Éditions Pocket . traduit de l’anglais (États-Unis) par Christine Auché

lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 

La mythologie grecque a toujours été, depuis l’enfance, une de mes passions. Et pour une fois, je ne suis pas encombrée par le suspens car, oui, je connais la fin de l’histoire et vous aussi n’est ce pas ? Ce qui peut vous conduire à lire ce livre, ce n’est donc pas si Achille survivra à la guerre de Troie, ni même comment il mourra, tous les épisodes de sa courte vie, on les connaît. Achille celui qui a choisi la gloire et la mort précoce plutôt que la survie et l’oublie pour les générations futures peut-il encore passionner les générations actuelles. Vous toutes, les antidivulgâcheuses qui me surprennent tant malgré votre nombre, je sais comment vous attirer vers ce roman : je trouve très intéressante la relecture d’une autrice américaine à propos de ce personnage grec. J’ai quelques réserves sur ses partis pris , pour elle le personnage d’Achille se définit à travers son amour homosexuel pour Patrocle et elle décrit avec une sensibilité contemporaine cet amour plus ou moins interdit. Elle dit bien que le sexe entre garçons était accepté mais pas pas l’amour. Ça se discute. Ce que j’ai aimé c’est le rôle des dieux et déesses qui interviennent tout le temps dans les histoires humaines, c’est simplifié par rapport à mes souvenirs mais cela rend le roman facile à lire. Ensuite la deuxième partie du roman la guerre, elle même, est aussi horrible que dans mes souvenirs.

J’ai bien aimé retrouver les personnages tels qu’on les connaît : le rusée Ulysse, l’horrible Agamemnon qui n’hésite pas à trancher la gorge de sa douce Iphigénie, les différents rois de la Grèce. Leurs débats sans fin, leur jalousie et leur mesquinerie . Pour résumer mes réserves je dirai que je me suis senti à Hollywood au pays de la culture mythologique grecque (cet avis ‘engage que moi) mais si ce livre permet à une jeune génération de se mieux connaître cette culture, alors, pourquoi pas ! J’ai été loin, très loin du plaisir que m’avait procuré  » L’univers, les Dieux Les hommes » de Pierre Vernant.

 

Citations

Les demi dieux

 Le sang divin coulait différemment dans les veines de chaque enfant né d’un dieu. La voix d’Orphée faisait pleurer les arbres, et Héraclès pouvait tuer un homme en lui tapant dans le dos. Ce qui était miraculeux chez Achille, c’était sa rapidité. Lorsqu’il entama la première passe d’armes, sa lance bougeait si vite que je n’arrivais pas à la suivre du regard.

Discussion à propos de la guerre.

 -Peut-être bien, mais je ne vois pas de raison de le tuer, répondit froidement Achille. Il ne m’a rien fait. 
Ulysse s’esclaffa comme s’il venait d’entendre une bonne plaisanterie.
– Si chaque soldat ne tuait que les ennemis qui l’ont personnellement offensé, Pélides, il n’y aurait aucune guerre, oberva-t-il narquois. Quoique ce ne soit peut-être pas une si mauvaise idée.

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5
Cinq coquillages sans aucune hésitation pour ce livre qui rend les mythes grecs abordables et passionnants. Je conseille ce livre facile d’accès à toutes celles et tous ceux qui veulent un premier aperçu de la mythologie grecque, on y trouve des réflexions pratiquement philosophiques et des récits ô combien passionnants. Jean-Pierre Vernant le dit lui-même dans son introduction, il avait été sollicité par son petit fils pour raconter des histoires, spécialiste de l’antiquité grecque, il lui a raconté celles qu’il connaissait le mieux : les légendes et les mythes fondateurs de notre civilisation.

Quelle chance a eue cet enfant ! Puisqu’il a été écrit après cette expérience de transmission orale, ce livre a deux grandes qualités : il est érudit sans être complexe et il retrouve un des aspects de la civilisation grecque, le plaisir du conte. Jean-Pierre Vernant en conteur cela devait être merveilleux, on le sent bien, il prend à partie les Dieux, il s’amuse avec un esprit d’une insolence joyeuse qui rend le récit très vivant.

Mon petit fils me demande aussi les histoires d’Ulysse, et c’est pour lui que je me suis replongée dans ce livre pour mon plus grand plaisir.

Citations

 L’un des traits de l’existence humaine c’est la dissociation entre les apparences de ce qui se laisse voir, se laisse entendre, et puis les réalités.

 

Ulysse ne résiste pas au plaisir de la vantardise et de la vanité. Il lui crie : « Cyclope, si on te demande qui a aveuglé ton œil, dis que c’est Ulysse, fils de Laërte, Ulysse d’Ithaque, le pilleur de ville, le vainqueur de Troie, Ulysse aux mille tours ? » Naturellement, quand on crache en l’air, cela vous retombe sur le nez.

 

Les histoires concernant Dionysos prennent un sens un peu particulier quand on réfléchit à cette tension entre le vagabondage, l’errance, le fait d’être toujours de passage, en chemin, voyageur, et le fait de vouloir un chez-soi, où l’on soit bien à sa place, établi, où l’on ait été plus qu’accepté : choisi.