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Traduit de l’anglais par Jamila Ouahmane Chauvin et Serge Chauvin

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Destinées de femmes malheureuses dans l’Angleterre de l’après-guerre. Rosamund, 76 ans, se sentant mourir explique les liens qui la relient à Imogen une petite cousine aveugle. Pour cela, elle s’enregistre et raconte sa vie à partir de vingt photos correspondant à des moments particulièrement forts d’une destinée malheureuse. L’auteur analyse tout en finesse les rapports entre les êtres humains. La vie de ces femmes aurait pu être plus heureuse ou plus tragique encore. Le destin ne tient à pas grand-chose mais a une place importante dans le roman, il lui arrive même de se rappeler aux personnages du livre sous une forme inattendue. (Comme cet oiseau qui vient se tuer sur le pare-brise de Gill, un « certain » soir sur une « certaine » route.)

Béatrix n’a pas été aimée par sa mère, elle a fait subir un destin plus tragique encore à Théa sa fille, qui dans un geste de violence rendra sa propre fille Imogen aveugle. Rosamund n’a pas pu, malgré tout son amour pour Théa, briser ce cercle infernal. Beaucoup de tristesse dans ces portraits de femmes qui se battent mais pas toujours avec les bonnes armes pour connaître le bonheur. On espère jusqu’à la dernière page que les chaînes du malheur s’arrêteront à la troisième génération.

Les époques qui se succèdent à travers les vingt photos font une grande partie du charme de ce roman. (La guerre, l’immédiate après-guerre, l’époque « baba-cool », l’Angleterre d’aujourd’hui…). J’ai beaucoup hésité à mettre quatre coquillages ou seulement trois, car je n’ai pas du tout retrouvé l’humour du « testament à l’anglaise ».

Citations

Non ça ne me dérange pas la pluie en été. En fait, j’aime bien ça. C’est ma pluie préférée. – Ta pluie préférée ? ? ? » Je revois Théa fronçant les sourcils en méditant ces paroles, et puis elle a proclamé : «  Eh bien moi, j’aime la pluie avant qu’elle tombe ».


Tout ce qui a abouti à toi était injuste. Donc tu n’aurais pas dû naître.
Mais tout chez toi est absolument juste : Il fallait que tu naisses.
Tu étais inévitable.

 

Oui, c’est vrai, rien de tout ça n’aurait dû arriver, ce n’est qu’une longue suite d’erreurs terribles, terribles, et pourtant regarde à quoi ça a abouti. Ça a abouti à toi Imogen.

On en parle

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Traduit de l’anglais (États-Unis) par Raphaël Fejtö.
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Livre pour adolescents ou plutôt adolescentes. Une jeune fille de la petite noblesse anglaise, en l’an 1290, tient son journal. Ce qui le rend plaisant à lire c’est qu’elle est particulièrement délurée, elle n’a pas la langue dans sa poche. Son regard sur ses proches est sans pitié. On peut facilement comprendre ses révoltes si l’on admet qu’elle n’a aucune envie de répondre aux attentes des mœurs de cette époque : une femme noble doit apprendre à coudre, broder, tisser, et surtout attendre avec patience le mari que son père lui choisira.Ce qui est plus difficile à comprendre c’est la raison pour laquelle cette jeune fille n’accepte pas cette éducation qui était la règle pour les femmes de sa condition dans ce temps-là. L’auteur lui donne une personnalité et un langage du 21e siècle. C’est un roman, pourquoi pas après tout, c’est ce qui rend la lecture amusante.La façon dont les Anglais vivaient à l’aube du 13e siècle est bien rendue. Je ne sais pas si ce livre a connu un grand succès auprès des jeunes. Je me pose souvent cette question quand je lis des livres pour adolescents. Celui-ci ne cherche pas à plaire aux adultes, et j’ai un peu peur qu’il ennuie les adolescents d’aujourd’hui. Catherine commence l’éciture quotidienne de son journal en citant le saint du jour et en racontant les raisons pour lesquelles il est devenu saint. J’ai beaucoup ri d’apprendre que :

