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 Traduit de l’anglais par Anne RANINOVITCH.

4
Problème de traduction : je ne trouve pas que le titre français traduise bien le titre anglais : Never Let Me Go. J’espère que cela ne reflète pas le travail de la traductrice ! Toutes les critiques autour de ce roman se trouvent confrontées à la même difficulté : comment partager le plaisir de la lecture sans dévoiler l’intrigue qui est étonnante et fait pour une grande part l’intérêt de ce roman. Donc je ne dévoilerai rien. Au-delà de l’aspect science fiction, qui je l’espère ne sera jamais réalité, l’analyse des souvenirs et des sentiments venus de l’enfance est d’une finesse absolument remarquable. N’oublions pas que Kazuo Ishiguro a écrit «  Les Vestiges du jour », on retrouve la même précision dans l’analyse des sentiments et de la société britannique.

Ce que je peux rajouter, c’est qu’une fois terminée la lecture, j’ai pris un très grand plaisir à relire ce livre avec toutes les clés de compréhension. J’ai été sidérée de voir à quel point j’avais négligé les indices très clairement donnés dès les premières pages, un peu comme les enfants réunis dans ce lieu de Hailsham , j’avais tous les éléments pour comprendre , mais le voulais-je vraiment ? C’est une prouesse d’écrivain que de nous mener au même rythme que ces héros et nous forcer peu à peu à accepter la réalité qui nous fait peur.

 

Citations

Madame avait peur de nous. Mais elle avait peur comme d’autres avaient peur des araignées. Nous n’avions pas été préparées à cela. Nous n’avions jamais eu l’idée de nous demander ce que nous éprouverions si on nous voyait ainsi, si les araignées, c’était nous.

 

En tant qu’élèves de Hailsham, nous étions tous très spéciaux, et notre mauvais comportement était d’autant plus décevant.

 

Je pense que j’avais perçu qu’au-delà de cette ligne il y avait quelque chose de plus dur et de plus sombre, et que je ne le voulais pas. Ni pour moi, ni pour aucun d’autres.

On en parle

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 Traduit de l’Anglais (Afrique du Sud) par Françoise ADELSTAIN.

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4
C’est la première fois que ma participation à « masse critique » de Babelio est un succès total. Je ne pense pas que j’aurais entendu parler de ce livre autrement et c’est injuste pour la qualité de ce récit. Ce roman est absolument passionnant surtout pour la peinture de l’Afrique du Sud dans les années 60. J’ai une petite réserve à propos du parcours initiatique du jeune Simon, je le trouve un peu trop naïf mais ça n’enlève rien à la force et donne un peu d’humour au roman.

Le récit démarre dans un lycée de la capitale de « l’état libre d’Orange », le héros se retrouve confronté à un élève avec qui il a partagé ses années de primaire, Fanie. Un tournoi de tennis est organisé entre leur lycée plutôt classique et un lycée professionnel fréquenté par des afrikaners que les lycéens anglais méprisent en les appelant « les Clefs-à-molette ». Chaque rappel de ce qui s’est passé entre Fanie et Simon, est l’occasion pour le héros de se replonger dans son enfance. Nous voyons alors se dérouler la vie dans une petite ville de province afrikaner, c’est à peu près l’horreur. Racisme, intolérance, stupidité et étroitesse d’esprit tout cela béni par une religion obscurantiste sont au rendez-vous. Les adultes sont d’une lâcheté et d’une bêtise incroyables. On a parfois du mal à croire que tout cela se passe dans les années 60, on se dirait au début du 20° siècle. Le racisme n’est pas tant envers les noirs qui sont à peu près absents du livre, c’est entre les afrikaners et les anglais et entre les différentes religions.

Une personnalité noire sera l’objet d’un souvenir : une femme, Mary qui, pendant 8 ans, a lavé les cheveux dans un salon de coiffure et est mariée avec le jardinier de la famille de Simon. Un blanc prend sa place et elle est chassée sans aucun état d’âme : c’est la loi ! Il faut dix ans dans le même emploi pour qu’un noir puisse rester dans une ville blanche. Mary retournera dans une tribu à des centaines de kilomètres qu’elle ne connaît pas, laissant derrière elle un mari totalement désemparé. L’humour vient de la personnalité de la mère de Simon qui est un peu moins conventionnelle que les autres habitants du bourg. Le récit de l’instituteur sadique est terrible, mais hélas plausible (et cela pas seulement en Afrique du Sud).

