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Traduit de l’anglais des États-Unis par Hanna PASCAL

3
C’est un bel objet que l’on a entre les mains quand on ouvre ce livre. Le lecteur ne résiste pas au plaisir de laisser errer son regard dans les marges illustrées par des dessins au style botaniste scientifique. Et ce plaisir dure les 379 pages du roman. L’histoire est à l’image de l’esprit d’un enfant surdoué de 12 ans à la fois naïve, insolente et un peu brouillonne.

Le jeune Tecumseh Sansonnet dit T.S est un jeune prodige qui passe son temps à dessiner des cartes, les objets, les expressions de visage des adultes. Sa famille est quelque peu originale, son père tient un ranch et parle peu , sa mère est une botaniste de talent et ne vit apparemment que pour les coléoptères. Sa sœur Gracie se dit,elle même, la seule personne normale de la famille. La mort accidentelle de Layon le petit frère a rendu la famille encore plus bizarre. T.S Spivet part à travers les USA et ce long trajet dans un train de marchandise lui permettra de mieux comprendre ses origines, de s’imposer au monde des adultes scientifiques et au bout de ce voyage initiatique de retrouver l’amour des siens.

Bien sûr, l’histoire est un peu touffue, bien sûr ; la dernière phrase est trop « happy-end » («  Alors, j’ai poussé la porte, et je me suis avancé dans la lumière ») et puis, c’est toujours un peu agaçant que l’on prenne pour sujet un enfant surdoué, comme si l’enfance n’était pas par elle même, suffisante pour soutenir une histoire. Mais toutes ces critiques ne rendent pas justice au plaisir de lecture car le livre fourmille de bons moments et les illustrations sont de purs instants de bonheur. Une chose est sure, avec ce premier roman, Reif Larsen s’affirme comme un « étonnant voyageur » et un grand écrivain.

Citations

Le caractère de sa mère

Le Dr Clair était le genre de mère à vouloir vous apprendre le tableau de Mendeleïev à treize ans en vous faisant manger votre bouillie, mais pas à s’inquiéter , en cette ère de terrorisme mondial et d’enlèvements d’enfants, de savoir qui vous téléphonait.

Du temps de sa glorieuse ancêtre qui voulait étudier les sciences au grand scandale des hommes de son temps

Il y a toujours une façon de contourner les règles institutionnelles , crois-moi, dit M. Engletorpe. Je suis devenu expert en la matière. »
Le lendemain soir, il revint avec une lettre, signée d’un médecin, certifiant qu’Emma était atteinte d’une étrange maladie nommée. « Osteopélénie » ou « maladie des os sournois » qui lui interdisait de se livrer à la prière ainsi qu’à toute forme d’exercice physique. 

L’enfant du Montana découvre les États-Unis modernes

Sous mes yeux se déployait la géographie serpentine du monde civilise : un labyrinthe de six échangeurs repartis sur trois niveaux , d’une belle et fascinante complexité et néanmoins très fonctionnel, de construction admirable , et un flot constant de voitures tournant les unes au-dessus des autres sans que leurs conducteurs paraissent conscients de la grandiose alliance de béton et de physique théorique qui les soutenait dans leur circonvolution.

Le monde d’aujourd’hui

Chacun de ces objets avait été fabriqué dans une usine, sans doute en Chine , puis importé aux États-Unis dans un cargo piloté par un Russe renfrogné, puis acheté et jeté par un habitant de Chicago, et gisait a présent par terre , voletant dans la brise légère ( à l’exception des pneus qui ne voletaient pas).

Le regard sur le monde des adultes

J’ai alors compris que les adultes, à la différence des enfants, étaient capables de s’accrocher à certains sentiments négatifs, même quand l’événement qui les avait suscités était passé depuis longtemps, même quand les cartes postales avaient été envoyées, les excuses présentées, et que tout le monde avait tourné la page. Les adultes étaient des entasseurs pathologiques de vieille émotions inutiles.

Et une phrase qui sonne bien

La médiocrité est la moisissure de l’esprit.

On en parle

Blog de Zazie

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3
Dans le cadre du club de lecture. Un petit moment de plaisir, ça fait tellement du bien après les livres tristes que j’ai lus dernièrement ! Bien sur ce n’est pas de la grande littérature mais c’est bien raconté et finalement ce livre résonne en moi beaucoup plus profondément que je ne l’imaginais pendant la lecture.

