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3
Moment absolument délicieux mais ambiguë : la première année de retraite après une vie active bien remplie. L’auteur Fanny Chesnel, malgré sa petite trentaine, a su croquer ce moment si particulier. Sa jeunesse a entraîné son roman dans une histoire d’amour torride, peu crédible, qui m’a un peu gênée et puis finalement j’ai tellement bien ri que je me suis dit pourquoi pas ?

Caroline part à la retraite, avec comme cadeau de la part de ses filles, un abonnement au club du « Nouvel âge », club qui permet aux retraités de pratiquer toutes sortes d’activités. Chacune des activités est l’occasion d’un moment d’humour et de tendresse vis-à-vis des personnes oisives qui jouent à s’occuper.

La séance d’œnologie où tout le groupe finit bien éméché est très drôle, la marche où les quelques hommes comparent leur matériel High Tech m’a fait penser à mon activité du mercredi, la séance de poterie m’a fait sourire. Mais j’ai vraiment éclaté de rire quand Caroline se méprend sur le contenu de la petite boîte de bonbons à la violette. Elle envoie son trop jeune amant dans le magasin spécialisé en bonbons de qualité pour trouver les dites petites boites alors qu’il y avait stocké un paradis plus artificiel. Le quiproquo est bien raconté : la gêne du vendeur et de Julien son amant, sa propre naïveté et son obstination à bien faire !

Tout ce que l’auteur a saisi des différences de générations est amusant, comme cette jeune esthéticienne qui lors d’une séance d’épilation dit très fort dans le salon : « Je vous dégage l’anus, ou on reste sur quelque chose de plus sobre ? ». Comme l’a dit une femme du club de lecture de Dinard, c’est un roman qui vous fait éclater de rire. C’est rare, rien que pour cela lisez-le cet été et offrez-le à toutes les femmes qui partent à la retraite.

Je ne suis pas sure qu’il fasse autant rire les jeunes générations (Je parie qu’on tirera un mauvais film à la française de ce livre).

Citations

 Un bon retraité est un retraité en bonne santé. La plupart d’entre nous portent des montres High Tech- cadeau de Noël de leurs enfants en mal d’idées originales probablement – qui mesurent leur poids, leurs dépenses caloriques, leur vitesse, et qui font même GPS.

 

 À présent, je vais finir mon ouvrage et essayer de trouver ça mignon. C’est le mot que tout le monde employait d’ailleurs quand je me baladais avec les colliers de nouilles que les filles me confectionnaient. Le fait maison n’est pas noté pareil, tout est dans l’intention. Au nom de toutes les croûtes qu’elles m’ont offertes, je revendique le droit à la vengeance. Tiens, je vais de ce pas leur confectionner à chacune un joli petit paquet et hop : une coupelle apéro en terre cuite et un cendrier informe. Qu’elles s’estiment heureuses encore. Si j’étais vraiment méchante, je soudoierai Sylvianne pour qu’elle leur lègue son amphore !

On en parle

Cuneipage

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 Traduction Philippe Giraudon.

3
L’été, j’aime bien lire des bons romans, un peu longs qui m’entraînent dans des univers différents du mien. Je n’aime pas trop les romans historiques, je traînais donc dans ma bibliothèque préférée (à Dinard) et la bibliothécaire, m’a proposé celui-ci, en me disant « ce n’est pas ton genre mais ça peut te plaire ». Elle a gagné, je m’y suis plongée et je n’en suis sortie que quatre jours plus tard.

C’est un roman pastiche des romans Victoriens. Tout y est : les bas fonds de Londres, la richesse et la décadence de la noblesse anglaise, les histoires compliquées d’héritage et l’enfant que l’immonde oncle croyait avoir assassiné et qui réapparaît. Et même le Happy End final. On a tous lu des histoires similaires dans son enfance ou adolescence.

Cela permet de soutenir l’intérêt du lecteur , car l’histoire est touffue et souvent sordide , mais le côté novateur et passionnant de ce roman, c’est la construction de la personnalité de Rose Des circonstances exeptionnelles ont obligé cet enfant puis adolescent à garder l’apparence d’une fille alors qu’il était un garçon. Et cela pendant 17 ans ! C’est très bien raconté, on s’attend toujours à une catastrophe qui arrivera finalement.

