SONY DSC

4
J’ai absolument adoré la première partie de ce roman. Un peu moins la seconde , lorsqu’on voit, en 1943 et 1944, le « Tout Paris » essayer de revivre de façon futile autour du monde du spectacle. Le roman commence par l’enterrement à Saint Pierre de Chaillot de : « Princesse Natalie,Marguerite, Marie, Pauline de Lusignan, duchesse de Sorrente. 7mai 1908-10 février 1945 » . Le roman raconte la lente et inexorable destruction de cette jeune femme morphinomane . La première partie se passe à Cannes où la famille se trouve « coincée » jusqu’en 1943. Coincée cela veut dire que la famille a du mal à recevoir exactement comme elle l’a toujours fait.

À la mort de sa mère la riche Américaine princesse Elisabeth de Lusignan, Natalie apprend qu’elle est la fille naturelle de Paul Mahl un riche juif ami de son père le prince de Lusignan. En plus d’être une bâtarde elle est donc confrontée au monde juif et sous la botte des nazis cela prend un tout autre sens que dans les salons du microcosme de l’aristocratie parisienne. Natalie n’était pas capable de se défendre d’un milieu oppressant, elle était faite pour une vie de salon à la Marcel Proust, auteur qu’elle découvre et qu’elle comprend. Sa rencontre avec la morphine lui sera fatale et lui enlèvera toutes ses forces. Quand la famille retourne à Paris , cette femme droguée est envahie de pulsions et de révoltes qu’elle n’arrive pas à assumer. Elle aurait voulu être plus courageuse et pouvoir répondre à sa petite fille en pleurs : « mais qu’est ce qu’on leur fait aux juifs , quand on les arrête ? » . Sa révolte se limitera à une sortie chez la princesse Murat :

« Les juifs sont devenus des morts-vivants, tout leur est interdit. Ils sont plus ostracisés que des lépreux au Moyen Age ! « .

Ambiance glaciale garantie, dans ce Paris mondain qui, comme Natalie me dégoûte quelque peu. Comme elle, et cela grâce au talent de Pauline Dreyfus , le grand écart se creuse entre les soucis des réceptions (quelle robe ? quel plat ? quelles conversations ?) et les familles juives qui disparaissent peu à peu. Comme Natalie, j’ai envie de les secouer tous ces Cocteau, Guitry invités chez les Murat, Noaille Trémoïles et autres… et leur demander s’ils savent répondre à cette petite fille en pleurs : « mais qu’est ce qu’on leur fait aux juifs , quand on les arrête ?« . Comme elle, je n’aurais peut-être pas eu le courage d’aller plus loin dans ma révolte que de ne plus traverser les Champs-Élysées interdits aux juifs ( tiens, je ne le savais pas !) et monter dans le dernier wagon du métro le seul autorisé aux juifs. Il me reste à parler du style de cette auteure, son sens de la formule est absolument admirable et drôle. C’est un livre qui se lit vite et qui fait du bien alors qu’il raconte une histoire bien triste et une époque abominable.

Citations

Les conventions

Pas un bal où elle ne s’affichât auprès du jeune André Mahl, au point de scandaliser les maîtresses de maison, ulcérées que la jeune fille préférât ce jeune homme « israélite » à tant d’autres jeunes gens dont le sang, était lui irréprochable. Natalie était certes la moins jolie des sœurs Lusignan, mais de là à « s enjuiver ». Tapie derrière les éventails, augmentée de points d’exclamation, la réprobation se propageait.

L’argent et la « noblesse »

Un jour que la cousine de son mari d’autant plus à cheval sur sa généalogie qu’aucun parti ne lui semblait à la hauteur de la sienne, lui avait lancé : « Mais au fond votre nom ne vaut rien ! » . Élisabeth avait eu assez d’esprit pour lui répondre « Pas au bas d’un chèque. .. »

La noblesse d’empire

Partout où l’empereur est passé, il se sent un peu chez lui . Jérôme n’a rien fait d’exceptionnel dans sa vie, celle de ses ancêtres lui tient lieu de carte de visite.