Je crois que toutes les filles et femmes qui ont eu une amie de cœur retrouveront quelque chose d’elles dans ce roman. L’amie dont on ne peut se passer, celle qui nous permet de grandir, de supporter la crise d’adolescence, celle qui voit nos premiers émois amoureux mais qui doit être repoussée pour que finalement les deux deviennent adultes.

C’est tout cela qui est raconté dans l’ambiance des années 80. J’ai tout compris et je dirai tout vécu comme elles et j’ai dans la tête les mêmes chansons. C’est aussi un roman avec une histoire poignante et délicatement racontée. Une histoire de femmes écrite avec une belle sensibilité féminine !

Je doute que cela intéresse beaucoup les hommes qui y verront, peut-être, un roman un peu mièvre.

Citations

Le moment où on sent que l’amitié devient pesante

Nos coups de fil quotidiens s’espaçaient, sonnaient creux .Nous prenions rendez-vous. Je ne crois pas que nous l’avions jamais fait avant cela. Nous ne riions plus des mêmes choses. Pourtant nos vies ne parvenaient pas à se dénouer. Le fil était lâche, nous encombrait.

Le père que nous avons toutes rêvé d’avoir

C’était un accord familial :
 » Quels que soient l’heure, le moment ou l’endroit , si vous avez besoin , vous m appelez , je viendrais vous chercher »

On en parle

Kroll a aimé. Je vous avais dit que ça ne plairait pas aux hommes : Pylien a détesté !

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1
Dans le cadre du Club de lecture. Où comment perdre le goût de la lecture… Ce livre est pédant ne raconte rien sinon l’assurance qu’à cet auteur d’être un véritable écrivain. Le livre est truffé de mots savants sans aucun intérêt. On devient peut-être écrivain quand on appelle « drupes » les « nectarines » ?

Le monde dans lequel il évolue est triste car il ne voit que les côtés tristes des situations. L’auteur ne se donne qu’une seule qualité, celle d’être un auteur. Évidemment sa famille ne comprend pas pourquoi il n’écrit pas comme Coehlo ou Marc Lévy, car il n’est entouré que de gens médiocres qui n’ont pas le bon goût de l’apprécier. J’ai demandé à ma bibliothécaire préférée pourquoi ce livre était au programme de notre club.

Sa réponse m’a laissée rêveuse :

Je n’ai lu aucune critique négative sur ce livre, qui a plutôt une bonne presse. Je voulais savoir comment vous réagiriez.

Je suis de plus en plus sûre que les critiques officiels dans la presse ne lisent pas les livres dont ils parlent. Celui-là, franchement il peut partir aux oubliettes !

Citations

Description du personnage avec au passage un petit mot savant

Malgré mes ridicules désormais confirmées, ma canitie galopante, mon teint jaunissant, le lent émoussement de mes dents, le ternissement de mon regard , l’assèchement de mes joues et le rabougrissement général de ma silhouette, je n’avais pas l’impression d’avoir tant changé que cela depuis mes vingt ans.

On en parle

Voilà quelqu’un qui a aimé : Bricabook

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Traduit de l’hébreu par Jean-Luc Allouche

5
À lire de toute urgence ! Comment vivre en Israël quand on est Arabe ? Si l’on en juge par le talent et l’humour de Sayeb Kashua, écrivain de langue arabe qui écrit en hébreu, apparemment ce paradoxe est vivable mais au prix de multiples contorsions. Si vous avez déjà beaucoup lu sur ce tout petit pays qui, avec une surface à peine plus étendue que deux départements français, tient l’équilibre de la paix du monde entre ses mains, précipitez-vous sur ce roman !

Je suis certaine que vous apprendrez mille et un petits détails sur la vie au quotidien en Israël, et que cet écrivain saura faire évoluer vos idées. Et si vous ne savez rien sur ce pays (je doute qu’une telle personne existe !), alors vous découvrirez avec surprise que pour être avocat et plaidez des affaires pour les arabes vous devez avoir des diplômes israéliens, parler et écrire l’hébreux que vos clients connaissent mal.