Les différents cadres où se passe l’action sont très importants pour ce roman, j’ai vraiment cru que ce château était réel, il correspond à des images tellement classiques vues au cinéma ou dans des illustrations que, finalement, il existe bien dans l’imaginaire de chaque lecteur.

Il y a un passage où j’ai lâché prise, c’est lorsque le personnage arrive en Turquie pour retrouver la source d’Hermaphrodite, j’ai alors lu en diagonale.Si cet été vous avez envie d’un roman ,celui-là n’a d’autres ambitions que de vous embarquer dans la fiction et dans vos souvenirs de Dickens, en même temps il vous fera réfléchir sur la construction de la personnalité d ‘un être humain.

Citations

 Après avoir porté le deuil de son époux – une année en noir, deux en gris puis encore deux en gris clair-, lady Loveall était passé directement à celui de sa fille, puis à celui de sa sœur, avec qui elle était brouillée. Quand elle eut épuisé les ressources des autres, elle porta son propre deuil.

 

Sa mère ne s’intéressait pas aux enfants, et encore moins aux siens qu’à ceux des autres. Elle détestait les toucher….. À ses yeux, l’enfance n’était que l’état ennuyeux après lequel la conversation devenait possible. Encore faut-il avouer que Lady Loveall avait plus besoin d’un muet admirateur que d’un interlocuteur.

 

Toute réponse évidente est un mensonge.

 

Pour la première fois de ma vie, j’éprouvai un sentiment qui me serait familier à l’avenir : celui d’essayer en vain de convaincre une personne de la réalité d’un fait qu’elle ne pouvait pas comprendre.

 On en parle

Lulu off the Bridge

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Traduit de l’anglais (États-Unis) par Christophe Magny.

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3
Je ne serais pas allée naturellement vers ce livre et j’aurais eu tort, que « Babelio » en soit remercié, cela m’a permis découvrir un livre intéressant et de réfléchir à un problème qui empoisonne l’humanité depuis plus de 60 ans. Tous ceux qui s’intéressent à Israël et à la Palestine, devraient lire ce livre. S’ils ont déjà des réponses toutes faites, ou bien s’ils sont, par avance, convaincus par leur cause, ils n’apprendront rien, mais s’ils cherchent à comprendre, encore une fois, comme moi, ils verront que rien n’est simple dans ce conflit.

La maison au citronnier n’est pas un roman, ce livre est né d’un documentaire sur une maison à Ramla qu’une femme israélienne a ouverte aux enfants arabes de son pays afin d’en faire un lieu de paix. L’auteur suit le destin des deux familles, celle de Dalia juive bulgare échappée aux bourreaux nazis, et celle de Bachir chassée de chez elle à cause de la naissance de l’état d’Israël. Il s’attache à respecter scrupuleusement le point de vue des deux parties et plonge son lecteur dans l’horreur inextricable de deux communautés qui ne peuvent que s’exclure. Pourtant, entre Bachir et Dalia , un lien fragile existe et peut-être un tout petit espoir. Très faible en effet : Bachir et sa famille ne comprendront jamais pourquoi ils ont dû partir de chez eux, et Dalia sait que si on autorise les Palestiniens à revenir Israël n’existera plus.

Deux souffrances terribles et l’amour d’une même terre peuvent-ils permettre de vivre ensemble ? Je ne sais pas, l’auteur non plus mais au moins, pour une fois, juifs et palestiniens, sont réunis dans un même livre et rien que pour cela ce témoignage est remarquable.

Citations

(Début du livre)

La maison dépeinte dans cet ouvrage existe réellement, de même que le citronnier qui se trouve dans sa cour… la maison aux deux histoires.

 Les Israéliens qui venaient déposer ces gerbes honoraient ce qu’ils appelaient leur guerre d’indépendance ; Bachir appelait ce même événement la « nakba », la catastrophe.

 Pour moi, Sion est l’expression d’un désir très ancien, un mot qui symbolise un refuge pour mon peuple, et notre expression collective ici. Pour lui, c’est un régime de terreur qu’il a le devoir de combattre, auquel il doit résister par tous les moyens. Car pour lui, le sionisme est le règne de la terreur, et le terrorisme est donc une réponse adéquate !