  • Colman est saint « parce qu’il a appris à une souris à le maintenir éveillé pendant la messe »
  • Brigitte d’Irlande fut sainte pour avoir transformé « l’eau de son bain en bière pour les religieux de passage »
  • Tatwin fut saint parce qu’« il était archevêque de Canterburry et faiseur de devinettes »
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L’humanité s’est-elle arrêtée à Auschwitz ? Voilà la question que pose ce livre tout en essayant de faire revivre Jan Karski, héros de la résistance polonaise qui a tout fait pour prévenir les alliés de l’extermination des juifs dont il avait été le témoin. Pour lui, comme pour l’auteur Yannick Haenel, les alliés ont reçu l’information . Pour des raisons peu avouables, ils ont préféré laisser faire.L’auteur pense même, que le procès de Nuremberg, a permis aux alliés de se donner bonne conscience face à leur propre inaction.
Le livre est construit de façon un peu surprenante. Les deux premières parties sont une biographie dans la troisième, l’auteur prend la liberté de romancer la vie de Jan Karski. Je ne vois pas ce que cela ajoute à la force du propos. En recherchant un blog qui parlerait autrement de ce livre (voir le lien en bas de cet article), j’ai surtout trouvé des témoignages de la polémique entre l’auteur et Claude Lanzmann, réalisateur de Shoah.

 Citations

Propos du responsable du Bund en aout 1942

Les Alliés gagneront la guerre dans un an, dans deux peut-être, mais cela n’apportera rien aux Juifs parce qu’ils n’existeront plus.

 Vision de Jan Karski dans le ghetto de Varsovie

Au milieu de la rue, deux adolescents en uniforme des jeunesses hitlériennes. Leurs cheveux blonds brillent au soleil, note Karski. Visages ronds, joues roses, ils bavardent joyeusement. D’un coup, le plus jeune sort un revolver de sa poche. Ses yeux cherchent une cible. Il a, dit Jan Karski, la « concentration amusée d’un gamin à la foire ». Les yeux du garçon s’arrêtent sur un point qui échappe à Jan Karski. Il lève le bras, vise, on entend la détonation, suivie d’un verre brisé, et du cri d’un homme. Joie du garçon, l’autre le congratule. Puis ils continuent leur chemin.

 Propos que Yannick Haenel prête à Jan Karski

Le jour où j’ai entendu la phrase de Sartre ; « Tout anticommuniste est un chien » j’ai eu envie de vomir. Je me suis demandé si, pour Sartre, et pour la bonne conscience occidentale, les insurgés de Varsovie étaient des chiens ; si mes camarades exécutés dans le forêt de Katyn étaient eux aussi des chiens…

On en parle

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Traduit de l’anglais par Jean Bourdier.

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Chaudement recommandé par notre bibliothécaire, ce roman bénéficiait pour moi d’un préjugé favorable. Le début m’a tout de suite enthousiasmé, le ton est absolument exceptionnel. Et puis je me suis un peu perdue dans les histoires familiales. Pour me retrouver j’ai fait un arbre généalogique, je conseille à celles et ceux qui veulent lire ce roman de faire de même. Avec un ton grinçant, et très humoristique, Kate Atkinson raconte très bien les réalités et les tragédies familiales , surtout lorsqu’elles sont vues à travers les yeux de Ruby encore petite fille.
La construction romanesque est un peu complexe, on va et on vient entre le présent et le passé, on s’y perd parfois mais quand on ferme le livre on a l’impression d’avoir gagné une famille complète. Même si, à l’image du 20e siècle la vie de la famille de Bunty et George est tragique, je crois que ce sont les moments de rire que l’on garde le plus en mémoire. La noce, le jour de la coupe du monde de football, en 1966 pendant le match Angleterre-Allemagne est un moment inoubliable.

Citations

Le début

Ça y est j’existe ! …. Ma fabrication commence au premier coup de minuit et s’achève au dernier, au moment où mon père se retire de ma mère, roule de côté et se retrouve subitement plongé dans un sommeil sans rêve grâce aux cinq pintes de bière John Smith qu’il a bues au Bol-de-Punch, avec ses amis Walter et Bernard Belling. Lorsque j’ai été arrachée au néant, ma mère faisait semblent de dormir – comme elle le fait souvent en ces circonstances. Mais mon père a la santé et il ne se laisse pas décourager pour autant.

 

L’amour maternel

– Je n’aime pas le porridge, se hasarde à dire Patricia.
– Pardon demande Bunty
Ce simple mot tombe comme un glaçon sur le linoléum de la cuisine. (Notre mère n’est vraiment pas du matin).
Du Tac au tac, Bunty siffle :
– Et bien moi je n’aime pas les les enfants ! Pas de veine, hein ?