Vous apprendrez qu’il y a autant de différences entre un Juif et un Arabe qu’entre un Arabe des territoires occupés , un « immigré de l’intérieur » et un habitant d’ « origine » de Jérusalem. Que, pour être avocat arabe et avoir une bonne clientèle, il faut rouler dans une grosse berline alors qu’un Juif peut se contenter d’une voiture quelconque car il n’a rien à prouver à sa communauté. Entre le malheur de l’enfant qui est rejeté parce que son père a été assassiné en tant que collabo, et la femme juive qui ne peut plus voir son fils qui a tenté (et presque réussi) à se suicider, tous les malheur de la terre sont rassemblés dans ce récit.

Et pourtant ce roman n’est pas triste, il est même parfois franchement drôle. Je vous conseille, messieurs, si vous souffrez de ce problème, la méthode de notre avocat pour lutter contre l’éjaculation précoce et réussir enfin à faire jouir votre compagne : se souvenir d’événements tristes. Lui, en revivant minute par minute l’enterrement de son grand-père a réussi à soutirer au moment de la mise en terre de son aïeul, des râles de jouissance de sa femme … à essayer ! !

L’intrigue du roman est bien construite mais m’a, personnellement, moins convaincue que l’ambiance du roman car une grand partie est fondée sur le ressort de la jalousie obsessionnelle d’un mari vis-à-vis de sa femme, je suis rarement intéressée par ce genre de comportements.

Sayed Kashua est, par ailleurs, connu pour avoir écrit une série télévisée : « travail d’Arabes » qui fait rire les Juifs et les Arabes en Israël. En lisant ce livre, on se prend à espérer, qu’un jour, les gens d’esprit domineront et qu’ils apprendront à se connaître et à s’apprécier. Réussiront-ils, là où, les religions, les idéologies, les politiques et les militaires ont échoué et sont responsables d’une haine si vive et de tant de morts ?

Citations

Le contrôle au facies … (social !)

Il savait désormais que les soldats, les gardes frontières, les vigiles et les policiers, issus pour la plupart des couches inférieures de la société israélienne, n’arrêteraient jamais un individu portant des vêtements manifestement plus chers qu’eux mêmes en portaient.

Les conversations dans les dîners de la classe aisée arabe israélienne (cela ressemble beaucoup à ce que je connais ailleurs !)

 En général, les hommes parlaient d’immobilier ou d’argent : qui a acheté quoi et qui est plongé dans les dettes jusqu’ au cou… Les femmes, elles, des institutrices de leurs enfants et d’histoires d’autres parents d’élèves.

 Les subtilités des préjugés entre Arabes israéliens

 En revanche, ils n’avaient jamais envisagé d’inviter Samah et son époux, bien que tous deux ne fussent pas moins instruits que les autres invités et bien que leur statut social fût peut-être supérieur à celui des autres. Le fait d’être résidents de la ville orientale les éliminerait car ces rencontres regroupaient des immigrés de l’intérieur et il y a avait des choses – ainsi pensaient-ils- qu’ils ne pouvaient partager avec les autochtones, aussi riches et éclairés fussent-ils.

 Les mères arabes sont-elles différentes des mères juives ou de toute mère ?

 Le rêve de chaque mère arabe dans ce pays était que son enfant soit médecin ou avocat.

 Les difficultés de vie et les facultés d’adaptation des habitants

Car les épouses, mères, et sœurs de prisonniers qui s’adressaient à un avocat pour qu’il représente leurs êtres chers étaient nombreuses. La plupart des familles palestinienne de Cisjordanie préféraient envoyer une femme contacter un avocat de Jérusalem car leurs chances de franchir les barrages militaires sans permis de circuler étaient supérieurs à celles des hommes.

L’humour et réalité

« Il a juste volé à des Juifs », disaient certains de ses clients pour tenter de convaincre l’homme de loi qu’en fin de compte leur parent était innocent car les lois des Juifs étaient différentes, ce qui minimisait le vol. Pour eux, ce vol était une broutille, les Juifs ne sont-ils pas des gens prévoyant ? Ils ont des compagnies d’assurances, ils possèdent de l’argent et, dans une certaine mesure, voler un véhicule a un Juif était une sorte d’emprunt, voire de restitution a des propriétaires légitimes, et non un délit passible de condamnation.

 Les localités arabes en Israël

Décidément toutes les localités arabes se ressemblaient. Les municipalités soignaient l’entrée de l’agglomération, et, au diable le reste ! L’important était que le maire puisse se faire tirer le portrait devant l’entrée solennelle de sa cité et l’imprimer ensuite sur les tracts de sa campagne électorale.