Dalia haussait le ton : « Non, je ne peux pas combattre une erreur en en commettant une autre.Cela ne mène nulle part. »

On en parle

Critiques futiles

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Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Lucie Delplanque.

3
Je voulais comprendre ce qu’était Facebook. J’ai donc lu ce livre et j’ai bien compris , je le recommande donc, à tous ceux ou celles, qui se posent des questions sur ce phénomène. Le livre n’a pas d’autre intérêt que de nous faire comprendre le monde très particulier d’une création sur Internet qui fait gagner beaucoup d’argent. L’écrivain n’a pas pu rencontrer Mark Zuckerberg (le personnage principal) alors il raconte cette histoire à partir des témoignages de ceux qui ont entouré le petit « génie » puis se sont séparés de lui avec procès à la clé. J’ai compris ce qu’était Facebook, c’était le but par contre cela ne rend pas le monde des petits génies d’Internet très sympathique.

L’idée est simple : en ne donnant qu’une adresse email chacun peut retrouver immédiatement tous les gens qu’il a connus et qui sont sur le site Facebook. Le nombre fait que la publicité y est rentable et donc la société vaut beaucoup d’argent. On peut résumer la chose en une formule pour se venger des filles qui ne le regardaient jamais, Mark Zuckerberg a inventé le moyen le plus rapide de rencontrer des gens. Et lui, a toutes les filles qu’il veut car il est très, très, riche !

Depuis je suis sur Facebook… Mais je n’ai rencontré personne.

Citations

Le type à la droite d’Eduardo, un grassouillet d’un mètre soixante-cinq, était membre de l’équipe d’échecs de Harvard et parlait couramment six langues. Rien de vraiment utile en matière de drague.

 

Pour un observateur extérieur la relation qu’il entretenait avec son ordinateur semblait bien plus harmonieuse que toutes celles qu’il pouvait créer avec le monde extérieur. Mark ne semblait jamais aussi heureux que devant son écran.

 

Même à Harvard, la plus prestigieuse université du monde, il n’était en réalité que question de cul. To fuck or not to fuck. Il y avait ceux qui s’envoyaient en l’air et les autres.

 

 C’était un outil inouï pour lubrifier les rapports sociaux. Tout allait beaucoup plus vite. Sur Facebook, vous connaissiez déjà les gens que vous invitiez à être vos amis en ligne, même si vous ne leur aviez parlé qu’une fois.

On en parle

Stef au pays des livres.

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3
Je me rends compte que je n’ai pas fait d’article pour « Les Adieux à la Reine » alors que j’ai vraiment adorée de la même auteure « Le testament d’Olympe » est un roman en deux parties, ce qui permet à Chantal Thomas de balayer l’ensemble de la société sous Louis XV, l’enfance d’Olympe se passe à Bordeaux dans une famille bien née mais très pauvre, misérable même, car le père refuse de travailler pour d’obscures raisons religieuses. C’est Apolline qui raconte la vie d’Ursule sa sœur ainée qui deviendra Olympe. À la mort de cette dernière, elle retrouve son cahier. Olympe vient de mourir dans l’extrême misère après avoir été la maîtresse du roi grâce au duc de Richelieu, gouverneur d’Aquitaine.

La deuxième partie c’est, donc, la vie d’une favorite du roi Louis XV. J’ai beaucoup aimé la première partie moins la seconde, c’est tellement sordide de voir les hommes les plus puissants du royaume satisfaire tous leurs plaisirs alors que la majorité de la population ne connaît que la misère, la faim la maladie, la mort. Il faut reconnaître que la maladie touche aussi les riches, leur fin est moins sordide, mais ils meurent aussi beaucoup. J’ai pensé en lisant ce roman (les mêmes faits sont d’ailleurs évoqués : les enlèvements d’enfants pour assouvir les plaisirs sexuels des seigneurs libertins à « la marche rouge » de Marion Sigaut », étude intéressante mais absolument insoutenable car très bien documentée).