Le jeune Simon se forme peu à peu à la sexualité des adultes dans un pays entièrement sous la domination de la religion, c’est vite de l’ordre du péché, même si c’est un prêtre qui l’initie à la masturbation « réciproque ». Steve, l’ami de Simon et Fanie, a le malheur de ne pas être de leur communauté, donc il sera jugé et condamné et mourra en prison parce que la femme du pasteur est sure qu’il est pédophile (ce qui n’est pas prouvé) alors que le prêtre lui semble très bien être accepté par la communauté et peut continuer à initier les jeunes garçons. Bref un monde étroit et pervers où l’originalité est considérée comme une offense aux « bonnes » mœurs.

J’ai été sensible à l’écriture de Michiel Heynes, (comment ne pas l’être ! et bravo à la traductrice), c’est un grand écrivain : il est nous entraîne dans un monde que je ne connaissais pas, nous fait sourire parfois et nous fait découvrir bien des ressorts cachés de l’âme humaine.

Citations

Le rugby étant le plus important, en réalité l’unique, dénominateur commun de la culture blanche en Afrique du Sud.

Nous en avions donc conclu que le père de Fanie était un homme sobre, et Louis van Niekerk avait déclaré d’un ton péremptoire : « C’est pour ça qu’il est fils unique. »

 

Son père l’avait retiré de l’école pendant un an parce qu’il avait découvert une référence à la théorie de l’évolution dans notre manuel de sciences naturelles.

 

Elle figurait comme dans notre livre d’histoire au titre de foyer d’une petite tribu indigène « amicale » -ce qui signifiait que les autochtones n’avaient opposé aucune résistance à l’occupation de leur terre par les Voortrekkers* (boers)

 

Je révérais tant l’autorité que je respectais même un de ses représentants aussi perverti que Mr De Wet ; je n’ai jamais perdu l’espoir absurde de plaire à cet homme dont le bonheur consistait à faire mail aux autres.

 

Klasie allait prouver que les Boers avaient en réalité gagné la guerre, en démontrant de façon décisive que les historiens anglais avaient falsifié tous les récits des combats, étant donné le fait bien connu que, ayant inventé l’écriture, les Anglais peuvent habiller la vérité à leur image.

On en parle

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4
Merci Dominique pour ce délicieux conseil. J’avais demandé un conseil de lecture : j’étais en train de lire une série de livres plutôt éprouvants . Et, j’ai reçu ce cadeau de lecture !

Il y a parfois des coïncidences agréables :

  • J’ai visité Bruges très récemment
  • Cet été, mes quatre petits fils ont su, à leur manière, me dire qu’ils étaient heureux que je sois leur « grand-mère »
  • Ma mère s’appelait Thérèse et ma grand-mère Augustine

La grand-mère du livre, celle que l’écrivain sait si bien faire revivre : Thérèse-Augustine ! L’amour du petit fils pour sa grand-mère est très bien raconté et ne peut que vous émouvoir. Il sait donner vie à cette femme qu’une trop rude enfance paysanne, voulait laisser dans l’ignorance de la culture.

Thérèse-Augustine découvrira les plaisirs de la lecture avec son petit fils, c’est une belle leçon d’optimisme pour ceux à qui l’âge fait peur. L’auteur sait aussi, (sa biographie nous dit que Charles Bertin est poète) décrire les plaisirs des jardins et dela mer. Certaines pages sont de petits poèmes en prose. Un court mais réel plaisir de lecture, un livre que je recommanderai à mon tour.

Citations

Elle ne pardonna jamais à son père la violence qui lui avait été faite en la retirant de l’école à douze ans. Ce fut le vrai drame de son existence : un demi-siècle plus tard ; l’amertume d’avoir été flouée la tenaillait toujours.

 

Au fil des mois, la pratique des livres dans laquelle elle n’avait vu à l’origine que le symbole de sa libération et l’instrument d’une revanche sur le destin, finit par se muer en passion toute pure.

 

O Thérèse-Augustine, ma grand-mère des groseilles de juin qui tricotiez en me racontant votre vie sur le perron aux capucines, bien des poètes, c’est vrai, firent moins bien que vous.