L’art de la formule de Pauline Dreyfus

De toute façon, la duchesse douairière de Sorrente n’a jamais aimé les enfants, non plus que les contacts physiques qui présidaient à leur arrivée. Sitôt après la naissance d’un fils , elle s’était estimée quitte avec son mari et avait définitivement condamné la porte de sa chambre. Elle s’était réfugiée dans la lecture et la médisance, deux activités qui accomplie avec sérieux, auraient suffi à emplir la journée de n’importe qui.

Ce qui ne se fait pas

Les frasques d’Élisabeth sont indubitablement à ranger dans la case « ce qui ne se fait pas ». Dans la même nomenclature, il y a le divorce, le mariage avec une demoiselle ayant du sang juif(du sang protestant à la rigueur, si la jeune personne porte le nom d’une grande banque), et la bâtardise assumée. Tous ces comportements qui engendrent la pire des calamités pouvant s’abattre sur une famille : « le scandale ». En puriste des mondanités, il aurait volontiers ajouté à cette liste le fait de manger son dessert avec une cuillère…

On en parle

Chez Clara, et Mimipinson.

SONY DSC

 Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

3
Un concert de louanges pour ce roman d’Éric Reinhardt qui décrit le comportement d’un manipulateur cruel et pervers à l’encontre de sa femme. Ce comportement est tellement abject et, hélas conforme à la réalité, que la lecture du roman s’en trouve irrémédiablement entachée. On ne peut s’empêcher de penser en le lisant :« et en plus c’est plausible » Plausible qu’un homme refuse de chauffer assez sa maison alors que sa femme meurt d’un cancer, plausible qu’il l’a surveille sans cesse à l’hôpital de peur que quelqu’un qui l’aime puisse lui apporter un quelconque réconfort, plausible qu’il fournisse des vêtements hideux à la morgue pour que rien ne subsiste de la jolie femme qu’il a épousée.

J’ai plus de mal à croire que ce pauvre type réussisse également a couper cette mère de ses deux enfants. Mais pourquoi pas, la perversion a des armes dont je ne connais pas tous les ressorts Mais qu’est ce que cela dit du roman que je viens de finir, écrasée par l’horreur et le chagrin ? Trop de tristesse , pour que j’en apprécie vraiment toute la richesse . L’écrivain déclare dans tous ses interviews que cette histoire lui a été suggérée par des confidences de lectrices, qui s’étaient sorties de cette relation destructrice. Ça m’a fait un bien fou de savoir qu’on pouvait s’en sortir. On doit donc , penser à ce roman en se disant:et si cela faisait du bien aux êtres qui sont dans ce piège et bien ce roman mérite cinq étoiles (ou coquillages) et plus. Il faut vraiment tout faire pour aider les êtres qui sont pris dans les filets de manipulateurs pervers.

Mais un roman, c’est une œuvre littéraire et Eric Reinhardt aime écrire , il a un style très riche et on se laisse embarquer comme dans un roman du temps passé. On vit grâce à lui, intensément, par exemple, la scène érotique, rare moment de bonheur de Bénédicte Ombredanne. Mais voilà, il s’agissait de décrire une descente aux enfers et pour moi,trop c’est trop. Pourquoi n’a-t-il pas choisi de laisser partir sa victime littéraire , comme la vraie, celle qui lui a fait des confidences ? Est-ce pour dire aux autres victimes , attention même dans la mort votre pervers vous poursuivra, et vous serez défigurée même sur votre lit de mort… ? Pensez à cette pauvre Bénédicte dont le mari est allé aux Emmaüs pour trouver les habits les plus vulgaire et moches qu’il a pu trouver pour la punir encore et encore.

Voilà pourquoi je n’ai pas trop aimé ce roman, c’est trop terrible et trop noir.

Citations

Je suis en symbiose totale avec le début de la phrase sauf que moi j’aime la vie

Elle voyait les livres comme détourner leur route et s’orienter lentement vers sa personne de toute la hauteur de leur coque , c’était bien eux qui allaient vers elle et non l’inverse, comme s’ils avaient été écrits pour l extraire des eaux sépulcrales où elle s’était résignée à attendre une mort lente.

