5
J’ai ri et en rit encore, c’est plus qu’un coup de cœur c’est le coup de cœur des coups de cœurs et toutes mes amies de notre club de lecture étaient bien d’accord avec moi. Tout est parfait dans ce livre l’écriture la structure romanesque et la galerie des portraits. Un noir du Congo raconte sa vie et sa séparation avec la mère de sa petite fille dans le Paris d’aujourd’hui. Le style de Mabanckou est vraiment savoureux, j’aurais pu tout recopier , il faut lire de toute urgence ce livre, et comme moi je suppose que vous n’oublierez pas le « fessologue » de sitôt !

 Citations

 … Ce groupe fait la pluie diluvienne et le beau temps là-bas… C’est pour ça qu’à la différence de notre Arabe du coin, moi je respecte les Chinois et les Pakistanais. Ce sont de braves types à qui on colle injustement la mauvaise réputation qu’ils se démènent ou restent cois alors qu’ils ne font de mal à personne…

 

Le jour on inventera des tams-tams sans bruit, beaucoup de vieux nègres perdront leur raison de vivre…

Traduit du japonais par Angelin Preljocaj.

5
Je suis souvent réticente à lire la littérature japonaise, je m’y ennuie ferme à chaque fois ou presque. J’ai lu ce livre car un ami architecte me l’avait conseillé. Pour une fois, je dois dire que ce livre m’a passionnée car j’ai tout compris et je mesurais pendant ma lecture à quel point cette grande civilisation est à l’opposé de la nôtre.

Quel auteur français commencerait à décrire les lieux d’aisance pour faire comprendre le charme des maisons de son pays ? Et pourtant ! N’est-ce pas là que nous dévoilons beaucoup de nos habitudes ? Tanikazaki le pense et il m’a convaincue. De la même façon sa description de la femme japonaise, m’a fait parfaitement comprendre que je suis définitivement une femme française.

Citations

 Aussi n’est-il pas impossible de prétendre que c’est dans la construction des lieux d’aisance que l’architecture japonaise atteint aux sommets du raffinement. Nos ancêtres qui poétisaient toute chose, avaient réussi paradoxalement à transmuer en un lieu d’ultime bon goût l’endroit qui, de toute la demeure, devait par destination être le plus sordide, et par une étroite association avec la nature, à l estomper dans un réseau de délicates associations d’images. Comparée à l’attitude des Occidentaux qui, de propos délibéré, décidèrent que le lieu était malpropre et qu’il fallait se garder même d’y faire en public la moindre allusion, infiniment plus sage est la nôtre, car nous avons pénétré là, en vérité, jusqu’à la moelle du raffinement.

 

D’une façon générale, la vue d’un objet étincelant nous procure un certain malaise.

 

En fait, on peut dire que l’obscurité est la condition indispensable pour apprécier la beauté d’un laque.

 

La cuisine japonaise, a-t-on pu dire, n’est pas chose qui se mange, mais chose qui se regarde ; dans un cas comme celui-là, je serai tenté de dire : qui se regarde, et mieux qui se médite !

 

Le maquillage comprenait, entre autres, le noircissement des dents ;

 

De même qu’une pierre phosphorescente qui, placée dans l’obscurité, émet un rayonnement, perd, exposée au plein jour, toute sa fascination de joyau précieux, de même le beau perd son existence si l’on supprime les effets d’ombre.

On en parle

http://embruns.net/carnet/lectures/tanizaki-junichiro-eloge-ombre.html

Traduit de l’anglais (Canada) par Hugues Leroy.

5
Extraordinaire récit à propos des indiens et de l’engagement du Canada dans la Première guerre mondiale, c’est un livre d’une beauté et d’une densité rare. Coup de cœur du club de lecture de Dinard. J’ai rarement lu une analyse aussi approfondie de la guerre et des conséquences sur un être humain d’avoir le droit de tuer. Le lecteur est saisi par ce livre, la description de la guerre, les violences faites aux indiens au Canada, l’amour et la force d’une femme indienne, dont on suit jour après jour le long périple sur la rivière pour ramener à la vie l’ami de son neveu.

Citation

Un obus est tombé trop près. Il m’a lancé dans les airs et, soudain, j’étais oiseau. Quand je suis redescendu, je n’avais plus ma jambe gauche. J’ai toujours su que les hommes ne sont pas fait pour voler.

 4
C’est un livre qu’on ne quitte plus quand on l’a commencé. Cette voix d’enfant à laquelle s’adresse l’auteur en lui disant « tu » touche le lecteur. Marion (Funny) doit affronter deux drames intimement liés la maladie mentale de sa mère maniaco-dépressive et la honte d’être une enfant d’un soldat allemand. L’enfant aime, a peur, a honte de sa mère. Une solution existe : ses grands parents des gens « comme il faut » mais qui ne savent pas comprendre l’attachement de la petite à cette mère qui aime sa fille malgré sa maladie.
Ce n’est pas un excellent roman mais c’est un beau témoignage de ce que peuvent supporter des enfants lorsque les parents sont déséquilibrés.

