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Recevoir un livre d’une amie est une douce chose, on s’y plonge avec d’autant plus de plaisir qu’on sait y découvrir à la fois le talent d’un écrivain et le goût de cette amie pour un roman qu’on ne connaissait pas. L’immeuble Yacoubian est un véritable chef d’œuvre, je ne suis pas la seule à le penser puisqu’il est devenu un best-seller dans de très nombreux pays. Le lire aujourd’hui à la lumière des événements qui secouent les pays Arabes dont l’Egypte est particulièrement intéressant. Tous les problèmes de ce malheureux pays y sont évoqués, avec également en contre point la chaleur et la force de vie des Egyptiens et Égyptiennes.

L’immeuble Yacoubian, a été érigé au temps de la splendeur de l’Egypte, aujourd’hui rongée par la pauvreté, la corruption, les élections truquées, les combines pour survivre et se loger, l’islamisme, la violence de la police. Les personnages sont tous décrits avec une profonde humanité, l’émotion est partout et rend le récit chaleureux et tendre quand il s’agit des amours de Zaki Dessouki, émouvant et tragique quand nous vivons les interdits de l’amour homosexuel, et pratiquement insoutenable quand Taha raconte les séances de tortures auxquelles il a été soumis.

La double fin est superbe, la vengeance et la mort en martyre pour le jeune Taha qui n’a pu trouver que dans le fanatisme islamiste une consolation à tous les outrages qu’il a vécus. Le mariage amoureux pour Zaki Dessouki qui a aimé et été aimé des femmes sauf de sa sœur poussée par un esprit de lucre qu’il ne comprend pas et qu’il essaie de contourner sans utiliser la force.

Si vous le l’avez pas déjà lu, précipitez-vous sur ce livre, vous passerez des moments merveilleux et vous comprendrez mieux ce pays aux facettes aussi multiples que les habitants de « l’immeuble Yacoubian ».

Citations

Pourtant Zaki bey a fait l’amour avec des femmes de toutes les classes sociales : des danseuses orientales, des étrangères, des femmes de la bonne société, des épouses d’hommes éminents, des étudiantes et des lycéennes mais également des femmes dévoyées, des paysannes, des domestiques. Chacune avait sa saveur particulière et, souvent, il compare en riant l’alcôve soumise de la nabila Kamila et cette mendiante qu’il avait ramassé dans sa Buick, une nuit qu’il était ivre, et qu’il avait amenée dans son appartement, passage Bahlar. Quand il était rentré avec elle dans la salle de bains pour la laver lui-même, il avait découvert qu’elle était si pauvre qu’elle s’était fabriqué des sous-vêtements avec des sacs de ciment vides. Il se rappelle encore avec un mélange de tendresse et de chagrin la gêne de la femme lorsqu’il enleva ses vêtements sur lesquels était écrit en gros caractère « ciment Portland ». Il se souvient que c’était une des plus belles femmes qu’il ait connue et une des plus ardentes en amour.

 

Elles se disputent souvent et échangent alors les pires insultes et des accusations injurieuses puis, soudain, elles se réconcilient et retrouvent des relations tout à fait cordiales, comme s’il ne s’était rien passé. Elles se couvrent alors de baisers chaleureux et retentissants, elles pleurent même, tant elles sont émues et tant elles s’aiment. Quant aux hommes, ils n’attachent pas beaucoup d’importance aux querelles féminines, qu’ils considèrent comme une preuve supplémentaire de cette insuffisance de leur cervelle dont leur avait parlé le Prophète, prière et salut de Dieu sur lui.

 

S’il y avait de la justice dans le pays, il faudrait que quelqu’un comme toi étudie au frais du gouvernement. L’éducation et la santé sont des droits naturels pour n’importe quel citoyen au monde, mai en Egypte le pouvoir fait exprès de laisser les pauvres pour pouvoir les voler

On en parle

Un nouveau blog à découvrir : Les lectures de Sophie.

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Merci, un grand merci, à Evelyne, notre bibliothécaire, elle sait choisir des livres qui font du bien. Celui-là vous fera rire quelles que soient vos convictions sur le réchauffement climatique ( : le RC). Et vous amènera, aussi, à réfléchir. À force de recevoir des idées, plus ou moins vraies, vantant la bonne cause écolo, on oublie de réfléchir par soi-même : voilà le thème de ce livre.

