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Je ne sais plus sur quel Blog, j’ai trouvé cette référence. Le sujet m’intéressait et j’ai donc lu le récit de Joseph Fadelle, parce qu’aujourd’hui, les attentats dont sont victimes les chrétiens dans les pays à forte majorité musulmane, nous obligent à nous intéresser à leur sort. « le prix à payer » fait partie des livres qu’il faut lire pour se rendre compte à quel point l’Islam laisse peu de place à la contestation. Quant à la conversion à une autre religion, alors là ! L’individu concerné se met en danger de mort. Et encore, Joseph (ex Mohammed) a voulu devenir chrétien.. Que se serait-il passé s’il avait voulu devenir juif !

Comme tous les livres de témoignage où un homme raconte comment il a risqué sa vie pour obtenir sa liberté, l’émotion est intense. Malgré la force de ce témoignage , j’ai été déçue par ce livre. Je m’attendais à une explication plus profonde de l’Islam. Cela semble étrange que tant de gens soient attachés à cette religion alors qu’une simple lecture attentive du Coran suffise à en démontrer sa cruauté et son peu de respect de la personne humaine (surtout si cette personne est du sexe féminin !).

Sa conversion au christianisme est un peu mystérieuse, car la lecture de la Bible n’est pas non plus un recueil d’une grande douceur ! On le sent très attaché à la foi chrétienne mais sans que je comprenne bien pourquoi. La seule chose dont je sois certaine , c’est que nous avons une chance incroyable de vivre dans un pays de laïcité et qu’il faut tout faire pour que les principes qui permettent à chacun de respecter la liberté de conscience de l’autre soient en tout lieu respectés.

Et pour cela, laisser la religion dans la sphère du privé.

On en parle

La publivore.

41wjfKX35fL._SX295_BO1,204,203,200_Traduit de l’anglais de l’Afrique du Sud par Bernard Turle.

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Brink, André Brink ! 
Je dois à cet auteur la révélation de ce qu’a été l’Afrique du Sud : un pays tragique et superbe. Depuis Une saison Blanche et Sèche , j’ ai lu avec passion ses romans : Un turbulent silence, Au plus noir de la nuit… Il a su, avec un talent incomparable ,entraîner ses lecteurs dans les méandres des passions humaines. ET … Il vient à Saint-Malo , aux « étonnants voyageurs » , avec son autobiographie Mes bifurcations.

C’est un des meilleurs conteurs que je connaisse, et c’est, encore une fois, ce talent là qui m’a le plus intéressée dans ce très long récit. Il y fait le point sur tous ses parcours. Il a pris tous les chemins des révoltes et là où l’injustice essaie d’étouffer l’esprit de liberté ,André Brink met son talent et sa notoriété au service de ceux qui luttent. Bien avant d’être un écrivain célèbre dans le monde entier, il a été un petit Afrikaner élevé par des parents aimants mais tout naturellement racistes et cherchant à éviter tout contact avec la population noire qui les entourait.

Jeune étudiant, c’est en France, en côtoyant des étudiants noirs, qu’il prendra conscience de l’horreur de la situation dans son pays. De retour chez lui il ne cessera , alors, de participer très activement à la lutte contre l’Apartheid, prenant souvent de très grands risques. Il retourne en 1968 en France et cela m’a amusé de lire ce qu’il a pensé des événements de mai 68 en France.

Le livre mêle ses expériences et évolutions personnelles et les conflits du monde que ses positions courageuses l’ont conduit à connaître. Il le dit lui-même il est plus écrivain que politique. Il a été amené à s’appuyer sur des idées révolutionnaires qui ont provoqué bien des tragédies elles-aussi,la partie critique de ces idéologies me manque un peu. Il fait, également,la part belle aux femmes rencontrées et aimées pour certaines d’entre elles, à la passion.