J’ai trouvé passionnant dans ce roman, la description de l’emprise de la religion du haut en bas de la société, le moins croyant c’est sans doute le duc de Richelieu . le Roi, lui-même, est hanté par le péché ce qui ne l’empêche pas de se livrer à tous ses plaisirs et d’être d’une cruauté absolue quand il veut se débarrasser de quelqu’un. Le XVIIIe siècle français décrit dans ce roman ne méritent guère l’appellation « siècle des lumières » mais plutôt celui des obscurantistes religieux, des injustices et du malheur absolu d’être une femme.

Citations

 Il était une chose qu’il honnissait en particulier et dont il se préservait davantage que de la peste : le travail, malédiction originelle, penchant ignoble péché d’orgueil et de désespoir. Il fallait être bien prétentieux par rapport au pouvoir de la Nature pour oser se targuer d’en obtenir davantage que ce qu’elle nous offrait, et bien méfiant par rapport à Dieu pour ne pa s s’en remettre, dans l’insouciance à son parfait Amour. « Est-il ou n’est-il pas notre Père ? » proférait mon père en levant vers le plafond cloqué d’humidité de la cuisine.

 

Nous étions entourés de laborieux de toutes espèces, de gens qui, manifestement, doutaient de la main de Dieu

 

Je fus longtemps malade, sans doute gravement, puisque la cérémonie de ma première communion se joignit à celle de l’extrême-onction. C’était chose banale à Notre-Dame-de-la –Miséricorde, comme dans tous les couvents, où mouraient en grand nombre, surtout les premiers mois de leur séjour, les pensionnaires,-mais nulle part autant qu’à Saint-Cyr, véritable mouroir de petites filles.

 

Le sujet parfait est l’homme qui jouit de se ruiner pour une femme qui lui refuse tout.

 

Ce qui me répugne le plus chez Voltaire, ce n’est pas le traitre, ce n’est pas le philosophe athée-encore que les libres penseurs me fassent horreur-, c’est le vil courtisan, le flatteur. Si je pouvais lui retirer sa charge d’historiographe du royaume, pour laquelle je le paie deux mille livres par an, sans que mon geste provoque une affaire d’Etat je le ferais …

On en parle

Ma librairie.

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3
Lors de notre dernière réunion du club de lecture, j’ai senti un enthousiasme très fort pour cet auteur, et j’ai donc lu le roman auquel les lectrices avaient accordé un grand coup de cœur la dernière fois. Je comprends bien le plaisir de lire un roman facile à lire qui surfe sur les sombres réalités de la guerre 14/18 et la vie intellectuelle de cette époque, mais je reste plus réservée sur les qualités de ce roman.

Il est vrai que « Retour parmi les hommes » ne manquent pas d’attraits : Philippe Besson décrit très bien la beauté du sentiment amoureux, et la finesse des rapports entre homosexuels. C’est très finement et précisément évoqué, on se laisse porter et on ressent bien ses joies et ses tristesses et comme la Mort est présente à toutes les pages, le tragique nous touche.

Pour tout le reste du roman, c’est comme une succession d’images rapides sur l’ensemble d’une société et du monde, un condensé du « Voyage au bout de la nuit » sans le talent de Céline. On suit un périple en Afrique en Amérique et on revient en France. Tout est rapidement évoqué, le colonialisme au Liban, l’arrivée des émigrants à Ellis Island, la réussite américaine, l’étroitesse d’esprit des gens d’une famille « coinçoss » du XVI° arrondissement, la condamnation de l’homosexualité, Radiguet, Cocteau…

Le talent de cet auteur, c’est de tout évoquer sans s’appesantir sur rien, et donc faire appel à nos souvenirs littéraires pour combler ce qu’il ne nous raconte pas. Ça marche assez bien, il est vrai que les romans fleuves des grands familles Bourgeoises, des Boussardel au Thibault (je les ais à peu près tous supprimés de ma bibliothèque : c’est illisible aujourd’hui) racontent bien les étroitesses d’esprit de cette époque, Philippe Besson n’y consacre que quelques lignes. Les avoir lus me permet de comprendre immédiatement ce genre de formules « Ma mère, confite dans le souvenir, n’a touché à rien », immédiatement je plante le décor de cet appartement aux tentures trop lourdes, aux meubles signés renfermant des secrets de famille qui ont tant fait souffrir les enfants.