On en parle

Je suis à la recherche d’un blog ayant parlé de ce livre ?

 

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Traduit de l’italien par Danièle VALIN. 

3
L’auteur fait revivre Naples de l’immédiate après guerre, à travers la vie d’un enfant puis d’un adolescent orphelin. L’auteur raconte, d’un ton un peu détaché, les pires atrocités d’un quotidien rude ou la violence et la misère vont de paire. Un personnage bienveillant, don Gaetano, veille sur l’enfant et saura lui donner le sens des valeurs et lui sauver la vie. Ce n’est pas une histoire réaliste à laquelle on peut totalement croire, mais l’auteur a un talent rare pour décrire une ambiance et des personnages.

Ce petit roman est comme une philosophie de la vie, on se laisse prendre par cette douce ambiance, il ne veut pas rendre la vie plus rose ni plus belle qu’elle n’est , il n’insiste pas sur les côtés noirs , pour moi c’est ce qui m’a beaucoup plu dans ce livre. Ce que j’ai préféré, c est l’ambiance du quartier et des gens de la rue. Je ne connais pas l’Italie du Sud et ce livre m’a offert un voyage et c’est bien comme ça que j’imaginais Naples.

Citations

 L’antisémitisme particulier des habitants de Naples

Chez nous, les gens ne savaient même pas que les juifs, un peuple de l’antiquité, existaient. Mais quand il s’agit de gagner de l’argent, alors tout le monde savait qui était juif. Si on mettait à prix la tête des Phéniciens, on était capable de les trouver chez nous, même de seconde main.

Jolies phrases

Les désirs des enfants donnent des ordres à l’avenir.

L’avenir est un serviteur lent, mais fidèle.

 Gaetano lit dans les pensées ce qu’il y voit le fait parfois réfléchir

Ce n’est pas bien de savoir ce qui se passe dans la tête des gens. Tant de mauvaises intentions vont et viennent sans aboutir ensuite. Si je dis ce qu’une personne pense d’une autre, c’est la guerre civile.

 Les personnages de la cour de l’immeuble

Elle n’entend rien, il faut qu’elle s’achète un appareil pour les oreilles.
– Acoustique, lui dis je, pour dire quelque chose et ne pas le laisser parler tout seul.
– Oui un appareil artistique
Elle a une voix de clairon à réveiller les âmes du purgatoire

Passage plein d’humour

… Ces chrétiens saints et mastics…
– Mastics ?
– eh ! ceux qui étaient mastiqués par les lions.
– Les martyrs ?
– C’ est ça . Je dis que c’est bien pour des chrétiens saint et marinés.
– les voilà en marinade maintenant ! Mais enfin, ce sont des martyrs !

On en parle

Et l’auteur du blog a fait des recherches sur Erri de Luca De page en page

 

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Traduit de l’anglais(Américain) par Stéphane ROQUES.

1
Voilà le responsable du silence assez long de Luocine. Non pas que j’ai été passionnée, mais je voulais absolument finir ce roman. C’est la première fois, je crois, que j’écris à propos d’un livre que je ne peux pas terminer. Je veux me venger, ce roman m’a littéralement plombé le moral, comme le titre l’indique c’est triste, « super triste » en effet, et lorsque j’ai lu la critique de quelqu’un qui a aimé : « lecture sans frontière » je me suis réjouie d’avoir abandonné à la page 181 sur cette phrase inoubliable

« …cette jolie Vietnamienne Catho qui s’est fait poser des agrafes à l’estomac. On s’est torchées au Maj Tai… »

À ce moment là, j’ai pensé : « torche-toi toute seule, j’en ai ras le bol ». Et voilà, je n’ai plus été capable de lire une seule ligne écrite par Gary Shteyngart. Pourtant le sujet est intéressant, un roman de sciences fiction qui pousse un peu plus loin l’absurdité de nos conduites. La transparence de nos vies privées, nos téléphones portables qui nous accompagnent partout, le culte de la jeunesse et du corps parfait, la peur de mourir, l’économie qui passe aux mains des Chinois. La pauvreté réelle des USA. Il en ressort une déambulation dans l’esprit de Lenny Abramov, entre brumes et imprécisions, qui devient vite une espèce de mélasse marécageuse. Je me demande également, ce que vaut la traduction, le style est de façon volontaire, vulgaire et répétitif.

