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5
J’ai eu envie de le recopier entièrement, puis je me suis dit que vous auriez plus vite fait de l’acheter que de lire mes citations en bas de mon billet. Je l’offrirai certainement, ma seule crainte serait que la personne l’ai déjà. Comme vous avez vu mes cinq coquillages, vous avez compris : « Mon couronnement » est un petit chef d’œuvre. Un livre rare, sur un sujet traité avec une extrême délicatesse : la très grande vieillesse. L’auteure nous permet de comprendre les pensées d’un vieil homme. Si vieux, qu’il a perdu le sens d’une certaine logique, ce qui ne l’empêche pas d’être sûr de ses sentiments.Il a une grande affection pour sa gouvernante Madame Ambrunaz, mais déteste sa sœur Alice qui veut faire du ménage à « l’alsacienne » chez lui. Il n’a qu’un vague souvenir de la découverte qu’il a pu faire dans sa jeunesse et qui lui vaut la récompense et toutes ses soudaines visites. On remonte le fil de sa vie au gré de sa mémoire fluctuante, c’est souvent triste, le portrait de sa première femme est poignant. L’auteure n’évite le tragique que grâce au filtre des années qui rend le malheur plus distant. C’est la même distance qui donne tout son charme aux descriptions des paysages contemporains. Nous les voyons tous les jours sans nous rendre compte de leur laideur. Evidemment, nous ne connaîtrons pas la découverte de Gilbert Kaplan , malgré moi (car tout le roman veut montrer l’inanité de presque toutes les conduites humaines) j’aurais bien aimé savoir ce qu’il avait découvert.

Citations

Cependant la perspective d’une réception en mon honneur me rend nerveux, je me prends à envisager de mourir avant la date prévue pour que cette réception, quoiqu’il ne soit pas si facile de mourir, comme j’ai aussi fini par le comprendre.

 

Il semblerait que je m’intéresse plus aux détails aujourd’hui, il semblerait que les idées générales m’aient délaissé.

 

Où que j’ai vécu, ranger un peu, a toujours été un projet, chaque fois ajourné.

 

La plupart du temps, au terme d’hypothèses cent fois hasardées et d’observations cent fois répétées, tout ce que nous parvenions à comprendre c’est comment ça ne marchait pas.

 

… de petits vieux tenant une boîte de gâteaux, de celles qu’on apporte avec soi pour se faire pardonner sa vieillesse….

 

Est-ce le moment de lui dire que j’ai oublié jusqu’à la formule de la gravitation, et que des découvertes, il s’en fait tous les jours, malgré quoi nous demeurons dans une ignorance fondamentale.

 

Je me souviens d’avoir d’un bond franchi des barrières et désormais je ralentis aux coins des tapis.
En arrivant, ma soeur va me prendre par les épaules et me congratuler et trois minutes après elle aura un de ces chiffons alsaciens à la main, une offense pour Mme Ambrunaz.

 

 Les gens les plus propres et l’argent le plus sale, tel est le paradoxe de la Suisse.

On en parle

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5
C’est le deuxième recueil que je lis de Kenneth Cook, il ressemble beaucoup à La vengeance du Wombat. L’effet de surprise est donc moins fort.
Je me suis, de nouveau, bien amusée, je conseille cet auteur à tous les gens moroses. Au-delà de son humour caustique, qui est tourné autant vers lui que vers les habitants de l’Australie, on devine une profonde connaissance de son pays loin des clichés habituels. Non, la nature n’est pas toujours hospitalière. Et le bush peut s’avérer mortel. (Hélas, Kenneth Cook a été victime d’une crise cardiaque trop loin de tout point de secours.)

Non, les animaux, même mignons ne sont pas tous gentils. Et les koalas sont visiblement plus agréables en photos et en peluche que de près, en vrai ils sont très désagréables et très dangereux quand on doit les tenir dans les bras, même si on ne cherchait qu’à leur offrir un lieu de vie plus agréable. Non, les espèces protégées ne sont pas reconnaissantes aux hommes de ne plus les tuer. Et un crocodile reste un terrible prédateur. Les Aborigènes, ne sont pas de bons sauvages, pleins de bonnes intentions. Ils vivent dans un pays hostile, avec peu de confort, ils sont sales et cherchent si possible à rouler le touriste de passage.