J’espère ne choquer personne (en particulier pas mes amies qui ont parlé de chef d’œuvre à propos de ce livre) en disant qu’on retrouve dans ce roman la marque du zapping de notre époque, un style allusif et complice mais où souvent le cliché sert de réflexion. Tout est en séduction mais, il manque un réel travail à la fois sur le fond et très certainement sur le style. Je rejoins le commentaire que j’ai mis en lien.

Moi aussi j’oublierai ce livre assez vite avec lequel j’ai passé un bon moment.

 Citations

Je veux bien admettre que la mer peut rendre fou. Que cette étendue dont tout à coup on n’envisage plus la fin peut faire perdre la raison ? Cette immensité a quelque chose d’effrayant car, paradoxalement, elle procure la sensation d’enfermement.

 

(Ma mère) Elle dit : « quand je serai morte, ceci te reviendra. ». Je regarde autour et je ne vois qu’un tombeau, une poussière délicate sur les meubles, une nostalgie qui pue et je rêve de tout raser. Elle ajoute : «  J’ai tout gardé pour toi. J’ai tenu notre rang. » Et cet entêtement à conserver des privilèges, à ne rien partager pour ne pas être entamé, à entretenir l’illusion de la grandeur me paraît abjecte.

 

Renouer avec mes obligations d e fils, mon oisiveté d’héritier, ma dégoûtante aisance de riche. Entamer des conversations avec ma mère à propos du temps qu’il fait, de la médiocrité des domestiques, des rumeurs du faubourg.

 On en parle

From The Avenue.

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Traduit de l’espagnol par François Maspero.

3
Livre prêté par une amie, Geneviève, Photographe, parce qu’elle y avait trouvé une réflexion intéressante sur l’acte de photographier. Loin de son travail, ce roman est une analyse, ô combien précise, du métier de reporter-photographe de guerre, au cours du roman la réflexion s’élargit à la photographie et à l’art en général.

Ce que ne m’avait pas assez dit Geneviève, c’est l’horreur du sujet, la violence des guerres dont a été témoin ce reporter. Ce livre lu entre Paris et Saint-Malo, m’a plombé complètement le moral. Par la violence des descriptions – le sujet est d’ailleurs très proche- il m’a fait penser au film « Incendies  ». Mais contrairement à Geneviève, les mots ont pour moi une réalité bien plus forte que les images.

Le livre pose un problème qui m’a toujours plus ou moins hanté, au lieu de photographier des bébés mourant de faim pourquoi les photographes des magazines occidentaux ne les nourrissent pas. Pour les photographies de guerre, je dois dire que je ne les regarde jamais, j’en ai quand même dans mon réservoir à images, celle de Capa qui est commenté dans ce roman, et la femme en pleurs après un attentat en Algérie.

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Ce roman est très prenant, mais m’a mise très mal à l’aise : comment quelqu’un d’aussi douée pour la vie que Geneviève peut me conseiller de lire de tels passages.

 « Ce n’était pas possible de photographier le danger ou la faute. Le bruit d’une balle qui fait exploser un crâne. Le rire d’un homme qui vient de gagner sept cigarettes en pariant sur le sexe du fœtus de la femme qu’il a éventrée avec sa baïonnette »

Ensuite, le problème que j’ai dû résoudre c’est pourquoi je suis allée jusqu’au bout de ce roman, Geneviève avait le prétexte de la réflexion sur la photo, moi, celui qu’elle me l’avait prêté. Quel rôle joue le lecteur de telles horreurs ? Ne suis-je pas alors voyeur d’un exhibitionniste de talent de la souffrance humaine ? Car si le photographe prend un cliché avant de penser à sauver celui qui va être tué, il n’existerait pas si sa photo ne se vendait pas et n’était pas regardée.

La trame romanesque est assez bien tendue : le rapport entre l’ancien soldat Croate dont le reporter photographe a détruit la vie à cause d’une bonne photo, et l’histoire d’amour, un peu trop romanesque cependant. Tout n’est raconté que pour faire réfléchir à ce que représente une image. Le photographe reporter ne s’appelle pas pour rien un « chasseur d’images ». Est-ce qu’avoir conscience que la guerre, amène obligatoirement ce genre de souffrances permettra de changer le comportement des hommes ? Il faut l’espérer.