Son livre se termine très tristement car l’Afrique du Sud est gouvernée par des incompétents et des corrompus. La violence y fait, encore, beaucoup de victimes , la seule différence , c’est qu’aujourd’hui elle est exercée par des noirs contre les blancs ou des noirs riches. Entre le chef d’une police dépassée ou totalement corrompue, une ministre de la santé qui veut lutter contre le Sida avec de l’ail et des décoctions de plantes, on se dit, hélas ! que ce pays est bien mal parti. Dans ce chapitre on peut lire ce qu’il avait déjà écrit dans un article du Monde paru en 2006.

Par soucis d’honnêteté, André Brink cite tous les noms des personnes qu’il apprécie où qu’il critique , on est parfois un peu submergé par tant de noms inconnus et de précisons sur les circonstances de ces rencontres . Cela alourdit son récit et je dois avouer que j’ai parfois sauter des pages. Ses mémoires fourmillent de moments très différents. Comme le dit le titre, André Brink a bifurqué souvent.. mais sa ligne de conduite a toujours été : un fil rouge tendu entre la liberté et le respect de l’être humain.

Citations

Pour consoler tous ceux et celles qui comme moi se désespèrent de ne pas savoir bricoler

Je ne sais vraiment rien faire de mes dix doigts . Et même avec quatre ou trois ou deux.
Cela dit, mon incompétence n’a jamais altéré ni mon enthousiasme ni ma détermination. Au contraire. Je raffole des outils de menuiserie. Plus ils sont chers et inutiles, plus ils me plaisent . Des plus sophistiqués, comme des meuleuses d’angle , perceuses, tournevis électriques ou scies à chantourner , aux plus simples comme les pinces , marteaux et burins de base. Je les respecte , je les révère , je les adore. Le seul problème, c’est que je ne sais pas m en servir . En théorie , oui. Mais en pratique. Qu’à cela ne tienne , je n’ai pas peur d’essayer.

 La bêtise

Je dois à Naas le plaisir douteux d’avoir rencontré une femme aussi stupide que charmante, épouse d’un troisième secrétaire à Berne, également aussi stupide que charmant . Un jour elle se lança à corps perdu dans une discussion très intense sur la résurgence de l’antisémitisme. Elle avança sa propre opinion très mûrie : « voyez-vous , j’ai beaucoup réfléchi à ce problème et je crois que l’antisémitisme tient beaucoup à la haine qu’ont les gens pour les juifs. »

 Une injure à laquelle je n’avais jamais pensé

Un jour, elle avait remis à sa place un opposant politique particulièrement vaniteux en disant que quelqu’un comme lui aurait dû s’abstenir de s’impliquer dans la vie publique.
« Que voulez vous dire ? » S’enquit-il avec une grimace méprisante.
« Il est évident, rétorqua-t-elle (entra autres, elle était sage-femme) qu’à votre naissance, ils ont enterré l’enfant et élevé le placenta. »

L’exil

Mazisi ne connaissait pas un traître mot de français mais crut reconnaître le mot zoulou « lapa », qui signifie aussi « là-bas ».
Plus tard , il expliqua qu’il n’avait pas été surpris que le gendarme lui parle en Zoulou : de son point de vue, c’était tout naturel. Ce qui l’avait surpris, et qui lui avait fait plaisir, c’est que le Français ait immédiatement reconnu dans son interlocuteur un Zoulou. À compter de ce jour, Mazisi aima les Français.

L’apartheid

Ce n’étaient pas les meurtres,les atrocités, les mutilations et les tortures que l’on considérait, en fin de compte comme le pire mal perpétré par l’apartheid, mais ceci : la violence faite aux esprits, les émotions mises à nu, la souffrance abrutissante infligée aux individus et aux générations.

3
J’aime entendre la voix de ce slameur, je lui trouve un charme très particulier. Encore une fois, les « vrais » littéraires lui reprochent de faire de la poésie de bas étage. Mais je trouve ça injuste, ses textes ne peuvent pas être séparés de sa façon de les dire. C’est comme si on reprochait aux chanteurs de faire de mauvais poèmes.

Son livre raconte sa rééducation parmi des handicapés parfois lourdement et souvent définitivement. Il se lit très vite mais il est, je pense, indispensable pour tous ceux qui ne connaissent pas le handicap. Le regard des valides sur le handicapé ne peut changer que si nous comprenons exactement de quoi leur souffrance est faite.