Bref je n’ai pas du tout aimé j’ai quitté sans aucun remords « les salopettes susse la moi » ! ! J’espère bien être contredite, mais je sais que je n’ouvrirai plus ce roman, il réussit trop bien son but me rendre complètement triste.

Citations

Exemple du style …. à savourer

Euni-Gaude a Langue de Pute
Cher Poney d’amour
Quoi de neuf ma pétasse chaudasse ?

Critique de la pauvreté des slogans politiques

Ensemble nous irons quelque part !

La peur de la vieillesse

Peut-être que je détestais tous les vieux de mon quartier, et leur souhaitais de disparaître fissa pour mieux me consacrer à mon combat contre la mortalité.

On en parle

En bien : Lectures sans frontières

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4
J’ai hâte que ma mathématicienne préférée lise le seul roman où un écrivain se donne la peine de raconter un raisonnement par récurrence. Elle qui se plaint souvent que les mathématiques ne soient pas un bon thème de discussions dans les soirées, elle verra que c’est possible. En tout cas les mathématiques sont à l’honneur dans ce livre et ça fait un bon roman.

J’ai beaucoup apprécié la description des différents types d’intelligences, et en tant que littéraire adoré que ce soit la fréquentation des grands auteurs qui finissent par aider le personnage principal à prendre confiance en lui et à passer l’horrible barre fatidique « de la sup étoile à Louis Legrand ». Le système élitiste des « prépa- parisiennes » est parfaitement décrit ; je ne sais pas pourquoi la France s’enorgueillit de ce système mais ce qui est sûr c’est que rien ne le fait jamais changer.

Ce que confirme ce petit roman, c’est que, sous couvert d’égalité, les dés sont complètement pipés. A Louis-Le-Grand il y a, par exemple, et je pense dans d’autres grands lycée parisiens aussi, des premières et des terminales où on fait si vite le programme officiel , qu’on a le temps d’assimiler également celui de la première année de prépa.

On découvre aussi que les parents prof en prépa ont des enfants qui réussissent en prépa, comme c’est bizarre ! Qu’avoir un QI de 200 est la seule façon d’accéder à ses classes si on vient de l’extérieur. Alors Laurent venant d’un honnête lycée de la banlieue chic de Paris, finira par ruser pour parvenir à ses fins et pourquoi pas ? On découvre également que les littéraires jouent dans une autre cour, ce sont en général des filles. Elles ne pourront pas intégrer Polytechnique, alors si elles sont jolies, fortunées et intelligentes elles viennent en Khâgne pour trouver leur futur Polytechnicien.

L’auteur ne dénonce pas ce système, il se contente de le décrire à travers un personnage qui s’adapte très bien et finit par tirer son épingle du jeu. C’est justement à travers cette objectivité parfois froide, voire glacial que le lecteur prend conscience que notre élite sort d’un moule peu recommandable.

Citations

Réussir en prépa

Au début du mois d’avril, il se demande toujours comment gravir des places au classement général quand on ne possède pour soi aucun piolet magique.

La beauté des raisonnements mathématiques

C’est ce que Gratien apprécie dans la pensée mathématique, cette faculté qu’elle a d’être déroulée à grande vitesse et dans toute sa clarté, comme une étoile filante. les chiffres, les calculs et les démonstrations entraînent son stylo , entraînent sa pensée… C’est cela la beauté des raisonnements mathématiques selon Gratien Bar : cette spirale qui se construit en s’accélérant et en se clarifiant à l’infini.

L’art de la conversation chez les littéraires

Pour cela, quand bien même un DS causerait du souci, sourire toujours galamment à Mélanie’s, parler d’Arcade Fire, d’Heidegger et de Boby Lapointe dans la même soirée, et surtout, surtout, ne jamais s’écarter d’un pouce des préceptes de Galatée.

Bizutage et réaction des élèves

Il faut savoir tout de même que dans un lycée du quartier l’an dernier un taupin est mort le jour de la « grande barbarie ». Comment ? Pas compliqué : du premier étage on lui a balancé sur la tête une éponge gorgée d’eau lourde comme du plomb ; il est mort sur le coup d’un traumatisme crânien. Pif, un concurrent en moins.