Pour le style

Mais la véritable fête, c’est la lumière qui me la donnait : les jeux conjugués de la pluie et du soleil transformaient mon repaire de verdure en une manière de grotte océanique où tous les tons du vert, du jade au céladon, de l’émeraude à l’aigue-marine, rivalisaient dans cette pénombre élyséenne criblée de rayons. La plus mince ramure baignait dans une mousse de lumière dorée qui paraissait puiser son éclat à quelque fabuleuse source intérieure. Je ne me lassais pas de contempler à travers l’épaisseur du feuillage encore nappé de pluie, mais d’où montaient déjà les premières vapeurs, l’irisation des gouttes suspendues qui, durant un moment dont j’aurais souhaité prolonger les délices, continuaient l’une après l’autre à se détacher, comme à regret, de l’extrême pointe des feuilles vernissées. Je ne savais pas encore que je découvrirais dans cet avènement éphémère d’une œuvre de la nature une préfiguration du plaisir que je trouverais un jour dans les accomplissements de l’art des hommes.

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Traduit de l’anglais par Gilles Berton.
4
Fin de mon été dans le monde du nazisme, cette fois avec trois romans policiers. Je ne suis pas une spécialiste du genre, mais l’idée me semblait géniale  : créer un détective privé sous le régime hitlérien. Philip Kerr est anglais (écossais exactement) je trouve ce détail important, il connaît parfaitement la période mais il met dans la création de ce personnage un petit côté libertaire qu’on ne retrouve pas dans les études historiques. Ceci dit, cet auteur sait faire revivre cette période à travers la personnalité de Bernie Gunther, la quatrième de couverture le compare à Philip Marlowe, les amateurs apprécieront.Si je suis allée jusqu’au bout de la trilogie, c’est pour comprendre une nouvelle fois comment cette violence a pu s’imposer en Allemagne. Vu sous cet angle, les deux premiers sont très réussis .Le dernier qui se passe à Vienne dans l’immédiate après-guerre m’a un peu déçu. J’aurais aimé comprendre ce que les allemands ont éprouvé en se rendant compte de leurs erreurs.On comprend qu’en 1947 :

  • les Allemands se sont unis dans la haine du communisme,
  • Vienne était un horrible nid d’espions,
  • tous les coups étaient permis,
  • les services de contre-espionnage ont permis à des Nazis de s’en sortir au nom de leur hostilité réciproque,
  • les Allemands ont détesté l’occupation française (armée de vaincus)
  • les Russes n’ont pas hésité à tuer, piller, violer.

Ce que j’aurais voulu savoir : Est-ce que les Allemands se sentaient responsables et de quoi ? Par contre sur l’intrigue policière de ce même volume est complexe et sans doute plus intéressante. Bref à lire pour tous ceux qui aiment la littérature policière.

Citation

Nous vivons dans la peur, la peur des Popovs surtout. Et cette angoisse n’a d’égale que celle quasi universelle, des maladies vénériennes, qui ont presque tourné à l’épidémie ? D’ailleurs ces deux fléaux sont généralement considérés comme synonymes.

 

La pièce avait quelque chose de typiquement allemand, c’est-à-dire qu’elle était à peu près aussi intime et chaleureuse qu’un couteau suisse.

On en parle

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4
Encore une bonne surprise de notre club. Je ne me précipitais pas vers la lecture de cet essai qui restait sur le rayon de la bibliothèque destiné aux membres du club, car je ne pensais pas y découvrir grandes nouveautés. Erreur, j’ai appris des choses amusantes, comme la difficulté de Madame Thatcher à utiliser le « nous » pour parler de son action au gouvernement. Elle a fini par si bien apprendre sa leçon que, pour annoncer la naissance de son premier petit fils, elle déclara : We have become a grandmother (Nous sommes devenue grand-mère).

Le charme du livre vient du ton utilisé par l’auteur, c’est drôle léger et impertinent. De plus, il puise ses observations dans un grand nombre de langues, parfois très originales. Les remarques sur les subtilités du vocabulaire de la syntaxe et des expressions sont vraiment drôles et intéressantes. J’ai été moins convaincue par la dernière partie sur l’apprentissage. Son livre est enrichi de cinq portraits de personnes parlant plusieurs langues dont la vie est marquée par cette capacité linguistique. Alex Taylor donne envie de connaître Fernando, il parle 16 langues. Quelle chance, il a ! Comme lui je pense que :

« Parler une langue étrangère, crée une deuxième personnalité et une deuxième vie. »

Lui, il en a donc 16 !