Le mariage pendant la coupe du monde de football

 – Cette saleté de Coupe du Monde ! dit-elle en se tournant vers Ted, l’écume aux lèvres. Tu n’as pas honte ? Est-ce que ton mariage n’est pas plus important que la coupe du Monde.
Ted ne peut s’en empêcher. Il a jusqu’ici passé l’essentiel de sa vie à mentir comme un arracheur de dents, mais, en cette occasion publique et capitale, nous le voyons avec horreur plonger, comme un parachutiste sans parachute, vers le roc dur et tranchant de la vérité.
– Pour sûr que non, dit-il. C’est la finale
Avec un bruit terrible la main de Sandra s’abat sur sa joue.

On en parle

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Ce n’est pas la couverture qui a guidé mon choix ! Il ne restait que ce livre à lire dans la sélection du mois de janvier au club de lecture, mais je ne l’ai pas regretté. C’est écrit par une auteure qui connaît bien cette période (le Ve siècle) et les légendes arthuriennes. L’histoire est pleine de rebondissements comme les adolescents doivent les aimer et les personnages ont une certaine consistance, on s’attache à eux et ont veut savoir ce qui va leur advenir. De plus, c’est une période qui m’a toujours intriguée : comment la civilisation gallo-romaine a-t-elle disparu ?
L’héroïne, Azilis, est une jeune fille d’une grande villa et vit comme une romaine mais le domaine de son père est menacé par les Francs qui dévastent tout et s’installent peu à peu dans la contrée. Fuyant un mariage qui lui répugne, elle accompagne son cousin dont elle amoureuse en Bretagne pour aider le roi des Bretons dans sa guerre contre les Saxons. Elle est protégée par son esclave, homme courageux et épris de sa maîtresse. Si on se laisse prendre à cette trame, somme toute ordinaire pour un roman d’aventures, c’est que le fond historique est bien documenté, les personnages sont complexes et peu à peu, on voit se dessiner les mythes de la légende du roi Arthur.Comment faire alors avec la magie des légendes celtes ? Je trouve que l’auteure s’en sort très bien . Sans nier le surnaturel, ni trop rationnaliser les enchanteurs et les fées elle permet au lecteur d’aujourd’hui de comprendre comment de tels personnage sont pu prendre toute leur place dans une société qui avait si peu de réponses face aux violences de l’époque.

Citation

La jeune fille la fixait d’un air implorant. Azilis comprit pourquoi elle l’avait suivie On la prenait pour un être aux pouvoirs extraordinaires parce qu’elle avait apporté Kaledvour à Arturus. Devenait magie la moindre déduction logique de sa part. Car qui ignorait que les jeunes gens se mariaient à l’automne, après la saison des combats et des moissons ?

On en parle

Link

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Je n’avais pas le choix, il ne restait que celui-là dans la liste des 15 livres de février. Je pensais le parcourir rapidement et non … C’est très intéressant, de plus François Clémenceau écrit dans une langue simple et précise. Chaque chapitre est l’occasion de traiter un des aspects de la civilisation américaine : la ville de Washington, l’obésité, la civilisation de la grosse voiture, la pollution, la peine de mort, l’immigration, les Indiens, l’ouragan Katrina, la femme, la religion, la guerre et Obama. Sa réflexion s’appuie sur des reportages et de multiples rencontres de personnalités d’opinions différentes. J’ai beaucoup apprécié la place qu’il donne aux gens qu’il interviewe. Ce n’est pas lui le sujet du livre mais ce sont les Américains.Sa réflexion s’appuie sur son expérience et un travail d’enquêteur qui semble très sérieux.Il ne s’est pas contenté des images de la télé : ses pages sur l’ouragan Katrina sont très émouvantes. Il est allé dans une petite ville Biloxi, il fait alors, remarquer qu’on n’a parlé que de la Nouvelle-Orléans et oublié l’ensemble de la côte qui a pourtant été totalement dévastée.
Il est allé voir, également, la pièce où l’on met à mort les condamnés, il a interrogé des partisans de la peine capitale et des opposants.Il décrit très bien les paradoxes de la pudeur excessive à nos yeux des américains qui interdisent aux petites filles les maillots de bain sans soutien-gorge sur les plages et en même temps la nudité entre gens du même sexe dans les vestiaires sportifs «  ainsi, dans le vestiaire des hommes de ma salle de sport, des garçonnets ouvrent de grands yeux sur la virilité triomphante ou désolante des quinquagénaires qui ne se donnent pas la peine de porter une serviette autour des hanches pour se raser ou se brosser les dents ». Sans parler des bars de strip-tease ni des Hooters que je vous laisse découvrir.La lutte contre l’obésité a commencé, mais elle semble bien difficile à mener car les firmes et les mauvaises habitudes alimentaires concernent surtout les enfants : « la tendance est à l’amélioration : davantage de légumes verts, moins de pomme de terre, des portions moins abondantes, des ingrédients plus digestes. Mais cela ne concerne que les menus adultes ; les enfants continuent à se voir offrir un cheeseburger de plus de 300 calories ; leurs pizzas étaient servies avec des frites. À cela s’ajoutait le traditionnel cheese-cake ou la glace et le soda servi en gobelet de 50 centilitres servi à volonté à la carafe. Bref, un seul repas approchait la quantité de calories recommandée par les pédiatres pour trois jours. »On espère que la victoire d’Obama pourra faire mentir ces chiffres « si l’on naît Noir aux Etats-Unis, on a une chance sur d’eux d’aller jusqu’au bac et une sur neuf de se retrouver en prison avant l’âge de trente ans ». Je pense que tous ceux qui ont vécu aux Etats-Unis ou qui s’y intéresse apprécieront ce livre : l’auteur semble sincère et honnête.