Iegor Gran, a un talent fou, pour croquer les travers des bien-pensants moutonniers. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il n’est pas là pour créer un parti de militants anti-écolo, il veut réfléchir et s’amuser du consensus de la peur qui réunit Yann Arthus-Bertrand, François-Henri Pinault, Luc Besson et ses voisins qui trient avec ardeur leurs poubelles !

Surtout ne ratez pas ses notes en bas de page, d’ailleurs vous ne pourrez pas, elles sont parfois plus longues que le texte, elles sont toujours passionnantes et souvent très drôles. J’ai bien ri quand son dentiste lui assène des arguments alors qu’il a la bouche grande ouverte et qu’il ne peut, évidemment, pas répondre. Qui n’a pas déjà vécu une telle situation ?

Comme lui, j’ai bien du mal à croire au sérieux de la candidature de Nicolas Hulot à la présidence de la République (excusez le du peu ! !), et j’aimerais avoir son talent pour en rire. (En réalité je trouve ça plutôt triste). Ce petit livre décrit aussi l’évolution de ses rapports avec son meilleur ami, Vincent, convaincu du RC (réchauffement climatique), et, le dîner où l’ on évite tous les sujets qui fâchent est très bien raconté et tellement vrai !

Je crois que ce livre fait un bien fou, comme toutes les réflexions qui vont à contre courant elles nous apportent un vent frais qui nous permet de mieux respirer, et quand en plus l’auteur nous fait rire, alors on se sent soudain heureux : content de faire partie de cette humanité là, celle qui ose rire de tout et se questionner sur nos comportements mêmes ceux qui nous semblent les plus ordinaires .

Citations

 Un marchand de soupe a mis son pied dans mon pas-de-porte. On veut m’imposer quelque chose. Une inquiétude, comme un réflexe, moi qui suis né dans un pays de l’Est. On aimerait bien penser à ma place.

(En note)

Rappelons que dans une vie antérieure, Yann Arthus-Bertrand a été pendant dix ans photographe-reporter du Paris-Dakar ? Étonnante conversion. Les voies du gazole sont impénétrables.

 

Son papier-toilette ressemble à un journal de l’Est, il est gris et n’absorbe pas ? (Mesdames, évitez les toilettes de Vincent !) Il aime à penser que, quand il se torche le derrière, aucun arbre n’est lésé dans l’affaire.

 

Un peu d’humilité la science ! Cou couche panier ! Peut-être faudrait-il déjà qu’elle se mette d’accord sur l’existence ou non du point G, avant de s’attaquer à ces choses autrement plus obscures.

 

 La cinquantaine… c’est l’âge où les grenouilles de bénitier se noient définitivement, où les komsomols tournent apparatchik, où les femmes se mettent à manger des graines- l e premier stade de la vieuconisation.

 

Et une petite dernière pour la route et quelqu’un que je connais…

Le mari est toujours fautif, vingt-quatre heures sur vingt quatre, il est coupable au sens métaphysique, il porte sur ses épaules un péché originel. C’est aussi ce qui fait l’intérêt d’avoir un mari, ce pourquoi la femme le tolère, dans sa grande clairvoyance. 

Il m’arrive de ruminer ce genre de pensées non dénuées de tendre misogynie.

 

 

On en parle

Le Pandémium littéraire.

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J’ai lu et je lirai tous les livres de cette auteure, depuis « la Place ». Ils sont tous dans ma bibliothèque, je les relis et surtout j’y pense souvent. Je n’ai jamais trouvé quelqu’un qui sache aussi bien expliquer le changement de condition sociale qui accompagne la réussite scolaire. Le jour où la petite fille n’a plus lu les revues style « nous deux » que lisaient les femmes appartenant au même milieu que sa mère, le fossé n’a cessé de se creuser.

Elle revient dans ce très court texte sur cette sœur morte avant sa naissance et dont ses parents ne lui ont jamais parlé. Comme toujours avec Annie Ernaux, il n’y a pas un mot de trop , cela souligne la justesse de ses sentiments. Je crois que je n’ai jamais aussi bien compris l’intérêt de son style qui m’avait tant séduit quand j’ai découvert cette auteure. Si elle est brève et parfois même un peu sèche, c’est qu’elle est vient de ce milieu là, de gens qui n’avaient pas le don de la parole.