Citations

 En Gallois, Gath est un chat lorsque son maître est masculin. On imagine la perplexité de l’infortuné félin dès lors qu’il tombe entre les mains d’une maîtresse et qu’il se voit transformé en chath. Ce n’est donc pas si évident pour les habitants d’Aberystwyth d’appeler un chat un chat.

 

Ces fioritures ne sont pas sans rappeler la proposition de Jack Lang dans les années 1990, qui essaya de rebaptiser les personnes du troisième âge « les flamboyants »

 

À Berlin, on ne cherche plus comme dans le passé une femme de ménage, Putzfrau mais une tonique Putzkraft, une puissance nettoyante.

 

La BBC organisa récemment en consultation avec des milliers de linguistes un concours pour trouver le mot « le plus intraduisible du monde » .Le champion est ilunga de la langue tchiluba parlée au sud-est de la République du Congo. Il désigne une personne disposée à pardonner un affront une première fois, à le tolérer lorsqu’il est commis une deuxième fois mais qui rejette l’idée de pardon si l’affront est commis une troisième fois.

On en parle

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Traduit de l’anglais par Annick Le Goyat.

4
Sous la forme de sept lettres adressées à un dirigeant Chinois, venu visiter L’Inde pour comprendre le dynamisme de ce pays , Balram Halwaï se charge de le lui expliquer. Pour moi, c’est un livre à offrir à tous ceux qui ont visité l’Inde ou qui veulent le faire. On est loin de l’idée que les pauvres sont heureux dans leur misère et n’envient pas notre facilité de vie. Certaines descriptions sont à la limite du soutenable, par exemple l’hôpital public, où le père du personnage principal mourra sans avoir vu de médecin, dans des salles d’une saleté repoussante. La corruption est partout, les familles dominantes ne lâchent pas un iota de leur puissance et si, dix pour cent de la population vit bien sur le dos des quatre vingt dix pour cent de malheureux qui se tuent gratuitement à la tache, c’est que les familles sont autant d’otages aux mains des puissants barons de cette mafia.

Toute la société indienne est passée au crible et rien ni personne ne sortent indemnes du regard attentif et accusateur de Aravind Adiga. Sur la quatrième de couverture on lit « Roman écrit au scalpel et même à la chair du sous-continent… » C’est vrai.

Pour autant le talent de l’écrivain ne rend pas ce livre étouffant, mais implacable. Je me suis dit que je me servirai de ce livre pour expliquer pourquoi je n’irai jamais en Inde (Pour être très honnête, j’ai beaucoup de mal à voyager…) Le passage sur la description du Gange répond à une de mes interrogations : Comment peut-on prendre un bain dans le Gange qui visiblement sert à tout dans ce pays ? Réponse il ne faut surtout jamais le faire.

Citations

Je vous déconseille fortement un bain dans le Gange, à moins que vous n’aimiez avoir la bouche remplie d’excréments, de paille, de fragments de corps humains détrempés, de charognes de buffles, et de toutes sortes d’acides industrielles.

 

En résumé il y avait autrefois mille castes et destins en Inde. De nos jours, il ne reste que deux castes : les Gros Ventres et les Ventres Creux.
Et deux destins : manger ou être mangé.

 

 Il existe trois maladies majeures dans ce pays, monsieur : la typhoïde, le choléra, et la fièvre électorale.

 

Les rêves des riches ne coïncident jamais avec ceux des pauvres, n’est ce pas ? Toute leur vie, ces derniers rêvent d’avoir assez à manger et de ressembler aux riches. Et de quoi rêvent les riches ?
De perdre du poids et de ressembler aux pauvres.

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4Chaudement recommandé par ma libraire de Dinard, je m’attendais à un grand plaisir de lecture. Je n’ai pas été déçue et je mets sans hésiter ce livre dans mes préférences. Il faut dire que je lui dois déjà la découverte de Tonino Benaquista, à ma libraire. On ne remerciera jamais assez les personnes qui vous font découvrir un nouvel univers romanesque.

Ce livre est une pure merveille et s’il n’a pas ses cinq coquillages c’est pour un détail qui ne regarde que moi. Madame Jackson institutrice à la retraite, femme très âgée, a failli se laisser mourir, noyée dans sa maison inondée à cause des digues qui ont rompu, parce qu’elle n’a pas voulu abandonner son chien. Moi qui vis dans une ville avec des mémés à chiens , je suis devenue intolérante ( mais ai-je vraiment jamais supporté les crottes de chien sur les trottoirs ? ? ?)