Les baisers qui n’ont plus de sens

Son mari n’utilisait jamais ses lèvres pour enchanter les siennes, exception faite des smaks qu’ils échangeaient quotidiennement, matin et soir, de pure routine, comme une carte magnétique qu’on passe sur une cellule optique pour entrer et sortir d’un bâtiment.

On en parle

Cuné et Clara qui sont plus en harmonie avec moi qu’avec le concert de louanges de Babelio.

20141123_113333Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

4
Voici le genre de romans qui a ma préférence : des romans en apparence léger et qui m’amène à réfléchir sur notre société. Celui-ci commence par une arrivée au paradis où rien ne fonctionne comme le nouvel élu s’y attendait , c’est drôle et en même temps … certains d’entre nous ont sûrement gardé au coin de leur mémoire des images naïves du paradis. Son accueil commence par un sourire grinçant, on propose à l’élu de retrouver sa mère. Mais celui-ci n’a qu’une envie fuir la personne qui ne l’a pas beaucoup compris de son vivant. Mauvais point pour lui ! Au paradis on se doit d’aimer sa famille. Le personnel du paradis est complètement débordé et les réalités terrestres ont contaminé les Cieux, la surpopulation des défunts ont rendu impossible un tri honnête des bons et des méchants. Autant appliquer les méthodes du libéralisme sauvage et renoncer aux valeurs chrétiennes ou tout simplement humaines. C’est un moment très drôle.

Puis, nous redescendons sur terre et là, en nous intéressant à Simon un secrétaire d’état du gouvernement , très vite le monde va devenir fou, parce que tous les moyens de communication sur le net se dérèglent. Tout devient trop « transparent » , ce qui devait être privé devient public. Et Simon qui a malencontreusement prononcé , hors micro, LA phrase qui ne fallait pas dire à propos des « femmes » et des « homosexuels » se trouve être à la Une de tous les réseaux sociaux. Il est alors victime d’un véritable lynchage médiatique et comme en même temps tous les ordinateurs deviennent fous et révèlent des mails détruits au monde entier et les visites sur les sites divers et variés Simon a de quoi se faire beaucoup de soucis , il a, en effet beaucoup visiter le site de très belles et jeunes femmes peu vêtues et il a, aussi, beaucoup chatter avec une certaine Natacha…. .

Ce que j’aime dans cette satyre, c’est que le trait est tout juste forcé, il s’agit bien de notre société qui se repasse en boucle des photos indiscrètes, des confidences d’une femme abandonnée par son trop célèbre amant, des phrases qui n’étaient pas destinées à être publiques et qui collent à la peau de celui qui les a prononcées , une opinion qui exige une transparence de ses élus même sur leur vie intime, des dévoilement de leur vie sexuelle à l’assemblée nationale…. Tout cela fait partie de notre quotidien et la fameuse « transparence » ne me semble ne pas se placer là où il le faudrait .

Citations

Humour de Benoît Duteurtre

J’avais appris à me méfier du mot « espace » depuis que le local poubelles de mon immeuble s’était transformé en « espace propreté ».

Les enfants sont parfois cruels

Cette bibliothèque présentait toutefois l’inconvénient d’envahir un espace toujours plus grand, ce qui avait obligé Simon de créer de nouveaux rayons, sans parler des volumes amassés à son domicile. Un jour son fils Tristan, venu lui rendre visite, lui avait infligé une cruelle observation :
Dire que tout cela tiendrait sur une clé USB !

Humour ?

SONY DSC

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

3
J’ai beaucoup aimé les 100 premières pages du roman. Je suis une inconditionnelle de l’œuvre de Proust et j’apprécie tout ce qui peut nous rapprocher de ce grand écrivain. Le parti pris de Pierre-Yves Leprince est amusant : imaginer les mémoires d’un coursier au service d’un hôtel où aurait résidé Marcel Proust. Connaissant bien « La recherche du temps perdu » , l’auteur s’amuse à faire revivre différents traits de caractère du narrateur de ce grand roman en les mêlant, plus ou moins habilement, à ce qu’on connaît de la vie réelle de Proust, sa santé, son amour pour sa mère, son goût pour les expressions et sa façon de repérer les tics de langage des uns et des autres.