Le blog de l’auteur

link.

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Cette auteure a une place à part dans ma bibliothèque, dans une période difficile pour moi j’ai lu L’encre du poulpe, je m’y suis complètement retrouvée et ce livre m’a aidée à ressortir du noir absolu. Depuis, je lis tout ce qu’elle écrit, à chaque fois j’ai des bons moments sans être convaincue par l’ensemble du livre.Dans Chanson des Mal-Aimants, j’aime bien certains moments de vie de Laudes-Marie mais pas le roman sans que je sache bien expliquer pourquoi. On suit la vie de cette enfant abandonnée et albinos, ses drames et aussi ses moments de bonheur.

Citations

Le début est superbe

Ma solitude est un théâtre à ciel ouvert. La pièce a commencé voilà plus de soixante ans, en pleine nuit au coin d’une rue. Non seulement j’ignorais tout du texte, mais je suis entrée seule en scène, tous feux éteints, dans une indifférence universelle. Pas même un arbre ni un oiseau pour enjoliver le décor.

Sitôt née, j’ai été confié au hasard. Certes, ce n’est pas la plus fiable des nourrices, le hasard, mais ce n’est pas la pire. Père et mère, d’un commun désaccord en temps décalé, n’ont pas voulu de moi.

Très beau passage

 J’aimais les mots comme des confiseries raffinées enveloppées dans du papier glacé aux couleurs chatoyantes ou du papier cristal translucide qui bruit sous les doigts quand on les déplie. Je les laissais fondre dans ma bouche, y répandre leur saveur. Mes préférés étaient les mots qu’il fallait croquer ainsi que des nougatines ou des noix grillées et caramélisées, et ceux qui dégageaient un arrière-goût amer ou acidulé. Certains mots me ravissaient, pour la troublante douceur de leur suffixe qui introduisait de l’inachevé et un sourd élan du désir dans leur sens : « flavescence, efflorescence, opalescence, rubescente, arborescence, luminescence, déhiscence … » Ils désignaient un processus en train de s’accomplir, très intimement, secrètement… et j’avais forgé un mot sur ce modèle : « amourescence ». Dans l’espoir que par magie de ce vocable neuf un peu d’amour naîtrait dans le cœur évanoui de ma mère, et dans le mien, tout encroûté de larmes et de colère.

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Traduit de l’anglais par France Camus-Pichon

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Voici mon premier thriller, je n’ai réussi à le finir que, parce que j’ai lu le dernier chapitre avant la fin : le suspens étant presqu’intolérable pour moi.

L’idée du romancier est géniale : imaginer un « Sérial killer » commettant ses crimes en Russie soviétique en 1953. La date est importante, pour ce roman là aussi, la mort du « petit père des peuples », permet une fin plus heureuse que celle à laquelle le personnage principal s’attendait. Par un curieux hasard, j’avais lu très peu de temps auparavant, un livre témoignage : les enfants de Staline se passant à la même période, j’ai eu une impression étrange : comme si j’avais gardé en mémoire le cadre, l’arrière plan dans lequel l’imaginaire morbide de celui-ci pouvait se déployer.