Pour conclure un livre à ne pas mettre entre des mains sensibles à cause d’une description, hélas trop vraie, des guerres qui ont traversé ces dernières années. Un livre enfin, qui pose le problème du témoignage de l’horreur dans toute sa complexité.

Citations

Photographier un incendie n’implique pas de se sentir pompier.

 (Seule note d’humour)

J’ai le plaisir de t’annoncer que tu es très beau Faulques. Et je me trouve au point exact où une Française te tutoierait, une Suissesse tâcherait de découvrir combien de cartes de crédit tu as dans ton portefeuille et une Américaine te demanderait si tu as un préservatif.

 

La photographie considérée comme un art est un terrain dangereux : notre époque préfère l’image à la chose, la copie à l’original, l’apparence à l’être ;

 

Il savait qu’aucune photographie n’était inerte ou passive. Elles exerçaient toutes une action sur ce qui les entourait, sur les gens qui y figuraient.

On en parle

canoe.ca divertissement.

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3
J’ai acheté et lu ce roman policier à la suite de l’article de la lettrine, blog que je lis régulièrement. Quand les blogueuses (désolée, Messieurs, mais je ne connais pas de blogueurs écrivant à propos de livres !) disent ne pas trop s’intéresser aux romans policiers, mais trouver celui dont elles vont parler intéressant, ça m’accroche toujours. Comme, de plus, Anne-Sophie, disait avoir bien ri, je n’ai pas résisté au plaisir d’acheter puis de lire le roman de Jean-Pierre Jonquet.

C’est vrai que c’est drôle, d’un humour noir, féroce et décapant. Les rebondissements du vol des diamants par la bande de bras cassés ne manquant ni d’idées ni de courage à l’ouvrage mais tombant sur des imprévus tous plus cocasses les uns que les autres, sont vraiment bien trouvés. La fin est inattendue et somme toute «  morale ».

Mais voilà, si j’ai bien ri parfois, j’ai été gênée de la caricature des maisons de retraite. Je connais trop de gens qui y ont vécu sinon des moments de bonheur, au moins des moments où on a su alléger leurs souffrances. J’ai tort, sans doute, car dans ce petit roman, il ne s’agit ni d’un reportage ni d’une charge contre ce genre d’établissements, ce sont seulement tous les travers et les défauts de notre société qui refuse la vieillesse , la déchéance physique et la mort qui sont ici mis en lumière. Je pense qu’il faut être plus jeune que moi pour rire sans arrière pensée à la lecture de ce livre, être encore bien loin d’ accompagner des parents dans ce genre de maisons où y penser pour soi.

J’ai beaucoup ri, quand même, mais avec une sorte de gêne, je vais le prêter pour connaître les réactions des uns et des autres. La soirée animation, le bal costumé (d’où le titre) est irrésistible, mais terrible d’irrespect, on sent la colère de l’auteur qui a lui-même travaillé dans ce milieu  !

Citations

N’allez pas croire ça, il ne s’agit pas de coller les vieux dans un lit et d’attendre qu’ils claquent ! Ah non, non, non ! Avant, il faut qu’on les opère, qu’on les irradie, qu’on essaie sur eux les nouveaux médicaments, et surtout qu’on les rééduque ! Manquerait plus qu’à 90 ans ils marchent de travers ! Marcher droit, bouffer droit, crever droit, et qu’ça saute, une deux !

 

Bantrek, c’est le médecin. Il n’a pas réussi à faire autre chose que gériatrie. En langage médical, pour ne pas dire « les vieux » ils disent gériatrie.

Les blouses blanches en goguette, les stéthoscopes baladeurs, les seringues en folie, le satin des costumes, les paillettes du maquillage, tout cela ne parvenait pas à chasser l’odeur de poubelle à douleur, de fosse à agonie.

 

L’odeur de sang et de cadavre, l’odeur d’angoisse et de mépris. La Mort et la Merde

On en parle

La lettrine (évidemment).