Le roman se veut aussi un pastiche des romans policiers d’Agatha Christie, nous suivons donc l’enquête du célèbre écrivain et du jeune coursier pour élucider deux meurtres qui, comme par hasard, ont lieu pendant le séjour de Marcel Proust à Versailles. Cela permet à l’auteur de ce roman de nous faire comprendre à quel point à la minutie du roman correspond une minutie de « l’enquête » à propos des gens, des lieux, des couleurs , des mœurs de tout un chacun.

Le respect du jeune coursier permet à Pierre-Yves Leprince d’exprimer toute son admiration pour Marcel Proust et de nous en faire un portrait fort sympathique mais avait-il besoin de cela ? En effet, qui, aujourd’hui, a une image négative du petit Marcel ? J’ai bien aimé la peinture des rapports des gens « de basse extraction » et ceux « de la haute », je me suis amusée au début de tous les clins d’œil à l’œuvre de Proust et puis comme à chaque fois qu’un roman tient à un procédé, celui-ci finit par me lasser. Et l’enquête policière m’a totalement ennuyée.

Citations

Les classes sociales les « petites gens » :

 En ce début du XXe siècle les petites gens disaient toujours oui à tout.
Mon patron disait toujours « quand tu ne sais pas quelque chose, tais-toi, le silence impressionne les clients, ils croient que nous réfléchissons à leur problème, ils sont contents. »

Remarque sur l’intelligence

Vous me croyez intelligent, n’oubliez jamais que l’intelligence d’une personne peut disparaître d’un coup , sous l’effet de passions aussi folles que la colère et le jalousie, pour laisser place à la bêtise la plus bête la plus méchante.

On en parle

Pour l’instant je n’ai lu des billets que sur Babelio et un blogueur qui a beaucoup aimé Le bouquineur.

SONY DSC

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

3
Quelle autre place pour ce livre que dans ma bibliothèque au milieu des livres de Camus ? Je me souviens très bien avoir demandé en classe de première, pourquoi « l’Arabe » de « L’étranger » n’avait pas de nom, je crois me rappeler que le professeur avait expliqué le caractère détaché de Meursault et que donner une identité à sa victime aurait affadi le propos de l’auteur. Peut-être, mais voilà qu’avec un talent complètement différent Kamel Daoud pose autrement la question et il nous entraîne dans le destin de l’Algérie. Cela le fait souffrir qu’un des livres les plus lus au monde soit un chef d’œuvre mais dont l’événement central soit le meurtre d’un homme dont on ne sait rien de plus sinon qu’il est « Arabe ».

Toute la première partie du roman, il voit dans cette absence d’identité un des malheurs de la colonisation, puis il nous entraîne dans les autres tragédies de l’Algérie dues le plus souvent à la religion. Mais tout cela ne dit rien du talent de cet auteur qui reprend à son compte le roman d’Albert Camus au point d’en faire un véritable pastiche. On retrouve tous les moments de « l’étranger » et on sent l’homme révolté poindre à travers tout ce long monologue. La colère de Meursault contre le prêtre qui veut le ramener vers Dieu avant sa mort , rejoint celle de cet Algérien qui veut vivre libre chez lui en s’affichant non croyant. On pense également à « La chute » à cause du monologue dans un café, et la mauvaise conscience du narrateur qu’il veut faire partager à son lecteur.

C’est un superbe hommage à Camus et à la littérature française. Pourquoi ne suis-je pas aussi enthousiaste que d’autres lecteurs de ce livre ? parce qu’il m’a rendu profondément triste. L’auteur réussi par la colère à transcender ses contradictions. Mais pour moi, sa colère a un une odeur de meurtre ; même si je comprends qu’elle lui a été nécessaire pour renaître.

Citations

 L’argument essentiel du livre

 Songes-y, c’est l’un des livres les plus lus au monde, mon frère aurait pu être célèbre si ton auteur avait seulement daigné lui attribué un prénom, H’med ou Kaddour, juste un prénom, bon sang.