Citations

Une maladie à éclipses. Une maladie à répétitions. Une maladie à surprises. Une maladie sur le nom de laquelle à l’époque, on hésitait. Une maladie qui faisait honte. Une maladie qui faisait peur.

 

Tu aimes votre appartement,…. C’est là … que tu as commencé à aimer Fanny 

 

Tant de choses comme cela que tu ignores. Que tu devines vaguement. Des choses qui sont là. Qui te frôlent, cachées dans l’ombre, mais si denses que tu en éprouves la secrète présence, comme une menace.

 

Elle n’est pas comme les autres. Elle détonne parmi les fidèles, ces gens tranquilles, sans éclat, ces gens qu’on ne remarque pas, qu’on ne voit pas….. Elle crie au milieu des muets. Elle danse parmi les gisants.

 

Et celle-là, tu la hais, de toutes tes forces.
La bête mauvaise, c’était elle. Depuis le premier jour.

On en parle

La femme de l’Allemand – Marie SIZUN link

5
Petit roman plein d’humour qui se lit très vite. Peinture inoubliable d’une mère abusive, odieuse et du petit monde des exilés russes. Dimitri Radzanov excellent pianiste rivalise au piano avec un certain Horowitz. Pour la mère de Dimitri il n’y a aucun doute, son fils est le meilleur, même s’il joue dans un poulailler dans le fond de son jardin de Chatou et Horowitz (Face de Chou) à Carnegie Hall. Beaucoup des tragédies du 20e siècle : les guerres l’exil l’extermination des juifs traversent rapidement ce petit roman. Mais son charme vient surtout de tout ce qui est dit sur la musique, la solitude et la souffrance du concertiste virtuose.

Citations

« Nous faire ça à nous ! » La voix de ma grand-mère me fendait les tympans, aussi tranchante que le scalpel en train d’inciser les cadavres d’école. Par ce « nous » outragé, elle désignait les Radzanov uniquement, transformant une défaite historique en offense personnelle.

 

Maman n’avait pas d’instruction, ce qui constituait aux yeux de sa belle-mère un défaut rédhibitoire, aggravé par ce crime de lèse-Anastasie : « Elle m’a pris mon fils ! »

 

 – Vous connaissez Horowitz ? s’étonna ma mère.
– Non, mademoiselle, Horowitz NOUS connaît !

 

Mon père s’étant fait virer de sa fabrique de colle ( un boulot auquel il n’avait jamais adhéré)…

 

Car il faut savoir à qui cela ressemble, une vie de concertiste. C’est comme si tu grimpes l’Alpe-d’Huez tous les jours sans ta selle.

 

Depuis l’âge de25 ans, il est persuadé qu’il est atteint d’un mal incurable, mais sa seule maladie est la frousse de perdre sa virtuosité et d’être envoyé dans un camp comme son père et des millions d’autres juifs.

4
Impression étrange, la première partie du roman a très peu d’intérêt, un homme se fait plaquer par son amie beaucoup plus jeune. Il est russe et repart à Saint-Pétersbourg au milieu de la Russie moderne, là il rencontre un vieil homme, Volski, qui lui raconte son passé d’homme russe : le blocus de Leningrad, la guerre, le goulag, la mort de sa compagne dans un camp, son travail auprès des enfants handicapés. Makine le raconte très bien, le roman prend alors tout son intérêt. J’ai pensé à la citation de Tchékhov que Makine cite plusieurs fois :

« Il nous encourageait à couper le début et la fin de nos nouvelles. Je ne sais pas si le remède du docteur Tchékhov peut guérir un roman. En tout cas, mon héroïne vit dans la partie qu’il conseillait de couper ».

Je me demande si l’écrivain avait besoin de nous faire passer par les petitesses de notre monde actuel pour nous intéresser à la grandeur du tragique destin de Volski.

Citations

Un jeune russe dans l’édition. Alors j’ai voulu me payer sa tête, j’ai cité Marx « le seul critère de la vérité est le résultat pratique » et dans l’édition, le résultat c’est le nombre de ventes, n’est ce pas ? Si des livres de merde se vendent, c’est qu’on en a besoin.

On en parle

link.

5
Je ne passe pas ma vie à lire des livres. J’en lis aussi à mes petits enfants. Celui-là connaît un grand succès. Aucune parole n’accompagne les dessins , pourtant l’histoire est très facile à comprendre. Tout le charme du livre provient des petits détails qui ne se découvrent que peu à peu, il est rare de tous les voir à la première lecture. Finalement, le gâteau sera repris aux méchants rats, seuls les gentils auront le droit de le goûter… Et le petit canard retrouve sa maman…

Traduit de l’anglais par Pierre Ménard.

4
Petit livre d’humour, typiquement britannique. Et si la reine d’Angleterre se mettait à aimer lire ? Elle découvre la lecture grâce au bibliobus et délaisse ses devoirs royaux pour sa nouvelle passion : la lecture. Au-delà de l’humour, l’auteur raconte très bien le plaisir de la lecture, et les obligations de la reine d’Angleterre , l’auteur se moque si bien des Anglais ! Les questions rituelles de la reine à ses sujets, lors des rencontres officielles, sont très drôles.

