Traduit de l’anglais ( de l’Inde) par Christiane Besse

4
Très beau livre et il m’a obligée à lire lentement, cela signifie que le livre me passionne autant pour son histoire que son écriture. On y lit la difficulté de « sur »vivre au Bengladesh. Beaucoup de thèmes sont abordés avec une grande délicatesse, la protection de la nature, les rapports dans le couple et la violence des conflits dans cette région où les populations sont parfois à la limite de la survie. La description du raz de marée est absolument saisissante. Le mélange des mythes et des faits naturels est très intéressant. Pour une fois, dans un récit à propos de l’Inde les castes et les religions sont au second plan, et on y retrouve donc les valeurs d’humanité commune à toutes les civilisations.

5
Le club de lecture auquel je participe, propose régulièrement des BD je les lis toujours mais en général je n’aime pas, celle-ci représente l’exception. Elle m’a beaucoup plu. J’apprécie à la fois l’histoire et le graphisme. Comme toujours pour les BD, j’ai dû passer du temps pour bien comprendre mais cette fois, j’ai enfin ressenti une osmose entre le dessin et l’histoire et j’ai pensé que la BD servait mieux ce récit que le romanesque. J’ai même proposé cette BD au coup de cœur du mois de février. Je trouve que certains visages sont très proches de nous, la ville du Mans est bien rendue et la multitude des personnages enrichit la trame de l’histoire sans la noyer sous les habituelles scènes érotiques ou d’horreur.

Seul petit bémol, la façon dont le dealer se tire d’affaire, mais on peut aussi penser justement que dans la vie il n’y a pas de Léonard pour sauver les gens qui se mettent dans de telles situations.

4
Travail d’historien remarquable à propos de l’hôpital, c’est à dire le lieu où l’on enfermait les enfants abandonnés et les indigents sous Louis XIV et Louis XV. Les parisiens se sont révoltés parce qu’ils pensaient qu’on enlevait leurs enfants pour leur faire subir toute sorte de sévices , le travail minutieux de Marion Sigaut prouve que leurs craintes étaient fondées, et elle nous fait découvrir le traitement réservé aux enfants et aux femmes dans cet hôpital. La lecture des mauvais traitements imposés aux enfants est vraiment insoutenable, j’ai dû souvent arrêter la lecture.

Citations

Si on était « gâtée », c’est à dire syphilitique, le traitement à Bicêtre était obligatoire, et il était le seul moyen de n’en pas mourir rapidement… Le traitement durait six semaines et consistait en saignées, purges, bains prolongés (à quatre dans des baignoires trop petites), frictions à la pommade mercurielle pour faire perdre des litres de salive. Ce traitement de choc provoquait la perte des dents et soudait ls gencives qu’il fallait séparer au bistouri. La diète était sévère, les malades crevaient de faim…

Voici la conclusion

Pour lutter contre ces crimes, il aurait fallu des moyens que personne n’avait. Personne sauf le roi. Louis XIV y avait renoncé pour n’avoir pas à faire porter à ses enfants l’opprobre qui serait retombé sur leur mère. Quant à Louis XV, bâillonné, ligoté par son vice, il était le plus mal placé pour tenter quoi que ce soit contre les trafiquants d’enfants. Après sa mort, la chape de plomb s’abattit sur l’affaire et son successeur dut affronter d’autres problèmes. Et le silence retomba sur les sombres trafics de l’Hôpital général.

4
Dominique Fernandez nous entraîne dans une quête : la compréhension d’un père qui a été un mauvais mari, un mauvais père, s’est fourvoyé dans le parti de Doriot, et dans la collaboration, mais a toujours été un critique littéraire de qualité. C’est un livre remarquable et passionnant. On sent toute la douleur de l’écrivain Dominique Fernandez (que personnellement j’apprécie beaucoup). Il a été l’enfant d’un couple qui s’est fait la guerre, et a dû supporter l’infamie d’un père. Il est très honnête dans sa recherche ne charge ni n’excuse son père, cela donne toute la valeur au livre.

Les débats des intellectuels d’avant-guerre sont passionnants, et je n’ai jamais lu une analyse aussi fine du PPF de Jacques Doriot. Le rôle de sa mère, dans l’échec du couple m’a, à la fois, intéressée et troublée. Intéressée : car D. Fernandez est d’une rigueur et d’une intelligence humaine rare. Troublée : car je suis gênée qu’un fils en sache et en dévoile tant sur l’intimité du couple de ses parents. Je préfèrerais alors une œuvre romanesque à un témoignage.

Citations

Tout le problème est là : un enfant a le droit de regarder « sans honte » le visage de son père mort si celui-ci s’est fourvoyé seulement en pensée. Mon père s’est-il borné à écrire dans une presse collaborationniste, ce qui serait blâmable, mais non coupable d’infamie ? Ou peut-on mettre à sa charge des actes indignes de pardon ?

 

L’homme moderne croit offrir ses idées à la société : il n’a que les idées que la société lui offre

 

Mais attendez un peu, je n’arrive pas à le dire, c’est trop dur, trop pénible pour un fils de révéler une action franchement abjecte de son père.