Contradiction de l’Islam

L ‘autre jour un producteur de vin me racontait ses misères . Impossible de trouver des ouvriers, l’activité est considéré comme « haram », illicite. Même les banques du pays s’y mettent et refusent de lui accorder des crédits ! Ha, ha ! Je me suis toujours demandé : pourquoi ce rapport compliqué au vin ? Pourquoi diabolise-t-on ce breuvage quand il est censé couler à profusion au paradis ? Pourquoi est-il interdit ici-bas, et promis là-haut ?

 Un verset du coran, (malheureusement il y en a tant d’autres !)

Si vous tuez une seule âme, c’est comme si vous aviez tué l’humanité entière.

Les femmes

Elle appartient à un genre de femmes qui, aujourd’hui , a disparu dans ce pays : libre, conquérante, insoumise et vivant son corps comme un don, non comme un péché ou une honte.

On en parle

Quelques belles critiques sur Babelio.
joseph
 Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard

 3
Présentation très sincère d’une personnalité appartenant à un monde disparu ou en voie de disparition : l’agriculture traditionnelle. Dans ce type d’agriculture, on avait besoin d’un ouvrier agricole dans chaque ferme. Joseph est un survivant de ce monde là. Il aime son travail et est dévoué à ses patrons sans pour autant être servile. Je reconnais à Marie Hélène Lafon un réel talent pour décrire les gens simples. Elle ne les caricature pas et ne les idéalise pas. Ils apparaissent dans leur vérité avec leurs peines, leurs souffrances et leurs joies.

Joseph n’en a pas connu beaucoup de joies. Il a failli se laisser aller et se noyer dans l’alcool lorsque la seule femme qui s’est intéressée à lui, s’est avéré être une alcoolique et l’a finalement abandonné. Une troisième et dernière cure de désintoxication et une psychologue plus fine que d’habitude l’aideront à s’en sortir.Il s’est senti abandonné comme il l’avait déjà été par sa mère qui a préféré vivre proche de son frère qui lui, a mieux réussi sa vie.

Voilà c’est tout, si vous lisez ce roman, vous partagerez la vie de cet homme et vous serez, sans doute admiratif de l’honnêteté de cette auteure. J ai plus de réserves que pour « L’annonce » car il n’y a pas d’histoire, et en même temps ce n’est pas un témoignage, il s’agit bien d’un roman. J’ai pensé que ce livre se rapproche des romans d’Annie Ernaux mais sans l’aspect autobiographique. C’est important de redonner vie à ceux qui ne savent pas s’exprimer, et cela sans aucune volonté de démontrer quelque chose. Mais du coup j’ai trouvé ce roman un peu vide, à l’image de la vie de Joseph.

Citations

Les rapports patron valet de ferme

La patronne levait le sourcil et pinçait le coin de sa bouche, à gauche, toujours du même côté, Joseph remarquait ces choses aussi, à force de voir les gens. On sentait que la patronne n’aimait pas trop que le patron se lance à parler sur les personnes ou sur l’état de l’agriculture, même si on savait que Joseph n’allait nulle part et ne répétait pas.

Une jolie expression

Surtout que le père était très porté sur la chose et aurait certainement lancé de fortes paroles à ce sujet qui devait être délicat avec une femme aussi cartonnée de partout.

On en parle

les supremes

Traduit de l’américain par Cloé Tralci avec la collaboration d’Emmanuel et de Philippe Aronson.

4

En bateau, lire n’est pas toujours facile, entre les manœuvres et le mal de mer, le temps de la navigation est plus propice aux beaux paysages qu’à la lecture. Heureusement, en octobre , les jours sont courts et les escales assez longues pour profiter d’un bon roman. J’avais choisi celui-ci à la médiathèque, car j’avais lu sur mes blogs amis des critiques positives. Le moins que je puisse dire, c’est que je ne regrette pas mon choix.

Le début est déroutant, car on passe de l’une à l’autre des trois amies et l’on doit faire un effort pour savoir qui est « je ». Odette qui comme sa mère converse avec les fantômes et qui devra lutter contre le cancer ou Barbara-Jean qui noie dans l’alcool ses drames trop violents pour une femme , même si elle est la plus belle de la ville ou Clarice mariée au trop beau Richmond. Mais peu à peu se dessine la vie de ces femmes . Plus que l’intrigue quelque peu romanesque, c’est la description de l’amitié de ces trois femmes qui m’a fait adorer ce roman, et puis, j’ai souri souvent et ri parfois.