Ce livre se lit en quelques heures mais peut changer définitivement nos a priori sur les gens en fauteuil.

Citations

Le plus important pour un malade

Un bon patient sait patienter.

Le style du livre

Farid s’emmerde tellement quand il doit rester au lit alors que les autres partent en rééducation, qu’il a inventé le concept de « niquer une heure ». Il est à l’affût de tout ce qui peut contribuer à faire passer le temps. Bien sûr, l’idéal , c’est le sommeil. Si tu fais une bonne sieste, tu « niques » une heure facilement. Un bon film à la télé peut te permettre de « niquer » une bonne heure et demie. Un long coup de téléphone peut être utile pour « niquer » vingt minutes… Il est marrant ce Farid.

 Une leçon de vie

C’est jamais inintéressant de prendre une bonne claque sur ses propres idées reçues.

On en parle

Chez Baz’art

L’écouter

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Traduit de l’anglais par Christiane et David ELLIS.

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Je pense que Dominique avait encore raison, quand on a pris le virus Bill Bryson, on va au bout de son plaisir et on lit tout ce qu’il a écrit. J’ai de nouveau été séduite par « Motel Blues », c’est drôle et profond à la fois.

C’est remarquablement traduit, mais j’observe qu’il a fallu qu’un couple s’y mette, sans doute une femme d’origine française et un homme de langue anglaise. Je ne sais pas pourquoi mais j’imagine que, même s’ils ont beaucoup travaillé, ils ont dû aussi beaucoup s’amuser, pour nous offrir toute la saveur de l’humour de ce grand observateur des comportements humains. J’ai aimé la tendresse qui l’attache à son père un peu radin, mais qui a su faire aimer la vie à ses enfants.

Avec Bill Bryson nous partons donc à travers ce vaste , très vaste pays. Je conseille ce livre à toutes celles et tous ceux qui veulent faire du tourisme aux USA, c’est vraiment un pays immense, capable du meilleur comme du pire. Les états peuvent être très différents des uns des autres mais il faut toujours avaler au minimum 300 kilomètres pour aller d’un point à un autre. Certains lieux touristiques sont à fuir absolument, en particulier ceux des réserves indiennes .

Les village reconstitués peuvent avoir du charme mais cachent mal qu’aux États-Unis, peu de choses sont faites pour conserver le patrimoine. On a l’impression parfois d’aller d’une zone semi industrielle à une zone commerciale en passant par des échangeurs d’autoroutes complètement surréalistes. C’est avec une grand tristesse que je constate que l ‘approche de toutes les villes françaises sont devenues aussi impersonnelles que ce qu’il nous décrit aux USA en 1989. Nos centres villes sont restés encore très vivants mais pour combien de temps encore ?

C’est aussi l’intérêt de ce livre, il permet d’observer la civilisation américaine et je l’espère éviter ses excès.

Citations

 Le racisme

Cette remarque m’a fait penser la Bretagne où on se félicite de n’être pas raciste

Les Sudistes détestent cordialement les Noirs et pourtant ils semblent cohabiter avec eux sans problème, tandis qu’au Nord , les gens n’ont rien en générale contre les Noirs, les considèrent même comme des êtres humains dignes de respect et sont même prêts à leur souhaiter bonne chance dans la vie, mais désirent surtout ne pas avoir à les fréquenter de trop près.

 Les abord des villes aux USA en 1989 , les nôtres, aujourd’hui, sont elles différentes ?

 De nos jours , une ville si modeste soit-elle, a deux ou trois kilomètres de restoroutes, de motels,d’entrepôts à prix discount,de centres commerciaux – tous surmontés d’enseignes mobiles d’une dizaine de mètres et accompagnés de parking de la taille des Ardennes.

L’architecture hôtelière américaine (hélas, on pourrait dire la même chose pour la France aujourd’hui)

Au bout de la rue , il y a le nouvel hôtel Hyatt Regency qui vous flanque instantanément la déprime. Ses formes massives en béton appartiennent visiblement à l’école d’architecture tendance « on n’en a rien à foutre » que les chaînes hôtelières américaines ont en prédilection.