Si Kenneth Cook peut dire tout cela et bien d’autres choses encore, c’est qu’il utilise le ton du conteur d’histoires. Je me demande si quelqu’un a mis ses histoires en scène, il y a vraiment tous les ingrédients d’un excellent spectacle de conteurs. J’ai aimé les quinze nouvelles, mais ma préférée c’est La vie sexuelle des crocodiles, non pas pour ce que j’ai appris de la sexualité de ces animaux ( tout se passe sous l’eau !) mais j’ai trouvé irrésistible le rapport entre le scientifique qui s’émerveille devant les beaux spécimens de crocodiles et l’auteur mort de peur qui ne pense qu’à sauver sa vie.(Comme je le comprends !)

Citations

 Roger, passionné de crocodiles, déploraient qu’ils aient été longtemps chassés sans répit pour leur cuir…..leur nombre était en augmentation, tout comme la fréquence des attaques sur le bétail et sur les aborigènes.

 

– Et même deux Blancs, des chauffeurs de camion, près de Broome, se réjouit Roger ? Ils dormaient près de leur véhicule et tout ce qu’on a retrouvé, c’est la marque de leurs ongles dans la terre où la bête les a traînés. Naturellement, ajouta-t-il avec pondération, ce n’est pas de chance pour ces pauvres gens, mais il ne reste pas moins encourageant de penser que le nombre de crocodiles est en hausse dans cette région.

 

Je lâchai le bateau et saisis mon fusil
Roger lâcha le bateau et saisit son appareil photo

 

On me qualifie parfois d’obèse, mais je me considère simplement comme corpulent, une centaine de kilos, disons.

 

J’étais alors moins corpulent qu’aujourd’hui, mais je n’en restais pas moins un homme bien en chair. Comprenez par là que tout en parvenant aisément à lacer mes souliers , j’étais loin d’être un athlète.

On en parle

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5Cinq coquillages ? Oui, parce que ce livre met tout le monde de bonne humeur, cela se vérifie pour tous les nouveaux lecteurs de La vengeance du Wombat. Comme notre bibliothécaire, je n’apprécie pas trop les livres sur les animaux mais Kenneth Cook a un talent de conteur extraordinaire. C’est le deuxième conteur que j’ai découvert cette année : après le grand nord de Jorn Riel, voici le bush australien. En 14 nouvelles, l’écrivain nous plonge au cœur de cette région d’Australie où les animaux sont plus agréables à regarde dans les reportages animaliers que de très près. Je ne suis pas une très grande fan de nouvelles car je trouve difficile de changer d’histoires tous les trois ou quatre pages. Généralement, il y en a toujours que j’aime moins.

Dans ce recueil, les quatorze sont passionnantes. On finit par bien connaître les réactions de l’écrivain, il a vraiment l’art de se retrouver dans des situations impossibles. Par exemple : accroché au ventre d’un kangourou qui a décidé de le tuer alors qu’il venait de le sauver ! On sait aussi qu’il ne résistera jamais à un verre ou une goulée d’alcool offert par des gens qui ne lui voudront pas toujours que du bien. On sait enfin que lorsqu’il nous décrit sa phobie absolue des requins, il va se trouver quelqu’un qui réussira à l’entraîner à la pêche du plus dangereux des prédateurs d’humains.

Les scènes dans les cafés sont inoubliables et quelque peu terrifiantes. Entre autre, lorsque tous les consommateurs sans se paniquer le moindre du monde, se mettent à parier pour savoir si la grenade dégoupillée qu’un des buveur tient dans sa main peut exploser ou non… Si vous aimez découvrir des contrées lointaines, des animaux et des humains différents de vous, et surtout si vous aimez rire précipitez vous dans votre bibliothèque préféré découvrir Kenneth Cook … si vous ne le connaissez pas déjà.

Citations

De nos jours, le quokka est toutefois considéré par tous comme étant inoffensif, en raison de sa petite taille ; ce qui s’inscrit dans une longue série de grandes illusions qu’entretiennent les gens sur les marsupiaux d’Australie. Comme la plupart sont petits, les gens ne les croient pas dangereux. Quelle bévue !