La réussite

Laurent finit l’année en se disant qu’il est tout compte fait à la fois Vautrin et Rastignac, ce qui est la seule véritable clé du succès : il a désormais le chemin ouvert vers la réussite, il entre en classe de spé étoile au lycée Louis-Le-Grand.

On en parle

Un jugement ramassé qui reflète bien le roman chez Cuneipage et En lisant et en écrivant.

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4
Dans le cadre du club de lecture. Les livres qui me font éclater de rire sont rares et celui-là en fait partie. Je conseille ce livre à tous ceux et toutes celles qui un soir de solitude n’ont pas un moral extraordinaire, c’est mieux que du prozac. La description de sa meilleure amie qui, pour passer inaperçue, s’affuble d’un bonnet péruvien est irrésistible.

La tentative de suicide aux cachets d’ultra levure : fou rire garanti. Mais je dois avouer que j’ai complètement accroché au roman quand le personnage principal a décrit ses réactions face à la mort. J’ai ensuite été plus attentive au récit. En plus, le suspens est bien mené : on veut absolument connaître le secret du beau Ric, l’homme dont Julie est amoureuse. Je suis bluffée que ce roman soit écrit par un homme, car il décrit avec une grande finesse les comportements féminins. Les séances de repas entre copines sont à mourir de rire et les remarques un peu « vachardes » sont trop vraies.

Évidemment, ce n’est pas un grand roman mais, j’avais besoin, ce soir là, d’un remontant, et le talent de cet écrivain à raconter la vie de tous les jours de façon drôle a bien fonctionné.

Citations

Remarque tellement vraie

C’est en les voyant que j’ai compris une chose essentielle : la mort se tient tout près de nous et elle ne manque jamais de saisir ceux qui passent à sa portée.

Julie, l’amoureuse impatiente

– À bientôt ! A-t-il lance avec son joli sourire.
–  » A bientôt «  : quelle expression détestable. Pour moi qui panique à l’idée de perdre les gens, ces simples mots sont une horreur. Ils signifient que l’on ne sait pas quand on se reverra. Que c’est le hasard qui décide. C’est insupportable. Je veux être certaine de retrouver tous ceux auxquels je tiens tellement.

Une bonne formule

Son chemisier à faire crever un caméléon.

Le suicide de Jade

Il faut vous dire que, la dernière fois que Jade a essayé de se tuer, elle a avalé dix gélules d’ultra-levure. Tout juste de quoi avoir des gaz pendant deux heures. C’est ce qui s’appelle vouloir en finir… Le pire c’est qu’elle a appelle SOS médecin.

Un truc qui m’énerve aussi

Quelle que soit la situation, elle avait toujours le chic pour vous sortir le proverbe ou la sentence populaire pleine de bon sens qui a le don de vous mettre les nerfs en pelote.

Je suis bien d’accord

Je ne sais pas pour vous mais, au début de ma vie, il n’y avait que deux sortes de personnes dans mon univers : celle que j’adorais et celles que je détestais. Mes meilleurs amis et mes pires ennemis. Ceux pour qui je suis prête à tout donner et ceux qui peuvent aller crever. Ensuite on grandit. Entre le noir et le blanc, on découvre le gris. On rencontre ceux qui ne sont pas vraiment des amis mais que l’on aime quand même un peu et ceux que l’on prend pour des proches et qui n’arrêtent pas de vous planter des couteaux dans le dos.

Le bonnet péruvien

Ce matin-la j’ai découvert une des sept vérités fondamentales qui commandent l’univers : le bonnet péruvien ne va a personne… Je ne sais pas si c’est la forme, la matière ou la couleur mais franchement, je comprends que ça énerve les lamas et qu’ils crachent sur des innocents

On en parle

Les bonheurs de Sophie (j’aime bien le nom du blog).

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Traduit de l’anglais (Canada) par Lori Saint-Martin et Paul Gagné revu par Caroline Sers.

4
Trois pour traduire ce roman… L’anglais devient une langue bougrement compliquée ! Cela m’amuse de voir qu’il existe maintenant un anglais du Canada, il arrivera un jour où, pour les habitants de la planète, la référence à l’anglais d’Oxford ressemblera au latin pour les Européens des siècles passés, avant d’accepter que le français, l’espagnol, l’italien le roumain.. deviennent des langues à part entière. Sans mon club et ma bibliothécaire je n’aurais pas lu ce roman. Tous les lecteurs connaissent cette sensation agréable, d’être surpris par un livre qu’on n’imaginait pas aussi intéressant.