Le touriste de base américaine en camping car

Voilà, hélas, comment de nos jours beaucoup de gens passent leurs vacances. Cela consiste avant tout à ne pas s’exposer au moindre moment d’inconfort ou de désagrément , voire même, dans la mesure du possible , à éviter de respirer l’air pur. Quand l’envie de voyager vous prend, vous vous enfermez dans un luxueuse boite de 13 tonnes , vous parcourez 700 kilomètres hermétiquement protégés contre les éléments naturels, et vous vous arrêtez dans un camping où vous vous vous précipitez pour brancher l’eau et l’électricité afin de ne pas être privé un seul instant , d’air conditionné, de machine à laver la vaisselle ou de four à micro-ondes.

 Et au Yosemite

Mais Yosemite fut une déconvenue monumentale . Ce que vous apercevez en premier c’est la vallée d' »El Capitan » avec ses montagnes imposantes et ses cascades blanches qui se déversent à des centaines de mètres sur les prairies du bas. Vous vous dites alors que vous êtes sans doute passé dans l’au delà et que vous vous trouvez au Paradis. Puis vous continuez et vous descendez à Yosemite Village et vous vous rendez compte que si effectivement vous êtes au paradis, vous allez passer le reste de l’éternité au milie d’une horrible bande de touristes obèse en bermuda.

 Bravo pour la traduction. Humour sur l’accent du sud des États-Unis

Mais à ce moment-là , la serveuse arriva et me dit :
« Tu veux voir mon minou sans t’géner, chéri ? »
Et je compris que c’était hors de question. Je ne comprenais pas un traître mot de ce que les gens me disaient. Ils auraient tout aussi bien pu me parler chinois. Il nous fallut de longues minutes et force gesticulations du couteau et de la fourchette pour rétablir ce que la serveuse avait vraiment dit :
« Tu veux voir le menu du p’tit déjeuner, chéri ? ».

Les villages reconstitués

On se trouve partout confronté de manière exaspérante à des détails qui font pastiche. Autour de l’église paroissiale de Burton, les pierres tombales sont visiblement des imitations ou, en tout cas , les inscriptions sont toutes récentes. Rockefeller ou un autre gros bonnet, a sans doute été déçu de constater qu’après deux siècles de plein air les pierres tombales deviennent invisibles . Si bien que maintenant les inscriptions sont neuves et bien taillées, comme si on les avait gravées la semaine passée , ce qui est peut-être le cas.

 Humour

Ce mémorial est tout à fait ce qu’on imagine : Lincoln y est assis dans son grand fauteuil , l’air noble mais affable. Il avait un pigeon sur la tête. Il en a toujours un. Sans doute le pigeon pense-t-il qu’on vient tous les jours pour le regarder.

 Les routes

À Boston , le système routier est absolument fou. Il visiblement été conçu par quelqu’un qui a passé son enfance à mettre en scène des accidents avec son train électrique . Tous les cent mètres , la voie que je suivais disparaissait et d’autre voies venaient s’y ajouter de la droite ou de la gauche , parfois même des deux côtés à la fois . Ce n’était pas un réseau routier, c’était de l’hystérie á quatre roues.

Une citation pour mon frère forestier

Le séquoia est un arbre laid. Il n’en finit pas de s’élever mais ses branches sont rares et courtaudes, ce qui lui donne un air idiot : c’est le genre d’arbre que dessine un gosse de trois ans

Éclat de rire. Et encore un petit plaisir de la vie que l’appareil numérique nous a enlevé…

Les Allemands sont arrivés , aussi déplaisant et antipathiques que savent l’être des adolescents, et ils m’ont privé de mon arbre. Ils ont grimpé sur la clôture et commencé à prendre des photos. J’ai pris un plaisir mesquin à me mettre devant le type qui tenait l’appareil à chaque fois qu’il appuyait sur l’obturateur, mais c’est une activité qui ne vous distrait pas éternellement, même quand il s’agit d’Allemand.

 On en parle

Chez Keisha, par exemple.