 

Il n’y a rien d’étonnant à croiser un anthropologue dans les coins reculés et arides du désert australien. Ils sont partout. On estime que, dans l’outback, il y a plus d’anthropologues étudiant les Aborigènes que d’Aborigènes.

 On en parle

dans un de mes sites préférés : link.

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5
The Wire ! Ma série cultissime ! N’ayons pas peur des mots ! Ni des points d’exclamation ! Au risque d’écorner l’image d’intello que peut donner mon blog : livres et films plutôt « art et essai » (désolée je n’ai pas ri au « Chti »), j’avoue ou plutôt je dévoile que je suis une fan des séries TV. Je le suis devenue quand j’ai pu les regarder en DVD, et dans leur langue d’origine. Avec les sous-titres, hélas ! Quand je connais un épisode presque par cœur, je mets les sous titres en anglais.

Pour « The Wire », je ne peux le regarder qu’avec des sous-titres en français : 80 % des personnages parlent l’argot des quartiers en difficultés de Baltimore et à mon grand regret je ne comprends rien. On perd d’ailleurs un des charmes de la série : les jeux sur les expressions et les accents. Entre eux, ils se reconnaissent de Baltimore-Ouest et Baltimore-Est.

La série comporte cinq saisons, chacune d’entre elle se centre sur une des grandes difficultés des grandes villes américaines :

  • La saison 1 : la création d’une cellule avec des policiers qui vont essayer d’être intègres face à la drogue.
  • Saison 2 : la fin de l’ère industrielle traditionnelle, ici la fin de l’activité portuaire.
  • Saison 3 : la corruption politique.
  • Saison 4 : l’éducation.
  • Saison 5 : les difficultés de la presse écrite.

Loin des séries où on voit des policiers intègres réussir à tous les coups à mettre le méchant hors d’état de nuire. « The Wire » colle au plus près de la réalité policière, si chaque saison a bien pour thème une enquête , celle-ci se déroule en 12 épisodes et quand elle est résolue c’est souvent par le hasard et le travail de fourmis des enquêteurs beaucoup plus que par le grand coup de géni d’un policier hors du commun. Évidemment, il n’y a pas de gentils par contre, il y a des vrais méchants qui font très peur. La façon dont est traitée la réalité de la grande ville américaine est passionnante, j’ai été très touchée par l’évocation du lycée en zone sensible.

La réussite vient de la complexité aussi des personnages secondaires, Omar, le vengeur solitaire, Bubbles l’indic drogué, l’horrible Rawls le policier corrompu et brutal. Mais aussi des personnages principaux : aucun n’est totalement sympathique, et surtout pas Mc Nutty le policier qui a un rôle très important dans la série. Sauf peut être Lester le policier intelligent et désabusé et le rédacteur du grand journal de Baltimore. Le seul acteur qui me pose problème, car je trouve qu’il joue mal c’est celui qui incarne Cédric Daniel, du coup son personnage est moins crédible.

En regardant cette série, on l’impression de mieux comprendre les Etats-Unis. On voit aussi les différences et les ressemblances avec notre société en espérant qu’on ne laisse jamais s’installer, en France, une économie parallèle autour de la drogue aussi puissante !

On en parle

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5
Comment transmettre la mémoire de l’horreur ? Nguyên An Tinh, narratrice très proche de l’auteure a fui, sur un boat-people, le Vietnam communiste. Elle nous livre des moments de sa vie, des fragments de sa mémoire. Une odeur, un bruit, un mot entraîne un nouveau souvenir. Monsieur Vinh grand chirurgien de Saigon, a confié ses cinq enfants, à cinq bateaux différents, essayant ainsi de multiplier les chances qu’au moins un d’entre eux survive. Ils survivront tous, lui deviendra balayeur de rue à sa sortie de prison. « Prison » ce mot ramène l’auteure à une autre prison, celle de l’autisme où son fils, Henry, est enfermé pour toujours.

