Traduit de l’anglais ( ?) préfacé et annoté par Pierre Nordon Édition livre de poche
J’ai tellement souffert à la lecture de la biographie « Virginia » d’Emmanuel Favier que j’ai suivi les conseils que vous aviez mis en commentaires : relire l’œuvre de cette grande écrivaine. J’ai commencé par « Mrs Dalloway » si je suis certaine de l’avoir lu dans ma jeunesse , je pense être passée à côté de son originalité. Pour une fois, je dois avouer que les notes et la préface m’on beaucoup aidée à comprendre toute la portée de ce roman. D’abord pour la compréhension de lieux, car je connais mal Londres et les lieux permettent à l’écrivaine de situer immédiatement la scène dans une réalité sociale que les notes m’ont bien expliquée. Puis, j’ai suivie de plus près les changements de narrateurs et enfin tous les fils qui se croisent au rythme des heures égrenées par Big Ben. Je rappelle le sujet : Clarissa Dalloway une femme de la haute société britannique va donner, le soir même, une réception. Sa journée sera occupée par les le choix des fleurs et les différentes rencontres qu’elle fait (ou non). La plus importante étant sans dont celle avec l’homme qu’elle a aimé puis repoussé dans sa jeunesse, Peter Walsh. Nous suivons aussi tous ceux qui lui ont permis d’être aujourd’hui Clarissa Dalloway avec en contre point, la journée tragique de Septimus Smith, soldat revenu de la guerre 14/18, qui se suicidera à la fin de la journée, car la médecine était incapable de le sortir de son traumatisme dû à la violence de ce qu’il a subi pendant la guerre.
Vous le savez aussi, sans doute, ce qui fait toute l’originalité du style de l’auteur c’est que celle-ci s’efface entièrement et laisse chaque personnage évoluée dans ses pensées personnelles. C’est donc le maillage serré de tous ces dialogues intérieurs qui nous permet de connaître et comprendre Carissa Dalloway et aussi de mieux connaître la société anglaise qui, après la première guerre mondiale, domine encore une grand partie de la planète.
C’est un belle réussite de faire comprendre aussi bien la vérité de cette époque en ne décrivant qu’une seule journée. Je comprends que l’on parle de chef d’œuvre littéraire. Si j’ai quelques réserves, c’est que rien ne coule de source dans cette lecture, je le redis sans les notes je n’aurais pas pu comprendre tout ce que Virginia Woolf voulait nous dire.
Citations
Portrait de Clarissa Dalloway
Elle ne se relâchait en aucun sens du terme, elle était droite comme une flèche, un peu rigide à dire vrai. Elle disait qu’ils avaient une sorte de courage qu’elle respectait la de plus en plus à mesure qu’elle prenait de l’âge. Il y avait beaucoup de Dalloway dans tout cela naturellement ; c’était imprégné d’esprit civique, d’Empire britannique, de réforme des tarifs douaniers, bref l’esprit de la classe dominante n’avait pas manqué de déteindre sur elle. Avec deux fois plus d’intelligence que lui, il fallait qu’elle voit les choses avec son regard à lui – une des tragédies de la vie conjugale. Avec l’esprit qu’elle avait, il fallait toujours qu’elle cite Richard – comme si on ne savait pas à la virgule près ce que pense et Richard en lisant le Morning Post du matin.
C’est bien compliqué l’éducation anglaise (c’était avant les blogs !)
L’un de ses hommes à l’instruction imparfaite, autodidactes dont toute l’éducation provient de livres empruntés dans des bibliothèques publiques, le soir après la journée de travail, sur le conseil d’auteurs connus consultés par courrier.
Remarque si vraie sur les prénoms
Londres n’a fait qu’une bouchée de millions de jeunes gens du nom de Smith ; et ne se souciait guère de prénoms extraordinaires comme Septimus par lesquels des parents pensaient distinguer leurs enfants.
Portrait d’Elizabeth la fille de de Clarissa qui fait penser aux photos de Virginia Woolf adolescente.
Elle avait tendance à être passive. Il lui manquait d’être expressive, mais elle avait de beaux yeux, des yeux de Chinoise, orientaux et, comme disait sa mère, de si jolies épaules et un port si droit qu’elle était toujours délicieuse à regarder ; et ces derniers temps, tout spécialement le soir, quand quelque chose l’intéressait, car elle ne s’excitait jamais, elle était presque belle, majestueuse, sereine. À quoi pouvait-elle penser ? Tous les hommes tombaient amoureux d’elle et elle trouvait vraiment cela horriblement ennuyeux. C’était le commencement.
Humour ?
Elle aimait bien les malades. Et tous les métiers sont ouverts aux femmes de votre génération, avait dit Miss Kilman. Donc elle pourrait être médecin. Où avoir une ferme. Les animaux sont souvent malades.