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Voilà le premier de ma liste (la fameuse PAL des blogueuses !) que j’ai glanée dans les différents blogs que je lis régulièrement : Ys, Dominique, Helène, Dasola, et tant d’autres excusez moi. Je dois celui-ci à Krol et ce fut un beau moment de lecture, un peu bref cependant. Je comprends qu’elle ait aimé car c’est un livre d’une rare émotion et très pudique en même temps. On peut imaginer que ce sont les souvenirs de réfugiés espagnols racontés par l’arrière petite fille. Il y a dans ce récit la distance de deux générations qui atténue un peu la souffrance et la terreur face à la mort présente partout au moment de la guerre d’Espagne et en France sous la botte nazie.Et puis, je pense que cela aide un peu, la famille est restée unie et a survécu , c’est certainement plus facile de raconter alors de cette facon là : en y mêlant la poésie , la pudeur et l’amour.

Voici donc, les souvenirs d’une femme, sa fuite devant la menace de mort des communistes, son attachement à la république, l’exil , son installation en France . La lutte de ceux qui lui sont proches contre le nazisme. Tout cela est évoqué sans insistance . Des souvenirs plus qu’un récit. C’est un livre qui se lit en quelques heures et qui laisse dans la mémoire une impression apaisée malgré les souffrances qui y sont racontées. Honnêtement, je dois dire que je suis contente de l’avoir acheté d’occasion, et je ne le garderai pas car c’est un livre qui manque un peu de densité. Mais je ne l’oublierai pas non plus.

Citations

L’exil pour un enfant

Iduri est allé à l’école de jeunes filles de Mademoiselle Églantine. Et c’est accompagné de l’une d’elle qu’il est revenu cet après-midi à la maison. Son visage était dévasté par les pleurs. Il avait fait dans sa culotte , son pantalon et ses jambes étaient complètement souillés . La jeune fille est repartie. Iduri, transi de honte, tremblait dans l’entrée.
« Ama , excuse moi, je n’ai pas su le dire , je n’ai pas su le dire en français , Ama. »
Il bégayait sans cesse ces mêmes mots.
« Ama , Ama , excuse moi . Je n’ai pas pu me retenir. Ama, j’ai honte, Ama, je ne veux plus y retourner. »
… Indi , mon tout petit, c’est cela aussi l’exil. Ne pas pas savoir dire, ne pas être la ou nous devrions. Et à chaque instant , avaler cette honte indigeste qui nous brule le ventre.

Un beau portrait d’homme

Il pense à sa propre mère qui, forte de l’intelligence et des succès de ses huit autres fils, le regardait, lui le neuvieme, lui le dernier, en lui disant d’un air à la fois désemparé et complice : » toi, tu as mis tes pensées dans tes mains. »
Elle ne se trompait pas. Aïta ne peut avoir un avis sur les choses qu’après les avoir touchées. Et tout ce qui a trait aux idées ne l’intéresse pas. Il laisse volontiers aux oncles la manipulation des concepts. Ce qu’il aime ? c’est contempler la nature s’épanouir, s’agenouiller chaque jour le long des allées et voir un bourgeon , une pousse vert tendre pointer vers le ciel.

On en parle

chez Krol évidemment je la remercuie pour cette lecture

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Romain Gary a enchanté toute ma jeunesse, j’ai aimé ses livres avec passion, j’y trouvais l’aventure la réflexion sur la vie, l’humour et la tendresse. J’ai choisi de relire « la promesse de l’aube » et j’ai immédiatement tout retrouvé , même mes souvenirs. La vie de Romain Gary est intimement liée a son oeuvre , et sa vie est la quintessence des horreurs du 20e siècle.

Grâce à l’affection de sa mère, il traversera toutes les épreuves comme protégé par un bouclier d’amour. Il deviendra cet homme au destin incroyable ,lui, le petit réfugié russe élevé dans l’amour de la France. Cela ne l’empêche pas d’ouvrir des yeux amusés et parfois tristes sur les petitesses de ce grand pays qui a bien du mal à accueillir un amour un peu encombrant.