Le mariage de la fille de Veronica qui devait être l’événement le plus sensationnel de l’année restera dans tous le souvenirs mais sans doute pas pour les raisons qui ont fait dépenser des fortunes aux parents de la mariée.Les différences entre les différentes églises m’ont amusée et l’épisode de la prostituée qui croit avoir entendu le seigneur lui parler est un bon moment .La vie à Plainvieuw tourne autour des églises et du café restaurant de Little Earl où se retrouvent les trois suprêmes avec leur mari. Et inénarrable Minnie qui prédit l’avenir se trompe tout le temps et d’un égoïsme à toute épreuve. La façon dont elle annonce la mort de son mari aux enfants de celui-ci est absolument inoubliable. Les langues vont bon train dans ce café et les scènes souvent cocasses se suivent , le rire n’est jamais très loin des larmes. C’est une peinture réconfortante pleine d’humanisme , peut être trop de bons sentiments, mais ça ne m’a pas gêné.

J’ai aimé lire que si Edward Kesley Moore avait écrit ce roman c’est qu’il ne retrouvait pas dans la littérature Nord-américaine le caractère des femmes qui l’avaient élevé. Si les femmes qu’il a connues ressemblent à celles de ce roman , je trouve qu’il a bien de la chance , et qu’être noir aux USA , n’est donc pas synonyme de malheur.Depuis la présidence d’Obama on s’en doutait un peu.

Citation

Un portrait de Jésus à vous faire aimer les églises

Ce qui est frappant dans cette fresque, c’est le portrait de Jésus – le plus sexy que j’ai jamais vu. Il a les pommettes saillantes, et des cheveux de jais bouclés. Ses bras bronzés et musclés se tendent vers vous, et il a le ventre aussi ferme que celui des mannequins brésiliens qui posent en sous – vêtements dans les publicités. Sa bouche semble souffler des baisers vers l’assemblée, et sa couronne d’épines légèrement penchées sur le côté Lui donne un air décontracté à la Frank Sinatra.

L’humour et l’amitié

Clarice farfouillait dans la commode de sa meilleure amie à la recherche d’un truc pour embellir, voire dissimuler la robe hideuse qu Odette ne manquerait pas de porter ce soir – là. La grand – mère aveugle qui avait confectionne tous ses vêtements quand elle était petite avait beau être morte , son sens du style perdurait dans les tristes placards de sa petite fille.

Un sourire qui m’a rappelé celui de Madame Verdurin

Florence souriait également, même si avec elle il était toujours difficile d’en avoir la certitude. Depuis des années, elle arborait une expression grimaçante qui relevait d’avantage du dégoût que de la joie . Chez elle, les zygomatiques étaient atrophiés depuis longtemps. Quoi qu’il en soit, son rictus habituel paraissant moins agonisant ce jour là.

On en parle

Les fanas de livres (qui a plus de réserves que moi) Audouchoc qui n’a pas aimé, Cathulu qui a aimé autant que moi.

Écoutez « Les Suprêmes »

https://www.youtube.com/watch?v=izzKUoxL11E

20141015_154946

Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque.

3
Un livre triste à en mourir. L’histoire est implacable, deux êtres qui se détruisent et qui en mourront. Le personnage principal, Alcide Chapireau , est un ostréiculteur amoureux de la nature et des choses simples. Il a deux fils Zac et Marcel, d’une première femme trop tôt disparue. La rencontre avec Laura femme fantasque et déséquilibrée, leur sera fatale à tous les deux. Éric Fottorino décrit très bien l’ambiance mortifère d’un couple qui se détruit, lorsque l’un des membres est pervers.

Elle est malade, Laura, et joue de sa perversion avec un art implacable et ne fait qu’une bouchée des enfants de son compagnon puis d’Alcide lui même. Comme toutes les personnes perverses, il lui faut un bouc émissaire et elle commence par aimer puis à détruire consciencieusement ce qu’elle a aimé.

