’odeur, mais n’a pas d’ethnie non plus.

On en parle

chez Mango et Dominique

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Nicolas Richard

3Merci Jérôme. Sans ton commentaire à propos « d’Emily », je n’aurais certainement pas lu « Les joueurs » du même auteur. C’est un roman du quotidien, le quotidien d’un couple qui sait parfaitement se faire la guerre. Les petites remarques qui tuent, la parfaite bonne conscience de la femme qui ne veut plus aimer , ses faiblesses qu’elle préfère cacher , tout cela sonne juste. Lui, est plus surprenant, il veut absolument la reconquérir et misera sur la roulette du casino pour y arriver.

Sans être une charge contre les mœurs américaines, le regard de Stewart O’Nan est pertinent et rend son roman attachant. Les lieux touristiques américains, où, le plus souvent le supermarché est le point de passage obligé est criant de vérité. Ils s’étaient demandés en mariage aux chutes du Niagara , c’est donc là qu’ils reviennent. Lui plein d’espoir et cherchant maladroitement à refaire exactement le même parcours que du temps de leur amour. Elle maugréant et certaine que tout cela ne sert à rien , ne met pas beaucoup de bonne volonté pour vivre ce qui est, sans doute, leur dernière aventure. Les attractions : musée de cire, trajet sous les chutes, plate forme au dessus du vide….tout cela semble des pièges à gogos, surtout quand on a envie de vomir…

Ah oui ! j avais oublié une horrible gastro s’est invitée des leur arrivée. Mais rien n empêchera Art d’aller au bout de son projet : miser son couple sur un coup de roulette ! J’ai bien aimé également , l’analyse de leur déchéance financière. Certes, la société américaine est fondée sur la consommation et l’appât du gain , mais le surendettement des ménages est d’abord provoqué par les habitudes de consommation à crédit.

Enfin l’écriture est légère et souvent drôle à l’image des têtes de chapitres qui comme à la roulette sont calculés en terme de chance. Je vous donne un exemple : chance qu’un orchestre de jazz joue « My Funny Valentine » le jour de la Saint-Valentin : 1 sur 1. Et je vous laisse écouter cette fameuse chanson par Chet Baker.

Citations

Genre de dialogue de couples au bout du rouleau :

– Bon sang, dit-elle
– Quoi
– Rien.
– Tu fais ta tête contrariée.
– Je rumine.
– Il ne faut pas que tu rumines.
– Je ne le fais pas exprès, c’est plus fort que moi.
– Est – ce que tu rumineras encore quand on aura divorcé ?
– Pourquoi est – ce que j’arrêterais ?
– Je me disais que ça fonctionnait peut être comme la procédure de sur endettement, que tout serait pardonné.
– Navrée, il y a certaines dettes qu’il faut payer
– Ça valait le coup d essayer.
– Pas vraiment.

Pas mal vu :

Étant à jamais coupable, il se trouvait à jamais sans défense par rapport à elle, ce qui alimentait un ressentiment qu’il savait injustifié, le laissant démuni, sans rien d’autre pour contrer la colère de Marion que l’impatience, et, après si longtemps, l’épuisement.

On en parle

Chez Jérome bien sûr et Kathel et babelio où les avis sont parfois plus négatifs que le mien.