À la relecture j’ai été surprise des notes de désespoir qui s’y trouvent, mais il est vrai que je connais aujourd’hui la fin de l’histoire, et le suicide de l’auteur plane maintenant sur son oeuvre. Je sais que Romain Gary a toujours de jeunes lecteurs. Ça ne m’étonne pas car il sait embarquer son lecteur dans un roman à la fois drôle et tragique ; il sait raconter une histoire et nous faire réfléchir sur la condition humaine.

Citations

Grandeur et limite de l’amour maternelle

 Avec l’amour maternel, la vie vous fait une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela chaque fois qu’une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son coeur , ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné.

 Humour du fils et démesure de la fierté d’une mère

– Tu seras ambassadeur de France , c’est ta mère qui te le dit.
Tout de même, il y a une chose qui m intrigue un peu. Pourquoi ne m’avait- elle pas fait Président de la République pendant qu’elle y était ? Peut-être y avait-il , malgré tout, chez elle, plus de réserve, plus de retenue, que je ne lui en accordais.

 Des formules qu’on aimerait retenir

Mais enfin, la véritable tragédie de Faust, ce n’est pas qu’il ait vendu son âme au diable. La véritable tragédie, c’est qu’il n’y a pas de Diable pour vous acheter votre âme. Il n’y a pas preneur.

 J ‘ai rencontré des hommes comme ça

 J’étais donc loin de soupçonner qu’il arrive aux hommes de traverser la vie, d’occuper des postes importants et de mourir sans jamais parvenir à se débarrasser de l’enfant tapi dans l’ombre, assoiffé d’attention, attendant jusqu’à la dernière ride une main douce qui caresserait sa tête et une voix qui murmurerait : « oui mon chéri, oui, Maman t’aime toujours comme personne d’autre n’a jamais su t’aimer. »

  Ne sommes pas tous comme lui ?

J’ai toujours éprouvé une insurmontable répugnance à faire de la peine à autrui, ce qui doit être chez moi un signe de faiblesse et un manque de caractère.

 Des amours compliqués et toujours autant d’humour

Et la somme fabuleuse de cent cinquante dollars qui me fut versée me permit de faire un voyage en Suède, à la poursuite de Brigitte, que je trouvai mariée. J’essayai de m’ arranger avec le mari, mais ce garçon n’avait pas de coeur.

Je me demande si je n’ai pas raté l’homme de ma vie en lui parlant de Proust

Je me contentai donc de lui caresser doucement les lèvres du bout des doigts, pour tenter d’interrompre le flot de paroles, cependant que, par un regard expressif, je l’invitai à un silence tendre et langoureux, au seul langage de l’âme. Elle immobilisait mes doigts dans les siens et repartait dans une dissertation sur le symbolisme de Joyce. Je compris brusquement que mon dernier quart d’heure allait être un quart d’heure littéraire. L’ennui par la conversation et la bêtise par l’intellect sont quelque chose que je n’ai jamais pu supporter.

Cette belle phrase, pour finir

La vie est jeune. En vieillissant, elle se fait durée, elle se fait temps, elle se fait adieu.

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Depuis « Où on va papa » on sait que Jean-Louis Fournier peut nous faire sourire des plus terribles des tragédies de la vie. Il écrit ce livre après la mort de celle qu’il a aimée pendant quarante ans. Il réussi son pari : faire revivre une femme qu’on aurait envie de mieux connaître et sans doute, parvient-il à un peu moins souffrir en la rendant si présente. Il réussit cela à sa façon en nous faisant sourire et rire parfois aux éclats .

Je vous recommande pour les soirées de morosité le formulaire de satisfaction du crématorium du cimetière du Père-Lachaise

J’ai reçu un questionnaire du crématorium du Père-Lachaise, ils veulent savoir si j’ai été satisfait des prestations. Je dois mettre des croix dans les petites cases , de « insatisfaisant » à « très bien » . on demande aussi mes observations et mes suggestions. Tout est passé en revue, l’accueil, la courtoisie, le choix des textes, le choix des musiques. Il y a aussi un service traiteur. À la rubrique « suggestion » , je vais proposer un barbecue géant.