Les déboires d’une femme de 135 kilos, je trouvais ça triste, un peu dégoûtant surtout dans un monde où tant de gens luttent pour leur survie. Je ne connaissais pas cette écrivaine et je lirai, à l’occasion, « les filles » le roman qui l’a fait connaître. Keisha, la blogueuses que j’ai mise en lien à la fin de mon article, a préféré « les filles » à ce roman et cela l’a un peu empêchée d’apprécier celui-ci.

Il est vrai que le début m’a un peu ennuyée, car ça démarre trop doucement et je n’arrive pas à comprendre le « pourquoi » de son obésité. Et puis peu à peu, Mary nous devient extrêmement proche. On connaît tous, je pense, des moments où l’envie de ne rien faire nous paralyse, où l’on remet à demain ce qui devrait de toute urgence être fait le jour même.

On comprend alors son calvaire, car elle souffre à peu près tout le temps : elle est dominée par « L’obête » qui est en elle qui l’oblige à se goinfrer, elle est blessée par le regard des autres, elle souffre de douleurs insupportables à chaque geste ou presque. Une image aura son importance dans le récit : elle est si lourde qu’elle a creusé des ornières dans la moquette entre son lit et sa cuisine. Elle parle à son sujet, d’obésité morbide et c’est tellement vrai !

Et puis, elle devra enfin bouger un peu : son mari l’a quittée. Le roman prend un tout autre intérêt, elle s’ouvre un peu aux autres et nous fait découvrir les habitants de Los-Angeles. Pas les stars, mais les gens de tous les jours et les Mexicains. Elle va reprendre sa vie en main peu à peu.

Cette écrivaine a vraiment un don pour nous faire partager les sensations physiques de son personnage. Ce n’est sans doute pas un chef d’œuvre, mais c’est un excellent roman d’aujourd’hui. Je suis partie dans le monde l’obésité, j’ai découvert une Amérique que je ne connaissais pas, celle qui est rarement dans les films hollywoodiens. Je pense que le fait que ce soit écrit par une Canadienne n’y est pas pour rien.Ce sont deux pays voisins certes, mais avec un brin d’étrangeté dans le regard. Cela permet une acuité des observations de cette auteure, bienfaisante pour le lecteur européen.

Citations

Début du roman, elle se retrouve nue sur sa pelouse et n’arrive pas à se relever

Elle était elle-même tout entière et elle n’était rien, sauf la brise qui la soulevait, jusqu’ au moment ou elle aperçut son énorme silhouette poupine, paisible et jolie, déshabillée par le vent. Dans la situation présente elle était trop illuminée pour éprouver des regrets et elle considérait le corps dont elle avait hérité, mais qu’elle n’avait pas mérité, sans inquiétude, sans envie et sans honte.

Les sentiments de honte

Elle se rendit compte qu’elle ne s’était jamais sentie aussi lourde réflexion aussitôt chassée par la certitude que, de fait, elle n’avait jamais été aussi lourde. Elle en était là. Elle était devenue si grosse qu’elle avait littéralement repoussé son mari. Comme l’eau qui déborde de la baignoire

Un moment d’humour

Mary se souvint d’avoir lu quelque part que les Françaises croyaient que toutes les femmes d’un certain âge devaient choisir entre leur visage et leur derrière. Le raisonnement apparaissait sensé : la graisse effaçait les rides et gardait au visage une apparence juvénile, mais elle alourdissait le postérieur et lui donnait l’aspect d’un sac de billes. À voir les yeux enfoncés et la peau plissée de Sylvie Lafleur, les rides verticales de sa bouche et horizontales de ses yeux, on comprenait qu’elle avait choisi de sauver son cul.

Le retour vers la vie et les sensations

Elle ajouta la joie au répertoire de ses émotions récentes et songea : « je suis guérie.  » Elle n’était plus la victime d’un vague malaise .Aucun de ses sentiments n’était vague. Elle aurait pu nommer chacune de ses magnifiques sensations – espoir, excitation, panique, chagrin, peur et dessiner une carte de leurs dérivés. Voilà aussi ce qui arrivait aux personnes qui s’extirpaient des ornières de leur moquette, songea-t-elle. Elles se retrouvent dans des montagnes russes et prennent gout aux montées d’adrénaline.