Il me semble qu’elle ne peut ni ne veut les trahir. Elle écrit donc une lettre à cette sœur qu’elle a, dit-elle, remplacée auprès de ses parents. Avec trois ou quatre photos, le silence parfois douloureux de son père et une phrase au combien maladroite de sa mère( l’autre était la gentille, la morte !), elle fait vivre le poids du deuil dans cette famille.

L’évocation des années 50 dans la province cauchoise à travers les maladies enfantines et le sentiment religieux est réussie, en tout cas pour moi. Vite lu, ce livre ne sera pas pour autant, vite oublié.

Citations

 

Comme me le confirmera aussi un jour la directrice du pensionnat en me traversant de ses yeux étincelants « on peut avoir vingt partout en classe et ne pas être agréable à Dieu ».

 

Je n’écris pas parce que tu es morte. Tu es morte pour que j’écrive, ça fait une sacré différence.

 

Aujourd’hui seulement je me pose la question pourtant si simple, qui ne m’est jamais venue : pourquoi ne les ai-je jamais interrogés sur toi, à aucun moment, pas même adulte et mère à mon tour ? Pourquoi ne pas leur avoir dit que je savais.

 

Tu n’as d’existence qu’au travers de ton empreinte sur la mienne. T’écrire, ce n’est rien d’autre que faire le tour de ton absence. D écrire l’héritage d’absence. Tu es une forme vide impossible à remplir d’écriture.

 

Je suis venue au monde parce que tu es morte et je t’ai remplacée.

On en parle

Moi Clara et les mots.

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Traduit du Suédois parAnna Gibson.

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Petite baisse dans l’écriture du blog. Il faut dire que c’est la pleine saison de la confiture d’orange amère, ça occupe bien ! Et puis, une tornade bricoleuse et néanmoins sympathique, est venue installer une bibliothèque dans le coin salon. Alors là… Je sais que vous allez être nombreuses à me comprendre, comment ranger des livres sans en relire quelques pages, donc il faut beaucoup, beaucoup de temps. J’avais décidé de faire un tri, j’ai effectivement jeté un ouvrage des années 60 sur la « Zen-attitude » de toute façon, je n’ai jamais réussi à respirer par le ventre avant d’aller à la poste, avant d’ouvrir mon relevé de comptes, avant d’aller à la mairie –où tout autre démarche administrative- expliquer pour la dixième fois mon changement de nom,

– Ah oui, vous êtes divorcée, c’est pour ça ! (ton compatissant et voix assez forte pour que tout le bureau entende)
– Oui c’est pour ça ! (ma voix, énervée un max ! sous entendant : avec le nombre de divorces en France, cela a dû vous arriver plus d’une fois non ?)

 

Bref, « la zen attitude » ne m’ayant jamais été d’aucun secours dans la vie, j’ai jeté ce livre mais c’est bien le seul ! J’arrête les rangements pour vous parler d’un roman que j’ai beaucoup aimé, Les Chaussures italiennes d’Henning MANKELL. Une courte anecdote à propos de ce livre. Je l’avais apporté pour le lire dans mon TGV préféré : Paris/Saint-Malo. Il était sur ma tablette et il a fourni l’occasion d’un échange chaleureux entre trois passionnées de lecture. Les deux autres lectrices étaient des « fan » de Henning Mankel et de ses romans policiers. Elles avaient toutes les deux entendu parler de ce roman et brûlaient d’envie de le lire, j’ai beaucoup aimé notre conversation sur le plaisir des livres.

 

Cette histoire m’a intéressée tout de suite, un homme disparaît de la vie de sa compagne sans donner aucune explication. Je trouve cette fuite est d’une violence incroyable pour la personne abandonnée, c’est un beau sujet de roman je me demandais ce que l’auteur allait en faire.(genre « Je descends chercher des cigarettes » et il ne revient jamais ! !).

La force du roman, vient de ce qu’il n’y a aucun personnage entièrement positif, et surtout pas le personnage principal. L’atmosphère des pays du nord est très bien rendue, on suit les difficultés de Fredrick Welin pour retrouver un peu de confiance dans la vie et dans les autres. Lui qui a passé sa vie à fuir ses responsabilités, il doit faire face à son destin et essaie tant bien que mal de se racheter.