On a déjà entendu à peu près toutes les horreurs par lesquelles, elle et ses proches sont passés. Comme ce Monsieur An ancien juge de Saigon qui croit sa mort arrivée car, ce jour-là, un garde l’oblige à sortir des rangs des prisonniers, à s’agenouiller, lui met le pistolet sur la tempe, tire …. Il n’y avait pas de balle dans le chargeur. Monsieur An ne sera plus jamais le même, et il se souviendra toute sa vie des nuances des bleus du ciel du jour où …

Van Thùy a réussi à nous transmettre l’horreur qu’elle porte en elle. Et pourtant ce livre reste léger et pudique. Même quand elle décrit la prostitution des jeunes, voire des enfants. C’est la force de ce livre, il n’y a jamais aucun mélodrame et pourtant quelle trace il laisse dans notre mémoire ! Je pense que chaque lecteur portera en lui un moment de sa mémoire, pour moi c’est l’hommage qu’elle rend aux femmes du Vietnam.

Quand j’ai refermé ce livre, je me suis demandée pourquoi elle était retournée dans ce pays, et, est-ce qu’un jour le Vietnam deviendra une démocratie. La relecture de ce livre pour notre Prix du club de lecture m’a encore plus subjuguée que la première fois. Je n’ai pas compris pourquoi je ne lui avais pas mis 5 coquillages, et surtout ai-je assez insisté sur le style de Kim Thuy ? Elle écrit à la perfection dans une langue proche de la poésie, très personnelle et si facile à adopter par tout le monde.

Citations

Proverbe vietnamien

La vie est un combat où la tristesse entraîne la défaite.

Mon passage

On oublie souvent l’existence de toutes ces femmes qui ont porté le Vietnam sur leur dos pendant que leur mari et leurs fils portaient les armes sur le leur. On les oublie parce que sous leur chapeau conique, elles ne regardaient pas le ciel. Elles attendaient seulement que le soleil tombe sur elles pour pouvoir s’évanouir plutôt que s’endormir. Si elles avaient pris le temps de laisser le sommeil venir à elles, elles se seraient imaginé leurs fils réduits en mille morceaux ou le corps de leur mari flottant sur une rivière telle une épave. Les esclaves d’Amérique savaient chanter leur peine dans les champs de coton. Ces femmes, elles, laissaient leur tristesse grandir dans les chambres de leur cœur. Elles s’alourdissaient tellement de toutes ces douleurs qu’elles ne pouvaient plus redresser leur échine arquée, ployée sous le poids de leur tristesse.

On en parle

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5
J’avais mis ce livre, une première fois, sur mon blog, lors de sa création. Je l’ai mis, aussi, dans ma bibliothèque de Babelio et je n’arrive pas à comprendre pourquoi je suis toujours la seule lectrice, c’est un petit chef d’œuvre (n’ayons pas peur des mots !). Il concourt pour « le coup de cœur des coups de cœur » en juin 2010 de notre club de lectrices de la bibliothèque de Dinard. Pour une fois, nous avions été unanimes dans nos éloges ; c’est si rare !

Je l’ai offert souvent et à chaque fois, on m’a fait savoir qu’on le trouvait très bien. Il faut dire que ce roman a tout pour plaire. Il traite avec subtilité et humour, d’une réalité douloureuse : l’exil. Alexandra, jeune auteure dramatique, qui a plus d’un point commun avec Anca Visdei, fuit son pays, la Roumanie à l’occasion d’un colloque littéraire.

Elle écrit à sa sœur pour qui elle éprouve une grande affection, la façon dont toutes les deux se jouent des dangers du régime totalitaire est drôle mais tragique à la fois. Leurs lettres sont très surveillées, elles s’en amusent : « Ta lettre a mis quatorze jour. D’habitude ça ne prend qu’une semaine…Tu dois utiliser de mauvaises enveloppes, là-bas ils les fabriquent moins bien qu’ici, car ton pli s’est décollé pendant le voyage et une secourable postière de chez nous a été obligée de le recoller, très discrètement d’ailleurs. Il n’y aurait pas eu la petite marque que tu sais, c’était un travail comme neuf ! Quel sens esthétique pour une simple postière ! »

Le pays d’accueil, la Suisse n’est pas épargnée par l’humour d’Alexandra, j’ai souri à l’évocation des intellectuels de son colloque :

 Tout le monde a été adorable avec moi. Le colloque a duré trois jours, l’admiration un peu moins…..Ils m’ont répondu …. Nous connaissons et aimons votre pays. Nous avons passé une semaine à un congrès d’écrivains héros du peuple au bord de la mer noire.