J’ai beaucoup ri à la lecture de ce roman et j’ai regretté de ne pas pouvoir le lire en anglais. Petit bémol : je l’ai prêté à ma fille qui ne l’a pas trouvé aussi amusant que moi, elle n’arrivait pas à le terminer tellement elle s’ennuyait, comme quoi !

Citations

Lorsqu’on a quatre-vingts ans, les événements ne se produisent plus : ils se reproduisent.

 

Cet attrait pour la lecture, songeait-elle, tenait au caractère altier et presque indifférent de la littérature. Les livres ne se souciaient pas de leurs lecteurs, ni même de savoir s’ils étaient lus. Tout le monde était égal devant eux, y compris elle. La littérature est une communauté, les lettres sont une république… …Les livres ne varient pas. Tous les lecteurs sont égaux… …La lecture… Il y avait en elle quelque chose d’anonyme, de partagé, de commun… …Elle pouvait parcourir toutes ces pages, l’espace contenu entre les couvertures de tous ces livres, sans qu’on la reconnaisse

En parlant de Proust

Le pauvre homme souffrait le martyre en raison de son asthme et faisait partie de ces gens qui auraient parfois besoin de se secouer un peu. Mais la littérature n’est pas avare en individus de ce genre. Le plus curieux, en ce qui le concerne, c’est que lorsqu’il trempait un gâteau dans sa tasse de thé (pratique par ailleurs répugnante) toute sa vie passée remontait à sa mémoire. Je dois avouer que j’ai testé sa méthode sans l’ombre d’un résultat.

On en parle

link

5
J’ai lu plusieurs fois ce roman et je viens de le relire pour le mettre dans mon blog , avec toujours le même plaisir. J’avais dans la tête la phrase de ma sœur : « à travers les livres j’élargis ma connaissance du monde et des gens ». Farrago correspond exactement à cette attente. On y croise une foule de personnages pris dans des turbulences tragiques et comiques à la fois. On sent que l’écrivain a aimé tous ses personnages et qu’il a la tête pleine d’histoires de notre époque. Si on ne s’y perd pas, c’est grâce à Homer Idlewilde, vagabond à la recherche de son destin. Le tout se passe dans une Amérique profonde, avec des marginaux haut en couleur que l’on n’est pas près d’oublier.

Citations

Je pars moi-même à la recherche du shérif, ce qui d’une simplicité enfantine, le shérif étant de loin, dans toute la communauté, l’individu le plus facile à pister.

 

Duke, dont les ancêtres esclaves se sont tués au travail dans les champs de coton avant d’être libérés et de venir se tuer au travail dans l’arrière-pays californien et dans les mines de Tuskegee Heights

 

La misère, j’ai pensé, c’est que les gens n’arrivent pas à raconter l’histoire de leurs misères.

 

Je souhaite avoir un destin, j’ai murmuré. Je souhaite vivre une histoire qui fasse de ma vie un destin.

 

Sur toutes les plages du monde, il y a un galet que tu choisiras de ramasser parmi tous les autres, et sur tous les quais de gare du monde il y a un voyageur que tu choisiras de voir dans la foule des visages.

 

De même les gens sont incapables de raconter une histoire s’ils ne disposent pas d’une chute heureuse ou malheureuse …

Traduit de l’anglais par Valérie Le Plouhinec (elle a dû bien s’amuser).
5
J’ai beaucoup, beaucoup ri et en même temps ce livre est tragique. Je ne suis pas complètement certaine que ce livre s’adresse à des adolescents. Il s’adresse aussi bien à des adultes qu’aux ados. On comprend le désespoir absolu des indiens vivant dans les réserves, et en même temps on rit. C’est aussi la première fois que je lis des choses aussi crues sur le sexe sans que ce soit vulgaire. Le héros est un jeune indien qui est trop intelligent pour rester dans l’école de la réserve indienne , mais qui en même temps va perdre toutes ses racines. La description des réserves indiennes est sans doute plus proche de la réalité que les images que l’on se fait à travers les films américains (hélas !).

Citations

Ouais absolument, j’avoue que je me masturbe.
J’en suis fier.
Je suis doué.
Je suis ambidextre.
S’il existait une Ligue des Masturbateurs Professionnels, je serai proclamé n°1 et je gagnerai des millions de Dollars.
Et vous vous dites peut-être : « Écoute, vraiment, tu ne devrais pas parler de masturbation en public. »
Et bien tant pis pour vous, je vais en parler parce que TOUT le MONDE le fait TOUT le MONDE aime ça.
Et si Dieu n’avait pas voulu qu’on se masturbe, Dieu ne nous aurait pas donné de pouces. Donc je rends grâce à Dieu pour mes pouces.
 
C’est nul d’être pauvre, et c’est nul d’avoir l’impression que d’une certaine manière, on mérite de l’être. On se met à croire que si on est pauvre, c’est parcequ’on est bête et moche. Ensuite, on se met à croire que si on est bête et moche, c’est parce qu’on est indien. Et parce qu’on est indien, on se met à croire qu’on est destiné à être pauvre. C’est un cercle vicieux et il n’y arien à y faire.