Si ce roman reste une pure fiction, il n’empêche que la peinture de l’Union Soviétique sous Staline, de la famine en Ukraine en 1933, des méthodes de la police secrète, des interrogatoires des suspects si vite coupables, des orphelinats… en fait tout l’intérêt. L’enquête elle-même est passionnante, la réalité du pays y est intimement liée. Comme dans toute enquête, le héros devra lutter contre tout le monde ou presque pour que la vérité apparaisse dans un pays où le meurtre n’existe plus, contrairement aux pays capitalistes.

On ne peut pas conseiller Enfant 44 aux âmes sensibles car le meurtrier y est particulièrement abominable, mais tous les amateurs de thriller doivent (vont) adorer. Si ce livre n’est pas dans mes Préférence, c’est uniquement à cause de la violence des crimes. J’ai mis quelques temps à m’en remettre !

Citations

Ces rumeurs de meurtre prolifèreraient comme du chiendent au sein de la communauté déstabiliseraient ses membres, les inciteraient à douter d’un des principes fondamentaux sur lesquels reposait leur nouvelle société : La délinquance n’existe plus.

On en parle

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Encore « un cadeau » de mon club de lecture de Dinard. Je ne connaissais pas cet auteur et ce roman d’amour est un petit joyau. J’ai ri, toute seule en le lisant hier soir , il n’a pas comblé une insomnie, il m’a empêchée de dormir, il était hors de question que je ne le termine pas avant de dormir. Il est vrai qu’il se lit très vite, c’est comme une bouffée de plaisir. Le style est original, les personnages sont vivants et sympathiques, et l’histoire très touchante. Les notes en bas de page sont très drôles. Ce qui m’a complètement charmé, ce sont les petits tableaux de la vie quotidienne, moi qui ne sais jamais quoi boire dans un café, j’ai beaucoup ri, lorsque François réfléchit à ce que Nathalie va choisir à leur première rencontre.
J’ai quand même une sérieuse réserve sur la promo de son livre, on dirait un clip pour un chanteur : link.

Citations

Exemple de notes en bas de page

Les sièges sont si étroits au théâtre. Markus était franchement mal à l’aise. Il regrettait d’avoir de grandes jambes, et c’était là un regret absolument stérile

 

La location de petites jambes n’existent pas.

Les idées de François, lors de la première rencontre au café

Un thé ce n’est guère mieux. À peine rencontrés et déjà s’installe une sorte de cocon un peu mou. On sent qu’on va passer des dimanches après midi à regarder la télévision. Ou pire : chez les beaux-parents. Oui ; le thé c’est incontestablement une ambiance belle-famille.

Des phrases que j’aime

Il y a peut-être une dictature du concret qui contrarie en permanence les vocations.

 

Markus sortit du bureau aussi stupéfait que le soleil pendant une éclipse.

Des formules que je retiendrai

 Oui il était marié. Il nageait dans ce qu’il appelait la vie conjucalme.

L’auteur nous parle

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Il y a vraiment de très bons moments dans ce livre. On est pris par la description des deux personnages : Annette, femme du nord de la France que la vie n’a pas beaucoup épargnée et Paul, paysan qui vit dans une ferme du Cantal, entouré de deux oncles et d’une sœur qui aura bien du mal à faire de la place à l’intruse. La description du monde paysan m’a fait penser au film de Raymond Depardon « profil paysans : le quotidien, et la Vie moderne.

Autant les personnages sont bien décrits autant l’histoire est juste esquissée, c’est un peu dommage. La langue est étonnante souvent plaisante, le vocabulaire est parfois très (trop ?) recherché.

Citations

Exemples de mots qui m’ont étonnée

À l’automne, toute honte bue, ils vinrent à résipiscence ( ?) devant des confitures de fruits rouges.

 

Nicole brodait avec gourmandise sur telle ou telle gourle ( ?) notoire.

Belle phrase

…. des vieux garçons il est vrai pour la plupart ensauvagés de solitude et de boisson, après la mort des parents.

Le roman débute par une très belle évocation de la nuit à la campagne

 La nuit de Fridière ne tombait pas, elle montait à l’assaut, elle prenait les maisons les bêtes et les gens, elle suintait de partout à la fois, s’insinuait, noyait d’encre les contours des choses, des corps, avalait les arbres, les pierres, effaçait les chemins, gommait, broyait.

On en parle

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