Édition Flammarion Août 2004
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard
Toujours dans le thème de notre club de lecture de Mars 2024, voici un grand succès de 2004. Sans doute le roman qui a lancé la notoriété de Serge Joncour. Et c’est justement le thème de son livre, « la célébrité » : qu’est ce que cela fait à une personnalité d’être reconnue dans la rue, de se sentir remarquée par une foule de gens que vous ne connaissez pas, de voir les hordes de jeunes femmes excitées crier votre prénom (« Patrick, Patrick ! ….) , bref, de devenir une « Idole » d’où le titre ?
Le début est étonnant et commence bien le récit, un jour sans que le personnage sache pourquoi il semblerait que tout le monde le reconnaisse . Sa première réaction est d’abord de penser à une erreur, puis il cherche (assez mollement il est vrai ) à comprendre ce qu’il a fait pour cela. Je me suis demandé si en 2004 on ne pouvait pas déjà faire une recherche sur internet et donc trouver les raisons de sa propre célébrité. Le roman visiblement se passe avant l’essor d’internet. Peu à peu, le personnage profite de cette subite notoriété. Voir le monde à ses pieds et qu’on lui ouvre toutes les portes c’est de plus en plus agréable, même la banque lui offre de l’argent, lui qui n’a eu jusqu’à présent que des comptes à découvert. Puis la télévision s’en mêle, et là ça se complique un peu comment parler de soi alors qu’on ne sait pas pourquoi on est là . On sent aussi que le directeur de chaîne l’utilise sans trop le respecter .
Un bon moment de lecture assez amusant et qui préfigure notre monde de 2024, où grâce (ou à cause c’est selon !) aux réseau sociaux on peut effectivement être célèbre seulement en se photographiant tous les jours devant son assiette, en embrassant son petit ami, en essayant des maillots de bain, devant des monuments les plus variés … . La différence avec le personnage de Pierre Joncour, c’est que ce sont les personnes elles-mêmes qui organisent leur célébrité qui ne repose, comme pour notre héros de « l’idole » que sur le vide le plus absolu.
Extraits
Début .
J’ai compris que j’étais devenue célèbre le jour où Naomi Machin s’est retourné sur moi dans la rue. Dans la foulée du top Model un tas de gens faisaient comme elle, tous me suivaient du regard pour s’assurer que c’était bien moi. Plus loin il y eut même un bus pour me lancer des appels de phare, et des passagers dedans qui faisaient coucou ! Oui, assurément, j’étais devenu célèbre à ce point-là. Mais célèbre pourquoi je ne voyais vraiment pas.
Le karaoké.
Il n’en reste pas moins que ce jour là ils m’avaient tous applaudi, certains avaient hurlé des bis et des hourras, mais à quoi bon. On en était resté là, j’avais sobrement quitté la piste et m’étais remis à table pour finir une soupe relevée, et, après deux bols de riz, tout le monde m’avait oublié. C’est bien le problème du karaoké, on est génial, mais pas longtemps.
La célébrité.
De jour en jour je m’émerveillais des avantages qu’il y avait à être à ce point célèbre, cela m’ouvrait une préséance, une irradiation qui m’allaient comme un gant, et comblaient prodigieusement ce manque de personnalité qui me lésait depuis toujours. En faisant de moi quelqu’un de célèbre le sort m’attribuait mieux qu’un don, une sorte de réparation, un dédommagement pour toutes ces années passées à n’être que moi. Voilà qui me conférait une vraie valeur, sans que je sache trop laquelle, un peu à la manière de ces tableaux dont on ne saurait dire le prix, mais dont on sent bien qu’on ne pourra jamais se les payer.