Un roman très triste et bien raconté, mais je suis contente de l’avoir fini car il plombe le moral. On aurait tant aimé qu’Alcide sache se séparer autrement de cette femme destructrice.

Citations

Genre de phrases tristes et vraies, parfois, que l’on trouve dans tout ce roman

Un fils trouve toujours de bonnes raisons pour ne plus parler à son père.

Amitié masculine

Si les deux hommes étaient aussi liés, c’était d’abord par leur peu d’entrain à parler. Il leur arrivait de marcher des heures sans échanger un mot, concentrés sur les allures des chiens. Leur amitié supportait le silence.

Laura

Elle était restée sans réaction, jetant à la poubelle les affaires de Zac et de Marcel, mue par une rage froide avec l’inébranlable assurance d’avoir raison. D’avoir toujours raison. Elle ne le voyait pas. Elle ne l’entendait pas. à aucun moment, il n’avait pu saisir son regard qui glissait sans cesse. Elle faisait exprès . Elle savait s’y prendre. Jouer la comédie de l’indifférence, le laisser s’emporter tout seul pour mieux le lui reprocher ensuite. Son numéro était au point, une merveille de maîtrise. Du grand art. Un sourire esquissé sur ses lèvres, elle chantonnait, faussement affairée , occupée à le détester.

On en parle

Liratouva2 Mango

20141013_113118(2)

 3
J’avais choisi ce livre pour me tenir compagnie lors de mes trajets Saint-Malo/Paris, j’adore arriver en avance dans les gares parisiennes avec un bon livre (et même sans), le spectacle de l’humanité qui voyage me met de bonne humeur. J’ai connu Jacques Poulin grâce à Lecturissime, à propos d’un autre Roman. Dans les commentaires, les lectrices faisaient allusion à « Volkswagen Blues » comme un de leurs livres préférés de cet auteur. Comme il s’agit d’un Road Movie, cela me semblait particulièrement adapté à un voyage.

Un écrivain part à la recherche de son frère accompagné par une jeune femme métisse (mi indienne mi blanche), en « combi » Volkswagen bleu , d’où le titre. Ensemble, ils traverseront l’Amérique , roulant en grande partie sur la piste de l’Oregon, célèbre pour avoir été suivie par les pionniers qui peuplèrent l’ouest américain.

Qui est Théo, ce frère disparu grand amateur de légendes du Far West que « la grande sauterelle » détruira les unes après les autres ? Nos rares contacts avec ce personnage ne permettent pas de très bien le cerner. Il est à l’image des êtres qui croisent notre vie, ni le frère idéal que l’écrivain croyait bien connaître, ni le délinquant qu’il craint de retrouver.

Comme toujours dans le genre « Road-movie, le plus important c’est tout ce qui se passe lors d’un long voyage, les deux personnages vont s’enrichir l’un l’autre et devenir des « chum » c’est à dire des « copains » en québécois. Tout le long de la route, nous suivons également les histoires de ceux qui, il y a quelques siècle, se sont illustrés sur les terres américaines. À commencer par toutes les tribus indiennes qui furent décimées ou massacrées pour laisser la place à la nation américaine.Cette histoire de violence finira par accabler notre écrivain et il faudra toute la patience de « la grande sauterelle » pour qu’il retrouve le goût de vivre et qu’il termine son voyage.C’est l’occasion également pour l’écrivain de réfléchir sur ce que représente l’écriture. Il s’en veut de produire une œuvre dont il n’est pas satisfait et de la façon dont il se coupe du monde quand il écrit au point de ne pas avoir compris l’appel au secours de son frère.

La jeune fille devra, quant-à elle, trouver le chemin pour réunir les deux identités qui sont en elle. Ensemble, ils devront faire face à la violence du passé historique et retrouver dans la douceur de la nature et des liens entre humains des raisons d’espérer.

Une petite remarque, si l’on est absolument pas gêné par le français québécois (j’ai quand même recherché ce qu’était un « maringouin », et j’avoue que je pensais à une grosse bête genre élan, mais non ce sont des moustiques qui peuvent s’avérer aussi gênants que des grosses bêtes !) il n’en est pas de même pour moi avec l’anglais. Toutes les petites phrases en anglais ne sont pas traduites, c’est un peu bizarre, j’arrive à comprendre mais c’est quand même compliqué.