Et une petite citation une phrase que je crois très vraie

Un bon souvenir, c’est comme une bonne bouteille , il ne faut pas le boire seul.

 Un brin d’humour

 J’invite des veuves à déjeuner à la maison. Monsieur Picard est la providence du veuf, je dégèle des petits plats pour réchauffer les veuves. On parle de nos conjoints qui n’avaient que des qualités parce que, c’est bien connu, ce sont les meilleurs qui partent en premier. On est quelque fois gênés d’être encore là.

On en parle

Moi clara et les mots, par exemple mais je pense qu’il y a beaucoup de beaux billets sur ce merveilleux petits livre.

 

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Dans le cadre du Club de lecture. Où comment perdre le goût de la lecture… Ce livre est pédant ne raconte rien sinon l’assurance qu’à cet auteur d’être un véritable écrivain. Le livre est truffé de mots savants sans aucun intérêt. On devient peut-être écrivain quand on appelle « drupes » les « nectarines » ?

Le monde dans lequel il évolue est triste car il ne voit que les côtés tristes des situations. L’auteur ne se donne qu’une seule qualité, celle d’être un auteur. Évidemment sa famille ne comprend pas pourquoi il n’écrit pas comme Coehlo ou Marc Lévy, car il n’est entouré que de gens médiocres qui n’ont pas le bon goût de l’apprécier. J’ai demandé à ma bibliothécaire préférée pourquoi ce livre était au programme de notre club.

Sa réponse m’a laissée rêveuse :

Je n’ai lu aucune critique négative sur ce livre, qui a plutôt une bonne presse. Je voulais savoir comment vous réagiriez.

Je suis de plus en plus sûre que les critiques officiels dans la presse ne lisent pas les livres dont ils parlent. Celui-là, franchement il peut partir aux oubliettes !

Citations

Description du personnage avec au passage un petit mot savant

Malgré mes ridicules désormais confirmées, ma canitie galopante, mon teint jaunissant, le lent émoussement de mes dents, le ternissement de mon regard , l’assèchement de mes joues et le rabougrissement général de ma silhouette, je n’avais pas l’impression d’avoir tant changé que cela depuis mes vingt ans.

On en parle

Voilà quelqu’un qui a aimé : Bricabook

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4
Jamais plus je ne regarderai les familles nombreuses à la sortie de la messe de Saint-Lunaire ou de Saint-Enogat, sans penser à ce livre. J’ai toujours eu beaucoup de compassion pour les fratries de 6 ou 7 enfants, tous coiffés de la même façon, cheveux courts pour les garçons, carré retenu par un serre-tête écossais pour les filles (la variante avec la barrette est aussi acceptable). Je sais par expérience que la vie dans ces familles n’est pas aussi rose que les gilets ras du cou de la dite couleur le laisseraient croire…

Quand en plus, la mère en veut à la société, à sa famille, à son conjoint, à ses enfants, de ne pas mener la vie digne de son « rang », alors ce qui était une difficulté de vivre devient un enfer. Au-delà de cet enfer, provoqué par la personnalité des parents, l’auteur décrit parfaitement bien la difficulté des rapports entre enfants et parents dans ce genre de famille.

J’avais déjà beaucoup aimé Priez pour nous, qui est son premier cri de désespoir adressé à ses parents. Lionel Duroy est plus complet dans ce livre autobiographique. Comme il commence au début de la rencontre de ses parents en 1944 et termine dans les années 2000, nous voyons toute notre époque se dérouler, avec ses violences et ses évolutions.

On voit aussi l’auteur prit dans des amours difficiles, il faut dire que, s’il sait critiquer les autres, il ne s’épargne pas non plus. Le moment où sa jeune compagne doit avorter seule et son manque de compréhension à ce moment là est d’une tristesse incommensurable. Toute ma jeunesse et ma vie d’adulte repassent devant mes yeux, et souvent un trait de caractère, une tristesse, un sourire, un souvenir me revient comme une fulgurance.