Tout cela nous éloigne d’un livre superbe, on suit les pensées pas toujours cohérentes de cette femme qui a adoré son fils, mais a refusé son homosexualité. Nous sommes en 2005 dans le Delta du Mississippi , l’ouragan Katrina va détruire, en particulier, les quartiers habités par les noirs de la Nouvelle-Orléans.Une grande partie du siècle défile devant nos yeux avec l’angoisse que Zola n’arrive pas à survivre à la catastrophe qui engloutit peu à peu son quartier.

Son amour pour son fils est très beau,c’est une mère abusive mais elle est touchante dans ses excès. Le personnage du mari et son amour pour celui qui a construit cette maison qui résistera à l’ouragan est très intéressant également. L’intérêt du livre, c’est ce voyage dans sa mémoire, donc dans la mémoire des états du sud des Etats-Unis et de voir que malgré tout son affection maternelle, elle a pu se tromper à ce point sur son fils, elle l’a rejeté quand, par amour, il a refusé les postes prestigieux et surtout elle n’a pas pu supporter qu’il soit amoureux d’un homme et de plus d’un homme blanc. Son passé explique en partie son refus mais pas seulement.

Dans les citations, je mets un petit passage sur le chien, c’est rare que dans un livre on dise que les chiens pètent dans la vraie vie, ils le font souvent surtout les labradors et ça sent très mauvais. Franchement, j’exagère le livre se veut grave poétique et profondément humain et je vous ennuie avec son chien …

Citations

 Lady (c’est le chien) m’a regardée de son air sans-y-croire ….. elle a reculé d’entre les genoux du collègue, puis elle a quitté le salon en pétant discrètement.

On pourrait se trisser…. sauf qu’on ne quitte pas cette ville. On y est né, on y a souffert à peu près tout ce qu’une créature du Seigneur peut encaisser, et on y reste.

De même que je n’étais pas d’accord pour les réunions Tupperware, pas d’accord pour les réunions Avon, je n’ai pas joué le jeu du window treatment où les dames du quartier rivalisaient par fenêtres et froufrous interposés.

Il ne faut pas grand-chose pour se faire détester dans ce pays où tout le monde aime son prochain, comme il est ordonné par la constitution.

Et puis … quelle faveur, quel sursis demander au Ciel ? Le ciel, c’est juste ce qui nous tombe sur la gueule.

On en parle

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4
Roman destiné aux adolescents, ce roman peut séduire un public assez large de l’enfance aux adultes. C’est un plaidoyer contre tous les obscurantismes. Elvina jeune fille juive vivant au 11e siècle n’a pas le droit d’apprendre. Elle est interdite d’école et d’études parce que c’est une fille ! Or l’écriture la passionne et rien ne pourra l’empêcher d’apprendre.

On voit de l’intérieur d’une famille, pourtant très érudite, tous les interdits religieux qui sont autant de frein à la compréhension du monde. Au- delà de la petite communauté rode les hordes des croisés, et la peur qu’ils anéantissent tous les juifs avant de partir en terre sainte. Comme le récit est vu à travers le personnage d’Elvina, c’est très facile à lire et permet de revivre cette époque. Le point de vue sur les croisades n’est pas exactement celui que j’avais appris à l’école mais c’est vrai qu’il n’y a plus aujourd’hui grand monde pour chanter les louanges des valeureux croisés !

Le mazal ? C’est l’ange gardien d’Elvina à qui elle écrit tout ce qui la perturbe, un peu comme les adolescentes d’aujourd’hui remplissent des cahiers intimes.

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C’est avec une grande tristesse que j’ai lu ce livre, par ailleurs excellent. Je savais bien que la Chine maoïste ne correspondait en rien à mes croyances de jeunesse, mais « Petit Mao » va plus loin, il détruit dans une machine à broyer les moindres illusions tous les mythes maoïstes. En plus de l’horreur qui s’est abattue sur les lettrés de cette grande civilisation, il y a la douleur personnelle d’avoir prêté une oreille positive à toute cette propagande. Comment croire que tuer tous les oiseaux de Chine, pouvait aider à résoudre la famine ! ! Comment croire que les textes des siècles anciens étaient droitiers et qu’il fallait tous les brûler, comment croire qu’il fallait humilier, jusqu’à la mort, l’intelligence.Le roman est bien imaginé, un enfant construit sa vie sur le désir de retrouver sa mère qui a été la première femme de Mao. Il est confié à un couple communiste et lettré. Cela permet à l’auteur de décrire les tragédies de la Chine communiste d’un point de vue original. Comme souvent dans ce genre de livre qui remet en cause les choix politiques d’un pays, je préfère l’écriture de ceux qui ont eu à en souffrir. Les Chinois sont nombreux à écrire je rappellerai juste la force et l’humour de « Balzac et la petite tailleuse Chinoise » de Dai Siji.