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3
J’ai lu ce livre dans le TGV entre Paris et Rennes, il a parfaitement rempli son rôle, celui de m’entrainer loin du train et du monde de ce jour là, rien que pour cela il mérite d’être dans mes préférences. Un livre de plus sur le nazisme, mais ceci n’est pas une critique, en tout cas pour moi, car l’intrigue se situe à un moment de l’histoire allemande à propos duquel je me suis toujours interrogée : le moment de la défaite, précisément au moment où les allemands sont encore nazis ou proches du nazisme et où le monde découvre les horreurs du régime. Quand et comment ont-ils changé leur regard sur ce qu’ils ont laissé faire et s’ils y ont participé, comment peuvent-ils survivre après que des jugements moraux leur sont imposés par une défaite militaire.

Le récit par le médecin de l’élimination des malades mentaux est particulièrement insoutenable et assez vraisemblable. Le roman lui-même est assez étonnant, l’intrigue se construit à travers les sensations d’une jeune adolescente complètement perdue et enfermée dans un silence rempli de souffrances et de méfiances , opposé à l’humanité d’un capitaine français. C’est peu vraisemblable mais on se laisse prendre car l’écriture est limpide souvent très belle.

Pour moi l’important n’est pas dans l’histoire mais dans la desciption du sentiment de malaise d’une population qui sait qu’elle a laissé l’irréparable se commettre sur son sol, dans son village. ( J’ai pensé à Semprun et son interrogation sur la conscience des habitants de Weimar tout proche de Buchenwald .)

Citations

La vieille femme prenait soin d’ordonner sans parler, d’un regard dur que percevaient même ceux qui lui tournaient le dos.

 

Ce peuple avait défié les lois de la pesanteur humaine dans un allègrement fanatique. On ne sentait ni regret, ni peur, ni culpabilité, il était simplement dégrisé, étourdi de n’être rien de plus que les autres, réduit jour après jour à trouver sa pitance. Le Reich millénaire déchu avait fait de ses hommes et de ses femmes de petits rongeurs anonymes surpris par l’hiver sidéral qu’ils avaient eux-mêmes soufflés à leur manière.

 On en parle

Livrogne très enthousiaste, plus nuancées les critiques sur Babelio.

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Traduit de l’anglais par par Dominique Kugler.

3
Je partage l’opinion d’Hélène que vous trouverez en lien à la fin de mon texte. On est pris par cette lecture, car on trouve un peu de nous dans les deux protagonistes, Tilly et Geoff. De plus, Anne Finn écrit avec un tonus rare et drôle. C’est une histoire d’un couple qui va mal, parce que l’un est trop gentil et pour avoir la paix ment à sa compagne qui préfère la vérité aux mensonges de confort.

Le récit vaut pour l’humour féroce d’Anne Fine, je ne connaissais que Le chat assassin, on retrouve le même humour. Tilly une jeune femme intelligente et indépendante devient la belle mère des deux enfants de l’homme qu’elle aime, Geoff. Celui-ci n’arrivera jamais à comprendre exactement Tilly et elle sera toujours considérée comme la « belle-mère » celle qu’on n’est pas obligée d’inviter, celle à qui on ne fait jamais attention. Et comme, ce n’est pas du tout dans son caractère, elle explose. Tout le récit elle veut le quitter, et toujours à cause d’un « pieux » mensonge de son compagnon. Les grands et les petits malheurs de la vie l’en empêche.

La fin est terrible, bien dans le style du « Chat assassin », le Geoff qui sommeille en moi en a voulu à Tilly. Au delà du style drôle et plein d’humour, une certaine vérité des rapports humains entre hommes et femmes rend ce roman très agréable à lire. Une fois commencé, je ne l’ai pas lâché.

Citations

La merveilleuse ambiguïté des excuses conjugales : je suis désolée, non pas de l’avoir dit, mais que cela t’ait vexé

 

Je pris l’avion pour Aberdeen, déterminé, par tous les pores de ma peau à rompre. Et j’en veux beaucoup à l amer du Nord. Accoudez-vous à un bastingage et regardez devant vous. Depuis le pont d’une installation de forage en mer, il n’y a rien qui puisse vous distraire.

 

Foutaise ! Pas de doute : la bienveillance est bien la plus égoïste des qualités. Dans la plupart des cas on est bienveillant par paresse ou par manque de courage.

 

Sauf qu’il y a des gens à qui l’on ne devrait pas tout accorder le jour de leur mariage, parce qu’ils exigeront la même chose le lendemain, le surlendemain, et indéfiniment.

On en parle

Les jardins d’Hélène