Réflexion sur l’Amérique et l’obésité

Au moment de s’unir, un homme et une femme étaient parfaitement conscients du fait qu’ils avaient une chance sur deux de rester ensemble. Mary se demanda si. En Amérique du nord, l’obésité avait progresse au même rythme que le taux de divorce . La gloutonnerie comme réalisation de soi.

On en parle

En lisant, en voyageant : Keisha

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Traduit de l’anglais (États-Unis) par Clément Baude.

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Quel beau livre ! Et quelle belle traduction ! À aucun moment on ne se sent gêné par la langue. Ce livre raconte la mémoire douloureuse d’un petit village polonais. Les personnages sont variés et représentent bien les différentes mauvaises consciences de la Pologne après le communisme.

Il y a une intrigue policière qui permet de donner un fil à la narration : qui a assassiné Tomek,le fils de Powierza ? L’enquête du personnage principal, paysan et voisin de Tomek nous conduira à travers les trafics des anciens dirigeants du Parti. Les nouveaux redresseurs de torts ne sont pas forcément des personnages très sympathiques. Et si la mémoire allait un peu plus loin, est-ce qu’on retrouverait le souvenir des juifs qui ont entièrement disparu du village ?

L’ambiance de la Pologne rurale est très bien décrite, l’antisémitisme ambiant dans la Pologne d’aujourd’hui également. On sent que l’auteur connaît bien la région et qu’il a fréquenté de nombreux Polonais. On est saisi par les divers sentiments de culpabilité qui soudent ces gens entre eux et tissent comme un couvercle de plomb qui écrase tout le village.

Fuir cet endroit perdu, c’est la seule solution pour presque tous les jeunes de ce village, comme on les comprend ! Mais Leszek, le personnage principal, aime le travail de la ferme, il sait nous faire partager son attachement à la terre et on espère à la fin du roman qu’il sera heureux. Les temps ont changé en Pologne comme ailleurs et le lourd passé sera peut-être plus facile à regarder en face.

Citations

La douleur aux dates officielles

Nos femmes versent facilement des larmes, presque à la demande, sur les tombes froides de mars ou de novembre, mais le deuil privé demeure caché – c’est le cas de ma mère.

Les membres du parti sous le régime communiste

Par instinct, Jablonski s’habillait dans des couleurs pigeon de ville et arpentait les couloirs sombres du pouvoir avec des chaussures à semelle de crêpe qui ne faisaient aucun bruit….il pouvait se fondre dans n’importe quelle foule sans être remarqué, une qualité qui représentait à ses yeux, la condition de survie. Il y voyait un instrument de sélection naturelle face à la loi de la jungle.

Une belle description du travail d’un paysan traditionnel

La faux coupait et envoyait le foin d’une manière qui lui convenait beaucoup mieux – plus lentement, certes, mais si le travail était bien fait, le foin, projeté par vagues irrégulières, séchait plus uniformément, comme son père et son grand-père le lui avaient appris. Pour lui, les vieilles méthodes étaient en harmonie avec les saisons, le soleil, le climat. Il savait qu’elles étaient moins efficaces ; mais elles avaient un avantage : elles étaient solitaires.

les liens dans la famille

J’appréciais mon grand père, même si ce n’était pas de l’amour. On n’apprécie pas toujours les gens que l’on est censé aimer.

 Un des thèmes de ce roman, la bonne conscience polonaise face à la shoa

Parce qu’ils (les Polonais) survivent et que le reste de la planète ne se montre pas assez compatissant avec eux. Parce qu’ils ne sont pas considérés comme des victimes. Ils ont l’impression qu’on leur a vole ça. Les Polonais sont toujours la. Pas les juifs. Dis-moi un peu, qu’est ce qui rend la Pologne célèbre dans le monde ? »
J’essayais de comprendre où il voulait en venir.
 » Copernic ? Répondit-il ? Lech Walesa ?
– le pape, fis-je
– ach ! dit-il avec une grimace. D’accord le pape. Et quoi d’autre ?
Je n’avais aucune réponse.
« Auschwitz : voilà. Auschwitz, Treblinka, Sobibor.6 millions de juifs sont morts et le monde entier pense qu’ils sont tous morts en Pologne.

 On en parle

Le goût des livres