Citation

– Tu hésites parce que ce porc est ton père ? aboya un garde à mes oreilles.

La meute se déchaîna.

– Nos pères ne sont rien ! S’ils trompent le Parti, les fils ont le devoir de les éliminer. Nous sommes les fils de la révolution, pas ceux de nos pères ! Frappe-le !

– Mort aux pères ! hurlèrent-ils.

Et ils m’obligèrent à gueuler avec eux.

– Mort au père, criai-je.

Comment auraient-ils deviné que mon cri s’adressait non à l’homme que je vénérais et qui souffrait sous leurs tortures, mais à celui qui en était l’instigateur, Mao Zedung lui-même ? Dérisoire et invisible victoire.

Seul Wang Yi comprit la vérité de cet hallali.

On en parle

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4
Libres, ces deux auteures le sont, leur dialogue est sous le signe de la liberté de penser et de « dire » tout ce qui concerne la place de la femme dans les religions. J’avais entendu l’interview de Talisman Nasreen sur France Culture et j’avais été si séduite par son intelligence et son courage que j’ai aussitôt acheté son livre. C’est très facile à lire, et j’ai beaucoup apprécié la façon dont, lorsqu’elles ne sont pas d’accord, elles confrontent leurs arguments.

Toutes les deux défendent la laïcité, la liberté de penser et de s’exprimer. Pour ces idées-là, l’une est menacée de mort et chassée de son pays, l’autre est mal comprise par sa famille politique : le risque n’est évidemment pas de même nature comme le souligne Caroline Fourest. La gauche française supporte mal, en effet, qu’on critique l’Islam. Taslima Nasreen est beaucoup plus radicale que la journaliste française sur la critique de l’Islam. Pour elle, cette religion prône la violence et la soumission par la force de la femme. La solution ne pourra venir que par l’éducation et par la pratique de l’esprit critique.

Je pense que c’est un livre à lire dans le débat actuel qui oppose la laïcité française à l’Islam et aux intégrismes de toutes les religions qui ne se différencient plus, alors, des sectes.

Citations

Talisman Nasreen

Ma mère n’était pas religieuse à l’origine. Elle l’est devenue lorsqu’elle a découvert que mon père la trompait. Elle était en permanence ignorée et insultée par mon père. Elle était tellement malheureuse qu’elle s’est réfugiée dans la religion.

Saint Paul cité par Caroline Fourest

« L’homme, lui, ne doit pas se couvrir la tête, parce qu’il est à l’image et à la gloire de Dieu : quant à la femme elle est à la gloire de l’homme. »

Caroline Fourest

Quand je pense que certains français musulmans pensent être des citoyens de seconde classe dans un pays laïque… Ça donne envie d’organiser des voyages scolaires à la rencontre des minorités religieuses de pays comme le Pakistan, le Bangladesh ou même l’Egypte.

Talisman Nasreen

Tant qu’une femme est opprimée et sans défense, les gens l’aiment et compatissent. Mais dès qu’elle refuse de tester exploitée ou étouffée, dès qu’elle se lève et se tient droite, qu’elle impose ses droits, qu’elle brise le système social pourri qui l’enchaîne afin de libérer son corps et son esprit, elle n’est plus admirable – elle devient haïssable.

Talisman Nasreen

Les intégristes musulmans m’ont attaquée, ont lancé des Fatwas contre moi, ont mis ma tête à prix et ont organisé de violentes manifestations, mais pas un seul n’a été puni. C’est moi qui suis punie….Moi j’ai perdu ma maison mon rêve, sans rien avoir à me reprocher. Je dois subir l’exil.
Mon pays , mon chez moi, ce sont les gens qui croient aux droits de l’homme, de la femme et à l’humanisme laïque.

On en parle

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