 

Ce livre est prenant tant pour l’atmosphère et les descriptions des paysages du grand nord, que par l’analyse la difficulté des êtres humains à vivre en harmonie, J’ai été très émue et complètement prise par ce récit. Je ne sais pas si je lirai les romans policiers du même auteur mais j’imagine facilement qu’ils doivent être très bien.

 

Citations

Je me sens toujours plus seul quand il fait froid.

 

Il est aussi facile de perde à l’intérieur de soi que sur les chemins des bois ou dans les rues des villes

 

Il n’y a pas de gens normaux. C’est une fausse image du monde, une idée que les politiques veulent nous faire avaler. L’idée que nous ferions partie d’une masse infinie de gens ordinaires, qui n’ont ni la possibilité ni la volonté d’affirmer leur différence. Le citoyen lambda, l’homme de la rue, tout ça – c’est du flan. Ça n’existe pas.

 

Là tout à coup, sur la jetée, j’ai fondu en larmes. Chacune de mes portes intérieures battait au vent, et ce vent, me semblait-il, ne cessait de gagner en puissance.

 

La mort ne me fait pas peur. Ce que je n’aime pas, c’est l’idée que je vais devoir rester morte si longtemps.

 

 

On en parle

livrogne(parce que j’ai bien aimé le nom de son blog) et toujours à sauts et à gambades.

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4
Je ne me suis accrochée à ce livre que parce qu’une amie du club, Virginie, m’en avait dit le plus grand bien. Je n’ai pas un grand goût pour la science fiction et au début tout m’a semblé confus dans cette histoire. Je supplie tous les lecteurs aussi impatients que moi de s’accrocher un peu, ils ne seront pas déçus. D’ailleurs ce livre a reçu un coup de cœur au club de la bibliothèque de Dinard hier soir. Mon texte sera donc le résumé de ce qui s’est dit à notre réunion.

Première remarque, nous avons toutes salué le talent de cet écrivain qui a su changer complètement d’atmosphère après son succès avec « la pièce montée ». Comme nous sommes des lectrices assidues, nous reprochons aux auteurs à succès d’écrire toujours un peu le même roman. Blandine Le Callet a quitté l’analyse sarcastique des phénomènes de société pour entrer dans la fiction et par la même nous faire comprendre les disfonctionnements d’un monde trop policé et trop protégé.

Nous avons souligné l’originalité de la construction du roman, la société qui est décrite ne nous est pas expliquée, petit nous comprenons que ce n’est pas tout à fait la réalité, même si cela s’en approche. On doit faire l’effort de ne comprendre que peu à peu le monde qui nous est dévoilé. Personnellement, ce qui m’a le plus touché c’est le combat de Lila pour vivre en rusant tout le temps avec ceux qui veulent « son bien ». Lila a survécu à des violences physiques et morales, elle ne peut plus avoir confiance dans les adultes. Son seul but c’est de retrouver sa mère, celle qui l’a fait souffrir, mais, elle en est certaine l’a aussi aimée. Je trouve que sa lutte de tous les instants est très proche de tous les enfants ou adolescents qui sont murés dans une souffrance psychologique mortifère.

La fin du roman a déçu une lectrice, et en l’écoutant je me suis rendu compte que je n’y avais pas attaché beaucoup d’importance, mais qu’il est vrai qu’on ne sait pas très bien comment se termine cette histoire. En relisant la fin tranquillement chez moi, j’ai compris que je n’avais pas accepté la fin , mais qu’hélas il y en a bien une !

Il me reste à parler de l’aspect « science fiction », des êtres hybrides ni homme ni robot, de la surveillance par vidéo de tous les faits et gestes de chacun, de la zone seul endroit où cet ordre n’existe pas. Tout cela donne une atmosphère particulière, on reconnaît notre société qui attire les jeunes des mondes pauvres et en guerre, mais les exclut aussi impitoyablement pour mieux se protéger et vivre en vase clos. C’est bien notre monde, un tout petit plus exagéré, ce petit rien qui nous permet de réfléchir à ce que nous voulons comme société pour demain.