On sent en Alexandra une vitalité et une envie de s’imposer comme une écrivaine de langue française qui force l’admiration le parcourt sera long et difficile mais avec tant d’esprit et d’énergie comment ne pas y parvenir. À sa sœur qui lui dit qu’elle est belle comme une odalisque elle répond « Une odalisque est une crétine enfermée dans un harem, qui partage un gros mari violent avec une dizaine d’autres débiles de son espèce et qui passe son temps au bain à montrer des vertèbres superfétatoires à Monsieur Ingres. ».

La trame romanesque est riche des deux mouvements : la dureté et la désintégration du régime de Ceausescu et l’intégration dans ce qu’on appelait à l’époque « le monde libre », cela passe par le lien des deux sœurs qui est riche d’une complicité puis d’une tension qui rend le roman passionnant et triste parfois. J’ai lu et relu plusieurs fois ce livre, avec toujours le même plaisir.

J’espère trouver dans le monde des blogs d’autres lectrices passionnées.

 On en parle

link. Blog d’Anca Visdei : link.

Traduit du danois par Suzanne Juul et Bernard Saint Bonnet.

5
Je ne connaissais pas cet auteur et les « fans » du club de lecture m’ont dit que c’est un peu dommage de commencer par celui-ci qui est le dernier d’une longue série (Un curé d’enfer et autres racontars – Jorn RIEL). Je lirai sûrement les autres, car j’ai envie d’en savoir plus sur ce monde du Groenland.

Jorn Riel est un conteur extraordinaire et je suis partie avec lui dans le monde si rude du grand nord. Celui qui définit ainsi un racontar : « Ce sont des histoires vraies qui pourraient passer pour des mensonges, à moins que ce ne soit l’inverse » a un véritable talent pour faire vivre des personnages hauts en couleur. C’est complètement déjanté, tragique et drôle à la fois. On passe très vite de vie à trépas, du rire aux larmes, dans un cadre hors norme, beau, mais tellement froid et inhospitalier. On comprend que l’auteur préfère vivre en Malaisie !

Citations

La propreté

Nous devons accueillir nos invités propres et fringants … Bien entendu, en tant que chef de station, je commence et me réserve cette marmite d’eau chaude. Puis Museau se lavera avec la même eau, et en dernier Lasselille, qui, étant le plus jeune, n’a matériellement pas eu le temps ni le loisir de devenir aussi sale que nous autres.

Faire l’amour

Il retirait une certaine fierté du fait qu’il pouvait encore la faire roucouler comme une tourterelle en pleine parade quand il rugissait et commandait aux esprits dévoués du domaine.

Voyager léger

Valfred voyageait léger. Quatre bidons d’eau-de-vie de myrtilles, dix neuf boites de sardine à l’huile, son 89 et un sac de voyage avec quelques vêtements de rechange.

Portrait

Un type adorable et modeste, avec une soif réconfortante.

Les paysages

Le Fjord des glaces se trouve dans l’inextricable entrelacs de fjords et de baies qui se frayent un chemin depuis la mer jusque profondément à l’intérieur du pays. Les montagnes vers le nord sont hautes et sombres, les plaines vers le sud ouvertes et alanguies au soleil et à la lumière, et dans l’est les collines ont la rondeur rêvée pour que le soleil puisse s’y ébattre une heure ou deux avant de s’éteindre pour la nuit.

Interview sur Evene

link

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Traduit de l’anglais par Isabelle Stoianov.

5
L’avantage du club de lecture c’est la redécouverte des grands classiques. Je l’ai relu attentivement et j’ai franchement adoré, encore une fois ! Le début est un peu lent et l’histoire ne se met en place qu’au tiers du livre. Mais ensuite on se rend compte que tout avait de l’importance.