Au final un bon moment de lecture avec un auteur modeste et très agréable à lire. Son roman a bien agrémenté mon voyage. D’ailleurs deux fois les contrôleurs de la SNCF m’ont souhaité bon voyage et bonne lecture. Sans doute parce que je semblais davantage sur la piste de l’Oregon que dans le TGV Paris /Saint-Malo !

 

Citations

Un passage qui m’a fait sourire

– Qu’est ce que vous faites dans la vie quand vous ne cherchez pas votre frère ? Demanda la Grande Sauterelle
– Je suis écrivain, dit l’homme . Et vous ?
– Mécanicienne. Dit-elle. J’ai étudié la mécanique automobile.
– Vous avez un diplôme ?
– Non et vous ?
– Moi non plus, dit il en souriant

La nature, le Mississippi

Ils comprirent tous les deux et sans avoir besoin de se dire un mot que c’était le Mississippi, le Père des Eaux, le fleuve qui séparait l’Amérique en deux et qui reliait le Nord au Sud, le grand fleuve de Louis Jolliet et du père Marquette, le fleuve sacré des Indiens, le fleuve des esclaves noirs et du coton, le fleuve de Mark Twain et de Faulkner, du jazz et des bayous, le fleuve mythique et légendaire dont on disait qu’il se confondait avec l’âme de l’Amérique.

Je ne pense pas que la disparition des librairies aident beaucoup les amoureux des livres

Dans les librairies elle volait les livres sans aucun scrupule, car elle trouvait que la plupart des libraires aimaient davantage l’argent que les livres.

On en parle

Livre de Malice

U9782330051228Traduit du chinois par Angel PINO et Shao BAOQING.
Lu dans le cadre du club de lecture de la médiathèque de Dinard.

4Très joli roman qui permet un voyage dans la Chine d’aujourd’hui et d’autrefois et dans l’âme d’une femme d’une belle et riche personnalité. Mingli, 40 ans, n’a plus de nouvelles de sa fille Rongrong, et elle sait, elle le ressent au plus profond d’elle même que ce n’est pas normal. C’est une femme consciencieuse chercheuse dans un laboratoire médical, appréciée de tous. Elle n’a pas l’habitude d’imposer sa volonté, mais pourtant rien ne la fera reculer, elle doit savoir ce qui est arrivé à Ronrong. Elle le doit au nom de ses engagements du passé : son amitié avec la mère de Rongrong qui a sombré dans la démence.

Elle va donc être confrontée à la Chine « communo-capitaliste », et refait un parcours sur ce qui a été sa vie. « Les Sentinelles des blés », c’est un hybride de blé , découvert par son père un grand savant dont la mort est tout un symbole : il était parti chercher des livres importants pour lui, à son retour il est tombé dans les égouts dont un voleur avait, entre temps, volé la plaque qui les obturait.. Les souvenirs des Sentinelles des blés reviennent dans le roman, comme des moments de pureté dans un pays où la corruption atteint à peu près toutes les couches de la société. Même son mari qui l’aime bien, et qui ne pensait pas qu’elle puisse avoir une volonté autre que la sienne touche des petits pots de vin en utilisant les qualités de chercheuse de sa femme.

Un beau voyage , d’une rare émotion.

Citations

Une femme qui ne sait pas s’imposer

Or Yu Shijie refuse de m’entendre. Il voudrait que je sois une femme ouverte. Certes, mais ne le suis – je pas déjà ? Petit à petit, entre nous deux, un pli a été pris, qui fait que, depuis des années, chaque fois que je m’exprime ou que j’agis selon mes sentiments, il s’empare du problème et le dissèque en deux temps trois mouvements, comme un boucher qui manipule une carcasse de porc. L’animal est suspendu à un croc, et la moindre partie de son corps s’offre à la vue:la viande, les os, les tripes, tout est clair et net. Mais moi , je ne ressens plus rien, j’en oublie même ce que j’avais voulu dire au départ.