Citations

Quand je suis arrivée dans le Centre, je n’étais ni bien grande, ni bien grosse, ni en très bon état. Ils ont tout de suite cherché à me faire manger. Me faire manger, c’était leur obsession, mais c’était trop infect. Chaque fois qu’ils essayaient, je détournais la tête en serrant les mâchoires.

 

Mais surtout, je pensais que mes mots possédaient un pouvoir : celui de vous protéger. Tant que quelqu’un vous parle, quelque part, vous écrit, vous ne pouvez pas mourir. Vous êtes encore au monde.

On en parle

Je connais ce blog depuis peu de temps, je le trouve très agréable à lire, pourtant il ne partage pas mon opinion sur ce livre Livrogne.

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J’ai lu ce livre dans le TGV entre Paris et Rennes, il a parfaitement rempli son rôle, celui de m’entrainer loin du train et du monde de ce jour là, rien que pour cela il mérite d’être dans mes préférences. Un livre de plus sur le nazisme, mais ceci n’est pas une critique, en tout cas pour moi, car l’intrigue se situe à un moment de l’histoire allemande à propos duquel je me suis toujours interrogée : le moment de la défaite, précisément au moment où les allemands sont encore nazis ou proches du nazisme et où le monde découvre les horreurs du régime. Quand et comment ont-ils changé leur regard sur ce qu’ils ont laissé faire et s’ils y ont participé, comment peuvent-ils survivre après que des jugements moraux leur sont imposés par une défaite militaire.

Le récit par le médecin de l’élimination des malades mentaux est particulièrement insoutenable et assez vraisemblable. Le roman lui-même est assez étonnant, l’intrigue se construit à travers les sensations d’une jeune adolescente complètement perdue et enfermée dans un silence rempli de souffrances et de méfiances , opposé à l’humanité d’un capitaine français. C’est peu vraisemblable mais on se laisse prendre car l’écriture est limpide souvent très belle.

Pour moi l’important n’est pas dans l’histoire mais dans la desciption du sentiment de malaise d’une population qui sait qu’elle a laissé l’irréparable se commettre sur son sol, dans son village. ( J’ai pensé à Semprun et son interrogation sur la conscience des habitants de Weimar tout proche de Buchenwald .)

Citations

La vieille femme prenait soin d’ordonner sans parler, d’un regard dur que percevaient même ceux qui lui tournaient le dos.

 

Ce peuple avait défié les lois de la pesanteur humaine dans un allègrement fanatique. On ne sentait ni regret, ni peur, ni culpabilité, il était simplement dégrisé, étourdi de n’être rien de plus que les autres, réduit jour après jour à trouver sa pitance. Le Reich millénaire déchu avait fait de ses hommes et de ses femmes de petits rongeurs anonymes surpris par l’hiver sidéral qu’ils avaient eux-mêmes soufflés à leur manière.

 On en parle

Livrogne très enthousiaste, plus nuancées les critiques sur Babelio.

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Cinq coquillages sans aucune hésitation pour ce livre qui rend les mythes grecs abordables et passionnants. Je conseille ce livre facile d’accès à toutes celles et tous ceux qui veulent un premier aperçu de la mythologie grecque, on y trouve des réflexions pratiquement philosophiques et des récits ô combien passionnants. Jean-Pierre Vernant le dit lui-même dans son introduction, il avait été sollicité par son petit fils pour raconter des histoires, spécialiste de l’antiquité grecque, il lui a raconté celles qu’il connaissait le mieux : les légendes et les mythes fondateurs de notre civilisation.

Quelle chance a eue cet enfant ! Puisqu’il a été écrit après cette expérience de transmission orale, ce livre a deux grandes qualités : il est érudit sans être complexe et il retrouve un des aspects de la civilisation grecque, le plaisir du conte. Jean-Pierre Vernant en conteur cela devait être merveilleux, on le sent bien, il prend à partie les Dieux, il s’amuse avec un esprit d’une insolence joyeuse qui rend le récit très vivant.

Mon petit fils me demande aussi les histoires d’Ulysse, et c’est pour lui que je me suis replongée dans ce livre pour mon plus grand plaisir.