Etant donné le succès de cet auteur, il doit correspondre à plusieurs formes de sensibilité. J’ai beaucoup apprécié, également, la façon dont il décrit sa nécessité d’écrire, on le sent dans un état d’urgence et parfois même de survie. Il fait partie des enfants mal-aimés qui, sans l’écriture, auraient encore, tellement plus mal vécu. Il a le talent de savoir l’écrire, d’aller au-delà de sa souffrance personnelle et de s’adresser à chacun d’entre nous.

Citations

Ils ne s’autorisent que la méthode du docteur Kyusagu Ogino, qui consiste, pour la femme, à déterminer ses périodes de fécondité à l’aide d’un simple thermomètre, parce que cette technique a reçu l’onction de Rome.

 

Tant d’années après, je me dis que c’est ce soir-là qu’elle nous a fait le plus de mal, et par notre faute, parce qu’aucun d’entre nous trois, les garçons, n’a trouvé la force de la rappeler pour lui balancer en plaine figure ces mots que je me répète silencieusement, certaines nuits, aujourd’hui encore, et alors que notre mère est morte depuis longtemps : « maman, tu pourrais au moins nous remercier. On n’est pas des chiens. »

 

Comme si elle n’avait trouvé aucun moyen d’échapper à son personnage d’emmerdeuse – ni la force ni l’imagination-, et je me dis aujourd’hui qu’en cédant à ses caprices, à sa bêtise affichée (revendiquée, allais-je écrire), notre père a sans doute contribué à cet enfermement.

On en parle

Un nouveau blog (pour moi) le journal de Chrys

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Je savais que je lirai le livre de Dany Laferrière sur le tremblement de terre à Haïti, j’avais tellement apprécié « l’énigme du retour », je n’étais pas pressée car évidemment, je ne m’attendais pas à un livre d’actualité. Son livre est réussi, d’abord parce qu’il aide à comprendre ce que peut être une catastrophe de cette ampleur. Pour moi, les mots sont plus forts que les images, et je regarde de moins en moins les actualités à la télévision, je trouve que ça nivelle tout et qu’on perd tout sens critique.

Le livre de Dany Laferrière restera donc le témoignage de ce qui s’est passé le 12 janvier 2010 à 16 heures 53. Heure à partir de laquelle « notre mémoire tremble » nous dit-il avec cet art de dire les choses les plus graves sans pour autant larmoyer. On retrouve à travers sa déambulation pour savoir si les siens sont encore en vie, la société Haïtienne dans toute sa variété. Sa famille,ses amis toujours occupés à résoudre les problèmes du quotidien. Par exemple : savoir choisir un pneu pour qu’il dure au pire une journée au mieux une semaine !

On y retrouve la passion de l’auteur pour les artistes de son pays, son mépris pour ceux qui veulent réduire Haïti aux rites vaudou, beaucoup de remarques très intéressantes sur la façon de traverser une catastrophe comme ce photographe qui mitraille l’horreur sans trop se poser de questions.
Dany Laferrière sait faire aimer son pays et ses habitants, et lorsque j’ai senti l’humour poindre dans son texte, j’ai pensé que la vie reprenait ses droits :

« Un seul endroit a été épargné : le jardin dans lequel on s’est retrouvé maintes fois pour discuter de Tolstoï, de Joyce ou de Dieu (Frankétienne ne s’embarrasse pas du menu fretin). »

Citations

Dans les chambres d’hôtel souvent exiguës, l’ennemi c’est le téléviseur. On se met toujours en face de lui. Il a foncé droit sur nous. Beaucoup l’ont reçu sur la tête.

 

Toujours impeccable dans leurs uniformes, les employés de l’hôtel n’ont pas perdu leur sang-froid…..C’est peut-être le fait d’avoir une fonction à remplir qui leur permet de marcher droit.

 

Le séisme s’est donc attaqué au dur, au solide, à tout ce qui pouvait lui résister. Le béton est tombé. La fleur a survécu.

 

Je ne savais pas que soixante seconde pouvaient durer aussi longtemps. Et qu’une nuit pouvait n’avoir plus de fin.

On en parle

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