Les chroniques d’une petite ville en Alabama avant la deuxième guerre mondiale sont très savoureuses et comme tout est vu à travers les yeux d’une enfant de six ans c’est souvent drôle et émouvant : les ragots, les familles où on sait tout sur tout le monde, les sectes religieuses, les méthodes scolaires, les vieilles filles qui ont leur mot à dire sur l’éducation des enfants, et surtout la condition des noirs.
Le père, Atticus, élève seul ses deux enfants et leur donne des valeurs humanistes dans une petite ville où le racisme est de règle. Commis d’office pour défendre un noir innocent mais accusé du viol d’une femme blanche, sa vie et celle de ses enfants va devenir très compliquée.

On ne peut pas s’empêcher d’adorer Atticus, c’est un beau personnage. Je pense qu’on ne peut pas l’oublier, ni comme père, ni comme avocat. Grâce à ce livre, on comprend mieux d’où vient l’Amérique, j’ai beaucoup pensé au temps où nous chantions surtout quand l’auteur évoque les enfants métis et une fois encore je me suis réjouie de la victoire d’Obama.

Citations

Les garçons furent donc convoqués pour trouble à l’ordre public, voies de fait, injures et blasphèmes en présence du sexe féminin. Le juge interrogea Mr Conner sur la raison de ce denier chef d’accusation ; celui-ci répondit qu’ils avaient juré si fort qu’il était sûr que toutes les dames de Maycomb les avaient entendus.

 

Tu es trop petite pour comprendre, mais parfois, la Bible est plus dangereuse entre les mains d’un homme qu’une bouteille de whisky entre celles de ton père.

 

Je voulais que tu comprennes quelque chose, que tu voies ce qu’est le vrai courage, au lieu de t’imaginer que c’est un homme avec un fusil à la main. Le courage, c’est de savoir que tu pars battu, mais d’agir quand même sans s’arrêter. Tu gagnes rarement mais cela peut arriver.

 

– C’est quoi un métis ?
– Un enfant à moitié blanc, à moitié noir … ils sont tristes
– Pourquoi tristes ?
– Parce qu’ils n’appartiennent à aucune communauté. Les gens de couleur n’en veulent pas parce qu’ils sont à moitié blancs ; les Blancs n’en veulent pas parce qu’ils sont de couleur.

 

– Hé, faut pas nous bourrer la caisse ! dis-je
– Je te demande pardon ?
– Ne fais pas attention, intervient Atticus. Elle essaie de te provoquer. Cal dit qu’elle jure en parfait argot depuis une semaine maintenant.
Oncle Jack haussa les sourcils mais ne dit rien. En dehors du charme foncier de tels mots, j’agissais en application de la vague théorie que, si Atticus découvrait que je les avais appris à l’école, il ne m’y enverrait plus.

On en parle

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Traduit du danois par Suzanne Juul et Bernard Saint-Bonnet.
5
Je le savais, je l’avais écrit je lirai d’autres Racontars (Le naufrage de la Vesle Mari et autres racontars -Jorn RIEL). Parfois, en découvrant un auteur, on se demande pourquoi on ne le connaissait pas. D’autant plus que, lorsque je parle de Jorn Riel, on me répond souvent « Ah, oui j’ai bien ri à ses racontars ». Alors voilà quand le « Vertigo » (mot pour déprime au Groenland) vous prend, je vous conseille un recueil de racontars.Le bonheur c’est parfois communicatif :

« Fjordur leva les yeux et souris. De la glace vierge et des chiens joyeux. Que demander de plus à la vie ? »

La lecture comme antidépresseur, c’est moins compliqué que la méthode de Lodvig. Pour aider Petersen à lutter contre les idées noires, il l’abandonne seul sur la banquise. Au lieu de mourir de faim et de froid, Petersen deviendra un bon chasseur et le Vertigo sera vaincu…

C’est difficile de rendre compte des histoires de Jorn Riel, quand un écrivain a le don de raconter il faut simplement se laisser porter par les histoires. Celle du cercueil, façon groenlandaise, qui se balade jusqu’à New-York, dans un iceberg détaché de la banquise un soir de tempête est à mourir de rire. Quand au titre, on le doit au « curé Polleson, tout de noir et de décence vêtu ». Il imagine lutter contre la consommation d’alcool de la population en brisant à coups de hache leurs alambics. La riposte fut à la hauteur de l’offense : l’alcool au Groenland, c’est sacré !