Citations

 L’un des traits de l’existence humaine c’est la dissociation entre les apparences de ce qui se laisse voir, se laisse entendre, et puis les réalités.

 

Ulysse ne résiste pas au plaisir de la vantardise et de la vanité. Il lui crie : « Cyclope, si on te demande qui a aveuglé ton œil, dis que c’est Ulysse, fils de Laërte, Ulysse d’Ithaque, le pilleur de ville, le vainqueur de Troie, Ulysse aux mille tours ? » Naturellement, quand on crache en l’air, cela vous retombe sur le nez.

 

Les histoires concernant Dionysos prennent un sens un peu particulier quand on réfléchit à cette tension entre le vagabondage, l’errance, le fait d’être toujours de passage, en chemin, voyageur, et le fait de vouloir un chez-soi, où l’on soit bien à sa place, établi, où l’on ait été plus qu’accepté : choisi.

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C’est le printemps des poètes et cet auteur Jean-Pierre Siméon , en est un des fondateurs , me semble t-il. Il a écrit bien d’autres recueils dont un qui m’a beaucoup touché et qui est déjà sur mon blog Lettre à la femme aimée au sujet de la mort. Il doit bien aimer écrire des lettres ce poète, car cette fois il s’adresse à tous ceux qui ne lisent JAMAIS de poésies, et il fait tout son possible pour leur expliquer qu’il existe quelque part dans le monde si vaste de la poésie un texte qui les attend. Je trouve cela tellement vrai !

La plupart des gens qui disent ne pas aimer la poésie en ont été dégoûtés par l’école, mais je suis persuadée que, s’ils pouvaient laisser leurs a priori derrière eux et venir avec leur sensibilité vers les poèmes, ils en trouveraient un qui soit pour eux. Ce livre, à cause des illustrations, s’adresse aux enfants ou au moins à la part d’enfance qui est en chacun d’entre nous, le texte est vraiment pour tout le monde enfant et adulte.

En ce printemps des poètes, il a sa place dans mon blog.

Citations

Faites confiance : il y a quelque part, qui n’attend que vous, le poème de Darwich, de Bashô, de Whitman, de Barnaud, de Villon, de Mandelstam, d’Hikmet, de Prigent, de Hafiz, de Chedid, je ne sais pas …

 

…..Mais je sais que ce poème

vous comprendra comme

on vous a rarement compris,

qu’il vous mènera vers les autres,

et désormais

vous ne pourrez plus

vous passez de poésie

qu’un myope de lunettes.

 

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Traduit de l’anglais par Rita BARISSE-VERCORS

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Je suis toujours dans mes rangements de bibliothèque … Je n’avance pas beaucoup, il faut dire que j’ai une fâcheuse tendance à relire mes livres préférés. Comment se fait-il que celui-là ne soit pas déjà sur mon blog ?

J’ai rarement autant ri à la lecture d’un livre. Si vous êtes un bon conteur vous saurez animer vos soirées avec les histoires d’Edouard père d’Ernest qui finira mangé par son fils effectivement ! Personnellement, je n’y arrive pas car je ris trop pour expliquer pourquoi ça me fait autant rire, heureusement il y a souvent quelqu’un qui connaît et qui peut finir mon histoire.

Nous sommes pendant la préhistoire et nous vivons en direct la domestication du feu, bien loin des livres savants ou terribles (je pense à la guerre du feu par exemple) sur le même sujet, Roy Lewis a donné à ses personnages une langue moderne et des attitudes contemporaines, le tout rend son roman absolument irrésistible. Il faut, aussi, souligner que ce livre permet de se faire une idée assez exacte des nécessités de l’évolution de la race humaine. La misère physique et morale dans laquelle est plongée la tribu au début de leur aventure est bien rendue, sans le feu l’homme est la proie de tous les prédateurs et ils sont nombreux !

Personnellement j’ai un petit faible pour l’oncle Vania, l’écolo de service qui refuse le progrès surtout le feu, et encore plus son usage pour griller la viande, mais qui vient exposer ses théories de vie en harmonie avec la nature en profitant de la chaleur du foyer et en dégustant les meilleurs morceaux de viande grillée. J’ai adoré également la conquête amoureuse d’Ernest et les ruses de Griselda pour lui faire croire qu’il était bien le mâle dominant.