Citations

Hansen regarda en l’air. D’abord il vit le toit qui se levait lourdement, sans empressement. Ensuite, le tout fut doublé par le missionnaire Polleson qui, tel une fusée au Nouvel An, fonça vers le ciel, les pans noirs de sa redingote battant comme des ailes ….

 

« Il a enfoncé sa hache dans la dynamite gelée » lui expliqua Hansen.
« Putain » Valfred regarda le lieutenant d’un air interrogatif. « Pourquoi ? »
« J’avais mis les caisses sur la table et marque EAU-DE-VIE sur la couvercles. Je trouvais que ça faisait mieux comme ça. »

5
Voici le livre responsable du long silence de Luocine. Deux semaines sans rajouter un livre sur mon blog ! Sans aucune hésitation, je mets Alias Caracalla dans mes préférences. Ce n’est pourtant pas un roman. C’est parfaitement écrit, cet essai nous permet de suivre, jour après jour, les efforts de Jean Moulin pour unifier la résistance. C’est peu de dire que tous les coups sont permis. J’ai lu ce livre en me documentant sur l’internet pour mieux comprendre ce qui s’était passé dans ces années là. Et comme dans le site que j’indique, j’ai perdu un ami lorsque disparaît Jean Moulin.En filigrane du récit on voit l’évolution de Jean Cordier, son engagement derrière Maurras son évolution face aux trahisons de sa famille politique, et sa prise de conscience des ravages de l’antisémitisme. Ce passage est souvent cité,tant il est sobre et en même temps très beau.J’ai passé trois semaines intenses loin du monde présent, mais j’ai mieux compris les conséquences sur la politique de notre pays. La page est aujourd’hui tournée mais pour comprendre l’opposition de Mitterrand au Général de Gaulle, je pense qu’il faut lire ce livre. Il n’en parle pas : Mitterrand n’est pas encore dans la résistance quand le livre s’achève mais l’opposition de de Gaulle aux partis traditionnels est très bien décrite. Les hommes des partis de la IIIe république ont dû ressentir tout son mépris face à leur inaction et à leurs divisions.J’ai été également très sensible à l’effort de mémoire que fait cet homme de 90 ans aujourd’hui pour se souvenir exactement de ce qui s’est passé. Pendant ces trois années sans aucun doute les plus importantes de sa vie. On le sent taraudé par un souci de vérité à l’heure près. À travers son regard, la résistance semble bien fragile et le fait d’hommes autant isolés que déterminés à combattre.

Citations

Le secret de notre zèle tient dans la promesse de notre engagement au combat dès que nous serions prêts. Cet objectif nous fouette. Partout et toujours, nous sommes volontaires pour les mêmes taches rebutantes ? Notre seul objectif, depuis notre arrivée en Grande-Bretagne, est la vengeance.

 

Je suis le témoin de cette négociation difficile. Cela me permet de franchir une étape décisive dans mon évolution politique. Elle me révèle combien mes camarades et moi sommes privilégiés d’être pris depuis deux ans par la France libre et à quel point la situation des résistants métropolitains est misérable en comparaison….. Une évidence me saute aux yeux : la gauche que j’ai tant combattu, incarne seule l’espoir de changer leur condition.

 

J’ai envie de l’embrasser pour le remercier de tout : son présent, son retour, l’homme qu’il est Mais *Rex n’est pas quelqu’un que l’on embrasse. En dépit de son sourire et de sa gentillesse, son regard creuse un abîme entre nous.

 

En approchant du café, je vois venir à moi, serrés l’un contre l’autre, un vieillard accompagné d’un jeune enfant. Leur pardessus est orné de l’étoile jaune. … Je finis par comprendre que si cette vision matinale m’est tellement insupportable c’est parce qu’elle fait de moi un bourreau : elle trahit l’humanisme, la fraternité entre les hommes que je me vante de pratiquer dans le christianisme. Comment ai-je pu devenir antisémite ? … Dans cette brasserie inconnue, j’ai l’impression de m’être à jamais débarrassé du fardeau de mon éducation.

On en parle

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