Je ne sais pas s’il y a encore des gens qui n’ont pas lu ce livre, précipitez-vous une soirée de bonne humeur assurée !

Citations

 Back to the trees ! clama-t-il en cri de ralliement. Retour aux arbres !

 

Malgré ce qu’il avait dit Oncle Vania revint nombre de fois répéter ses exhortations contre le feu- quoique de préférence, je le remarquai, par les soirées froides ou pluvieuses.

 

J’ai fini par atteindre la Palestine. C’était en pleine bagarre.
– Entre qui ?
– Entre immigrant d’Afrique et Néanderthaliens.
– Pas assez de gibier ? demanda père
– Que si ! tout abonde dans ce pays, il pisse le lait et le miel. Mais il y a quelque chose dans l’air qui vous rend agressif. Ils se battaient et s’appariaient. Drôle de jeu.

– C’est plus ou moins la même chose, dit père. Mais faut surveiller ça : en plein pléistocène, des singes velus qui se croisent en Palestine avec des singes pelés, savoir ce que ça va donner ?
– Des prophètes barbus vivant de miel et de sauterelles, m’aventurai-je à dire
– N’essaie pas de faire de l’esprit ce n’est pas ton genre grommela père.

On en parle

Excusez du peu, un article dans Wikipédia !

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J’adore Internet ! Pendant que je vous écris, j’entends la voix d’Anca Visdéi sur l’émission postcasté de France Culture les mercredis du théâtre du 15 octobre. Et je découvre avec un grand plaisir l’accent d’Anca Visdei, les « r » adoucis qui donne tant de charme à sa voix. Auteure de Théâtre, Anca Visdei a connu Jean Anouilh et a été reconnue par lui.

On sent à travers cette biographie tout le respect et l’estime de la jeune tragédienne pour un père spirituel.C’est le livre d’une amie et d’une passionnée de théâtre. C’est aussi l’occasion de revisiter le théâtre d’Anouilh. Je dois avouer que je ne connais vraiment que Antigone et Le Voyageur sans bagage. Cette biographie est réussie car elle donne envie de relire Anouilh, seulement, lire du théâtre est un exercice difficile. Si on n’a pas eu la chance d’avoir vu jouer les pièces lues, il manque l’essentiel.

La personnalité de cet auteur est impressionnante, fidèle en amitié, respectueux des jeunes auteurs, dignité dans ses prises de position. Jean Anouilh est en dehors du monde contemporain : il fuit les média, le monde parisien, les honneurs… Le monde aura bien du mal à l’accepter. En réalité, si on croit sa biographe, c’était simplement et totalement un homme de théâtre, il ne vivait que pour cela. Il était persuadé que le théâtre ne devait jamais être subventionné pour pouvoir respecter la règle d’or :

La principale règle est de plaire et de toucher. Toutes les autres ne sont faites que pour parvenir à cette première. (Jean Racine)

Si Jean Anouilh est démodé, comme le dise certains, c’est sans doute à cause de son honnêteté intellectuelle et son absence de compromission. Ce n’est sans doute pas par hasard qu’il a su faire revivre pour longtemps encore l’intransigeante Antigone.

Citations

Anouilh s’est battu souvent, avec courage et un total désintéressement, pour faire connaître l’œuvre d’autres auteurs. Rare générosité dans un monde d’egos surdimensionnés comme l’est, fatalement, celui des auteurs dramatiques.

 

Voici ce que Jean Anouilh répondit à ceux qui lui demandait de faire partie de l’Académie Française :

D’accord, mais il faut me donner aussi un siège de député, une place d’administrateur à la Caisse des dépôts et Consignations, le secrétariat de la délégation ministérielle pour l’armement, le service de la promotion de la SNCF, et l’animation du Racing Club de France, section camping. (Jean Anouilh)

 

Quand on fera les comptes (…) on s’apercevra que seuls ceux qui ont amusé les hommes leur auront rendu un véritable service sur cette terre. Je ne donne pas cher des réformateurs, ni des prophètes mais il y aura quelques hommes futiles qu’on révéra à jamais. Eux seuls auront fait oublier la mort. (Jean Anouilh)

 

Mourir n’est rien. Commence donc par vivre. C’est moins drôle et c’est plus long. (Jean Anouilh)